CALIBRE 32 (Killer calibro 32) réalisé par Alfonso Brescia, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 16 novembre 2021 chez Artus Films.
Acteurs : Peter Lee Lawrence, Agnès Spaak, Lucy Scay, Massimo Righi, Alberto Dell’Acqua, Andrea Bosic, Nello Pazzafini, Valentino Macchi…
Scénario : Lorenzo Gicca Palli
Photographie : Fulvio Testi
Musique : Robby Poitevin
Durée : 1h30
Date de sortie initiale : 1967
LE FILM
Silver, un chasseur de primes, chargé d’éliminer sept bandits pilleurs de banque, découvre que ses employeurs ne sont autres que les bandits en question, qui l’utilisent pour régler leurs comptes…
Calibre 32, Killer calibro 32, Justicia calibre 45 ou bien encore 32 Calibre Killer est réalisé par Al Bradley en 1967. Mais qui est Al Bradley ? Derrière ce pseudonyme se cache en fait Alfonso Brescia (1930-2001), dont nous vous avons déjà parlé longuement au cours de nos chroniques consacrées au Gladiateur magnifique et Les Contrebandiers de Santa Lucia. Nul besoin de refaire son portrait donc et vous savez ce qui vous reste à faire si vous désirez en savoir plus. Le western qui nous intéresse aujourd’hui, Calibre 32, est le sixième long-métrage du réalisateur, situé entre le film d’aventure Missione sabbie roventi avec Howard Ross et Furie au Missouri, western classique, mais néanmoins de haute tenue, très bien mis en scène et qui pouvait passer pour un film américain. Après le péplum et avant le fantastique, l’érotique et le polar urbain, Alfonso Brescia continue sur sa lancée et livre sa deuxième incursion dans le monde des cowboys, deux ans après Le Colt c’est ma loi – La Colt è la mia legge. Il y dirige pour la première fois Peter Lee Lawrence dans Calibre 32, formidable opus du genre, forcément très inspiré par les films de Sergio Leone, redoutablement efficace et à l’image de son personnage principal très élégant. Un très bon spectacle.
Une association de banquiers et notables d’une petite ville de l’Ouest se font régulièrement piller par des bandits sans scrupules. Ils font appel à un pistolero pour s’en débarrasser : l’élégant Silver, joueur de poker et coureur de femmes.
Peter Lee Lawrence, né Karl Hyrenbach (1944-1974) a été l’une des étoiles filantes du western européen durant son âge d’or. Venu d’Allemagne, le comédien démarre sa carrière dans Et pour quelques dollars de plus de Sergio Leone, dans lequel il interprète le beau-frère de Mortimer, incarné par Lee Van Cleef. Sa belle gueule est vite repérée par les producteurs, qui décident de miser sur lui en le plaçant en haut de l’affiche de nombreux westerns spaghetti. 1967 est l’année où son talent explose véritablement aux yeux des spectateurs puisqu’il sera le héros de quatre longs-métrages, Un doigt sur la gachette – Dove si spara di più de Gianni Puccini, L’Homme qui a tué Billy le Kid – El hombre que mató a Billy el Niño de Julio Buchs, ainsi que Calibre 32 et Furie au Missouri d’Alfonso Brescia. En à peine dix ans, Peter Lee Lawrence tournera près d’une trentaine de longs métrages, des westerns en majeure partie, sans oublier le giallo Amour et Mort dans le jardin des dieux – Amore e morte nel giardino degli dei (1972) de Saura Scavolini, aux côtés de la légendaire Erika Blanc. Une tumeur au cerveau l’emportera bien trop tôt, à l’âge de trente ans. A l’instar de Furie au Missouri, Peter Lee Lawrence fait déjà preuve d’une belle décontraction face à la caméra et s’investit aussi bien dans ses scènes dramatiques que sur les séquences d’action, où il est toujours tiré à quatre épingles. On retiendra surtout son affrontement avec le colosse Nello Pazzafini, dont la trogne est apparue dans plus de 200 films en près de 45 ans de carrière. Son mètre 96 aura souvent affronté le mètre 94 de Bud Spencer dans Banana Joe (1982), Capitaine Malabar dit La bombe (1982) et Attention les dégâts (1984). Une armoire à glace, également très à l’aise dans les cascades et règlements de comptes au poing (avec des bruitages comme on les aime), comme ici face à Peter Lee Lawrence. Ce dernier retrouvera le réalisateur dès l’année suivante pour le film de guerre Tête de pont pour huit implacables – Testa di sbarco per otto implacabili. Puis, leurs chemins se sépareront, le comédien continuant d’officier principalement dans l’univers du western, tandis que le cinéaste bifurquera vers le thriller et le film coquin.
Alfonso Brescia soigne son cadre, la reconstitution et les costumes sont très beaux. L’atmosphère sous tension est palpable tout du long, comme au cours de chaque partie de poker. Le metteur en scène emballe efficacement chaque gunfight et utilise intelligemment son décor (très bande dessinée), très bien photographié en Cinémascope par le chef opérateur Fausto Rossi, fidèle collaborateur du réalisateur, tandis que résonne la belle partition de Robby Poitevin (T’as le bonjour de Trinita, Quand l’heure de la vengeance sonnera, Ce salaud d’inspecteur Sturlingh). Cela fait beaucoup de bons voire de très bons points pour ce western méconnu, qui saura largement satisfaire les spectateurs contemporains friands du genre.
LE COMBO BLU-RAY + DVD
Calibre 32 intègre la collection Western Européen chez Artus Films. Comme d’habitude, l’éditeur a concocté un superbe objet, qui prend la forme d’un Digipack à deux volets, renfermant le Blu-ray et le DVD, très élégamment illustré, le tout glissé dans un fourreau cartonné qui arbore le plus célèbre visuel du film. Le menu principal est fixe et musical.
Outre un Diaporama d’affiches et de photos, ainsi qu’un lot de bandes-annonces (dont celle de Calibre 32 en version anglaise), cette édition propose une présentation du film par Curd Ridel (25’). Alors comme bien souvent avec ce dernier, ne vous attendez pas à une analyse critique du film qui nous intéresse aujourd’hui, mais à un tour complet du casting de Calibre 32. Le complice d’Artus Films commence à nous parler d’Alfonso Brescia, dont il avait déjà dressé le portrait sur le Blu-ray de Furie au Missouri et surtout sur celui des Contrebandiers de Santa Lucia. Il en vient donc rapidement aux comédiens, ce qu’il fera d’ailleurs jusqu’à la fin de ce supplément, en évoquant plus largement la carrière de Peter Lee Lawrence, sans oublier ses partenaires, dont Alberto Dell’Acqua et ses divers pseudonymes (Robert Widmark, Cole Kitosh, Al Waterman et Albert Nova) avec lequel Curd Ridel a échangé sur le tournage de Calibre 32. Enfin, ce dernier clôt son intervention en parlant de la musique de Robby Poitevin, « pas vraiment marquante, même si le thème reste bien en tête après avoir vu le film ».
L’Image et le son
Artus Films nous offre un nouveau master 2K restauré. Une version intégrale qui resplendit souvent en Haute-Définition et à qui ce lifting numérique fait le plus grand bien ! La propreté est très impressionnante, la stabilité de la copie n’est jamais prise en défaut, le piqué est acéré, les couleurs éclatantes et les quatre coins du superbe cadre large regorge de détails. Certains plans flous font bien leur apparition à plusieurs reprises, mais semblent d’origine et ne sont en aucun cas imputables au travail effectué pour redonner vie au film d’Alfonso Brescia. Ah oui et le grain argentique est évidemment de la partie, excellemment géré et doux pour les mirettes. Blu-ray au format 1080p.
Ceux qui auraient découvert Calibre 32 en version française, pourront se ruer sur le mixage LPCM 2.0 de fort bonne qualité et au doublage réussi. La piste italienne n’est pas en reste et offre de belles séquences d’action très dynamiques, avec également un bon report des dialogues et des effets annexes. Les sous-titres français ne sont pas imposés.