
PODIUM réalisé par Yann Moix, disponible en Blu-ray le 5 septembre 2017 chez Studiocanal
Acteurs : Benoît Poelvoorde, Jean-Paul Rouve, Julie Depardieu, Marie Guillard, Anne Marivin, Odile Vuillemin, Mia Frye…
Scénario : Yann Moix, Olivier Dazat, Arthur-Emmanuel Pierre d’après le roman Podium de Yann Moix
Photographie : Benoît Delhomme
Musique : Jean-Claude Petit
Durée : 1h34
Date de sortie initiale : 2004
LE FILM
Nom : Bernard Frédéric. Profession : Claude François, chanteur à succès des années 70. Oui son métier, c’est d’être Claude François à la place de lui ; le meilleur de sa génération ; Il est son sosie chantant et dansant avec quatre choristes.
Son ambition, au grand dam de sa femme Véro, est de gagner le concours de la Nuit des sosies, diffusée en prime time sur une grande chaîne. Pris entre son désir de gloire et l’amour réel pour sa femme, tenaillé entre son chanteur idole et Véro, il lui faudra choisir.

Film événement avec près de 3,6 millions d’entrées en 2004 et troisième plus grand succès hexagonal cette année-là derrière Les Choristes et Un long dimanche de fiançailles, Podium est rapidement devenu un film culte. Révélé en 1992 dans C’est arrivé près de chez vous de Rémy Belvaux et André Bonzel, Benoît Poelvoorde passe ensuite par la télévision pour les deux shows Jamais, au grand jamais et Les Carnets de Monsieur Manatane, avant de retourner au cinéma. Après le succès des Randonneurs de Philippe Harel en 1997, il devient très vite convoité par les réalisateurs. Le comédien enchaîne alors Les Convoyeurs attendent de Benoît Mariage, Les Portes de la gloire de Christian Merret-Palmair, Le Vélo de Ghislain Lambert – à nouveau – de Philippe Harel. La donne change avec Le Boulet d’Alain Berberian, blockbuster à la française qui attire plus de 3 millions de spectateurs. Arrive enfin Podium, qui consacre définitivement Benoît Poelvoorde avec sa première nomination pour le César du meilleur acteur et l’obtention du Prix Jean Gabin en 2005.



En misant sur Benoît Poelvoorde pour interpréter le rôle principal de son premier long métrage en tant que réalisateur, Yann Moix, qui adapte ici son roman éponyme (2002, Editions Grasset) sélectionné pour le prix Goncourt, ne s’est pas trompé. D’ailleurs, le roman et le scénario ont été écrits spécialement pour lui. Benoît Poelvoorde est Bernard Frédéric et a pour métier Claude François… et accessoirement, banquier. Devenir le sosie de Claude François est son rêve. Après avoir raccroché pendant plusieurs années, fondé une famille et trouvé un emploi stable, il est contacté par Couscous, alias Michel PolnarG, l’étonnant sosie de Michel Polnareff afin de gagner le concours de la « Nuit des sosies » présentée par Évelyne Thomas au grand dam de sa femme Véro. Pour ce faire, il engage quatre Bernadettes, comme Claude François avait ses Claudettes.



Même si le ton a été quelque peu adouci par rapport au roman, Yann Moix a réussi à préserver l’ironie et le mordant de son livre pour sa transposition à l’écran. Alors que la téléréalité avec sa course à la célébrité battait son plein depuis l’émergence de Loft Story en France, Podium se penche sur les artistes locaux qui tentent d’exister en calquant leur existence sur celle de leurs idoles. Pour Bernard Frédéric, Claude François est bien plus qu’un modèle, c’est un mode de vie à part entière. Il respire, il vit et même il est Claude François. Déjà très investi, Benoît Poelvoorde crève l’écran dans la peau du pourtant enfoiré Bernard Frédéric, au point de chanter lui-même tous les tubes entendus dans le film. En plus de ses références avouées (Claude Zidi, Max Pecas, Bertrand Blier, François Truffaut, les films avec Louis de Funès), Yann Moix joue avec l’esthétique bariolée des années 1970 (y compris dans les décors et les costumes très réussis), s’en amuse plus qu’il s’en moque, à travers un personnage qui trouve finalement refuge dans le corps et la personnalité d’un autre. Odieux, vulgaire, égocentrique, tyrannique, misogyne, Bernard Frédéric a tout pour être repoussant, pourtant Benoît Poelvoorde en fait un monstre avant tout humain, mal dans sa peau et qui dissimule ses failles, ses fêlures et son mal-être. Jusqu’à la séquence finale où le comédien donne des frissons en interprétant Ma préférence de Julien Clerc face caméra dans l’espoir de reconquérir sa femme.



Podium est également un véritable hommage à Claude François. On peut d’ailleurs le préférer au biopic Cloclo de Florent Emilio-Siri qui montrait également un artiste colérique et perfectionniste, mais dont la mise en scène pesante et prétentieuse pouvait facilement ennuyer. Véritable comédie populaire, Podium enchaîne les scènes et les répliques cultes (« Toi, là-bas avec le calamar sur la tête… ») comme des perles sur un collier avec des comédiens déchaînés (Jean-Paul Rouve en sosie de Polnareff, Julie Depardieu pétillante) et un rythme enlevé qui reste toujours aussi efficace. Yann Moix reviendra derrière la caméra pour Cinéman, immense nanar absolu, mais c’est une autre histoire.



LE BLU-RAY
Le test du Blu-ray de Podium, disponible chez Studiocanal, a été réalisé à partir d’un check-disc. Sortie technique, le menu principal de cette édition HD est fixe et muet.

Nous nous trouvons en présence de l’arnaque de l’année. Non pas que le master Haute-Définition soit infect, c’est même tout le contraire, mais tout simplement parce que l’éditeur a purement et simplement viré TOUS les suppléments que l’on trouvait sur les différentes éditions DVD du film !
Exit le très beau menu animé et musical, le chapitrage, la version longue (+ 26 minutes), le très bon commentaire audio de Yann Moix présent sur les deux montages, le pré-film annonce, la bande-annonce, le bêtisier, la galerie d’affiches et de photos, le making of de 70 minutes, le duo original Claude François/Petula Clark, bref tout a ici disparu. Zéro pointé !

Heureusement, Studiocanal se rattrape avec ce superbe master HD (1080p) qui restitue habilement les volontés artistiques du chef opérateur Benoît Delhomme (Des hommes sans loi, Mortel transfert). La patine argentique est élégante, les couleurs chaudes et clinquantes, les contrastes léchés et le relief constamment palpable. Ces partis pris esthétiques bigarrés sont savamment pris en charge par une compression sans failles, la définition demeure exemplaire sur tous les plans et tout du long, sur les scènes sombres comme sur les lumineuses séquences diurnes. Les détails sont légion sur le cadre large, le piqué aiguisé et la copie éclatante.

Podium vous donne l’occasion de transformer votre installation sonore en véritable jukebox-Claude François grâce à un mixage DTS-HD Master Audio 5.1 explosif. La balance frontale est riche et exemplaire, les dialogues solidement plantés sur la centrale et les latérales ne cessent d’exsuder leurs effets et ambiances dévastateurs, notamment sur toutes les séquences de représentations. Point de DTS-HD Master Audio 2.0, ni même de piste Audiodescription et encore moins de sous-titres destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Mars Distribution / Studiocanal / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr




















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Dans le second reportage, Jane Birkin répond entre autres aux questions du journaliste avec son sourire contagieux et évoque ses prochains tournages, La Course à l’échalote de Claude Zidi et Je t’aime moi non plus de Serge Gainsbourg. 




Crédits images : © TF1 Vidéo / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr




















































Mis en scène par le canadien Mark Robson (1913-1978), ancien monteur de Jacques Tourneur sur La Féline et Vaudou, mais aussi d’Orson Welles sur La Splendeur des Amberson, Plus dure sera la chute offre à Bogey l’un de ses plus beaux rôles. Eclectique, mais aussi inégal, on doit à Mark Robson Le Champion avec Kirk Douglas (1949), déjà un film sur le milieu de la boxe, Le Procès avec Glenn Ford (1955), ainsi que deux films de guerre très célèbres, L’Express du colonel Von Ryan avec Frank Sinatra (1965) et Les Centurions avec Anthony Quinn et Alain Delon (1966). L’un de ses derniers films, Tremblement de terre (1974) demeure l’un des fleurons du genre catastrophe. Bon technicien, il signe avec Plus dure sera la chute un de ses meilleurs films, peut-être même son chef d’oeuvre. 














Fils d’émigrants polonais, ce dernier demeure un mystère pour les spécialistes du cinéma puisque le scénariste en apparence « prolifique » a longtemps fait travailler d’autres écrivains à sa place et certains scénaristes inscrits sur la tristement célèbre liste noire lors du Maccarthysme. Un prête-nom avoué certes, mais Philip Yordan n’hésitait pas non plus à s’attribuer certains succès qu’il n’avait pas écrits. Pour Bertrand Tavernier, qui avait interviewé Philip Yordan (« j’ai rarement entendu autant de bobards de ma vie » dit d’ailleurs le réalisateur) c’est le cas pour Plus dure sera la chute, dont il attribue la paternité au romancier Budd Schulberg, qui avait adapté lui-même son livre en 1947, qui devait ensuite être mis en scène par Edward Dmytryk.
Le projet tombe à l’eau, mais la Columbia rachète le scénario à la RKO, qui atterrit ensuite sur le bureau de Philip Yordan. Bertrand Tavernier suppose que le scénario original a dû n’être que très légèrement retouché, Yordan y couchant ensuite sa signature. Bertrand Tavernier en vient au casting en revenant sur la dernière apparition d’Humphrey Bogart à l’écran, ainsi que sur le jeu de Rod Steiger, qui avait quelque peu décontenancé Bogey. L’historien du cinéma évoque deux points du récit qui le laissent quelque peu perplexe, mais loue la grande réussite de Plus dure sera la chute, encense la photo du chef opérateur Burnett Guffey, la mise en scène et le montage rapide, l’utilisation des décors et l’attention aux petits détails. Voilà une remarquable présentation !





























Crédits images : © FULL MOON FEATURES. ALL RIGHTS RESERVED / Movinside / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr















































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