Test Blu-ray / Hangover Square, réalisé par John Brahm

HANGOVER SQUARE réalisé par John Brahm, disponible en DVD et Blu-ray chez Rimini Editions le 3 janvier 2018

Acteurs :  Laird Cregar, Linda Darnell, George Sanders, Glenn Langan, Faye Marlowe, Alan Napier…

Scénario : Barré Lyndon d’après le roman Hangover Square de Patrick Hamilton

Photographie : Joseph LaShelle

Musique : Bernard Herrmann

Durée : 1h17

Date de sortie initiale : 1945

LE FILM

Le cinéaste allemand John Brahm (1893-1982) fuit l’Allemagne à l’arrivée d’Adolf Hitler au pouvoir. Il arrive à Hollywood et signe son premier long métrage Le Lys brisé en 1936, sous le nom d’Hans Brahm. Eclectique, John Brahm passe facilement du drame à la comédie, d’une Prison centrale à un Pensionnat de jeunes filles, quand la consécration arrive avec son thriller Laissez-nous vivre (1939) avec Henry Fonda et Maureen O’Sullivan. En 1942, The Undying Monster est un tournant dans sa carrière. Pour le compte de la Fox, John Brahm suit le genre fantastique initié par les studios Universal, à travers une histoire de loup-garou mise en scène avec une esthétique expressionniste saluée de la part de la critique. Le cinéaste récidive dans le genre épouvante avec Jack l’EventreurThe Lodger en version originale, troisième adaptation du roman de Marie Belloc Lowndes. Un an après, John Brahm, les comédiens Laird Cregar et George Sanders se retrouvent pour Hangover Square, le plus beau, le plus grand film du cinéaste.

Londres, 1899. George Bone, pianiste et compositeur classique renommé, est surmené par son travail d’écriture d’un concerto pour piano. Le compositeur est victime de fréquentes crises de pertes de mémoire qui sont provoquées à chaque fois qu’il entend des sons discordants. Pourtant un brave homme dans la vie, il se transforme en un meurtrier sadique lors de ses crises dont il ne garde aucun souvenir. Pourtant, Bone s’interroge quand il retrouve une dague ensanglantée dans sa poche et qu’il lit dans un journal le meurtre sauvage d’un antiquaire. Troublé, et sur les conseils de son ami mécène Sir Henry Chapman et de sa fille Barbara, il se rend chez un spécialiste, le Dr Allan Middleton (Georges Sanders, la classe). Ce dernier le rassure et lui conseille de réduire son travail et de se détendre. Lors d’une soirée dans un pub, il va rencontrer une chanteuse de cabaret, Netta, dont il tombe amoureux. Se rendant compte de ses qualités de compositeur, Netta va profiter de la naïveté de Bone pour l’utiliser. Elle le détourne de son travail pour qu’il lui compose des chansons, lui emprunte de l’argent et profite de ses connaissances pour l’aider dans sa carrière de chanteuse. Plus tard, Bone apprend le futur mariage de Netta avec Eddie Carstairs, un producteur de théâtre. La folie s’empare de lui.

Hangover Square reprend et transcende tout ce qui faisait déjà la très grande réussite de Jack l’Eventreur. Comme pour ce dernier film, John Brahm met en scène un scénario de Barré Lyndon (Crépuscule de Henry Hathaway), et adapte très librement le roman de Patrick Hamilton (La Corde, Hantise). Hangover Square est le dernier film du comédien Laird Cregar (Le Cygne noir de Henry King, Le ciel peut attendre d’Ernst Lubitsch), qui venait de triompher dans le précédent film de John Brahm. Décédé à l’âge prématuré de 31 ans des suites de complications post-opératoires (il avait entamé un régime draconien), Laird Cregar s’impose sans difficulté – surtout quand il est filmé en contre-plongée – avec son mètre 91, même si sa silhouette avait déjà beaucoup diminué. Mais c’est surtout son immense sensibilité qui transparaît à l’écran et qui contraste avec ses crises de folie quand son personnage se retrouve en transe après avoir entendu quelques sons stridents.

De par ses partis pris gothiques et même parfois expressionnistes concoctés par le directeur de la photographie Joseph LaShelle, Hangover Square fait penser à une relecture de Docteur Jekyll et M. Hyde. On s’attache très vite à George Bone, compositeur solitaire qui vit par et pour la musique, aimé par une jeune femme qui l’inspire, mais qui se trouve également hypnotisé par une artiste de bastringue sensuelle, ambitieuse et au charme vénéneux, Netta, incarnée par la vamp Linda Darnell (Le Signe de Zorro, L’Aveu, Chaînes conjugales). Moulée dans ses costumes, Netta inspire la tentation et signera la perte de George.

Drame psychologique et film noir à la frontière du fantastique, Hangover Square joue avec les genres pour mieux déstabiliser les spectateurs. Son héros tragique, colosse aux pieds d’argile, victime d’un dédoublement de la personnalité qu’il ne peut contrôler et qui ne se souvient de rien en reprenant conscience, devient pour ainsi dire un Fantôme de l’Opéra, qui préférera terminer son concerto, l’oeuvre de toute une vie – composé par l’immense Bernard Herrmann (Concerto Macabre for piano and orchestra) pour l’une de ses premières partitions réalisées pour le cinéma – en étant caressé puis finalement emporté par les flammes. Un dernier acte virtuose qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler celui de L’Homme qui en savait trop d’Alfred Hitchcock (1934) avec ses actions simultanées se déroulant durant le concert.

Merveilleusement interprété, réalisé et photographié, Hangover Square, film-miroir à Jack l’Eventreur du même cinéaste, est un chef d’oeuvre absolu de romantisme noir. L’année suivante, John Brahm réitèrera le même exploit pour la troisième fois consécutive avec Le MédaillonThe Locket, porté par l’immense Robert Mitchum.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Hangover Square, disponible chez Rimini Editions, repose dans boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui liseré bleu. Le visuel de la jaquette est très beau, élégant et attractif. Le menu principal est animé et musical. L’éditeur joint également un livret de 32 pages rédigé par Marc Toullec, ancien rédacteur en chef de Mad Movies, intitulé John Brahm, l’illustre inconnu d’Hollywood.

En ce qui concerne les bonus, l’éditeur est allé à la rencontre de la journaliste cinéma Guillemette Odicino (17’30). Nous ne nous étendrons pas sur cette présentation sans intérêt ni argument, qui se contente de réciter les fiches Wikipédia du réalisateur John Brahm et des comédiens. Plus chroniqueuse people que journaliste, elle a en effet l’habitude de s’attarder plus sur les abdos d’un comédien que sur sa performance, Guillemette Odicino évoque ce drame gothique comme si elle parlait de l’épisode final des Teletubbies. Passez votre chemin et sélectionnez immédiatement le supplément suivant.

L’entretien autour de la musique de Bernard Herrmann (27’30) en compagnie du musicien et compositeur (Les Liens du sang de Jacques Maillot) Stephan Oliva, est indispensable pour tous les amoureux de la musique de cinéma. Assis devant son piano, l’improvisateur et musicien de jazz présente les étapes de la carrière de Bernard Hermann (1911-1975), l’évolution de son style, son travail pour la couleur ou le N&B et son influence majeure dans le monde du cinéma, en jouant quelques-uns de ses plus grands thèmes composés pour Laura, Citizen Kane, L’Aventure de mme Muir, Psychose, Sueurs froides, Hangover Square, Les Nerfs à vif, Taxi Driver, Obsession. Absolument passionnant et un délice pour les oreilles.

On termine par une rencontre avec l’incontournable François Guérif (14’). Le critique de cinéma, éditeur et directeur de la collection Rivages/Noir se penche bien évidemment sur la vie et l’oeuvre de Patrick Hamilton, dont le roman Hangover Square a été très librement transposé au cinéma par John Brahm sur un scénario de Barré Lyndon. François Guérif confronte le film avec le livre original, en précisant que le roman était à la base inadaptable, puisqu’il ne fait que raconter des beuveries du personnage principal, d’où le titre de l’ouvrage.

L’Image et le son

La copie HD proposée est très impressionnante. La restauration effectuée est absolument sidérante de beauté et aucune scorie n’a survécu au lifting numérique. Les noirs sont denses, les blancs éclatants, la gestion des contrastes magnifique et le piqué affiche une précision hallucinante. Le codec AVC consolide l’ensemble avec brio, les fondus enchaînés sont fluides et n’occasionnent aucun décrochage et un léger grain demeure flatteur, sans lissage excessif. Il y a certes peu de séquences tournées en extérieur, mais toutes les scènes arborent un relief et une restitution des matière fort étonnants. Un master 4K éblouissant, stable, proposé au format 1.37, qui restitue les partis pris du chef opérateur Joseph LaShelle (La Garçonnière, Laura).

L’unique version anglaise est proposée en DTS-HD Master Audio Mono. L’écoute demeure appréciable en version originale (avec ou sans sous-titres français), avec une bonne délivrance de la musique de Bernard Herrmann, des effets annexes et des voix très fluides et aérées, sans aucun souffle. Si elle manque parfois de coffre, l’acoustique demeure suffisante.

Crédits images : © Twentieth Century Fox Home Entertainment / Rimini Editions / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Kidnap, réalisé par Luis Prieto

KIDNAP réalisé par Luis Prieto, disponible en DVD et Blu-ray chez TF1 Studios le 7 novembre 2017

Acteurs :  Halle Berry, Sage Correa, Chris McGinn, Lew Temple, Jason Winston George, Christopher Berryn…

Scénario : Knate Lee

Photographie : Flavio Martínez Labiano

Musique : Federico Jusid

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Karla, profite d’un après-midi dans un parc d’attractions en compagnie de son fils lorsque celui-ci disparaît subitement. En alerte, elle repère finalement des inconnus le faire monter de force dans leur voiture.  Karla réalise à cet instant que sans réaction de sa part, elle pourrait ne jamais revoir son enfant.
Pas le temps d’hésiter, elle se lance à la poursuite des ravisseurs et ne reculera devant rien pour le sauver.

Moins présente sur les écrans (de cinéma) depuis quelques années, Halle Berry, Oscar de la meilleure actrice en 2002 pour À l’ombre de la haine, refait quelques fois surface en tant que second rôle comme dernièrement dans Kingsman : Le Cercle d’or de Matthew Vaughn et X-Men: Days of Future Past de Bryan Singer. Son dernier succès personnel remonte à 2013 avec The Call de Brad Anderson. Pour son retour sur le devant de la scène, la comédienne produit et interprète le rôle principal de Kidnap, thriller qui reprend quasiment la même recette que The Call justement, sauf que cette fois la comédienne n’est pas plantée devant son bureau pendant 1h30, mais se trouve lancée à plus 120 kilomètres à l’heure sur l’autoroute, à la poursuite des kidnappeurs de son fils de six ans. Série B invraisemblable, qui s’enfonce progressivement dans le nawak, Kidnap n’est pas déplaisant en-soi et sait divertir, c’est juste qu’on ne croit malheureusement pas une seule seconde à cette histoire.

Halle Berry est Karla McCoy, serveuse d’une quarantaine d’années, divorcée, qui mène une vie paisible avec son fils Frankie. Un jour, alors qu’ils passent une journée dans un parc d’attractions, Frankie est enlevé par une femme. Karla arrive à repérer la voiture dans laquelle son enfant a été embarqué et s’engage dans une course-poursuite. Dans la panique, elle perd son téléphone portable, et malgré ses efforts durant la poursuite automobile, ne parvient pas à obtenir une aide de la police.

Réalisé par Luis Prieto, metteur en scène espagnol d’un remake de Pusher en 2012, Kidnap repose essentiellement sur le charisme, le talent et l’investissement de sa comédienne principale. Quasiment de tous les plans, filmée sous tous les angles, Halle Berry livre une solide prestation et le film ne vaut d’ailleurs que pour elle. Son charisme est intact, son jeu n’a jamais été aussi bon et on la sent véritablement impliquée du début à la fin. Heureusement d’ailleurs, car le récit, les péripéties et les rebondissements ne sont jamais crédibles. Si Kidnap démarre bien, pour ne pas dire sur les chapeaux de roues, l’histoire fait rapidement du surplace malgré ses bolides lancés à toute vitesse sur l’autoroute.

Ecrit par le scénariste Knate Lee, qui travaillait auparavant sur la série Jackass, producteur de Bad Grandpa et qui vient d’écrire le prochain X-Men intitulé The New Mutants, Kidnap n’est absolument pas réaliste et peine alors à créer l’empathie avec le personnage principal, malgré toute la hargne d’Halle Berry et le rythme soutenu qui font qu’on ne s’ennuie pas. Le gros problème de Kidnap est donc de faire un quasi copier-coller de The Call, sur le fond, sur la forme, y compris lors de l’acte final. Une impression de déjà-vu très maladroite.

A l’origine prévu dans les salles en octobre 2015, puis programmé février 2016 en raison de difficultés financières de la société de production Relativity, pour finalement arriver en août 2016 aux Etats-Unis et le mois suivant en VOD dans nos contrées, Kidnap a connu un succès d’estime, sans pour autant casser la baraque. S’il est toujours plaisant de voir Halle Berry dans de ce genre de divertissement, on aimerait cependant la retrouver désormais dans un film plus ambitieux, qui saurait prendre en compte la nouvelle maturité de son jeu.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Kidnap, disponible chez TF1 Studio, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur une des séquences du film en version française.

Un seul supplément au programme de cette édition, un making of de 14 minutes, entièrement promotionnel et composé d’interviews dithyrambiques des comédiens, du cinéaste et du coordinateur des cascades – réalisateur de la seconde équipe. Les acteurs sont en mode « j’ai appris mon texte par coeur », les propos sont redondants, récités et dévoilent toute l’histoire. Quelques images de tournage montrent Halle Berry prendre le volant lors des séquences agitées sur la route. Heureusement que sa voiture était en réalité conduite par un cascadeur positionné sur le toit du véhicule.

L’Image et le son

Voici un transfert solide et une édition HD qui frôle la perfection. La luminosité est omniprésente, les détails confondants sur les gros plans, surtout sur la superbe Halle Berry, filmée sous tous les angles (et merci au cadre large !), le piqué est aiguisé comme un scalpel, la colorimétrie est étincelante et les contrastes ne cessent d’impressionner. La mise en scène agitée de Luis Prieto entraine quelques baisses de la définition, mais rien de rédhibitoire. Apport HD non négligeable pour ce titre.

Attention les oreilles ! Les courses-poursuites entraînent une très bonne utilisation du caisson de basses, qui rugit à de multiples reprises. Toutes les enceintes plongent le spectateur au milieu de la circulation, avec ses coups de frein et ses klaxons en tous genres, ses sirènes de police, ses vrombissements sur l’asphalte. La musique est délivrée sur chaque baffle avec fracas, les voix des comédiens demeurent claires et jamais noyées sous le brouhaha, en français comme en anglais, grâce aux mixages DTS-HD Master Audio 5.1. Accrochez votre ceinture. L’éditeur joint également les sous-titres destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © TF1 Studios / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Arrow – Saison 5

ARROW– SAISON 5, disponible en DVD et Blu-ray  le 22 novembre 2017 chez Warner Bros.

Acteurs : Stephen Amell, Katie Cassidy, David Ramsey, Willa Holland, Paul Blackthorne, Emily Bett Rickards, John Barrowman, Colton Haynes, Manu Bennett, Caity Lotz, Susanna Thompson, Echo Kellum…

Musique : Blake Neely

Durée : 23 épisodes de 42 minutes

Date de sortie initiale : 2016-2017

LA SÉRIE

Après la mort de Laurel et le départ de Diggle et Thea de l’équipe, Oliver reste seul pour protéger les rues de Star City. Avec Felicity le guidant depuis le bunker, il est forcé de gérer une ville submergée à la fois de criminels et d’une bande de nouveaux et inexpérimentés justiciers. Mais il doit également concilier son statut de défenseur avec son nouveau poste de maire de la ville. Sa partenaire lui suggère de former une nouvelle équipe malgré son refus. Cependant, quand un nouveau criminel, Tobias Church, fait son apparition dans la métropole, Oliver réalise que Felicity avait raison et que la meilleure solution pour protéger les citoyens serait de créer une nouvelle équipe de super héros. Un peu plus tard vient s’ajouter un autre adversaire, Prometheus, un archer aussi doué qu’Oliver, qui semble le connaître et souhaite le discréditer aux yeux de la ville…

Arrow revient de loin ! Si la série avait su prendre son envol avec trois bonnes saisons, la quatrième avait décontenancé les téléspectateurs et la critique à cause d’une mise en scène affreuse, des histoires jamais intéressantes, l’histoire d’amour Olicity jugée trop niaise et surtout un badguy ridicule qui inspirait plus la pitié que la peur. C’est dire si la chute a été brutale. Voyant que l’audience s’était écroulée, la production et les showrunners ont su prendre en compte tous ces mauvais retours et surtout apprendre de leurs erreurs. Renouvelée pour une cinquième saison, Arrow renaît littéralement pour notre plus grand plaisir. Plus brutale, plus sombre, plus psychologique, cette cinquième saison atomise la précédente, à tel point qu’on en vient même à regretter que la série ne s’arrête finalement pas là, tant la boucle ainsi bouclée aurait été une parfaite conclusion.

Dans cette cinquième saison, les 23 épisodes s’avèrent brillants, passionnants, très bien réalisés, pleins de rebondissements, de combats chorégraphiés, de cascades et d’émotions jusqu’à un final épique où réapparaît Deathstroke. Stephen Amell n’a jamais été aussi bon dans le rôle (et pourtant ce n’était pas gagné), la divine Emily Bett Rickards est toujours géniale, mais c’est surtout le « méchant » interprété par Josh Segarra, qui fait oublier le pathétique et improbable Neal McDonough aka Damien Darhk de la saison 4, qui tire ici son épingle du jeu. Suintant, charismatique, cruel et en même temps finalement empathique, c’est une sacrée révélation. La team Arrow s’est parfaitement renouvelée avec de nouveaux personnages qui s’intègrent bien à l’univers et qui apportent un vrai vent de fraîcheur à l’ensemble.

Aux côtés des stars du show, même si la toujours sexy Willa Holland est le personnage réellement sacrifié de cette saison, d’autant plus qu’elle ne participe plus (ou presque) à l’action, Echo Kellum apporte beaucoup d’humour dans le rôle de l’équivalent de Felicity Smoak au masculin. A la fois nouvelle tête pensante et homme de terrain, Curtis Holt essaye d’aider ses amis en prenant l’identité de Mr Terrific. S’il a encore beaucoup de chemin à faire du point de vue combat, ses inventions technologiques apportent une aide non négligeable à l’équipe dans leur quête pour sauver Star City. Citons également Rick Gonzalez aka Rene Ramirez ou bien encore Wild Dog, Juliana Harkavy, excellente et bad-ass nouvelle Black Canary qui avait déjà peu à faire pour effacer Katie Cassidy – gros point noir de la série, mais qui est quand même présente dans une poignée d’épisodes – de nos mémoires. La nouvelle bande est également constituée du méta-humain Rory Regan/Ragman, interprété par le prometteur Joe Dinicol, ainsi que d’Evelyn Sharp/Artemis, incarnée par la jeune Madison McLaughlin. Moins d’apparitions (et la dernière) de John Barrowman, alias Malcolm Merlyn ou bien encore Ra’s al Ghul, qui intervient seulement dans quatre épisodes. L’association Oliver Queen / John Diggle reprend également du poil de la bête comme dans les deux premières saisons, Paul Blackthorne ou plutôt Quentin Lance, retrouve également un personnage plus consistant en tant qu’adjoint en maire, bref tout est bon dans cette saison.

Entre les soucis à la mairie de la ville, les truands qui ne reculent devant rien et qui débordent d’imagination pour s’emparer de Star City (dont un nouveau justicier violent et aux méthodes radicales qui œuvre sous le nom de Vigilante), plus ce nouvel ennemi impitoyable, Prometheus, qui a décidé de mettre Green Arrow face à son passé d’assassin impitoyable, Oliver Queen a de quoi faire et donc ses nouveaux partenaires ne seront point de trop pour lui donner un coup de pouce. Et pour une fois, les flashbacks omniprésents s’avèrent très intéressants puisqu’ils se focalisent sur les débuts d’Oliver en tant que membre de la Bratva et surtout dans le costume d’Arrow, en Russie, où il affronte un impressionnant mafieux auquel le grand Dolph Lundgren prête ses traits, son mètre 96 et son accent de Rocky IV.

Dernière chose, pour son centième épisode (le huitième dans la saison 5), la production a mis le paquet avec un cross-over très réussi avec les séries Flash, Legends of Tomorrow et Supergirl. Depuis, Arrow semble avoir retrouvé les faveurs des téléspectateurs, même si les audiences de la sixième saison, actuellement en cours de diffusion aux Etats-Unis, ne parviennent pas à retrouver les sommets des trois premières.

LE BLU-RAY

La cinquième saison d’Arrow en Blu-ray, disponible chez Warner Bros., se compose de quatre disques placés dans un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui cartonné. La liste des épisodes apparaît au verso, tout comme celle des suppléments. Le menu principal est identique sur les quatre Blu-ray, fixe et musical, qui reprend le visuel de la jaquette.

L’interactivité est dispersée sur les quatre disques.

Blu-ray 1 : La Nouvelle équipe Arrow (10’) : Les créateurs et producteurs de la série font le point sur les grands changements de cette cinquième saison et plus particulièrement sur les nouveaux justiciers qui combattent aux côtés d’Oliver.

Une scène coupée de l’épisode 3 (1’) est également disponible.

Blu-ray 2 : Alliés : l’Invasion (13’) : Les mêmes protagonistes que dans le module précédent sont de retour pour évoquer cette fois le centième épisode de la série, également l’épisode central d’un cross-over avec les autres shows DC. Quelques spoilers dévoilent l’intrigue de ce huitième épisode.

Deux scènes coupées issues des épisodes 9 (1’) et 11 (30 secondes) sont aussi présentes sur ce disque.

Blu-ray 3 : Deux scènes coupées des épisodes 16 (1’10) et 17 (4’) sont proposées ici.

Blu-ray 4 : Débat du Comic-Con (27’) : C’est devenu le rendez-vous incontournable des éditions DVD-Blu-ray d’Arrow. L’éditeur joint la présentation de la nouvelle saison par toute l’équipe de la série, au Comic-Con de San Diego. L’occasion d’allécher les fans toujours présents et prêts à poser toutes leurs questions aux comédiens, tous très souriants et proches des spectateurs.

Retour aux racines de Arrow : Prometheus (15’) : Les comédiens et les créateurs de la série se penchent sur l’une des grandes réussites de la cinquième saison, l’adversaire d’Oliver Queen interprété par l’excellent Josh Segarra. Attention aux nombreux spoilers si vous n’avez pas encore vu cette saison !

L’interactivité se clôt sur un bêtisier amusant et sur deux scènes coupées (4’ au total) des épisodes 19 et 22.

L’Image et le son

Les épisodes sont proposés au format HD (1080p, AVC). Les couleurs sont froides, toujours marquées par quelques touches vertes, caractéristiques du personnage principal. Le piqué est acéré, les contrastes au top et la profondeur de champ très appréciable. Les séquences diurnes sont éclatantes et les scènes de nuit sont aussi bien définies. Warner Bros. met la barre haute et prend soin de l’arrivée de Arrow dans les salons avec même un léger et élégant grain typique du tournage avec la caméra Arri Alexa. Le résultat est superbe et la promotion HD indispensable.

Sans surprise, seule la version originale est livrée au format DTS-HD Master Audio 5.1. Privilégiez évidemment cette option qui instaure un confort acoustique digne des plus grands blockbusters avec une spatialisation tonitruante, des effets latéraux à foison, une percutante délivrance des dialogues et une balance frontale explosive. Mention également au caisson de basses très souvent sollicité dans les scènes d’action. Les réfractaires à la V.O. devront se contenter d’une toute petite VF Dolby Digital 2.0 Stéréo au doublage nian-nian souvent indigne de la série. Etrangement, les allemands disposent d’un mixage Dolby Digital 5.1.

Crédits images : © Warner Bros. / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test Blu-ray / Baywatch : Alerte à Malibu, réalisé par Seth Gordon

BAYWATCH : ALERTE À MALIBU (Baywatch) réalisé par Seth Gordon, disponible en DVD, Blu-ray et 4K Ultra HD chez Paramount Pictures le 24 octobre 2017

Acteurs :  Dwayne Johnson, Zac Efron, Priyanka Chopra, Alexandra Daddario, Kelly Rohrbach, Ilfenesh Hadera…

Scénario : Damian Shannon, Mark Swift d’après une histoire originale de Jay Scherick, David Ronn, Thomas Lennon, Robert Ben Garant et la série créée par Michael Berk, Douglas Schwartz et Gregory J. Bonann

Photographie : Eric Steelberg

Musique : Christopher Lennertz

Durée : version cinéma (1h56) / version longue (2h01)

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Le légendaire sauveteur Mitch Buchannon est contraint de s’associer à une nouvelle recrue, Matt Brody, aussi ambitieux que tête brûlée ! Ensemble, ils vont tenter de déjouer un complot criminel qui menace l’avenir de la Baie…

Bon…pourquoi et comment réaliser une critique pour Baywatch : Alerte à Malibu, adaptation cinématographique de la série du même nom ? Bah parce que le film est là, que c’est une comédie qui n’a aucune autre prétention que de faire rire et que le contrat est rempli. En plus de ça, le film est produit et interprété par Dwayne – The Rock – Johnson, probablement l’acteur le plus cool aujourd’hui, qui est ici accompagné de merveilleuses naïades super-sexy, mais aussi et surtout pleines d’autodérision.

Lorsqu’une dangereuse vague de crimes frappe Malibu, le légendaire Lieutenant Mitch Buchannon, entouré de son équipe de sauveteurs d’élite, prend les choses en main pour protéger la baie et démasquer les coupables. Mitch est rejoint par trois nouvelles recrues triées sur le volet, dont l’ancien athlète, champion olympique mais très controversé, Matt Brody. Ensemble, ils enquêteront et risqueront l’impossible pour dénoncer l’impitoyable femme d’affaires, dont les plans diaboliques menacent l’avenir de la baie.

A la fin des années 1980, la série Alerte à Malibu aka Baywatch en version originale, est lancée sur le réseau NBC. Le principe est simple : filmer au ralenti des jeunes femmes et des jeunes hommes en maillot de bain rouge sur la plage – normal puisqu’ils sont sauveteurs – menés par un David Hasselhoff torse-poils, quand ils doivent venir au secours de nageurs qui se sont baignés trop tôt après avoir mangé, ou parce qu’ils se sont fait piquer par une méduse. Le prétexte est bon, tant que les acteurs et actrices, les actrices surtout, sont filmées comme dans une pub pour un shampoing ou le dentifrice Ultra-Brite. Les spectateurs s’emballent très vite. Résultat, la série vivra onze saisons jusqu’en 2001, se composera de 243 épisodes de 45 minutes, et deviendra surtout la série télévisée la plus regardée au monde avec plus d’un milliard de téléspectateurs par semaine. Après plusieurs téléfilms et une série dérivée (Un privé à Malibu), le film était donc inévitable.

Plus de quinze ans après l’arrêt de la série et plus de 25 ans après son lancement, ce qui était premier degré et ce qui faisait son triomphe, est ici à peine détourné et pourtant provoque un rire teinté de nostalgie. Seth Gordon, réalisateur des cartons US Tout…sauf en famille (2008), Comment tuer son boss ? (2011) et Arnaque à la carte (2013), prend ici les commandes d’une belle superproduction au budget de 70 millions de dollars. Au programme de Baywatch : Alerte à Malibu le film ? Des boobs, des blagues de cul, des blagues avec des pénis en érection coincés dans un transat, des boobs, des scènes d’action invraisemblables, des blagues avec du formol et des morts dans une morgue, des boobs et…ah oui encore des blagues de cul. Et croyez-le ou non, ça fonctionne. Ça marche bien car le casting est au top. Si Dwayne Johnson mène son équipe sans se forcer, avec un charisme de dingue, une spontanéité, une bonne humeur naturelle et un sourire immédiatement empathique, il est très bien épaulé. Le casting féminin se compose des divines, des sublimes, des über-sexy, des sculpturales (oui bon j’arrête) Alexandra Daddario (tu te souviens de la première saison de True Detective ?) et des méconnues, mais qu’on ne demande qu’à connaître personnellement, Kelly Rohrbach (mannequin aperçue dans Café Society de Woody Allen et prochainement dans A Rainy Day in New York du même cinéaste) qui reprend le rôle autrefois tenu par Pamela Anderson, ainsi qu’Ilfenesh Hadera, amazone d’1m80 qui reprend le personnage de Stephanie Holden aka Alexandra Paul. Bon, puisqu’ils sont là autant en parler, ces demoiselles sont accompagnées de Zac Efron (dans le rôle de Matt Brody, anciennement David Charvet), dont les abdos et biceps paraissent réalisés en images de synthèse (non, je ne suis pas jaloux de « ça »), sans oublier le jeune Jon Bass, l’élément nouveau de la troupe, le mec de tous les jours, bedonnant, souriant, timide, mais volontaire et fou amoureux de C.J.

Toutes ces belles personnes bronzées vont unir leurs forces pour démanteler un réseau de trafic de drogue, organisé par la perfide (et aussi canon que le reste de la bande) Victoria Leeds, interprétée par Priyanka Chopra, actrice indienne, chanteuse, mannequin et même ancienne Miss Monde 2000. Autant dire que cette dernière, peu habituée à tourner dans un film de cet acabit(e) dans son pays, s’en donne ici à coeur joie. L’intrigue est donc évidemment complètement anecdotique, mais du moment que les scènes se tiennent et que la bonne humeur soit contagieuse, nous n’en demandons pas plus.

Il n’y a pas tromperie sur la marchandise, on ne va pas voir Baywatch – Alerte à Malibu pour espérer se perdre dans les méandres d’un esprit malade ou dans une histoire tortueuse et kafkaïenne. On se marre pendant deux heures. Pur produit formaté pour l’été, on déguste ce buddy-movie comme un bon Magnum. C’est bourré d’huile de palme, ce n’est pas bon pour la santé, mais ça fait un bien fou. Les nanas sont belles et à se damner, tous les acteurs sont bons et attachants, les répliques graveleuses et trash fusent à cent à l’heure et voilà le film est terminé. Ah oui pour ceux qui se le demandaient, David Hasselhoff et Pamela Anderson sont bien de la partie. Si Baywatch : Alterte à Malibu n’a pas eu le succès escompté avec son budget à peine rentabilisé aux Etats-Unis, l’Europe a accueilli le film les bras ouverts avec plus d’1,5 million d’entrées en France et près de 2 millions en Allemagne. Et pourquoi pas une suite ?

LE BLU-RAY

Le test de l’édition HD de Baywatch : Alerte à Malibu, disponible chez Paramount Pictures, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est fixe et muet. A noter que le film est disponible dans son montage cinéma (1h56) et en version longue (2h01) qui n’apporte absolument rien de plus.

Comme c’est souvent le cas chez l’éditeur, les bonus sont inutilement divisés. Les modules intitulés A la rencontre des sauveteurs (21’30), Poursuivre l’héritage (9’30) et Cascades et entraînement (9’) sont constitués des mêmes intervenants (acteurs, producteurs et réalisateur essentiellement), tous en monde promo à fond, qui affichent un sourire à s’en décrocher la mâchoire, un teint bronzé limite vermillon et une pèche d’enfer. Le truc, c’est qu’ils le font bien. Ces suppléments ne vont certes pas loin dans l’info (The Rock sent bon, Alexandra Daddario est bonne, Ilfenesh Hadera n’aime pas la salade de thon), mais la bonne humeur est franchement contagieuse, à l’image du film. Les personnages sont présentés, ainsi que « l’histoire », tout le monde fait référence à la série originale (d’ailleurs Pamela Anderson vient dire quelques mots, profitez-en pour régler le contraste de votre télé), les images de tournage et des coulisses abondent. On passe un bon moment.

Cette section se compose également de 10 minutes de scènes coupées ou proposées en version longue. Des séquences qui prolongent les moqueries de Mitch envers Matt, la maniaquerie de Stephanie ou bien encore l’infiltration de l’équipe à l’hôpital.

L’Image et le son

Fidèle à sa réputation, Paramount livre un master HD irréprochable et rutilant de Baywatch : Alerte à Malibu, tourné au moyen de la caméra Arri Alexa XT Plus. Les contrastes affichent une densité exceptionnelle, le piqué est tranchant comme une lame de rasoir, les scènes diurnes sont éclatantes, la colorimétrie est étincelante (plus pastel sur les séquences à effets spéciaux), la profondeur de champ irréprochable. Le léger grain de la photo est respecté, les détails abondent sur le cadre large, sur le crâne de The Rock, les visages et les décolletés (m’enfin), bref, le transfert est resplendissant. Apport HD validé pour ce titre.

Paramount sort l’artillerie lourde avec une version originale Dolby Atmos , compatible Dolby TrueHD 7.1 ! Dès l’apparition du titre « hénaurme » après le premier sauvetage, les latérales distillent des effets latéraux qui appuient chaque séquence agitée (l’incendie, le feu d’artifice, la poursuite) et tant pis si parfois ça n’est pas très naturel. Le caisson de basses soutien allègrement toutes les scènes d’action, la musique de Christopher Lennertz explose, c’est un très bon spectacle acoustique. A côté, la piste française fait pâle figure avec son petit encodage Dolby Digital 5.1, même si elle conviendra aux allergiques à la version originale, avec son ouverture sympatoche des enceintes frontales, des arrière qui assurent et son doublage honteux mais rigolo.

Crédits images : © Paramount Pictures / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Leatherface, réalisé par Julien Maury et Alexandre Bustillo

LEATHERFACE réalisé par Julien Maury et Alexandre Bustillo, disponible en DVD et Blu-ray chez Métropolitan Vidéo le 2 janvier 2018

Acteurs :  Stephen Dorff, Lili Taylor, Sam Strike, Vanessa Grasse, Finn Jones, Sam Coleman, Jessica Madsen, James Bloor, Christopher Adamson…

Scénario : Seth M. Sherwood

Photographie : Antoine Sanier

Musique : John Frizzell

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

La famille Sawyer sème la terreur au Texas. Leur plus jeune enfant est envoyé en hôpital psychiatrique après avoir reçu comme cadeau d’anniversaire une tronçonneuse qu’il essaya dès l’ouverture du paquet sur une des proies de la famille. Des années plus tard, le garçon s’échappe de l’hôpital psychiatrique où il était interné avec quelques patients déviants et une infirmière prise en otage. Semant la terreur sur les routes, ils sont poursuivis par un shérif dont la fille a été victime de la famille tronçonneuse. Qui parmi les criminels deviendra le terrifiant « Leatherface » ?

Alors c’est ça le fameux Leatherface ? Huitième film de la franchise initiée par Tobe Hooper en 1974 avec le cultissime Massacre à la tronçonneuse, qui comprend trois suites (inégales), Massacre à la tronçonneuse 2 (Tobe Hooper, 1986), Massacre à la tronçonneuse 3 : Leatherface (Jeff Burr, 1990), Massacre à la tronçonneuse 4 : La Nouvelle Génération (Kim Henkel, 1994), un remake éponyme du film original, réalisé par Marcus Nispel en 2003, une préquelle de ce dernier, Massacre à la tronçonneuse : Le Commencement (Jonathan Liebesman, 2006), sans oublier une autre suite tardive qui s’immisce entre le premier et le second volet, Texas Chainsaw 3D, mis en scène par John Luessenhop en 2013. Pour réaliser ce nouvel opus de la saga, les cinéastes français Julien Maury et Alexandre Bustillo, metteurs en scène d’A l’intérieur (2007), Livide (2011) et Aux yeux des vivants (2014) ont été choisis par la société Millenium Films. Si le film vaut bien mieux que le précédent volet, Leatherface souffre néanmoins d’un manque d’intérêt flagrant et pâtit de sa reprise en main par le studio qui l’a taillé dans le vif en lui retirant sa moelle épinière, préférant se focaliser sur l’aspect horrifique. Privé d’une sortie dans les salles en France, c’est ici qu’apparaît l’importance de découvrir Leatherface en Blu-ray et DVD, qui proposent près d’une demi-heure de séquences coupées, qui contiennent la sève du film original de Maury/Bustillo, à savoir l’émotion, la motivation des personnages, ainsi qu’une séquence finale bien plus ambitieuse, tordue et percutante que celle finalement imposée par la production.

Alors que la terrifiante famille Sawyer est soupçonnée d’avoir assassiné la fille du shérif Hartman, le fils cadet est enlevé à sa mère et placé en asile psychiatrique. Devenu adolescent, ce dernier profite d’une mutinerie pour s’échapper de l’asile avec trois autres psychopathes qui prennent en otage une jeune infirmière. La petite bande s’engage alors dans une balade sauvage, semant la mort partout où ils passent. Le Shérif Hartman, assoiffé de vengeance, se lance à leur poursuite. De cette chasse à l’homme sanglante émergera le tueur à la tronçonneuse et au masque de cuir.

Puisqu’il faut juger le résultat final, autrement dit le film officiel présenté au public, autrement dit en DTV chez nous, alors Leatherface n’est pas un bon film. Et en même temps, il n’est pas mauvais, du moins pas autant de ce qu’on a pu entendre depuis les premiers retours. Leatherface est un film malade, dans le sens où la griffe des deux réalisateurs se ressent, mais apparaît étrangement émoussée et de façon involontaire. Si l’on pourra reprocher certains choix esthétiques, comme cette photo jaune dispensable, le cadre est soigné, la direction d’acteurs irréprochable et certaines séquences font leur effet. Néanmoins, s’il était prometteur sur le papier de découvrir les origines du tueur de Massacre à la tronçonneuse, Leatherface ne tient pas ses promesses. Mais encore une fois, tout n’est pas à jeter.

En dehors d’un générique qui faisait habilement le lien avec Massacre à la tronçonneuse premier du nom, un caméo sympatoche de Marilyn Burns et de Gunnar Hansen, il n’y avait pas grand-chose à retenir de Texas Chainsaw 3D, slasher classique qui surfait de façon opportuniste sur la vague relief initiée par Avatar de James Cameron. Les comédiens étaient plutôt mauvais (même si Alexandra Daddario était certes plaisante à regarder), les personnages dépourvus d’intérêt, et l’on piétinait d’impatience de les voir se faire massacrer par un Leatherface pataud, finalement plus drôle qu’inquiétant. Pas de ça chez Maury/Bustillo. Quelque chose de malsain parcourt leur film et c’est tout en leur honneur. Ici, pas de comédiennes maquillées comme des pandas, affublées de wonderbras et de jean-slim qui les empêchent de courir (en moulinant des bras), d’acteurs au look de Ken, semi-rictus et dents blanches éclatantes, chemise ouverte, qui se la pètent et qui finalement se réfugient derrière leur nana quand ils ont peur. Pas d’actrices filmées à hauteur des fesses, qui trébuchent dans les marches, qui rentrent le ventre et qui se cachent derrière un ficus pour échapper au texan frappadingue. Maury/Bustillo s’intéressent à leurs personnages et jouent à une partie de Qui est-ce ? dans le sens où un jeu s’installe avec les spectateurs pour lui faire deviner lequel des personnages sera celui que l’on nommera Leatherface. Certes, on devine assez vite la réponse, mais les deux cinéastes s’amusent autant qu’ils rendent hommage au film original, ainsi qu’à divers films qui les ont inspirés, comme American History X, Tueurs Nés et Hannibal, en faisant de leur mieux avec un budget serré et un tournage…en Bulgarie !

Le gros problème de Leatherface est d’adopter le ton d’un road-movie avec un rythme en dents de scie (électrique), après un épisode de mutinerie qui rappelle involontairement La Carapate de Gérard Oury. On peut trouver le temps long et si quelques effets gores sont particulièrement sympathiques et efficaces, l’intrigue, écrite par Seth M. Sherwood (l’auteur du nanar sympathique La Chute de Londres) s’essouffle très vite et n’installe rien, ou pas assez, pas grand-chose. Néanmoins, l’interprétation vaut le déplacement, notamment Stephen Dorff, excellent Texas Ranger, dont le rôle a néanmoins souffert de coupes au montage, ainsi que Lili Taylor, particulièrement glaçante dans le rôle de Verna Sawyer, la « môman » de Leatherface himself. En tant que tel, Leatherface n’est pas repoussant et contentera celles et ceux qui voudront s’installer avec des potes devant un spectacle divertissant, pour une soirée film-pizza-bière. C’est juste une œuvre frustrante, car si l’on sent le feu qui anime Maury/Bustillo à quelques reprises, il n’en demeure finalement que quelques braises et pas assez d’éléments pour distinguer cette œuvre du tout-venant du genre. Pas un nanar, pas un navet, juste un film d’horreur banal comme il en sort à la pelle chaque année. 

LE BLU-RAY

Le test de l’édition Haute-Définition de Leatherface, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

L’interactivité de ce Blu-ray s’ouvre sur une interview de Julien Maury et Alexandre Bustillo (26’). Installés au premier rang d’une salle de cinéma, les deux réalisateurs expliquent avec franchise et humilité, comment ils ont été dépossédés de leur film. Car, comme ils le disent posément, les producteurs exécutifs ont le final cut aux Etats-Unis et peuvent reprendre entièrement le film si les deux montages présentés par le metteur en scène ne leur conviennent pas. C’est ce qui s’est passé pour Leatherface, dont la fin originale a notamment été jugée trop déviante. Pourtant, Maury et Bustillo paraissent sereins et reviennent sur chaque étape du tournage et de sa production, ainsi que sur les premiers retours des spectateurs. Les deux réalisateurs déclarent avoir essayé d’apporter ce qu’ils aiment dans le genre à cette franchise qu’ils affectionnent tout particulièrement, en reprenant le scénario qui leur était proposé et qu’ils trouvaient à l’origine trop violent. On sent également que Maury et Bustillo ont le respect des spectateurs, qu’ils espèrent les surprendre le plus possible (ce qui est le plus difficile à faire aujourd’hui), quitte à les emmener là où ils ne s’y attendaient pas. Ils passent en revue les thèmes du film, le casting, les conditions de tournage, soit quatre semaines et demi en Bulgarie (assez libres dans leurs intentions, avec le soutien du casting et de l’équipe technique majoritairement européenne), en indiquant avoir traité le film à leur manière en prenant comme référence La Balade sauvage de Terrence Malick et…Virgin Suicides de Sofia Coppola ! Enfin, Maury et Bustillo s’expriment sur les décisions des producteurs et les changements apportés à leur travail. Au final, les deux réalisateurs estiment que cette expérience américaine est positive malgré tout, estimant qu’ils savaient d’entrée de jeu qu’ils pouvaient perdre le contrôle de leur film. La disparition de Tobe Hooper (producteur exécutif ici), que les deux cinéastes n’ont finalement pas pu rencontrer, le lendemain de la première du film à Londres, est également abordée.

Le making of (13’) ne laisse rien apparaître des problèmes en postproduction. Entièrement promotionnel, les producteurs, le scénariste, les réalisateurs, le chef opérateur et les comédiens se livrent à l’exercice face caméra, dans un module destiné à vendre Leatherface, ses enjeux et sa place dans la saga initiée par Tobe Hooper. Le casting, les personnages, les effets visuels, les partis pris esthétiques sont passés au peigne fin.

L’un des gros morceaux de cette section est bien évidemment celui consacré aux séquences coupées (25’), brutes et non étalonnées. Huit scènes au total, dont une ouverture et une fin alternatives. Sans trop dévoiler ce que vous trouverez ici, sachez tout de même que le final original tourné par Maury et Bustillo, est absolument sensationnel, étouffant (car tout se déroulait dans la maison et non dans les bois) et couillu. On comprend d’ailleurs pourquoi les producteurs ont pris peur en la voyant.

Mais c’est aussi devant tout ce matériel laissé sur le banc de montage qu’on se rend compte du vrai boulot des cinéastes, qui s’intéressaient aussi et avant tout à la psychologique des personnages, en particulier celui du Texas Ranger interprété par l’excellent Stephen Dorff. Dans une scène coupée, Hal Hartman s’entretient avec son fils (qui deviendra également Texas Ranger dans Texas Chainsaw 3D) en rentrant chez lui pour prendre une carabine. Ils prennent une bière ensemble sur le perron, le fils indiquant à son père qu’il souhaite également l’aider dans sa quête de vengeance. Son père refuse. Une autre séquence montrait Hartman venir se recueillir sur la tombe de sa fille, avant de se mettre à pleurer.

Même chose pour le personnage de Jackson, dont les troubles de la personnalité sont nettement plus marqués, notamment quand le jeune homme dit à Lizzy qu’il ne se rappelle plus de ses actes violents et qu’une partie de lui disparaît chaque fois que cela arrive. Refusant de plonger dans cet état, Jackson demande à Lizzy de ne pas le laisser faire de mal.

Pas étonnant que les studios aient vu rouge devant ces séquences qui « osaient » s’intéresser aux personnages, puisque les producteurs voulaient se concentrer avant tout sur l’aspect horrifique de l’histoire. Dommage pour eux, dommage pour nous, mais heureusement que le Blu-ray est là pour donner un bel aperçu de la vision des réalisateurs.

Julien Maury et Alexandre Bustillo sont de retour dans leur salle de projection privée, afin de commenter l’ouverture et la fin alternatives, ainsi que les deux séquences coupées avec Stephen Dorff (13’30). L’occasion pour les deux réalisateurs de se pencher un peu plus sur leurs intentions et partis pris, qui n’ont malheureusement pas convaincu les producteurs.

L’interactivité se clôt sur un artbook défilant (3’), 118 pages de storyboard illustrant dix séquences spécifiques du film, ainsi que les bandes annonces censurée/non censurée de Leatherface.

Et n’oubliez pas le petit bonus caché amusant (placez le curseur sur la tronçonneuse en bas à droite de la page des suppléments, puis validez), dans lequel Maury et Bustillo se retrouvent face à une tronçonneuse mise à leur disposition, avec pour enjeu de la mettre en route !

L’Image et le son

Leatherface débarque donc directement dans les bacs. Heureusement, le titre atterrit dans l’escarcelle de Metropolitan Vidéo. A cette occasion, l’éditeur semble repousser une fois de plus les limites de la HD avec cette superbe édition Blu-ray. La patine est délicate et léchée durant 1h30, les partis pris merveilleusement rendus. C’est un quasi-sans-faute technique : relief, colorimétrie (jaune-orangée), piqué (acéré), contrastes (impressionnants), densité des noirs, on en prend plein les yeux, autant dans les scènes de nuit (très nombreuses) que les séquences diurnes. Chaque détail aux quatre coins du cadre large est aussi saisissant qu’étourdissant. Ce transfert immaculé soutenu par une compression AVC solide comme un roc laisse souvent pantois, en particulier sur les gros plans des comédiens.

Dès la première séquence, l’ensemble des enceintes des pistes anglaise et française DTS-HD Master Audio 5.1 est mis à contribution. Les ambiances fusent, la musique bénéficie d’un traitement de faveur avec une belle ouverture, plongeant le spectateur dans l’ambiance. Seuls les dialogues sur la version originale manquent d’ardeur sur la centrale par rapport à la piste française qui de son côté délivre les voix avec plus de peps. Les effets sont très bien spatialisés. A ce titre, c’est la tronçonneuse qui prédomine dans la dernière partie, ce qui risque de décontenancer votre voisinage si vous visionnez le film le soir… N’oublions pas le caisson de basses, qui se mêle à ce spectacle acoustique, y compris dans la séquence de mutinerie.

Crédits images : © Metropolitan Vidéo / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Et les mistrals gagnants, réalisé par Anne-Dauphine Julliand

ET LES MISTRALS GAGNANTS réalisé par Anne-Dauphine Julliand, disponible en DVD et Blu-ray chez TF1 Studio le 2 novembre 2017

Production : Edouard de Vésinne

Photographie : Katell Djian, Isabelle Razavet, Laurent Brunet, Alexis Kavyrchine, Matthieu Fabbri

Musique : Rob

Durée : 1h20

Date de sortie initiale : 2017

LE DOCUMENTAIRE

Ambre, Camille, Charles, Imad et Tugdual ont entre 6 et 9 ans. Malgré la maladie, ils continuent à rire, jouer, se disputer, rêver. A aimer la vie. Ambre, qui souffre d’hypertension artérielle pulmonaire, se passionne pour le théâtre et les garçons affrontent leur mal avec courage et humour…

Exceptionnel documentaire réalisé par Anne-Dauphine Julliand (auteure de Deux petits pas dans le sable mouillé en 2011 et Une journée particulière en 2013), probablement le plus beau de cette année 2017 et qui nous l’espérons se verra remettre le César en 2018, Et les mistrals gagnants est bouleversant, mais aussi drôle, animé par une immense sensibilité, solaire, positif, durant lequel le spectateur est invité à suivre le quotidien d’une poignée d’enfants atteints de neuroblastome, d’épidermolyse bulleuse, d’insuffisance rénale sévère…Des mots qui font aussi peur que la maladie qu’ils désignent, et pourtant, ces bouts de choux gardent un sourire extraordinaire, s’expriment sur la vie qu’ils croquent à pleines dents, car « être malade, ça n’empêche pas d’être heureux, rien n’empêche d’être heureux » comme le dit l’un des héros (car c’est ce qu’ils sont) de ce film chaudement recommandé.

Ambre souffre d’hypertension artérielle pulmonaire, mais joue du badminton et adore le théâtre. Malgré son neuroblastome, un cancer, Camille (aujourd’hui décédé) a une personnalité énergique et animé par un appétit de vivre très contagieuse. Charles est atteint d’une douloureuse épidermolyse bulleuse, une maladie génétique qui met à vif la moindre parcelle de son épiderme s’il n’est pas protégé. « Ma peau est aussi fragile que les ailes d’un papillon, comme du papier crépon » dit-il. Venu d’Algérie où sa vie était condamnée par la médecine, Imad, atteint de situs inversus (les organes inversés) et d’insuffisance rénale, attend une greffe de rein depuis deux ans. Tugdual, également atteint de neuroblastome, est un peu plus réservé que les autres héros de cette histoire, mais se livre doucement quand il s’épanouit dans son jardin, dont il prend soin avec délicatesse. Ils ont tous entre six et neuf ans et par-dessus tout, vivent dans l’instant, sans se soucier du lendemain.

Avec humour et surtout l’énergie de l’enfance, ils nous prennent par la main, nous invitent à entrer dans leur monde où ils nous font partager leurs jeux, leurs joies, leurs rires, leurs rêves, leurs soins. Sans utiliser de voix-off superflue et envahissante, Anne-Dauphine Julliand, qui a connu la perte de deux de ses enfants des suites d’une maladie orpheline, place la caméra à hauteur de ses gigantesques héros et leur donne la parole. Ce sont eux qui mènent la danse, qui imposent leur rythme aux prises de vues. Et les mistrals gagnants (titre en référence à la chanson Mistral gagnant de Renaud, que l’on entend dans le film) capture ces instants de vies, qui malgré l’adversité, continuent d’éclore. Les pathologies sont diverses, chacun réside dans un endroit différent en France, mais les portraits croisés témoignent de leur envie commune de s’amuser, de jouer, de rire avec leurs copains et leurs familles. Ces moments sont là, précieux. Et quand Anne-Dauphine Julliand filme ensuite ces enfants durant leurs soins intensifs, ils en ressortent grandis, donnant ainsi une vraie leçon de courage aux spectateurs adultes que nous sommes.

On les regarde, on les écoute, fascinés par autant de maturité et de lucidité face à leur maladie. D’une certaine façon, tous nous conseillent de retrouver cette innocence liée à l’enfance, afin de pouvoir vivre intensément l’instant présent. Si les parents et le personnel médical apparaissent parfois dans le cadre, la caméra ne quitte jamais nos protagonistes et reste focalisée sur eux, en s’attachant à de petits détails sensibles, un petit pied qui se balance, une main serrée, en se laissant guider par leur spontanéité. Il aura fallu un an de tournage, chaque enfant ayant été filmé séparément et pendant une dizaine de jours (non consécutifs) au total, à l’aide d’une seule caméra afin de ne pas perturber leur environnement. Sur 110 heures de rushes, Anne-Dauphine Julliand n’en a gardé qu’1h20. Mais ces 80 minutes sont précieuses et s’inscrivent parmi les plus belles vues au cinéma en 2017.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray d’Et les mistrals gagnants, disponible chez TF1 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la musique du film.

Si vous avez aimé le film, nous vous conseillons de prolonger cette expérience en visionnant les suppléments présents sur ce Blu-ray.

Commencez par la formidable interview d’Anne-Dauphine Julliand (32’). Lumineuse et élégante, la réalisatrice aborde chaque étape qui l’ont mené à son premier documentaire, mais aussi et surtout sur les conditions de tournage. Avec des mots percutants et une immense sensibilité, Anne-Dauphine Julliand évoque les thèmes d’Et les mistrals gagnants, son propre vécu (elle a malheureusement perdu deux enfants atteints d’une maladie orpheline), la rencontre avec le producteur Edouard de Vésinne, le financement du film (un budget en grande partie couvert par près de 1 800 donateurs dans le cadre d’un financement participatif sur internet), les partis pris et ses intentions. Elle aborde également la rencontre avec les jeunes protagonistes, ses doutes (la peur de filmer frontalement certaines scènes du quotidien, comme le bain spécial du petit Charles), le rapport de confiance qui s’est instauré immédiatement avec les enfants et leur naturel face à la caméra. Enfin, Anne-Dauphine Julliand parle du titre, extrait des paroles de la chanson de Renaud, Mistral gagnant. Contactés, l’interprète et sa maison de disques ont alors tout fait pour lui faciliter l’utilisation du titre et de la chanson. Très émue, la réalisatrice clôt cet entretien en revenant sur l’accueil chaleureux des spectateurs.

C’est ensuite au tour du producteur Edouard de Vésinne de revenir sur Et les mistrals gagnants (16’). Si quelques propos font inévitablement redondance avec ce qui a été entendu précédemment, cette interview parvient malgré tout à la compléter. Nous retiendrons également la délicatesse du producteur, qui se souvient de sa rencontre avec Anne-Dauphine Julliand et comment cette dernière a su le convaincre de plonger avec elle dans cette aventure, alors qu’il n’avait jamais produit de documentaire. Les conditions de production et des prises de vue, les thèmes, les intentions de la réalisatrice, Edouard de Vésinne revient posément sur ces sujets, en indiquant qu’il s’agit d’une des expériences les plus intenses de sa carrière.

La bouille du petit Imad reste en tête après avoir vu le film. Nous le retrouvons ici dans une interview (10’) réalisée par Thierry Demaizière pour l’émission Sept à Huit, diffusée le 22 janvier 2017. Une introduction rappelle qu’Imad était en phase terminale en Algérie, avant que le petit garçon soit sauvé grâce à une campagne participative, qui a permis de recueillir des fonds, afin de l’envoyer se faire soigner en France. Drôle, franc, spontané, Imad répond aux questions du journaliste avec un naturel aussi éclatant que dans Et les mistrals gagnants. Une nouvelle leçon de sagesse, d’optimisme et de courage (« Dans la vie faut jamais se plaindre !  Vous pouvez quand même pleurer parfois car ça fait du bien ! »), durant laquelle Imad explique quelle est sa maladie.

L’interactivité se clôt sur trois modules vidéo (5’ au total) qui compilent les réactions de spectateurs à la sortie du cinéma (à Paris, Nîmes et des lycéens), la bande-annonce et un montage de projets d’affiches.

L’Image et le son

Tourné en numérique, Et les mistrals gagnants bénéficie d’une édition HD, qui parvient à restituer les volontés artistiques, un tournage vif à hauteur d’enfant afin de capter leur spontanéité, avec une belle précision. Le cadre est beau, la colorimétrie scintillante et le relief omniprésent. L’encodage AVC consolide l’ensemble avec fermeté, le piqué est acéré, les ambiances chaudes et les contrastes denses.

La piste 5.1. est anecdotique et le soutien des latérales n’est palpable que sur les rares séquences tournées en extérieur, ainsi que lors de l’utilisation de la chanson de Renaud. Les scènes demeurent essentiellement axées sur les frontales, les latérales se contentant d’un écho très lointain. Pour cause de tournage brut, l’enregistrement sonore varie selon les conditions des prises de vue. Pour une meilleure homogénéité, la stéréo se révèle parfaite, percutante à souhait, cette piste donne finalement plus de corps à l’ensemble. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont au programme.

Crédits images : © Nour FilmsCaptures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Quai des Orfèvres, réalisé par Henri-Georges Clouzot

QUAI DES ORFÈVRES réalisé par Henri-Georges Clouzot, disponible en Blu-ray chez Studiocanal le 17 octobre 2017

Acteurs :  Louis Jouvet, Suzy Delair, Simone Renant, Bernard Blier, Pierre Larquey, Jeanne Fusier-Gir…

Scénario : Henri-Georges Clouzot, Jean Ferry, d’après le roman Légitime défense de Stanislas-André Steeman

Photographie : Armand Thirard

Musique : Francis Lopez

Durée : 1h46

Date de sortie initiale : 1947

LE FILM

L’inspecteur Antoine est chargé de l’enquête sur l’assassinat du vieux Brignon, retrouvé mort chez lui un soir de Noël. Son travail le mène dans les milieux du music-hall et des photographes où il rencontre Jenny Lamour, une petite chanteuse et Maurice, son mari très jaloux. Jenny venait d’accepter un rendez-vous à dîner avec Brignon, qui devait lui procurer un rôle…

A la Libération, Henri-Georges Clouzot est condamné par le tribunal d’épuration à ne plus jamais exercer son métier de réalisateur, en raison du Corbeau, jugé anti-français. Défendu par ses pairs, réalisateurs, écrivains et autres artistes, la sentence est finalement (et heureusement) levée deux ans après. Le cinéaste prépare alors son retour sur le devant de la scène et décide pour cela d’adapter pour la troisième fois de sa carrière, un roman policier de l’écrivain belge Stanislas-André Steeman. Après Le Dernier des six (1941), réalisé par Georges Lacombe, pour lequel il avait signé les dialogues, puis sa suite L’Assassin habite au 21 (1942), qui marquait alors les premiers pas d’Henri-Georges Clouzot derrière la caméra, ce dernier jette son dévolu sur le livre Légitime défense, publié en 1942. Le réalisateur ne voit qu’un seul homme capable d’incarner l’inspecteur chargé de l’enquête principale, Louis Jouvet. Non seulement le comédien trouve ici l’un de ses plus grands rôles, mais il livre également une extraordinaire composition. Son personnage reste encore aujourd’hui l’un des plus beaux et emblématiques personnages de policier de l’histoire du cinéma.

Dans le Paris de l’après-guerre, la jeune chanteuse Jenny Lamour ne manque pas d’ambitions et use parfois de ses charmes — notamment auprès d’un vieillard libidineux influent, Brignon — pour se faire une place dans le milieu du music-hall. Un soir, elle accepte son invitation à dîner, espérant que cet homme riche et puissant l’aide dans sa carrière. Son mari, Maurice Martineau — un brave garçon, modeste pianiste évoluant lui aussi dans le spectacle, profère par jalousie des menaces de mort envers le septuagénaire. Se croyant trompé, Maurice se précipite chez Brignon, pour découvrir son rival assassiné. Pris de panique, Maurice s’enfuit. L’inspecteur Antoine, un flic désabusé, cynique et humain du Quai des Orfèvres, est chargé de l’enquête.

Il aura donc fallu attendre quatre années pour qu’Henri-Georges Clouzot fasse son comeback après les immondes accusations de collaboration avec l’ennemi pendant la Seconde Guerre mondiale. Tourné pour la firme allemande Continental, Le Corbeau avait été perçu comme une œuvre de propagande anti-française. Après jugement, le cinéaste avait mis sur la liste noire et exclu des studios. Pour son retour, Clouzot adapte lui-même le roman de Steeman, en prenant de grandes libertés avec l’oeuvre originale, afin de se l’approprier véritablement. Comme il le fera pour Le Salaire de la peur et Les Diaboliques, le cinéaste se sert surtout d’un postulat de départ, pour en faire un film qui lui ressemble à part entière. Quai des Orfèvres est un film charnière dans la carrière de son auteur, un immense chef d’oeuvre, un monument du cinéma français, une référence internationale.

En évoquant le troisième long métrage d’Henri-Georges Clouzot, le cinéphile pense immédiatement à Louis Jouvet. Sa voix, sa dégaine, son phrasé, ses regards, il est absolument fascinant. La modernité de son jeu laisse pantois d’admiration. Son personnage, l’Inspecteur Antoine, de la Brigade criminelle de la préfecture de police de Paris est également un ancien sous-officier de l’Infanterie coloniale qui vit seul avec son petit garçon métis. Clouzot montre Antoine très attentionné et doux avec son fils, dont la couleur de peau choquait alors encore une grande partie de l’audience en 1947. S’il n’avait pas la réputation d’être particulièrement tendre avec ses acteurs, Clouzot les dirigeait merveilleusement et savait s’entourer des meilleurs sur le plateau. Louis Jouvet (qui n’apparaît qu’à la 40e minute du film) donne ainsi la merveilleuse réplique teintée d’humour noir à Bernard Blier (qui n’a jamais été aussi à fleur de peau), Suzy Delair (la gouaille aguicheuse avec son petit tralala), Simone Renant (sensuelle photographe), Charles Dullin (génial pervers pas pépère), et toute une ribambelle d’admirables seconds couteaux tels que Pierre Larquey et Jeanne Fusier-Gil (récurrents chez Clouzot), Robert Dalban, Raymond Bussières et bien d’autres.

Loin de laisser sa caméra fixe au milieu des décors, souvent encrassés, humides et poisseux (sublime photographie à la patte expressionniste d’Armand Thirard), Clouzot compose des plans en mouvements, qui détonnent dans le cinéma français, qui préère habituellement laisser tourner la caméra, sans prendre de risques. La mise en scène s’avère tout aussi moderne que le jeu de son acteur principal. Pas étonnant donc que Quai des Orfèvres n’ait aujourd’hui pas pris de rides et demeure l’un des mètres étalons du genre, où la psychologie des personnages est passionnante et prévaut même sur l’enquête elle-même avec ses faux témoignages et fausses pistes.

Projeté à la Mostra de Venise en version française non sous-titrée, Quai des Orfèvres reçoit le Prix de la mise en scène. Pourtant, Clouzot repart mitigé d’Italie. Persuadé que son film, triomphe critique et public, aurait pu gagner d’autres prix plus prestigieux s’il avait été moins « bavard », le cinéaste décide de se renouveler, en réfléchissant à une nouvelle façon de mettre en scène, en privilégiant le cadre et le montage, au détriment des dialogues. S’il enchaîne très vite avec Manon (1949) et Miquette et sa mère (1950), Le Salaire de la peur (1953) sera la résultante de ces années de réflexion.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Quai des Orfèvres, disponible chez Studiocanal, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est sobre, animé sur quelques séquences du film.

Comme sur l’édition HD du Corbeau, nous ne trouvons sur cette édition qu’un seul documentaire rétrospectif, heureusement complet et intéressant (31’), constitué des interventions de Noël Herpe (commissaire de l’exposition Le Mystère Clouzot à la Cinémathèque Française), Chloé Folens (auteur de Les Métamorphoses d’Henri-Georges Clouzot), Marc Godin (co-auteur de Clouzot cinéaste), José-Louis Bocquet (co-auteur de Clouzot cinéaste) et des cinéastes Xavier Giannoli et Bertrand Blier.

On reprend là où nous en étions restés à la fin du module sur Le Corbeau, autrement dit après le jugement rendu par le tribunal d’épuration à la Libération, qui avait interdit à Henri-Georges Clouzot d’exercer son métier de réalisateur jusqu’à la fin de ses jours. Les (nouveaux) intervenants reprennent le train en marche en situant Quai des Orfèvres dans la vie et la carrière de son auteur. Le fond comme la forme sont finalement analysés, la préparation de Clouzot est abordée (trois semaines passées au Quai des Orfèvres pour observer les policiers dans l’exercice de leurs fonctions), tout comme la psychologie des personnages, les thèmes du film, le tout agrémenté de nombreuses anecdotes de tournage.

L’Image et le son

La restauration numérique de Quai des orfèvres est encore plus impressionnante que celle du Corbeau. Le nouveau master HD (codec AVC) au format respecté se révèle extrêmement pointilleux en matière de piqué, de gestion de contrastes (noirs denses, blancs lumineux), de détails ciselés, de clarté et de relief. La propreté de la copie est souvent sidérante, la nouvelle profondeur de champ permet d’apprécier la composition des plans d’Henri-Georges Clouzot, la photo signée par le grand Armand Thirard (Les Diaboliques, Le Salaire de la peur) retrouve une nouvelle jeunesse doublée d’un superbe écrin, et le grain d’origine a heureusement été conservé.

Comme pour l’image, le son a également un dépoussiérage de premier ordre. Résultat : aucun souci acoustique constaté sur ce mixage DTS-HD Master Audio Mono, pas même un souffle parasite sur les quelques plages de silences. Le confort phonique de cette piste unique est total, les dialogues sont clairs et nets. Les sous-titres anglais et français pour le public sourd et malentendant sont également disponibles.

Crédits images : © Studiocanal / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Le Retour des morts-vivants, réalisé par Dan O’Bannon

LE RETOUR DES MORTS-VIVANTS (The Return of the Living Dead ) réalisé par Dan O’Bannon, disponible en combo Blu-ray/DVD chez Le Chat qui fume le 20 novembre 2017

Acteurs :  Clu Gulager, James Karen, Don Calfa, Thom Mathews, Beverly Randolph, John Philbin, Jewel Shepard, Miguel A. Núñez Jr., Brian Peck, Linnea Quigley, Mark Venturini, Jonathan Terry…

Scénario : Dan O’Bannon, d’après une histoire de Rudy Ricci, John A. Russo et Russell Streiner

Photographie : Jules Brenner

Musique : Matt Clifford

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 1985

LE FILM

Le jour de son embauche dans un entrepôt médical, le jeune Freddy et son oncle, découvrent de vieux containers abandonnés par l’armée. En s’en approchant d’un peu trop près, les deux compères libèrent par erreur un gaz toxique ayant la particularité de ramener les morts à la vie. Rapidement le gaz se propage vers un cimetière voisin…

Les évènements décrits dans ce film ont eu lieu. Les noms sont ceux de personnes et d’entreprises réelles.

En 1985, Le Retour des morts-vivantsThe Return of the Living Dead sort quelques semaines avant Le Jour des morts-vivantsDay of the Dead de George A. Romero. Réalisé par Dan O’Bannon, scénariste de Dark Star de John Carpenter (1974), d’Alien, le huitième passager de Ridley Scott (1979), de Tonnerre de feu de John Badham (1983) et plus tard de Lifeforce (1985) et de L’Invasion vient de Mars (1986) de Tobe Hooper, sans oublier Total Recall de Paul Verhoeven (1990) et Planète hurlante de Christian Duguay (1995), ce « Retour » mise avant tout sur l’humour, mais n’oublie pas d’effrayer (gentiment) les spectateurs qui sont venus avant tout pour se distraire, avoir peur et s’amuser. Mission accomplie puisque non seulement Le Retour des morts-vivants sera un bien plus grand succès que Le Jour des morts-vivants en rapportant le double de dollars au box-office, mais il est aussi devenu instantanément culte.

Un vendredi soir, Frank et son neveu Freddy qui démarre dans l’entreprise UNEEDA, société de fournitures médicales, font l’inventaire de l’entrepôt. Accidentellement, ils libèrent un gaz toxique d’un conteneur militaire stocké dans la cave de l’entreprise depuis la fin des années soixante. Ce baril provient d’une livraison mal expédiée de l’armée et contient un zombie endormi, à l’origine du film La Nuit des morts-vivants. Pendant ce temps, Tina, la petite amie de Freddy, décide de l’attendre dans un cimetière voisin avec ses amis punks. Malheureusement pour eux, la maladresse de Frank et Freddy va déclencher une invasion de morts-vivants et transformer cette nuit en cauchemar.

En 1968, La Nuit des morts-vivants, coécrit par George A. Romero et John A. Russo, sort sur les écrans. Tourné avec un petit budget, c’est un immense succès, au point que le film demeure aujourd’hui l’une des productions indépendantes les plus rentables de l’histoire du cinéma. Les deux scénaristes se brouillent. En 1978, George A. Romero écrit seul et met en scène Zombie, également un très grand succès. De son côté, John A. Russo compte également revenir aux morts-vivants et écrit The Return of the Living dead. Revendu à un producteur indépendant, le scénario envisagé comme une suite logique à La Nuit des morts-vivants est proposé à Tobe Hooper et même John A. Russo pense le mettre en scène. C’est finalement le scénariste Dan O’Bannon, qui remanie le script et qui éloigne l’histoire originale jugée trop proche de l’univers de George A. Romero dont Le Jour des morts-vivants est annoncé en concurrence directe avec le leur. Dan O’Bannon est finalement choisi pour réaliser Le Retour des morts-vivants.

Si l’histoire contient quelques références à La Nuit des morts-vivants de Romero, le film de Dan O’Bannon privilégie l’humour, à la limite de la parodie, bien que le matériel de base soit respecté, tout en apportant quelques éléments inédits à l’instar des zombies qui parlent, courent et dont le cerveau détruit ne parvient pas à les exterminer. C’est ce qui fait la grande réussite du Retour des morts-vivants puisqu’il s’agit d’un véritable film de genre et de zombies, même si bourré de second degré. Dan O’Bannon n’a pas la prétention de dissimuler le côté série B d’épouvante et fantastique de son film. Sa mise en scène n’en est pas moins soignée, élégante, soutenue par un montage alerte, des effets spéciaux et maquillages réussis (mention spéciale à l’homme-goudron et à la femme-tronc), une bande originale explosive (The Cramps, 45 Grave, T.S.O.L., The Flesh Eaters, Roky Erickson, The Damned, SSQ…) et surtout un casting au diapason où tous les comédiens (Clu Gulager, Don Calfa, James Karen, Thom Matthews, Beverly Randolph, Jewel Shepard, Brian Peck…) prennent visiblement beaucoup de plaisir à se donner la tordante réplique.

Résultat, toute cette énergie est furieusement contagieuse, on rit énormément, les scènes d’action sont rudement menées, les scènes anthologiques s’enchaînent comme des perles sur un collier. N’oublions pas la touche sexy apportée par la participation de la scream queen Linnea Quigley (Trash), dont le striptease sur la pierre tombale a marqué les spectateurs, au point de devenir l’élément central de l’affiche du film dans certains pays, y compris dans nos contrées.

Référence du film de genre mêlant humour et gore, qui n’aura de cesse d’inspirer moult cinéastes (Edgar Wright pour Shaun of the Dead, Bienvenue à Zombieland de Ruben Fleischer), graphique, cartoonesque et au final aussi expédié que pessimiste, Le Retour des morts-vivants a donc tout à fait sa place aux côtés des opus mythiques du genre.

LE BLU-RAY

Le nouveau bébé du Chat qui fume est arrivé dans les bacs ! Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’éditeur continue sur sa lancée. Le Retour des morts-vivants débarque chez nous grâce au Chat noir de Stéphane Bouyer, dans une superbe édition combo Blu-ray/Double DVD, qui prend la forme d’un sublime Digipack à trois volets. La sérigraphie des disques est attrayante (surtout celle du DVD Bonus avec Linnea Quigley topless), tandis que le verso reprend les visuels américain, français (censuré) et italien. Le Digipack est glissé dans un surétui cartonné au visuel français cette fois non censuré. ÉDITION LIMITÉE A 2000 EXEMPLAIRES NUMÉROTÉS. Les menus principaux sont animés sur la formidable partition de Matt Clifford.

Et c’est parti pour 3h30 de suppléments !

Le premier module est un documentaire rétrospectif réalisé en 2011 par Bill Philputt, d’une durée de 2 heures et intitulé More brains ! A return to the living dead ! Essentiellement constitué d’interventions souvent drôles et enjouées du scénariste John A. Russo, du décorateur William Stout, du maquilleur Tony Gardner, du chef opérateur Jules Brenner, des comédiens Brian Peck, Linnea Quigley, Jewel Shepard, Allan Trautman, Don Calfa, Clu Gulager, Miguel A. Núñez Jr. et bien d’autres invités, ce module revient sur tous les aspects de la production du Retour des morts-vivants.

Sans langue de bois, les protagonistes abordent les conditions d’un tournage difficile (« une zone de combat » disent certains) avec un réalisateur parfois autoritaire qui pouvait malmener ses comédiens. Les soucis juridiques avec le projet concurrent de George A. Romero, le casting, les effets visuels, les maquillages, la bande originale, les scènes anthologiques, sans oublier la sortie, le très grand succès et le culte du film sont longuement évoqués à travers ce documentaire qui ravira les fans de base et les plus curieux des cinéphiles. Tout ce lot d’anecdotes se clôt sur l’apparition du cinéaste Dan O’Bannon (1946-2009), dans une interview visiblement réalisée peu de temps avant sa mort.

On passe ensuite à un entretien (2016-15’) avec le scénariste John A. Russo, qui avait coécrit La Nuit des morts-vivants avec George A. Romero en 1968, et qui est ici à l’origine du Retour des morts-vivants de Dan O’Bannon. Certes, la plupart des arguments avancés ont déjà entendu lors du documentaire rétrospectif, mais les propos de John A. Russo sont ici plus étayés, notamment en ce qui concerne son travail et sa relation avec Romero. S’il déclare ne s’être jamais disputé avec son ancien associé, le scénariste n’est pas peu fier d’avoir pris l’ascendant lors de la sortie quasi-simultanée de leurs films en 1985.

Après le scénariste, place aux responsables des effets spéciaux (2016-33’). William Stout (décorateur), le superviseur des effets visuels Gene Warren Jr., le comédien Brian Peck et les maquilleurs, avec d’un côté Bill Munns, de l’autre Kenny Myers et Craig Caton, abordent leur collaboration avec le réalisateur Dan O’Bannon, qui désirait s’éloigner du style de George A. Romero, avec des zombies rapides. Des photos de production, des storyboards et des dessins préparatoires illustrent des propos toujours francs, notamment lorsque Bill Munns explique que le metteur en scène l’a renvoyé à la moitié du tournage pour son travail jugé insuffisant et médiocre. Bill Munns s’explique en disant que le manque de temps et surtout d’argent ne lui permettait pas de réaliser son travail comme il le souhaitait, à l’instar du zombie jaune à la tête coupée. La production l’a ensuite remplacé par ses deux collègues également présents dans ce segment. Vous saurez tout sur la création de l’homme-goudron, le squelette qui sort de terre, la prothèse sexuelle de Linnea Quigley, la femme-tronc et les autres zombies.

Le Retour des morts-vivants fait la part belle à une bande-son punk-rock, alors peu en vogue dans le cinéma de genre à l’époque et qui aujourd’hui participe également à la réussite du film. Le bonus Party Times (2016-30’) convoque certains chanteurs et musiciens (Dinah Cancer, Greg Hetson…) dont les morceaux sont utilisés dans le film de Dan O’Bannon. The Cramps, 45 Grave, T.S.O.L., The Flesh Eaters, Roky Erickson, The Damned, SSQ, tous ces noms vont raviver beaucoup de souvenirs à certains fans, tandis que les consultants en musique Budd Carr et Steve Pross racontent comment tous ces groupes ont été rassemblés pour composer la B.O.

Les scènes inédites (12’) sont plus anecdotiques, puisque comme l’indique un carton en introduction, les séquences proviennet d’une version workprint, un premier montage qui servait de référence. Lors du montage final, Dan O’Bannon a préféré couper des débuts et des fins de scènes, afin de rendre son film plus dynamique. Certains dialogues ont également été coupés. A travers un montage réalisé à cette occasion, ces « morceaux » ont été replacés là où ils apparaissaient à l’origine.

On termine sur un document rare de cinq minutes, compilant des images de tournage (mises en musique) tournées en 8mm !

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce, le teaser (« Ils reviennent…et ils ne sont pas végétariens ! »), le film (VF, 1h27) en mode open matte (1.33 plein cadre, format dans lequel Dan O’Bannon a tourné Le Retour des morts-vivants), les bandes-annonces d’Opera, Sanctuaire et Lord of Illusions.

L’Image et le son

Le Retour des morts-vivants arrive dans les bacs français dans une superbe édition HD (1080p) entièrement restaurée. Le travail est impressionnant et l’image est très propre, débarrassée de toutes scories, poussières, griffures et autres résidus imaginables. Un soin particulier a été apporté afin que la texture originale du film, les détails, la structure du grain ne soient pas affectés par le traitement numérique. Ce nouveau transfert Haute Définition permet de redécouvrir le film de Dan O’Bannon sous toutes ses coutures avec une magnifique patine argentique. Cette élévation HD offre à la colorimétrie un nouveau lifting, qui retrouve un nouvel éclat. La gestion des contrastes demeure solide, y compris sur les très nombreuses scènes sombres. Pas de réduction de bruit à l’horizon et le piqué est très élégant. N’oublions pas la stabilité de la copie soutenue par un codec AVC exigeant.

En anglais comme en français, les deux mixages DTS-HD Master Audio 2.0 contenteront les puristes. Ces deux options acoustiques s’avèrent dynamiques et limpides, avec une belle restitution des dialogues et de la tonitruante musique du film. Les effets sont solides et le confort assuré. Pas de souffle constaté. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue verrouillé à la volée.

Crédits images : © Elephant Films / Metro-Goldwyn-Meyer Studios Inc/ All Rights Reserved / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / HHhH, réalisé par Cédric Jimenez

HHhH réalisé par Cédric Jimenez, disponible en DVD et Blu-ray chez TF1 Studio le 10 octobre 2017

Acteurs :  Jason Clarke, Rosamund Pike, Jack O’Connell, Jack Reynor, Mia Wasikowska, Stephen Graham, Céline Sallette, Gilles Lellouche…

Scénario : David Farr, Audrey Diwan, Cédric Jimenez, d’après le roman HHhH de Laurent Binet

Photographie : Laurent Tangy

Musique : Guillaume Roussel

Durée : 2h

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

L’ascension fulgurante de Reinhard Heydrich, bras droit d’Himmler et chef de la Gestapo, l’un des hommes les plus dangereux du régime. Lorsque Hitler le nomme à Prague pour diriger la Bohême-Moravie et élaborer un plan d’extermination définitif, deux jeunes soldats de la résistance, Jan Kubis et Jozef Gabcik se dressent face à lui. Leur mission : éliminer Heydrich.

HHhH, acronyme – jamais expliqué dans le film – pour Himmlers Hirn heißt Heydrich, qui signifie en allemand le cerveau d’Himmler s’appelle Heydrich, est l’adaptation du roman historique homonyme de Laurent Binet, publié en 2010 aux éditions Grasset, prix Goncourt du premier roman et traduit en vingt langues, relatant le véritable récit de l’Opération Anthropoid, durant laquelle deux résistants tchécoslovaques furent envoyés pour assassiner Reinhard Heydrich, chef de la Gestapo et des services secrets nazis. Le cinéaste français Cédric Jimenez (Aux yeux de tous, La French), s’empare de cette histoire romanesque à part entière et convoque un casting international pour son premier long métrage en langue anglaise.

Au début des années 1930, Reinhard Heydrich, militaire déchu renvoyé de la Reichsmarine, rejoint le nazisme sur la suggestion de sa femme Lina. Il devient alors le bras droit du chef de la SS naissante, Heinrich Himmler. Celui-ci le nomme en 1939 à la tête du RSHA, l’organe principal de police secrète et judiciaire du Reich, dont l’une des sections est la célèbre Gestapo. Principal adjoint de Himmler, il est l’un des hommes les plus puissants du régime. En septembre 1941, Hitler lui donne en complément les attributions de vice-gouverneur de Bohême-Moravie, la partie occupée de la Tchécoslovaquie : pour cela, il a des bureaux à Prague où il règne en maître, car le gouverneur en titre Konstantin von Neurath est vieillissant et malade. Comme Heydrich est resté chef du RSHA, il a aussi pour mission de mener à son terme le plan déjà entamé d’extermination des Juifs d’Europe : la « solution finale de la question juive ». Par ailleurs, ayant quitté la Tchécoslovaquie en 1939, le Tchèque Jan Kubiš et le Slovaque Jozef Gabčík sont engagés depuis 1940 aux côtés de la Résistance pour lutter contre l’occupation allemande. Après un entraînement prolongé en Grande-Bretagne, les deux jeunes soldats se portent volontaires pour une mission secrète aussi importante que risquée : éliminer le général de la police SS Heydrich. La veille de la Saint-Sylvestre 1941, ils sont parachutés à proximité de Prague et, pendant plusieurs mois, sont hébergés par des familles pragoises, dont les Moravec et les Novak. Jan fait ainsi la connaissance d’Anna Novak, mais il sait que sa mission doit passer avant l’amour.

A l’instar de ses deux précédents films, Cédric Jimenez fait preuve d’un véritable savoir-faire derrière la caméra. Sa mise en scène spectaculaire démontre un vrai sens visuel. Comme pour Aux yeux de tous et pour La French, la forme l’emporte malheureusement sur le fond et demeure glacial. L’ascension fulgurante de Reinhard Heydrich, militaire déchu, entraîné vers l’idéologie nazie par sa femme Lina est un sujet en or, mais HHhH apparaît finalement plus comme une démonstration technique, impressionnante certes, mais qui laisse quelque peu le spectateur en dehors. L’assassinat de Reinhard Heydrich avait déjà inspiré le cinéma, à l’instar de Fritz Lang avec son formidable Les Bourreaux meurent aussi, réalisé juste après la mort du Reich Protektor, ou bien encore Douglas Sirk pour Hitler’s Madman, également sorti en 1943 et même encore dernièrement Sean Ellis avec son Opération Anthropoid sorti en 2016, avec Jamie Dornan, Cillian Murphy et Charlotte Le Bon. Disposant d’un budget de près de 30 millions d’euros, Cédric Jimenez soigne chaque plan et semble finalement plus intéressé par ses effets de style (ralentis, atmosphère vaporeuse), que par l’histoire, ou plutôt les deux récits entrecroisés qu’il raconte.

Rien à redire sur les comédiens. Jason Clarke (Zero Dark Thirty, La Planète des Singes : L’Affrontement, Terminator: Genisys) joue admirablement de son regard polaire et de son terrifiant visage anguleux, tout en laissant transparaître l’homme derrière le monstre. Même chose pour Rosamund Pike avec son élégance ambigüe, dont on regrette le sacrifice du personnage à mi-temps, même si l’aura du couple principal plane sur le reste du film. Jack O’Connell (l’une des grandes révélations du cinéma britannique depuis dix ans), Jack Reynor (vu dans Detroit et Sing Street), la lumineuse Mia Wasikowska, sans oublier la participation des français Gilles Lellouche et Céline Salette, déjà présents dans La French, complètent un casting exceptionnel.

Si HHhH manque d’âme et croule sous la musique – pourtant belle – de Guillaume Roussel, l’histoire ne laisse pas indifférent, même si la seconde partie, celle consacrée aux résistants, n’a pas autant d’impact que celle centrée sur Heidrich. On se laisse finalement emporter par ce flux d’images et par des séquences d’action et d’affrontements efficaces et divertissantes.

LE BLU-RAY

Le test de l’édition Haute-Définition de HHhH, disponible chez TF1 Studio, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

On commence les suppléments par un making of (22’) essentiellement constitué d’entretiens avec le réalisateur Cédric Jimenez (in english « in ze text »), les comédiens Jason Clarke, Rosamund Pike et Jack Reynor, mais aussi de quelques images de tournage. Le metteur en scène revient sur sa découverte du roman de Laurent Binet et sur la proposition du producteur Ilan Goldman de le transposer au cinéma. Plus basiques, les acteurs interviennent sur les personnages et leurs motivations.

A cela s’ajoute un formidable et passionnant entretien (46’) de Johann Chapoutot, professeur d’histoire contemporaine à la Sorbonne. Ce spécialiste du nazisme explore la vie, la personnalité, la carrière, l’ascension, la mort et ses conséquences de Reinhard Heydrich, les étapes successives (montrées ou non dans le film de Cédric Jimenez) et circonstances sociales et politiques qui l’ont conduit à rejoindre la SS. Si divers extraits de HHhH illustrent parfois trop longuement cette présentation, ce module très informatif est exposé brillamment. Dans la dernière partie, Johann Chapoutot évoque l’apparition du personnage d’Heydrich au cinéma et dans le domaine littéraire. Il donne également son avis sur le livre (qu’il encense) et le film HHhH, affirmant que ce dernier est digne du livre dont il est tiré.

L’Image et le son

TF1 Studio prend soin du service après-vente du film de Cédric Jimenez. Voici donc un très beau master HD. Respectueuse des volontés artistiques originales concoctées par Laurent Tangy, qui avait précédemment signé la photographie de La French, Radiostars et 20 ans d’écart, la copie de HHhH se révèle un petit bijou technique avec des teintes vives et malgré tout réalistes, un grain argentique palpable (tournage réalisé en 35mm), le tout soutenu par un encodage AVC solide. Le piqué, tout comme les contrastes, sont tranchants, les arrière-plans sont magnifiquement détaillés, le relief omniprésent et les détails foisonnants sur le cadre large. Malgré tout, signalons que les séquences en basse lumière manquent de définition par rapport au reste, mais rien de rédhibitoire. Le Blu-ray était l’écrin tout désigné pour découvrir ce film qui mérite une seconde chance après un résultat décevant dans les salles.

L’éditeur a également soigné le confort acoustique et livre deux mixages DTS-HD Master Audio 5.1 français et anglais, aussi probants dans les scènes d’action et de fusillades que dans les séquences plus calmes. Les pics de violence peuvent compter sur une balance impressionnante des frontales comme des latérales. Les effets annexes sont omniprésents et dynamiques, les voix solidement exsudées par la centrale, tandis que le caisson de basses souligne efficacement chacune des séquences au moment opportun. La spatialisation musicale est luxuriante avec un net avantage pour la version originale. L’éditeur joint également une piste Audiodescription ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue verrouillé à la volée. 

Crédits images : © TF1 Studio / Mars Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / La Ballade des Dalton, réalisé par René Goscinny et Morris

LA BALLADE DES DALTON réalisé par Morris et René Goscinny, disponible en Blu-ray le 21 novembre 2017 chez Citel Vidéo

Acteurs :  Roger Carel, Georges Atlas, Daniel Ceccaldi, Jacques Balutin, Xavier Depraz, Pierre Tornade, Jacques Deschamps, Gisèle Grimm, Michel Elias, Bernard Haller, Jacques Fabbri, Gérard Hernandez, Henri Labussière, Roger Lumont, Jacques Legras, Jacques Morel, Ada Lonati, Henri Poirier, Lawrence Riesner, Pierre Trabaud, Jean-Marc Thibault, Rosy Varte, Henri Virlojeux, René Goscinny…

ScénarioRené Goscinny, Morris, Pierre Tchernia

Musique : Claude Bolling

Durée : 1h23

Date de sortie initiale : 1978

LE FILM

Les Dalton prennent la poudre d’escampette pour toucher l’héritage de feu Tonton Dalton. Une seule condition: assassiner le jury qui a condamne le respectable vieil homme.

Lucky Luke – Daisy Town ayant été un très grand succès en Europe, il était certain que L’Homme qui tire plus vite que son ombre ferait son retour sur le grand écran. En 1978, débarque sur les écrans La Ballade des Dalton, LE chef d’oeuvre du cowboy solitaire au cinéma. Si finalement Lucky Luke laisse la vedette aux quatre frangins à moustaches, Joe, William, Jack et Averell, l’humour y est dévastateur, le film enchaîne les gags pendant 1h20 et demeure aujourd’hui une immense référence.

Les frères Dalton purgent leurs 4200 ans de travaux forcés lorsqu’ils apprennent la mort « naturelle » (« c’est une consolation ») par pendaison de leur cher Tonton Henri. Dans son testament, le vieil homme leur lègue toute sa fortune à deux conditions : qu’ils suppriment les huit membres du jury et le juge responsable de sa condamnation et que Lucky Luke – seul homme honnête et digne de confiance qu’ait connu Tonton Henri ! – confirme au notaire la bonne exécution de cette clause obligatoire. Sans plus attendre, les quatre coyotes s’évadent pour entamer leur drôle de ballade. Si les Dalton échouent, tout le magot d’Henry Dalton ira aux bonnes œuvres. Joe promet à Lucky Luke une part de l’héritage s’il accepte de le faire (tout en voulant le tuer à la fin), Lucky Luke accepte mais ce n’est qu’apparence. Il s’assure en fait que chacun survive tout en faisant croire aux Dalton qu’ils réussissent.

Les cibles répondent au nom de Ming Li Foo, un blanchisseur chinois, Thaddeus Collins, un directeur de prison (d’où les détenus se sont tous évadés), Plume de serpent, un sorcier indien qui vit au milieu du Désert de la soif, Dr Aldous Smith, un charlatan alcoolique (qui ressemble comme deux gouttes d’alcool au comédien américain W.C. Fields), Tom O’Connor, un chercheur d’or, Sam Game, un joueur de poker reconverti en prêcheur, Bud Bugman, un conducteur de train, Mathias Bones, un croque-mort (accompagné de son vautour), ainsi que le juge Groovy qui a condamné Henri Dalton.

Conscients que la meilleure transposition d’une bande dessinée au cinéma se rapproche plus du film à sketches reliés entre eux par un fil rouge, Morris et René Goscinny, aidés par leur complice Pierre Tchernia au scénario et par Henri Gruel et Pierre Watrin à la mise en scène, reprennent pour ainsi dire la même structure que Les Douze travaux d’Astérix sorti en 1976. Lâcher les Dalton dans la nature sous la surveillance de Lucky Luke, pour qu’ils puissent décimer tous les membres d’un jury avec le juge en sus, donne l’opportunité aux réalisateurs d’imaginer neuf petites histoires. Et c’est absolument formidable encore quarante ans après. Si Lucky Luke – Daisy Town était déjà une grande réussite, La Ballade des Dalton est un véritable coup de maître écrit et réalisé par des génies absolus.

Sur un rythme trépidant, les spectateurs, petits et grands, suivent ces aventures originales (l’album adapté du film sera édité plus tard) aux répliques hilarantes, aux situations et gags anthologiques et aux magnifiques couleurs. Une scène parmi tant d’autres, celle du rêve onirique de Joe Dalton après que ce dernier et ses frères se soient fait droguer par un sorcier indien, montre la fratrie plongée dans un monde de comédies musicales. C’était ici l’occasion pour René Goscinny de rendre hommage au cinéma hollywoodien qu’il affectionnait, Chantons sous la pluie, White Christmas, Le Bal des sirènes, Ziegfield Follies. Malheureusement, René Goscinny, décédé le 5 novembre à l’âge de 51 ans, n’a pas pu voir le résultat final.

La Ballade des Dalton bénéficie d’un plus grand budget (ici 12 millions de francs) que Daisy Town et cela se voit à l’écran. Quelques chiffres éloquents : 800 plans, 500 décors, 560.000 dessins. Ajoutons à cela une merveilleuse bande originale signée Claude Bolling qui reste à jamais gravée dans les mémoires, ainsi qu’un casting vocal exceptionnel. Daniel Ceccaldi remplace Marcel Bozzuffi pour Lucky Luke, René Goscinny lui-même prête sa voix à Jolly Jumper, Bernard Haller interprète Rantanplan (« on a volé la prison ! »), les Dalton sont incarnés par Pierre Trabaud (Joe), Jacques Balutin (William), Gérard Hernandez (Jack) et Pierre Tornade (Averell). Les amis et complices de Goscinny et de Tchernia participent également à l’immense réussite de ce « road-movie » comme Jacques Legras (le notaire Augustus Betting), Roger Carel (Ming Li Foo, Mathias Bones, le crieur de journaux, Juan le Méxicain), Jacques Morel (Sam Game), Jean-Marc Thibault (Aldous Smith) ou bien encore Jacques Fabbri (Thadeus Collins).

L’animation est plus fluide, le trait plus fin, bref, c’est un régal de chaque instant. La Ballade des Dalton sort le 24 octobre 1978, presque un an après le décès brutal de René Goscinny. C’est aussi le dernier long métrage d’animation produit par les Studios Idéfix qui allait fermer ses portes.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de La Ballade des Dalton, disponible chez Citel Vidéo, repose dans un boîtier classique de couleur bleue. La jaquette indique cette fois « Nouveau Master Haute Définition », même si le visuel aurait pu être plus attractif. Le menu principal est animé et musical.

Le must sur cette édition HD est bien entendu son image restaurée, mais pas ses suppléments qui se résument uniquement à la bande-annonce originale, ainsi qu’un comparatif avant/après la restauration.

L’Image et le son

Il aura fallu attendre la fin de l’année 2017 pour posséder enfin La Ballade des Dalton en Haute-Définition dans nos contrées ! L’image est présentée dans son format original 1.66 et a surtout été entièrement restaurée à partir du négatif original 35mm, par Mediatoon Distribution aux laboratoires Eclair. Tout cela a été scanné en 4K avant de connaître une restauration très poussée en 2K. Voilà un dépoussiérage de premier ordre ! On attendait impatiemment la sortie en Blu-ray du chef d’oeuvre de Morris et Goscinny. C’est superbe. Les couleurs bleues, jaunes et rouges retrouvent un éclat inespéré, le grain original est heureusement respecté, la clarté est évidente et les contrastes revus à la hausse. L’image est stable, propre comme elle n’a jamais été, sans griffures. Si l’on remarque encore quelques effets de pompages sur certains aplats, qui auraient été difficiles à équilibrer sans dénaturer les volontés artistiques, ou bien encore diverses scènes marquées par des points blancs (le dernier pétage de plomb de Joe Dalton au tribunal), revoir La Ballade des Dalton dans ces conditions contribue à sa postérité et n’a pas fini de faire de nouveaux adeptes parmi le jeune public.

Il n’y a pas que l’image qui a bénéficié d’un lifting, par le désormais incontournable Studio L.E. Diapason, qui s’occupe entre autres de la restauration sonore sur les titres du patrimoine chez Pathé. L’unique piste DTS-HD Master Audio Mono 2.0 est beaucoup plus dynamique, propre et vif que celui de Lucky Luke – Daisy Town, qui restait souvent étriqué avec des échanges aigus. Ce nouveau mixage fait ici la part belle à l’extraordinaire bande originale signée Claude Bolling, que nous n’avions jamais entendu avec autant de coffre. Aucun souffle, pas de saturation, tout est net. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © DARGAUD Productions, René Goscinny Productions / Idéfix Studio /  Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr