ARRÊTE OU MA MÈRE VA TIRER (Stop ! Or My Mom Will Shoot) réalisé par Roger Spottiswoode, disponible en DVD, Blu-ray et combo Blu-ray + DVD chez Elephant Films.
Acteurs : Sylvester Stallone, Estelle Getty, JoBeth Williams, Roger Rees, Martin Ferrero, Gailard Sartain, John Wesley, Al Fann…
Scénario : Blake Snyder, William Osborne & William Davies
Photographie : Frank Tidy
Musique : Alan Silvestri
Durée : 1h27
Date de sortie initiale: 1992
LE FILM
Joe Bomowski est un officier de la police de Los Angeles. Bourru, il n’hésite jamais à faire usage de la force pour arriver à ses fins. Mais tout va se compliquer pour lui : sa supérieure hiérarchique, avec laquelle il entretient une liaison, le quitte et Tutti, sa vieille mère maladroite, débarque pour une visite impromptue. Quand cette dernière est témoin d’un meurtre, Joe va devoir résoudre une affaire tout en ayant sa mère dans les pattes…
C’est marrant comme avec les années on peut devenir indulgent. Il y a une vingtaine d’années, l’auteur de ces mots avait écrit à propos d’Arrête ou ma mère va tirer : « Sylvester Stallone s’essaie à la comédie : non, cela ne lui va pas du tout… Le film est lourd, lent, naze… une tache malheureusement indélébile dans la filmographie de Sly, qu’est-il allé faire dans cette galère ? Et croyait-il vraiment qu’on y embarquerait à ses côtés ? Si oui, il ne doit pas être bien intelligent, le garçon… ». Aujourd’hui, beaucoup de ceux qui critiquaient ce film le regardent avec plus de tendresse. Pourquoi ce revirement ? Sûrement par nostalgie, ou en raison du niveau foncièrement outrancier de la comédie contemporaine. Évidemment qu’Arrête ou ma mère va tirer n’est pas « bon » en soi, mais il est constamment animé par une bonne humeur finalement contagieuse et l’on régresse volontiers devant ces petites 90 minutes. Pour la petite histoire, si Sylvester Stallone aurait accepté de faire ce film, ce serait en raison de sa rivalité avec Arnold Schwarzenegger. Ce dernier, trouvant le scénario très mauvais, avait laissé entendre par voie de presse qu’il était très intéressé par ce projet. Demandant exprès une somme d’argent conséquente, le tronc autrichien voit les producteurs le remercier pour aller présenter Stop ! Or My Mom Will Shoot à son concurrent direct, Sylvester Stallone, qui bien sûr avait entendu dire que le Tronc Autrichien était sur le point de s’engager. Cela n’a pas raté, Sly signe pour cette comédie, peut-être même sans lire le script, tandis que Schwarzy devait se marrer entre deux taffes de cigare. Cela n’empêchera pas Sly de faire un clin d’oeil à son adversaire en évoquant Terminator au détour d’une réplique. Toujours est-il qu’Arrête ma mère va tirer est un petit plaisir (ne dites pas « coupable », car il serait temps s’assumer vos goûts et de laisser tomber cette expression qui ne veut rien dire) de cinéphage, devant lequel on ne peut pas s’abstenir de se marrer trente ans après.
Joe Bomowski est un officier de la police de Los Angeles, habitué à résoudre les crimes de façon musclée. Il entretient une relation avec sa supérieure hiérarchique, Gwen Harper. Les choses vont se compliquer pour Joe. Tout d’abord, Gwen décide de le larguer car il ne fait pas le premier pas. Et de surcroît, sa maman, Tutti, une gentille petite vieille dame, débarque pour rendre visite à son fils, avec son chien. Tutti endommage ensuite l’arme de service de son fils en la lavant. Elle décide alors d’en acheter une nouvelle pour la remplacer. Elle acquiert donc de façon illégale un MAC-10, pensant faire plaisir à Joe. Tutti est alors témoin du meurtre d’un trafiquant d’armes. Joe, qui était pressé que sa mère s’en aille, est contraint de cohabiter avec elle. Celle-ci va cependant l’aider à recoller les morceaux entre lui et Gwen et à élucider l’affaire de meurtre dont elle a été témoin.
Au fait, il en était où dans sa carrière Sylvester Stallone au moment d’Arrête ou ma mère va tirer ? Après l’échec aux Etats-Unis de Rocky 5 de John G. Avildsen en 1990, le comédien décide de tenter sa chance dans le registre comique. Ce sera L’Embrouille est dans le sac de John Landis, ni plus ni moins que le remake d’Oscar d’Édouard Molinaro, ou plutôt nouvelle adaptation cinématographique de la pièce de théâtre de Claude Magnier, transposée dans les années 1930, dans le milieu mafieux new-yorkais. Un peu paumé, euphémisme, à ce moment-là de sa vie et dans son boulot, ce bon vieux Sly signe donc pour Arrête ou ma mère va tirer, en espérant qu’enfiler une couche-culotte fera rire son public de base et même plus. Une scène qui en a traumatisé beaucoup, mais qui montre au moins que le bonhomme était prêt à tout pour jouer avec son image. Mais contrairement à Arnold Schwarzenegger, Sylvester Stallone n’est pas un acteur de comédie et il y aura toujours quelque chose de forcé dans ce genre. Sa partenaire Estelle Getty (1923-2008), complètement inconnue en France, sera apparue au cinéma dans Tootsie (1982) de Sydney Pollack, Mask (1985) de Peter Bogdanovich et bien plus tard dans Stuart Little (1999) de Rob Minkoff. Aux USA, elle reste très célèbre pour la série Les Craquantes – The Golden Girls, dans laquelle aura joué le rôle de Sophia Petrillo dans près de 180 épisodes, puis dans 50 de plus dans le spin-off La Maison en folie – Empty Nest et encore 24 dans une autre série dérivée, The Golden Palace. Le rôle de sa vie à la télévision, comme on peut dire que celui de Tutti Bomowski restera celui au cinéma.
En l’état, son mètre 49 s’accorde bien avec le mètre 77 de Sly et la dynamique entre les deux acteurs fonctionne. La scène des retrouvailles à l’aéroport, celle du petit déjeuner, le jeu de ping-pong verbal témoignent de l’alchimie entre Sylvester Stallone et Estelle Getty et font ce qu’ils peuvent pour donner un peu d’énergie à une histoire qui en a besoin. A ce propos, deux des auteurs d’Arrête ou ma mère va tirer, William Osborne et William Davies, étaient les scénaristes de Jumeaux – Twins (1988) d’Ivan Reitman (également producteur sur Stop ! Or My Mom Will Shoot), qui signeront aussi le sympathique L’Affaire Karen McCoy – The Real McCoy (1993) de Russell Mulcahy. Comme quoi là encore, Stallone et Schwarzenegger étaient liés.
De son côté, le britannico-canadien Roger Spottiswoode (né en 1945), scénariste de 48 Heures (1982) de Walter Hill, monteur des Chiens de paille – Straw Dogs (1971) et Pat Garrett et Billy le Kid (1973) de Sam Peckinpah (excusez du peu), réalisateur du Monstre du train – Terror Train (1981), Under Fire (1983), Randonnée pour un tueur – Shoot to Kill (1987), Turner & Hooch (1989) et Air America (1990), emballe comme il le peut, autrement dit «fonctionnelle» son long-métrage, probablement sans trop y croire, mais en lui apportant un rythme certain et surtout nécessaire à une comédie. Et dire que cinq ans plus tard, le metteur en scène se verra confier Demain ne meurt jamais – Tomorrow Never Dies (1997), probablement le meilleur opus de James Bond sous l’ère Pierce Brosnan. Quant au lien entre Sly et Schwarzy, cela se vérifiera une fois de plus en 2000, puisque Roger Spottiswoode dirigera le second dans À l’aube du sixième jour – The 6th Day, qui marquera le début du déclin au box-office du comédien.
Si la critique a été unanimement désastreuse, Arrête ou ma mère va tirer rapporte en tout et pour tout 70 millions de dollars dans le monde et parvient même à attirer près de 800.000 spectateurs français dans les salles. Sylvester Stallone encaisse le coup (il dira plus tard qu’il s’agit du pire film dans lequel il a joué avec D-Tox de Jim Gillespie), reçoit le Razzie Award du pire acteur et promet à ses fans de revenir au cinéma d’action. Ce qu’il fera dès l’année suivante avec Cliffhanger : Traque au sommet de Renny Harlin, qui sera un carton planétaire.
LE BLU-RAY
Arrête ou ma mère va tirer est arrivé pour la première fois dans les bacs français en 2003 chez Universal Pictures en DVD, avant d’être réédité en 2007. En août 2021, Elephant Films qui n’aura de cesse d’explorer le très large et impressionnant catalogue Universal, présente le film de Roger Spottiswoode en DVD et Combo Blu-ray + DVD. L’édition Standard Blu-ray de Stop ! Or My Mom Will Shoot est prévue le 2 novembre. Le menu principal est fixe et musical.
Le premier supplément de cette édition HD est une présentation du film par Nico Prat (16’). Le journaliste pop culture remplace Julien Comelli sur ce titre et s’en tire très bien. Il replace tout d’abord Arrête ou ma mère va tirer dans la carrière de Sylvester Stallone, évoque la rivalité avec Arnold Schwarzenegger, et le désir (ou le besoin) des deux comédiens de bifurquer vers la comédie, conscients qu’ils ne pourront pas éternellement interpréter des rôles d’action et surtout désireux de montrer qu’ils étaient parfaitement capables de faire autre chose. Boudées par le public dans les années 1990, les comédies des deux acteurs sont des échecs commerciaux, du moins sur le sol américain. Puis, Nico Prat explique que malgré leurs défauts, il s’agit de films pour lesquels il a énormément d’affects et qui ont participé quelque part à forger une partie de sa cinéphilie.
Nous trouvons ensuite un making of d’époque (5’), durant lequel les comédiens s’expriment sur l’histoire et les personnages. L’occasion de voir quelques images de tournage et la grande complicité entre Sylvester Stallone et Estelle Getty.
Une étrange fin alternative est proposée (2’), où le personnage incarné par Sylvester Stallone est emmené sur une civière, vers une ambulance garée sur le tarmac de l’aéroport où s’est déroulée la poursuite. Il tente alors de demander en mariage sa compagne interprétée par JoBeth Williams. Un final qu’on imagine rejeté car jugé trop faiblard, qui a découlé sur celui que nous connaissons aujourd’hui.
L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.
L’Image et le son
Le master HD d’Arrête ou ma mère va tirer paraît mieux s’en tirer que celui de Jumeaux et de Junior, même s’il semble afficher déjà quelques heures de vol. La copie affiche une belle propreté, un grain argentique bien géré (étrangement lissé sur quelques scènes ceci dit…) et ce sont surtout les couleurs qui s’avèrent très jolies, même si les visages des comédiens manque parfois de naturel. Les contrastes sont corrects, c’est stable et lumineux tout du long, les textures sont palpables et le piqué acéré. On ne sait pas si vous voudrez repasser à la caisse pour ce titre, mais ce qui est certain c’est que Stop ! Or My Mom Will Shoot apparaît ici dans la plus belle copie à ce jour en France. Le Blu-ray est au format 1080p.
Les pistes anglaise et française bénéficient d’une piste DTS-HD Master Audio Stéréo. Si cette dernière ne parvient pas à rivaliser avec son homologue du point des effets annexes, elle s’en sort plutôt bien niveau homogénéité des dialogues (le doublage est excellent) et de la musique. La version originale restitue avec plus de clarté la partition d’Alan Silvestri, l’effervescence des petites scènes d’action et la balance frontale très bien équilibrée. Dans les deux cas, la propreté est de mise et le confort acoustique assuré. Les sous-titres français ne sont pas imposés.