Test Blu-ray / Le Book Club, réalisé par Bill Holderman

LE BOOK CLUB (Book Club) réalisé par Bill Holderman, disponible en DVD et Blu-ray le 9 octobre 2018 chez Paramount Pictures

Acteurs : Diane Keaton, Jane Fonda, Candice Bergen, Mary Steenburgen, Andy Garcia, Craig T. Nelson, Don Johnson, Alicia Silverstone, Richard Dreyfuss, Ed Begley Jr., Wallace Shawn…

Scénario : Bill Holderman, Erin Simms

Photographie : Andrew Dunn

Musique : Peter Nashel

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 2018

LE FILM

Quatre amies de toujours se retrouvent, comme chaque semaine, au sein de leur club de lecture, lorsque l’une d’entre elles propose de découvrir ‘’50 nuances de Grey’’ ! Elles ont réussi leur vie et elles comptent bien continuer à en profiter, et vivre de nouvelles expériences ! Célibataire depuis peu, Diane va connaître le coup de foudre. La toujours séduisante Vivian renoue avec un amour passé. Sharon découvre les sites de rencontre sur internet. Et Carol essaie de redonner du piment à son couple. En ravivant la flamme ou en vivant une nouvelle aventure amoureuse, chacune d’elles va écrire le nouveau chapitre de sa vie. Peut-être le meilleur…

Le Book Club ou bien tout simplement Book Club en version originale, est le premier long métrage de l’inconnu Bill Holderman. Complice de l’immense Robert Redford, ce réalisateur de 41 ans aura surtout officié comme producteur sur Lions et agneaux, La Conspiration et Sous surveillance. Avec sa compagne Erin Simms, Bill Holderman signe Le Book Club, inspiré par quelques membres de leur famille. Si l’on peut avoir peur devant le pitch du film en raison de la place accordée dans l’histoire au roman érotique Cinquante nuances de Grey, Le Book Club s’éloigne finalement rapidement de cette promotion détournée pour les best-sellers de E. L. James (le film a été écrit avant les adaptations de l’oeuvre « sulfureuse »), qui fait d’ailleurs un petit caméo, pour se concentrer sur ses quatre personnages principaux, quatre femmes, quatre actrices merveilleuses et non des moindres, Diane Keaton, Jane Fonda, Candice Bergen et Mary Steenburgen. Si la réalisation est au point mort, cette comédie douce-amère fonctionne grâce au tempérament, à l’immense talent et à la beauté de ses têtes d’affiche qui s’amusent, sans oublier de nous amuser avec elles.

Nous voici donc en compagnie de quatre femmes mûres, amies de longue date, qui se retrouvent fréquemment pour leur club de lecture. Un jour, leur quotidien (et leur libido) est bouleversé par la lecture du livre Cinquante nuances de Grey. La bonne surprise du film, c’est que cette découverte va leur permettre de faire un point sur leur vie personnelle. Diane (Diane Keaton) est veuve et ses deux filles (dont la revenante Alicia Silverstone) la forcent à déménager près de chez elles. Jusqu’au jour où elle rencontre un élégant pilote d’avion incarné par Andy Garcia, qui retrouve sa partenaire du Parrain 3, 28 ans après le film de Francis Ford Coppola et dans lequel il jouait…son neveu. Vivian (Jane Fonda), la doyenne du groupe, fortunée, n’a jamais cessé de passer d’un homme à l’autre, sans regarder en arrière et sans envisager l’avenir à deux. Un ancien amant, Arthur (Don Johnson, la super classe), qui avait voulu l’épouser il y a quarante ans, réapparaît dans sa vie. Sharon (Candice Bergen), divorcée depuis de nombreuses années, a voué son existence à son travail de juge. Elle décide de s’inscrire sur un site de rencontre et accepte l’invitation d’un dénommé George, interprété par Richard Dreyfuss. Carol (Mary Steenburgen), mariée depuis toujours à Bruce (Craig T. Nelson, hilarant), tente par tous les moyens de relancer sa vie sexuelle avec son époux qui préfère bichonner sa moto.

Sans aucune vulgarité, Le Book Club, sorte de Sex and the City du troisième âge, se penche sur la délicate question de la sexualité, de la séduction, de l’amour et du désir à plus de 65 ans. Parmi les quatre actrices principales, Jane Fonda, âgée de 80 ans, laisse pantois par son élégance, son sex-appeal, son franc-parler et son naturel confondant dans un rôle d’ailleurs pas si éloigné de sa véritable personne. On peut également penser au film Et si on vivait tous ensemble ? de Stéphane Robelin, succès surprise français de l’année 2012, qui avait également cartonné en Allemagne, dans lequel Jane Fonda donnait la réplique à Pierre Richard, Guy Bedos et Claude Rich. Un long métrage qui posait peu ou prou les mêmes questions que Le Book Club en mettant en scène des seniors.

Dans le film de Bill Holderman, tous ces caractères bien trempés s’accordent et les comédiennes ont finalement peu à faire pour nous faire croire à leurs longues années d’amitié. Aucune ne tire la couverture, l’écriture est bien dosée et chacune possède sa petite histoire. Le Book Club se suit donc sans aucune difficulté, chaque personnage est attachant, y compris les compagnons de ces dames. Dommage que la technique soit finalement très (trop) pauvre et que la réalisation se contente la plupart du temps du champ-contrechamp dans une esthétique de sitcom. Mais malgré les clichés forcément attendus, comme l’indispensable viagra dissimulé dans un verre d’alcool, Le Book Club reste un bon et joli moment léger, intelligent, formidablement interprété et romantique.

LE BLU-RAY

Le test de l’édition HD du Book Club, disponible chez Paramount Pictures, a été réalisé à partir d’un check disc. Le menu principal est fixe et musical.

Comme d’habitude, l’éditeur divise un long making of en plusieurs segments dans le but de gonfler sa quantité de suppléments. Mais les modules Tout a commencé par un livre (11’), Le casting (14’), Les lieux de tournage (10’) et Un nouveau chapitre (9’), forment bel et bien un seul documentaire de près de 45 minutes. Le réalisateur Bill Holderman, la co-scénariste Erin Simms, les producteurs et l’ensemble des comédiens du film reviennent sur la genèse du Book Club, sur le combat mené par le metteur en scène pour conserver les droits sur son histoire (Hollywood voulait remanier le scénario pour des jeunes actrices), les conditions de tournage et les thèmes du film. Le tout est largement illustré par des images du plateau où la bonne humeur semblait régner.

L’interactivité se clôt sur l’enregistrement de la chanson du film par Katharine McPhee (4’) et diverses scènes coupées, alternatives ou rallongées (11’) sans véritable intérêt.

L’Image et le son

Si le rendu n’est pas optimal en raison d’une définition moins ciselée sur les scènes en intérieur, le master HD au format 1080p du Book Club ne manque pas d’attraits… La clarté est bienvenue, la colorimétrie chatoyante, et le piqué affûté sur toutes les séquences en extérieur. Remarqué pour son travail sur Le Majordome, Madame Henderson présente et Ordinary Decent Criminal, le chef opérateur Andrew Dunn voit ses partis pris esthétiques respectés via un Blu-ray qui frôle la perfection. Le cadre fourmille de détails et les contrastes affichent une constante solidité.

La version française doit se contenter d’une toute petite piste Dolby Digital 5.1, qui reste néanmoins suffisante pour un film de cet acabit. La version originale bénéficie d’un écrin DTS HD Master Audio 5.1 forcément plus riche et immersif. La balance frontale est dynamique et les latérales soutiennent l’ensemble sur quelques séquences, comme lors de la virée en avion. Les dialogues restent toujours ardents sur la centrale et la précision est de mise tout du long. Toutes les séquences en extérieur s’accompagnent automatiquement d’ambiances naturelles. La bande-son est quant à elle constamment spatialisée.

Crédits images : © Paramount Pictures / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / L’Extraordinaire voyage du Fakir, réalisé par Ken Scott

L’EXTRAORDINAIRE VOYAGE DU FAKIR réalisé par Ken Scott, disponible en DVD et Blu-ray le 2 octobre 2018 chez TF1 Studio

Acteurs : Dhanush, Bérénice Bejo, Erin Moriarty, Barkhad Abdi, Gérard Jugnot, Ben Miller, Abel Jafri, Sarah-Jeanne Labrosse…

Scénario : Luc Bossi, Romain Puértolas, Ken Scott, Jon Goldman d’après le roman « L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikéa » de Romain Puértolas

Photographie : Vincent Mathias

Musique : Nicolas Errera

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 2018

LE FILM

Aja, un jeune arnaqueur de Mumbai entame, à la mort de sa mère, un extraordinaire voyage sur les traces du père qu’il n’a jamais connu. Il rencontre l’amour à Paris dans un magasin de meubles suédois, le danger en compagnie de migrants somaliens en Angleterre, la célébrité sur une piste de danse à Rome, l’aventure dans une montgolfière au-dessus de la Méditerranée, et comprend finalement ce qu’est la vraie richesse et qui il souhaite devenir.

En 2012, Starbuck de Ken Scott est comme qui dirait le sleeper de l’été 2012 en France. Cette géniale comédie québécoise emporte tout sur son passage et attire près d’un demi-million de spectateurs dans son sillage. Suivront un remake aux Etats-Unis, Delivery Man, mis en scène par Ken Scott lui-même avec Vince Vaughn, Chris Pratt et Cobie Smulders, un autre en France sous le titre Fonzy avec José Garcia, et un dernier en Inde, Vicky Donor. Le réalisateur s’associe à nouveau avec Vince Vaughn pour un film beaucoup moins convaincant, Jet Lag. Le cinéaste essaye de revenir par la grande porte avec une production destinée au marché international, L’Extraordinaire Voyage du fakir, adapté du roman de Romain Puértolas, L’Extraordinaire Voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea, best-seller de l’année 2013, traduit dans une trentaine de pays. Pour sa transposition au cinéma, le titre du livre perd la marque de la célèbre entreprise suédoise, bien qu’elle apparaisse évidemment dans une scène centrale du film. Malgré son envie de toucher un large public, le soin apporté aux couleurs et aux décors, L’Extraordinaire Voyage du fakir manque sérieusement d’âme et d’intérêt. Cela n’empêche pas de constater que Ken Scott est un cinéaste solide, capable de porter un film au budget conséquent puisque malgré ses très nombreux points faibles, l’argent se voit à l’écran du début à la fin.

Ajatashatru est fakir. Un jour, il quitte New Delhi pour la France. Il y rencontre rapidement une américaine, dont il tombe amoureux. Mais Ajatashatru est accidentellement expulsé avec des clandestins africains. Envoyé aux quatre coins de l’Europe, il va tenter de retrouver celle qu’il aime.

Le premier acte est gênant puisque L’Extraordinaire Voyage du fakir rappelle furieusement Slumdog Millionnaire de Danny Boyle dans son traitement des couleurs, ses partis pris, sa mise en scène, le jeu des comédiens, cette succession de vignettes à la Marjane Satrapi, par ailleurs envisagée un temps à la réalisation. Le film pâtira de cette comparaison jusqu’au dénouement. Véritable star du cinéma tamoul et parfait inconnu du public français, le comédien – mais aussi chanteur, réalisateur et producteur – Dhanush est très attachant, drôle et émouvant. C’est grâce à lui que l’on tient jusqu’au bout du récit. L’ensemble prend la forme d’une fable qui rappelle parfois le cinéma de Costa-Gavras, notamment Eden à l’ouest avec Riccardo Scamarcio. L’histoire joue avec les clichés, parfois trop, puisque l’arrivée en France d’Ajatashatru s’accompagne d’un air d’accordéon. Débarque alors un Gérard Jugnot en anglais dans le texte, dans le rôle d’un chauffeur de taxi qui arnaque bien évidemment les passagers étrangers. Comme il y a plus quarante ans dans La Coccinelle à Monte-Carlo dans lequel il faisait une apparition en serveur parigo, Gérard Jugnot représente ici le franchouillard gouailleur et colérique, qui n’apparaît que quelques minutes à l’écran. Bérénice Bejo, dans un rôle envisagé pour Uma Thurman, est mieux servie et se débrouille mieux en anglais. Sa scène de danse à la Bollywood arrive certes comme un cheveu sur la soupe, mais reste probablement la meilleure du film et ses trois heures d’entraînement par jour pendant un mois sont gratifiantes.

L’Extraordinaire Voyage du fakir est constamment ponctué de petits moments sympathiques et fantaisistes de ce genre, à l’instar de l’instant comédie-musicale où des officiers de police, dont le génial Ben Miller, se mettent à chanter et à danser en parlant de l’émigration, des réfugiés et des sans-papiers. En fait, le film parle de problèmes de société, mais le fond n’est jamais convaincant, tout comme cette pseudo-romance bourrée de clichés. Finalement, ce qui importe le plus est le voyage d’Aja, qui se révélera initiatique malgré-lui. C’est ce côté Jules Verne, à mi-chemin entre Les Tribulations d’un Chinois en Chine et Le Tour du monde en 80 jours qui retient l’attention. Mais c’est malheureusement trop peu et ce feel good movie déçoit sévèrement, même si l’on garde confiance en Ken Scott.

LE BLU-RAY

Malgré son échec cinglant, L’Extraordinaire Voyage du fakir dispose d’une édition HD. Le test du Blu-ray disponible chez TF1 Studio a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé, lumineux et musical.

Un seul supplément au programme avec un making of (22’) très plaisant, animé et blindé d’images de tournage. Le réalisateur, les acteurs, le directeur de la photographie, la costumière, le compositeur et bien d’autres interviennent afin de parler des personnages, des conditions de prises de vues, des lieux de tournage et du roman original.

L’Image et le son

Le master HD restitue solidement les volontés artistiques du chef opérateur Vincent Mathias, césarisé pour Au revoir là-haut. Ken Scott a filmé son film entièrement en numérique via la caméra RED Weapon DRAGON 6K. La patine est donc bien laquée, les couleurs vives, chaudes et clinquantes, les contrastes léchés et le relief constamment palpable. Ces partis pris esthétiques bigarrés sont savamment pris en charge par une compression sans failles, la définition demeure exemplaire sur tous les plans et tout du long, sur les scènes sombres comme sur les lumineuses séquences diurnes. Les détails sont légion sur le cadre, le piqué aiguisé et la copie éclatante. C’est superbe.

L’Extraordinaire Voyage du fakir n’est pas un film à effets et les mixages français et multilingue DTS-HD Master Audio 5.1 ne font pas d’esbroufe inutile. L’essentiel de l’action est canalisé sur les enceintes avant, même si chacune des séquences en extérieur entraînent inévitablement des ambiances naturelles sur les latérales. Il en est de même pour la bande-son souvent explosive, systématiquement mise en valeur par l’ensemble des enceintes comme lors de la séquence « Bollywood ». Les voix demeurent claires, limpides, solidement délivrées par la centrale, tandis que le caisson de basses accompagne joyeusement les scènes appropriées. L’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © BrioFilms@Sébastien Bossi / TF1 Studio / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Les Vikings, réalisé par Richard Fleischer

LES VIKINGS (The Vikings) réalisé par Richard Fleischer, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre le 4 décembre 2018 chez Rimini Editions

Acteurs : Kirk Douglas, Tony Curtis, Ernest Borgnine, Janet Leigh, James Donald, Alexander Knox, Maxine Audley, Frank Thring…

Scénario : Calder Willingham, Dale Wasserman d’après le roman « The Vikings » de Edison Marshall

Photographie : Jack Cardiff

Musique : Mario Nascimbene

Durée : 1h56

Date de sortie initiale : 1958

LE FILM

Au Xè siècle, les Vikings sèment la terreur le long des côtes anglaises. Au cours d’une attaque, le chef viking Ragnar tue le roi d’Angleterre et viole la reine. De ce viol naîtra Eric, qui sera capturé par les vikings et élevé comme un esclave, dans le village où vivent son père et son demi-frère, Einar. Ignorant leur lien de parenté, Eric et Einar se vouent une haine farouche.

Quel chef d’oeuvre ! Comment ne pas s’extasier encore et toujours devant cette référence ultime du film d’aventure qui a su traverser les décennies et conquérir le coeur de plusieurs générations de cinéphiles ?! Les Vikings The Vikings, réalisé par l’immense Richard Fleischer est un triomphe au cinéma en 1958. Porté par le producteur Kirk Douglas, qui avait créé sa société Bryna à cette occasion et venait d’enchaîner La Vie passionnée de Vincent van Gogh de Vincente Minnelli, Règlements de comptes à OK Corral de John Sturges et Les Sentiers de la gloire de Stanley Kubrick, Les Vikings est la résultante de l’association de multiples talents et artisans, qui ont cru en ce projet ambitieux. Soixante ans après sa sortie, Les Vikings n’a pas pris une seule ride. Pourquoi ? En raison du souci d’authenticité désiré par ses créateurs, qui ont voulu respecter au maximum les us et coutumes d’une civilisation alors récupérée et bouleversée par certains contes et des légendes narrées depuis dix siècles. Aujourd’hui, revoir Les Vikings c’est quelque part retrouver son âme d’enfant, mais aussi avoir la certitude de se retrouver devant un gigantesque spectacle, une valeur sûre, LE film parfait, magnifiquement interprété et mis en scène par l’un des plus grands metteurs en scène de l’histoire du cinéma.

Vers 900, les Vikings, adorateurs d’Odin, menés par leur chef Ragnar ravagent régulièrement la Northumbrie en Angleterre. Au cours d’un raid, le roi d’Angleterre est tué et Ragnar viole la reine Enid. De cette union illégitime naîtra Éric. L’enfant est enlevé par Brown, un Viking, alors qu’il allait être emmené en Italie pour être protégé du roi Albert. Éric échoue comme esclave dans le village dirigé par son père et de son demi-frère Einar, le fils légitime de Ragnar. Eric et Einar, qui ne savent rien sur leurs liens du sang, deviennent rivaux et se disputent violemment la conquête de la belle Morgana, princesse galloise promise au roi Aella, un fourbe d’envergure, et que les Vikings ont enlevée dans l’espérance d’une rançon.

Les Vikings…souvenir d’enfance dans les années 80-90 lors d’une diffusion du film sur M6. Scotché devant l’écran devant la beauté des acteurs, troublé surtout par le costume moulant arboré par Janet Leigh – à l’érotisme insolent – qui a dû faire frémir la censure. Mais aussi les couleurs étincelantes, les costumes dont on pouvait sentir les matières et la crasse, l’envie d’essayer de courir sur les rames du drakkar, d’aller ripailler à plein ventre avec ces « bons hommes » qui buvaient à l’aide d’une corne et qui mangeaient le gibier avec les doigts. Subjugué également par le thème musical Mario Nascimbene, effrayé par la scène où Ragnar (Ernest Borgnine, quel putain d’acteur) souhaite mourir l’épée à la main, avant de se jeter dans la fosse aux loups en criant « Odin ! ». Séquence suivie par celle où Eric se fait trancher la main. Mon inconscient avait été tellement marqué par ces images, que j’étais certain d’avoir réellement vu le corps du Viking se faire déchiqueter par les canidés, tout comme j’étais sûr que le réalisateur montrait le moignon ensanglanté de Tony Curtis. La magie de l’effet suggéré de Richard Fleischer. Bref, l’auteur de ces mots pourrait continuer longtemps ainsi, tant Les Vikings est un film qui l’a marqué à vie.

C’est donc toujours difficile de parler d’une oeuvre importante dans l’existence d’un cinéphile. Il y a tout d’abord le divertissement dans ce qu’il a de plus noble, de plus pur. Les Vikings transporte les spectateurs dans un autre monde, le fait voyager dans le passé et lui fait traverser l’écran grâce au format Technirama et au Technicolor. Pointilleux, Richard Fleischer, ainsi que toute son équipe, dont le chef opérateur Jack Cardiff (Le Narcisse noir, Les Chaussons rouges, L’Odyssée de l’African Queen) et Kirk Douglas lui-même, auront passé toute une année entière à faire des recherches et à étudier le mode de vie des Vikings. Puis, l’équipe s’est mise à la recherche des lieux de tournage, avant de jeter leur dévolu sur la Norvège pour y construire le village, la Bretagne (pour son final à Fort la Latte) et l’Allemagne pour les intérieurs. Une année de préparation, huit mois de tournage, soit près de deux ans. Les moyens conséquents se voient à l’écran, chaque seconde.

Richard Fleischer y démontre une fois de plus sa virtuosité, son art immense du storytelling, sa solide direction d’acteurs et sa maîtrise totale de la technique mise à sa disposition. Devant la caméra, Kirk Douglas, Tony Curtis, Janet Leigh et Ernest Borgnine rivalisent de charisme (qu’est-ce qu’ils sont beaux) et de talent. Engagé pour permettre à Kirk Douglas de bénéficier d’un budget plus conséquent, Tony Curtis, qui sortait du sublime Grand ChantageSweet Smell of Success d’Alexander Mackendrick, ne se laisse pas bouffer par son aîné et sa prestation est tout aussi impressionnante que celle de son producteur. Ce dernier, en très grande forme, explose l’écran une fois de plus dans le rôle d’Einar, Viking balafré et borgne, au sourire carnassier, qui ressent malgré lui l’amour pour son demi-frère, chose qui le perdra lors du duel final qui reste dans toutes les mémoires.

Sans aucun temps mort, le scénario de Calder Willingham (Les Sentiers de la gloire) et Dale Wasserman, adapté du roman d’Edison Marshall, enchaîne les séquences cultes et épiques comme des perles sur un collier, soignant autant la psychologie des personnages que les passages attendus comme les différentes batailles (navales et à l’épée), les scènes de beuverie, les divertissements des guerriers et leurs sentiments amoureux. De l’ouverture-prologue avec la voix d’Orson Welles (non crédité), en passant par l’attaque du faucon qui crève un œil à Einar, le regard foudroyant de tendresse et de reconnaissance de Ragnar envers Eric avant d’aller rejoindre le Valhalla, le corset déchiré de Morgana, les drakkars perdus dans la brume, le spectaculaire assaut du château fort, tous ces moments, cette magnificence de chaque instant font de cette fresque l’un des plus grands films de tous les temps et encore aujourd’hui un modèle du genre, vanté notamment par les auteurs de la série Game of Thrones. C’est dire si Les Vikings n’a pas fini de faire de nouveaux adeptes auprès des jeunes passionnés par le septième art !

LE BLU-RAY

Il aura fallu attendre quinze ans pour qu’une édition digne de ce nom du chef d’oeuvre de Richard Fleischer voit enfin le jour en France. Et nous devons ce miracle à l’éditeur Rimini. Exit donc le DVD MGM sorti en avril 2003, place à ce merveilleux coffret ! Cette édition se compose d’un Digipack à deux volets glissé dans un surétui cartonné au visuel attractif, comprenant le Blu-ray et le DVD, avec au verso deux photogrammes tirés du film sur fond de ciel orageux. Egalement présent, un passionnant et exclusif livre de plus de 160 pages, L’Enigme Richard Fleischer, rédigé par Christophe Chavdia, qui revient en détails sur la longue et prolifique carrière du réalisateur, puis plus précisément sur Les Vikings dans une seconde partie. L’historien du cinéma Stéphane Chevalier prend ensuite la relève pour un entretien avec trois Norvégiens ayant assisté au tournage des Vikings. La préface de ce merveilleux ouvrage est rédigée par Bruce et Mark Fleischer, les fils du cinéaste, qui partagent leurs souvenirs de tournage. Le menu principal est quant à lui animé sur le cultissime thème musical de Mario Nascimbene. Mention spéciale à la calligraphie qui reprend la forme de l’alphabet runique. Cette édition française, limitée à 3000 exemplaires, est au final plus conséquente que les disques américains et anglais.

Le premier des suppléments – Un conte norvégien – est un entretien avec le grand Richard Fleischer réalisé en 2002 (27’). Quel plaisir d’écouter le cinéaste raconter ses anecdotes de tournage à travers de multiples photos prises sur le plateau ! Richard Fleischer évoque tour à tour la genèse du projet, l’année de préparation nécessaire afin d’offrir aux spectateurs le spectacle le plus authentique possible, le soin particulier apporté au moindre petit détail voulu historiquement exact, la fabrication de trois drakkars à taille réelle réalisés à partir des plans originaux trouvés au musée d’Oslo. Les lieux de tournage en Norvège et en France sont également évoqués, ainsi que le travail avec le chef opérateur Jack Cardiff et les acteurs. Les souvenirs foisonnent et Richard Fleischer semble très heureux de revenir sur ce film qui était l’un de ses préférés, ainsi que le plus difficile à réaliser d’un point de vue logistique avec son 20.000 lieues sous les mers.

L’éditeur a ensuite mis la main sur une interview de Kirk Douglas (6’) donnée à la télévision belge à l’occasion de la sortie des Vikings. Le comédien, très à l’aise, élégant, souriant, lumineux et laissant échapper quelques mots en français, indique que tourner un film sur les Vikings était l’un de ses rêves depuis toujours. A cette occasion, Kirk Douglas explique avoir fondé sa société de production afin de s’y investir totalement et avec suffisamment d’indépendance. L’acteur se penche également sur la notion du divertissement au cinéma, avant de parler de son prochain film, Spartacus.

Le bonus suivant, intitulé Les Vikings, de la réalité au rêve (20’), croise les témoignages de Mark et Bruce Fleischer, enregistrés lors d’un entretien téléphonique. Sur un montage compilant photos et images du tournage en Bretagne, ainsi que quelques images récentes de Fort la Latte, les deux frères partagent leurs souvenirs liés au tournage des Vikings. Si la prise de son est un peu chaotique pour Bruce, les propos n’en sont pas moins passionnants et émouvants, surtout lorsque les deux intervenants parlent de leur père et de la passion pour le cinéma qui l’animait.

Enfin, et c’est une exclusivité pour le Blu-ray, Rimini Editions inclut également un autre entretien avec Richard Fleischer (28’), cette fois mené par l’historien du cinéma Christophe Champclaux à Los Angeles en 1996. Calme, doux, ému quand il évoque ses souvenirs, Richard Fleischer aborde chaque aspect du tournage de ce film dont il était – à juste titre – très fier. Ce module parvient à compléter celui en début de programme et nous en apprenons encore et toujours sur la genèse des Vikings, le travail sur le scénario et les recherches effectuées, le travail avec le directeur de la photographie Jack Cardiff, le casting, la violence et la censure, le tournage à Fort la Latte…

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce originale.

Voilà donc le cadeau parfait pour le Noël 2018 des cinéphiles !

L’Image et le son

Rimini Editions reprend le même master restauré par la MGM édité aux Etats-Unis chez Kino Lorber. Même source, donc partis pris identiques provenant de la restauration. L’éditeur a décidé de ne pas intervenir sur la copie déjà existante afin de – je cite Jean-Pierre Vasseur, directeur général de Rimini – « ne pas en atténuer le grain ou chercher à corriger les quelques défauts ». Alors oui, certains pourront tiquer devant quelques plans étonnamment lisses, mais Rimini n’allait pas « rajouter » une patine argentique artificielle ! Si divers points blancs et petites tâches demeurent (le plan à effets spéciaux lors de la manifestation divine), la propreté est éloquente (les raccords de changement de bobines dits « brûlures de cigarettes » chers à Tyler Durden ont été effacés) force est d’admettre que nous n’avions jamais vu le chef d’oeuvre de Richard Fleischer dans ces conditions. La luminosité des séquences diurnes frappe d’emblée, comme le retour des Vikings au village ou l’assaut final. Ce master HD rend enfin hommages aux volontés artistiques originales, à l’instar de la composition des plans du cinéaste, avec une profondeur de champ inédite. Les détails foisonnent aux quatre coins du cadre large, y compris sur les gros plans des comédiens. L’occasion d’apprécier la tronche balafrée de Kirk Douglas, ainsi que son œil laiteux, sous toutes les coutures. Le décolleté (mais pas que) de Janet Leigh ne manque pas de relief, et seules les scènes brumeuses, qui donnent toujours du fil à retordre à la compression, surtout sur les films du patrimoine, entraînent une baisse de la définition. Signalons quelques menus décrochages sur les fondus enchaînés, ainsi que des flous intempestifs. Mais absolument rien de rédhibitoire. On lève donc notre corne de bière à Rimini !

Les versions originale et française bénéficient d’un mixage DTS-HD Master Audio Mono 2.0. Dans les deux cas, l’espace phonique se révèle probant et dynamique, le confort est indéniable, et les dialogues sont clairs, nets, précis. Sans surprise, au jeu des comparaisons, la piste anglaise s’avère plus naturelle et harmonieuse.. Que vous ayez opté pour la langue de Shakespeare (conseillée) ou celle de Molière (excellent doublage), aucun souffle ne vient parasiter votre projection et l’ensemble reste propre. Les sous-titres français ne sont pas imposés sur la version originale.

Crédits images : © Brynaprod / MGM / Rimini Editions / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Le Dernier des géants, réalisé par Don Siegel

LE DERNIER DES GÉANTS (The Shootist) réalisé par Don Siegel, disponible en DVD et combo Blu-ray/DVD le 26 novembre 2018 chez Sidonis Calysta

Acteurs : John Wayne, Lauren Bacall, Ron Howard, James Stewart, Richard Boone, Hugh O’Brian, Scatman Crothers, Richard Lenz…

Scénario : Miles Hood Swarthout, Scott Hale d’après le roman de Glendon Swarthout

Photographie : Bruce Surtees

Musique : Elmer Bernstein

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

Précédé de sa réputation de justicier infaillible dans les duels au pistolet, John Bernard Books arrive à Carson City dans le Nevada. Tandis que plusieurs de ses vieux ennemis entendent bien lui faire payer une dette ancienne, Books oublie la menace pour consulter son ami, le Dr. Hostetler. Diagnostic : une longue maladie au stade terminal. Vénéré par le fils de sa logeuse, Books se refuse au désespoir, à la résignation. Quitte à mourir, autant mourir les bottes aux pieds et le colt arraché à son fourreau.

Chant du cygne du Duke, Le Dernier des géants aka The Shootist (1976), n’est certes pas le film le plus célèbre de Don Siegel, mais assurément l’un de ses plus émouvants et ceci à plus d’un titre. D’une part parce qu’il s’agit d’un western crépusculaire qui signe véritablement la fin d’un genre et d’une époque, d’autre part parce que l’immense John Wayne, alors rongé par une maladie qui allait l’emporter trois ans plus tard, livre ici une prestation bouleversante, sa dernière face à la caméra, dans le rôle d’un cowboy d’âge mûr, condamné par un cancer foudroyant. Un dernier baroud d’honneur souligné par la composition d’Elmer Bernstein, avec en filigrane tout un pan du cinéma hollywoodien en voie de disparition. Le dernier film d’un géant, le testament d’un mythe, le salut d’un monstre sacré.

Atteint d’une maladie incurable, John Bernard Books, le dernier des professionnels légendaires de la gâchette, rentre calmement à Carson City pour recevoir des soins de son vieil ami le Dr Hostetler. Sachant que ses jours sont comptés, il trouve confort et tranquillité dans une pension tenue par une veuve et son fils. Mais « Books » n’est pas destiné à mourir en paix; devant les perspectives de la déchéance physique et d’une agonie atroce, il choisit de partir comme il a toujours vécu, les armes à la main, dans un dernier combat.

L’action se passe au tout début du XXe siècle. l’automobile fait son apparition devant des yeux interloqués, les publicités Coca Cola sont accrochées sur les devantures des saloons, l’électricité arrive dans les chaumières, tout comme l’eau courante. Le monde change et entre dans l’ère moderne. D’entrée de jeu, Don Siegel nous montre un vieux bonhomme sur son cheval. Les yeux bleus délavés, la mine fatiguée. Alors qu’il arrive en ville, un jeune brigand tente de le détrousser. Mais le vieux briscard a encore quelques réflexes et parvient à se débarrasser facilement du bandit. Juste avant cela, un montage réalisé à partir de photographies et d’extraits en noir et blanc tirés des plus grands films de John Wayne (La Piste des géants, Rio Bravo, El Dorado, La Rivière rouge…) résumait en quelques secondes la vie de Books faite de règlements de comptes et d’affrontements avec la vermine de l’Ouest. Trente ans après ses premiers exploits, Books arrive à l’âge où il devrait penser à se ranger. Mais la maladie le rattrape et le cowboy n’aura pas le temps de profiter d’une retraite bien méritée. D’ailleurs, aurait-il pu profiter de ses vieux jours, lui dont la vie a toujours été marquée par l’action ?

John Wayne apporte avec lui cinquante ans de cinéma dont 45 années passées en haut de l’affiche. John Ford, Raoul Walsh, George Sherman, Howard Hawks, Henry Hathaway, Andrew V. McLaglen ne sont plus que des spectres qui rodent autour de John Wayne et leurs présences se ressentent autour du personnage de Books, qui galope désormais en solitaire. C’est donc ce côté méta (mais pas que) qui fait du Dernier des géants bien plus qu’une simple curiosité.

Quand Books va consulter son médecin le docteur Hostetler, nous voyons bien évidemment John Wayne face à James Stewart, mais également L’homme qui tua Liberty Valance. Deux hommes âgés qui approchent des 70 ans, qui se regardent avec nostalgie, mais aussi un immense respect et une évidente complicité. De son côté, Don Siegel déçoit avec une mise en scène bien trop classique, une photographie signée Bruce Surtees (Les Proies, Lenny) qui donne à son film un côté série télévisée et une reconstitution standard, comme si là encore le grand spectacle n’était plus et que le divertissement devait se contenter d’un cadre plus restreint et de couleurs fanées. Loin de son précédent western Sierra torride (1970), le cinéaste paraît bien plus intéressé, et on le comprend, par ses comédiens qu’il dirige d’une main de maître. Outre le duo de légendes susmentionné, les tronches de John Carradine, Scatman Crothers et de Richard Boone sont marquantes, mais une autre star tout aussi splendide donne la réplique au Duke, la grande Lauren Bacall dans le rôle de la veuve Rogers, qui aurait pu représenter une fin paisible pour Books, s’il n’avait pas été condamné par le « Big C » comme l’acteur appelait le « crabe ».

Le Dernier des géants suit donc les derniers jours d’un ancien tireur d’élite de l’Ouest, chaque jour étant d’ailleurs indiqué comme un compte à rebours. Des personnages satellites tentent de s’approprier l’ancien prestige du pistolero comme un journaliste peu scrupuleux avide d’écrire ses mémoires, ou bien encore une ancienne prostituée qui le demande en mariage dans le but d’hériter de ses biens. Sans compter un maire qui se prépare déjà à placarder un écriteau « Ici est mort John Bernard Brooks » à l’entrée de la ville et un shérif qui ferait tout pour accélérer le trépas de cet anachronisme puisqu’il rappelle une époque sanglante régie par la loi du talion. La relève est néanmoins bien là, incarnée par le jeune Ron Howard – qui avait déjà tâté du western avec Du sang dans la poussière de Richard Fleischer – mais nul ne remplacera Books, ce temps est révolu.

Profondément mélancolique, Le Dernier des géants vaut donc largement le coup d’oeil pour ces multiples raisons et pour accompagner le Duke vers sa dernière demeure. Enfin, la même année, sort sur les écrans Josey Wales hors-la-loi de et avec Clint Eastwood. Un renouveau pour une nouvelle légende déjà en devenir et qui signera lui aussi l’un des plus grands westerns crépusculaires de l’histoire du cinéma, ImpitoyableUnforgiven (1992).

LE BLU-RAY

Depuis le mois d’octobre, Sidonis Calysta a changé les visuels de ses sorties. Le Dernier des géants est disponible en DVD et combo Blu-ray/DVD. Le test de l’édition HD a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

On pouvait s’attendre à plus de monde pour parler du dernier film de John Wayne.

L’indéboulonnable Patrick Brion a répondu à l’appel de l’éditeur (8’). Comme d’habitude, l’historien du cinéma replace le film qui nous intéresse dans le genre et son contexte. Un procédé mécanique et redondant d’un film à l’autre, mais pourquoi pas. Cependant, Patrick Brion peine à trouver les arguments pour parler du Dernier des géants et passe son temps à parler du mythe John Wayne, irremplaçable dans le western. C’est dans les deux dernières minutes que notre interlocuteur en vient plus précisément sur le film de Don Siegel en parlant des partis pris du réalisateur, de l’interprétation de John Wayne et du parallèle fait avec sa propre vie.

L’éditeur reprend l’intervention du cinéaste John Landis (2006-4’), qui commente en réalité la bande-annonce originale du Dernier des géants. « C’est presque un bon film » dit le réalisateur de The Blues Brothers, qui revient notamment sur le casting et indique au passage avoir assisté au tournage de la scène finale.

On apprécie surtout le petit module tourné sur le plateau au moment des prises de vue de la dernière séquence du film (5’). L’occasion de voir Don Siegel et John Wayne avant le clap, ou le comédien taper la discute avec quelques admirateurs, auprès desquels il se confie sur la maladie « J’ai eu une année pourrie, mais je me sens mieux déjà ».

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

On a plus l’impression d’un DVD sensiblement amélioré qu’une édition HD digne ce nom. Les couleurs sont guère reluisantes, la copie reste marquée par des tâches et des points (sur les stockshots du début, mais pas seulement), la gestion du grain reste aléatoire et les détails sont parasités par des flous intempestifs. Le piqué manque à l’appel et même si certaines scènes sortent un peu du lot, comme toutes les séquences en extérieur, la restauration paraît bien datée. Demeure la stabilité d’ensemble, bien plus convaincante que sur l’ancienne édition DVD Seven7 sortie en 2004.

La piste française DTS-HD Master Audio 2.0 est nettement moins percutante que la version originale DTS-HD Master Audio 2.0. Du point de vue harmonie, cette dernière l’emporte aisément car plus aérée, fluide, dynamique, alliant les dialogues avec la musique et les effets avec une redoutable efficacité. Dans les deux cas, la propreté est de mise, la partition d’Elmer Bernstein est excellemment délivrée et les gunfights saisissants dans la dernière partie. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale. Notons également quelques trous dans la VF qui passe directement en version originale sous-titrée.

Crédits images : © Sidonis Calysta / MGM / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Neuilly sa mère, sa mère !, réalisé par Gabriel Julien-Laferrière

NEUILLY SA MÈRE, SA MÈRE ! réalisé par Gabriel Julien-Laferrière, disponible en DVD et Blu-ray le 12 décembre 2018 chez M6 Vidéo

Acteurs : Denis Podalydès, Samy Seghir, Jérémy Denisty, Sophia Aram, Joséphine Japy, Valérie Lemercier, François-Xavier Demaison, Josiane Balasko, Fatsah Bouyahmed, Élie Semoun, Jackie Berroyer, Julien Courbey, Booder, Steve Tran, Bayou Sarr, Chloé Coulloud…

Scénario : Marc de Chauveron, Djamel Bensalah, Isaac Sharry

Photographie : Baptiste Nicolaï

Musique : Charlie Nguyen Kim

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 2018

LE FILM

En 2008, Sami Benboudaoud découvrait l’enfer de Neuilly-sur-seine ! Dix ans plus tard, alors que tout va pour le mieux pour Sami qui termine brillamment ses études de sciences politiques, plus rien ne va pour son cousin Charles de Chazelle. Depuis la défaite de son idole Sarkozy aux présidentielles, il a sombré dans une profonde dépression quand sa famille perd toute sa fortune et doit quitter Neuilly. Rejetés de tous, les Chazelle trouvent refuge chez Sami, cité Picasso, à Nanterre ! Dès lors, pour Sami et les habitants de sa cité, la vie ne sera plus jamais un long fleuve tranquille.

Il y a près de dix ans, une petite comédie dans l’air du temps débarquait sur les écrans et emportait avec elle plus de 2,5 millions de spectateurs. Neuilly sa mère ! réalisé par Gabriel Julien-Laferrière, d’après une idée de Djamel Bensalah (Le Ciel, les Oiseaux et… ta mère !, Le Raid, Il était une fois dans l’Oued) et un scénario de Marc et Philippe de Chauveron (L’Élève Ducobu, Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ?), ce film avait su profiter des vacances d’été et se faire une place au box-office annuel entre OSS 117 : Rio ne répond plus et Transformers: La Revanche. On ne s’y attendait pas, mais voici donc Neuilly sa mère, sa mère !, un deuxième opus dans lequel on retrouve la quasi-intégralité du casting original neuf ans après, à l’exception de Rachida Brakni, remplacée ici par Sophia Aram dans le rôle de Djamila de Chazelle. Alors que le premier était sorti sous l’ère bling-bling de Sarkozy, cette suite se situe après le mandat de François Hollande et les premiers mois de celui d’Emmanuel Macron. Autant dire que pour certains personnages, le choc a été rude. Pour tout le monde en fait. Si Neuilly sa mère, sa mère ! n’a pas la même fraîcheur que le film précédent, il n’en demeure pas moins que cette suite contient de très bons moments, pas fins certes, mais qui arrachent facilement quelques sourires et même quelques rires.

On retrouve donc Sami Benboudaoud, qui en 2008 avait quitté la cité Maurice-Ravel à Chalon-sur-Saône pour habiter chez sa tante à Neuilly-sur-Seine. Dix ans plus tard, il achève sans problème ses études à Sciences-Po, mais son cousin Charles de Chazelle est dans une impasse : son camp politique est en échec et son père, à la suite d’un scandale financier, est ruiné, et doit quitter Neuilly. Une seule solution pour les Chazelle, aller squatter chez leur cousin Sami, installé dans une cité à Nanterre, mais l’adaptation au franchissement de La Défense est pleine de rebondissements.

Soyons honnêtes, tout est ici encore plus caricatural que dans Neuilly sa mère !. Malgré tout, on se laisse emporter par la bonne humeur contagieuse de toute la troupe, visiblement heureuse de se retrouver. Samy Seghir peut parfois énerver à sourire autant que Khaled quand il entonne une chanson triste et celui qui se taille la part du lion dans Neuilly sa mère, sa mère ! est son partenaire Jérémy Denisty, ici clairement au centre du film, au point d’en devenir le narrateur. Le revirement politique de son personnage, devenant Socialiste après avoir reniflé les autres partis permet au jeune comédien de laisser libre cours à sa fantaisie et de démontrer une belle énergie comique. Si les autres sont quelque peu (Valérie Lemercier) voire complètement sacrifiés (la superbe Chloé Coulloud), Denis Podalydès est également en très grande forme et les protagonistes satellites, notamment l’excellent Julien Courbey, Laurent Gamelon et Booder, paraissent plus gâtés que le personnage de Samy Seghir, qui n’a pas grand-chose à défendre alors qu’il était le personnage principal dans le premier volet.

Du point de vue mise en scène c’est un peu le calme plat, la première partie est poussive, mais Gabriel Julien-Laferrière parvient à insuffler un rythme et le film devient de plus en plus drôle à mesure que le récit avance. Les scénaristes Djamel Bensalah et Marc de Chauveron parsèment leur histoire de petites répliques vachardes et de séquences cocasses qui nous font aller jusqu’au bout sans difficulté. Puis un film qui réunit d’immenses acteurs comiques comme Gérard Miller, Eric Dupont-Moretti, Arnaud Montebourg et Julien Dray ça ne se voit pas tous les jours non plus.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Neuilly sa mère, sa mère ! a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

L’éditeur livre le minimum syndical. Chose étonnante d’ailleurs puisque l’édition du premier opus disponible chez TF1 Vidéo débordait de suppléments ! Il faudra juste se contenter de la bande-annonce ici.

L’Image et le son

C’est pas mal, mais cette édition HD n’est pas optimale. Le cadre large est plaisant, les couleurs acidulées, mais le piqué est aléatoire, les scènes en basse lumière manquent de détails et même certains flous parasitent l’image à plusieurs reprises. Mais dans l’ensemble, ce Blu-ray est solide, les contrastes sont costauds et la luminosité est flatteuse.

La piste DTS-HD Master Audio 5.1 offre une belle spatialisation ponctuelle de la bande-son, caisson de basses compris. Outre la spatialisation musicale (le mythique Baby Love de The Supremes), certaines ambiances naturelles parviennent à percer sur les quelques séquences en extérieur (la pluie, l’orage, la circulation sur le périphérique) mais finalement, l’ensemble demeure axé sur les frontales, dynamiques et fluides, tandis que la centrale exsude les dialogues avec efficacité. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © SND / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Détective Dee : La Légende des Rois Célestes, réalisé par Tsui Hark

DÉTECTIVE DEE, LA LÉGENDE DES ROIS CÉLESTES (Di Renjie zhi Sidatianwang) réalisé par Tsui Hark, disponible en DVD, Blu-ray et Combo Blu-ray 3D + Blu-ray + Copie digitale le 12 décembre chez M6 Vidéo

Acteurs :  Mark Chao, Carina Lau, Shaofeng Feng, Sichun Ma, Gengxin Lin…

Scénario : Chang Chia-lu

Photographie : Sung Fai Choi

Musique : Kenji Kawai

Durée : 2h12

Année de sortie : 2018

LE FILM

Une vague de crimes perpétrée par des guerriers masqués terrifie l’empire de la dynastie des Tang. Alors que l’impératrice Wu est placée sous protection, le détective Dee part sur les traces de ces mystérieux criminels. Sur le point de découvrir une conspiration sans précédent, Dee et ses compagnons vont se retrouver au cœur d’un conflit mortel où magie et complots s’allient pour faire tomber l’Empire…

Et de 3 ! Détective Dee : La Légende des Rois Célestes est le troisième volet de la franchise initiée en 2010 avec Détective Dee, Le Mystère de la flamme fantôme et Détective Dee 2 : La Légende du Dragon des mers en 2013. Le second était en réalité un prequel au premier dans lequel Mark Chao interprétait le personnage tenu par le mythique Andy Lau dans le premier, mais 25 ans plus jeune. Ce troisième épisode – qui peut se voir indépendamment des précédents – est la suite du second, donc Mark Chao reprend le rôle pour une nouvelle enquête. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Tsui Hark dispose de moyens impressionnants pour mettre en valeur les aventures de ce personnage historique rendu célèbre en 1946 par l’écrivain néerlandais Robert van Gulik, diplomate et sinologue, expert de la langue et de l’écriture chinoise. A la fin des années 40, l’auteur néerlandais traduit en anglais un roman policier chinois du XVIIIème siècle, le Dee Gong An, racontant trois enquêtes criminelles résolues par le juge Dee-Jen Djieh qui deviendra le Juge Ti en France. Les enquêtes du Détective Dee se déroulent durant l’époque Tang au VIIème siècle et se basent sur des éléments historiques.

Tsui Hark, cinéaste culte qui a déjà près de quarante ans de carrière derrière lui et des œuvres cultes comme Zu, les guerriers de la montagne magique, quatre volets de la saga Il était une fois en Chine, Le Festin Chinois, ainsi que deux Van Damme (Double Team et Piège à Hong Kong), 68 ans au compteur, n’est pas prêt de raccrocher les gants. Toutefois, comme pour les deux précédents volets, ce Détective Dee : La Légende des Rois Célestes aura à la fois ses détracteurs et ses ardents défenseurs. Si le premier épisode était très sympa, sa réussite reposait beaucoup sur la présence d’Andy Lau. Mark Chao incarne malheureusement un héros bien fade et finalement c’est surtout Tsui Hark lui-même qui devient la star ici.

Décidé à en mettre plein la vue, le cinéaste ne recule devant aucune extravagance et barbouille chaque séquence de couleurs, de costumes, de décors gigantesques, mais aussi d’images de synthèse absolument immondes qui donnent au film un malheureux cachet nanar de luxe. Nous ne remettrons sûrement pas en question la beauté des costumes et des décors. Mais contrairement au premier, qui avait nécessité deux ans de tournage, dix mois de travail sur les dessins préparatoires, 16 millions de dollars de budget, 6000 figurants, dix grandes scènes visuelles, un trucage toutes les 30 secondes, Détective Dee : La Légende des Rois Célestes apparaît presque « facile » dans le sens où l’image est constamment parasitée par des effets numériques hideux, qui font penser à certaines productions hollywoodiennes comme La Momie : la Tombe de l’Empereur Dragon de Rob Cohen avec ses créatures affreuses (ici un singe géant qui se la joue King Kong dans une scène où des dragons remplacent les avions), des fonds verts qui se voient comme le nez au milieu de la figure et un faux rythme constamment instauré par une hystérie collective.

Tsui Hark se prend pour Michael Bay avec un montage épileptique. Si les récits opaques des deux précédents opus pouvaient passer, surtout pour le premier avec ses superbes chorégraphies et ses combats virtuoses qui dépoussiéraient le wu xia pian (le film de sabre chinois), Détective Dee : La Légende des Rois Célestes ne parvient jamais à passionner. Le syndrome est le même que précédemment. On part confiant, attentif, curieux, concentré, afin de ne pas laisser passer tel ou tel élément dans ce blockbuster épique. Le premier quart d’heure est emballant. Puis, les personnages et les sous-intrigues se multiplient, l’intrigue s’éparpille, l’action – filmée en 3D native et HFR, High rame Rate 48 images par seconde – s’emballe, les effets spéciaux recouvrent l’écran avec des couleurs acidulées et explosives, les comédiens deviennent des pantins qui s’articulent et se confrontent devant des green-screen apparents.

Le cerveau se met alors en mode Off et le spectateur commence à regarder (subir ?) ce spectacle gloubi-blouguesque, jusqu’à l’indigestion. Et cela dure 2h10 ! Le tout prend alors la forme d’un mauvais Marvel Asiatique bourré de cholestérol ou un opus de l’horrible et interminable Hobbit de Peter Jackson, qui aurait eu sérieusement besoin d’un bon dégraissage. Demeure le personnage de la guerrière Shui Yue (Sichun Ma), bad-ass, mais c’est trop peu pour sauver ce film dont l’émotion et l’intention nous échappent encore.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Détective Dee : La Légende des Rois Célestes, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check disc. Le menu principal est animé et musical.

En plus de la bande-annonce, l’éditeur joint un entretien passionnant avec Tsui Hark (27’). Le réalisateur revient (en anglais) sur l’origine du personnage du Détective Dee, sa figure historique avant que la culture s’en empare pour en faire un personnage de roman, puis un héros populaire au cinéma. Cigare à la main, détendu, Tsui Hark aborde également la longue mise en route du premier volet et les partis pris. Il survole rapidement le second épisode avant d’en venir à Détective Dee : La Légende des Rois Célestes. Le cinéaste évoque rapidement un possible quatrième volet qui serait selon lui complètement différent puisqu’il serait centré sur les souffrances provoquées par les traumas de la vie du personnage principal. Enfin, Tsui Hark parle des scènes d’action et de la difficulté rencontrée par les cascadeurs Chinois de se renouveler.

L’Image et le son

M6 Video livre une splendide copie HD de Détective Dee : La Légende des Rois Célestes. La colorimétrie est magnifique, le relief des séquences diurnes ahurissant, la clarté aveuglante, les contrastes savamment tranchés, les noirs abyssaux et la profondeur de champ spectaculaire. En revanche, les effets spéciaux (les vues d’ensemble de la cité, les créatures en images de synthèse) ressemblent à des animatiques. Toutefois, cela n’entrave en rien l’éclat de l’image et ne perturbe aucunement le visionnage. La photo accorde les gammes froides et chatoyantes avec une extrême rigueur, tandis que le piqué demeure effilé y compris au cours des séquences d’action particulièrement remuantes. La définition soutenue par un solide encodage AVC permet d’apprécier chaque recoin des luxuriants décors et les étoffes des costumes, à tel point que l’on pourrait même distinguer la colle sur les fausses moustaches des comédiens en gros plan. Les apports de la HD sont donc innombrables et font de ce Blu ray un titre de démonstration de ce dernier trimestre 2018.

Votre home-cinéma sera mis à rude épreuve avec le film de Tsui Hark et nous vous conseillons de visionner le film en plein jour pour éviter tout tapage nocturne. En français comme en mandarin (sous-titré français), les pistes DTS HD Master Audio 5.1 s’en donnent à cœur joie et exploitent le moindre recoin de votre installation dans un tourbillon acoustique aussi retentissant que renversant. Toutes les enceintes distillent un lot d’effets en tous genres durant plus de deux heures, la musique est particulièrement servie par une éblouissante spatialisation et les dialogues ne manquent jamais de punch ni de fluidité sur la centrale. Les sous-titres français sont également disponibles.

Crédits images : © Les Bookmakers / The Jokers / M6 Vidéo / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Roulez jeunesse, réalisé par Julien Guetta

ROULEZ JEUNESSE réalisé par Julien Guetta, disponible en DVD et Blu-ray le 28 novembre 2018 chez Le Pacte

Acteurs : Eric Judor, Laure Calamy, Brigitte Roüan, Ilan Debrabant, Louise Labeque, Déborah Lukumuena, Marie Kremer, Satya Dusaugey…

Scénario : Dominique Baumard, Julien Guetta

Photographie : Benjamin Roux

Musique : Thomas Krameyer

Durée : 1h20

Date de sortie initiale : 2018

LE FILM

Alex, 43 ans, est dépanneur automobile dans le garage que dirige sa mère d’une main de fer. Un jour, il dépanne une jeune femme et passe la nuit chez elle ; mais au petit matin, elle a disparu, lui laissant trois jeunes enfants sur les bras…

Mouais…la critique a été plutôt élogieuse et positive pour le premier long métrage de Julien Guetta, diplômé de la Fémis, département « scénario », promotion 2009. Après moult courts métrages et le scénario de Joueurs de Marie Monge, le jeune cinéaste passe au format long avec Roulez jeunesse. Très inspiré par les liens familiaux et l’héritage familial, Julien Guetta développe ces thèmes dans son premier film. Très mal vendu, comme une simple « comédie de l’été », Roulez jeunesse est pourtant une œuvre mi-figue mi-raisin, qui hésite constamment entre un humour léger et des éléments dramatiques sérieux. Le résultat est trop hésitant pour convaincre. Le choix d’Eric Judor dans le rôle principal était on ne peut pus judicieux et si le comédien est aussi excellent qu’attachant, rien ou pas grand-chose ne fonctionne dans Roulez jeunesse.

Pour une fois, l’affiche est raccord avec le film qu’elle vend. C’est bleu, c’est jaune. Roulez jeunesse n’est qu’une comédie française comme les autres qui tente de donner le change en prenant un virage aussi inattendu que maladroit. Julien Guetta enchaîne alors les gags et quiproquos jamais crédibles et s’emmêle les pinceaux en voulant bien faire et montrer ce dont il est capable. Il y a de bonnes choses dans Roulez jeunesse, les comédiens surtout avec donc un Eric Judor au top de sa forme et dont le talent dramatique semble avoir étonné une partie de la presse qui le considérait sûrement comme un simple trublion sans autres cordes à son arc. Il est parfait dans le rôle de ce (faux) Tanguy malgré-lui dont la mère, incarnée par la géniale Brigitte Rouän, est propriétaire d’un garage dans lequel il bosse, ou du moins il voit passer les jours au volant de sa dépanneuse. La quarantaine entamée, Alex n’a sûrement pas vu passer les années. Pour la première fois de sa vie, il va devoir prendre quelques décisions importantes qui pourraient bien déterminer le futur de trois gamins (dont un bébé) dont la mère camée a disparu. Ça fait beaucoup d’éléments pour ce petit film, qui n’a clairement pas les moyens de ses ambitions et surtout la maturité qui lui faudrait.

C’est gentillet, mais disons le mot c’est aussi nul. Les gamins sont amusants deux minutes, mais tout est tellement rabattu, cliché, prévisible. Si le film est court (1h20 montre en main), le rythme est très mal géré, c’est long, redondant. Dommage, car Julien Guetta, grand cinéphile, a de grandes références et évoque même Cinq pièces facilesFive Easy Pieces de Bob Rafelson avec Jack Nicholson pour Roulez jeunesse, ainsi que les films de Ken Loach, Martin Scorsese et Steven Spielberg. On se demande juste quel est vraiment le rapport avec son premier long métrage.

Récit initiatique certes, mais tout va trop vite en besogne et le personnage principal évolue bien trop rapidement en prenant une décision importante, sans que rien ne le laisse présager. Finalement, le plus beau personnage du film est l’assistante sociale interprété par la géniale et sensuelle – même coiffée comme un dessous-de-bras – Laure Calamy, dont la douceur et la force de caractère apportent l’âme dont Roulez jeunesse a sacrément besoin. C’est donc un téléfilm Modem, il en a d’ailleurs la couleur orangée, en roue libre, sans force de caractère, qui se laisse regarder, mais qui ne fait ni chaud ni froid.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Roulez jeunesse, disponible chez Le Pacte, repose dans un boîtier économique de couleur bleue, glissé dans un surétui cartonné qui reprend le visuel de l’affiche. Le menu principal est animé et musical.

L’entretien avec Julien Guetta est très sympathique (20’). On serait même tenté de redonner une chance à son premier long métrage tant le réalisateur s’avère attachant et visiblement amoureux du cinéma. L’interviewé revient sur son parcours, ses thèmes de prédilection (la famille, la filiation), les partis pris et ses intentions pour Roulez jeunesse, le casting, le travail avec le chef opérateur Benjamin Roux et cite ouvertement Maurice Pialat, Claude Sautet, Steven Spielberg, Martin Scorsese et bien d’autres comme cinéastes de prédilection.

On enchaîne avec trois scènes coupées plus ou moins amusantes, surtout celle en version intégrale où Alex se retrouve flanqué d’un automobiliste complètement camé (7’).

L’éditeur joint également un court-métrage de Julien Guetta, intitulé Lana Del Roy (26’). Jean-Philippe se reconstruit enfin depuis qu’il sort avec Lana, une fleuriste qui bouscule son quotidien morose. Mais au moment des présentations avec son fils Morgan, ce dernier découvre que Lana est une ancienne star du porno. Réalisé en 2016, ce petit film émeut, mais les comédiens peinent à convaincre réellement.

L’interactivité se clôt sur une galerie de photos et la bande-annonce.

L’Image et le son

Ce transfert HD est soigné, avec une prédominance de couleurs vives et pétillantes (explosion de teintes jaunes et bleues), des contrastes au beau fixe et un piqué agréable. La définition est au top, les détails foisonnants sur le cadre large et ce master demeure un bel objet avec un relief omniprésent, des séquences diurnes aussi magnifiques qu’étincelantes et un grain léger.

Dès le générique, la piste DTS-HD Master Audio 5.1 sollicite l’ensemble des enceintes et offre une solide spatialisation. Ce mixage fait la part belle à la musique, présente pendant tout le film. Les dialogues se détachent sans mal sur la centrale, tandis que les ambiances naturelles en extérieur demeurent constantes comme le bruit assourdissant de la circulation sur l’autoroute. Le spectacle acoustique est assuré. L’éditeur joint également une piste DTS-HD Master Audio 2.0 de fort bon acabit, des sous-titres destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Céline Nieszawer / Ivan Mathie / Le Pacte / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / The Lost Soldier, réalisé par Bille August

THE LOST SOLDIER (Feng huo fang fei) réalisé par Bille August, disponible en DVD et Blu-ray le 28 novembre 2018 chez M6 Vidéo

Acteurs : Emile Hirsch, Liu Yifei, Fangcong Li, Hanlin Gong, Tiankuo Gong, Tsukagoshi Hirotaka, Lambert Houston, Zhu Jin…

Scénario : Greg Latter

Photographie : Filip Zumbrunn

Musique : Gerd Tjur

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

En 1942, en riposte à l’attaque japonaise sur Pearl Harbor, l’US Air Force décide de bombarder Tokyo. Mais sur le chemin du retour, l’avion du jeune pilote Jack Turner, à court de carburant, s’écrase dans la jungle de la province de Zhejiang en Chine. Les aviateurs qui ont pu sauter en parachute sont capturés par les forces d’occupation japonaise. Jack, blessé, est secouru par Ying, une jeune veuve chinoise du village voisin. Aidée par sa fille de 12 ans et la résistance chinoise, elle va cacher le soldat américain chez elle, alors que les troupes japonaises ratissent la zone à sa recherche. Au coeur des combats, ying et Jack vont-ils réussir à s’exfiltrer et à fuir le chaos ?

Etrange carrière que celle du danois Bille August. Si son nom reste souvent méconnu des cinéphiles et des spectateurs, il est pourtant l’un des rares réalisateurs à avoir remporté deux fois la Palme d’or au Festival de Cannes pour Pelle le Conquérant en 1988, inspiré du livre de son compatriote Martin Andersen Nexo et Les Meilleures intentions en 1992, portrait de jeunesse des parents d’Ingmar Bergman, dont il était un ami proche. Ses plus grands succès restent La Maison aux esprits (1994) grâce à son casting international et sa version Reader’s Digest des Misérables réalisé en 1998 avec Liam Neeson dans le rôle de Jean Valjean. En dehors de cela, Bille August, ancien directeur de la photographie, n’a jamais vraiment arrêté de tourner, même si ses œuvres restent marquées par un académisme souvent ronflant. C’est comme qui dirait le cas de The Lost Soldier, sorti également sous le titre In Harm’s Way aux Etats-Unis, The Hidden Soldier en Angleterre ou bien encore The Chinese Widow dans le reste du monde. Cette romance entre une chinoise, veuve éplorée et un soldat américain manque singulièrement de mordant, d’entrain et d’intérêt et vaut essentiellement pour ses comédiens.

Après avoir bombardé Tokyo, les pilotes d’avion tentent de renflouer sur les zones côtières de Zhejiang en raison du manque de carburant pour rentrer en Amérique. Après s’être parachuté, l’un d’entre eux, Jack Turner, est sauvé par une jeune veuve locale, Ying, qui le cache dans une grotte. Rapidement, bien qu’ils ne soient pas capables de communiquer verbalement, ils tombent amoureux et une histoire d’amour commence entre ce soldat blessé et cette mère de famille hantée par la mort de son mari. Mais l’Américain est traqué par l’armée japonaise qui veut l’éliminer…

Bille August sait faire des belles images. C’est indéniable. Mais malheureusement il n’y a pas vraiment grand-chose d’autre à sauver de cette production chinoise. Révélation de The Girl Next Door de Gregory Wilson en 2004, puis lancé définitivement avec Into the Wild de Sean Penn en 2007, Emile Hirsch est un comédien qui a toujours inspiré la sympathie. C’était également le cas dans le sensationnel Speed Racer des Wachowski, Harvey Milk de Gus Van Sant, Killer Joe de William Friedkin et Prince of Texas de David Gordon Green. Un C.V. plutôt impressionnant. Mais il n’est guère convaincant dans The Lost Soldier dans le rôle-titre. Son charisme semble éteint et son personnage passe même au second plan. L’actrice Liu Yifei, vue dans Le Royaume interdit de Rob Minkoff et future Mulan dans la prochaine adaptation live des studios Disney, tire son épingle du jeu. Sa sensibilité, sa beauté et son talent transcendent The Lost Soldier.

Les effets visuels sont étonnamment laids et rappellent parfois un nanar d’Asylum, comme lorsque Jack et son équipe décollent du porte-avions, ainsi que toutes les scènes de bombardements et de vol aérien qui sentent les CGI à deux balles. Admettons. Le reste du film, qui au passage a été projeté en ouverture au Festival international du film de Shanghaï en juin 2017, adopte un rythme de croisière très lent, peu aidé par un montage conventionnel. The Lost Soldier devient alors trop contemplatif, tandis que l’amourette entre Jack et Ying arrive un peu comme un cheveu sur la soupe, sans signes annonciateurs, sans évolution des personnages. Bille August ne prend aucun risque et apparaît ici plutôt en tant que technicien au service d’un film intéressant dans son propos, auquel il ne parvient jamais à insuffler une âme pour le distinguer du tout-venant. Dommage.

LE BLU-RAY

The Lost Soldier arrive directement dans les bacs, sans passer par la case cinéma. Le test de l’édition Blu-ray, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

M6 Vidéo ne vient pas les mains vides.

On commence par l’interview du réalisateur réalisée lors de la présentation de The Lost Soldier au Festival international du film de Shanghaï (13’). Bille August répond à des questions sans véritable intérêt. Il revient sur le casting, les conditions de tournage (quelques images à l’appui), le scénario, la reconstitution. Puis, l’entretien dévie sur Pelle le Conquérant et sur l’amitié du cinéaste avec Ingmar Bergman.

Emile Hirsch intervient également sur The Lost Soldier, une fois encore dans le cadre du festival évoqué plus haut (4’). Les questions d’une journaliste chinoise sont traduites en anglais. Le comédien évoque le travail avec Bille August, son personnage et sa partenaire Liu Yifei.

Si les cours d’histoire vous embêtaient à l’école, passez votre chemin. Autrement, nous ne pouvons que vous conseiller d’écouter l’exposé de François Garçon, docteur en histoire, auteur, enseignant et chercheur à l’université de Paris I (15’). Ce dernier présente le contexte historique du film, à travers quelques cartes et images d’archives.

Des images d’archives il en est encore question dans le dernier module, puisque l’éditeur a mis la main sur un reportage d’époque, résumant l’histoire de la guerre du Pacifique (10’). Les images sont très impressionnantes, violentes, frontales.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce en VF et VO.

L’Image et le son

Un master HD loin d’être optimal. De nombreux flous parasitent le visionnage, le piqué est aléatoire et les contrastes sont à la traîne. Les horribles images de synthèse passent très mal le cap du petit écran. La photo aux ambiances bleutées et verdâtres est assez bien restituée, surtout sur les séquences en extérieur. Malgré tout, le teint des acteurs est assez cireux, les détails manquent à l’appel.

M6 Vidéo propose de visionner le film en français et version originale, en DTS HD Master Audio 5.1 ou en simple Dolby Digital 5.1 ! Evidemment, notre choix est évident puisque nous ici en Haute-Définition. La piste originale mêle anglais et mandarin, tandis que la version française conserve les dialogues en mandarin et seuls les dialogues anglais sont doublés, ce qui conserve une touche d’authenticité. En VO, les propos en anglais sont sous-titrés en français avec des caractères plus épais. Dans les deux cas, la spatialisation est convaincante, surtout lors des scènes de bombardement au début du film, ainsi que sur les raids aériens. La pluie est également et subtilement distillée sur les enceintes latérales.

Crédits images : © M6 Vidéo / SND / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Charlie (Firestarter), réalisé par Mark L. Lester

CHARLIE (Firestarter) réalisé par Mark L. Lester, disponible en DVD et Blu-ray le 9 octobre 2018 2018 chez ESC Editions

Acteurs : David Keith, Drew Barrymore, Freddie Jones, Heather Locklear, Martin Sheen, George C. Scott, Art Carney, Louise Fletcher, Moses Gunn, Antonio Fargas, Drew Snyder, Dick Warlock…

Scénario : Stanley Mann d’après le roman « Charlie » – « Firestarter » de Stephen King

Photographie : Giuseppe Ruzzolini

Musique : Tangerine Dream

Durée : 1h54

Date de sortie initiale : 1984

LE FILM

Ses parents ayant servi de cobayes à des expériences scientifiques confidentielles, Charlene McGee naît avec l’extraordinaire don de pouvoir, à distance et par la pensée, de manipuler le feu. Petite fille, elle attise désormais la convoitise de l’agence gouvernementale secrète responsable de son état. Une organisation puissante et prête à tout…

Depuis le succès mondial de Carrie au bal du diable de Brian De Palma, l’adaptation du premier roman de Stephen King, l’écrivain devenu le maître de l’horreur est très courtisé par le cinéma. Sorti en 1980 et malgré son rejet par Stephen King, Shining de Stanley Kubrick est un chef d’oeuvre instantané qui révolutionne le septième art. En 1982, Creepshow de George A. Romero, écrit par Stephen King, montre encore une fois l’engouement du public pour ses histoires d’épouvante. Cujo de Lewis Teague est également un succès en 1983. Le grand producteur Dino De Laurentiis acquiert les droits du roman Charlie aka Firestarter en version originale. John Carpenter est courtisé. Le réalisateur confie le scénario à son complice Bill Lancaster, qui vient d’écrire The Thing, qui est ensuite validé par Stephen King lui-même. Seulement voilà, The Thing se fait écraser au box-office par E.T, l’extra-terrestre de Steven Spielberg. Universal remercie purement et simplement John Carpenter. Ce dernier héritera néanmoins de l’adaptation de Christine, qu’il mettra en scène uniquement dans le but de pouvoir survivre au sein des studios. Alors qui pour s’occuper de la transposition de Charlie à l’écran ?

Finalement, Dino De Laurentiis jette son dévolu sur un nommé Mark L. Lester, remarqué avec son film Class 1984. Le scénario est confié à Stanley Mann, l’auteur de L’Obsédé de William Wyler (1965) et de Damien : la Malédiction 2 de Don Taylor (1978). Quant au rôle principal et éponyme, il est confié à Drew Barrymore, huit ans, qui venait d’exploser à l’écran dans…E.T., l’extra-terrestre. La boucle est bouclée.

Tourné en même temps que Christine de John Carpenter et Dead Zone de David Cronenberg, Charlie, une drôle de petite dame, n’a pas le même prestige que ses concurrents puisqu’il ne bénéficie pas d’un cinéaste de renom ou qui possède une griffe particulière. Ici, la star c’est Stephen King et cette entreprise mise tout sur la popularité et le succès du roman. Malgré tout, après un succès très modeste et des critiques globalement négatives à sa sortie, les années ont été plutôt clémentes avec Firestarter et mérite d’être (re)découvert.

Andy McGee et Victoria « Vicky » Tomlinson, sont soumis à une expérience commandée par le Dr. Joseph Wanless, dont le but est l’injection du « Lot 6 », une drogue qui stimule la glande pituitaire, qui permet au cobaye d’acquérir différents pouvoirs psychiques. Ce à quoi Andy et Vicky ne s’attendaient pas, c’était d’avoir une petite fille, Charlene surnommée « Charlie », dotée d’une incroyable beauté, mais aussi d’un terrifiant pouvoir : la pyrokinésie. Ce pouvoir lui permet d’incendier n’importe quoi et n’importe qui par la pensée. Huit ans plus tard, Vicky est tuée par des agents d’une agence gouvernementale secrète, « Le Laboratoire », commandé par l’ambitieux Capitaine Hollister. C’est alors qu’apparaît John Rainbird, un homme impitoyable et sadique, dont le seul désir est d’avoir Charlene pour lui tout seul, pour pouvoir la tuer de ses propres mains.

Rien qu’à la lecture du résumé, le lecteur fan de Stephen King y reconnaîtra les grandes lignes du roman. Et c’est le cas. Charlie (Firestarter) est très fidèle au livre original. Trop sans doute. C’est ce qui en fait son point fort, au moins le lecteur ne se sentira pas trahi puisqu’il retrouvera vraiment ce qui lui aura plu dans ce roman par ailleurs sensationnel, mais c’est également son point faible. Car Charlie (Firestarter) manque d’âme. A l’instar des deux premiers Harry Potter réalisés par Chris Colombus, le spectateur aura l’impression de tourner les pages du livre en même temps qu’il découvre le film. Contrairement à Brian De Palma, John Carpenter, George A. Romero et David Cronenberg, Mark L. Lester n’a pas un style qui lui est propre. Excellent « faiseur », comme il le prouvera l’année suivante dans son chef d’oeuvre, Commando avec Arnold Schwarzenegger, Mark L. Lester dispose d’un solide bagage de technicien. Le boulot est bien fait, l’image Scope est soignée, la photo du chef opérateur Giuseppe Ruzzolini (collaborateur de Pier Paolo Pasolini, Mon nom est Personne de Tonino Valerii) est superbe, les acteurs sont excellents, très bien castés. Le final dantesque, qui n’est évidemment pas sans rappeler celui de Carrie au bal du diable, est explosif à souhait, dans tous les sens du terme avec une gigantesque démonstration d’effets pyrotechniques.

Aujourd’hui, il serait difficile d’imaginer une autre petite actrice que Drew Barrymore pour incarner le personnage principal. Charismatique en diable et tempérament de feu (oui bon, elle était facile), la très jeune comédienne étonne par sa sincérité et son investissement, autant dans les séquences dramatiques que lors des affrontements. A ses côtés, Martin Sheen (qui venait de jouer un autre salaud dans Dead Zone) et George C. Scott (Oscar du meilleur acteur pour Patton, L’Enfant du diable – The Changeling) se donnent la réplique et apportent au film une indéniable plus-value. Moins célèbre, David Keith (The Rose de Mark Rydell, Officier et Gentleman de Taylor Hackford) ne démérite pas moins dans le rôle du père de Charlie et s’avère même très émouvant dans ses scènes avec Drew Barrymore. Quant à la musique de l’immense groupe Tangerine Dream, elle reste très enivrante et souligne la dramaturgie de façon décalée. Rien d’étonnant à cela puisque la B.O. provient de morceaux déjà composés à l’avance et mis à la disposition de Mark L. Lester pour qu’il en fasse ce qu’il veut.

35 ans après, Charlie reste un bon et beau divertissement. S’il ne pourra jamais prétendre au prestige et à la reconnaissance des autres adaptations de Stephen King susmentionnées, cela n’a pas empêché le film de devenir culte auprès de très nombreux cinéphiles. Longtemps oublié et dissimulé derrière des œuvres et chefs d’oeuvres de grands maîtres, il est temps aujourd’hui de découvrir les qualités de ce petit film très attachant, bien rythmé et très plaisant à regarder.

LE BLU-RAY

Exit la version DVD MGM de Charlie (Firestarter) qui se revendait très cher sur le net ! Le film de Mark L. Lester jouit enfin d’une édition Haute-Définition sous la houlette d’ESC Editions. Le disque repose dans un boîtier classique de couleur noire. Le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche originale. Le menu principal est animé sur la musique de Tangerine Dream.

Pas grand-chose à se mettre sous la dent concernant les bonus. Seule une présentation (23’) du film et des adaptations de Stephen King au cinéma par Laurent Duroche de Mad Movies. Un peu plan-plan et filmé en plan fixe, le journaliste replace Charlie Firestarter) dans la carrière de l’écrivain et dans le courant cinématographique au début des années 1980. La production du film, son tournage et son accueil sont passés en revue, ainsi que le casting, la musique et les prochaines transpositions de Stephen King, notamment Marche ou crève que Laurent Duroche attend avec une grande impatience.

Cette section se clôt sur la bande-annonce de Charlie (Firestarter) et celle de Chucky – Jeu d’enfant.

L’Image et le son

ESC Editions livre un master HD qui frôle la perfection. Les très beaux partis-pris esthétiques du directeur de la photographie Giuseppe Ruzzolini trouvent en Blu-ray un nouvel écrin et se voient entièrement respectés. Point ou peu de réducteur de bruit à l’horizon, le grain est présent tout en étant discret (même sur les plans de vapeur ou de fumée difficiles à consolider), la photo parfois ouatée est savamment restituée, la colorimétrie retrouve un éclat inédit et le piqué est probant. Le format 2.35 est conservé, la profondeur de champ fort appréciable. A peine quelques plans flous et des visages légèrement rosés à déplorer. L’encodage AVC demeure solide, la gestion des noirs impeccable, la propreté exceptionnelle et le niveau de détails impressionnant. Charlie (Firestarter) qui affiche déjà plus de trente ans au compteur peut se targuer d’un lifting de premier ordre et d’un transfert d’une folle élégance.

Les versions originale et française sont proposées en DTS-HD Master Audio Mono 2.0, des pistes exemplaires et limpides, restituant les dialogues avec minutie – moins en version originale toutefois – ainsi que l’enivrante bande originale signée Tangerine Dream. Les effets sont solides, le confort acoustique largement assuré et nous découvrons même quelques ambiances inédites qui avaient pu échapper à nos oreilles jusqu’à maintenant. La piste française se focalise un peu trop sur les dialogues au détriment des effets annexes, plus saisissants en version anglaise. Le mixage français est certes moins riche mais contentera les habitués de cette version. Nous échappons heureusement à un remixage 5.1 inutile. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Orion Pictures / MGM / ESC Editions / ESC Distribution / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Break, réalisé par Marc Fouchard

BREAK réalisé par Marc Fouchard, disponible en DVD et Blu-ray le 21 novembre 2018 chez M6 Vidéo

Acteurs : Sabrina Ouazani, Kevin Mischel, Hassam Ghancy, Slimane, Maxime Pambet, Camille Japy, Christophe Reymond, Stella Fenouillet…

Scénario : Marc Fouchard, François-Régis Jeanne

Photographie : Maxime Cointe

Musique : Maxime Desprez, Michael Tordjman

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 2018

LE FILM

A la suite d’un grave accident, Lucie craint de voir se briser le rêve de sa vie : devenir danseuse. Elle quitte les beaux quartiers et part en banlieue à la recherche du père qu’elle n’a jamais connu. La jeune femme y croise Vincent, un ex-danseur qui a étrangement sacrifié sa passion. Poussé par Malik, son complice de toujours, il accepte de la coacher et lui fait découvrir un nouveau style de danse, le break. Issus de deux mondes différents, Lucie et Vincent vont s’engager dans un duo passionné de danse et de sentiments.

Sexy mais peu dense…En effet, ce Sexy Dance (vous comprenez l’astuce maintenant ?) à la française marche sur les pas de cette franchise US comprenant à ce jour cinq opus et ayant rapporté la bagatelle de 650 millions de dollars dans le monde. Le phénomène a même pris en France puisque cette saga musicale a attiré au total pas moins de 3,5 millions de spectateurs dans les salles. Une bonne moyenne avec un quatrième volet qui aura même dépassé le million d’entrées ! Alors dans Break nous ne sommes pas dans Bouge ! de Jérôme Cornuau, sorti durant l’été 1997 et dans lequel Ophélie Winter jouait son propre rôle au cours d’une soirée Dance Machine. Encore moins dans Dancing Machine de Gilles Bréhat où Alain Delon (« Bonsoir Chico ! ») fume le cigare et claudique devant un Patrick Dupont qui saute comme un cabri devant lui. On serait plutôt proche du Défi, comédie musicale hip-hop réalisée par Blanca Li en 2002. Break est un premier long métrage qui ne manque pas d’audace ni d’ambitions.

Son réalisateur Marc Fouchard, lui-même danseur de hip-hop, spécialisé ensuite dans le break depuis l’âge de 16 ans, a un vrai sens de l’image et soigne son film sur la forme. A l’écran, il est aussi épaulé par un bel atout avec la présence en haut de l’affiche de la lumineuse et talentueuse Sabrina Ouazani. Break s’ouvre sur une superbe scène mêlant danse et voltige. Sur la façade d’un bâtiment délabré, deux danseurs, un homme et une femme exécutent un ballet. Attachés à l’aide d’un filin, les deux partenaires semblent défier la gravité. Et c’est un ravissement. La caméra épouse les acrobaties et la performance de ces artistes quand soudain, la scène renvoie à l’exposition de Cliffhanger de Renny Harlin, vous savez celle où Sly tente de sauver cette femme d’une chute mortelle. S’ensuit un accident, un semi-coma, le réveil, un trauma et une existence qui reprend à zéro.

Dans Break, Sabrina Ouazani, très grande sportive qu’on a l’habitude de voir courir comme qui dirait tous les films, apporte à la fois son solide bagage d’actrice constitué depuis sa découverte dans L’Esquive d’Abdellatif Kechiche en 2004, ainsi que ses capacités physiques et athlétiques. Le truc qui ne fonctionne pas vraiment à l’écran, c’est qu’on ne s’improvise pas danseuse, malgré l’évidente et intense préparation à laquelle la comédienne a dû se plier. Du coup, Marc Fouchard est un malin et limite finalement les scènes où le personnage principal danse. Quelques pas ici et là, mais même la représentation finale de Lucie ressemble finalement plus à un numéro visuel qu’à une chorégraphie proprement dite. Celles et ceux qui seraient venus voir ce film pour la danse, devront plutôt se tourner vers Kevin Mischel, que l’on avait découvert dans Divines, film phénomène réalisé par Houda Benyamina. Belle gueule et danseur émérite, son charisme est indéniable à l’écran et le duo avec Sabrina Ouazani fonctionne bien.

En dépit de ses défauts (un manque de rythme flagrant, un montage approximatif), Break s’avère contre toute attente un film attachant, sincère, animé par une belle énergie contagieuse, qui donne d’ailleurs un autre visage à la Seine-Saint-Denis grâce à un beau cadre large et une photographie léchée. La partie dramatique avec cette jeune femme qui souhaite nouer une relation avec son père est passe-partout et seul le talent des acteurs fait passer doucement cet élément. Les séquences de battles (avec Slimane, gagnant de l’émission The Voice en 2016) sont filmées comme de vraies scènes d’action et l’on se surprend à taper du pied en rythme.

Break est donc une tentative plutôt réussie de film de danse hexagonal, auquel il lui manque un scénario plutôt qu’un fil rouge sur lequel se greffent des performances pour le moins épatantes.

LE BLU-RAY

Break est disponible chez M6 Vidéo, en DVD et en Blu-ray. Le test a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Le film s’accompagne d’un petit mais complet making of (16’30), qui suit le tournage des premières répétitions au début des prises de vue, en passant par la création des séquences principales, jusqu’au clap de fin. Le réalisateur et les deux acteurs principaux interviennent également afin de parler des personnages et des conditions de tournage.

L’Image et le son

Après un passage plutôt discret dans les salles françaises, Break est pris en main par M6 vidéo pour sa sortie dans les bacs. Nous sommes devant un très beau master HD. La définition est optimale, la luminosité affirmée, ainsi que le relief, la gestion des contrastes et le piqué sans cesse affûté. L’apport HD est constant et renforce la colorimétrie, l’encodage AVC consolide l’ensemble, les détails fourmillent sur le cadre large, et toutes les séquences de jour tournées en extérieur sont magnifiques de précision.

Comme pour l’image, l’apport HD pour Break permet de profiter à fond de la bande originale. La piste DTS-HD Master Audio 5.1 s’en donne à coeur joie en ce qui concerne la spatialisation de la musique. Chaque enceinte est remarquablement mise à contribution, précise dans les effets, avec une impressionnante balance frontales-latérales et une fluidité jamais démentie. Les ambiances naturelles ne manquent pas, les effets sont concrets et immersifs. Le caisson de basses participe évidemment à ces numéros. Les dialogues auraient mérité d’être relevé sur la centrale, problème récurrent chez M6 Vidéo. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés aux spectateurs sourds et malentendants, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © SND / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr