Test Blu-ray / Cut, réalisé par Kimble Rendall

CUT réalisé par Kimble Rendall, disponible en DVD et Blu-ray le 15 juin 2021 chez BQHL Editions.

Acteurs : Molly Ringwald, Jessica Napier, Simon Bossell, Sarah Kants, Kylie Minogue, Frank Roberts, Stephen Curry, Cathy Adamek…

Scénario : Dave Warner & Mark Lamprell

Photographie : David Foreman

Musique : Guy Gross

Durée : 1h23

Date de sortie initiale : 2000

LE FILM

Raffy Carruthers, une jeune réalisatrice, décide de terminer un film d’horreur laissé à l’abandon des années auparavant après plusieurs meurtres commis sur le tournage. Mais le film est réputé pour être maudit et un tueur masqué fait son apparition sur le nouveau tournage…

Suite au triomphe inattendu de Scream de Wes Craven en 1996, le slasher a inondé d’hémoglobine les salles de cinéma du monde entier comme à la fin des années 1970 et la décennie suivante. On peut citer pêle-mêle Souviens-toi… l’été dernier I Know What You Did Last Summer de Jim Gillespie, Wishmaster de Robert Kurtzman, Urban Legend de Jamie Blanks, sans compter leurs suites. Au début des années 2000, alors qu’Urban Legend en est à son second volet, Scream à son troisième, Vendredi 13 au dixième chapitre (Jason X), Hellraiser et Leprechaun au cinquième épisode, un réalisateur australien de 35 ans, Kimble Rendall, décide de surfer sur le revival de ce genre trop souvent délaissé dans son pays. Venu de la publicité et du clip vidéo, ce dernier s’empare des ingrédients principaux instaurés entre autres par Halloween, la nuit des masques de John Carpenter, pour les incorporer dans une recette typique de la Ozploitation. Ce sera Cut, son premier long-métrage, d’après un scénario coécrit par Dave Warner (Garage Days d’Alex Proyas) et Mark Lamprell (Babe, le cochon dans la ville de George Miller) et essentiellement interprété par une bande de comédiens inconnus au bataillon, à l’exception d’une actrice, dont le nom a pesé dans la balance pour trouver les financements indispensables à la mise en route de cette petite production, Molly Ringwald. L’actrice culte de Seize bougies pour Sam, Breakfast Club et de Rose bonbon, liée au cinéma de John Hughes, tient l’un des rôles principaux de ce fort sympathique Cut, dans lequel une star australienne fait également une participation remarquée en début de film, la sublime Kylie Minogue. Si l’on ajoute à cela un récit intelligent, qui ne se contente pas de singer ce que les américains avaient déjà fait (et s’acharnaient d’ailleurs à refaire encore et encore), doublé aujourd’hui d’une réflexion sur la résistance du celluloïd face au rouleau compresseur numérique, vous obtenez un film d’horreur on peut le dire génial, drôle et ultra-divertissant.

Jeune réalisatrice dynamique et ambitieuse, Ruffy Carruthers embarque un groupe d’étudiants en cinéma dans une aventure dont elle ne mesure pas les risques : mettre la touche finale à Hot Blooded, un film d’horreur laissé inachevé quatorze ans auparavant, après qu’un inconnu masqué a notamment sauvagement assassiné son auteure Hilary Jacobs… Si, autrefois assistant sur le film en question, le professeur Lossman désapprouve cette idée, il ne peut s’y opposer, d’autant que l’équipe parvient à convaincre Vanessa Turnbill, la star du film, de revenir jouer son rôle. Dans une maison isolée, le tournage repart. Les meurtres aussi…

A sa sortie, de nombreuses critiques auront résumé Cut à un clone de Scream. Rien n’est moins vrai. Certes, on peut y penser, à Scream 2 notamment pour tout ce qui concerne les étudiants en cinéma dans la première partie, et encore, très rapidement. Les comparaisons stoppent dès le premier quart d’heure, puisque Cut trouve une identité propre, avec un humour quasi-omniprésent, des meurtres originaux, ainsi qu’une quasi-absence de grandes vedettes ou de stars, qui participent plus à l’empathie des spectateurs pour les personnages. Bien sûr, certains n’oublieront pas de pouffer de rire devant le comportement parfois invraisemblable de certains protagonistes, qui mettent toujours une plombe pour s’enfuir en courant devant la menace qui arrive vers eux, la plupart du temps en marchant au ralenti, mais l’ensemble fonctionne parfaitement.

Pour ses premiers pas au cinéma, Kimble Rendall (qui signera plus tard le film de requin Bait, écrit par Russell Mulcahy) exploite à fond les possibilités offertes par le scénario de Dave Warner et s’en tire autant dans les séquences comiques, toutes proportions gardées évidemment, qu’effrayantes et de ce point de vue, le réalisateur bénéficie de plusieurs atouts. Tout d’abord, la figure du Scarman est très réussie. Le masque fait son effet, autrement dit peur, et n’a rien à envier à celui arboré par Michael Myers. Ensuite, au fur et à mesure que le récit dévoile l’identité, ou plutôt la nature du tueur, l’attente des spectateurs est complètement déjouée et ceux-ci emmenés là où ils le soupçonnaient le moins. Cut prend une dimension fantastique inattendue et même réflective, très proche finalement du Last Action Hero de John McTiernan, sur la robustesse du support physique, alors qu’émergeait le numérique dans le monde du cinéma, le premier tourné entièrement à l’aide d’une caméra numérique haute résolution arrivera d’ailleurs l’année suivante. Ce sera Vidocq de Pitof, qui sera rapidement suivi par Star Wars, épisode II : L’Attaque des clones. Sans trop révéler les surprises qui apparaissent dans le dernier acte, Cut se penche ainsi sur la magie, la force, mais aussi les dangers et la fragilité que représente la pellicule à l’aube des années 2000, tandis que les Mini DV commençaient à intéresser moult cinéastes.

Présenté en sélection officielle au Festival de Gerardmer en 2000, Cut parvient à se hisser à la seconde place au box-office français à sa sortie, et même s’il se fera très vite détrôner par Meilleur espoir féminin de Gérard Jugnot et Comme un aimant d’Akhenaton et Kamel Saleh, le film de Kimble Rendall a su faire se faire une petite place, avant d’acquérir un vrai statut culte et une place de choix dans le coeur des adeptes du genre.

LE BLU-RAY

Cut avait déjà connu une édition en DVD chez feu H2F en 2001. Depuis, plus aucune nouvelle ! Vingt ans plus tard débarque une nouvelle édition Standard, mais aussi le Blu-ray du film de Kimble Rendall, une sortie que l’on doit à BQHL Editions. Belle jaquette glissée dans un boîtier classique de couleur bleue, lui-même glissé dans un surétui cartonné. Le menu principal est animé et musical.

En plus d’un minuscule making-of de deux minutes et de la géniale bande-annonce, l’éditeur fournit un savoureux commentaire audio (sous-titré en français) du réalisateur Kimble Rendall et du scénariste Dave Warner. « Nous sommes toujours vivants, nous avons survécu », démarrent les deux complices, qui reviennent ensuite en vrac sur la genèse de Cut, sur le casting, sur les conditions de tournage à Adélaïde (moins de six semaines de prises de vue), les critiques (bonnes et mauvaises), l’équilibre entre l’épouvante et l’humour, la musique de Guy Gross, l’accueil (dont le passage acclamé à Gerardmer, même si le film n’y a pas été récompensé), le projet d’une suite (finalement avortée) et sur bien d’autres sujets.

L’Image et le son

BQHL Editions reprend le même nouveau master issu d’une restauration récente 4K, réalisée à partir d’un interpositif 35mm, puis proposé par Umbrella Entertainment, comme cela avait déjà été le cas pour Montclare: Rendez-vous de l’horreur Next of Kin et Spirits of the Air, Gremlins of the Clouds. Ce Blu-ray au format 1080p s’en sort pas trop mal, avec une luminosité qui a été revue à la hausse, des contrastes approfondis et une propreté assurée, hormis quelques points blancs. Une Haute-Définition évidente qui renforce également le piqué et les détails sur les séquences diurnes (c’est un peu plus brouillon sur les scènes nocturnes), notamment les gros plans et le relief des textures. Bonne gestion du grain argentique.

Deux mixages au choix LPCM Audio 2.0. La version française ou la version originale. Du point de vue dynamique, la VF l’emporte parfois avec un report plus élevé des dialogues et de la musique. Sinon, notre préférence se tourne bien sûr vers la piste anglaise, plus harmonieuse, naturelle et percutante.

Crédits images : © BQHL Editions / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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