Test DVD / Les Réformés se portent bien, réalisé par Philippe Clair

LES RÉFORMÉS SE PORTENT BIEN réalisé par Philippe Clair, disponible uniquement en coffret DVD Plus drôle que ça tu meurs !!! – 10 comédies cultes de Philippe Clair le 5 novembre 2024 chez Cinéfeel.

Acteurs : Philippe Clair, Michel Melki, Richard Anconina, Hervé Palud, Daniel Derval, Pierre Triboulet, Michel Peyrelon, Evelyne Buyle, Bernard Pinet…

Scénario : Philippe Clair, Claire Sochon & Philippe Sochon

Photographie : Claude Becognée

Musique : Jean-Pierre Doering

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1978

LE FILM

Un contingent spécial d’une caserne de l’armée française est très difficile à diriger. Les officiers préfèrent démissionner face à l’hostilité des nouvelles recrues qui veulent être réformées. Seul Prosper Perez, l’adjudant, parvient à dialoguer. Pour venir à bout des réfractaires, l’armée nomme le capitaine Pichet, réputé redoutable depuis l’Indochine et l’Algérie. Le capitaine s’oppose donc aux soldats de la chambre 13 l’un joue l’infantilisme et hurle s’il n’a pas son nounours, l’autre imite un efféminé travesti et provoque les gradés, un troisième est un poète fou, un quatrième, un hippie contestataire…

On prend les mêmes et on recommence ! Ou plutôt on continue, puisque Les Réformés se portent bien est la suite directe de Comment se faire réformer et démarre là où le premier épisode s’était arrêté. Grisé par le grand succès remporté par sa précédente « bidasserie » (ou série Z, c’est selon), Philippe Clair rappelle la troupe des 13 cloches et chacun reprend le personnage qui lui était attribué, même si certains n’ont pas répondu à ce nouvel appel. Mais cela tombe bien, on retrouve les meilleurs de la troupe, à savoir Hervé Palud (le costaud), Daniel Derval (la fausse folle) et Pierre Triboulet (aka…Triboulet), lancés à nouveau dans quelques aventures imaginées par Philippe Clair, avec cette fois à l’écriture Philippe Sochon (qui incarne aussi le hippie) et de Claire Sochon (aussi au générique dans le rôle de la fiancée de Derval). Ravi de leur expérience précédente, le réalisateur (trop heureux de retrouver l’uniforme de l’adjudant) et ses comédiens y vont encore plus à fond (c’est dire s’ils sont investis pour la bonne cause, autrement dire faire rire la galerie), en enchaînant les sketches (allant de sympathiques à navrants, en passant par pathétiques, amusants, catastrophiques…), en se foutant royalement de raconter ne serait-ce que l’embryon d’une histoire. Philippe Clair dans la peau de son personnage s’exprime d’ailleurs directement à la caméra en disant « Je filme, je filme, je comprends plus rien ». On ne saurait mieux résumer Les Réformés se portent bien, qui n’a pas connu le même engouement à sa sortie, même si le film a tout de même frôlé la barre du million d’entrées.

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Test DVD / Les Apparences, réalisé par Marc Fitoussi

LES APPARENCES réalisé par Marc Fitoussi, disponible en DVD le 27 janvier 2021 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Karin Viard, Benjamin Biolay, Lucas Englander, Laetitia Dosch, Pascale Arbillot, Evelyne Buyle, Martine Schambacher, Catherine Davenier…

Scénario : Marc Fitoussi & Sylvie Dauvillier, d’après une histoire originale de Karin Alvtegen

Photographie : Antoine Roch

Musique : Bertrand Burgalat

Durée : 1h46

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

Vienne, ses palais impériaux, son Danube bleu…Et sa très privilégiée communauté d’expatriés français. Couple emblématique, Ève et Henri ont tout pour être heureux. Lui est un prestigieux chef d’orchestre, elle travaille à l’Institut Français. Une vie apparemment sans fausse note jusqu’au jour où Ève voit son univers protégé se fissurer et ses certitudes s’effondrer. Prête à tout pour ne pas perdre la face et maintenir les apparences, elle va se révéler totalement diabolique.

Les Apparences est le sixième long métrage de Marc Fitoussi (né en 1974) après La Vie d’artiste, Copacabana, Pauline détective, La Ritournelle et Maman a tort. Après ce dernier, le réalisateur avait participé au film collectif Selfie, ainsi qu’aux saisons 3 et 4 de la série à succès Dix pour cent. Depuis 2007, le réalisateur a su prouver la singularité et la sensibilité de son univers. Depuis La Vie d’artiste, Marc Fitoussi a toujours marqué ses films, pourtant souvent ancrés dans une réalité sociale, d’une douce folie. Ses œuvres possèdent également un décalage qui fait l’âme de son cinéma, toujours marquées par des dialogues subtils et d’une remarquable intelligence. Maman a tort, ne dérogeait pas à la règle et apparaissait même comme un film-somme. Pour Les Apparences, Marc Fitoussi change une fois de plus de registre et aborde le thriller paranoïaque. Si beaucoup ont loué sa ressemblance aux films du genre de Claude Chabrol, le cinéaste s’en éloigne et s’en approprie les codes à travers un humour cinglant et décapant, qu’il distille au compte-gouttes, dans la tradition d’Alfred Hitchcock auquel on pense dans une séquence qui évoque celle du concert de L’Homme qui en savait trop. Les Apparences est une très grande réussite, à la fois vénéneuse, grinçante et caustique, inquiétante et cynique, drôle et amorale, où trône l’impériale Karin Viard qui après Jalouse de David et Stéphane Foenkinos, Les Chatouilles d’Andréa Bescond et Éric Métayer et Chanson douce de Lucie Borleteau, prouve une fois de plus qu’elle n’a de cesse de se réinventer, de se mettre en danger et qu’elle demeure l’une de nos plus illustres comédiennes.

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Test Blu-ray / L’Ibis rouge, réalisé par Jean-Pierre Mocky



L’IBIS ROUGE réalisé par Jean-Pierre Mocky disponible en DVD et Blu-ray le 5 mars 2019 chez ESC Editions

Acteurs : Michel Simon, Michel Serrault, Michel Galabru, Jean Le Poulain, Evelyne Buyle, Karen Nielsen, Jean Cherlian, François Bouchex…

Scénario : Jean-Pierre Mocky, André Ruellan d’après la nouvelle de Fredric Brown « Knock Three One Two »

Photographie : Marcel Weiss

Musique : Eric Demarsan

Durée : 1h20

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Raymond Villiers ne se doute pas que l’homme qui lui fait face dans l’ascenseur n’est autre que l’étrangleur qui défraie la chronique. Mais Raymond ne s’attarde pas, il abandonne ce personnage et se met en quête des trois millions qu’il a perdus au jeu et qu’il doit rembourser au plus tôt. Dès lors, une succession de quiproquos et de méprises vient bouleverser l’ordre naturel des événements.

Quand Jean-Paul Mokiejewski alias Jean-Pierre Mocky (né en 1933) fait son Grand Sommeil. Enfin, toutes proportions gardées. Néanmoins, L’Ibis rouge s’avère un vrai polar et film noir bourré d’humour tourné sur le Canal Saint-Martin, avec un trio d’acteurs au sommet, les trois Michel, Serrault, Galabru et Simon. Trois ans après Le Viager de Pierre Tchernia, Louis Martinet se retrouve face à Léon Galipeau, tandis que Michel Simon tire sa révérence dans sa dernière apparition à l’écran. Le comédien disparaîtra une semaine après la sortie de L’Ibis rouge au cinéma. Les fans de Jean-Pierre Mocky considèrent cet opus comme l’un de ses meilleurs, l’un de ses plus emblématiques et réussis. Ce qu’il est assurément puisqu’il contient toutes les obsessions, les références et donc l’univers de son auteur.

Traumatisé dans son enfance par la vue d’une mouche sur la gorge de son professeur de piano, Jérémie, modeste employé, étrangle des femmes seules à l’aide d’une écharpe brodée d’un ibis. Zizi, marchand de journaux acariâtre et raciste pourtant flanqué d’un enfant noir, rêve de notoriété. Il déclare à tous ses clients qu’il est le coupable des meurtres. Pendant ce temps, Raymond, ivrogne invétéré et représentant en liqueurs, doit rembourser une importante dette de jeu contractée auprès d’un ancien colonel infirme qui menace de le faire assassiner s’il ne paye pas. Il espère que sa femme, Evelyne, va le tirer d’affaire grâce à sa fortune personnelle…

L’Ibis rouge est une œuvre comme qui dirait foutraque. Jean-Pierre Mocky est généreux. Le cinéaste se fait plaisir, ainsi qu’à ses acteurs, tout en pensant constamment au divertissement des spectateurs. Il jette ici son dévolu sur une nouvelle de l’écrivain américain Fredric Brown, Knock Three One Two (« Ça ne se refuse pas »), qu’il adapte avec André Ruellan et l’arrange à la sauce française, en situant l’action dans le 10e arrondissement de Paris, le long du Canal Saint-Martin, principalement de nuit. Jean-Pierre Mocky filme ses personnages déambuler dans le Paris interlope, celui qu’il affectionne tout particulièrement, rarement représenté dans le paysage cinématographique français encore à cette époque. Autant dire que le réalisateur est dans son élément et qu’il se fait plaisir à travers une histoire rocambolesque où chaque protagoniste fait figure de monstre humain, tueur (Serrault, qui use de son écharpe pour étrangler les demoiselles à forte poitrine), représentant en vin (Galabru, imperméable et galurin à la Bogart), restaurateur grec (en fait auvergnat), vendeur de journaux limite clochard, tout le monde y passe et chacun en prend pour son grade.

Si le scénario est prétexte pour dresser le portrait acide de ses contemporains, Jean-Pierre Mocky ne se moque jamais et L’Ibis rouge est tout autant un hommage au cinéma hollywoodien des années 1940-50 qu’une étude ironique sur l’âme humaine. Le metteur en scène observe tout ce beau petit monde avec l’oeil d’un entomologiste. A l’instar de Raymond Chandler, l’histoire importe peu et part dans tous les sens et les personnages, leur psychologie, leur confrontation, leurs diatribes font avancer l’intrigue avec un rythme en dents de scie. Parfaite transition pour évoquer la composition d’Eric Demarsan réalisée à l’aide d’une scie musicale, que Jean-Pierre Mocky utilise du début à la fin, ce qui peut parfois porter sur les nerfs. Au trio vedette, s’ajoutent un Jean Le Poulain fielleux manipulateur et la superbe Evelyne Buyle, femme fatale à l’accent titi parisien.

Malgré son casting, la sauce n’a pas pris à l’époque et le film s’est soldé par un échec cuisant avec à peine 150.000 spectateurs dans les salles. Depuis, ce savoureux vaudeville bien français et nimbé de références américaines est devenu un vrai film culte.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de L’Ibis rouge, disponible chez ESC Editions, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical. Le film de Jean-Pierre Mocky avait connu une précédente édition en DVD chez Pathé en 2005.

L’éditeur est allé à la rencontre de Jean-Pierre Mocky lui-même pour nous livrer quelques infos et anecdotes sur L’Ibis rouge (8’). Le cinéaste évoque le travail avec les comédiens et le roman « fantastique » (dixit Mocky) de Fredric Brown, dont il adaptera un autre de ses livres en 2001 avec La Bête de miséricorde. Les personnages et la musique sont également abordés, ainsi que (toujours d’après le réalisateur) « l’énorme succès critique du film, qui a d’ailleurs fait le tour du monde et qui a cartonné dernièrement sur Arte avec plus de 1,7 million de téléspectateurs ».

L’Image et le son

La copie HD de L’Ibis rouge impressionne du début à la fin. L’image est dépoussiérée et aucune tâche et autres scories ne viennent parasiter le visionnage. La palette de couleurs est pimpante et on ne peut que saluer la définition remarquable de cette édition, notamment sur les très nombreuses séquences nocturnes. L’apport HD donne une nouvelle densité aux contrastes et surtout aux noirs. Le grain original est respecté, le relief palpable, la copie stable et le gros point fort de cette édition demeure la restitution des gros plans en tous point admirable. Un lifting minutieux.

Les dialogues sont parfois grinçants ou sourds et manquent d’intelligibilité. La musique est mieux servie et dynamique. Pas de sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, étrange…

Crédits images : © ESC Editions / ESC Distribution / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr