FLIC OU VOYOU réalisé par Georges Lautner, disponible en Blu-ray le 1er janvier 2020 chez Studiocanal
Acteurs : Jean-Paul Belmondo, Michel Galabru, Marie Laforêt, Jean-François Balmer, Claude Brosset, Georges Géret, Michel Beaune, Philippe Castelli, Charles Gérard…
Scénario : Jean Herman d’après le roman de Michel Grisolia
Photographie : Henri Decaë
Musique : Philippe Sarde
Durée : 1h47
Date de sortie initiale : 1979
LE FILM
Stanislas Borovitz est un as de la police des polices qui utilise des méthodes particulièrement expéditives pour contrer les policiers véreux. Il est envoyé à Nice pour aider le commissaire Grimaud à mettre fin aux agissements de bandes rivales, les Corses et les Auvergnats, sous les coupes respectives d’Achille Volfoni et de Théo Musart. Se faisant passer pour un voyou, il parvient à infiltrer le milieu. Stan ne tarde pas à découvrir bientôt l’identité des flics de mèche avec la pègre. Dans le même temps, il fait la connaissance d’Edmonde, une romancière délurée.
Eh, les gars ! Ces trucs là, on devrait jamais avoir à s’en servir. D’autant qu’on peut obtenir les choses autrement. J’en suis sûr. Tenez, en demandant. Pardon Messieurs, pourriez-vous ôter vos pantalons, s’il vous plaît ? J’ai dit, ôtez vos frocs ! J’aimerais voir ce que vous portez en-dessous. On dit que la soie revient à la mode.
Flic ou Voyou est la première des cinq collaborations – avant Le Guignolo, Le Professionnel, Joyeuses Pâques et L’Inconnu dans la maison – de Georges Lautner avec Jean-Paul Belmondo. Mort d’un pourri avec Alain Delon ayant été un beau succès dans les salles en décembre 1977, Bebel approche le réalisateur. L’entente est parfaite, l’osmose immédiate et les deux hommes décident de faire leur prochain film ensemble. Souvent habitué à sortir un opus (minimum) par an, Jean-Paul Belmondo ne sera à l’affiche d’aucun film en 1978. Il revient en très grande forme avec ce Flic ou Voyou, immense succès populaire avec près de 4 millions de spectateurs dans les salles (dont un million rien que sur Paris et sa périphérie, une première pour un film avec Belmondo), ce qui le place en quatrième position des meilleures entrées de 1979 derrière, Le Gendarme et les extra-terrestres, la reprise du Livre de la jungle et Apocalypse Now. Egalement un énorme succès en Allemagne avec plus de 3 millions d’entrées, Flic ou Voyou demeure encore aujourd’hui un des films les plus chéris par les fans de l’éternel Bebel. Georges Lautner, un des meilleurs artisans que le cinéma français ait pu avoir, soigne comme toujours sa mise en scène et se repose sur un scénario jubilatoire écrit par Jean Herman, d’après le roman L’Inspecteur de la mer de Michel Grisolia, ainsi que sur des dialogues aux petits oignons concoctés par Michel Audiard. Bref, c’est un chef d’oeuvre.
À Nice, une guerre des gangs entre deux truands locaux, Achille Volfoni, dit « le Corse » et Théodore Musard, dit « l’Auvergnat » fait rage dans la ville, que la police ne peut stopper en raison de la complicité de certains représentants de l’ordre auprès des deux caïds. Parallèlement, le commissaire divisionnaire Stanislas Borowitz, de la « police des polices », usant de méthodes peu orthodoxes pour contrer les ripoux, est envoyé de Paris avec l’accord du commissaire niçois Grimaud afin de « nettoyer » la ville de Nice de ses truands et de la corruption policière, tout en enquêtant sur le meurtre du commissaire Bertrand, policier notoirement ripou, assassiné dans une chambre d’hôtel, alors qu’il s’y trouvait en compagnie d’une prostituée, également tuée. Afin de mener au mieux son enquête, il se fait passer pour le frère de la prostituée, un petit malfrat du nom d’Antonio Cerruti. Au cours de son enquête, il découvre que deux policiers, Rey et Massard, également impliqués dans les meurtres, sont de mèche avec le « Corse ». Borowitz décide de monter le « Corse » et l’« Auvergnat » l’un contre l’autre. Il fait sauter le bureau de Musard situé dans son casino, n’hésitant pas à le faire se déshabiller et à le laisser nu en pleine rue, et il incendie le bar appartenant à Volfoni, tout en leur faisant porter le chapeau de ces événements. Parallèlement à son enquête, il rencontre la riche romancière Edmonde Puget-Rostand, avec laquelle il entame une liaison.
Je sais bien que t’as pas buté l’autre imbécile ! Mais t’en as fait flinguer d’autres ! Si on rajoute à ça le racket, la drogue, les putes, ça fait une jolie carrière quand même ! Les vingt ans que tu vas prendre, c’est un peu la médaille du travail qu’on va te remettre.
Blindé de rebondissements, de quiproquos, de faux-semblants, de répliques vachardes et sans cesse inspirées, de courses-poursuites et de cascades spectaculaires (supervisées par Claude Carliez et Rémy Julienne), Flic ou Voyou est un film comme il n’y en aura probablement plus dans le cinéma français. Monstre de charisme, la gouaille débordante et la quarantaine fringante, Jean-Paul Belmondo s’éclate à composer ce personnage haut en couleur, évidemment écrit spécialement pour lui. Georges Lautner démontre une fois de plus qu’il est et reste l’un des rares cinéastes à avoir su jongler entre les genres et marcher sur le fil tendu entre la pure comédie et l’intrigue policière.
Celui qu’a des lunettes, c’est Rey. Le plus dangereux, c’est Rey. Le plus con, c’est Rey. L’autre, c’est Massard.
Créé pour Belmondo, Flic ou Voyou offre aussi à ses partenaires l’occasion de briller à ses côtés. Georges Géret (« Bon bon, alors à poil ! »), Marie Laforêt, Jean-François Balmer, Claude Brosset, Michel Beaune, Catherine Lachens, Venantino Venantini, Charles Gérard, Michel Galabru, Philippe Castelli, Michel Peyrelon, Julie Jézéquel, Tony Kendall sont tous mis en valeur par le réalisateur et les dialogues. Comme souvent dans les comédies-policières de Georges Lautner, il y a quelque chose de foncièrement violent et poisseux en arrière-fond, mais la « déconnade » comme il le disait toujours, permet de relativiser et de continuer à vivre, parce qu’il le faut bien et que cela reste le plus important au monde. Donc oui, Flic ou Voyou montre que même les forces de l’ordre sont rongées de l’intérieur, que certains peuvent assassiner froidement des hommes et des femmes sans être véritablement inquiétés s’ils sont protégés par quelques personnes bien placées, mais l’humour sera toujours plus fort que tout.
Georges Lautner enchaîne les séquences cultes comme des perles sur un collier. Les trois racailles prises au dépourvu, l’entrée fracassante dans le salon avec la bagnole, la baston dans le bar, l’évasion en tyrolienne, la scène de l’auto-école, chaque confrontation des comédiens et sans oublier la sublime composition de Philippe Sarde (avec Chet Baker à la trompette), tout contribue à faire de Flic ou voyou l’un des très grands classiques du cinéma français des années 1970.
A mon père.
LE BLU-RAY
Longtemps attendu, Flic ou Voyou arrive enfin en Haute-Définition chez Studiocanal. Boîtier bleu classique, édition simple, menu principal réduit à son strict minimum, fixe et muet.
L’éditeur reprend la très courte interview de Georges Lautner (8’) réalisée par Jérôme Wybon en 2000. Le réalisateur replace le film dans sa carrière et évoque surtout sa rencontre avec Jean-Paul Belmondo, avec lequel il connaîtra son plus grand succès, Le Professionnel en 1981. L’écriture du scénario, l’histoire, les personnages, le casting, les cascades et la sortie du film sont ensuite rapidement abordés.
L’Image et le son
On reste quelque peu dubitatif devant cette image jaunâtre. Dans nos souvenirs, Flic ou Voyou ne possédait pas cette espèce de filtre peu ragoûtant, qui semble dénaturer les partis pris esthétiques originaux de la photo d’Henri Decaë qui étaient auparavant plus froids. C’est dommage, car la restauration est impeccable avec un master très propre. Un très léger bruit vidéo constaté sur le générique et des couleurs plus délavées sur le prologue, mais rien de bien méchant. En revanche, ce filtre reste enquiquinant car les détails s’en trouvent amoindris avec un piqué pas aussi pointu qu’espéré.
Le mixage DTS-HD Master Audio Mono 2.0. instaure un bon confort acoustique. Les dialogues sont clairs, la propreté est de mise, les effets suffisamment riches, sans aucun souffle. La composition de Philippe Sarde bénéficie en plus d’un très bel écrin. Présence des sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.
Bonjour
Le blu-ray est sorti il y a un an
Il était jusqu’alors dispo en édition spéciale Fnac 😉
Édition spéciale Fnac le même que celui-ci