COFFY, LA PANTHÈRE NOIRE DE HARLEM (Coffy) réalisé par Jack Hill, disponible en Blu-ray le 9 septembre 2019 chez BQHL Editions
Acteurs : Pam Grier, Booker Bradshaw, Robert DoQui, William Elliott, Allan Arbus, Sid Haig, Barry Cahill, Lee de Broux, Ruben Moreno…
Scénario : Jack Hill
Photographie : Paul Lohmann
Musique : Roy Ayers
Durée : 1h30
Date de sortie initiale : 1973
LE FILM
Coffy, infirmière le jour et justicière la nuit. Lorsqu’elle découvre qu’un dealer a entraîné sa jeune soeur dans l’univers impitoyable de la drogue, elle met non seulement fin à la misérable existence du criminel mais prend également la ferme résolution de suivre sa trace afin de remonter la filière. La soif de vengeance de Coffy n’aura alors plus de cesse, mais elle va se rendre compte que les apparences sont parfois trompeuses…
Aaaaah Pam Grier !!!! La Blaxploitation, les fringues Saint Maclou, les coupes de cheveux hors normes mouillées de brillantine pailletée, les pimps flamboyants, ces bandes-originales exquises et sensuelles…et des héros bad-ass ! Coffy ou Coffy, la panthère noire de Harlem, réalisé par Jack Hill (né en 1933) et sorti en 1973 demeure l’un des fleurons de ce courant d’exploitation qui aura bercé moult cinéphiles. Pam Grier aura également affolé les hormones de nombreux spectateurs et porte littéralement le film sur ses épaules. Symbole de la Blaxploitation, la comédienne âgée de 24 ans était apparue auparavant dans The Big Doll House, déjà réalisé par Jack Hill en 1971 et produit par Roger Corman, film de prison pour femmes, sous-genre dans lequel elle récidivera la même année dans Femmes en cages – Women in Cages de Gerardo de Leon, toujours produit par le grand Roger. Définitivement lancée, Pam Grier multiplie ses apparitions et les premiers rôles. Elle retrouve Jack Hill pour The Big Bird Cage (1972), avant d’enchaîner avec Coffy, la panthère noire de Harlem. Sur une formidable bande-son signée par le compositeur Roy Ayers, ce titre-phare de la Blaxploitation reste un formidable divertissement, bourré de charme, violent, marqué par un humour noir délicieux (ces punchlines de la mort qui tue, la gratuité des scènes dénudées) et le sex-appeal explosif de son interprète principal.
Coffy, jeune femme noire de Harlem, ne se remet toujours pas de l’addiction à la drogue de sa sœur de 11 ans en raison de la multiplication des dealers du quartier. Décidée à faire justice elle-même, Coffy entreprend d’assassiner méthodiquement tous les revendeurs de drogue et ceux qui les protègent. Elle vise plus particulièrement Brunswick, dont elle est la maîtresse, un homme politique candidat au Congrès, réputé pour son humanisme et sa générosité mais qui, en réalité, dirige un trafic de stupéfiants. Pour ce faire, la jeune femme, qui est infirmière le jour, intègre peu à peu, au cours de ses nuits meurtrières, l’univers impitoyable des revendeurs de drogue et des bas-quartiers de Harlem. La soif de vengeance de Coffy n’aura à ce moment plus de cesse, elle va remonter la piste des dealers jusqu’à King Georges, le principal fournisseur, puis à Arturo Vitroni, le patron de la mafia locale.
Quel pied franchement ! Dès l’introduction dans les bars enfumés où se trémoussent des danseuses peu vêtues, nous voilà transportés dans une époque révolue et affriolante. Sur une musique funk, soul et R&B, les grosses bagnoles remontent les rues de Harlem, puis Pam Grier, qui apparaissait dans l’ombre, apparaît pétoire à la main et explose la tête d’un dealer – qu’elle a précédemment attiré avec ses généreux atouts – à l’aide d’un fusil à pompe ! Le ton est donné, Coffy – « Coffy baby, Sweet as a chocolate bar » – n’est pas là pour rigoler ! Ce qui peut faire rire, ce sont évidemment certains costumes et les décors kitsch, mais franchement, le thriller de Jack Hill tient encore sérieusement la route et n’a rien à envier à certains films de genre contemporains.
La sculpturale Pam Grier, guère avare de ses charmes, foudroie du début à la fin et prouve qu’elle n’est pas seulement l’une des plus grandes bombes sexuelles des années 1970, mais aussi et avant tout une excellente comédienne investie, aussi à l’aise en se débarrassant de ceux dont s’est jurée d’avoir la peau (en réalisant souvent ses propres cascades et bagarres), que dans les scènes plus dramatiques. Aujourd’hui, revoir Coffy, la panthère noire de Harlem, c’est admirer l’une des plus belles actrices des seventies, une icône à part entière, représentative des premiers films afro-américains.
Jack Hill se lâche dans quelques séquences bien violentes, à l’instar du type que l’on croît tout d’abord destiné à être pendu, mais dont on se rend compte très vite qu’il est en fait condamné à être traîné de façon sadique par une bagnole, attaché par le cou au moyen une corde au nœud coulant, tandis que Sid Haig (quelle tronche !) se marre au volant. Parallèlement, le réalisateur dresse un constat cinglant sur la situation des quartiers afro-américains, submergés par la drogue, la corruption et la prostitution. Une analyse sociale intelligente qui participe également à la grande réussite de Coffy, la panthère noire de Harlem, film culte au même titre que Sweet Sweetback’s Baada Song de Melvin Van Peebles et Shaft, les nuits rouges de Harlem de Gordon Parks. Jack Hill et Pam Grier se retrouveront en 1974 pour le non moins légendaire Foxy Brown. Un diamant forcément noir de la série B.
LE BLU-RAY
Coffy, la panthère noire de Harlem avait connu une première vie chez MGM en 2004, avant de connaître une renaissance chez BQHL Editions en 2016 dans une nouvelle édition DVD. Trois ans plus tard, le film de Jack Hill passe enfin par la case Haute-Définition chez le même éditeur ! Superbe visuel, d’ailleurs repris pour le menu principal, animé et musical.
Aucun supplément sur cette édition. D’ailleurs, nous ne trouvons pas non plus de chapitrage. Seul le lancement du film est disponible.
L’Image et le son
Le master HD tient la route, malgré des points blancs et noirs qui demeurent du début à la fin. Toutefois, cela n’entrave en rien le visionnage et la copie possède quelques bons éléments. Les noirs sont denses, les couleurs sont belles, l’image est stable, les fondus enchaînés n’entraînent pas de décrochages. La patine argentique est aussi bien gérée et participe au charme rétro de Coffy, la panthère noire de Harlem. Ne vous inquiétez pas, les détails ne manquent pas, surtout quand Pam Grier apparaît peu voire pas vêtue. C’est ce que vous demandiez non petits coquins ?!
Evitez à tout prix la version française, à moins que vous ne vouliez vous gâcher le plaisir ou alors visionner Coffy en mode « nanar ». Le doublage, en particulier celui de Pam Grier, est risible tout du long. La comédienne semble affublée d’une voix de travesti rentrant de Pigalle à 6 heures du matin après avoir fumé trois paquets de clopes pendant une fiesta nocturne. Fous-rires garantis. De plus, la VF est aussi criarde qu’improbable, avec une postsynchro passable qui colle difficilement au mouvement des lèvres des acteurs. La version originale est de bonne qualité, même si elle manque souvent de punch. N’hésitez pas à monter le volume.