Test Blu-ray / Borderlands, réalisé par Eli Roth

BORDERLANDS réalisé par Eli Roth, disponible en DVD, Blu-ray et 4K UHD le 5 décembre 2024 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Cate Blanchett, Kevin Hart, Jack Black, Ariana Greenblatt, Jamie Lee Curtis, Florian Munteanu…

Scénario : Eli Roth & Joe Crombi

Photographie : Rogier Stoffers

Musique : Steve Jablosky

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Lilith, une chasseuse de primes au passé trouble, revient à contrecœur sur sa planète natale, Pandore, la planète la plus chaotique de la galaxie… Sa mission est de retrouver la fille disparue d’Atlas, l’homme le plus puissant (et le plus méprisable) de l’univers. Pour y arriver, Lilith va devoir former une alliance inattendue avec une joyeuse équipe de marginaux : Roland, un mercenaire chevronné ; Tiny Tina, une pré-ado avec un gros penchant pour la démolition ; Krieg, le protecteur musclé de Tiny Tina ; Tannis, une scientifique fantasque et Claptrap, un robot très bavard. Ensemble, ces héros improbables vont devoir affronter les pires espèces extraterrestres et de dangereux bandits pour découvrir les secrets les plus explosifs de Pandore.

C’est en totale ignorance de la franchise de jeux vidéos (apparemment l’une des plus vendues de tous les temps) que l’auteur de ces mots abordera l’adaptation cinématographique de Borderlands. À la barre de cette superproduction au budget de plus de cent millions de dollars (sans compter les reshoots tardifs orchestrés par Tim Miller), on retrouve Eli Roth, découvert en 2002 avec Cabin Fever, propulsé trois ans plus tard avec Hostel. Après la suite de ce dernier, le metteur en scène marquera les esprits avec The Green Inferno (fabuleux hommage aux films de cannibales italiens des années 1970-1980), puis son excellent Knock Knock, avant de livrer un savoureux remake d’Un justicier dans la ville (Death Wish, avec Bruce Willis). 2018, Eli Roth change de registre et se voit confier La Prophétie de l’horloge, transposition du roman La Pendule d’Halloween de John Bellairs, qui connaît un joli succès au box-office. Après une pause, le revoilà donc aux manettes d’un blockbuster, pour lequel il retrouve Cate Blanchett, star de son précédent long-métrage, dans la peau d’une (super)héroïne bad-ass aux cheveux flamboyants et fine gâchette. Elle est ici accompagnée d’un casting sympathique et se fond à merveille au milieu de décors numériques (mais pas que, le film ayant été tourné en Hongrie), de personnages pittoresques. Sans rien attendre du tout de Borderlands, le charme agit. Avec sa photographie bariolée et sa bande d’outsiders, on pense indéniablement aux Gardiens de la galaxie, sur lesquels Borderlands semble prendre un malin plaisir à piétiner les plates-bandes. S’il n’atteint pas les Guardians de James Gunn à la cheville, Borderlands n’a cependant pas à rougir de la comparaison dans les scènes d’action, excessivement généreuses, nawaks, mais avec lesquelles Eli Roth paraît s’amuser. Il y a quelque chose de contagieux dans Borderlands, qui ne révolutionne rien, qui s’inspire ouvertement à droite à gauche (sans « copier » à la Tarantino, ce qui a toujours été une grande différence entre le sieur Quentin et Roth), mais qui le fait bien, en assumant sa condition de sale gosse et sans doute d’ersatz. Un très bon divertissement au final.

Sur la planète Pandore, le mercenaire Roland kidnappe Tiny Tina avec l’aide de Krieg, un psychopathe qui était interné dans le même asile que Tina. Le père de Tina et magnat de l’armement Atlas convainc la chasseuse de prime Lilith de retourner sur Pandore, sa planète d’origine, pour qu’elle sauve l’adolescente. Grâce à Claptrap, un étrange petit robot programmé pour l’attendre sur Pandore, elle parvient à retrouver la trace de Tina. Apprenant que Roland et Krieg ont en fait aidé Tina à fuir l’emprise de son père, Lilith aide la bande face à la Crimson Lance, l’armée privée d’Atlas. Elle apprend également que Tina a été conçue en laboratoire, où son ADN a été mélangé à celui des Éridiens, une race alien disparue qui vivait sur Pandore. Atlas voyait Tina comme le moyen d’ouvrir l’Arche, un lieu mythique où se trouveraient les secrets de cette civilisation perdue. Avec l’aide du Dr Patricia Tannis, la mère adoptive de Lilith, le groupe localise la clef de l’Arche dans un labyrinthe souterrain infesté de Psychos.

Le projet remonte déjà à une dizaine d’années, sous l’égide de Lionsgate, toujours à l’affût d’une saga lucrative qui pourrait ratisser large. Non seulement Eli Roth s’est très vite vu confier les clés de l’entreprise, mais il s’est également chargé du scénario (même si l’on parle d’une bonne douzaine de scénaristes qui se seraient en fait passés le relais), étant un grand connaisseur du jeu original. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’est pas allé loin et que le semblant de synopsis était surtout prétexte à une multiplication de scènes d’action, de poursuites, de gunfights et de ce point de vue le réalisateur ne déçoit pas. Tant mieux d’ailleurs, car les séquences agitées se succédant les unes à la suite des autres, le spectateur a à peine le temps de réfléchir à l’ineptie du récit. Il y a toujours eu un côté gamin chez Eli Roth et Borderlands fait penser à un gros joujou trituré dans tous les sens par un mioche hyper-actif. Paradoxalement, c’est cet aspect infantile qui donne son intérêt à ce spectacle.

Le casting a alors peu à faire pour paraître cool. Outre Cate Blanchett, so sexy à 55 piges, l’insupportable Kevin Hart est étonnamment plus sobre qu’à son habitude, Jack Black pète les plombs une fois de plus en prêtant sa voix à un robot, Ariana Greenblatt (Barbie) tire encore la tronche, Gina Gershon et Jamie Lee Curtis ont les seins qui débordent de leur costume (on ne va pas se plaindre), Florian Munteanu (Viktor Drago de Creed 2 et 3) grogne comme le Bane de Batman & Robin de Joel Shumacher, Édgar Ramirez joue le méchant constipé.

Alors oui, il ne faut pas en attendre « trop » de Borderlands, patchwork rapiécé et constitué de pièces empruntées dans le cinéma fantastique/SF de ces quarante dernières années (c’est dire si l’ensemble à un train de retard), de Star Wars à Mad Max, en passant par Dune, les derniers Jumanji et Suicide Squad, mais le constat est sans appel (tout comme l’immense bide), on ne s’ennuie pas, le tout passe vite et c’est déjà ça de pris.

LE BLU-RAY

Malgré son bide intergalactique (15 millions de dollars de recette aux US, à peine 8 millions dans le reste du monde pour un budget de 115 millions…), Borderlands est étonnamment choyé par l’éditeur M6 Vidéo avec rien de moins qu’une édition DVD, une autre en Blu-ray et même un 4K UHD. De quoi titiller la curiosité du consommateur/cinéphile/cinéphage qui serait passé à côté et attiré par la jaquette multicolore. Le menu principal est du même acabit, animé et musical.

Vous n’entendrez évidemment pas parler de tous les soucis (euphémisme) rencontrés lors de la pré & post-production de Borderlands, dans le making-of de 41 minutes joint à cette édition. Néanmoins, ce module est bien fait et revient essentiellement sur tous les aspects techniques de ce blockbuster. Les images de tournage abondent, toute l’équipe y va de sa bonne humeur quant à la transposition du jeu vidéo et sur la bonne entente qui régnait sur le plateau. Plusieurs gros plans sont réalisés sur la conception des costumes, des décors, des effets spéciaux, des cascades, des combats, des armes, des accessoires. Tout le monde prend la pose, visiblement confiant sur le succès à venir (il n’y a pas de raison, puisque les jeux s’arrachent depuis longtemps), Eli Roth ne manque pas d’énergie sur son plateau, les producteurs sont en mode promo et paraissent un peu coincés…un bonus finalement instructif.

L’Image et le son

On ne saurait faire mieux ! En effet, la copie 1080p HD proposée par M6 Vidéo est resplendissante. Les contrastes sont magnifiques, le relief des décors (dans la ville ou dans le désert) est très impressionnant, la palette chromatique est chatoyante et bigarrée, les détails foisonnent à chaque coin de l’écran, le piqué est tranchant et les noirs sont abyssaux. N’oublions pas la profondeur de champ abyssale et la luminosité aveuglante des séquences diurnes. Ce transfert immaculé et éclatant permet d’admirer la photographie signée Rogier Stoffers, à qui l’on doit entre autres les images inoubliables de Brimstone de Martin Koolhoven.

Les fracassants et immersifs mixages DTS-HD Master Audio 5.1 anglais et français exploitent les latérales dans leurs moindres recoins, et ce jusqu’à la fin du film. C’est peu dire que Borderlands met à mal toute installation acoustique digne de ce nom. La musique de Steve Jablonsky (Skyscraper, Deepwater) bénéficie d’une spatialisation percutante et systématique, les effets, explosions, déflagrations et ambiances annexes foisonnent sans jamais noyer les quelques dialogues. N’oublions pas le caisson de basses qui ne tient pas en place sur le sol et fait vibrer les murs. Le chaos ! Top démo si vous désirez épater la galerie !

Crédits images : © M6 Vidéo / SND / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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