ALERTE AUX MARINES (The Fighting Seabees) réalisé par Edward Ludwig, disponible en DVD et Blu-ray le 17 juin 2020 chez Rimini Editions.
Acteurs : John Wayne, Susan Hayward, Dennis O’Keefe, William Frawley, Leonid Kinskey, J.M. Kerrigan, Grant Withers, Paul Fix…
Scénario : Borden Chase, Aeneas MacKenzie
Photographie : William Bradford
Musique : Walter Scharf
Durée : 1h40
Date de sortie initiale : 1944
LE FILM
1942, les Etats-Unis luttent contre le Japon dans le Pacifique. La stratégie américaine est de construire des bases militaires aux endroits stratégiques. La mission est confiée à Wedge Donovan, entrepreneur civil. Il met sur pied un groupe d’ouvriers. Sans entraînement militaire, ils subissent de grosses pertes. Donovan décide de former ses hommes aux techniques de combat…
Alerte aux marines – The Fighting Seabees, ou bien encore Ceux du Pacifique chez nos amis belges, est un petit film de guerre intéressant, emblématique du cinéma de propagande pro-allié de l’époque, qui retrace la création de l’unité des Seabees de l’US Navy, durant la Seconde Guerre mondiale. Réalisé en 1944 par Edward Ludwig (1899-1982), cinéaste russe né Isodor Irving Litwack qui avait déjà une longue carrière derrière lui au temps du cinéma muet, Alerte aux marines reste avant tout une curiosité puisque le récit se focalise sur une branche particulière de la marine de guerre des États-Unis, complètement méconnue en France. Le choix de John Wayne était tout indiqué pour incarner le leader de cette unité de génie militaire, dont le surnom Seabees, provient de la prononciation en anglais des initiales de Construction Battalions. Alors, prenez vos outils et entonnez le célèbre Construimus, Batuimus (« Nous construisons, nous nous battons ») entonné à plusieurs reprises dans Alerte aux marines, qui reste un divertissement rétro, mais sympathique.
Wedge Donovan a été chargé de construire plusieurs aérodromes dans une île du Pacifique dès que les États-Unis sont entrés en guerre avec le Japon. Mais une offensive ennemie anéantit son équipe, car le commander Bob Yarrow lui a refusé des armes. Sur l’île, débarque bientôt Doris Chesby, une journaliste. Fiancée à Yarrow, Doris cède au charme de Wedge. Lors d’une attaque des Japonais, Wedge fait face à l’ennemi, mais il subit de lourdes pertes alors que les troupes du commander attendaient en embuscade. Parmi les blessés se trouve Doris, qui avoue son amour à Wedge devant Bob…
Vous l’entendez cet appel « Engagez-vous ! Rejoignez-nous ! » ? Même s’il n’est pas explicite, on croirait pourtant qu’Alerte aux marines nous le déclame à chaque scène. Néanmoins, même s’il s’agit clairement d’un spot promotionnel pour les Seabees, le film d’Edward Ludwig passe agréablement le temps, sans se forcer, avec suffisamment de savoir-faire pour ne pas ennuyer. On se fiche quelque peu du triangle amoureux qui s’installe entre John Wayne, Susan Hayward et Dennis O’Keefe, qui fait plutôt office de remplissage entre deux séquences où l’on peut voir les ouvriers à l’oeuvre, qui suent sang et eau, avec l’amour du métier, mais aussi de la mère-patrie. En fait, ce qui nous intéresse surtout ici, c’est de voir comment ces unités navales de construction ont été créées, formées, organisées, déployées et dirigées. Depuis leur création, les Seabees ont été présents dans toutes les grandes opérations militaires américaines. Plus de 300.000 hommes (et femmes, même si ce n’est pas montré dans Alerte aux marines) ont servi dans les Seabees durant la Seconde Guerre mondiale, oeuvrant sur plus de 300 îles dans le Pacifique. C’est cette dimension documentaire qui interpelle le plus dans The Fighting Seabees.
Le scénario de Border Chase (La Rivière rouge, Winchester 73, Les Affameurs, Vera Cruz) et d’Æneas MacKenzie (La Vie privée d’Elisabeth d’Angleterre, La Charge fantastique et Les dix commandements version 1956) compile les morceaux de bravoure nécessaires pour contenter ceux qui sont venus voir avant tout un film de guerre « divertissant », auquel ils intègrent quelques éléments didactiques que l’on croirait provenir d’un reportage télévisé, où l’on s’attarde sur le quotidien de ces « abeilles », chacune étant le maillon d’une chaîne – d’un essaim, c’est selon – bien organisée et indispensable à la victoire des Etats-Unis.
Alerte aux marines se suit sans déplaisir. La dernière partie, essentiellement consacrée aux scènes d’affrontements face aux japonais, est bien menée, dynamique, efficace, parfois étonnante dans sa brutalité et l’ensemble remplit bien son contrat. Et puis ce n’est pas dans tous les films que John Wayne entame une danse endiablée devant le regard amusé de convives passablement éméchés, alors raison de plus pour se laisser tenter.
LE BLU-RAY
Au début des années 2000, Les Editions Montparnasse avaient sorti un DVD d’Alerte aux marines. Aujourd’hui quasiment introuvable ou disponible en occasion sur les sites de revente, le film d’Edward Ludwig revient dans les bacs dans une nouvelle édition DVD et en Blu-ray chez Rimini Editions. Très beau visuel, repris d’une des affiches d’exploitation. Le menu principal est animé et musical.
Aucun supplément sur cette édition.
L’Image et le son
L’élévation HD est notable sur la luminosité de la copie. La propreté est aussi évidente, ainsi que la stabilité de la copie. Divers décrochages sur les fondus enchaînés sont également présents et le grain est un peu trop lissé à notre goût. Quelques plans flous nous semblent d’origine. Dans l’ensemble, ça passe, surtout pour un film qui avoisine les 80 ans !
La version française est plutôt sourde et n’a pas la clarté de la piste anglaise, bien plus dynamique, propre et qui sait se faire percutante dans la dernière partie. Les sous-titres français ne sont pas imposés.