COMMANDO SUR SAINT-NAZAIRE (Gift Horse) réalisé par Compton Bennett, disponible en Combo Blu-ray+DVD le 25 mai 2022 chez Studiocanal.
Acteurs : Trevor Howard, Richard Attenborough, Sonny Tufts, James Donald, Bernard Lee, Dora Bryan, Hugh Williams, Robin Bailey, Meredith Edwards…
Scénario : Hugh Hastings, William Rose & William Fairchild, d’après une histoire originale d’Ivan Goff & Ben Roberts
Photographie : Harry Waxman
Musique : Clifton Parker
Durée : 1h35
Date de sortie initiale : 1952
LE FILM
Le Capitaine Fraser se voit confier le commandement d’un vieux bateau pendant la Seconde Guerre Mondiale. Il effectue quelques missions de routine à bord du navire puis ses supérieurs lui demande de mener à bien un raid secret qui consisterait à faire exploser le rafiot ! Problème, cette opération délicate pourrait coûter la vie de nombreux soldats…
En 1940, alors que la Grande-Bretagne luttait pour sa survie, les Etats-Unis prêtèrent 50 destroyers à la Royal Navy. Sorti en 1952, Commando sur Saint-Nazaire – Gift Horse (ou bien encore Glory at Sea aux Etats-Unis) leur rend hommage et s’inspire des aventures de l’un de ces destroyers. Ce film oublié aujourd’hui et passé sous tous les radars à l’évocation de faits réels ayant été illustrés au cinéma, est pourtant une franche réussite, complètement immersive, excellemment mise en scène et interprétée par des acteurs de génie menés par l’immense Trevor Howard. À la fois semi-documentaire quand il évoque le quotidien des hommes à bord, de l’organisation des différents gradés et de leurs missions respectives, mais aussi et avant tout un divertissement où l’on s’attache à l’ensemble des personnages, qu’ils soient capitaine, officier artilleur, chef mécanicien, aussi bien sur le pont que dans leurs vies privées quand ils obtiennent enfin une permission.
Un commandant de navire en disgrâce (Trevor Howard) est réincorporé dans la Royal Navy pendant la Seconde Guerre mondiale. Il forme un nouvel équipage sans expérience en très peu de temps, finira par devenir efficace et remplir une mission suicide de grande importance, pour armer le « HMS Ballantrae« , ex « USS Whittier« , un Destroyer de la classe Classe Town (destroyer) construits pour la United States Navy à la fin de la Première Guerre mondiale, ils sont transférés aux marines britannique et canadienne au début de la Seconde Guerre mondiale en échange de bases militaires dans les Bahamas notamment, au nom de l’accord Destroyers for Bases Agreement signé le 2 septembre 1940. Ils sont connus sous les surnoms de « four-pipers » ou « four-stackers » de par la présence de quatre cheminées. Grâce à sa poigne, l’officier parvient à rétablir la discipline parmi les membres de l’équipage. Bientôt, le capitaine et ses hommes sont chargés d’une mission surprise extrêmement périlleuse dans le port de Saint-Nazaire, occupée par les bateaux allemands, supprimant ainsi le seul accès à un port français pour les cuirassés de la Kriegsmarine.
Même si nous avons tous eu quelques coups de barre durant les cours d’histoire au lycée, surtout quand ceux-ci étaient placés après le repas et qu’on était en plus installés près du radiateur en hiver, nous n’avions jamais entendu parler de cet épisode de la Deuxième Guerre mondiale. En fait, celui que relate Commando sur Saint-Nazaire n’apparaît réellement qu’un quart d’heure avant la fin, les 80 minutes précédentes ayant longuement et posément exposé l’ensemble des protagonistes, mais aussi détaillé leur importance, chacun étant un maillon indispensable de la chaîne. Ainsi, l’évolution des personnages importe plus que l’acte héroïque lui-même finalement, notamment celle du capitaine Fraser, qui sort d’une retraite forcée de huit années (il était tenu responsable d’une « collision », l’ impliquant avec Dave Wilson, celui-ci étant depuis devenu amiral de la flottille et donc le supérieur de Fraser) sur ordre de l’Amirauté Britannique, pour prendre le commandement d’un vieux destroyer en pleine déréliction. Alors qu’il tente de mener ses hommes le mieux possible, Fraser apprend que son fils de 16 ans souhaite s’engager dans la marine. Tout d’abord plutôt froid, ce personnage va révéler des fêlures, jusqu’au dernier acte, où Trevor Howard signe une prestation bouleversante.
À ses côtés, Richard Attenborough, 29 ans, campe un jeune syndicaliste enrôlé, qui compte bien utiliser ses connaissances dans le règlement pour ne pas se laisser broyer par la machine administrative et militaire. La distribution compte aussi la présence de James Donald (Theo Van Gogh dans La Vie passionnée de Vincent van Gogh – Lust for Life de Vincente Minnelli, Egbert dans Les Vikings – The Vikings de Richard Fleischer), Bernard Lee (le futur M de la saga 007, de James Bond 007 contre Dr. No à Moonraker) et d’autres comédiens plus ou moins connus qui sont tous solidement dirigés par le britannique Compton Bennett (1900-1974). Ce dernier reste surtout célèbre pour Les Mines du roi Salomon – King Solomon’s Mines, sorti deux ans auparavant, qui mettait en scène Deborah Kerr et Stewart Granger, mais aussi Le Septième voile – The Seventh Veil (1945), avec James Mason et Ann Todd, un des premiers films à avoir utilisé la psychiatrie comme élément dramatique. Pour Commando sur Saint-Nazaire, il s’acquitte parfaitement de sa tâche et livre un superbe objet de cinéma, soutenu pour cela par le chef opérateur Harry Waxman (The Wicker Man de Robin Hardy, The Anniversary de Roy Ward Baker, The Family Way des frères Boulting) et ses éclairages quasi-expressionnistes, qui renforcent l’impact de l’assaut final.
Dans de très beaux décors, sous une tension permanente, marqué par des touches d’humour et une émotion jamais oubliée, Commando sur Saint-Nazaire bénéficie d’une belle résurrection soixante-dix ans après sa sortie et s’avère l’une des redécouvertes de l’année 2022.
LE COMBO BLU-RAY + DVD
Inédit en DVD chez nous, Commando sur Saint-Nazaire débarque en Combo Blu-ray + DVD chez Studiocanal. Les deux disques, à la sérigraphie identique, reposent dans un Digipack à deux volets, glissé dans un surétui cartonné au visuel élégant. Le menu principal est animé et musical.
Le premier supplément est un entretien (en mode visioconférence) avec James Dorrian, historien militaire, webmaster de la Saint-Nazaire Society, auteur de Storming Saint-Nazaire et de Saint-Nazaire : Operation Chariot (19’). Celui-ci se remémore avoir vu le film au cinéma étant enfant, mais avoue qu’il n’avait jamais entendu parler de l’histoire vraie à l’origine de Gift Horse avant les années 1980. James Dorrian évoque ensuite tout le contexte historique et se dit très heureux que le film ressorte dans les bacs.
Nous trouvons aussi la bande-annonce et un module d’archives issu de la Gaumont British News (1’36), montrant la commémoration à Saint-Nazaire, du cinquième anniversaire de l’opération britannique « particulièrement audacieuse », qui le 28 mars 1942 priva la marine allemande d’un bassin de radoub essentiel à son activité. 150 survivants du raid sont ici présents.
Notons que si vous optez pour le menu anglais du disque, une galerie de photos est aussi présente en supplément.
L’Image et le son
Ce Blu-ray au format 1080p tient toutes ses promesses. Commando sur Saint-Nazaire est proposé par Studiocanal en version remasterisée 4K, même si le résultat final ressemble plus à du 2K. Souvent exceptionnelle, la copie – dans son format original 1.37 – se révèle très propre, en dehors de divers poils caméra et peu d’autres poussières à déplorer. Les fondus enchaînés décrochent tout de même, un très léger bruit vidéo est notable, mais le N&B est ferme, la luminosité fait plaisir, certaines séquences parviennent à sortir du lot grâce à un relief impressionnant, tandis que les contrastes sont assurés. Compton Bennett use de certains stockshots, plus fragiles, qui se voient toujours comme le nez au milieu de la figure avec une texture argentique différente. Le grain cinéma est évidemment conservé.
La bande-son semble avoir été restaurée également. Aucun craquement à déplorer, les dialogues, tout comme la musique, demeurent propres et distincts sur cette efficace piste unique Mono LPCM 2.0. Certains échanges sont peut-être plus étouffés que d’autres, un petit souffle est parfois audible, mais le confort acoustique est très appréciable. Pas de langue française.