Test Blu-ray / Mon deuxième frère, réalisé par Shōhei Imamura

MON DEUXIEME FRERE (Nianchan) réalisé par Shôhei Imamura, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 15 novembre 2016 chez Elephant Films

Acteurs : Hiroyuki Nagato, Kayo Matsuo, Takeshi Okimura, Akiko Maeda, Kô Nishimura, Yoshio Ômori, Taiji Tonoyama, Shinsuke Ashida

Scénario : Ichirô Ikeda, Shôhei Imamura

Photographie : Shinsaku Himeda

Musique : Toshirô Mayuzumi

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 1959

LE FILM

Dans une ville minière japonaise ravagée par la misère, une fratrie de quatre orphelins coréens de dix à vingt ans tente de subsister. Kiichi, l’aîné, trouve un travail dans la mine, mais celui-ci est très précaire.

A l’instar de son premier long métrage Désirs volés, Shōhei Imamura (1926-2006) démarre Mon deuxième frèreNianchan (1959) par un plan en altitude. C’est donc le réalisateur entomologiste qui à l’aide d’une loupe installe le décor social, culturel et géographique de son quatrième film. Une voix-off annonce qu’après une période de croissance et après la guerre de Corée, le Japon connaît au début des années 1950 une grave récession, la pire période pour l’industrie charbonnière. Les mines les plus importantes sont en déficit, tandis que plus de 200 petites et moyennes ferment leurs portes. Plus de 20.000 personnes perdent leur emploi. L’histoire, adaptée du journal intime d’une fillette de 10 ans, se déroule dans la préfecture de Saga, située dans la partie nord-ouest de Kyūshū. C’est ici que vit une famille composée de quatre enfants orphelins. Deux fils, 20 ans et 12 ans, deux filles, 16 et 10 ans. Dans leur petite ville où la mine est également menacée, cette famille garde l’espoir de s’en sortir, en dépit de leur extrême pauvreté. Les grèves se multiplient. Les deux aînés se voient contraints de partir à l’ouest du pays afin de subvenir à leurs besoins et à ceux de leur frère et sœur plus jeunes, Koichi et Sueko la benjamine. Ces derniers sont recueillis par des familles solidaires, qui malgré leurs maigres revenus décident de s’occuper d’eux comme s’ils étaient des leurs.

Avec ce superbe drame, Shōhei Imamura expérimente encore le cadre (d’une suprême élégance), même si la beauté des comédiens et la « propreté » peuvent créer un décalage avec l’histoire racontée. Au fil de sa carrière, le cinéaste délaissera cet aspect au profit d’un réalisme dramatique. Mais pour l’heure, Mon deuxième frère demeure un très beau film, encore largement inspiré par le néoréalisme italien. Imamura évite tout pathos malgré la misère sociale évoquée et se concentre sur ses personnages en créant une empathie immédiate avec les spectateurs. Chaque plan est soigné, trop diront certains, mais on ne peut reprocher au metteur en scène de peaufiner – de manière quasi-obsessionnelle – chaque détail sur les plans composés au millimètre avec des personnages qui grouillent, qui vivent.

On s’attache très rapidement à cette famille parmi tant d’autres, livrée à elle-même, obligée de se séparer pour pouvoir survivre. Mon deuxième frère est le dernier film de commande pour Shōhei Imamura, qui en viendra ensuite à des projets uniquement personnels. Voulant obtenir une totale liberté artistique, le maître japonais surpasse les attentes des producteurs de la Nikkatsu afin qu’ils le laissent ensuite mettre en scène les histoires qui lui tiennent à coeur, notamment Cochons et cuirassés. Du point de vue politique et social, Mon deuxième frère montre tout de même un pays économiquement atteint, malgré une politique qui affirme le contraire, ainsi que la situation précaire de la communauté immigrée coréenne au Japon, les Zainichi, privés de leur identité et devant se conformer à une autre.

Par son immense sensibilité, sa pudeur et sa beauté plastique, Mon deuxième frère subjugue, alors même que le meilleur et les plus grands films de Shōhei Imamura sont à venir. C’est dire la préciosité de l’oeuvre de ce cinéaste !

LE BLU-RAY

Mon deuxième frère est édité en combo par Elephant Films dans sa collection Cinéma Master Class – La Collection des Maîtres, avec un joli fourreau cartonné et un boîtier plastique contenant le Blu-ray et le DVD du film. Le visuel de la jaquette est vraiment très élégant, tout comme le menu principal, animé et musical.

En plus d’un livret de 20 pages intitulé Shōhei Imamura, maître des désirs inassouvis par Bastian Meiresonne, de bandes-annonces (dont celles de la première salve Imamura sortie fin 2015 chez l’éditeur), d’une galerie de photos et des credits du disque, nous trouvons une courte mais très bonne présentation de Mon deuxième frère par Stephen Sarrazin (5’). Notre interlocuteur, spécialiste du cinéma japonais, s’avère plutôt critique avec ce quatrième film d’Imamura. S’il loue le soin apporté au cadre, Stephen Sarrazin dit que les plans sont « trop cadrés et trop beaux », l’ensemble « trop artificiel et trop propre » en contradiction avec le sujet traité. Il évoque également la communauté coréenne au Japon, les thèmes abordés et la critique récurrente d’Imamura envers les institutions japonaises.

L’Image et le son

Mon deuxième frère est proposé dans un nouveau master restauré en Haute-Définition. Le Blu-ray est format 1080p (AVC). Les premiers plans font un peu peur avec des rayures apparentes, des points blancs, quelques instabilités. Puis, la copie trouve un très bel équilibre et le cadre large NakkatsuScope regorge de détails. La stabilité est évidente, tout comme la propreté, le N&B est lumineux et les contrastes nuancés. En dehors d’une introduction passable et d’un défaut de pellicule, le master HD de Mon deuxième frère tient vraiment ses promesses et permet d’admirer les plans composés d’Imamura avec le grain de la photo heureusement conservé.

Seule la version originale DTS HD Master Audio Mono 1.0 est disponible et se révèle heureusement riche et propre. La musique est joliment restituée, le report des voix est appréciable, malgré quelques échanges sensiblement plus étouffés, mais les saturations sont évitées et l’ensemble est au final suffisamment dynamique et sans souffle parasite.

Crédits images : © Elephant Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard

Test Blu-ray / Larry le dingue, Mary la garce, réalisé par John Hough

LARRY LE DINGUE, MARY LA GARCE (Dirty Mary, Crazy Larry) réalisé par John Hough, disponible en DVD et Blu-ray le 7 septembre 2016 chez Esc Conseils

Acteurs : Peter Fonda, Susan George, Adam Roarke, Vic Morrow, Kenneth Tobey, Eugene Daniels, Lynn Borden

Scénario : Leigh Chapman, Antonio Santean d’après le roman de Richard Unekis

Photographie : Michael D. Margulies

Musique : Jimmie Haskell

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1974

LE FILM

Larry, pilote de course féru de vitesse, Deke le mécanicien et Mary, l’amante de Larry sont tous les trois pourchassés par la police. Plus tôt, ils ont dévalisé les caisses d’un supermarché et se sont enfuis à bord d’un bolide qui fonce droit sur la route sans se soucier des dangers et des barrages placés par les forces de l’ordre. Parviendront-ils à quitter l’État et à participer au circuit international de course automobile ?

A l’instar de Point limite zéro Vanishing Point de Richard C. Sarafian (1971), Macadam à deux voiesTwo-Lane Blacktop de Monte Hellman (1971) et Electra Glide in Blue de James William Guercio (1973), Larry le dingue, Mary la garce Dirty Mary, Crazy Larry de John Hough (1974) demeure un symbole de la contre-culture américaine. A la fin des années 60, aux Etats-Unis, le road-movie prend son envol avec la sortie du film de Dennis Hopper, Easy Rider. C’est l’époque des grands chamboulements, la guerre du Vietnam a traumatisé l’Amérique, la révolution sexuelle bat son plein, les mœurs et les actes changent et se libèrent. Il y a eu Woodstock en 69 et l’affaire Charles Manson. Les films mentionnés se situent à une époque charnière de l’histoire de l’Amérique faite de bouleversements et de changements profonds. Le cinéma aussi se renouvelle avec la naissance du Nouvel Hollywood et l’émergence de jeunes réalisateurs : Coppola, Scorsese, Lucas, Spielberg. D’autres font figure d’outsiders et s’engouffrent dans la brèche du road-movie, parfois mystique et mélancolique. Si Easy Rider était un film sex, drug and rock n’roll, Macadam à deux voies se distinguait par son absence totale de violence, de sexe et de substances illicites.

Le pilote de course Larry et son mécanicien Deke réussissent de manière astucieuse à voler la recette d’un supermarché. Obligés d’emmener Mary Coombs, une rencontre d’un soir de Larry qui a été témoin du vol, ils parviennent à passer à travers tous les barrages que les policiers mettent sur leur route, grâce à leur bolide trafiqué, une Dodge Charger 1969 modèle sport. Le capitaine Franklin, qui dirige l’opération, commence à en faire une affaire personnelle et tente de les arrêter par tous les moyens possibles. Larry le dingue, Mary la garceDirty Mary, Crazy Larry marque la fin d’une époque, mais ne se résume pas à une des plus hallucinantes courses-poursuites de l’histoire du cinéma.

Durant 1h33, on ne saura quasiment rien des personnages, de leur vie et du but de ce voyage, à part celui de prendre la fuite avec le butin d’un casse, mis en scène de manière plutôt cool, afin de pouvoir concourir à une course sur un circuit professionnel. Ils se situent pleinement dans la contre-culture des années 70 avec un caractère bien trempé (Mary est d’ailleurs la plus explosive du trio), contestataire et provocateur. Larry le pilote (Peter Fonda, qui fait le lien avec Easy Rider), Deke son mécanicien (Adam Roarke) qui prend autant soin de la bagnole que de Larry quand il s’égare, et Mary (Susan George) la copine d’un soir de Larry qui s’est incrustée dans leur cavale, refusent d’obtempérer avec les autorités, qu’ils écoutent en étant branchés sur leurs ondes. D’où cette fuite éperdue où tous les coups sont permis, où Larry, lancé à fond sur le bitume, défie toutes les règles en tentant d’échapper à tous les flics – qui s’en donnent également à coeur joie sur la route – de la région, dont un en particulier, Everett Franklin (Vic Morrow, génial) qui les poursuit dans un hélicoptère, dans un affrontement encore très impressionnant aujourd’hui.

Larry et ses deux comparses, sont les derniers héros de l’Amérique, libres face aux forces répressives. Larry le dingue, Mary la garce est devenu pour de nombreux cinéphiles un vrai film de chevet et le mythe autour de ce film s’est construit avec le temps, certaines répliques vachardes étant même entrées dans le langage courant chez certains cinéphiles US. Grand fan de Larry le dingue, Mary la garce, Quentin Tarantino s’en est grandement inspiré (comme d’habitude) pour Boulevard de la mort. Pourtant ce n’est pas tant l’histoire qui nous captive mais les engueulades du couple principal, la splendeur des paysages américains, son rythme trépident, les routes longilignes à n’en plus finir, là où le réalisateur britannique John Hough (Les Sévices de Dracula, La Montagne ensorcelée, Les Yeux de la forêt), prend plaisir à nous égarer à fond la caisse, dans un nuage de poussière, pour son premier film américain. Approche palpable du chaos, dénouement brutal, désenchanté et étourdissant, film enragé, indispensable !

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Larry le dingue, Mary la garce, disponible chez ESC Conseils, repose dans un boîtier classique de couleur rouge. La jaquette aux couleurs flashy saura attirer l’oeil des cinéphiles. Le menu principal est animé et musical.

L’éditeur joint une présentation du film par Olivier Père (20’), intitulée En route vers la contre-culture. Le directeur du cinéma d’Arte France se penche tout d’abord sur la carrière du cinéaste John Hough. Il évoque ses films de genre et fantastiques, puis en vient ensuite au film qui nous intéresse en analysant à la fois le fond et la forme. Olivier Père considère Larry le dingue, Mary la garce comme un des films les plus intéressants du réalisateur, analyse les personnages, le dénouement et le casting.

L’Image et le son

Jusqu’alors inédit dans nos contrées en DVD et Blu-ray, Larry le dingue, Mary la garce nous arrive en Haute-Définition grâce aux bons soins d’ESC Conseils. Cette édition Blu-ray au format 1080p (AVC) nous propose des couleurs étincelantes, un piqué vif, des contrastes très élégants et une remarquable stabilité. L’élévation HD n’est pas négligeable pour un titre comme celui-là, loin de là. Saluons avant tout l’impeccable étalonnage qui rend justice aux tonalités originelles du film. L’image retrouve son caractère fluide et naturel, notamment au niveau des splendides décors, paysages et longues routes de l’Amérique profonde, mais également au niveau des visages. Le cadre est riche en détails. Chaque plan ou sujet d’arrière-plan est d’une qualité et d’une profondeur séduisantes. Aucune tâche ou défaut n’est constatable, si ce n’est quelques troubles et sensibles pertes de la définition sur les scènes sombres. Que les puristes soient rassurés, le superbe grain de la photo est savamment restitué. Larry le dingue, Mary la garce retrouve un éclat fantastique et la restauration demeure impressionnante.

Rien à redire à propos des pistes anglaise et française DTS-HD Master Audio Mono, amplement suffisantes et accompagnant élégamment le film de John Hough. Aucun souffle constaté sur les deux pistes et les dialogues restent très clairs tout du long. La musique tient également une place prépondérante et aucun accroc ne vient perturber sa restitution. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue ne peut se faire à la volée.

Crédits images : © ESC Conseils/ Captures Blu-ray : Franck Brissard

 

Test Blu-ray / Désirs volés, réalisé par Shōhei Imamura

DESIRS VOLES (Nusumareta yokujô) réalisé par Shôhei Imamura, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 15 novembre 2016 chez Elephant Films

Acteurs : Osamu Takizawa, Shin’ichi Yanagisawa, Hiroyuki Nagato, Kô Nishimura, Toshio Takahara, Shôjirô Ogasawara

Scénario : Toshiro Suzuki

Photographie : Kuratarô Takamura

Musique : Toshirô Mayuzumi

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1958

LE FILM

A Osaka, dans un quartier populaire, une troupe de Kabuki se voit contrainte pour faire venir le public et survivre de proposer des strip-teases en première partie. Mais lorsque le théâtre ferme, la troupe, fragilisée par des conflits amoureux et pécuniaires, est obligée de reprendre la route.

Sorti en 1958, Désirs volés est le premier long métrage réalisé par Shōhei Imamura (1926-2006), découvert en France avec La Femme insecte en 1963. Le cinéaste japonais se penche sur une troupe d’acteurs de théâtre itinérant de seconde zone expulsée d’Osaka. A la campagne, les comédiens reçoivent un accueil bien plus enthousiaste qu’en ville et rencontrent un vif succès. Cependant, des tensions existent dans la troupe entre le jeune metteur en scène Shinkishi qui a étudié à l’université, et les acteurs plus âgés. Il souhaiterait moderniser le répertoire et faire des répétions pour améliorer les pièces. Il est de plus amoureux de Chidori, une des filles du chef de la troupe pourtant mariée à l’acteur principal, tout en étant convoité par l’autre sœur, Chigusa.

Shōhei Imamura a fait ses classes en tant qu’assistant auprès d’illustres réalisateurs comme Nagisa Oshima et Yasujiro Ozu. Il aura une très mauvaise expérience auprès de ce dernier et voudra très tôt s’en démarquer. Inspiré par le cinéma européen, notamment par le néoréalisme italien, Désirs volés montre déjà l’attirance du cinéaste pour les personnages marginaux confrontés à la violence de la réalité sociale. S’il n’est pas un chef d’oeuvre, ce premier film est un vrai coup de maître et demeure impressionnant de maîtrise, de sensualité (pour ne pas dire de sexualité), d’humour et de sensibilité, qui détonne radicalement avec l’ensemble des productions japonaises de l’époque. On suit l’itinéraire de cette petite troupe de théâtre fauchée, menée par un auteur frustré, découragé en voyant que seuls les numéros de jeunes filles dénudées attirent les spectateurs durant la première partie. Certains membres expriment leur désir de quitter l’aventure.

La mise en scène d’Imamura impressionne par la beauté et la composition du cadre large – Nikkatsu Scope (le plan aérien d’ouverture est sublime), ainsi que par son énergie, mais également quand elle s’attarde sur les corps, tout en rendant compte des tromperies et de la perversité de certains personnages. Tout ce beau petit monde cohabite sous le même chapiteau, tandis que les ruraux ont du mal à calmer leurs ardeurs devant les atouts affriolants des danseuses, au point d’aller les reluquer sous la douche. Si l’intrigue peut paraître parfois confuse, Imamura commence à observer ses concitoyens avec l’oeil acéré d’un entomologiste. Le ton y est réaliste et provocateur, avec quelques touches poétiques et de cynisme, mélancolique et tendre.

Le cinéaste parvient d’emblée à imposer son univers, tout en posant les bases (les désirs contrariés et donc humains) d’une œuvre qui s’étendra sur près de 45 ans et qui sera récompensée par deux Palme d’or, pour La Ballade de Naramaya (1983) et pour L’Anguille (1997). Désirs volés est le premier jalon indispensable de la filmographie d’un des grands maîtres de la Nouvelle vague japonaise.

LE BLU-RAY

Désirs volés est édité en combo par Elephant Films dans sa collection Cinéma Master Class – La Collection des Maîtres, avec un joli fourreau cartonné et un boîtier plastique contenant le Blu-ray et le DVD du film. Le visuel de la jaquette est vraiment très élégant, tout comme le menu principal, animé et musical.

En plus d’un livret de 20 pages intitulé Shōhei Imamura, maître des désirs inassouvis par Bastian Meiresonne, de bandes-annonces (dont celles de la première salve Imamura sortie fin 2015 chez l’éditeur), d’une galerie de photos et des credits du disque, nous trouvons une courte mais très bonne présentation de Désirs volés par Stephen Sarrazin (8’). Notre interlocuteur, spécialiste du cinéma japonais expose les débuts de Shōhei Imamura dans le cinéma, notamment en tant qu’assistant de Yasujiro Ozu, puis les thèmes abordés dans son premier long métrage, qui seront ensuite repris dans ses autres films. L’histoire de Désirs volés est passée au crible, tout comme le traitement des personnages et l’opposition entre le corps et la culture.

L’Image et le son

Franchement, nous ne nous attendions pas à un résultat aussi beau. Malgré quelques imperfections, un léger fourmillement, des fondus enchaînés qui décrochent légèrement et des contrastes parfois déséquilibrés, ce nouveau master restauré HD (1080p, AVC) s’impose aisément comme l’une des plus belles surprises de cette fin d’année. Ce qui frappe d’emblée, mis à part le fantastique usage du cadre large, c’est la densité du N&B et la profondeur de champ qui est souvent admirable. La photo est formidablement nuancée avec une large palette de gris, un blanc lumineux et des noirs profonds. La gestion du grain est fort plaisante. La copie est lumineuse et le rendu des textures est très réaliste.

Seule la version originale DTS HD Master Audio Mono 1.0 est disponible (qui s’en plaindra ?) et se révèle heureusement riche et propre. La musique est joliment restituée, le report des voix est appréciable, évite toutes saturations exagérées et l’ensemble est au final suffisamment dynamique et sans souffle parasite.

Crédits images : © Elephant Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard

Test Blu-ray / Le Grand chantage, réalisé par Alexander Mackendrick

LE GRAND CHANTAGE (Sweet Smell of Success) réalisé par Alexander Mackendrick, disponible en Édition Collector Blu-ray + 2 DVD + Livre de 224 pages le 7 décembre 2016 chez Wild Side Vidéo

Acteurs : Burt Lancaster, Tony Curtis, Susan Harrison, Marty Milner, Sam Levene, Barbara Nichols, Jeff Donnell

Scénario : Clifford Odets, Ernest Lehman d’après sa nouvelle « Tell Me About it Tomorrow »

Photographie : James Wong Howe

Musique : Elmer Bernstein

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 1957

LE FILM

J.J. Hunsecker est le puissant et redouté chroniqueur d’un journal à sensation, le «New York Globe», lu par soixante millions de personnes. Lorsqu’il apprend que sa soeur Susan, qu’il aime de façon possessive, est éprise d’un jeune guitariste de jazz, Steve Dallas, il entreprend de briser cette idylle naissante en diffamant ce dernier. Sidney Falco, attaché de presse à la botte de Hunsecker et assoiffé de pouvoir, insinue dans un premier temps que Dallas est drogué, avant de l’accuser d’appartenir au Parti communiste, charge gravissime dans les années 50. Steve est immédiatement renvoyé du cabaret où il jouait…

Avant Le Grand chantage, jamais nous n’avions vu Burt Lancaster et Tony Curtis – qui venaient de tourner Trapèze sous la direction de Carol Reed – interpréter des personnages aussi immondes et dépourvus de morale. Chef d’oeuvre à réhabiliter de toute urgence, Sweet Smeel of Success est réalisé par Alexander Mackendrick (1912-1993), réalisateur britannique, né aux Etats-Unis mais élevé en Ecosse. Après des études d’art à Glascow au début des années 1920, Alexander Mackendrick devient directeur artistique pour une agence de publicité londonienne, puis devient auteur de publicités avant de signer son premier scénario pour le cinéma. Durant la Seconde Guerre mondiale, il est engagé par le Ministère de l’Information et réalise des films de propagande pour son pays. Mackendrick tourne également des documentaires et des films d’actualité. Après la guerre, il est engagé par les célèbres studios Ealing. Il y restera neuf ans, tout d’abord en commençant par réaliser des storyboards, puis en mettant en scène lui-même des longs métrages pour le cinéma. Il se spécialisera dans la comédie avec des films aussi célèbres que Whisky à gogo ! (1949), L’Homme au complet blanc (1951) et Tueurs de dames – The Ladykillers (1955). Bien que méfiant envers l’industrie hollywoodienne, le cinéaste tente sa chance et se voit engager par la maison de production Hecht-Hill-Lancaster pour réaliser Le Grand chantage – Sweet Smeel of Success.

Il quitte alors la Grande-Bretagne et se voit confier un scénario écrit par le dramaturge Clifford Odets, auteur du Grand couteau (adapté par Robert Aldrich en 1955), qui malheureusement est resté célèbre pour avoir donné des noms à la Commission des activités antiaméricaines, ayant lui-même fait l’objet d’une enquête initiée par Joseph McCarthy. Odets adapte la nouvelle Tell Me About it Tomorrow (publiée en 1950), d’après Ernest Lehman (Sabrina, Le Roi et moi), qui collabore également à l’écriture. Mackendrick doit commencer le tournage alors que le scénario n’est pas encore terminé. Il faut dire que la production est houleuse. Dans son roman d’origine, Ernest Lehman s’inspirait ouvertement de Walter Winchell, véritable chroniqueur, qui demeure une des personnalités les plus influentes et puissantes de son temps. Ce dernier tente de faire pression sur Burt Lancaster, qui au départ ne devait que produire le film et Orson Welles interpréter le rôle de J.J. Hunsecker. De son côté, Alexander Mackendrick parvient à s’imposer malgré les remontrances de la production, grâce à son tempérament forgé en Ecosse.

Le Grand chantage – Sweet Smeel of Success est une charge virulente contre le milieu des agents, attachés de presse et chroniqueurs. Tony Curtis incarne Sidney Falco, minable agent publicitaire de Broadway, qui sert en réalité d’informateur au tout-puissant éditorialiste du journal Le Globe, J.J. Hunsecker (Burt Lancaster), qu’il hait et envie à la fois. Soumis aux basses oeuvres, ce rat nerveux, servile et noctambule, s’est vu confier une nouvelle mission par Hunsecker : briser par un scandale l’idylle nouée entre sa propre sœur Susan (Susan Harrison, belle et délicate), pour laquelle il voue un amour quasi-incestueux, et un jeune musicien de jazz, Steve Dallas. Après un premier échec, Hunsecker laisse une dernière chance à Falco pour arriver à ses fins. C’est la confrontation entre deux hommes dépourvus de scrupules, dont l’un envie le pouvoir, l’influence (60 millions d’auditeurs lisent chaque jour la chronique Les Yeux de Broadway), l’aura et l’omnipotence de l’autre bien installé sur un trône qu’il n’est pas prêt de céder. Falco va devoir redoubler de malice et faire jouer ses contacts, hommes et femmes, même s’il doit se compromettre lui-même. Le Grand chantage est avant tout l’occasion d’admirer deux immenses comédiens, absolument remarquables dans le rôle de deux individus pourris jusqu’à la moelle.

L’un, Falco, dévoré par l’ambition, ne tient pas en place (Mackendrick avait demandé à Tony Curtis de bouger sans arrêt comme une bête aux abois) et semble toujours prêt à éviter les coups, tandis que l’autre, monstre mégalo et narcissique qui considère que tout lui est acquis, demeure le plus souvent assis, à table ou bien campé sur ses deux jambes comme des piliers scellés dans le sol. Sur place, il est capable de ruiner la carrière ou de détruire plusieurs vies. Leur opposition fait des étincelles, Burt Lancaster étant absolument glacial, menaçant et très inquiétant avec son regard pénétrant qui filtre à travers ses grandes lunettes. Pour l’anecdote, afin de faire ressortir le côté oppressant du personnage de Lancaster, Mackendrick avait demandé au chef opérateur James Wong Howe d’éclairer le comédien par le haut, afin de faire ressortir les ombres et donner à son visage un aspect spectral. Par ailleurs, la photo du chef opérateur de La Glorieuse parade et de L’Introuvable est absolument magnifique et renvoie à l’essence des films noirs américains des années 1940. James Wong Howe capture l’effervescence du New York by night. En effet, Le Grand chantage est un des premiers films à capturer la Grosse Pomme, la nuit, la ville devenant ainsi un véritable personnage à part entière avec ses rues luisantes de pluie et ses clubs de jazz enfumés. Ainsi, la ville s’apparente à une souricière où tous les coups sont permis dès que le soleil se couche. Ajoutons à cela la fiévreuse partition de l’immense Elmer Bernstein, entêtante et enivrante.

A sa sortie, Le Grand chantage est éreinté par la critique, les fans de Tony Curtis reprochent au comédien de jouer une ordure et le film connaît un bide retentissant en juillet 1957. Considéré comme un des « responsables » de cet échec, Alexander Mackendrick finira par être renvoyé du tournage – puis remplacé par Guy Hamilton – de l’adaptation de The Devil’s Disciple de George Bernard Shaw, également produite par Hecht-Hill-Lancaster, quelques jours après le début des prises de vues parce que son travail était jugé trop lent par Lancaster, à défaut de parler de perfectionnisme. Il faudra attendre près d’un demi-siècle pour que Le Grand chantage soit enfin reconnu comme un vrai chef d’oeuvre, sombre et redoutablement pessimiste, de l’histoire du cinéma.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray du Grand chantage, disponible chez Wild Side, a été réalisé sur un check-disc. Cette superbe édition se compose du Blu-ray, de deux DVD (le film et ses suppléments), ainsi que d’un livre remarquable, exhaustif, exclusif et impressionnant de 224 pages sur le film, sa genèse, son tournage et sa sortie, écrit par Philippe Garnier (journaliste et historien du cinéma), illustré de magnifiques photos, d’affiches et de documents d’archives rares. Le menu principal est animé et musical.

Commençons par le documentaire exclusif sur la carrière de Mackendrick intitulé The man who walked away (43′ – 1986). Composé des propos des réalisateurs Charles Crichton et John Milius, des acteurs Gordon Jackson, Burt Lancaster et James Coburn et du producteur James Hill, ce documentaire donne également la parole au cinéaste Alexander Mackendrick lui-même, qui revient sur l’ensemble de sa carrière. Les autres protagonistes évoquent la méthode de travail du metteur en scène, ses films les plus illustres, tandis que Mackendrick aborde son travail avec franchise et modestie.

Auteur de Lethal Innocence : the cinema of Alexander Mackendrick, l’historien du cinéma Philip Kemp propose ensuite une présentation du Grand chantage (26′) avec en fond quelques images tirées du film, diverses photos et d’autres archives. Philip Kemp croise le fond avec la forme à travers un exposé brillant – dans lequel il égratigne également les deux jeunes comédiens – et indispensable pour les cinéphiles avides d’en savoir un peu plus sur les conditions de tournage, la carrière d’Alexander Mackendrick et sa direction d’acteurs.

Philip Kemp est également présent dans le supplément suivant, pour commenter quelques scènes clés et spécifiques du Grand chantage (32′) : le bureau de Sidney, à la rencontre de J.J., Sidney et Rita, le piège de Hunsecker, Harry Kello, l’épreuve de force, Mackendrick et la postérité. Devant ces propos passionnants, on regrette que Philip Kemp n’ait pas commenté l’entièreté de ce chef d’oeuvre !

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Quel plaisir de (re)découvrir ce bijou noir dans de telles conditions ! Wild Side se devait de restituer la beauté originelle du N&B (noirs denses, blancs éclatants) du Grand chantage, présenté pour l’occasion dans sa version intégralement restaurée. L’apport HD demeure omniprésent, fabuleux, impressionnant, offrant aux spectateurs un relief inédit, des contrastes denses et chatoyants, ainsi qu’un rendu ahurissant des gros plans, des clubs de jazz enfumés et des rues sombres et luisantes de pluie. La propreté du master (1.66, 16/9 compatible 4/3) est ébouriffante, aucune scorie n’a survécu au lifting numérique, la stabilité (y compris sur les fondus enchaînés) et la clarté sont de mise, le grain cinéma respecté et la compression AVC de haute volée restitue les clairs-obscurs et les sous-expositions pour le plus grand plaisir des cinéphiles…et des yeux.

Les versions originale et française bénéficient d’un mixage DTS-HD Master Audio Mono 2.0. Dans les deux cas, l’espace phonique se révèle probant et dynamique, le confort est indéniable, et les dialogues sont clairs, nets, précis. Sans surprise, au jeu des comparaisons, la piste anglaise s’avère plus naturelle et harmonieuse.. Que vous ayez opté pour la langue de Shakespeare (conseillée) ou celle de Molière, aucun souffle ne vient parasiter votre projection et l’ensemble reste propre. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue se fait grâce au menu pop-up.

Crédits images : © Wild Side Vidéo / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Généalogies d’un crime, réalisé par Raoul Ruiz

GENEALOGIES D’UN CRIME réalisé par Raoul Ruiz, disponible en combo Blu-ray+DVD le 15 novembre 2016 chez Blaq Out

Acteurs : Catherine Deneuve, Michel Piccoli, Melvil Poupaud, Andrzej Seweryn, Bernadette Lafont, Mathieu Amalric

Scénario : Pascal Bonitzer, Raoul Ruiz

Photographie : Stefan Ivanov

Musique : Jorge Arriagada

Durée : 1h57

Date de sortie initiale : 1997

LE FILM

Jeanne, une analyste freudienne, croit voir dans son neveu, âgé de cinq ans, des tendances homicides. Or elle sait que – selon un mot de Freud – à l’âge de cinq ans « tout est joué » pour tout individu. Elle décide donc d’étudier l’évolution inexorable de ses penchants criminels, jusqu’au moment où il commet le crime tant attendu : il tue sa tante, seule personne à connaître ses penchants. Le jeune criminel, René, est défendu par Solange, une avocate qui cherchera à démonter les mécanismes du jeu subtil auquel se sont livrés la victime et le futur criminel, pendant plus de dix ans. Peu à peu, le jeune homme commence à voir dans l’avocate, sa tante morte. Et l’avocate voit dans le jeune homme, son propre fils, mort dans un accident. Voilà donc que le fantôme de Jeanne, la victime, s’incarne dans Solange, l’avocate, pour ainsi peut-être donner une nouvelle chance au jeune criminel.

Généalogies d’un crime de Raoul Ruiz (1941-2011) n’est pas du cinéma mais LE Cinéma, libre, inventif, rafraîchissant. Véritable jeu de pistes, mais aussi jeu de reflets, de mots, d’ombres, de miroirs sans tain et teinté de peinture, jouant avec virtuosité avec la caméra (sans cesse en mouvement), les récits et époques (d’où le pluriel du titre) entrelacées de manière vertigineuse, nous sommes bien devant une œuvre, un chef d’oeuvre du réalisateur franco-chilien et conteur baroque par excellence. Impossible de résumer Généalogies d’un crime tant le film regorge de tiroirs, de fantasmes, de non-dits, de mensonges, de points de vue, parfois tout cela pendant une même séquence.

Magnifiquement mise en scène, photographiée par Stefan Ivanov et bercée par la splendide composition de Jorge Arriagada (Les Femmes du 6e étage), cette histoire renversante s’amuse avec les spectateurs en lui faisant croire que ce qu’il voit est réel ou inventé au cours du récit. Dès la première séquence introduite par la citation de Saint-Just « Rien ne ressemble à la vertu comme un grand crime », le cinéaste happe l’attention du spectateur et ne le relâchera pas une seconde pendant près de deux heures, en démontrant que l’histoire – ici inspirée par la véritable affaire Hermine Von Hug-Hellmuth – n’est finalement qu’un éternel recommencement et que les êtres humains ne sont que des pantins manipulés par une force qui les domine.

Après La Vocation suspendue (1977) et Trois vies et une seule mort (1995), Pascal Bonitzer et Raoul Ruiz collaborent à nouveau pour offrir un formidable et jubilatoire drame-policier bourré d’humour, un film inclassable qui jongle constamment avec les genres et qui offre à tous ses magnifiques comédiens, Catherine Deneuve (blonde et rousse, sublime), Melvil Poupaud, Michel Piccoli (magistral), Bernadette Lafont, Mathieu Amalric et même Patrick Modiano dans une courte apparition, l’occasion de briller et surtout de s’amuser au jeu du chat et de la souris, dont les rôles ne font que s’inverser sans cesse, à travers une intrigue de plus en plus hermétique qui n’est pas sans rappeler l’univers de Raymond Chandler.

Certes, Généalogies d’un crime peut laisser (et lasser) quelques spectateurs en cours de route avec son ton dispersé et unique et qui n’appartient qu’à son auteur, mais ceux qui voudront bien se laisser emporter par ce brillant exercice de style, à la fois intellectuel, psychologique, littéraire et populaire, ne le regretteront pas, surtout que le twist final s’avère remarquable et l’on demeure ravi de s’être fait manipuler et surtout d’avoir joué. Réalisé entre Trois vies et une seule mort (1995) et Le Temps retrouvé (1998) d’après Marcel Proust, Généalogies d’un crime a obtenu l’Ours d’argent au Festival de Berlin en 1997.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Généalogies d’un crime, disponible chez Blaq Out, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est élégant, fixe et musical.

Seul supplément disponible sur cette édition Blu-ray, l’interview de Raoul Ruiz (25’), réalisée par Philippe Piazzo en juin 2009. A l’instar de ses films, le réalisateur entrecroise les sujets, parle de la magie, de l’art de s’échapper, de littérature, de l’évolution du cinéma, du numérique, de son style, de ses « collections d’apocalypses », de faits à accomplir. Il n’est pas interdit de se perdre au fil de cette interview, illustrée par des extraits tirés de plusieurs de ses films. C’est non seulement conseillé, mais également inévitable.

L’Image et le Son

Généalogies d’un crime est disponible en Haute-Définition, dans un master restauré à 2K par l’incontournable Immagine Ritrovata de la Cinémathèque de Bologne. La propreté de l’image de ce Blu-ray (1080p, AVC) flatte les mirettes, d’autant plus que les couleurs retrouvent une belle vivacité, notamment les bleus, quasiment omniprésents. En dehors de divers plans plus ternes, le relief est palpable, y compris sur les plans en intérieur, tout comme le piqué, vif et acéré. Les noirs sont denses, les contrastes solides, et les superbes partis pris de la photo du chef opérateur Stefan Ivanov trouvent ici l’écrin idéal avec le grain respecté.

Que ce soit en DTS-HD Master Audio 5.1 ou 2.0, le confort acoustique est indéniable. La musique est doucement spatialisée, les dialogues bien installés sur la centrale et les effets riches sur les frontales à l’instar de la pluie en ouverture. Si la Stéréo est évidemment plus « plate », elle s’avère tout aussi dynamique. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles.

Copyright Blaq Out / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Tchao Pantin, réalisé par Claude Berri

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TCHAO PANTIN réalisé par Claude Berri, disponible en Combo Collector Blu-ray + DVD le 7 décembre 2016 chez Pathé

Acteurs : Coluche, Richard Anconina, Agnès Soral, Philippe Léotard, Mahmoud Zemmouri, Ahmed Ben Ismaël

Scénario : Claude Berri et Alain Page, d’après le roman d’Alain Page Tchao Pantin

Photographie : Bruno Nuytten

Musique : Charlélie Couture

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1983

LE FILM

Lambert, le regard fatigué et l’oeil rougi par l’alcool, traine sa solitude dans un garage parisien. Il est pompiste de nuit. Bensoussan, jeune dealer, fuit la police et se réfugie dans la station. Ils deviennent amis. Un jour, Bensoussan est assassiné…

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Tchao Pantin est un film culte. Pourtant, qui aurait pu parier sur le succès, voire le triomphe de l’oeuvre de Claude Berri réalisée en 1983 ? En 1970, le producteur-réalisateur avait offert à Coluche, alors inconnu du grand public, son premier rôle au cinéma dans Le Pistonné. Les deux hommes se retrouveront onze ans plus tard pour Le Maître d’école, grand succès de l’année 1981 avec 3 millions d’entrées. Au début des années 1980, Coluche est au sommet du box-office et vient d’enchaîner les triomphes commerciaux avec Inspecteur la bavure, Deux heures moins le quart avant J.C., Banzaï et La Femme de mon pote, tous produits par Claude Berri. En revanche, la vie personnelle du comédien part à vau-l’eau. Sa femme vient de le quitter en emmenant les enfants, son meilleur ami Patrick Dewaere met fin à ses jours en juillet 1982 en utilisant l’arme que Coluche lui avait offert et les dettes s’accumulent. Il se perd dans la drogue.

tchao-pantintchao-pantinagnesC’est alors que Christian Spillemaecker, secrétaire particulier et ami de Coluche, découvre le roman Tchao Pantin d’Alain Page. Alors que Claude Berri est sur le point de prendre l’avion pour rejoindre le tournage de L’Africain de Philippe de Broca dont il est le producteur, Spillemaecker lui conseille de découvrir ce livre en imaginant Coluche dans le rôle principal pour une possible adaptation. Claude Berri a le coup de foudre et décide de transposer lui-même ce roman dont il achète les droits pour le cinéma. Le tournage est prévu pour l’été 1983, en décors naturels dans le XVIIIe arrondissement. Halluciné par la transformation physique et la performance de Coluche devant sa propre caméra, Claude Berri parvient à faire avancer la sortie du film à décembre 1983, persuadé que le comédien obtiendra le César du meilleur acteur. Effectivement, Coluche obtiendra la compression lors de la cérémonie en mars 1984.

tchao-pantin2tchao-pantin5Il faut dire qu’il est exceptionnel dans la peau de Lambert, le pompiste alcoolique aux yeux tombants qui trompe son ennui la nuit en enchaînant les verres d’alcool. Le comédien incarne ce personnage avec une vérité époustouflante. Une nuit pluvieuse, Youseff Bensoussan (Richard Anconina), qui semble suivi par une voiture de police, parvient à s’abriter dans la station-service de Lambert. Il prétend vouloir remplacer la bougie de sa mobylette, mais Lambert n’est pas dupe. Ils engagent la conversation. Le jeune homme juif-arabe lui tient compagnie jusqu’à l’aube et les deux prennent un café. Lambert, homme solitaire, s’attache très vite à Bensoussan. Mais le jeune homme est en réalité plongé dans un trafic de drogue. Il deale la nuit pour le compte du propriétaire d’un bar du quartier de Belleville. Après s’être fait voler sa marchandise, Bensoussan est poursuivi par deux motards et assassiné dans la station-service de Lambert, devant ses yeux. On apprend que ce dernier est un ancien inspecteur de police, qui suite au décès de son fils à la suite d’une overdose, a sombré dans la dépression après que sa femme l’ait quitté. Lambert, qui voyait en Bensoussan comme un fils de substitution, décide de mener son enquête afin de retrouver les commanditaires de son assassinat.

tchao-pantin3tchao-pantin4Il rencontre Lola (Agnès Soral, superbe), une jeune punk dont Bensoussan était amoureux. Elle assiste à un règlement de comptes durant lequel Lambert tue un des responsables de la mort de Bensoussan. Si Lola représente une lueur d’espoir dans ce qui lui reste de vie, et si un officier de police (Philippe Léotard) suspecte le pompiste de vouloir mettre son nez là où il ne devrait pas, Lambert est bien décidé à aller jusqu’au bout de sa vengeance, même s’il doit y laisser la vie.

tchao-pantin6tchao-pantin10Chef d’oeuvre absolu de noirceur et de mélancolie, filmé près du métro aérien dans le quartier crasseux et glauque de la Chapelle à Paris (avant sa rénovation et sa réhabilitation), Tchao Pantin fascine toujours autant plus de trente ans après sa sortie. Epaulé par la photo – césarisée – du chef opérateur Bruno Nuytten, qui donne un aspect spectral à la station-service (éclairée aux néons froids) et la composition aussi marquante qu’inquiétante de Charlélie Couture (dont la chanson Les nuits sont trop longues), Claude Berri signe un de ses plus beaux films. Magistralement réalisé, Tchao Pantin doit également sa réussite à son ton parfois très réaliste qui fait froid dans le dos. Le personnage de Lambert collera tellement à la peau de Coluche, que le comédien gardera son costume tout du long, même en dehors du tournage. Une façon pour lui d’exorciser tout ce qui n’allait pas dans sa vie. De son côté, Richard Anconina trouve également un de ses rôles les plus marquants, pour lequel il sera récompensé par deux César, le premier pour le meilleur espoir masculin, le deuxième pour le meilleur second rôle. Tchao Pantin est un triomphe et attire plus de 3,8 millions de spectateurs en décembre 1983.

Zur ARTE-Sendung Am Rande der Nacht 3: Mit Hilfe der jungen Punkerin Lola (Agns Soral) macht sich der Ex-Polizist und Tankwart Lambert (Coluche) auf die Suche nach den Mšrdern seines Freundes Bensoussan Ð ein tšdliches UnterfangenÉ © PathŽ Renn Productions Foto: ARTE France Honorarfreie Verwendung nur im Zusammenhang mit genannter Sendung und bei folgender Nennung "Bild: Sendeanstalt/Copyright". Andere Verwendungen nur nach vorheriger Absprache: ARTE-Bildredaktion, Silke Wšlk Tel.: +33 3 881 422 25, E-Mail: bildredaktion@arte.tv

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Tchao Pantin a été réalisé à partir d’un check-disc. Le Blu-ray et le DVD reposent dans un Digipack dans la collection Version restaurée par Pathé, glissé dans un fourreau cartonné. Le menu principal est très élégant, animé sur un montage de séquences tirées du film.

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Près de deux heures de suppléments sont proposées, principalement repris de l’édition DVD Prestige sortie en 2006, même s’il manque l’interview de Coluche par France Roche !

Le principal bonus est le documentaire rétrospectif Il était une fois Tchao Pantin (51’), réalisé par Fabrice Ferrari et conçu par Serge July en 2003, composé d’entretiens de Christian Spillemaecker (producteur associé), Claude Berri (réalisateur et scénariste), Alain Page (romancier et dialoguiste), Fred Romano (compagne de Coluche), Paul Lederman (impresario-producteur qui a lancé Coluche), Didier Lavergne (maquilleur), Richard Anconina (« Bensoussan »), Mahmoud Zemmouri (« Rachid »), Agnès Soral (« Lola »), Bruno Nuytten (directeur de la photographie), Patrick Bordier (régisseur), Jacques Attali (conseiller politique) et Pierre Benichou (journaliste). A noter que le documentaire, jusqu’alors scindé en plusieurs modules sur le DVD Collector et en version tronquée, est ici présenté dans sa version intégrale.

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Malgré quelques légères digressions (sur la présentation de Coluche à l’élection présidentielle de 1981), vous y découvrirez tout ce qu’il faut savoir sur la genèse de Tchao Pantin, l’adaptation du roman d’Alain Page, le pari de confier le rôle principal à Coluche (qui traversait l’une des pires périodes de sa vie et sous l’emprise de la drogue), la préparation des comédiens (Agnès Soral qui a vécu avec des punks dans quelques squats), les partis pris esthétiques (la station-service éclairée aux néons), les conditions de tournage la nuit, durant deux mois, au milieu de véritables trafiquants de drogue et en décors naturels. Au-delà de l’aspect informatif, on apprécie le portrait de l’homme complexe qu’était Coluche, dressé au fil de ce documentaire.

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L’interview croisée de Richard Anconina et d’Agnès Soral (2003-29’) reprend peu ou prou les mêmes souvenirs de tournage racontés dans le documentaire précédent. Même s’ils sont assis l’un à côté de l’autre, les deux comédiens n’apparaissent étrangement jamais ensemble à l’écran. Agnès Soral revient sur la façon dont Claude Berri l’a engagée et lui a demandé de se préparer pour son personnage, tandis que Richard Anconina, explique comment il a obtenu le rôle grâce à son ami Coluche, qui lui a conseillé de mentir sur son âge et de dire qu’il avait 22 ans (alors qu’il en avait 31). Les deux comédiens évoquent également le travail avec Coluche et Claude Berri, le triomphe du film, celui aux César et l’après-Tchao Pantin.

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A l’instar de l’entretien précédent, l’éditeur reprend également celui de Claude Berri (10’) réalisé en 2003. Les propos tenus ici sont une fois de plus redondants avec ce qui a pu être entendu dans le film de Serge July ou lors de l’interview des deux acteurs. Une fois de plus, ce bonus revient sur l’adaptation du livre d’Alain Page, les personnages, le choix de Coluche pour incarner Lambert, les partis pris de la photo de Bruno Nuytten, la musique de Charlélie Couture. Seul argument inédit, Claude Berri évoque un remake qu’aurait dû réaliser et interpréter Al Pacino.

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Seul élément inédit, l’interview de Xavier Castano (18′), réalisée par Jérôme Wybon. L’assistant-réalisateur donne beaucoup d’éléments nouveaux sur le tournage de Tchao Pantin. Notre interlocuteur revient notamment sur une des premières fois où le film a été abordé avec Coluche (qui avait déjà trouvé la tête de son personnage), ainsi que sur la situation personnelle du comédien (« à un carrefour de sa vie ») et sur ce qui a pu le motiver pour se lancer dans ce projet après le tournage difficile de La Femme de mon pote et surtout la mort de Patrick Dewaere son meilleur ami. Quelques images de tournage inédites viennent illustrer cet excellent entretien, qui indique aussi comment se déroulaient les prises de vue, les partis pris de la photo de Bruno Nuytten et le fait que Claude Berri lui-même ne croyait pas au succès du film en raison de sa noirceur et du contre-emploi de Coluche.

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L’interactivité se clôt sur la bande-annonce originale (qui insiste sur la performance dramatique de Coluche et que l’on compare à Raimu, Fernandel et Bourvil), ainsi que sur le célèbre extrait (raccourci malheureusement) de la cérémonie des Césars en 1984 (3’).

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L’Image et le son

Tchao Pantin rejoint le plan de restauration du catalogue Pathé. La copie en 4K du film de Claude Berri est livrée dans un écrin Blu-ray au format 1080p. La photo signée par le grand chef opérateur Bruno Nuytten, qui a d’ailleurs supervisé la restauration en 2014 par les laboratoires Eclair, est ici respectée avec des couleurs très froides (aux teintes bleutées), volontairement délavées et une patine argentique très appréciable. L’image (1.66, 16/9 compatible 4/3) a été savamment nettoyée, la copie est vraiment très propre, l’ensemble est stable, le cadre ne manque pas de détails. Le piqué doux demeure agréable pour les mirettes, les contrastes sont élégants, bien que Tchao Pantin se déroule essentiellement de nuit et que certaines séquences s’avèrent très sombres. Si les noirs manquent légèrement de concision et tirent également sur le bleu, l’édition HD de Tchao Pantin demeure très soignée.

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L’éditeur propose un mixage DTS-HD Master Audio Mono 2.0. Comme pour l’image, le son a également subi un dépoussiérage par L.E. Diapason. La piste est propre, mais les dialogues sont parfois sensiblement étouffés, pour ne pas dire plats. Toutefois, l’écoute reste supérieure à celle des anciennes diffusions télévisées, certains effets se distinguent (la pluie au début du film) et la musique de Charlélie Couture possède même un coffre inédit. Les sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles. Nous trouvons également une piste Audiovision.

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Crédits images : © Pathé / Captures du Blu-ray et des suppléments : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Le BGG – Le Bon gros géant, réalisé par Steven Spielberg

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LE BGG – Le Bon Gros Géant (The BFG) réalisé par Steven Spielberg, disponible en Blu-ray, Blu-ray 3D et DVD le 1er décembre 2016 chez Métropolitan Vidéo

Acteurs : Mark Rylance, Ruby Barnhill, Penelope Wilton, Jemaine Clement, Rebecca Hall, Rafe Spall, Bill Hader

Scénario : Melissa Mathison, d’après le roman Le Bon Gros Géant de Roald Dahl

Photographie : Janusz Kaminski

Musique : John Williams

Durée : 1h57

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Le Bon Gros Géant ne ressemble pas du tout aux autres habitants du Pays des Géants. Il mesure plus de 7 mètres de haut et possède de grandes oreilles et un odorat très fin. Il n’est pas très malin mais tout à fait adorable, et assez secret. Les géants comme le Buveur de sang et l’Avaleur de chair fraîche, sont deux fois plus grands que lui et aux moins deux fois plus effrayants, et en plus, ils mangent les humains. Le BGG, lui, préfère les schnockombres et la frambouille. À son arrivée au Pays des Géants, la petite Sophie, une enfant précoce de 10 ans qui habite Londres, a d’abord peur de ce mystérieux géant qui l’a emmenée dans sa grotte, mais elle va vite se rendre compte qu’il est très gentil. Comme elle n’a encore jamais vu de géant, elle a beaucoup de questions à lui poser.

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Le BGG emmène alors Sophie au Pays des Rêves, où il recueille les rêves et les envoie aux enfants. Il va tout apprendre à Sophie sur la magie et le mystère des rêves. Avant leur rencontre, le BGG et Sophie avaient toujours été livrés à eux-mêmes, chacun dans son monde. C’est pourquoi leur affection l’un pour l’autre ne fait que grandir. Mais la présence de la petite fille au Pays des Géants attire bientôt l’attention des autres géants. Sophie et le BGG quittent bientôt le Pays des Géants pour aller à Londres voir La Reine et l’avertir du danger que représentent les géants. Mais il leur faut d’abord convaincre la souveraine et sa domestique, Mary que les géants existent bel et bien ! Tous ensemble, ils vont mettre au point un plan pour se débarrasser des méchants géants une bonne fois pour toutes…

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Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les adaptations au cinéma des œuvres de Roald Dahl (1916-1990) ne sont pas légion. Parmi les meilleures demeurent Matilda de Danny DeVito (1996), James et la Pêche géante (1997) réalisé par Henry Selick et Fantastic Mr. Fox, film d’animation réalisé par Wes Anderson en 2009. Nous ne parlerons pas de Charlie et la Chocolaterie de Tim Burton, qui avait déjà commencé son entrée dans le blockbuster puéril et laid, jusqu’à son rebond inattendu en 2016 avec Miss Peregrine et les enfants particuliers. Si Le BGG – Le Bon Gros Géant avait déjà connu une adaptation animée en 1989, il aura fallu attendre 2016 pour voir le film live réalisé par Steven Spielberg tiré du livre écrit en 1982 par Roald Dahl et publié dans plus de quarante langues.

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Immédiatement après l’excellent Pont des espions, le cinéaste s’est attelé à la mise en scène du BGG – Le Bon Gros Géant en confiant le rôle-titre à Mark Rylance, tout juste auréolé de l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle pour ce film d’espionnage à succès écrit par les frères Coen. Pour transformer le comédien en géant de 7,5 mètres de haut, Steven Spielberg a eu recours à la désormais incontournable capture de mouvements, Rylance étant criblé de capteurs qui enregistraient sa performance en direct. Certes, Le BGG – Le Bon Gros Géant est et restera un film mineur dans l’immense carrière du maître, mais ce divertissement pour toute la famille, même si les enfants y trouveront plus leur compte que leurs parents, démontre encore à quel point Steven Spielberg demeure un des plus grands raconteurs d’histoires du cinéma.

Oscar (R) winner Mark Rylance stars as the BFG (Big Friendly Giant) in Disney's fantasy-adventure, THE BFG, directed by Steven Spielberg based on the best-selling book by Roald Dahl, which opens in theaters nationwide on July 1.

Disney"s THE BFG is the imaginative story of a young girl named Sophie (Ruby Barnhill) and the Big Friendly Giant (Oscar(R) winner Mark Rylance) who introduces her to the wonders and perils of Giant Country.  Directed by Steven Spielberg based on Roald Dahl's beloved classic, the film opens in theaters nationwide on July 1.

Il aura fallu près de 25 ans au cinéaste pour pouvoir concrétiser ce projet, longtemps envisagé avec Robin Williams dans le rôle-titre, mais les effets spéciaux et notamment les images de synthèse alors à leurs balbutiements ne lui permettaient pas encore de créer le monde dont il rêvait. Avec Janusz Kaminski à la photographie, Rick Carter aux décors, Michael Kahn au montage, Joanna Johnston aux costumes, Joe Letteri aux effets visuels et bien évidemment John Williams à la baguette, le metteur en scène s’entoure de collaborateurs fidèles. Devant ces personnages solitaires en quête d’amour et d’une famille, on comprend aisément ce qui a poussé Steven Spielberg à réaliser Le BGG – Le Bon Gros Géant, même si l’humour est ici marqué par une certaine noirceur qui a toujours été une composante de son cinéma, mais qui s’est encore plus appuyée dès la fin des années 1990. Ce mélange des tons est directement issu du roman original et reflète les sentiments propres aux enfants.

In Disney's fantasy-adventure THE BFG, directed by Steven Spielberg and based on Roald Dahl's beloved classic, a precocious 10-year-old girl from London named Sophie (Ruby Barnhill) befriends the BFG (Oscar (R) winner Mark Rylance), a Big Friendly Giant from Giant Country.  The film opens in theaters nationwide on July 1.

THE BFG, directed by Steven Spielberg based on the beloved novel by Roald Dahl, is the exciting tale of a young London girl (Ruby Barnhill) and the mysterious Giant (Mark Rylance) who introducers her to the wonders and perils of Giant Country.

Steven Spielberg est un réalisateur toujours soucieux de son public et donc très généreux. Toutefois, malgré la beauté des images, l’excellence de Mark Rylance (doublé en VF par Dany Boon) et l’immense réussite des effets spéciaux (par les génies de Weta Digital), tout comme celle des neuf ogres qui en font voir à notre héros, Le BGG – Le Bon Gros Géant manque singulièrement de rythme, s’avère même poussif et l’ennui peut parfois s’installer. Du coup, l’ensemble fait penser à une superbe galerie d’effets spéciaux (voir la très belle scène de la chasse aux rêves), mais l’intérêt s’émousse et le film reste froid, pour ne pas dire distant. De plus, ce n’est pas l’horripilante actrice principale Ruby Barnhill qui nous intéresse, puisque à force de gesticuler dans tous les sens et de grimacer, le personnage de Sophie est finalement peu attachant. Les enfants trouveront sans doute quelques accroches avec la petite fille de dix ans, mais les parents risquent de se fatiguer très vite.

In Disney's fantasy-adventure THE BFG, directed by Steven Spielberg and based on the best-selling book by Roald Dahl, the Big Friendly Giant (Oscar (R) winner Mark Rylance) from Giant Country, visits London at night when the city is asleep.  The film opens in theaters nationwide July 1.

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Mais Spielberg est malin et la dernière partie poético-burlesque, celle où le BGG rencontre la Reine d’Angleterre (interprétée par Penelope Wilton, lady Crawley de la série Downton Abbey) dans le Palais de Buckingham relève nettement le niveau jusqu’à la fin. Comme dans tous les contes, celui du BGG comporte quelques longueurs, que l’on excuse finalement devant tant de virtuosité.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray du BGG – Le Bon Gros Géant, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est très légèrement animé et musical.

71gytiyftzl-_sl1500_Les suppléments de cette édition sont principalement destinés aux jeunes spectateurs. Le making of est d’ailleurs présenté par la jeune comédienne Ruby Barnhill, qui joue avec sa caméra et évoque ses impressions sur le tournage du film (27’). En plus de nombreuses images volées sur le plateau, ce documentaire se compose également d’interviews des comédiens, de Steven Spielberg, des producteurs, de la fille de Roald Dahl, des créateurs des effets visuels, de la scénariste. Les effets spéciaux sont passés au crible, tout comme le livre de Roald Dahl, la genèse de l’adaptation cinématographique, l’évolution du scénario, la préparation, le casting, les prises de vues réalisées en motion-capture. Divertissant et informatif.

screenshot001screenshot002screenshot003screenshot004screenshot005screenshot007screenshot008Le petit module suivant intitulé Le BGG et moi (2’) est réalisé en animation et présente la relation du Bon Gros Géant avec le petit garçon qui a vécu avec lui.

screenshot010Si vos enfants ont envie d’apprendre Le Merveilleux charabia du BGG (3’), l’éditeur propose une petite leçon particulière pour les initier au gobblefunk à travers quelques animations cette fois encore.

screenshot011Un documentaire de cinq minutes se focalise ensuite sur la création des Géants. C’est encore l’occasion de comparer le tournage réalisé en motion-capture, avec le résultat final. Un procédé toujours impressionnant.

screenshot012screenshot013L’interactivité se clôt sur un module-hommage à la scénariste Melissa Mathison, décédée en novembre 2015 à l’âge de 65 ans. Auteure de L’Etalon noir, E.T., l’Extra-terrestre et Kundun, ex-femme d’Harrison Ford, Melissa Mathison était une amie très proche de Steven Spielberg. Le cinéaste, les producteurs Kathleen Kennedy et Frank Marshall parlent ici de leur étroite collaboration.

screenshot006screenshot015screenshot009screenshot014screenshot016L’Image et le son

Seule la version 2D a été testée. Tourné grâce aux caméras numériques Arri Alexa XT, Panavision Primo Lenses, Le BGG – Le Bon Gros Géant doit se voir ou se revoir en Haute définition. Les effets numériques sont ahurissants de beauté, le piqué est ciselé (surtout sur les scènes diurnes), les couleurs impressionnantes. Seules quelques séquences plus agitées mettant en scène les géants apparaissent parfois moins nettes et occasionnent quelques pertes de la définition. Il n’empêche que les contrastes sont léchés, les noirs denses et la profondeur de champ omniprésente. Les détails sont légion à l’avant comme à l’arrière-plan, le relief ne cesse d’étonner et le rendu des textures (étoffes, boiseries, dorures) est subjuguant.

screenshot000La version française est proposée en DTS-HD Master Audio 7.1 tandis que la piste anglaise bénéficie d’une acoustique Dolby Atmos. Dans les deux cas, les dialogues y sont remarquablement exsudés par la centrale, les frontales sont saisissantes, les effets et ambiances riches et explosives, les enceintes arrière instaurent constamment un environnement musical, tout comme le caisson de basses, mis à rude épreuve, qui n’en finit pas de marteler les séquences les plus mouvementées ou même quand les géants ne font que marcher tranquillement. Un grand, très grand spectacle ! L’éditeur joint également une piste française Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

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Copyright Metropolitan FilmExport / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Independence Day : Resurgence, réalisé par Roland Emmerich

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INDEPENDENCE DAY : RESURGENCE réalisé par Roland Emmerich, disponible en Ultra HD Blu-ray 4K, Blu-ray et DVD le 23 novembre 2016 chez 20th Century Fox

Acteurs : Liam Hemsworth, Jeff Goldblum, Jessie T. Usher, Bill Pullman, Maika Monroe, Sela Ward, William Fichtner, Judd Hirsch, Brent Spiner, Vivica A. Fox, Angelababy, Charlotte Gainsbourg

Scénario : Nicolas Wright, James A. Woods, Dean Devlin, Roland Emmerich, James Vanderbilt

Photographie : Markus Förderer

Musique : Harald Kloser, Thomas Wanker

Durée : 2h00

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Nous avons toujours su qu’ils reviendraient. La terre est menacée par une catastrophe d’une ampleur inimaginable. Pour la protéger, toutes les nations ont collaboré autour d’un programme de défense colossal exploitant la technologie extraterrestre récupérée. Mais rien ne peut nous préparer à la force de frappe sans précédent des aliens. Seule l’ingéniosité et le courage de quelques hommes et femmes peuvent sauver l’humanité de l’extinction.

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En 1996, le rouleau compresseur cinématographique s’intitulait Independence Day. Alors qu’il vient de connaître un succès surprise avec Stargate, y compris en France où le film a attiré plus de 2,6 millions de spectateurs, le réalisateur allemand Roland Emmerich a l’idée de son prochain film au moment de la promotion mondiale de son dernier long métrage. Quand on lui demande s’il croit à l’existence d’aliens, il répond par la négative, mais imagine très vite ce que l’affrontement entre les Terriens et des êtres hostiles venus d’ailleurs pour s’emparer des richesses naturelles de notre planète pourrait donner à l’écran. Si le scénario, écrit en trois semaines, tient sur un papier OCB, le budget confortable – mais modeste pour une production de cet acabit – de 75 millions de dollars passe essentiellement dans les effets visuels, alors à la pointe de la technologie. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’argent est visible à l’écran. Avec ses truquages hybrides, combinant à la fois les nouvelles images de synthèse et le tournage de maquettes, Independence Day apparaît comme un chant du cygne du blockbuster du XXe siècle.

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En dépit de ses scénarios qui ne volent souvent pas haut, avec son humour au ras des pâquerettes, son patriotisme américain « hénaurme » et ses dialogues amusants, Roland Emmerich est un des réalisateurs les plus généreux du genre et sait combler les attentes des spectateurs. Film de catastrophe/science-fiction, piochant allègrement ses idées sur La Guerre des mondes de Byron Haskin, Star Wars, Top Gun, Alien, Tremblement de terre de Mark Robson et encore bien d’autres classiques, Independence Day n’est rien d’autre qu’un gigantesque divertissement populaire. Si la critique a conspué le film à sa sortie, le public lui a fait un triomphe. Avec 5,7 millions d’entrées en France et 816 millions de dollars de recette mondiale (environs 1,3 milliard aujourd’hui), Independence Day est devenu le plus grand succès de 1996, très loin devant Twister et Mission Impossible, situés sur la deuxième et la troisième marche du podium. Aujourd’hui, Independence Day, que l’on nomme également ID4, est devenu un gentil nanar aux effets spéciaux qui ont pris un sacré coup de vieux. Le discours du Président des Etats-Unis avant d’aller au combat, le génie en informatique qui sauve la planète en ayant implanté un virus dans le vaisseau-mère grâce à un simple Mac, la vision de la Zone 51, l’explosion de la Maison Blanche, l’avion Air Force One qui échappe de peu à la vague de feu qui raye Washington D.C. de la carte, ID4 regorge de scènes et de dialogues cultes. Tout cela est involontairement drôle certes, encore plus avec les années qui ont passé, mais Independence Day demeure incontournable.

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ID4, est une valeur sûre, un film devant lequel on ne s’ennuie pas. On le revoie toujours avec plaisir en citant les répliques de Will Smith (qui sortait tout juste du Prince de Bel-air), Bill Pullman, Jeff Goldblum, Judd Hirsch, Robert Loggia et Randy Quaid (« Hello Boys ! I’m back ! »), en pouffant de rire devant les effets téléphonés, devant le fait que 3 milliards de personnes périssent dans le monde et que les américains se marrent à la fin en fumant le cigare, bref, c’est très bête, ça l’a toujours été, mais Independence Day est et restera un des plus grands divertissements des années 1990 !

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Mais alors, pourquoi Independence Day : Resurgence, suite longtemps « attendue » ne fonctionne pas ?

Réputé pour être le spécialiste de la destruction massive, le réalisateur Roland Emmerich a connu un sérieux revers avec son pourtant sympathique White House Down. Sentant le vent tourner, il était peut-être temps pour lui de se pencher sur la suite tant demandée (par le passé) de son plus gros hit, Independence Day. Si la Fox avait voulu enchaîner immédiatement avec un deuxième volet, au point de cibler le 4 juillet 1998 comme date de sortie, Roland Emmerich et son complice Dean Devlin avaient préféré se concentrer sur leur version de Godzilla, leur film de monstre où Jean Reno peste contre le mauvais café et ses collègues français Jean-Luc, Jean-Marc et Jean-Claude. Le projet d’Independence Day 2 est longtemps resté dans les tiroirs, jusqu’au jour où le cinéaste s’est enfin décidé à se lancer dans cette nouvelle (super)production.

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A trois mois près, Independence Day : Resurgence sort sur les écrans 20 ans après le premier. Doté d’un budget de 165 millions de dollars et aidé par le retour de quelques acteurs du premier film, Jeff Goldblum, Bill Pullman, Judd Hirsch, ainsi que la participation de Vivica A. Fox pour titiller la fibre nostalgique des spectateurs, ce second volet pouvait être intéressant. Le producteur et coscénariste Dean Devlin explique « Nous avons résisté à l’idée de créer une suite pendant des années mais nous voulons toujours faire honneur au premier film. C’est ce film qui a propulsé notre carrière, nous avons une affection particulière pour lui (…) nous ne voulions pas faire de film juste parce que c’était une bonne idée financièrement parlant, mais parce que nous avions une idée et un concept qui fasse honneur au premier film ». En découvrant Independence Day : Resurgence on se demande pourquoi il aura fallu attendre vingt ans pour…ça ! Le scénario reprend peu ou prou la même histoire et les rebondissements du premier opus, vingt ans après les événements survenus dans le premier film. A cela, les scénaristes y greffent de nouveaux personnages, interprétés par des jeunes comédiens sans charisme, quelques éléments pour montrer que l’humanité s’est enfin unie et a su s’emparer de la technologie extraterrestre pour se reconstruire, mais aussi et surtout pour surveiller l’espace et créer de nouvelles armes prêtes à être dégainées si les aliens avaient dans la tête de pointer à nouveau le bout de leur nez.

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David Levinson (Goldblum) est devenu le grand manitou du programme de défense international, tandis que l’ancien Président Whitmore (Pullman) est devenu grabataire et sujet à de nombreuses crises de démence. Heureusement, il retrouvera l’usage de sa jambe en vrac après s’être rasé la barbe et lavé les cheveux. Ne riez pas, c’est vrai. Will Smith n’a pas voulu revenir ? Pas grave, les scénaristes ont fait mourir son personnage dans un accident après s’être porté volontaire dans la mise en route de nouveaux modules aériens inspirés des vaisseaux extraterrestres, un chasseur alien hybride à pulsion électromagnétique pour être exact. Heureusement, il avait un petit garçon dans le premier film, Dylan, qu’il avait eu avec Vivica A. Fox. Cette dernière n’est d’ailleurs plus gogo-danseuse mais dirige cette fois un hôpital. Belle reconversion en 20 ans, respect. Le Président Whitmore avait une fille aussi, qui a également bien grandi puisqu’elle est interprétée par Maika Monroe (It Follows). Mais les deux rejetons Dylan/Patricia ne sont pas amoureux, puisque cette dernière a jeté son dévolu sur la tête brûlée Jake Morrison (l’endive Liam Hemsworth), également pilote casse-cou(illes). Ah oui, le Dr. Brakish Okun (Brent Spiner) n’est finalement pas mort dans le premier, puisqu’il fait son retour ici et sort du coma en ayant d’ailleurs gardé la même tête et la même coupe de cheveux. De son côté, Julius Levinson (Hirsch) a écrit un livre sur les événements qui se sont déroulés il y a 20 ans. Il en fait la promo dans les maisons de retraite. Il y a aussi notre Charlotte Gainsbourg nationale qui fait ses premiers pas dans un blockbuster dans le rôle de Catherine, psychologue française, ancien grand amour de David Levinson, spécialisée dans les traumas post-invasion. La comédienne traverse le film comme si elle s’était trompée de plateau.

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Voilà, tout ce beau monde essaye de s’unir à nouveau pour bouter les méchants aliens à tentacules hors de nos frontières. Ces derniers n’ont rien trouvé de mieux que de débarquer à nouveau le jour de la fête nationale américaine, en garant leur vaisseau spatial, qui atteint cette fois les 5000 kilomètres de diamètre, sur tout l’océan Atlantique. On apprend qu’ils vont tenter à nouveau – on nous l’avait bien caché dans le premier volet – de percer la croûte terrestre afin de s’emparer du noyau de la planète ! Non, mais des fois ! En voilà des façons ! Heureusement, la jeune génération qui se rend compte de rien, prend les commandes de leurs nouveaux joujoux pour leur montrer de quel bois se chauffent les êtres humains ! Mais c’était sans compter sur l’apparition d’une intelligence artificielle, qui a pris l’apparence d’une grosse boule de Pokémon, tout comme celle de la Reine des aliens qui mesure cinquante mètres de haut. Bref, soyez les bienvenus dans le joyeux bordel de Roland Emmerich.

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Ce n’est pas qu’on attendait forcément la suite d’un nanar, mais connaissant la générosité de Roland Emmerich, pourquoi pas après tout ! Le problème, c’est qu’Independence Day : Resurgence arrive probablement trop tard. Roland Emmerich a déjà fait tout exploser (ou inonder) dans ses précédents films, au point qu’il racle les fonds de tiroir ici. L’arrivée du vaisseau-mère dans notre atmosphère entraîne un dérèglement de la gravité, ce qui aspire les villes de Singapour et de Dubaï dans les airs, pour finalement être rejetées sur Londres. Il est comme ça Roland ! Cela fait des belles images de verre qui explose avec des passants qui se demandent ce qui se passe. Les effets spéciaux ont évidemment connu de grandes évolutions en 20 ans et le résultat à l’écran demeure bluffant. Malheureusement, le réalisateur s’embourbe dans une multitude de personnages jamais intéressants et le rythme demeure constamment poussif pendant deux heures. Cette séquelle s’apparente en fait presque à un remake (avec le même humour involontaire), mais on s’ennuie beaucoup et très vite devant cette succession de scènes sans imagination et prévisibles, par ailleurs très mal montées. Le film se résume surtout à l’affrontement aérien entre les pilotes de l’armée américaine (alors que l’invasion est supposée être mondiale) soutenue par un soldat africain qui combat avec sa machette (sans blaguer hein) et les navettes extraterrestres, puis entre les mêmes pilotes et la Reine des aliens qui a décidé d’aller faire un petit tour dans le désert de sel près de la Base 51. On pouvait s’attendre à mieux comme climax qu’une poursuite entre un monstre à la Godzilla et un bus scolaire ! Mais de l’aveu même de Roland Emmerich et comme l’indique la dernière scène, ce volet était censé préparer le suivant, pensé comme une bataille intergalactique terriens/aliens engagée après un voyage interstellaire initié par l’intelligence artificielle sphérique. Suite à l’échec commercial du film, 388 millions de dollars de recette (103 millions sur le sol américain) pour un budget de 165 millions (coût hors promotionnel était paraît-il faramineux), il semble que cette suite ait été aussitôt mise aux oubliettes.

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LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray d’Independence Day : Resurgence, disponible chez Fox, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

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Roland Emmerich est seul derrière le micro pour commenter Independence Day : Resurgence. Vraisemblablement enregistré avant la sortie américaine du film, le réalisateur se révèle enthousiaste et confiant quant à la bonne réception de cette suite. S’il allait déchanter quelques semaines après, cela n’empêche pas Roland Emmerich de partager sa joie d’avoir retrouvé une bonne partie de l’équipe du premier ID4. S’il lui faut un petit moment pour se lancer vraiment dans les informations intéressantes, Emmerich ne manque pas d’anecdotes, aborde la construction de chaque séquence, évoque le casting, la genèse du film, le gigantesque travail avec l’équipe des effets spéciaux. Très optimiste, Emmerich aborde ce que pourrait être – ou ce qu’aurait pu être, puisque le film est considéré comme un échec commercial – la suite de Resurgence avec les indices donnés dans la scène finale. Ce commentaire audio est disponible avec les sous-titres français.

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Nous trouvons huit scènes coupées (8′), dont un prologue alternatif. Celui-ci se déroulait sur une base lunaire de Saturne, Rhéa, tenue par les Russes, qui après une panne électrique générale (gloups !) deviennent témoins d’une apparition extraterrestre. Les autres séquences sont plutôt pas mal, notamment la destruction de la Maison-Blanche (qui semblait pourtant sauvée dans le film cette fois) défoncée par un pieu géant, tout comme la mort du Président Lanford (écrasée par la Reine alien) dont le sort reste indéterminé dans le montage final. Ces scènes coupées sont également proposées avec les commentaires de Roland Emmerich en option.

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S’ensuit un faux documentaire consacré à la « Guerre de 1996 » (5′). Un présentateur de télévision rend hommage à ceux qui ont combattu les aliens en 1996, y compris au personnage interprété par Will Smith dans le premier film et où on nous apprend sa mort accidentelle, tout en montrant comment les nations du monde se sont ensuite unies pour se reconstruire et se préparer au cas où les aliens reviendraient un jour. Les spectateurs français y verront Jacques Chirac entouré de Boris Eltsine et du Président Whitmore (Bill Pullman) sur un joli photo-montage.

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Le module suivant intitulé It’s early ABQ ! (3′) ne sert à rien et s’apparente à un sketch au cours duquel Julius Levinson vient présenter son livre sur les événements de 1996, dans une émission diffusée à 5 heures du matin à Albuquerque. Son fils David Levinson arrive sur le plateau et l’ambiance dégénère quelque peu.

Le making of (55′) proposé s’avère complet et bien rythmé. Il est évidemment composé d’images issues du plateau (on y voit que du bleu partout), d’interviews promotionnelles et quelque peu ronflantes, de dessins conceptuels. L’ensemble est surtout focalisé sur la création des effets spéciaux, sur celle des décors et des véhicules spatiaux, sans oublier celle des aliens.

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L’interactivité se clôt sur un bêtisier pas drôle (6′), une large galerie de dessins conceptuels, deux bandes-annonces et un spot tv.

L’Image et le son

L’éditeur soigne son master HD qui se révèle exemplaire. Les contrastes sont d’une densité rarement démentie, à part peut-être durant les séquences sombres où l’image paraît plus douce et moins affûtée, mais cela demeure franchement anecdotique. La clarté demeure frappante, le piqué est affûté, les gros plans détaillés, les contrastes denses et la colorimétrie marquée par les décors métalliques et bleus reste chatoyante. Les détails sont légion aux quatre coins du cadre large et la copie restitue les partis pris esthétiques caractéristiques de ce 2016 uchronique, aseptisé dans les salles de contrôle, immaculé, des décors aux costumes. L’apport HD sur ce titre est évidemment indispensable.

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Sans surprise, seule la version originale bénéficie d’un mixage DTS-HD Master Audio 7.1 qui met à contribution chacune des enceintes de toute bonne installation qui se respecte. Evidemment, cette option acoustique est à privilégier puisque la version française ne dispose que d’une DTS 5.1 ! Avec l’arrivée du vaisseau-mère au-dessus de la Lune et son atterrissage sur notre planète, les quelques séquences de destructions massives, les affrontements de l’armée américaine contre les aliens, la DTS-HD Master Audio 7.1 s’impose comme une vraie piste de démonstration. Une vraie déferlante d’effets en tous genres, mais surtout durant la dernière partie où le feu et les explosions environnent le spectateur. La musique est constamment spatialisée et le caisson de basses a fort à faire. Dommage pour la version française, qui fait ce qu’elle peut, mais reste à la traîne derrière son homologue en matière d’effets et de dynamique.

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Crédits images : © 20th Century Fox

Test Blu-ray / Un traître idéal, réalisé par Susanna White

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UN TRAITRE IDEAL (Our kind of Traitor) réalisé par Susanna White, disponible en Blu-ray et DVD le 25 octobre 2016 chez Studiocanal

Acteurs : Ewan McGregor, Stellan Skarsgård, Damian Lewis, Naomie Harris, Jeremy Northam, Mark Gatiss

Scénario : Hossein Amini, d’après le roman Un traître à notre goût de John le Carré

Photographie : Anthony Dod Mantle

Musique : Marcelo Zarvos

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

En vacances à Marrakech, un couple d’Anglais, Perry et Gail, se lie d’amitié avec un millionnaire russe nommé Dima. Ils ignorent que cet homme charismatique et extravagant blanchit l’argent de la mafia russe… Lorsque Dima demande leur aide pour livrer des informations explosives aux services secrets britanniques, la vie de Perry et Gail bascule. À travers toute l’Europe, ils se retrouvent plongés dans un monde de manipulation et de danger où chaque faux pas peut leur coûter la vie. Pour avoir une chance de s’en sortir, ils vont devoir faire équipe avec un agent anglais aux méthodes vraiment particulières…

Our Kind Of Traitor

Le romancier John le Carré a travaillé pour les services secrets britanniques dans les années 50 et 60. L’auteur de L’Espion qui venait du froid, adapté dès 1965 par Martin Ritt avec Richard Burton, est certes le mieux placé pour décrire le monde des agents qu’il a côtoyés mais, une chose est certaine, c’est que ses histoires sont loin d’être aussi «explosives» qu’un James Bond. Pourtant, moult cinéastes se sont essayés à la transposition de cet univers glacial. Martin Ritt donc, mais aussi Sidney Lumet avec MI5 demande protection (1966), Frank Pierson avec Le Miroir aux espions (1969), George Roy Hill avec La Petite Fille au tambour (1984), Fred Schepisi avec La Maison Russie (1990) porté par Sean Connery et Michelle Pfeiffer. Il faudra attendre les années 2000 pour que les scénaristes jettent à nouveau leur dévolu sur les romans de John le Carré. John Boorman avec Le Tailleur de Panama (2001), Fernando Meirelles avec The Constant Gardener (2005), probablement la plus belle et intense transposition à l’écran de le Carré, Tomas Alfredson avec La Taupe (2011), largement surestimé, sans oublier le talentueux Anton Corbijn avec le passionnant Un homme très recherché (2013), avec le regretté Philip Seymour Hoffman, dans sa dernière très grande prestation. Un traître idéal est adapté du roman Un traître à notre goût, publié en 2011.

Perry (Ewan McGregor)

Hector (Damian Lewis)

Derrière la caméra, la réalisatrice britannique Susanna White, connue pour les mini-séries Jane Eyre (2006) et Parade’s End (2012), et dont la seule incursion au cinéma demeurait jusqu’alors le sympathique Nanny McPhee et le Big Bang en 2010. Sur un scénario d’Hossein Amini (Drive, Blanche-Neige et le Chasseur), la cinéaste livre une élégante transposition, qui repose avant tout sur ses stars, Ewan McGregor, Naomie Harris, Stellan Skarsgård et Damian Lewis. Les deux premiers interprètent Perry et Gail, un couple britannique, qui passent quelques jours à Marrakech pour essayer de reconsolider leur union. Un soir, Perry rencontre un certain Dima (Skarsgård, tatoué et l’accent soviétique imbibé de vodka), alors que Gail doit s’absenter pour son travail. Perry se lie rapidement avec ce mystérieux russe. Il va rapidement découvrir qu’il blanchit de l’argent pour la mafia soviétique. Contre toute attente, Dima demande à Perry de remettre une clef USB au MI6 lors de son retour à Londres. Dima souhaite livrer des informations explosives aux services secrets britanniques en échange de la protection de sa famille. Perry et Gail sont alors embarqués dans cette affaire, qui les mène entre Paris et Berne, sous la surveillance de l’agent Hector (Lewis), qui se retrouve face à sa hiérarchie. Intègre, il souhaite à la fois aider Dima et sa famille, mais également faire tomber les grosses pointures à qui profite l’argent sale.

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Hector (Damian Lewis)

Les ingrédients récurrents et chers à le Carré sont bel et bien présents : corruption des élites politiques et administratives des pays occidentaux, blanchiment international de l’argent sale introduit dans les grands groupes financiers (ici à Londres et la City avec l’accord du ministre des finances britannique). Mouvements de capitaux, argent sale, mafia russe, corruption, tout y est ! Un traître idéal est un film d’espionnage bien troussé et interprété, même si certains partis pris esthétiques – pourquoi cette photo jaunâtre ??? – n’emportent guère l’adhésion. Heureusement, l’essentiel est ailleurs et les acteurs connaissent leur boulot. On s’attache très vite aux personnages, y compris celui campé par Stellan Skarsgård, spécialiste du blanchiment d’argent de la mafia russe, repenti, qui souhaite mettre sa famille à l’abri par tous les moyens. Ewan McGregor apparaît un peu éteint dans le rôle de « l’homme dans la foule », ici un professeur de lettres, qui se retrouve impliqué malgré lui dans une affaire de crime international. Heureusement, la belle et talentueuse Naomie Harris (Moneypenny de l’ère James Bond – Daniel Craig) relève le niveau de son partenaire, tout comme Damian Lewis, que l’on verrait bien endosser le smoking de 007, impeccable et élégant.

Gail (Naomie Harris, l.) und Perry (Ewan McGregor, r.)

Dima (Stellan Skarsgård)

D’ailleurs, le film ne manque pas de classe, malgré la photo un peu douteuse. Susanna White s’en tire très bien et concocte un thriller entre feu et glace qui fonctionne, qui divertit sans prendre des airs hautains comme certaines autres adaptations de le Carré. Classique, mais efficace donc.

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LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray d’Un traître idéal, disponible chez Studiocanal, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est étonnamment fixe et muet.

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C’est ce qui s’appelle une « sortie technique » puisque l’éditeur ne livre que deux petites featurettes de 3 minutes. La première est consacrée aux comédiens et à la réalisatrice qui racontent quasiment toute l’histoire du film, tandis que la seconde fait un focus sur le casting. De rapides images du tournage montrent l’envers du décor, mais ces deux modules n’ont strictement aucun intérêt.

Perry (Ewan McGregor)

L’Image et le son

Bien que le film soit passé complètement inaperçu dans les salles, Studiocanal prend soin du thriller de Susanna White et livre un master HD au format 1080p, irréprochable et au transfert immaculé. Respectueux des volontés artistiques originales, la copie se révèle un petit bijou technique alliant des teintes chaudes, ambrées et dorées (des filtres orangés pour résumer), puis la partie bleutée et métallique de la partie anglaise, le tout étant soutenu par un encodage AVC de haute volée. Le piqué, tout comme les contrastes, sont tranchants, les arrière-plans sont magnifiquement détaillés, la colorimétrie est joliment laquée, le relief omniprésent et les détails foisonnants sur le cadre large. Un service après-vente remarquable.

Dima (Stellan Skarsgård)

Les mixages français et anglais DTS-HD Master Audio 5.1 créent un espace d’écoute suffisamment plaisant en faisant la part belle à la musique. Quelques ambiances naturelles percent les enceintes latérales sans se forcer mais avec une efficacité chronique. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue s’effectue via le menu contextuel. L’éditeur joint également une piste en audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés aux spectateurs sourds et malentendants.

Our Kind Of Traitor

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Crédits images : © Studiocanal

Test Blu-ray / La Petite voleuse, réalisé par Claude Miller

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LA PETITE VOLEUSE réalisé par Claude Miller, disponible en Blu-ray et DVD le 25 octobre 2016 chez TF1 Vidéo

Acteurs : Charlotte Gainsbourg, Didier Bezace, Simon de La Brosse, Clotilde de Bayser, Raoul Billerey, Chantal Banlier, Nathalie Cardone

Scénario : Claude Miller, Luc Béraud, Annie Miller d’après une histoire originale de François Truffaut et Claude de Givray

Photographie : Dominique Chapuis

Musique : Alain Jomy

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 1988

LE FILM

Une petite ville du centre de la France dans les années cinquante. Janine en sortant de l’école vole un paquet de cigarettes dans une voiture de l’armée américaine et un vêtement aux « Folies de Paris ». Le directeur de cet établissement arrive chez ses parents adoptifs et découvre le butin. Un jour, Janine rencontre Raoul, jeune couvreur, en train de voler. La complicité, puis l’amour va lier ces deux jeunes gens en rébellion contre leur monde.

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En juillet 1983, François Truffaut travaille sur le scénario de La Petite voleuse, quand il est victime d’une première attaque cérébrale. Il est atteint d’une tumeur, qui l’affaiblira de plus en plus. Le cinéaste s’éteint le 21 octobre 1984 à l’âge de 52 ans. Ami cinéphile de François Truffaut et surtout directeur de production de La Sirène du Mississippi (1969) à L’Histoire d’Adèle H. (1975), Claude Miller décide après le triomphe de L’Effrontée, de reprendre le scénario coécrit par François Truffaut et Claude de Givray, et de l’adapter avec l’aide de sa femme Annie et de Luc Béraud. Pour ce pendant féminin des 400 coups, le réalisateur jette une fois de plus son dévolu sur Charlotte Gainsbourg. Du haut de ses 17 ans, elle porte désormais entièrement le film sur ses épaules. Bien qu’elle se défende face aux journalistes de ne pas penser à devenir actrice, force est de constater que Charlotte Gainsbourg est devenue une comédienne professionnelle en peu de temps et son talent éclate une fois de plus à l’écran à travers le rôle de Janine Castang.

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En 1950, dans une petite bourgade paumée du centre de la France, cette adolescente, fruit d’une liaison entre une mère qui l’a abandonné sans explication il y a cinq ans et un officier allemand qu’elle n’a pas connu, Janine est élevée par son oncle (Raoul Billerey) et sa tante ingrate (Chantal Banlier) qui la laissent vivre et se débrouiller seule. A l’instar du personnage de Charlotte dans L’Effrontée, Janine Castang (qui a d’ailleurs le même nom de famille que Charlotte) étouffe dans cette petite maison en ruines, mais aussi à l’école et rêve de liberté. Pour tromper son ennui, elle vole tout ce qui se présente à elle, des cigarettes, de la lingerie fine, des bijoux, tout ce qui peut lui donner l’impression d’être déjà la femme qu’elle souhaite devenir, pour accélérer le temps. Elle fréquente aussi le cinéma (comme Antoine Doinel), avec une prédilection pour les histoires d’amour et les opérettes. Un soir, elle s’endort (ou feint de s’endormir ?) sur l’épaule de Michel (superbe Didier Bezace), un poète et musicien, marié et père d’une jeune fille qui a le même âge que Janine. Ils font connaissance. Janine s’éprend très vite de cet homme qui visiblement connaît tout de la vie et qui en parle bien. Si Michel est très vite attiré par Janine, c’est cette dernière qui fera le premier pas et le couple commence à se fréquenter.

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Janine souhaite devenir une femme et devenir indépendante. Elle trouve un travail de bonne chez un couple bourgeois. Mais si Janine commence à déambuler dans le monde qu’elle s’est longtemps imaginée, elle souhaite également en devenir une des actrices principales. Elle rencontre alors Raoul (Simon de La Brosse), également voleur à ses heures. Les deux jeunes gens se trouvent et Janine, pour la première fois de sa vie, tombe réellement amoureuse. Mais combien de temps encore peut-elle s’obstiner à vouloir aller plus vite que la vie ?

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Magnétique, drôle et bouleversante, Charlotte Gainsbourg accroche la pellicule, tout comme ses partenaires, Didier Bezace et Simon de La Brosse. L’écriture est délicate, la reconstitution des années 1950 est soignée, les dialogues percutants. Une actrice née sous nos yeux. Charlotte Gainsbourg réalise sa première performance et même si sa vraie personnalité est encore visible, Janine Castang est son premier vrai personnage original. Les spectateurs suivent émus cette jeune femme, immédiatement attachante, découvrir l’amour, la sexualité, le monde du travail, l’amitié, l’entraide, à travers un récit d’apprentissage doux, pudique, parfois cruel, toujours humain. Claude Miller parvient à s’approprier l’histoire originale de François Truffaut, tout en rendant quelques hommages au cinéma de ce dernier à travers quelques clins d’oeil. La Petite voleuse sort juste avant Noël 1988. S’il ne connaît pas le même succès que L’Effrontée, le film réalise tout de même un score fort honorable d’1,8 millions d’entrées.

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LE BLU-RAY

Contrairement aux éditions Blu-ray de Garde à vue et de Mortelle randonnée, et à l’instar de celle de L’Effrontée, l’édition Blu-ray de La Petite voleuse s’avère plus basique puisque le disque repose dans un boîtier classique de couleur bleue. Le test a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur une séquence du film.

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On commence les suppléments par le documentaire rétrospectif de 25 minutes intitulé Sur les traces de François Truffaut, coréalisé par Olivier Curchod et Luc Béraud. Ce dernier, collaborateur et ami de Claude Miller, également coscénariste de La Petite voleuse, intervient dans ce module. Il semble que les protagonistes n’aient pas grand-chose à dire ici, surtout que la réalisation de ce documentaire s’avère bien plate et basique. Nous retrouvons Nathan Miller, fils de Claude Miller, assistant-réalisateur sur La Petite voleuse, Annie Miller (la femme du cinéaste et coscénariste), Jean-Louis Livi (producteur), Guillaume Schiffman (deuxième assistant caméra), Jacqueline Bouchard (costumière), Alain Jomy (compositeur) et Nadine Muse (monteuse son).

screenshot001screenshot002Les intervenants ont l’air parfois gênés d’évoquer ce film, surtout quand on leur demande ce qui appartient à François Truffaut (qui a écrit le scénario original et qui aurait fait ce film s’il n’était pas tombé gravement malade) ou à Claude Miller. Du coup, les propos manquent souvent d’intérêt. Chacun évoque un tournage très agréable malgré une production plus lourde en raison du caractère « historique » et des reconstitutions nécessaires. La production, les conditions des prises de vues, le casting (avec évidemment le retour de Charlotte Gainsbourg) et la création de l’affiche sont abordés, mais sans véritable entrain.

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De son côté, le réalisateur Stéphane Brizé (Je ne suis pas là pour être aimé, Mademoiselle Chambon, La Loi du marché) se penche sur la psychologie des personnages dans le cinéma de Claude Miller (8’). Pour lui, La Petite voleuse fait écho à L’Effrontée et à Thérèse Desqueyroux avec cette jeune femme « qui refuse sa condition et qui n’accepte pas le monde étroit dans lequel elle vit ». Brizé évoque ensuite le thème récurrent de l’abandon dans les films de Miller, puis se penche un peu plus sur le jeu de Charlotte Gainsbourg qui l’impressionne toujours autant.

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Après avoir partagé ses souvenirs pour L’Effrontée, Charlotte Gainsbourg revient ici sur La Petite voleuse (17’), film pour lequel elle a refusé une proposition de Miloš Forman. Dans cette interview divisée en « 10 chapitres », la comédienne déclare n’avoir jamais lu le scénario original de François Truffaut, parle des essayages des costumes, de sa relation avec Claude Miller (« plus professionnelle que sur L’Effrontée »), le travail avec ses partenaires et le chef opérateur. Charlotte Gainsbourg semble nostalgique de la façon dont on faisait du cinéma à l’époque, quand « le réalisateur était derrière la caméra et pas dans un coin dissimulé derrière son combo ».

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L’Image et le son

Le master HD de La Petite voleuse tient ses promesses, même si le Blu-ray demeure parfois perfectible. La restauration est très appréciable et rares sont les tâches subsistantes. Toutefois, seules les séquences tournées en extérieur demeurent les plus lumineuses de ce transfert. La profondeur de champ déçoit quelque peu, le piqué est moins pointu sur les scènes en intérieur et les noirs manquent de consistance. Le grain original est heureusement conservé et bien géré. Beaucoup de séquences sortent du lot et font honneur au support. La colorimétrie retrouve une nouvelle fraîcheur, le relief des matières est palpable, le rendu des visages est plaisant et les fourmillements limités grâce à un encodage AVC de fort bon aloi. Quant aux contrastes, ils demeurent plutôt solides pour un rendu homogène.

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Ce mixage DTS-HD Master Audio Mono instaure un confort acoustique probant, riche et solide. Les dialogues sont ici délivrés avec ardeur et clarté, la propreté est de mise, sans souffle parasite. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés aux spectateurs sourds et malentendants.

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Crédits images : © TF1 Vidéo / Captures Blu-ray et Bonus : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr