Test Blu-ray / Les Faucons de la nuit, réalisé par Bruce Malmuth

LES FAUCONS DE LA NUIT (Nighthawks) réalisé par Bruce Malmuth, disponible en DVD et Blu-ray le 4 septembre 2018 chez L’Atelier d’images

Acteurs : Sylvester Stallone, Rutger Hauer, Billy Dee Williams, Lindsay Wagner, Persis Khambatta…

Scénario : David Shaber

Photographie : James A. Contner

Musique : Keith Emerson

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

Wulfgar, le terroriste le plus redouté d’Europe, annonce son arrivée à New York de façon explosive. Deke DaSilva de la brigade anti-terroriste se voit alors confier une mission quasiment impossible : le traquer et l’appréhender avant qu’il ne frappe à nouveau…

Propulsé star internationale du jour au lendemain après le triomphe critique et public de Rocky, Sylvester Stallone décide immédiatement de ne pas rester enfermé dans ce rôle. Il enchaîne avec FIST de Norman Jewison, puis joue et réalise La Taverne de l’enferParadise Alley, sa première mise en scène. Les deux films sont des échecs. Pour se refaire, il écrit, réalise et interprète la suite de Rocky en 1979, grâce auquel il renoue avec le succès. Il reçoit ensuite le scénario – un temps envisagé pour un troisième French Connection ! – des Faucons de la nuit, encore intitulé A.T.A.C., qui signifie Anti-terrorist Action Command, titre finalement laissé de côté en raison de la sortie précédente de F.I.S.T. Gary Nelson, réalisateur d’Un vendredi dingue, dingue, dingue (1976), du Trou noir (1979) et de moult séries télévisées est alors choisi pour mettre en scène le film. Seulement voilà, il est renvoyé une semaine après le début des prises de vues en raison de divergences artistiques avec Sylvester Stallone et les producteurs. Si dans un premier temps le comédien reprend le flambeau, le syndicat de la DGA (la Directors Guild of America) s’en mêle et interdit que le comédien remplace Gary Nelson. Le cinéaste Bruce Malmuth est alors engagé, tandis que Sylvester Stallone reprend le scénario pour l’arranger à sa sauce. Le tournage reprend. Au montage, le personnage de Lindsay Wagner est quasiment évincé du récit et tout est fait pour mettre la star en valeur. A sa sortie, Les Faucons de la nuit Nighthawks est un échec commercial important. Près de quarante ans après, ce thriller quelque peu bancal, est pourtant toujours aussi divertissant et mérite d’être reconsidéré.

Heymar ‘Wulfgar’ Reinhardt, terroriste international, pose une bombe à Londres puis il vient à Paris y subir une opération de chirurgie esthétique. Peu après, il s’envole pour New York où il a l’intention de mettre la ville à feu et à sang. Interpol forme, in extremis, une brigade anti-Wulfgar. Le policier new-yorkais Deke DaSilva, ancien de la guerre du Viêt Nam n’est pas satisfait de la proposition de ses supérieurs qui désirent le muter dans une section antiterroriste car il aime son travail. On réserve le même sort à son collègue de travail et ils seront rapidement obligés de livrer bataille.

Désireux de montrer qu’il peut interpréter autre chose que Rocky, Sylvester Stallone décide tout d’abord de changer de tête et de look. Visiblement très inspiré par Serpico de Sidney Lumet, Sly se fait donc la coupe et la barbe d’Al Pacino, adopte la démarche chaloupée de John Travolta dans La Fièvre du samedi soir et s’en va déloger les caïds dans leurs repaires miteux des bas-fonds de New York. S’il n’y a rien à redire sur sa performance, on pourra tiquer en revanche sur ses partis pris de faire apparaître son personnage déguisé en vieille dame afin d’attirer la racaille. Si le film est également resté célèbre, c’est aussi pour sa dernière séquence qui tire légèrement vers le nanar, durant laquelle DaSilva décide une fois de plus de se grimer en femme (décidément) avec perruque longue et chemise de nuit, pour tromper Wulfgar, bien décidé à assassiner la compagne de son adversaire. Si l’on excepte ces fautes de goût, alors Les Faucons de la nuit reste une bonne série B ponctuée par quelques moments d’anthologie.

La poursuite dans le métro (mise en scène par Stallone) n’est pas sans rappeler celle de French Connection, toutes proportions gardées bien sûr, la séquence de la discothèque est aussi rondement menée, excellemment photographiée et mise en scène. Sylvester Stallone est bourré de charisme, même s’il peut parfois en faire des caisses, son acolyte Billy Dee Williams (Lando Calrissian dans L’Empire contre-attaque et Le Retour du Jedi) ne joue pas les faire-valoir, Lindsay Wagner, bien que peu présente à l’écran, est sublime. C’est aussi l’une des rares occasions de voir Sylvester Stallone se faire voler littéralement la vedette, ici par Rutger Hauer dans sa première incursion hollywoodienne, où il crève littéralement l’écran. Si le premier acte met un peu de temps à se mettre en place et pâtit d’un humour maladroit, d’un aller-retour entre les deux personnages principaux à travers un montage peu inspiré et au rythme en dents de scie, le second instaure une prenante chasse à l’homme, qui se clôt dans un dernier acte rendu célèbre pour sa prise d’otages d’une délégation des Nations Unies dans le Roosevelt Island Tramway au-dessus de l’East River.

En dépit d’un prologue – involontairement – amusant et d’un final quelque peu grotesque, Les Faucons de la nuit est et demeure un polar urbain tendu bien emballé et interprété, typique de son époque, des décors aux costumes (aaah les pattes d’eph!) en passant par son excellente B.O. signée Keith Emerson, que l’on a plaisir à revoir.

LE BLU-RAY

Après être passé tour à tour chez Universal, Lancaster puis Seven7, Les Faucons de la nuit atterrit dans l’escarcelle de L’Atelier d’images où il est enfin choyé puisque l’éditeur reprend les bonus et le même master disponibles chez Shout ! Factory, en agrémentant le tout d’un véritable cadeau pour les admirateurs de Stallone. Le disque repose dans un sublime Steelbook au visuel clinquant, mettant en valeur un Sly barbu et taciturne. Le menu principal est animé et musical.

Plus de 90 minutes de suppléments et sept entretiens !

On commence par le plus « dispensable », autrement dit l’interview du conseiller technique Randy Jurgensen (11’). L’intéressé cherche quelque peu ses mots, mais indique néanmoins pourquoi et comment Gary Nelson a été purement et simplement viré du tournage des Faucons de la nuit après une semaine de prises de vue. Ce qui a également entraîné son éviction du plateau puisque Randy Jurgensen était le consultant de Gary Nelson.

Place au producteur Herb Nanas (16’) ! S’il n’apparaît pas à l’écran puisqu’il s’agit ici d’un entretien téléphonique diffusé sur une photo fixe tirée du film, le producteur, qui fut également le manager personnel de Sylvester Stallone avant même qu’il tourne son premier Rocky, partage ses souvenirs avec entrain. La genèse des Faucons de la nuit, l’arrivée de Sly sur le projet, les intentions du film, le directeur de la photo James A. Contner, le casting (Nanas avait repéré Rutger Hauer dans Soldier of Orange de Paul Verhoeven), l’éviction de Gary Nelson, l’investissement de Stallone dans les scènes d’action, le rôle de Lindsay Wagner sacrifié au montage, sans oublier quelques anecdotes de tournage, Herb Nanas est prolixe et son intervention ne manque sûrement pas d’intérêt.

Plus courte est l’interview de la comédienne canadienne Catherine Mary Stewart (4’30). La ravissante actrice interprète le court rôle de la vendeuse rencontrée par Rutger Hauer dans une boutique londonienne au début du film. Elle évoque son audition en présence de Sylvester Stallone («Il était tout petit ! ») et partage quelques souvenirs liés au tournage avec Rutger Hauer, qui lui faisait peur et qui était à fond dans son personnage.

L’interview suivante démontre quel grand film ambitieux aurait pu être Les Faucons de la nuit. L’auteur Paul Sylbert, enregistré l’année de sa mort en 2016, revient en détails sur son histoire originale rejetée par les studios en raison de son réalisme (10’). Paul Sylbert aborde ses recherches réalisées dans les années 1970 sur le terrorisme, en particulier sur les actions de Carlos aka Le Chacal. Le sujet était alors très sombre et préméditait même huit ans avant, la prise d’otages de l’OPEP par Carlos en décembre 1975 à Vienne. Après avoir finalement repris son histoire (« car les studios chiaient dans leur froc »), qui atterrira ensuite dans d’autres mains, Paul Sylbert, dégoûté, reprendra finalement son activité de chef décorateur.

L’intervention la plus passionnante, la plus complète et la plus franche provient du directeur de la photographie James A. Contner (25’). Aujourd’hui réalisateur, le chef opérateur, ancien assistant et caméraman sur Superman de Richard Donner et Que le spectacle commence de Bob Fosse, aura fait ses débuts fracassants avec CruisingLa Chasse de William Friedkin et signera également les photos des Dents de la mer 3 et Incidents de parcours de George A. Romero. Les Faucons de la nuit était alors son troisième film. James A.Contner parle de son arrivée sur le projet, du tournage à Paris, Londres et New York, des partis pris, du renvoi de Gary Nelson (« Sly et lui n’étaient pas du tout sur la même longueur d’ondes ») et de son remplacement par Bruce Malmuth, la réécriture du scénario par Stallone (« qui a changé le point de vue du personnage de Rutger Hauer »), les conditions houleuses de tournage, etc. Ne manquez pas ce supplément !

L’une des plus grandes injustices des Faucons de la nuit, est de ne pas avoir rendu justice au personnage incarné par la comédienne Lindsay Wagner. Cette dernière, plus connue par le public pour son personnage de Super Jaimie, a enfin l’occasion de s’exprimer sur toutes ses scènes tournées et coupées au montage (10’30). L’actrice déclare qu’avant de s’engager sur ce film, elle désirait réorienter sa carrière pour devenir chanteuse. Jusqu’à ce qu’on lui propose ce rôle dans Les Faucons de la nuit, l’une de ses rares incursions au cinéma. On en apprend donc beaucoup plus sur ses scènes tournées avec Sylvester Stallone (« on a rarement vu Sly jouer de telles scènes d’amour »), finalement laissées sur le banc de montage pour concentrer l’action du film sur l’affrontement entre DaSilva et Wulfgar. La violence au détriment des sentiments des personnages. Lindsay Wagner explique s’être rendu compte de sa quasi-disparition du film en étant venue post-synchroniser sa seule scène conservée.

Le trésor de cette interactivité a été déniché par le spéléologue Jérôme Wybon. Il s’agit d’un reportage réalisé en 1978 par la télévision française, pour lequel Sylvester Stallone a accepté de se livrer et d’être suivi durant sa préparation pour Rocky II, la revanche (16’). Derrière son bureau, à la table de montage où il supervise le montage de son premier film en tant que réalisateur La Taverne de l’enfer, sur le ring en compagnie de Carl Weathers (on reconnaîtra la chorégraphie des combats) ou en pleine séance d’entraînement avec le bodybuilder Franco Colombu, Sylvester Stallone se confie sur la notoriété, sur son enfance, sur ses rôles précédents, sur sa condition physique, sur ses désirs en tant qu’artiste et même sur la mort.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et une large galerie de photos.

L’Image et le son

Nous n’avions jamais vu Les Faucons de la nuit dans de telles conditions ! Le master HD au format 1080p du film de Bruce Malmuth/Sylvester Stallone s’en sort remarquablement bien et fait honneur au support. La propreté de l’image apparaît d’emblée, des petits points blancs et griffures persistent peut-être, mais les quelques poussières subsistantes ne dérangent nullement. Grâce à cette élévation HD, les couleurs retrouvent une nouvelle vivacité, les contrastes sont renforcés et le piqué est vraiment agréable. Le codec AVC consolide l’ensemble, le grain original est respecté, le relief palpable sur les vues new-yorkaises et la profondeur de champ est inédite. La stabilité est de mise, les noirs sont concis, les détails précis. Les Faucons de la nuit affiche déjà près de quarante ans au compteur, la restauration est aussi flatteuse qu’harmonieuse et offre un confort de visionnage très convaincant pour (re)voir ce film devenu culte.

Les mixages anglais et français DTS-HD Master Audio Mono 2.0 distillent parfaitement la composition de Keith Emerson. La piste française manque peut-être un brin de dynamisme mais se révèle nettement suffisante et le doublage (Alain Dorval pour Sylvester Stallone, Claude Giraud pour Rutger Hauer, Jean-Claude Michel pour Nigel Davenport, Maïk Darah pour Persis Khambatta) est excellent. Au jeu des différences, la version anglaise l’emporte haut la main avec un rendu plus ardent des dialogues, même si la musique peut parfois donner l’impression de noyer sensiblement les échanges, et des ambiances naturelles. Les deux versions sont restaurées.

Crédits images : © Universal Studios / L’Atelier d’images / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test Blu-ray / Ceux qui m’aiment prendront le train, réalisé par Patrice Chéreau

CEUX QUI M’AIMENT PRENDRONT LE TRAIN réalisé par Patrice Chéreau, disponible en Édition Digibook Collector Blu-ray + DVD + Livret le 28 août 2018 chez TF1 Studio

Acteurs : Charles Berling, Pascal Greggory, Valeria Bruni Tedeschi, Bruno Todeschini, Sylvain Jacques, Roschdy Zem, Dominique Blanc, Olivier Gourmet, Jean-Louis Trintignant…

Scénario : Danièle Thompson, Patrice Chéreau, Pierre Trividic

Photographie : Eric Gautier

Durée : 2h02

Date de sortie initiale : 1998

LE FILM

Le peintre Jean-Baptiste Emmerich avait déclaré avant de mourir: « Ceux qui m’aiment prendront le train ». Et ils ont pris le train pour Limoges. Les amis, les vrais, les autres : les faux-jetons, les héritiers, la famille naturelle et non naturelle. Il y a des familles qui ne se réunissent qu’aux enterrements.

Quatre ans après La Reine Margot, son plus gros hit au box-office, Patrice Chéreau (1944-2013) s’associe à nouveau avec la scénariste Danièle Thompson pour son nouveau film, Ceux qui m’aiment prendront le train. Le projet est né d’une phrase – qui donne son titre au film de Patrice Chéreau donc – dite par le cinéaste François Reichenbach, qui avant ses obsèques avait déclaré vouloir se faire enterrer à Limoges, lui qui avait alors toute sa famille et ses amis à Paris. Danièle Thompson faisait partie du convoi en 1993. Mètre-étalon du film choral à la française, Ceux qui m’aiment prendront le train est rétrospectivement le troisième plus gros succès du cinéaste sur ses dix longs métrages. Porté par une critique dithyrambique à sa sortie en 1998, ce drame est devenu instantanément culte et reste emblématique de l’univers de Patrice Chéreau.

A 70 ans, Jean-Baptiste Emmerich, né à Limoges, artiste peintre, homosexuel, scandaleux et tyrannique, veut qu’on l’enterre à Limoges au cimetière de Louyat, berceau de sa famille. C’est par cette phrase qu’il règle ses dernières volontés, lui qui voyait arriver la mort et ne voulait pas partir en laissant les autres en paix. Dans un train, ses amis et ses amants se retrouvent pour un dernier hommage à l’artiste. Sous couvert d’enterrement, ce film dissèque une journée d’une quinzaine de personnages en crise, rassemblés autour d’un mort, dont la présence et le regard les faisait exister, qui ont perdu tout repère et se retrouvent obligés de se confronter les uns aux autres. Cet homme, en quittant ces vivants qu’il avait si fort influencés, les laisse face à des questions que sa présence faisait oublier.

Dès le départ en gare d’Austerlitz, et durant tout le trajet, des relations particulières se dévoilent ou se tissent : tandis que le couple de Claire et Jean-Marie s’effiloche, un coup de foudre réunit Louis et Bruno. Alors que tous se rassemblent autour du cercueil, de vieilles rancoeurs resurgissent. La caméra de Patrice Chéreau est sans cesse en mouvement, sur le quai d’une gare, dans un train bondé en direction de Limoges, dans la demeure du frère du défunt. Les êtres se rentrent dedans, s’observent, s’insultent, se confrontent. Les non-dits dévoilent beaucoup, les injures dissimulent encore plus. Les plus discrets ne sont pas forcément les plus innocents, les plus froids et distants révèlent une immense sensibilité et des blessures insoupçonnées.

Si les dialogues sont souvent abondants, pour ne pas dire trop écrits, Patrice Chéreau dirige ses comédiens (exceptionnels) d’une main de maître, en transformant le train en théâtre de la vie. Jean-Louis Trintignant, Charles Berling, Valeria Bruni Tedeschi, Vincent Pérez, Dominique Blanc, Roschdy Zem, Pascal Greggory, Bruno Todeschini, Olivier Gourmet, Thierry de Peretti, Guillaume Canet et Nicolas Maury et bien d’autres entrent en scène, certains sont plus furtifs que d’autres devant l’oeil du metteur en scène, mais chacun apporte sa note à la partition tenue par le chef d’orchestre. Parmi la troupe, si Jean-Louis Trintignant crève l’écran à chaque apparition, Vincent Perez reste inoubliable dans le rôle de Viviane, transsexuel en cours de traitement hormonal. Tout le reste des comédiens est au diapason, Valeria Bruni Tedeschi est explosive, Pascal Greggory glacial, Bruno Todeschini fragile comme le cristal.

Certains compareront Ceux qui m’aiment prendront le train au cinéma de Claude Lelouch. Il y a un lien effectivement, mais contrairement à l’emphase souvent irritante du premier, Patrice Chéreau imprègne chacune de ses scènes d’une âme, d’une volonté de vivre et de profiter de chaque instant, en mettant en valeur ses acteurs, plutôt que de vouloir se mettre à l’avant-plan constamment. En dépit de la bonne impression générale et de l’expérience à part entière qu’il représente, le film peut sembler inégal, parfois convenu et l’intérêt relatif, avec une B.O. qui confère à l’ensemble un aspect clipesque. Après un résultat mitigé dans les salles avec un peu plus d’un demi-million d’entrées dans les salles, Ceux qui m’aiment prendront le train est sélectionné au 51e Festival de Cannes, obtient onze nominations aux César en 1999 et se voit récompenser par les compressions des meilleurs réalisateur, second rôle féminin (Dominique Blanc) et photo (Eric Gautier).

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Ceux qui m’aiment prendront le train, disponible chez TF1 Studio, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le disque est estampillé du H de la collection Héritage. Le menu principal est animé sur une des séquences du film. Le Blu-ray s’accompagne également du DVD du film, glissés dans un boîtier Digibook avec un livret.

Etrange, nous ne trouvons qu’un seul supplément sur cette édition. Il s’agit d’un entretien avec Patrice Chéreau (18’30) réalisé à l’occasion de la sortie de Ceux qui m’aiment prendront le train dans les salles. Installé dans un fauteuil SNCF disposé devant la gare de Limoges, le cinéaste, visiblement épanoui, revient sur la genèse, les conditions de tournage, les personnages et les thèmes de son long métrage qui avait été présenté sur la Croisette quelques jours auparavant. Des images de tournage illustrent également ce bonus, avec une intervention de Jean-Louis Trintignant.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Ceux qui m’aiment prendront le train a été restaurée 4K par les laboratoires L21 à partir du négatif original, tandis que l’étalonnage a été supervisé par le chef opérateur Eric Gautier. Le rendu est pointilleux avec un piqué acéré et des détails éloquents, y compris sur les très nombreuses séquences « heurtées » capturées caméra à l’épaule. Les couleurs retrouvent une clarté évidente, la copie est très propre, la luminosité est constante et le grain original respecté. Les scènes sombres sont peut-être un peu moins définies, mais ce lifting sied bien au classique de Patrice Chéreau.

L’unique piste DTS-HD Master Audio 5.1 parvient à équilibrer les dialogues, les ambiances et la bande-originale du film de façon naturelle, sans en faire trop et en respectant le mixage originale. Les voix des comédiens sont solidement plantées sur la centrale, tandis que la musique environne joliment les spectateurs. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © TF1 Studio / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Gringo, réalisé par Nash Edgerton

GRINGO réalisé par Nash Edgerton, disponible en DVD et Blu-ray le 10 septembre 2018 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs :  David Oyelowo, Charlize Theron, Joel Edgerton, Amanda Seyfried, Thandie Newton, Sharlto Copley, Bashir Salahuddin, Glenn Kubota, Melonie Diaz, Harry Treadaway, Theo Taplitz, Paris Jackson…

Scénario : Anthony Tambakis, Matthew Stone

Photographie : Eduard Grau

Musique : Christophe Beck

Durée : 1h51

Année de sortie : 2018

LE FILM

Harold Soyinka travaille pour un groupe pharmaceutique dirigé par Elaine Markinson et Richard Rusk. Lorsque ces derniers décident de se lancer dans le commerce lucratif du cannabis médical, ils envoient Harold au Mexique pour le lancement de leur nouvelle usine de production. Ignorant que la société qu’il représente a trahi un dangereux cartel local, l’employé modèle échappe de justesse à un enlèvement. Perdu au fin fond du Mexique, réalisant que ses patrons ont tout intérêt à le voir disparaître, pourchassé par les tueurs du cartel et un mercenaire implacable, Harold ne peut compter que sur lui-même s’il veut rester en vie.

Belle découverte que ce Gringo, réalisé par Nash Edgerton, dix ans après son premier coup d’essai intitulé The Square, à ne pas confondre avec l’immonde film de Ruben Östlund. A la base, l’australien né en 1973 est un cascadeur réputé, qui a officié sur une quantité phénoménale de films en tout genre comme Street Fighter – L’ultime combat, La Ligne rouge, la trilogie Matrix, Star Wars: Épisode II – L’attaque des clones, Zero Dark Thirty. S’il assure très souvent la doublure d’Ewan McGregor, il exécute surtout les scènes à risques pour le compte de son propre frère, le comédien Joel Edgerton. Depuis 1996, Nash Edgerton n’a eu de cesse de tourner des courts-métrages, souvent primés, qui démontraient son aisance à emballer des scènes d’action et à diriger solidement ses comédiens. Portée par un casting quatre étoiles, la comédie noire Gringo emballe du début à la fin et impose le réalisateur comme un metteur en scène à suivre de près.

David Oyelowo, Charlize Theron, Joel Edgerton, Amanda Seyfried, Thandie Newton, Sharlto Copley réunis dans un même film ! Si le premier est excellent, aussi drôle qu’attachant et émouvant, nous n’avons d’yeux que pour Charlize Theron. La comédienne, également productrice ici, crève l’écran à chaque apparition avec ses tailleurs cintrés et ses cheveux blonds platine, mais aussi et surtout pour son langage fleuri, son regard glacial et son immense sens de l’humour, que peu de réalisateurs ont su jusqu’à présent mettre en valeur. Devant cette femme fatale castratrice, pète-sec, nymphomane, arriviste et manipulatrice, le mâle Joel Edgerton fait profil bas. Mais il n’est pas en reste et incarne un homme d’affaires puant et lâche, qui n’hésite pas à sacrifier l’un de ses meilleurs, ou plutôt l’un de ses plus vieux amis, dans le seul but de s’enrichir et de sauver son entreprise. Plus discrètes, mais néanmoins lumineuses à l’écran, Amanda Seyfried et Thandie Newton composent des personnages satellites qui conduiront Harold à prendre ses responsabilités, d’une part pour survivre en milieu hostile, le Mexique donc, mais aussi pour retrouver sa dignité, lui que l’on a trop souvent considéré comme étant l’employé sans intérêt et à la petite vie trop tranquille.

La bonne surprise vient également de l’acteur Sharlto Copley. Habituellement insupportable – ses prestations dans les navets Elysium, Open Grave, Europa Report et Hardcore Henry étaient on ne peut plus irritantes – la révélation de District 9 de Neill Blomkamp est ici beaucoup plus sobre qu’à son habitude. Son rôle de mercenaire qui tente de se racheter une conscience en participant à des œuvres humanitaires est contre toute attente l’un des plus ambigus du film. Signalons également la première apparition à l’écran de Paris Jackson, la fille du King of Pop.

Au-delà ses comédiens en très grande forme, Nash Edgerton fait preuve d’un réel talent derrière la caméra. La mise en scène est très élégante, tout comme la photographie du talentueux chef opérateur Eduard Grau (Buried, A Single Man), le rythme est peut-être lent, mais toujours maîtrisé. Le cinéaste distille ses séquences d’action avec parcimonie et privilégie la psychologie des personnages, à travers un scénario à tiroirs à l’écriture très maîtrisée, signé Matthew Stone (Intolérable Cruauté). Gringo est une indéniable réussite.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Gringo, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est légèrement animé et musical.

Quatre featurettes (14 minutes au total) présentent rapidement les personnages, les enjeux, les partis pris, les cascades et les intentions de Gringo. Le réalisateur, les comédiens, la chef décoratrice et les producteurs interviennent brièvement en mode promo et quelques images de plateau dévoilent l’envers du décor.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces et des liens internet.

L’Image et le son

La photographie léchée du chef opérateur Eduard Grau trouve avec cette édition HD un magnifique écrin qui restitue brillamment ses partis-pris esthétiques d’origine avec des teintes froides pour les scènes tournées à Chicago, et évidemment plus chatoyantes pour la partie mexicaine. La définition est exemplaire comme bien souvent chez Metropolitan. Les noirs sont denses, le piqué affûté comme une lame de rasoir, les contrastes tranchants, les séquences diurnes lumineuses.

Comme pour l’image, l’éditeur a soigné le confort acoustique et livre deux mixages DTS-HD Master Audio 5.1 français et anglais, efficaces autant dans les scènes d’affrontements secs que dans les séquences plus calmes. Les quelques scènes plus agitées peuvent compter sur une balance impressionnante des frontales comme des latérales, avec les balles qui environnent le spectateur. Les effets annexes sont dynamiques, les voix solidement exsudées par la centrale, tandis que le caisson de basses souligne efficacement chacune des actions au moment opportun. Metropolitan livre également une piste française Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Metropolitan Vidéo / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / A Beautiful Day, réalisé par Lynne Ramsay

A BEAUTIFUL DAY (You Were Never Really Here) réalisé par Lynne Ramsay, disponible en DVD et Blu-ray le 5 septembre 2018 chez M6 Vidéo

Acteurs :  Joaquin Phoenix, Ekaterina Samsonov, John Doman, Alex Manette, Alessandro Nivola, Judith Roberts, Frank Pando, Jason Babinsky…

Scénario : Lynne Ramsay d’après le roman de Jonathan Ames, « Tu n’as jamais été vraiment là » (« You Were Never Really Here »)

Photographie : Thomas Townend

Musique : Jonny Greenwood

Durée : 1h29

Année de sortie : 2017

LE FILM

La fille d’un sénateur disparaît. Joe, un vétéran brutal et torturé, se lance à sa recherche. Confronté à un déferlement de vengeance et de corruption, il est entraîné malgré lui dans une spirale de violence…

Malgré l’engouement de la critique pour ses deux premiers longs métrages, Ratcatcher (1999) et Le Voyage de Morvern Callar (2002), récompensés par de nombreux prix dans les festivals, la réalisatrice écossaise Lynne Ramsay, née en 1969, devra attendre 2011 et We Need to Talk about Kevin pour se faire une renommée internationale. Oeuvre coup de poing, cette transposition du roman de Lionel Shriver offrait à l’incroyable Tilda Swinton l’un de ses meilleurs rôles et révélait Ezra Miller. Attendu au tournant avec son nouveau long métrage, Lynne Ramsay revient avec une libre adaptation du recueil de nouvelles de Jonathan Ames, You Were Never really Here, paru en 2013. Présenté en compétition officielle au 70e Festival de Cannes en 2017, le film a remporté le Prix du scénario, tandis que Joaquin Phoenix se voyait récompenser par le prix d’interprétation masculine. Si l’on pourra trouver la première distinction discutable, le comédien n’a pas volé ce prix. Magnétique, puissant, de tous les plans, l’acteur incarne un vétéran de guerre hanté par son passé, aux tendances suicidaires et qui survit financièrement en acceptant de réaliser des « extractions », comme un justicier de la nuit, armé d’un marteau, qui s’en prend à un vaste réseau pédophile impliquant notamment des politiciens. Le film ne fera certainement pas l’unanimité en raison de ses partis pris et A Beautiful Day vaut essentiellement pour son comédien principal, que l’on peut aisément qualifier de plus grand acteur du monde aujourd’hui.

Moins glaçant que We Need to Talk about Kevin, A Beautiful Day pâtit de son rythme languissant et de sa quasi-absence d’action. L’évolution du personnage principal est lente, peut-être peu crédible, mais Joaquin Phoenix lui apporte suffisamment d’ambiguïté, d’épaisseur (au sens propre comme au figuré) et son charisme extraordinaire (qui rappelle celui de Mel Gibson dans Blood Father) pour qu’on le suive finalement du début à la fin et grâce auquel on pardonne les points faibles. Si We Need to Talk about Kevin était un film difficile, âpre, cruel, qui laissait un goût amer dans la bouche, A Beautiful Day raconte l’histoire d’une rédemption, d’un retour possible à la vie. Les blessures seront toujours présentes, même si cicatrisées, et Joe apprendra finalement à vivre avec. Tous ces éléments se mettent en place après la projection. A Beautiful Day se visionne et se vit comme un trip. La cinéaste préfère suggérer les thèmes qu’elle souhaite aborder, en faisant confiance à l’intelligence et au ressenti du spectateur. Le premier visionnage peut franchement laisser perplexe, avec cette impression que le film ne raconte rien ou pas grand-chose. Puis, le portrait du personnage se construit à nouveau, des images se bousculent, des réactions de Joe prennent sens et donnent furieusement envie de tout revoir. A Beautiful Day se révèle à la seconde projection.

Une fois conditionné par les partis pris, les intentions de Lynne Ramsay éclatent alors aux yeux du spectateur. Si la critique s’est quelque peu emballée en comparant A Beautiful Day à Taxi Driver de Martin Scorsese, il n’en demeure pas moins que le quatrième long métrage de la réalisatrice s’approprie certains codes du thriller paranoïaque du cinéma américain des années 1970. Tourné essentiellement de nuit dans les rues de New York, A Beautiful Day est une œuvre plastiquement très recherchée et stylisée, aux teintes froides et métalliques, tandis que résonne la composition entêtante de Jonny Greenwood de Radiohead. Derrière ce vernis glacé, la psyché perturbée d’un homme entre deux âges est abordée par la cinéaste, par petites touches, révélant par strates, le trauma de son personnage.

Alors peu importe si Lynne Ramsay se laisse parfois aller à quelques séquences dites « arty » comme lors de cette plongée purificatrice du personnage principal, car A Beautiful Day, œuvre complexe et difficilement accessible, n’a de cesse de triturer les méninges longtemps après et révèle ses richesses insoupçonnées. Comme si ce que l’on pensait n’être que du zirconium s’avère en réalité un minéral de grande valeur.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de A Beautiful Day, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la musique de Jonny Greenwood.

En exclusivité sur le Blu-ray français, nous trouvons une formidable interview de la réalisatrice Lynne Ramsay, réalisée à Paris (15’). Si la prise de son laisse à désirer, la cinéaste se livre sur tous les aspects de A Beautiful Day en abordant la genèse du projet, la libre adaptation du roman de Jonathan Ames, le désir de prolonger le personnage principal par rapport au récit original, son amour pour les séries B et surtout sur sa collaboration avec Joaquin Phoenix. Les partis pris et ses intentions sont détaillés point par point, posément, sans oublier les conditions de tournage largement évoquées au fil de cet entretien passionnant.

Place à Joaquin Phoenix, enregistré lors de la présentation de A Beautiful Day sur la Croisette, d’où il allait repartir avec le prix d’interprétation masculine (12’). Si les questions sont banales, ce qui a l’air d’ennuyer quelque peu le comédien, les réponses sont claires, nettes, concises, Joaquin Phoenix n’hésitant pas à contredire la journaliste s’il n’est pas d’accord avec son interprétation.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Pour la superbe photo de son film, Lynne Ramsay s’est octroyée les services du chef-opérateur Thomas Townend (Attack the Block,We Need to Talk About Kevin). Armé de sa caméra numérique Arri Alexa XT, le directeur de la photographie plonge les personnages dans une pénombre froide et angoissante. Si nous devons vous donner un conseil, c’est de visionner A Beautiful Day dans une pièce très sombre afin de mieux profiter des volontés artistiques originales et des ambiances nocturnes. Le Blu-ray immaculé édité par M6 Vidéo restitue habilement la profondeur des contrastes et les éclairages stylisés, en profitant à fond de la Haute Définition. Le piqué est aiguisé comme la lame d’un scalpel, la copie d’une stabilité à toutes épreuves et les rares scènes diurnes sont lumineuses et parfaitement saturées. Ce Blu-ray (1080p) est superbe.

Les mixages anglais et français DTS-HD Master Audio 5.1 restituent merveilleusement les dialogues, la musique, les ambiances nocturnes foisonnantes de New York. La balance frontale est joliment équilibrée, les latérales interviennent évidemment sur toutes les séquences en extérieur. La spatialisation musicale est percutante et le confort acoustique assuré. Il en est de même pour les pistes Stéréo, de fort bon acabit, qui conviendront aisément à ceux qui ne seraient pas équipés sur la scène arrière. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © SND / M6 Vidéo / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Terminal, réalisé par Vaughn Stein

TERMINAL réalisé par Vaughn Stein, disponible en DVD et Blu-ray le 26 septembre 2018 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs :  Margot Robbie, Simon Pegg, Dexter Fletcher, Max Irons, Mike Myers, Katarina Čas, Nick Moran…

Scénario : Vaughn Stein

Photographie : Christopher Ross

Musique : Anthony Clarke, Rupert Gregson-Williams

Durée : 1h36

Année de sortie : 2018

LE FILM

Dans un terminal de gare comme coupé du monde où des assassins viennent chercher le contrat de leur prochaine mission débarque une femme fatale passée maître dans l’art du déguisement. Tueuse à gages, serveuse ou strip-teaseuse, la blonde létale use de tous les artifices pour se débarrasser de cette fourmilière du crime.

Etrange film que ce Terminal, premier long métrage de Vaughn Stein, ancien assistant et réalisateur de seconde équipe sur des films aussi variés que Pirates des Caraïbes: La fontaine de jouvence, Blanche-Neige et le chasseur, World War Z et Grimsby – Agent trop spécial. Tout ce « pot-pourri » d’influences a probablement nourri son désir de passer lui-même derrière la caméra. Scénariste et metteur en scène, Vaughn Stein livre donc Terminal, une œuvre atypique, qui lorgne sur Sin City de Frank Miller et Robert Rodriguez, mais aussi sur Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll, Dark City d’Alex Proyas, Usual Suspects de Bryan Singer, tout en s’appropriant d’autres codes du film noir américain des années 1940-1950. On pense également à La Lune dans le caniveau de Jean-Jacques Beineix avec ses personnages romanesques, son esthétique bigarrée et ses ruelles sombres, ici magnifiquement photographié par Christopher Ross (London to Brighton). Des références bien digérées. En dépit d’un manque de rythme et de dialogues abondants, on ne pourra pas reprocher à Terminal son originalité et surtout son incroyable maîtrise formelle qui comblera de nombreux cinéphiles.

Deux assassins professionnels sont engagés dans une mission suicide par un mystérieux employeur qui paye bien. Mais en route, le duo rencontre Annie, peut-être plus impliquée dans leur mission qu’elle ne le dit. Un scénario classique de film noir, mais ici bariolé avec des néons à profusion qui mettent en lumière les incroyables décors de cette œuvre qui s’inspire de la littérature et du cinéma dystopiques. Tourné en Bulgarie dans de véritables bâtiments laissés à l’abandon, Terminal foudroie d’emblée par son approche stylistique où chaque plan est savamment étudié. On plonge donc volontiers dans cet univers singulier, d’autant plus que l’on est invité à suivre la divine Margot Robbie, également productrice. Blonde platine, cigarette au bec, voix rauque, véritable femme fatale, la comédienne joue avec les clichés liés à son personnage, tout en y apportant une touche d’érotisme, pour ne pas dire de sexualité, qui font se damner les hommes qui croisent sa route.

Simon Pegg trouve l’un de ses rôles les plus ambigus, loin de sa gaudriole habituelle et prouve une fois de plus son immense talent. Outre la prestation vénéneuse de Dexter Fletcher (Arnaques, Crimes et Botanique, Kick-Ass) et celle de Max Irons (Les Âmes Vagabondes), jeune recrue au coeur qui saigne pour la blonde aux yeux verts, celui qui tire indéniablement son épingle du jeu est Mike Myers, dont la dernière apparition au cinéma remontait à 2009 dans Inglourious Basterds de Quentin Tarantino. Il est de retour ici dans un rôle à sa mesure, incroyablement grimé et métamorphosé. Seulement voilà, sans vraiment dévoiler l’épilogue, on se doute rapidement de la véritable nature de son personnage et le pseudo-climax ou twist tombe quelque peu à l’eau. Même chose, Vaughn Stein se perd malheureusement dans des dialogues bien trop explicatifs, là où il aurait gagné à laisser planer le mystère sur de nombreux points, comme l’identité de son personnage principal.

Mais bien qu’on se dise « finalement tout ça pour ça », Terminal est un coup d’essai très intéressant, d’autant plus que le réalisateur ne se laisse pas aller à la facilité, en perdant volontairement les spectateurs dans un récit kafkaïen. Pour résumer, Vaughn Stein a sans doute voulu mettre trop de choses dans son premier film. L’absence d’action et le manque de rythme pourront déstabiliser une audience en droit d’attendre que tout ce petit monde s’agite. Pour cela, il faut attendre une bonne heure, une fois que tous les éléments ont été mis en place comme des pièces sur un échiquier, pour que les protagonistes s’affrontent enfin. Les plus téméraires, ou tout simplement ceux qui auront été captivés par la beauté des images, seront alors bien récompensés puisque le dernier tiers réserve son lot de surprises et de règlements de comptes. Terminal dévoile un auteur et un réalisateur ambitieux, à surveiller de près.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Terminal, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal, légèrement animé et bruité, reprend le visuel de la jaquette.

Sur ce DTV, l’éditeur joint deux modules de six minutes chacun, consacrés aux décors du film, puis aux personnages. Les comédiens et le réalisateur, mais aussi le chef opérateur Christopher Ross et les décorateurs interviennent brièvement pour évoquer les intentions et les partis pris de Terminal. Les propos sont évidemment élogieux, tout le monde est en mode promo, tandis que diverses images dévoilent l’envers du décor.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.

L’Image et le son

Terminal a été intégralement tourné en numérique. L’édition Blu-ray est donc tout indiquée et même indispensable pour découvrir le film de Vaughn Stein, d’autant plus que cette édition HD est en tout point renversante de beauté. Les partis pris stylisés de la photographie signée Christopher Ross, sont magnifiquement restitués à travers ce transfert qui s’impose comme un disque de référence. Le cadre large fourmille de détails, les contrastes sont spectaculairement denses, le relief omniprésent, le piqué acéré comme la lame d’un scalpel et l’étalonnage spécifique des couleurs est conservé. Le codec AVC consolide tout cela avec une belle fermeté. Resplendissant. L’apport HD demeure omniprésent.

Dès la première séquence, l’ensemble des enceintes des pistes anglaise et française DTS-HD Master Audio 5.1 est mis à contribution aux quatre coins cardinaux. Les ambiances fusent de tous les côtés, la musique très présente bénéficie d’un traitement de faveur avec une large ouverture, plongeant instantanément le spectateur dans l’action. Les dialogues, y compris les voix-off, ne sont jamais pris en défaut et demeurent solidement plantés sur la centrale tandis que les effets ne cessent d’être balancés de gauche à droite, et des enceintes avant vers les arrières.

Crédits images : © Metropolitan Vidéo /  Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / First Kill, réalisé par Steven C. Miller

FIRST KILL réalisé par Steven C. Miller, disponible en DVD et Blu-ray le 4 septembre 2018 chez Studiocanal

Acteurs :  Bruce Willis, Hayden Christensen, Ty Shelton, Megan Leonard, Gethin Anthony, William DeMeo…

Scénario : Nick Gordon

Photographie : Brandon Cox

Musique : Ryan Franks, Scott Nickoley

Durée : 1h42

Année de sortie : 2017

LE FILM

Will et son fils Danny sont les témoins d’un règlement de comptes. Après avoir été forcé d’aider l’un des braqueurs, Will assiste impuissant à l’enlèvement de son fils. Pour espérer revoir ce dernier vivant, il va devoir coopérer avec les gangsters… à l’insu d’Howell, le chef de la police, qui mène l’enquête.

Décidément, on ne lâche plus le réalisateur Steven C. Miller. Alors que son nous venions de chroniquer le mauvais Evasion 2 : Le Labyrinthe d’Hadès avec Sylvester Stallone, le bougre annonçait déjà son retour avec un nouveau DTV, First Kill. Ce thriller est la troisième collaboration du metteur en scène avec Bruce Willis. Trois DTV en trois ans ! Ainsi donc, après Extraction et Marauders, débarque First Kill, dans lequel le comédien joue une fois de plus de sa moue boudeuse et de son regard de Droopy fatigué. Toutefois, le premier rôle échoue à l’ancien Anakin Skywalker (ne riez pas) Hayden Christensen, à qui la maturité sied bien. Nettement moins endive qu’à ses débuts, l’acteur de 37 ans fait preuve d’une crédibilité qu’on ne lui connaissait guère. Mais malgré toute la bonne volonté du monde, First Kill est un film raté. On ne croit pas une seconde à cette histoire, par ailleurs mal fagotée, bourrée de clichés, sans véritable rythme, même si l’on pourra apprécier les quelques hommages rendus au chef d’oeuvre de Clint Eastwood, Un monde parfait.

Hayden Christensen incarne Will, courtier à Wall Street, sa compagne Laura (Megan Leonard, zéro charisme, transparente) et leur fils Danny (Ty Shelton, qui s’en sort bien mieux que le reste du casting) passent quelques jours dans une maison de campagne, où il a vécu une partie de son enfance. Le jeune père souhaite en profiter pour recréer un lien avec son enfant au cours d’une partie de chasse. Mais les choses tournent mal quand les garçons sont les témoins d’une tentative de meurtre. Will décide de porter secours à l’homme blessé, sans savoir qu’il s’agit d’un dangereux braqueur. Une fois soigné, celui-ci – un dénommé Levi (Gethin Anthony, très bon) – enlève Danny et demande à Will de l’aider à mettre la main sur son butin.

Rien de bien original donc, et l’on a souvent beaucoup de mal à excuser toutes les fautes de (très) mauvais goût, notamment tout ce qui concerne ce rituel du passage à l’âge adulte à travers la chasse. Cette fascination pour les armes à feu est d’ailleurs très gênante, comme si un gamin américain ne pouvait pas devenir responsable et grandir normalement sans avoir fait ses preuves à la gâchette. Mais bon, passons…après il faut voir First Kill pour ce qu’il est. Une série B techniquement soignée, du moins autant que faire se peut (Les séquences tournées à l’aide d’un drone frôlent l’amateurisme), par un réalisateur abonné aux productions médiocres portées par quelques anciennes stars du box-office. Bruce Willis, Nicolas Cage, Sylvester Stallone, John Cusack, sont ainsi passés devant la caméra de Steven C. Miller. Mais celui qui s’en sort le mieux ici est incontestablement Gethin Anthony, Renly Baratheon de Game of Thrones et le Charles Manson de la série Aquarius. Si son rôle rappelle bien évidemment celui de Kevin Costner dans A Perfect World, le comédien tire son épingle du jeu et s’impose avec une belle sensibilité et un charisme qui écrase celui de ses partenaires. L’ami Bruce sort un peu de sa zone de confort, même si tout ce qui concerne son personnage est finalement sans surprise.

First Kill est un petit thriller honnête, pas détestable, divertissant, que l’on peut mettre en fond tout en faisant quelque chose d’autre et sans jamais perdre le fil.

LE FILM

Quelques semaines après Acts of Violence, le nouveau DTV de Bruce Willis déboule en DVD et Blu-ray dans les bacs. Le visuel de la jaquette fait évidemment la part belle à celui qui fût John McClane il y a très longtemps, ce qui attirera sûrement le chaland. Le menu principal est fixe et musical.

Aucun supplément.

L’Image et le son

« Bien, mais pas top » comme la mention du Commissaire Bialès lors de son entrée à l’école de police de Nice dans La Cité de la peur. Ce master HD de First Kill assure au niveau des gros plans, comme le crâne luisant de Bruce Willis, mais l’image saccade souvent et nous constatons également divers moirages. Même chose au niveau de la colorimétrie avec des teintes vertes qui bavent et qui ne flattent guère les mirettes. Sinon le piqué est à l’avenant, la clarté de mise et toutes les scènes tournées en forêt possèdent un relief évident.

Les mixages français et anglais DTS-HD Master Audio 5.1 créent un espace d’écoute suffisamment plaisant en faisant la part belle à la musique. Quelques ambiances naturelles (la pluie) et déflagrations percent les enceintes latérales sans se forcer mais avec une efficacité chronique, tandis que le caisson de basses distille ses effets avec ardeur comme lors de la poursuite. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue s’effectue via le menu contextuel.

Crédits images : ©GEORGIA FILM FUND 49, LLC / Studiocanal /  Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Hangman, réalisé par Johnny Martin

HANGMAN réalisé par Johnny Martin, disponible en DVD et Blu-ray le 5 septembre 2018 chez AB Vidéo

Acteurs :  Al Pacino, Karl Urban, Brittany Snow, Joe Anderson, Sarah Shahi, Sloane Warren, Chelle Ramos, Steve Coulter…

Scénario : Michael Caissie, Charles Huttinger

Photographie : Larry Blanford

Musique : Frederik Wiedmann

Durée : 1h38

Année de sortie : 2017

LE FILM

Un vétéran de la police, Ray Archer, et un jeune profiler, Will Ruiney, traquent ensemble un tueur en série qui s’inspire du jeu du Pendu pour tuer ses victimes et terroriser la population. Une journaliste, Christi Davies, les seconde dans leur traque.

En attendant un possible revival dans The Irishman de Martin Scorsese dans lequel il tiendra le rôle de Jimmy Hoffa, et dans Once Upon a Time in Hollywood de Quentin Tarantino, on ne peut pas dire que les années 2000-2010 soient véritablement ambitieuses pour Al Pacino. Depuis près de quinze ans, la légende vivante se repose bien sur ses lauriers en enchaînant les films sans intérêt : La Recrue de Roger Donaldson, Two for the Money de D. J. Caruso, 88 minutes et La Loi et l’ordre de Jon Avnet, et bien d’autres. A part quelques sursauts comme les sympathiques Les Derniers Affranchis de Fisher Stevens et Manglehorn de David Gordon Green, sans oublier La Vérité sur Jack (You Don’t Know Jack) de Barry Levinson pour la télévision, Al Pacino a tendance à se la couler douce. Ce n’est pas Hangman qui va déroger à la règle. Ce thriller mou du genou essaye de retrouver l’ambiance des films de genre des années 1990, Se7en de David Fincher notamment ou Copycat de Jon Amiel, mais sans jamais y parvenir. Platement réalisé, Hangman se contente d’enchaîner les scènes à la va-comme-je-te-pousse, en se reposant sur un trio d’acteurs qui assure le minimum syndical.

Al Pacino, coiffé comme un dessous-de-bras, mais au charisme toujours intact, donne la (mauvaise) réplique à un Karl Urban qui plisse les yeux pour montrer que son personnage réfléchit. Entre les deux, s’immisce une belle journaliste du New York Times, interprété par la pétillante Brittany Snow, révélation de Hairspray version 2007, vue depuis dans la trilogie Pitch Perfect. Cette dernière souhaite suivre le quotidien des forces de l’ordre et choisit comme par hasard le type chargé de l’affaire du siècle. Un serial killer (un quoi ?) semble vouloir s’amuser à jouer au Pendu grandeur nature et surtout pour de vrai en semant des victimes accrochées n’importe où. Sur chaque corps, une lettre est retrouvée gravée sur l’abdomen. Pour l’aider dans son enquête, Will Ruinet (Karl Urban donc), fait appel Ray Archer, à un ancien flic déglingué, qui préfère faire le plancton devant une boutique à traquer les voleurs à la tire, plutôt que d’aller taquiner le goujon. Alors forcément, quand un mec décide d’assassiner tous les soirs à 23h, Ray n’hésite pas à venir donner un coup de main.

En apparence en fait, car durant près d’1h40, on a franchement l’impression qu’Al Pacino ne fait rien, à part observer ce qui se passe autour de lui, en ouvrant la bouche et en écarquillant les yeux. C’est malheureux à dire, mais rien ne fonctionne dans Hangman et l’on se demande constamment ce qui a pu attirer une star de cette envergure dans ce genre de production. S’il n’égale pas son complice Robert de Niro dans le genre « je me vautre dans la mélasse pour payer mes impôts », le sieur Pacino semble lui-même trouver le temps long ici et on le comprend. Les raccourcis sont impressionnants puisque toutes les pistes suivies par les protagonistes se font quasiment au cours d’un dialogue. « Tiens j’ai lu le rapport de la morgue… », « Au fait, on a retrouvé des traces de… », dialogue principalement suivi d’un « OK, on y va ! ». Et ainsi de suite jusqu’à la confrontation finale, complètement ratée.

Réalisé par un certain Johnny Martin, qui a oeuvré comme cascadeur sur plus de 160 films et en tant que responsable de la deuxième équipe (notamment sur Hell Driver, Tokarev et USS Indianapolis), puis metteur en scène du fort médiocre Vengeance avec notre Nicolas Cage adoré et Don Johnson, Hangman n’est pas « déplaisant », c’est juste qu’il est complètement anecdotique, cliché, et qu’on a déjà vu ça des centaines de fois. Aussitôt vu, aussitôt oublié.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Hangman, disponible chez AB Vidéo, repose dans un boîtier classique de couleur bleue. La jaquette est attractive et élégante. Le menu principal est animé et musical.

Outre la bande-annonce en version française, nous trouvons une mini-featurette (6’) composée d’interviews de l’équipe du film. Débrouillez-vous pour savoir qui intervient puisque les noms n’apparaissent pas à l’écran. Si l’on reconnaît évidemment les têtes d’affiche, bonne chance pour les autres ! Les comédiens sont en mode promo, racontent l’histoire et présentent les personnages.

L’Image et le son

A défaut d’être irréprochable, le master HD de Hangman demeure tout de même de haut niveau. La photo de Larry Blanford (Les 4 fantastiques et le Surfer d’argent) aux teintes froides et bleutées trouve ici un joli écrin respectueux, le relief est parfois appréciable et les noirs sont concis. En revanche, le piqué manque parfois de mordant, les séquences sombres se révèlent moins pointues et détaillées, les détails se perdant quelque peu sur le cadre large.

Du côté acoustique, les mixages français et anglais DTS-HD Master Audio 5.1 créent un espace d’écoute suffisamment plaisant en faisant la part belle à la musique et à quelques effets latéraux. Des ambiances naturelles percent les enceintes arrière sans se forcer mais avec une efficacité chronique. Le doublage français est convaincant et que les fans soient rassurés, José Luccioni prête sa voix cette fois encore à Al Pacino et ce depuis Heat en 1995. Les sous-titres français sont imposés et le changement de langue impossible pendant le visionnage nécessite le recours au menu pop-up. L’éditeur joint également deux pistes Stéréo qui assurent le spectacle.

Crédits images : ©2017 HANGMAN PRODUCTIONS, LLC / AB Vidéo /  Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / The Strangers : Prey at Night, réalisé par Johannes Roberts

THE STRANGERS : PREY AT NIGHT réalisé par Johannes Roberts, disponible en DVD et Blu-ray le 21 août 2018 chez TF1 Studios

Acteurs :  Christina Hendricks, Martin Henderson, Bailee Madison, Lewis Pullman, Damian Maffei, Emma Bellomy…

Scénario : Bryan Bertino

Photographie : Ryan Samul

Musique : Adrian Johnston

Durée : 1h25

Année de sortie : 2018

LE FILM

Une famille s’arrête pour la nuit dans un parc de mobile home isolé qui semble complètement désert. Une jeune femme étrange frappe à leur porte…. C’est le début d’une terrible nuit d’horreur : pris pour cible et poursuivis sans relâche par trois tueurs masqués, chacun devra lutter pour sauver sa peau dans un jeu de cache-cache impitoyable.

The Strangers : Prey at Night est la suite de The Strangers de Bryan Bertino (ici scénariste et producteur), grand succès critique et commercial de l’année 2008 (82 millions de dollars de recette pour un budget de 10 millions), même si le film était resté inédit dans les salles françaises. Dix ans plus tard, les producteurs décident de faire revenir leurs psychopathes masqués, qui s’en prennent cette fois-ci à toute une famille, deux parents et leurs deux enfants étudiants, dans une unité de lieu (un parc isolé) et de temps (une nuit). Pour ce nouvel opus au budget plus conséquent, la mise en scène a été confiée au réalisateur Johannes Roberts, remarqué en 2012 avec Storage 24 et son film à requins 47 Meters Down en 2017. S’il ne révolutionne rien dans le genre, The Strangers : Prey at Night ne se fout pas de la tronche des spectateurs et réserve son lot de séquences impressionnantes, violentes et graphiques, qui le placent bien au-dessus de la moyenne des productions du même acabit qui pullulent dans les salles au sol jonché de popcorn.

Inspiré de faits réels…

Johannes Roberts revendique ses influences, en particulier John Carpenter. Christine et Halloween : La Nuit des masques notamment, mais avec également une touche de Scream de Wes Craven et du premier Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper. A l’instar de David Robert Mitchell pour son incroyable It Follows, le cinéaste parvient à digérer ses références, à se les approprier, sans les singer. Grâce à sa maîtrise formelle, Johannes Roberts réussit à nous faire accepter le comportement souvent invraisemblable des personnages, qui aurait pu rendre ridicule toute l’entreprise de ce slasher et survival. The Strangers : Prey at Night est constamment ponctué par des scènes marquantes avec une subtile utilisation de la profondeur de champ, du cadre, de la photographie très contrastée et du décalage constant avec la bande-originale très eighties qui convoque à la fois Kim Wilde (Kids in America en intro, Cambodia), Air Supply et Bonnie Tyler. Par ailleurs, la séquence de la piscine (comme It Follows) où l’un des protagonistes affronte le tueur masqué, sur fond du cultissime Total Eclipse of the Heart de Bonnie Tyler est l’un des grands moments du film, celui dont parlent tous les spectateurs à la fin, probablement le passage qui restera. Du point de vue interprétation, les comédiens font le boulot sans se forcer, mais cela reste très plaisant de revoir Christina Hendricks, éternelle Joan de la série Mad Men.

« Pourquoi faites-vous ça ? »

« Pourquoi pas ? »

Le fait de réduire les protagonistes et victimes potentielles à quatre, entraîne une plus grande empathie des spectateurs pour les personnages. Contrairement à la plupart des films du même acabit, nous n’attendons pas avec impatience comment un tel va être trucidé, mais plutôt comment l’individu en danger pourrait s’en sortir, en espérant qu’il y arrive. Les assassins masqués quasi-mutiques sont menaçants à souhait, notamment les deux nanas, alias Dollface et la Pin-up, les sursauts sont fréquents sans que le réalisateur ait recours au sempiternel jump scare gratuit. N’oublions pas l’excellente utilisation du décor, un parc de mobile homes déserté, qui devient un terrifiant plateau de jeu géant, où se retrouvent pourchassés les personnages par des tueurs qui semblent n’avoir aucune autre motivation que de les massacrer les uns après les autres. The Strangers : Prey at Night est au final un film d’horreur fort sympathique, divertissant, élégant, en un mot réussi.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de The Strangers : Prey at Night, disponible chez TF1 Studio, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé musical.

L’interactivité démarre par un vidéoclip de Tiffany, intitulé I Think We’re Alone Now. Tourné en caméra subjective, nous suivons deux des tueurs du film se préparer avant d’aller terroriser leurs victimes (2’30).

S’ensuit un module consacré à la bande-originale du film (2’45) au cours duquel le réalisateur Johannes Roberts évoque son admiration pour John Carpenter et l’utilisation des chansons des années 1980 afin de créer le malaise avec ce qui déroule à l’écran.

L’interactivité se clôt sur un court segment (3’45) constitué d’interviews de l’équipe, qui se contente principalement de présenter les enjeux de cette suite et les personnages.

L’Image et le son

On frôle l’excellence : relief, piqué, contrastes (impressionnants), densité des noirs, on en prend plein les yeux. Les teintes froides s’allient avec les gammes chatoyantes et chaque détail aux quatre coins du cadre large est saisissant. Ce transfert immaculé soutenu par un encodage AVC solide comme un roc laisse pantois. Le master HD permet de se plonger dans le film dans les meilleures conditions possibles. La majeure partie du film se déroulant dans le noir, nous vous conseillons de le visionner dans une pièce très sombre.

Dès la première séquence, l’ensemble des enceintes des pistes anglaise et française DTS-HD Master Audio 5.1 est mis à contribution aux quatre coins cardinaux. Les ambiances fusent, la musique bénéficie d’un traitement de faveur avec une large ouverture, plongeant instantanément le spectateur dans l’ambiance. Les dialogues ne sont jamais pris en défaut et demeurent solidement plantés sur la centrale. N’oublions pas le caisson de basses, qui se mêle ardemment à ce spectacle acoustique aux effets percutants. Les sous-titres français destinés aux spectateurs sourds et malentendants sont également disponibles.

Crédits images : © TF1 Studios / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Engrenages, réalisé par David Mamet

ENGRENAGES (House of Games) réalisé par David Mamet, disponible en DVD et Blu-ray le 4 septembre 2018 chez ESC Editions

Acteurs :  Lindsay Crouse, Joe Mantegna, Mike Nussbaum, Lilia Skala, J.T. Walsh, Willo Hausman, Karen Kohlhaas, Steven Goldstein, Jack Wallace, William H. Macy…

Scénario : David Mamet

Photographie : Juan Ruiz Anchía

Musique : Alaric Jans

Durée : 1h42

Année de sortie : 1987

LE FILM

Le docteur Margaret Ford, brillante psychanalyste, considérée comme trop froide par ses clients, est un jour poussée à bout par un de ses patients, Billy Haln, qui la menace de se suicider si elle ne l’aide pas à honorer ses dettes de jeu vis-à-vis d’un certain Mike. Margaret accepte. Elle se rend à la maison de jeux et découvre un univers qui la fascine. Mike et ses amis, après avoir tenté de la plumer, lui démontrent quelques-unes de leurs arnaques favorites. Pour Margaret, c’est l’engrenage et sa vie rigide va tout à coup être bouleversée par cette passion.

A la barre d’EngrenagesHouse of Games, il y a le dramaturge, producteur, réalisateur, scénariste et essayiste américain David Mamet. Né en 1947, lauréat du Prix Pulitzer en 1984 pour Glengarry Glen Ross, cet auteur de renom débute sa carrière à Hollywood en signant les scénarios du Facteur sonne toujours deux fois de Bob Rafelson (1981), Le Verdict de Sidney Lumet (1982) pour lequel il est nommé à l’Oscar et Les Incorruptibles de Brian de Palma (1987). Trois chefs d’oeuvre. Il décide de passer derrière la caméra avec Engrenages, son premier long métrage, dont il cosigne l’histoire avec le comédien et scénariste Jonathan Katz. Tout ce qui fera la renommée des films de David Mamet, à l’instar de La Prisonnière espagnole, se retrouve déjà dans ce coup d’essai. Radiographie de l’âme humaine, scénario empreint de psychologie, forme quasi-anachronique et inspirée du cinéma américain des années 1950, solide direction d’acteurs, élégance omniprésente, récit passionnant. Engrenages est un savoureux tour de force.

Margaret Ford est une psychanalyste solitaire qui bénéficie d’une certaine renommée, en particulier depuis la publication d’un livre intitulé Driven: Compulsion and Obsession in Everyday Life, dont les ventes lui assurent un revenu confortable. Lors d’une séance de psychanalyse, Billy, un joueur compulsif, lui confie qu’il doit la somme de 25 000 dollars à un criminel et qu’il sera probablement abattu s’il ne s’acquitte pas de sa dette. Le soir venu, Margaret décide de se rendre dans un bar appelé The House of Games pour y rencontrer l’homme dont Billy lui a parlé – un certain Mike, dont la jeune femme fait rapidement connaissance. Mike lui propose un deal : il efface l’ardoise de Billy, qui en réalité s’élève à seulement 700 dollars, si elle l’aide à gagner une partie de poker en observant les tics de son adversaire. Margaret accepte, et débute alors une expérience qui va peu à peu confronter les théories de la psychanalyste à une troublante réalité…

Engrenages est l’histoire d’une femme aux désirs refoulés qui se retrouve face à sa propre psyché, à la tentation et au passage à l’acte. Jusqu’alors, le personnage impeccablement interprété par Lindsay Crouse (La Castagne, Le Prince de New York) au regard glacial, se contentait de guérir et de soulager les maux de ses patients, sans penser une seconde à sa propre existence. Ne vivant que pour son métier et ses patients, Margaret commence à perdre le fil de ses pensées, en faisant notamment quelques lapsus révélateurs, en mentionnant « pressions » au lieu de « passions ». Suite à une affaire en cours, elle décide de sortir de sa zone de confort et plonge malgré elle dans le monde de la nuit peuplé d’escrocs, en rencontrant notamment un expert, Mike, incarné par le toujours classe Joe Mantegna (Le Parrain 3, la série Esprits criminels). Sa véritable nature va alors éclore au fur et à mesure que Margaret apprend les rudiments d’arnaques en tous genres. Mais de par son métier qui exige contrôle et dans un sens manipulation, Margaret acceptera t-elle de se retrouver face à plus fort qu’elle et surtout de devenir victime d’un jeu qu’elle pensait alors contrôler ? Lequel de ces deux professionnels parviendra à prendre le dessus sur l’autre ?

House of Games, c’est le lieu où se réunissent celles et ceux qui ont décidé de prendre l’ascendant sur ceux qu’ils ont désignés comme leurs proies, en les arnaquant et en profitant de leur crédulité. En pénétrant dans ce lieu, Margaret voit s’animer tout ce qu’elle dissimulait au plus profond d’elle-même, sous l’apparence d’une psy stricte, corsetée dans un tailleur droit, qui préfère passer ses soirées à peaufiner ses dossiers en cours, plutôt que de penser à elle. La rencontre avec Mike va non seulement réveiller en elle ses instincts dissimulés, ses envies compulsives, mais également sa sexualité.

Les films de David Mamet donnent toujours cette impression d’avoir été tournés en N&B. Engrenages ne fait pas exception. Avec ses angles de caméra insolites, sa musique jazzy, ses rues au bitume détrempé après la pluie, ses nombreux gros plans, le film prend la forme d’un polar made in fifties, mais en couleur. Sans en dévoiler davantage, disons que l’ombre de Pas de printemps pour Marnie d’Alfred Hitchcock (1964) plane constamment sur Engrenages. David Mamet signe un vrai coup de maître, jouant constamment avec les apparences et les faux-semblants, probablement encore plus passionnant aujourd’hui qu’à sa sortie.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray d’Engrenages, disponible chez ESC Editions, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

ESC Editions fait décidément confiance à Mathieu Macheret, qui réalise une fois de plus une analyse du film qui nous intéresse (21’30). Le critique cinéma pour Le Monde présente tout d’abord le parcours et l’oeuvre de David Mamet, à travers ses thèmes récurrents, mais se trompe en avançant que ce premier long métrage est l’adaptation d’une des pièces de son auteur. Puis, Engrenages est abordé à la fois dans le fond, mais aussi sa forme. Si le journaliste paraphrase parfois l’histoire, tout en se gardant bien d’en dévoiler les principaux rebondissements, les arguments avancés sont souvent passionnants et mettent en valeur l’intelligence d’un scénario sur lequel repose entre autres la très grande réussite du film.

L’Image et le son

Merci à ESC Editions d’avoir exhumé ce titre tombé dans l’oubli, qui était sorti en DVD il y a près de quinze ans chez MGM / United Artists ! A cette occasion, la copie a été restaurée. Cela se voit, même si on dénombre encore quelques points blancs et pas mal de points noirs qui ont échappé au Biactol numérique, surtout lors du changement de bobine. Cela n’empêche pas la copie d’être lumineuse et stable. Les couleurs retrouvent un réel éclat (voir les bleus et les rouges), le grain argentique est heureusement conservé. Toutefois, la définition est parfois chancelante au cours d’une même séquence avec quelques flous sporadiques. Mais cela n’entame en rien le plaisir de (re)voir cet excellent premier long métrage de David Mamet.

Deux pistes DTS HD Master Audio 2.0 au programme. Evitez la version française, d’autant plus que les dialogues sont souvent sourds et mis trop en avant. La piste anglaise est plus naturelle et aérée, même si un léger souffle se fait entendre. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © MGM / United Artists / ORION / ESC EDITIONS / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Les Possédées du diable, réalisé par Jesus Franco

LES POSSÉDÉES DU DIABLE réalisé par Jesús Franco, disponible en combo Blu-ray/DVD chez Le Chat qui fume

Acteurs :  Pamela Stanford, Guy Delorme, Jacqueline Laurent, Lina Romay, Richard Bigotini, Catherine Lafferière, Howard Vernon, Jesús Franco, Raymond Hardy, Caroline Rivière…

Scénario : Jesús Franco, Nicole Guettard, Robert de Nesle

Photographie : Étienne Rosenfeld

Musique : André Bénichou, Robert de Nesle

Durée : 1h38

Année de sortie : 1974

LE FILM

L’homme d’affaires, Patrick Mariel part en vacances avec sa femme Marianne et sa fille Linda. Une vieille amie de Patrick, Lorna Green, arrive juste à temps pour le 18ème anniversaire de Linda et prend possession du corps et de l’âme de la jeune fille. Elle ne demande à Patrick que de respecter le contrat qu’ils ont passé 18 ans plus tôt : un contrat de sexe et de sang !

Toujours aussi prolifique, Jesús Franco ne se laisse pas aller en 1974 ! Célestine…bonne à tout faire, Plaisir à trois, Maciste contre la reine des Amazones, Un capitaine de quinze ans, Embrasse-moi (Tango au clair de lune), La Comtesse perverse (Les Croqueuses), La Comtesse noire (La Comtesse aux seines nus ou bien encore Les Avaleuses), Exorcisme (Expériences sexuelles au château des jouisseuses), Le Jouisseur (L’Homme le plus sexy du monde) sortent tous la même année sous les noms de Clifford Brown, Roland Marceignac, J.P. Johnson, James P. Johnson. Mais celui qui distingue est incontestablement Les Possédées du diable aka Lorna, l’exorciste. L’ami Jess se fait plaisir à fond ici en filmant ses comédiennes sous tous les angles et en s’attardant sur leur anatomie, pour laisser aux spectateurs le temps d’apprécier le magnifique papier peint orange aux losanges marrons en toile de fond. Les Possédées du diable joue avec la transgression, n’a pas peur de se vautrer dans le mauvais goût et le tabou, en particulier l’inceste, tout en lorgnant sur le mythe de Faust, qui n’aurait pas été rebuté par le mobilier en plastoque de couleur borne d’incendie.

Si l’on fait exception de tout ce qui touche au décor, oui bon c’est sans doute difficile, alors Les Possédées du diable apparaît comme un petit film fantastique qui bouscule pas mal dans ses partis pris et intentions. Etrange tout d’abord de retrouver l’excellent Guy Delorme (1929-2005) en haut de l’affiche. Acteur qui pourrait servir de mètre étalon dans la rubrique « On ne sait jamais comment ils s’appellent », Guy Delorme c’est pourtant un comédien, cascadeur et cavalier émérite, qui a promené son incroyable charisme et son talent dans près de 75 films. Les spectateurs se souviennent surtout de lui dans les films de cape et d’épée comme Le Bossu d’André Hunebelle (1959), Le Capitaine Fracasse de Pierre Gaspard-Huit (1961) et dans le diptyque des Trois Mousquetaires de Bernard Borderie (1961) où il incarnait le perfide Rochefort. Les années 1970 sont plus difficiles. Il n’est donc pas étonnant de le retrouver dans un drame érotico-fantastique comme Les Possédées du diable, dans lequel il n’a d’ailleurs rien perdu de sa classe. C’est donc l’un des rares cas chez Jess Franco où un comédien, qui retrouvera d’ailleurs le metteur en scène en 1977 dans Le Cabaret des filles perverses, se permet de faire de l’ombre à ses partenaires dénudées. Mais de ce point de vue-là nous ne sommes pas déçus.

Maquillée comme une voiture volée, Pamela Stanford (Les Gloutonnes, La Dévoreuse) surjoue chaque scène, mais ravit les yeux avec sa magnifique poitrine, Lina Romay (Les Expériences érotiques de Frankenstein, Les Nuits brûlantes de Linda), future madame Franco, joue bien la jeune fille innocente qui dissimule en réalité un tempérament de feu, tandis que Jacqueline Laurent reste bien sage et promène son visage de Joconde en voyant sa famille se dissoudre.

Cette production Robert de Nesle laisse carte blanche à au maître ibérique, qui fait durer les scènes en se foutant complètement de son scénario dans la première partie. Si le plaisir des sens est intact, il n’est pas interdit de trouver le temps long tant il ne se passe rien d’autre que quelques séquences de masturbation sur fond de musique barbante, avec une ritournelle qui passe en boucle durant des plombes. Mais l’intérêt va heureusement crescendo dès que Patrick et Lorna se confrontent. Le film prend alors tout son sens et Jésus Franco accélère la cadence en montrant carrément une mère dépuceler sa propre fille à l’aide d’un godemiché sacré, afin d’y recueillir le sang de la vierge pour s’en repaître et prendre ainsi possession du corps de sa progéniture. Le film se clôt sur une scène particulièrement angoissante et reposant sur le jeu très convaincant de Lina Romay.

Les Possédées du diable est une œuvre complètement cinglée, mais souvent fascinante dans sa proposition de cinéma. En même temps, Franco s’en balance de savoir ce que le spectateur en pensera, tant que ce dernier arrive à prendre son pied devant de belles poupées qui se déshabillent en exposant leurs toisons épaisses…à la Grande Motte. Ça ne s’invente pas. En 2002, Jésus Franco reviendra à cette histoire avec Incubus, remake à la réputation peu glorieuse, avec cette fois encore Lina Romay au générique.

LE BLU-RAY

Dans la foulée de notre chronique sur Le Journal intime d’une nymphomane, voici celle des Possédées du diable ! Ce combo Blu-ray/DVD possède les mêmes caractéristiques que le premier, à savoir deux disques disposés dans un Digipack trois volets avec un étui cartonné du plus bel effet et au visuel sensuel. Les menus principaux sont animés sur la musique du film. Et puis il faut dire que les titres du Chat qui fume disposés les uns à côtés des autres dans une DVDthèque ont sacrément de la gueule ! Cette édition est limitée à 1500 exemplaires.

Alain Petit is back ! Dans sa présentation de 47 minutes, l’historien du cinéma est décidément très inspiré par Jess Franco, qu’il a côtoyé personnellement et avec lequel il a d’ailleurs collaboré plusieurs fois. Rappelons qu’il lui a d’ailleurs consacré un ouvrage, Jess Franco ou les prospérités du bis, disponible chez Artus Films. Nous en apprenons énormément sur cette seizième association entre le réalisateur et le producteur Robert de Nesle, tournée en même temps que Célestine…bonne à tout faire, avec quasiment le même casting, la même équipe technique et dans les mêmes décors. Alain Petit aborde la censure, les scènes de sexe beaucoup plus explicites que dans les films précédents de Jess Franco, se marre en parlant des décors hideux. Puis, le casting est évidemment passé au peigne fin.

Le Chat est ensuite allé à la rencontre de la comédienne Pamela Stanford (14’). Cette dernière revient sur ses débuts comme danseuse aux Folies-Bergère, puis comme figurante au cinéma, et enfin comme vedette dans différents films de Jess Franco après que le producteur Robert de Nesle l’ait repéré puis présenté au cinéaste. Elle explique entre autres que jouer au cinéma lui a permis de guérir ses troubles du comportement alimentaire et qu’elle aimait parler de paranormal avec Jess Franco, pour lequel elle garde une grande affection.

L’éditeur reprend enfin le même entretien avec Jacqueline Laurent (25’) disponible sur l’édition du Journal intime d’une nymphomane. Fille de l’acteur Jacques Auger, auquel elle rend hommage au cours de son interview, la comédienne évoque ses débuts à l’Ecole nationale du théâtre de Montréal, puis son arrivée en France où elle suit l’enseignement de Françoise Rosay au milieu des années 1960. Puis, Jacqueline Laurent parle de ses premiers pas à la télévision et au cinéma, puis du tournant de sa carrière avec ses apparitions dans des films érotiques, dont Le Journal intime d’une nymphomane et Les Possédées du diable de Jesús Franco, l’un des meilleurs directeurs d’acteurs qu’elle a pu rencontrer dans sa vie. Devenue professeur d’interprétation puis enseignante de l’art dramatique dans un collège réputé de Montréal pendant quinze ans, l’actrice indique avoir été renvoyée en 2014, après avoir été reconnue par l’un de ses élèves dans Le Journal intime d’une nymphomane.

L’interactivité se clôt sur un comparatif avant/après la restauration (4’30), ainsi qu’un lot de bandes-annonces de films bientôt disponibles chez l’éditeur.

L’Image et le son

Un carton indique que la copie présentée provient d’un montage de deux copies 35mm. La première mouture était de bonne qualité, mais incomplète. La seconde était de qualité vraiment médiocre. En dépit d’une forte restauration, tous les défauts n’ont pu être corrigés. L’éditeur indique également que nous avons entre les mains la version plus complète des Possédées du diable, film quasi-disparu. Alors certes, la différence entre les deux copies se voit comme le nez au milieu de la figure, d’autant plus que le moins bon master se retrouve constellé de rayures verticales vertes, de couleurs complètement délavées. Il n’est d’ailleurs pas rare de faire un saut d’une copie à l’autre au cours d’une même séquence. En dehors de ça, malgré quelques fourmillements, cette présentation HD se tient avec une belle luminosité, des couleurs ragaillardies, un piqué parfois même acéré.

La version française est à privilégier, même si la piste reste parfois couverte avec des dialogues chuintants ou grinçants, repris entièrement en postsynchro. La musique s’en tire mieux avec une belle délivrance et quelques pics dynamiques sur les scènes chaudes notamment. Notons également que le son change de la même façon que l’image lors du passage d’une source à l’autre. L’éditeur joint également les sous-titres anglais et une piste audio dans la même langue. C’est propre, mais un souffle demeure.

Crédits images : © Le Chat qui fume / 2018 Mangue Pistache / Captures Blu-ray et DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr