LE SECRET MAGNIFIQUE(Magnificent Obsession)réalisé par Douglas Sirk, disponible en DVD et combo Blu-ray/DVDle 4avril2017chez Elephant Films
Acteurs : Jane Wyman, Rock Hudson, Barbara Rush, Agnes Moorehead, Otto Kruger, Gregg Palmer…
Scénario : Robert Blees, Wells Root, Sarah Y. Mason, Victor Heerman, d’après le roman Lloyd C. Douglas « Une merveilleuse obsession – Magnificent Obsession »
Photographie : Russell Metty
Musique : Frank Skinner
Durée : 1h48
Date de sortie initiale: 1954
LE FILM
Un jeune milliardaire arrogant, Bob Merrick, est victime d’un accident de bateau. Une équipe de secouristes s’affaire à le sauver avec un équipement qui aurait pu éviter la mort à Wayne Philips, un grand chirurgien humaniste. Pétri de remords, Merrick va se rapprocher d’Helen, la veuve éplorée du médecin, dans une quête de rédemption et d’amour.
Avec Le Secret magnifique – Magnificent Obsession, le cinéaste allemand d’origine danoise Douglas Sirk (1897-1987), de son vrai nom Hans Detlef Sierck, devient le maître incontesté du mélodrame hollywoodien en 1954. Alors qu’il possède déjà de nombreux succès derrière lui, en Allemagne avec les drames Les Piliers de la société et Paramatta, bagne de femmes, avant qu’il ne quitte le pays suite à la montée du nazisme, puis aux Etats-Unis avec le drame aux allures de film policier Tempête sur la colline, ainsi que les deux sublimes comédies No Room for the Groom et Qui donc a vu ma belle ? et le western Taza, fils de Cochise, Le Secret magnifique marque une étape primordiale dans la carrière du réalisateur.
En 1952, Douglas Sirk fait la rencontre du comédien Rock Hudson pour Qui donc a vu ma belle ?. Les deux hommes s’entendent à merveille, à tel point que leur collaboration s’étendra sur huit films tournés entre 1952 et 1958. Le Secret magnifique est déjà leur troisième œuvre en commun. Rock Hudson, starisé grâce à Sirk, donne la réplique à Jane Wyman, couple que Sirk réunira à nouveau dans Tout ce que le ciel permet sous la houlette du studio Universal. C’est dans Le Secret magnifique que se fait la chrysalide du style Sirk, épaulé par le directeur de la photographie Russell Metty et du compositeur Frank Skinner. Même s’il ne bénéficie pas encore de la grande liberté et des moyens dont il jouira après ce film jusqu’à la fin de sa carrière hollywoodienne, Douglas Sirk signe un chef d’oeuvre inoubliable, un mélodrame poignant, extraordinairement photographié en Technicolor.
Pourtant, à l’origine, Douglas Sirk n’était pas emballé à l’idée de réaliser le remake du film éponyme de 1935 mis en scène par John M. Stahl, même s’il n’avait pas vu le film original. Le cinéaste trouvait le roman de base (publié en 1929) de l’ancien pasteur protestant Lloyd C. Douglas trop mielleux. Il finit par accepter suite aux pressions (et par contrat) du studio Universal, mais ne peut pas revoir le scénario. Pour contrecarrer ce récit rocambolesque à souhait, il s’en remet aux couleurs de Russell Metty, qui créent une ambiance onirique et qui éloignent le film de tout réalisme. Rock Hudson fait des étincelles dans le rôle de Bob Merrick, riche playboy égocentrique, cynique, insensible, excentrique et indifférent à la nature humaine qui provoque le mal autour de lui sans s’en rendre compte. Croisant le chemin du peintre Edward Randolph (Otto Kruger), homme mystique et hors du commun qui va éveiller en lui l’envie de faire le bien, Bob Merrick va tenter d’expier ses erreurs passées au nom de l’amour, qu’il va découvrir en la personne d’une femme veuve et aveugle, dont il cause involontairement la mort de l’époux dans un accident. Vous suivez ? Il deviendra chirurgien et sauvera celle qu’il aime. A ses côtés, Jane Wyman, déjà bien installée à Hollywood, nommée quatre fois aux Oscars et lauréate de la précieuse statuette dorée en 1949 pour Johnny Belinda, bouleverse les spectateurs du début à la fin. L’alchimie entre les deux comédiens est évidente.
Malgré une histoire naïve, pour ne pas dire complètement improbable et surréaliste, l’audience demeure transportée par ce drame flamboyant et d’une infinie beauté, magistralement mis en scène et interprétée (n’oublions pas Barbara Rush et Agnes Moorehead) grâce à la magie de Douglas Sirk.
LE BLU-RAY
Le Secret magnifique est édité en combo par Elephant Films. Le Blu-ray et le DVD du film reposent dans un boîtier plastique. Le visuel de la jaquette est très élégant, tout comme le menu principal, fixe et musical. Ce titre rejoint la collection Douglas Sirk disponible chez Elephant, qui possède déjà dix titres à son actif.
En plus d’un lot de bandes-annonces, d’une galerie de photos et des credits du disque, nous trouvons une excellente présentation duSecret magnifique par Jean-Pierre Dionnet (13’). Producteur, scénariste, journaliste, éditeur de bande dessinée et animateur de télévision, notre interlocuteur, visiblement très inspiré et pour cause puisque Douglas Sirk est un de ses cinéastes favoris, replace ce long métrage dans la filmographie du réalisateur. Il en vient ensuite aux thèmes abordés dans Le Secret magnifique, en croisant habilement le fond avec la forme en indiquant que ce film est le catalyseur des mélodrames qui seront ensuite réalisés par Douglas Sirk. Le casting est évidemment passé au peigne fin, tout comme les fidèles collaborateurs du cinéaste, à savoir Frank Skinner à la musique et Russell Metty, directeur de la photographie.
Nous le disions précédemment, Douglas Sirk est un des réalisateurs fétiches de Jean-Pierre Dionnet. Ce dernier lui consacre un petit module de 9 minutes, dans lequel il parcourt rapidement les grandes phases de sa carrière, ses thèmes récurrents, ses comédiens fétiches, les drames qui ont marqué sa vie, son regain de popularité dans les années 1970 grâce à la critique française et quelques réalisateurs (Fassbinder, Almodóvar) alors que le cinéaste, devenu aveugle, était à la retraite en Allemagne.
L’Image et le son
Quoi de mieux que de redécouvrir les films hollywoodiens de Douglas Sirk dans des copies entièrement remastérisées ? En effet, si le réalisateur apportait déjà un soin tout particulier aux couleurs et à la photographie de ses films, il va sans dire qu’aujourd’hui, grâce à cette splendide restauration dont bénéficie Le Secret magnifique, le film profite doublement de cette cure de jouvence. L’attention apportée à chaque détail de l’image est à couper le souffle. Le Technicolor offre une large palette de couleurs qui souligne la beauté des comédiens, des décors et des paysages (Sirk filme beaucoup en extérieur), d’un objet ou d’un vêtement porté par Rock Hudson ou Jane Wyman. La définition est irréprochable et la compression idéale. Naturellement, ce Blu-ray au format 1080p respecte le grain original, la copie est stable et quasi-immaculée, la photo légèrement diffuse de Russell Metty flatte les rétines et la clarté est indéniable. Certains effets de pompage découlent des partis pris et ne gênent évidemment en rien le visionnage.
L’éditeur met à disposition deux pistes sonores en mono 2.0. Si le doublage français d’époque est réussi, c’est au niveau de la musique et des ambiances de fond que ça coince. En effet le tout manque d’ampleur et de clarté au niveau de la composition de Frank Skinner et des effets annexes. Tout le mérite revient à la piste originale, dynamique et vivante tout du long, sans souffle, qui permet d’apprécier un excellent mixage des dialogues avec la musique, dès le générique d’ouverture.
BACCALAURÉAT (Bacalaureat)réalisé par Cristian Mungiu, disponible en DVD et Blu-rayle 12avril2017chez Le Pacte
Acteurs : Adrian Titieni, Maria-Victoria Dragus, Rares Andrici, Lia Bugnar, Malina Manovici, Vlad Ivanov…
Scénario : Cristian Mungiu
Photographie : Tudor Vladimir Panduru
Durée : 2h07
Date de sortie initiale: 2016
LE FILM
Romeo, médecin dans une petite ville de Transylvanie, a tout mis en œuvre pour que sa fille, Eliza, soit acceptée dans une université anglaise. Il ne reste plus à la jeune fille, très bonne élève, qu’une formalité qui ne devrait pas poser de problème : obtenir son baccalauréat. Mais Eliza se fait agresser et le précieux sésame semble brutalement hors de portée. Avec lui, c’est toute la vie de Romeo qui est remise en question quand il oublie alors tous les principes qu’il a inculqués à sa fille, entre compromis et compromissions…
Pour Baccalauréat, son cinquième long métrage, le réalisateur Cristian Mungiu, révélé par 4 mois, 3 semaines, 2 jours qui lui a valu une Palme d’Or méritée en 2007, s’inspire une fois de plus de faits réels. A l’instar de son précédent film Au-delà des collines, le cinéaste souhaite à travers le drame réaliser une radiographie de la Roumanie d’aujourd’hui, toujours gangrenée par la corruption, qui tente encore de se remettre des années Ceauşescu.
Prenant comme partis pris de ne pas être catégorique dans ses jugements ni de tenter d’identifier les coupables, Cristian Mungiu livre une oeuvre tendue comme un « thriller social » et l’on pense tout du long au cinéma de Michael Haneke (notamment le fabuleux Caché), des frères Dardenne (coproducteurs du film d’ailleurs) et d’Asghar Fahradi. Comme ces derniers, Cristian Mungiu laisse au spectateur le choix de se faire sa propre opinion sur les agissements des personnages. Où est le bien ? Où est le mal ? Qui a raison ? Qui a tort ? Le réalisateur indique « Baccalauréat est une histoire sur les compromis et les principes, sur les décisions et les choix, sur l’individualisme et la solidarité mais aussi sur l’éducation, la famille et sur le vieillissement. C’est l’histoire d’un parent qui se demande ce qui est le mieux pour son enfant, si son enfant devrait être préparé à devenir un survivant dans le monde réel ou s’il devrait se battre pour être toujours honnête et changer le monde autant qu’il le peut ».
Romeo (Adrian Titieni, bouleversant), la cinquantaine, père aimant et responsable, est chirurgien. Son mariage est en crise et il fait chambre à part avec sa femme. Il a une jeune maîtresse. Mais sa seule obsession est de sauver sa fille Eliza (Maria-Victoria Dragus, vue dans Le Ruban blanc de Michael Haneke) de l’avenir peu reluisant qui s’offre à elle si elle devait faire sa vie en Roumanie. Si elle obtient une moyenne de 18 à son bac, elle pourra bénéficier d’une bourse qui lui permettra de quitter le pays pour aller étudier dans une université prestigieuse en Angleterre. Une affaire faite pour cette élève très douée. Mais la veille des examens, l’adolescente est agressée dans un chantier près de la fac. Blessée, choquée, démotivée, elle hésite alors à se présenter à la première épreuve le lendemain matin. Toutefois, Romeo est prêt à tout. Il se tourne alors vers un patient en attente d’une greffe de foie. Influent, ce dernier lui promet d’intervenir afin de corrompre le correcteur des copies. Baccalauréat repose sur une montée de tension palpable et progressive qui prend le spectateur – placé en tant que témoin – aux tripes pour ne plus le lâcher. Quelques secrets cachés éclatent au grand jour et fragilisent les relations au sein de la famille. Que faire ? Que dire ? Le ton monte, le personnage principal, Roméo, médecin réputé, dont Mungiu adopte le point de vue, se trouve constamment face à un dilemme, pris dans une spirale infernale d’entrée de jeu (une fenêtre brisée par une pierre lancée par un inconnu) et se retrouve à utiliser les armes dont il dispose pour enfreindre la loi, dans le seul but d’aider sa fille.
A travers ces conflits intérieurs, le réalisateur dresse un constat pessimiste de son pays et de la perte de confiance de ses habitants. Avec une mise en scène implacable en plans-séquences, une structure virtuose en engrenages, un scénario brillant et le jeu intense de ses merveilleux comédiens magistralement dirigés, Baccalauréat, tout comme les œuvres précédentes de Cristian Mungiu, implique le spectateur qui s’identifie immédiatement aux personnages féminins et masculins, adultes et ados, et c’est là toute la force de son cinéma. Une oeuvre captivante et saisissante sur l’amour et le libre-arbitre, justement récompensée par le Prix de la mise en scène au Festival de Cannes en 2016.
LE BLU-RAY
Le Blu-ray de Baccalauréat, disponible chez Le Pacte, repose dans un boîtier classique de couleur bleue. Le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche du film. Le menu principal est animé et musical.
Après avoir (re)vu Baccalauréat, dirigez-vous immédiatement sur la section des suppléments qui propose un entretien fondamental entre Cristian Mungiu et Michel Ciment, directeur de la revue Positif (45’). Les deux hommes échangent en français sur la genèse du film, l’écriture du scénario (plusieurs faits divers reliés par un fil rouge), les personnages, les thèmes, les points de vue, la mise en scène, le rapport au spectateur, l’usage du son et l’absence de musique, le casting, les décors, le cadre. Tous ces sujets sont abordés longuement et de manière passionnante. Les cinéphiles amateurs de l’oeuvre de Cristian Mungiu ne devront pas manquer ce rendez-vous.
S’ensuivent deux scènes coupées (4’). La première se focalise sur Eliza qui demande à son petit ami Marius de la déposer au centre d’examens le lendemain matin. Ce dernier réagit en lui rappelant qu’elle serait amenée à quitter le pays, et donc lui aussi, si elle devait réussir son baccalauréat. Cela laisserait supposer que l’accusation de Romeo a l’égard de Marius est peut-être justifiée et que le jeune homme aurait peut-être préféré ne pas intervenir lors de l’agression en pensant que cela inciterait Eliza à rester en Roumanie. La deuxième scène montre Romeo et sa maîtresse Sonia le soir, ramenant le chien qu’ils ont percuté en voiture et qu’ils essayent de soigner. Le couple s’embrasse, mais un bruit suspect interrompt le baiser, comme si quelqu’un les observait.
L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.
L’Image et le son
Le Blu-ray est au format 1080p. Baccalauréat bénéficie d’un superbe traitement de faveur avec ce master HD élégant. Les contrastes sont à l’avenant, la luminosité des scènes diurnes est éclatante, le piqué acéré y compris en intérieur, les noirs sont denses, le codec AVC solide. Evidemment, la propreté est de mise, les détails foisonnent aux quatre coins du cadre, et hormis quelques saccades notables sur divers mouvements de caméra, la colorimétrie demeure agréablement naturelle, précise et classe.
Baccalauréat est disponible en versions française et roumaine DTS-HD Master Audio 5.1. Il n’y a rien à redire du point de vue dynamique et de la vivacité des dialogues. Les deux mixages sont harmonieux, même si la version originale est évidemment largement conseillée et plus naturelle, respectent l’ambiance intimiste du film, se révèlent fluide et créent un confort acoustique plaisant. Quelques ambiances et effets se font bien entendre sur les latérales, mais l’ensemble demeure anecdotique, surtout que le film se trouve totalement dépourvu de musique. Les sous-titres français sont imposés sur la piste roumaine et le changement de langue est verrouillé à la volée. L’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.
LE SOUS-MARIN DE L’APOCALYPSE (Voyage to the bottom of the sea)réalisé par Irwin Allen, disponible en DVD et Blu-rayle 4 avril2017chez Rimini Editions
Acteurs : Walter Pidgeon, Robert Sterling, Joan Fontaine, Peter Lorre, Barbara Eden, Frankie Avalon…
Scénario : Irwin Allen, Charles Bennett
Photographie : Winton C. Hoch
Musique : Paul Sawtell, Bert Shefter
Durée : 1h45
Date de sortie initiale: 1961
LE FILM
Commandé par l’Amiral Nelson, le Sea View est un sous-marin nucléaire révolutionnaire. En plongée dans l’océan Arctique, le bâtiment est victime d’un éboulement de glace. Le retour à la surface offre un spectacle terrifiant. Victime d’un réchauffement soudain, la Terre sera bientôt impropre à toute forme de vie. Dans leur course pour sauver la planète, l’amiral et son équipage vont devoir affronter mille dangers, entre monstres marins et sous-marins ennemis.
Beaucoup de téléspectateurs connaissent la série TV Voyage au fond des mers, créée et produite par Irwin Allen (1916-1991), soit 110 épisodes réalisés de 1964 à 1968 et diffusés sur la chaine américaine ABC. Mais l’audience n’est peut-être pas au courant que cette série découle du long métrage Le Sous-marin de l’apocalypse – Voyage to the bottom of the sea, réalisé par le même Irwin Allen en 1961. Grand producteur spécialisé dans les films fantastiques et d’aventures, on lui doit notamment Cette mer qui nous entoure (1952, Oscar du meilleur documentaire), Le Monde perdu (1960), Cinq semaines en ballon (1962), La Cité sous la mer (1969), qu’il a lui-même réalisé, sans oublier la série Perdus dans l’espace (1965), ainsi que les chefs d’oeuvre L’Aventure du Poséidon de Ronald Neame (1972) et La Tour infernale de John Guillermin (1974). Ce qui revient souvent dans cette filmographie c’est la fascination d’Allen pour la mer et ses secrets, ainsi que les grands spectacles directement hérités des récits de Jules Verne.
Le Sous-marin de l’apocalypse ne fait pas exception à la règle et s’avère une savoureuse relecture de Vingt mille lieues sous les mers coécrite par Irwin Allen et Charles Bennett (Les 39 marches, L’Homme qui en savait trop). Le personnage de Walter Pidgeon, génial inventeur du sous-marin, mais que ses subordonnés suspectent de tomber progressivement dans la folie, n’est pas sans rappeler celui du Capitaine Nemo. La fin du monde semble approcher à grands pas. En effet, une ceinture radioactive incandescente cerne la Terre, la menaçant d’une destruction totale et définitive. Alors que son bâtiment croise dans les eaux de l’océan Arctique, l’amiral Nelson, le commandant d’un sous-marin atomique chargé de procéder à des essais nucléaires sous les glaces du pôle Nord, apprend la terrible nouvelle. Pour lui, il n’existe qu’une seule solution : briser le cercle infernal de la ceinture de Van Allen au moyen d’un missile tiré depuis le pôle magnétique. Il fait part de son idée aux autorités de son pays, mais celles-ci tergiversent. Las d’attendre le feu vert de ses supérieurs, Nelson décide de passer à l’action. Imaginez Walter Pidgeon, Joan Fontaine et Peter Lorre en uniforme bien repassé, dos droit et regard plissé, les derniers espoirs de l’humanité sur le point d’être anéantie par un phénomène météorologique ! Tout ce beau monde, y compris Barbara Eden, Robert Sterling, Michael Ansara et même Frankie Avalon qui pousse également la chansonnette du générique d’ouverture, sont réunis dans leur sous-marin dernier cri avec sa forme de cigare argenté et ses huit hublots moulés dans son nez de verre.
Le Sous-marin de l’apocalypse est un savoureux film de science-fiction vintage, très bien fait, avec des effets spéciaux rétro qui tiennent encore bien la route (la pieuvre et le poulpe géants, les modèles réduits), tout comme l’interprétation haut de gamme et la belle photo de Winton C. Hoch, fidèle collaborateur de John Ford. Considéré comme un film catastrophe avant l’heure, Voyage to the bottom of the sea reste un formidable film d’aventure bien rythmé, aux nombreuses péripéties, doublé d’un message écolo sur le réchauffement climatique (même si la planète est finalement sauvée grâce au nucléaire) qui interpelle probablement beaucoup plus les spectateurs d’aujourd’hui que ceux de l’époque, ce qui ajoute une plus-value à ce long métrage devenu culte avec les années et qui demeure très prisé des cinéphiles.
LE BLU-RAY
Le Blu-ray du Sous-marin de l’apocalypse, disponible chez Rimini Editions, repose dans boîtier classique de couleur bleue. Le visuel de la jaquette est très élégant, entre le rouge du ciel enflammé et le bleu limpide des profondeurs des océans. Le menu principal est animé sur des images du film et la chanson de Frankie Avalon « Voyage to the bottom of the sea » qui ouvre le film.
L’éditeur joint un excellent module rétrospectif sur le film, écrit et réalisé par le journaliste Alexandre Jousse (18’) et produit par l’équipe de Rimini Editions. Dans les coursives du Seaview revient habilement sur tous les aspects du Sous-marin de l’apocalypse, à travers un montage soigné et une réalisation dynamique. Les propos sont clairs et précis, parfois accompagnés d’animations 3D pour expliquer comment les prises de vues ont été effectuées avec les modèles réduits ou sous l’eau. Alexandre Jousse explore la genèse du film d’Irwin Allen, le casting, l’élaboration des décors, les effets spéciaux, aborde la carrière du cinéaste-producteur, passe en revue les références à Jules Verne et à l’actualité de l’époque, sans oublier l’accueil triomphal du film à sa sortie. Il n’oublie pas de parler de la série Voyage au fond des mers tirée du film trois ans après sa sortie, tout comme le merchandising qui a accompagné ce succès. Quelques storyboards, dessins préparatoires viennent même illustrer cette excellente présentation à ne pas manquer.
L’Image et le son
Grâce à un codec AVC de haute tenue, le Blu-ray du Sous-marin de l’apocalypse proposé au format 1080p, permet aux spectateurs de redécouvrir totalement les incroyables décors du film. Si l’on excepte quelques séquences plus douces que d’autres ou au grain plus appuyé (sur les plans de plongée sous-marine ou les projections) nous nous trouvons devant une image qui ne cesse de flatter les rétines. Issue d’une restauration solide, cette copie HD est d’une stabilité à toutes épreuves. La propreté est indéniable, les couleurs retrouvent une vraie vivacité (rouges éclatants dès le générique), le piqué est joliment acéré et les détails sont probants sur le cadre large. Certes les effets spéciaux optiques ont pris un petit coup de vieux, mais le découpage est net et sans bavure, l’ensemble est homogène et d’une indéniable élégance. Si les contrastes auraient pu être légèrement revus, revoir Le Sous-marin de l’apocalypse dans ces conditions a de quoi ravir les cinéphiles.
Les versions originale et française bénéficient d’un mixage LPCM 2.0. Le confort acoustique est largement assuré dans les deux cas. L’espace phonique se révèle probant et les dialogues sont clairs, nets, précis, même si l’ensemble manque plus de vivacité sur la piste française. Que vous ayez opté pour la langue de Shakespeare (conseillée) ou celle de Molière, aucun souffle ne vient parasiter votre projection et l’ensemble reste propre. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue se fait grâce au menu pop-up.
Denis Patar est un père aimant mais débordé qui se débat seul avec l’éducation de ses filles, Janine, 13 ans et Mercredi, 9 ans, deux boulots et une bonne dose de système D. Un soir, Denis oublie, une fois de trop, Mercredi à la sortie de l’école. Une enquêtrice sociale passe alors le quotidien de la famille Patar à la loupe et oblige Denis à « un stage de parentalité ». Désormais, les Patar vont devoir rentrer dans le rang…
On dirait que le Festival de Sundance fait des émules dans nos contrées ! Cigarettes et chocolat chaud est le premier long métrage de Sophie Reine, monteuse de profession, ayant oeuvré sur les très réussis Ma vie en l’air, Le Temps des porte-plumes, J’ai toujours rêvé d’être un gangster, Foxfire, confessions d’un gang de filles, My Sweet Pepper Land et récompensée par un César pour Le Premier jour du reste de ta vie. Une carrière riche et éclectique qui l’a conduite vers la mise en scène. Son premier court-métrage Jeanine ou mes parents n’ont rien d’exceptionnel (2010) démontre déjà un univers constitué de collages, d’animations, de couleurs sur fond de crise familiale. Sophie Reine attendra six années avant de passer au long-métrage avec Cigarettes et chocolat chaud, prolongement et approfondissement de son précédent travail cinématographique.
Extrêmement foutraque, mais très attentionné, Denis Patar est un paternel épatant, mais débordé qui se débat pour élever et éduquer ses deux fillettes Mercredi et Janine, depuis la mort de son épouse. Compressé par plusieurs boulots alimentaires, ce veuf rate, une fois de trop, la sortie d’école de sa fille Mercredi (c’est son prénom) de 9 ans, interprétée par la jeune Fanie Zanini, confondante de naturel, qui se retrouve au commissariat. Cette garde d’enfant à vue va entraîner l’entrée en scène d’une enquêtrice sociale. S’il veut conserver la garde de ses enfants, Denis va devoir suivre un stage de responsabilisation parentale. Comme très souvent pour une première oeuvre, Cigarettes et chocolat chaud foisonne d’idées – certaines inspirées par la propre enfance de la réalisatrice, passée dans un appartement parisien où le bordel était roi – et Sophie Reine s’avère très généreuse envers les spectateurs, quitte à créer un trop-plein.
La photo éclatante et colorée du chef opérateur Renaud Chassaing, les costumes et les décors plongent l’audience dans un monde singulier, celui de la famille Patar, qui a su rester optimiste et liée malgré le drame qui l’a touchée. Ce film très attachant part un peu dans tous les sens, mais cela traduit en même temps la façon de vivre des Patar. A mi-chemin, l’histoire se focalise sur la fille aînée atteinte du Syndrome Gilles de la Tourette, qui arrive un peu comme un cheveu sur la soupe. Mais cette fois encore, cela reflète le fait que le père (génial Gustave Kervern) est tellement désorganisé dans sa façon de vivre et de s’occuper de ses deux enfants, qu’il ne s’est même pas rendu compte des nombreux tics qui agitent sa fille Janine (Héloïse Dugas, jolie révélation). Il faudra un électrochoc, l’arrivée d’une enquêtrice (l’excellente Camille Cottin), pour que Denis fasse le tri dans sa vie, parvienne à faire son deuil, pour mieux s’occuper de ses enfants et penser à lui.
Cigarettes et chocolat chaud s’inscrit dans ce genre de comédies américaines et anglaises du style Little Miss Sunshine et Captain Fantastic, une sensibilité Sundance comme nous le disions en début de critique, un film qui fait du bien, qui fait chaud au coeur, avec des personnages bourrés de charme menés par un Gustave Kervern nounours en diable. A la fin, il n’est pas interdit de fredonner Cigarettes and chocolate milk de Rufus Wainwright, chanson qui a inspiré le titre du film (et qui le clôt), qui devient comme qui dirait l’hymne entêtant et caractéristique de la famille Patar et de cette chronique irrésistible, fantaisiste, tendre et poétique.
LE DVD
Le DVD de Cigarettes et chocolat chaud, disponible chez Diaphana, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la musique du film et la jaquette reprend le visuel de l’affiche du film.
Malgré le petit score du film dans les salles, Diaphana prend soin du service après-vente de Cigarettes et chocolat chaud, en livrant tout d’abord un making of (31’) très sympathique, composé de nombreuses images de tournage et de propos de l’équipe. On y voit Sophie Reine à l’oeuvre avec ses comédiens, tandis que ces derniers reviennent sur l’histoire et les personnages. Quelques images montrent les bouts d’essai des acteurs, ainsi que la préparation des décors et des costumes.
S’ensuit la court-métrage Jeanine ou mes parents n’ont rien d’exceptionnel, réalisé par Sophie Reine en 2010, avec Denis Ménochet et Léa Drucker. Jeanine, 10 ans, n’en peut plus de ses parents, anciens hippies, qui ne pensent qu’à s’amuser. Afin d’accéder à la vie « carrée et organisée » à laquelle elle rêve elle s’inscrit en cachette à un concours de gymnastique. Comme nous l’indiquons dans notre critique de Cigarettes et chocolat chaud, les thèmes et les bases formelles du long métrage de Sophie Reine sont déjà posés dans cet excellent Jeanine ou mes parents n’ont rien d’exceptionnel.
L’interactivité se clôt sur la bande-annonce du film, une autre alternative, ainsi qu’un petit questionnaire auquel se sont pliés les quatre comédiens principaux.
L’Image et le son
Seule l’édition DVD a pu être testée. Evidemment, le piqué n’est pas aussi pointu qu’en Blu-ray et la colorimétrie peut avoir tendance à baver quelque peu, mais cette édition SD s’en tire avec les honneurs. Les contrastes sont corrects, les détails plaisants et l’encodage suffisamment solide pour pouvoir faire profiter de la photographie de Renaud Chassaing (Pattaya, Présumé coupable). La clarté est appréciable, les teintes chaleureuses et solaires. Notons toutefois quelques baisses de la définition.
Outre une piste Audiodescription et des sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant, la version Dolby Digital 5.1 parvient sans mal à instaurer un indéniable confort phonique. Les enceintes sont toutes mises en valeur et spatialisent excellemment les effets, la musique et les ambiances. Quelques séquences auraient peut-être mérité d’être un peu plus dynamiques ou les dialogues parfois quelque peu relevés quand la partition s’envole. Le caisson de basses s’invite également à la partie, notamment lors de la fête finale. La piste Stéréo est de fort bon acabit et contentera largement ceux qui ne seraient pas équipés sur la scène arrière.
LA LEVÉE DES TOMAHAWKS (Brave Warrior)réalisé par Spencer Gordon Bennet, disponible en DVD le 23mars2017chez Sidonis Calysta
Acteurs : Jon Hall, Christine Larsen, Jay Silverheels, Michael Ansara, Harry Cording, James Seay…
Scénario : Robert E. Kent
Photographie : William V. Skall
Musique : Mischa Bakaleinikoff
Durée : 1h09
Date de sortie initiale: 1952
LE FILM
1812 dans l’Indiana. Un nouveau conflit menace de naître entre les Etats Unis et L’Angleterre. Un radeau américain destiné à ravitailler les tribus Shawnee en sel est attaqué par les Anglais, ceux-ci en massacrent les occupants et coulent la cargaison. Cet acte est commandité par Shayne Mac Grégor, riche commerçant en fourrures à Vincennes. Au camp Shawnnee, las des promesses non tenues la révolte gronde, la division éclate entre le chef Tecumseh et son frère surnommé « Le Prophète ». Ce dernier veut déterrer la hache de guerre contre les Américains. Le gouverneur de l’état William Henry Harrison, afin d’éviter une nouvelle guerre, engage Steve Rudell ami d’enfance de Tecumseh. Steve propose alors à Tecumseh de bâtir une ville nouvelle : » Tippecanoe » avec une école pour les enfants, ce qui permettra de rapprocher les contacts pacifiques entre blancs et indiens. De son côté, Mac Grégor prépare avec l’aide du prophète et des Anglais, une embuscade destinée à anéantir les troupes américaines venues pour établir leur quartier général dans la ville de Vincennes.
Spencer Gordon Bennet (1983-1987) demeure un des plus grands spécialistes de la série B du cinéma américain. Prolifique et éclectique, on lui attribue plus de 120 films tournés entre 1921 et 1966. Habitué des serials, ce réalisateur était capable de livrer une demi-douzaine de films par an dans les années 1920 jusqu’à l’entrée des Etats-Unis dans la Seconde Guerre mondiale. Dans sa filmographie, tous les genres y sont passés, en particulier les westerns, les films d’aventures et de science-fiction. Zorro, le vengeur masqué (1944), Superman (1948), Batman & Robin (1949), Le Sous-marin atomique (1959), restent ses œuvres les plus marquantes. Sur sa tombe, les studios lui ont rendu un dernier hommage en y faisant graver « King of Serial Directors, his final chapter ». La Levée des tomahawks – Brave Warrior est un de ses cinq films tournés et sortis en 1952.
Ce petit western mis en scène avec peu de moyens, montre le savoir-faire du cinéaste pour emballer une aventure qui prend de très grandes libertés avec l’Histoire, afin de proposer aux spectateurs un récit aux personnages attachants, des archétypes où les gentils le sont vraiment, tout comme leurs adversaires que rien ne peut racheter, afin de ne pas compliquer les choses, pour aller à l’essentiel en à peine 70 minutes. Le lieu (la ville de Vincennes, Indiana), et le conflit en cours (les Anglais qui menacent les Américains, les Indiens Shawnees qui se retrouvent au milieu) sont exposés au moyen d’une carte dès le prologue. Spencer Gordon Bennet et son scénariste Robert E. Kent n’ont aucun scrupule pour remanier l’Histoire à leur guise et montrer de vrais héros américains, en paix avec les Indiens – ils leur fournissent même le sel nécessaire à la conservation de leur nourriture, afin de les remercier de leur avoir cédé leurs terres situées le long de la rivière Tippecanoe – jusqu’à ce que ces maudits Anglais essayent de contrecarrer leur expansion. Les Indiens Shawnees eux-mêmes vont se retrouver face à un dilemme puisque le guerrier surnommé « Le Prophète » (Michael Ansara) décide de se rebeller contre les Américains, tandis que son frère, le pacifiste Tecumseh (Jay Silverheels), qui admire la civilisation des Blancs et amoureux d’une Américaine, Laura (Christine Larsen), tente de ramener la paix dans la région. Mais les Anglais sont fourbes et vont user de stratagèmes, ainsi que de l’aide d’Américains qui ont rallié leur cause (dont le père de Laura), pour déclencher une guerre sur le sol de l’Oncle Sam, afin de mieux en récolter les fruits.
Comme il en a toujours eu l’habitude, Spencer Gordon Bennet soigne sa mise en scène, du moins autant que son budget restreint lui permettait de le faire, et se concentre avant tout sur les personnages et un beau Technicolor. De ce fait, les anachronismes, les décors carton-pâte, les costumes médiocres (les Indiens semblent affublés d’un pyjama) passent « mieux » à l’écran. Production modeste, La Levée des tomahawks repose sur un casting solide avec notamment Jon Hall, découvert dans quelques séries B d’aventures aux titres explicites Pago-Pago, île enchantée, Aloma, princesse des îles ou bien encore The Tuttles of Tahiti, avant de devenir une star avec les formidables La Vengeance de l’Homme Invisible et L’Agent invisible contre la gestapo.
La Levée des tomahawks se regarde comme on lit un roman d’aventures vintage à la couverture excitante, dont le contenu n’est sans doute pas à la hauteur des espérances, mais qui n’en demeure pas moins bourré de charme et extrêmement divertissant.
LE DVD
Le DVD de La Levée des tomahawks, disponible chez Sidonis Calysta, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la musique du film.
Point de Bertrand Tavernier à l’horizon, mais François Guérif a répondu présent à l’appel afin de présenter le film de Spencer Gordon Bennet. Pendant cinq petites minutes, le critique de cinéma, éditeur et directeur de la collection Rivages/Noir, rappelle qui est le réalisateur, avant d’évoquer tous les anachronismes et les grandes libertés (euphémisme) prises avec la véritable histoire et les personnages réels. S’il dit que La Levée des tomahawks demeure une curiosité, François Guérif insiste bien sur le fait que tous les événements évoqués dans le film sont faux.
De son côté, Parick Brion est plus magnanime avec le film (7’). On apprend que La Levée des tomahawks est un film inédit dans les salles françaises, mais qu’il a bénéficié d’une sortie en Belgique en double-programme. Après avoir rappelé quelques grands titres du western sortis en 1952, l’historien du cinéma parle du réalisateur Spencer Gordon Bennet, du casting du film et indique que La Levée des tomahawks est rare et s’estime très heureux de pouvoir le présenter aux spectateurs grâce à cette édition DVD.
L’interactivité se clôt sur une galerie de photos.
L’Image et le son
Le catalogue de Sidonis s’enrichit ainsi avec l’édition de La Levée des tomahawks, jusqu’alors inédit en France et se revêt d’un beau master (1.33, 16/9) restauré. La photo et les partis pris esthétiques originaux sont très bien conservés, les contrastes certes un peu légers et les couleurs parfois pastelles, mais le générique affiche d’emblée une stabilité bienvenue. La définition ne déçoit jamais, les poussières n’ont pas survécu au lifting numérique, hormis quelques points et tâches. Les scènes sombres et nocturnes sont logées à la même enseigne que les séquences diurnes, la profondeur de champ est appréciable, le grain cinéma est conservé même si certaines scènes apparaissent étrangement lisses et le piqué demeure vraiment agréable.
Que votre choix se porte sur la version originale (avec sous-titres français imposés) ou la version française, la restauration est également fort satisfaisante. Aucun souffle constaté sur les deux pistes, l’écoute est claire, frontale et riche, dynamique et vive. Les effets annexes sont plus conséquents sur la version originale que sur la piste française, moins précise, mais le confort acoustique est assuré sur les deux options. Le changement de langue est verrouillé à la volée.
VIRALréalisé par Henry Joost et Ariel Schulman, disponible en DVD et Blu-ray le 1er mars 2017chez Wild Side Video
Acteurs : Sofia Black-D’Elia, Analeigh Tipton, Travis Tope, Michael Kelly, Colson Baker, John Cothran…
Scénario : Christopher Landon, Barbara Marshall
Photographie : Magdalena Górka
Musique : Rob Simonsen
Durée : 1h25
Date de sortie initiale: 2016
LE FILM
2016. Le monde est subitement infecté par un mystérieux virus… Dans une petite ville des États-Unis, Emma et sa sœur Stacey découvrent horrifiées que les habitants contaminés se transforment en créatures féroces. Coupées du monde extérieur et prises au piège dans la ville, elles vont tenter de trouver un abri en attendant les secours. Mais le danger est partout…
Les auteurs (ou responsables, c’est selon) de Paranormal Activity 3 et 4, Henry Joost et Ariel Schulman sont de retour ! Après Nerve, avec Emma Roberts et Dave Franco, joli succès dans les salles (y compris françaises), les deux compères qui ne se quittent plus depuis plus de dix ans, ont immédiatement enchaîné avec Viral, un nouveau film d’horreur qui cible les spectateurs adolescents et qui s’avère une très agréable surprise. Premièrement parce que le film est soigné dans sa mise en scène et dans sa photographie, deuxièmement parce que Viral fait penser à quelques classiques du genre, à l’instar de The Faculty de Robert Rodriguez mâtiné des films de contagion et de zombies, avec un soupçon de The Bay de Barry Levinson.
Installée depuis peu avec son père et sa sœur dans une ville californienne, la vie d’Emma, adolescente timide, est bouleversée lorsqu’un virus terrifiant venu de l’étranger balaie désormais les USA et commence à transformer les habitants du pays, y compris quelques-uns de ses amis et voisins en monstres vicieux. Mise en quarantaine avec sa famille, Emma pense qu’ils sont hors de danger, mais quand la contagion s’infiltre jusque dans leur maison, Emma devra faire face à une décision difficile. Le générique malin constitué de discours diffusés à la radio et à la télévision, indique qu’une épidémie, la « grippe du ver » en l’occurrence, serait en train de s’étendre depuis Taïwan. Les frontières de certains pays sont déjà fermées. Les Etats-Unis limitent l’entrée sur leur territoire, la paranoïa s’installe, Barack Obama (il nous avait caché cela) tente d’être rassurant. La maladie se transmettrait par le sang. Si votre appétit augmente de façon inquiétante, que vous vomissez du sang et que vous êtes pris de convulsions, c’est que vous êtes mal barrés et il est fort probable que votre corps soit devenu le foyer d’un parasite.
Voilà, le tableau est dressé, ainsi que le lieu de l’action (une petite bourgade de la vallée de San Fernando) et les personnages principaux (Emma, sa sœur Stacey, l’amoureux d’Emma, le père). Les cinéastes déroulent tranquillement leur récit, en prenant soin de développer suffisamment les enjeux pour Emma et Stacey, livrées à elles-mêmes après que le couvre-feu ait été installé et empêche quiconque (y compris leur père) d’entrer ou de sortir de la ville. Viral ne repose pas uniquement sur l’horreur, mais aussi et surtout – et c’est là un de ses solides atouts – sur la solide interprétation de Sofia Black-D’Elia, vue dans la série Gossip Girl, mais aussi dans le superbe The Immigrant de James Gray et le nanar Ben-Hur de Timur Bekmambetov, qui porte le film du début à la fin. A ses côtés, la géniale et divine Analeigh Tipton (Crazy, Stupid, Love, Warm Bodies) incarne la sœur aînée extravertie, qui malheureusement va être victime de ce virus.
Si Viral ne révolutionnera pas le genre, le film s’avère plutôt élégant dans sa forme avec un montage habile qui distille ses effets chocs, sans avoir recours à l’effet gratuit du jump scare. La belle photo contrastée et l’atmosphère étouffante avec cette petite ville isolée au pied des montagnes participent à la réussite de Viral, qui curieusement et malgré le grand manitou Jason Blum (les franchises Paranormal Activity, Insidious, American Nightmare, Sinister, mais aussi The Visit, Whiplash, Split) à la production, n’a connu aucune sortie dans les salles françaises…ni aux Etats-Unis par ailleurs où il est également sorti dans les bacs directement après un mois de dispo en e-cinéma.
LE BLU-RAY
Le test du Blu-ray de Viral, DTV disponible chez Wild Side Video, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.
L’éditeur est radin et ne propose que la bande-annonce en guise de supplément.
L’Image et le son
Wild Side livre un master HD soigné de Viral, pour ne pas dire superbe, qui instaure de belles et élégantes conditions pour se plonger dans le film de Henry Joost et Ariel Schulman. Le cadre large et les contrastes sont ciselés, les détails abondent, la colorimétrie chaude à dominante jaune est habilement restituée avec un piqué aiguisé et des noirs denses. La copie respecte toutes les volontés artistiques de la directrice de la photographie Magdalena Górka, le relief est omniprésent, le léger grain respecté et l’encodage AVC solide comme un roc.
Sans réelle surprise, la piste DTS-HD Master Audio 5.1 anglaise se révèle plus homogène, naturelle et dynamique que son homologue française, plus dirigée sur les bruitages que les dialogues. La version originale n’est pas avare en petits effets, bien que les latérales aident surtout à créer un environnement musical. Viral se déroule essentiellement dans une maison et donc les ambiances surround sont plutôt limitées. En revanche, il n’y a rien à redire concernant la balance frontale, en anglais comme en français, qui bénéficie en plus d’une large ouverture des enceintes. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue verrouillé.
MADEMOISELLE (Ah-ga-ssi) réalisé par Park Chan-wook, disponible en DVD et Blu-ray le 22 mars 2017 chez M6 Vidéo
Acteurs : Kim Min-hee, Kim Tae-ri, Ha Jung-woo, Jo Jin-woong, Kim Hae-suk, Moon So-ri…
Scénario : Park Chan-wook, Jeong Seo-kyeong d’après le roman Du bout des doigts (Fingersmith) de Sarah Waters
Photographie : Chung-hoon Chung
Musique : Jo Yeong-wook
Durée : 2h18
Date de sortie initiale: 2016
LE FILM
Entre la Corée et le Japon des années 1930, durant la colonisation japonaise. L’histoire mêle les trajectoires d’une jeune femme fortunée vivant recluse dans un gigantesque manoir par un vieil oncle lubrique, et d’un escroc sadique surnommé le « Conte ». Très intéressé par l’argent de la nantie, ce dernier va faire appel à une fille pickpocket, qu’il placera comme servante chez la riche héritière.
Franchement, quand on voit qu’un film comme Mademoiselleest reparti bredouille du Festival de Cannes, ou presque si l’on excepte le Prix Vulcain de l’artiste technicien remis par la CST (Commission Supérieure Technique) à la décoratrice Ryu Seong-hies, on se demande comment un tel Festival puisse encore être crédible. L’insaisissable réalisateur sud-coréen Park Chan-wook, connu dans le monde entier depuis Old Boy (2003), puis metteur en scène acclamé pour Lady Vengeance (2005), Je suis un cyborg (2006), Thirst, ceci est mon sang (2009) et un passage par le cinéma américain avec son remarquable Stoker (2013), est de retour dans son pays avec Mademoiselle, splendide thriller psychologico-érotique. En 1930, alors que la Corée est occupée par les Japonais, une jeune femme prénommée Sookee (Kim Tae-Ri dans son premier rôle à l’écran) est engagée comme servante d’une riche nipponne, Hideko (Kim Min-Hee) vivant recluse dans un immense manoir sous la coupe d’un oncle tyrannique qui souhaite faire d’elle son esclave sexuel. Mais la petite bonne a un secret. Avec la complicité d’un escroc (Ha Jung-woo) se faisant passer pour un comte japonais, ils veulent mettre à exécution un plan diabolique.
Libre adaptation du roman Du bout des doigts – Fingersmith de l’écrivaine britannique Sarah Waters, publié en 2002, Mademoiselle foudroie le spectateur par sa virtuosité et la densité de son récit. Immédiatement séduit par l’histoire de ces deux femmes situées au coeur du récit, Park Chan-wook s’approprie le roman original pour livrer un véritable drame teinté de thriller, mais aussi véritable histoire d’amour aux rebondissements multiples et surprenants jamais dénués d’humour noir et aux scènes érotiques troublantes. Si l’action du roman se déroulait à Londres dans les années 1860, le cinéaste la délocalise pour son film en Corée pendant la colonisation japonaise des années 1930. Dans cette Corée soumise et à l’aube d’une époque moderne, Park Chan-wook convie le spectateur à un ballet composé d’arnaques et de faux-semblants parasité par l’irruption inattendue des sentiments. Les décors d’une richesse époustouflante reflètent alors la théâtralité des traditions et des (faux) rapports entre les personnages, mais c’était sans compter sur les sentiments qui allaient animer et enflammer les personnages de Sookee et de Mademoiselle, qui entament alors une passion amoureuse et charnelle, tandis qu’un homme, qui a envoyé la première au service de la seconde dans l’espoir que Mademoiselle accepte de l’épouser, est loin de se douter de ce retournement de situation. Qui est manipulé ? Qui manipule ? Chacun à tour de rôle.
Avec sa mise en scène étourdissante, la beauté de ses comédiennes, le soin immense apporté aux décors et aux costumes, ses scènes érotiques sulfureuses et la conduite rigoureuse de son récit découpé en trois actes (pour trois points de vue), Mademoiselles’avère un conte féministe entre ombres et lumières, parfois difficile pour les nerfs (la lente guillotine des doigts), lente, mais toujours remarquable, fascinant, populaire et hypnotique. Et quelle photographie ! Osons le dire, ce thriller sadique et romanesque où les personnages se perdent dans un palais des glaces, dont les draps de soie remplaceraient les miroirs, est le chef d’oeuvre de Park Chan-wook.
LE BLU-RAY
Le test du Blu-ray de Mademoiselle, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Une édition Blu-ray limitée (non testée) contient un deuxième Blu-ray du film en version longue inédite (167′ – VOST, soit 23 minutes supplémentaires). La version du film chroniquée est donc celle du montage cinéma. Le menu principal est animé et musical, tandis que la jaquette du Blu-ray normal reprend le visuel de l’affiche française du film.
Concernant l’interactivité, c’est carrément du foutage de gueule. Si la jaquette indique un making of, la présentation du film au Festival de Cannes et une interview du réalisateur, nous déchantons rapidement puisque la durée du premier bonus est de 5 minutes, le second 1’30 et le dernier 1’40 ! Cela serait revenu à la même chose de ne rien proposer du tout ! Surtout que n’avons pas pu obtenir la version longue du film.
Ces featurettes n’apportent évidemment rien de conséquent. L’image est d’ailleurs affublée d’un bandeau noir sur lequel sont apposés les sous-titres français, probablement pour en dissimuler d’autres. On y voit rapidement le réalisateur à l’oeuvre avec ses comédiens, tandis que l’équipe s’exprime face à la caméra sur les conditions de tournage et l’histoire du film. Le photocall et la montée des marches de l’équipe à Cannes ne nous intéressent pas, pas plus que la minuscule interview du réalisateur dans le dernier « supplément ».
Cette section se clôt sur la bande-annonce.
L’Image et le son
Pour la première fois de sa carrière, Park Chan-wook a tourné un de ses film en numérique, au moyen de la très convoitée caméra Arri Alexa XT Plus, afin de pouvoir utiliser un objectif anamorphique. On ne saurait faire mieux. Le cinéaste signe sa septième collaboration avec le chef opérateur Chung-hoon Chung. Les magnifiques partis pris esthétiques originaux sont magnifiquement rendus à travers ce Blu-ray d’une folle élégance et aux couleurs étincelantes. Le piqué est affûté, la profondeur de champ impressionnante, les contrastes fabuleusement riches, les détails abondent aux quatre coins du cadre large, tandis que le codec AVC consolide l’ensemble avec fermeté, y compris sur les très nombreuses scènes se déroulant dans la demeure ou en basse lumière. Apport HD indispensable et même primordial pour ce titre et même top démo pour ce Blu-ray (1080p).
Si elle s’avère aussi parfaite que la version originale, évitez bien évidemment de visionner Mademoiselle en français ! En coréen/japonais comme en français, l’environnement acoustique est tout aussi incroyable que la photographie. Les deux versions jouissent d’un écrin DTS-HD Master Audio 5.1 particulièrement enivrant, immersif et riche. La balance frontale rivalise d’effets et d’énergie avec les latérales, le caisson de basses intervient à bon escient, tandis que les dialogues demeurent toujours ardents sur la centrale. Toutes les séquences en extérieur s’accompagnent automatiquement d’ambiances naturelles. L’éditeur joint également deux pistes Stéréo plutôt fracassantes.
JACK REACHER : NEVER GO BACKréalisé par Edward Zwick, disponible en DVD et Blu-ray le 28 février 2017 chez Paramount Pictures
Acteurs : Tom Cruise, Cobie Smulders, Robert Knepper, Aldis Hodge, Danika Yarosh, Holt McCallany…
Scénario : Richard Wenk, Edward Zwick, Marshall Herskovitz d’après le roman Jack Reacher : Never go back (Retour interdit) de Lee Child
Photographie : Oliver Wood
Musique : Henry Jackman
Durée : 1h58
Date de sortie initiale: 2016
LE FILM
Quatre ans après avoir déjoué les plans criminels d’un gang, l’ancien policier militaire Jack Reacher se rend au siège de son ancienne unité militaire en Virginie pour y rencontrer son contact au sein de l’armée, le major Susan Turner. Mais il apprend très vite que celle-ci vient d’être arrêtée pour espionnage. Accusé lui-même d’avoir commis un homicide, Reacher se retrouve bientôt confronté à une sombre affaire de conspiration gouvernementale. Devenu un fugitif aux yeux de l’armée, de la police et du FBI, il décide de tout risquer pour secourir Turner et découvre un secret sur son propre passé…
Sorti en 2012, Jack Reacher réalisé par Christopher McQuarrie demeure l’un des meilleurs films avec Tom Cruise sorti depuis 15 ans. Tourné pour un budget de 60 millions de dollars, le film en rapporte 80 sur le sol américain et près de 140 millions dans le reste du monde. Envisagé comme le premier opus d’une nouvelle franchise, la Paramount reste cependant indécise quant au feu vert à donner pour un second volet, compte tenu des recettes US jugées décevantes. Il a fallu que la star elle-même fasse le forcing pour que Jack Reacher – Never Go Back soit enfin mis en chantier. Si Christopher McQuarrie, alors à la tête du cinquième et formidable épisode de Mission Impossible, n’a pas rempilé derrière la caméra, il reste cependant coproducteur. Pour le remplacer, Tom Cruise, également producteur, engage le cinéaste Edward Zwick, avec lequel il avait déjà tourné Le Dernier Samouraï en 2003.
Dans cette suite au budget confortable de 96 millions de dollars, Jack Reacher est prêt à tout pour obtenir justice. Susan Turner, qui dirige son ancienne unité, est arrêtée pour trahison : Jack Reacher ne reculera devant rien pour prouver l’innocence de la jeune femme. Ensemble, ils sont décidés à faire éclater la vérité sur ce complot d’État. Autant dire les choses d’emblée, tout ce qui faisait le charme et la grande réussite de Jack Reacher premier du nom a ici totalement disparu et Jack Reacher – Never Go Back s’avère un des pires films portés par la star Tom Cruise. Agé de 54 ans, le comédien qui parvient à se maintenir au box-office grâce à la franchise Mission Impossible, ne se ménage pourtant pas dans ce film d’action brutal et souhaite prouver qu’il en a encore sous le capot. Le problème de Jack Reacher – Never Go Back c’est avant tout son réalisateur. Edward Zwick n’a jamais brillé par sa délicatesse et sa mise en scène à la truelle a toujours fait de lui un honnête « maker » plutôt qu’un « filmmaker » . Légendes d’automne, Couvre-feu, Blood Diamond sont certes efficaces, mais manquent singulièrement de rigueur, d’âme et de finesse. Si Jack Reacher possédait un ton vintage, avec notamment une exceptionnelle course-poursuite qui faisait pensait à celle de Bullitt, Jack Reacher – Never Go Back, adaptation du 18e roman des aventures du héros créé par Lee Child, s’apparente plutôt à un ersatz de Taken, mettant en scène une star quinquagénaire bad-ass plongée dans un thriller tout ce qu’il y a de plus basique.
Tom Cruise est donc de retour dans la peau du célèbre ancien major de la police militaire de l’armée des États-Unis. Les présentations ayant été faites dans le premier film, cette fois l’histoire se focalise sur les scènes d’action, tandis que le héros doit protéger une ado, sa fille présumée (insupportable Danika Yarosh) et surtout une femme major, interprétée par la divine Cobie Smulders. Jack Reacher – Never Go Back se regarde en mode automatique. Les scènes s’enchaînent à la va-comme-je-te-pousse après un bon prologue. Tom Cruise et Cobie Smulders passent tout le film à courir, poursuivis par un drone qui fait office de caméra. Le récit s’embourbe dans un trafic d’armes jamais intéressant, tandis que Tom Cruise distribue les coups de poing et les coups de pied jusqu’au final particulièrement grotesque et déjà-vu (dans Spectre notamment) sur les toits de la Nouvelle-Orléans où la star affronte Patrick Heusinger, acteur vu dans la série Gossip Girl.
Ce n’est pas que le film soit déplaisant en tant que « divertissement », c’est juste qu’il manque de classe et d’intérêt pour se démarquer du tout-venant. Si Cobie Smulders est impeccable et si Tom Cruise fait évidemment le boulot en accentuant le côté misanthrope, expéditif, froid et taciturne de son personnage, le film déçoit évidemment par son intrigue passe-partout et sa mise en scène fonctionnelle, surtout après les bases du western urbain et âpre posées précédemment par Christopher McQuarrie avec une virtuosité rétro et sophistiquée. Une honnête série B, sans plus, mécanique, longue, aussi médiocre que le dernier lifting de la star.
A sa sortie Jack Reacher – Never Go Back a remporté 160 millions de dollars. Des recettes qui ne sauraient satisfaire la Paramount. Le retour de Reacher dans un épisode 3 semble cette fois bel et bien compromis. Peu importe, car si nous accueillons à bras ouverts le prochain Mission Impossible avec Christopher McQuarrie à nouveau aux manettes, il serait temps que Tom Cruise délaisse quelque peu le cinéma d’action pour revenir à de véritables prestations.
LE BLU-RAY
Le test du Blu-ray de Jack Reacher – Never Go Back, disponible chez Paramount Pictures, a été réalisé à partir d’un check-disc. La jaquette reprend le visuel de l’affiche française du film. Le menu principal est quant à lui fixe et musical.
Les allergiques à Tom Cruise risquent de grincer des dents une fois de plus, puisque dans chacun des suppléments présents sur cette édition, le comédien s’adresse face caméra sur ce qui l’a poussé à vouloir mettre en chantier cette suite au film de Christopher McQuarrie. Tom Cruise est partout, Tom Cruise est Dieu, ce que ses collaborateurs ne manquent pas de rappeler.
Paramount livre six modules consacrés au tournage de Jack Reacher – Never Go Back. Le Retour de Jack Reacher (12’), Une famille inattendue (15’), Sans répit : sur le tournage en Louisiane (26’), Accomplis ta vengeance : combat à mort (13’), Pas de pitié : combat sur le toit (8’) et Reacher dans l’objectif : avec Tom Cruise et David James (9’). Soit plus d’1h20 de suppléments à se mettre sous la dent. Les producteurs, comédiens, scénaristes, l’auteur Lee Child, le réalisateur et bien d’autres reviennent sur chaque aspect de cette superproduction. Le personnage de Jack Reacher, sa psychologie, comment Tom Cruise a voulu le faire évoluer, mais aussi l’adaptation du roman, la mise en place des scènes d’action, le casting, les répétitions, les prises de vues en Louisiane, les décors, le tout largement illustré par des images du tournage avec Tom Cruise exécutant lui-même les cascades en voiture, tout y est montré, abordé, souligné avec efficacité.
Le dernier supplément est plus posé et donne la parole au photographe de plateau David James, fidèle complice de Tom Cruise, qui accompagne la star sur tous ses films pour capturer des instantanés de tournage. On lui doit également le cliché ahurissant de Tom Cruise, confortablement assis (pieds nus et sans aucune sécurité) à la pointe du Burj Khalifa de Dubaï (829 m de haut) pour la promotion de Mission Impossible : Ghost Protocol. Tom Cruise n’est pas humain, donc ça va.
L’Image et le son
Comme d’habitude, l’éditeur Paramount Pictures soigne son master HD qui se révèle exemplaire. Les contrastes sont d’une densité jamais démentie. La clarté demeure frappante, le piqué est affûté, les gros plans détaillés, les contrastes denses et la colorimétrie reste chatoyante. Les détails sont légion aux quatre coins du cadre large et la copie restitue les partis pris esthétiques, des décors aux costumes. Ce Blu-ray offre de formidables conditions pour profiter de la belle patine de la photographie 35mm signée Oliver Wood, chef-opérateur talentueux de Volte/face, U-571 et les trois premiers Jason Bourne. Un apport HD évidemment indispensable, on en prend plein les yeux, y compris sur les scènes nocturnes qui composent les 3/4 du film !
La version française doit se contenter d’une piste Dolby Digital 5.1 et c’est bien dommage car l’environnement acoustique est tout aussi soigné que la photographie. Heureusement, la version originale jouit d’un écrin Dolby Atmos 7.1 (compatible 7.1 Dolby TrueHD) particulièrement enivrant, immersif et riche. La balance frontale rivalise d’effets et d’énergie avec les latérales, le caisson de basses intervient souvent et à bon escient, tandis que les dialogues demeurent toujours ardents sur la centrale. La précision est de mise tout du long. Toutes les séquences en extérieur s’accompagnent automatiquement d’ambiances naturelles. La bande-son, constamment spatialisée, est superbe.
Anouk, 14 ans, a hâte d’effectuer son stage d’observation de troisième dans la compagnie d’assurances où travaille sa mère Cyrielle. Mais dès le premier jour, l’adolescente se voit confier le rangement d’un placard rempli de dossiers. Une tâche qu’elle trouve ingrate et sans aucun intérêt. Pire, au fil de cette semaine d’immersion, Anouk découvre brutalement un autre visage de sa mère, celle d’une femme froide et insensible à la détresse d’une jeune mère de famille endettée qui risque d’être expulsée du jour au lendemain. La jeune fille est alors confrontée au monde adulte de l’entreprise, avec ses petits arrangements et ses grandes lâchetés.
Maman a tort est déjà le cinquième long métrage de Marc Fitoussi après La Vie d’artiste, Copacabana, Pauline détective et La Ritournelle. Depuis dix ans, le réalisateur a su prouver la singularité et la sensibilité de son univers, en jouant souvent avec certains codes, à l’instar de Pauline détective qui mélangeait habilement la comédie policière avec des références au cinéma hollywoodien (Charade notamment), mais aussi les romans de la Bibliothèque rose ou verte à l’instar de Fantômette et du Club des cinq, et même les oeuvres d’Agatha Christie. Depuis La Vie d’artiste, Marc Fitoussi a toujours marqué ses films, pourtant souvent ancrés dans une réalité sociale, d’une douce folie. Ses œuvres possèdent également un décalage qui fait l’âme de son cinéma, toujours marquées par des dialogues subtils et d’une remarquable intelligence. Le dernier-né de Marc Fitoussi, Maman a tort, ne déroge pas à la règle et apparaît même comme un film-somme.
En haut de l’affiche la toujours parfaite et lumineuse Emilie Dequenne donne la réplique à la révélation du film, la jeune comédienne Jeanne Jestin, vue dans Le Passé d’Asghar Farhadi et La Vie domestique d’Isabelle Czajka. Cette dernière, à la fois solaire et grave, magnétique et promise à une belle carrière, porte littéralement le film sur ses épaules puisque le réalisateur adopte le point de vue de son personnage. Jeanne Jestin interprète Anouk. Ses parents sont divorcés. Elle voit son père de temps en temps (l’excellent Grégoire Ludig, très touchant). Alors qu’elle devait passer son stage de troisième dans la petite entreprise d’un ami de son père, le plan tombe à l’eau au dernier moment. Du coup, Anouk n’a d’autre recours que de réaliser cette semaine de stage dans la société d’assurance de sa mère Cyrielle Lequellec (Emilie Dequenne, dix ans après La Vie d’artiste). Remisée à des tâches subalternes par des employées indélicates et hypocrites (Nelly Antignac et Camille Chamoux, qui font penser aux terribles sœurs de Cendrillon) ou trop légères (Annie Grégorio, toujours géniale), elle ne tarde pas à s’ennuyer. Un jour, elle assiste à une plainte d’une assurée, Nadia Choukri (sublime Sabrina Ouazani), qui ne comprend pas pourquoi elle ne reçoit pas l’assurance-vie de son mari après son décès. Anouk constate que sa mère Cyrielle étudie le dossier de Nadia avec peu d’attention et de complaisance. Choquée par l’injustice faite à cette femme, elle va mener sa petite enquête pour essayer de lui venir en aide, car elle la sent menacée de se retrouver SDF avec ses deux enfants. Elle accède subrepticement au dossier et fait des découvertes sur les pratiques de la société d’assurance et de sa mère.
Récit initiatique, adieu à l’enfance et perte de l’innocence, Maman a tort montre la première plongée d’une adolescente dans le monde terrible et très violent des adultes et celui du travail avec ses règles établies. Malgré ses bureaux colorés et chaleureux (Marc Fitoussi a toujours apporté une grande importance aux couleurs), l’entreprise pourtant nommée Serenita est montrée comme un univers impitoyable, où ceux qui détiennent même une petite autorité n’hésitent pas à s’en prendre aux subalternes, puisque ceux-ci n’oseront pas répliquer. Anouk constate que même sa mère est victime de ce rapport de forces. Mais il n’y a pas que ça, puisqu’elle se rend compte également que sa mère n’est pas innocente et qu’elle est obligée de prendre des décisions importantes, même si cela doit détruire une ou plusieurs familles, pour pouvoir conserver son poste bien placé. Une situation inespérée pour Cyrielle, devenue cadre sans détenir de diplômes. Sans transition, Anouk se perd du jour au lendemain dans ces couloirs où les petites mesquineries sont quotidiennes, où les secrétaires se permettent de l’accuser d’avoir volé les chocolats du calendrier de l’Avent, sans avoir de preuves. Un « vol inqualifiable » puisque cela chamboule les quelques rituels qui « animent » la vie de bureau. Anouk observe (et quel regard ! ) et écoute. Son stage de troisième devient donc celui de la vie.
Marc Fitoussi filme l’entreprise et ses employés, comme des rats lâchés dans un labyrinthe étriqué, impression renforcée par l’usage du cadre 1.55 dans lequel les personnages semblent enfermés. Le personnage d’Emilie Dequenne est complexe, à la fois empathique mais aussi impitoyable et pathétique, la comédienne s’en acquittant encore une fois parfaitement. L’alchimie avec Jeanne Jestin est évidente et participe – entre autres – à la très grande réussite de Maman a tort, comédie-dramatique sociale élégante, bourrée de charme et très attachante, maline et dont le désenchantement progressif du personnage d’Anouk prend aux tripes jusqu’au générique de fin. On le savait déjà, probablement depuis son premier film, Marc Fitoussi est devenu l’un de nos plus précieux cinéastes.
LE DVD
Le test du DVD de Maman a tort, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la jolie musique du film. Le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche du film.
En 2005, Marc Fitoussi réalise L’Education anglaise, un documentaire de 52 minutes, présent sur le DVD, sur le séjour linguistique à Bristol de jeunes Français. « Un tournage que j’avais adoré et au cours duquel j’avais eu la chance de capter des choses qu’il me semblait difficile de restituer sous forme de fiction. » indique le cinéaste. Pour parfaire leur anglais, les adolescents âgés de 13 à 16 ans sont envoyés en Angleterre par leurs parents. Le programme concocté par l’organisme a été conçu selon une stratégie pédagogique imparable : logement en famille d’accueil, cours intensifs d’anglais, activités sportives et culturelles. Pourtant, les adolescents se révèlent assez peu sensibles à l’efficacité linguistique du séjour. Enfin affranchis de la tutelle parentale, ils se soucient surtout de nouer de nouvelles amitiés et de vivre pleinement une liberté tant désirée. Un film durant lequel Marc Fitoussi parvient à s’immiscer dans le quotidien de ces jeunes, venus des quatre coins de l’Europe, « obligés » de cohabiter durant un été, pour se perfectionner dans la langue de Shakespeare, mais pas seulement. Entre les discussions laborieuses avec les familles d’accueil et les cours obligatoires, les jeunes se rencontrent et se confrontent, s’attirent, flirtent pour certains. Les amours passagères, les amitiés qui dureront, ou inversement, sont capturées par la délicate caméra de Marc Fitoussi. Le documentaire se clôt sur la dernière fête organisée, le soir avant que les jeunes soient séparés.
La section des suppléments propose également 14 minutes de scènes coupées au montage, dont une fin alternative. Si rien n’est dit sur l’éviction de ces séquences, probablement pour une question de rythme, il serait dommage de passer à côté puisqu’elles s’avèrent très réussies.
L’Image et le son
Dommage de ne pas bénéficier de ce titre en Blu-ray. Néanmoins, l’éditeur soigne le transfert du film de Marc Fitoussi. Soutenu par une solide définition, le master est parfaitement propre. La copie est exemplaire et lumineuse tout du long, les couleurs excellemment gérées, avec une prédominance de teintes bleues, tout comme les contrastes très élégants.
Ne vous attendez pas à un déluge d’effets surround si votre choix s’est portée sur la Dolby Digital 5.1 qui se contente seulement de faire entendre de légères ambiances naturelles ou tout simplement d’offrir une spatialisation épisodique de la musique du film. Maman a tort ne se prêtant évidemment pas aux exubérances sonores, le principal de l’action se trouve canalisé sur les frontales où les dialogues ne manquent pas d’intelligibilité. N’hésitez pas à sélectionner la stéréo, ardente et dynamique, amplement suffisante avec un parfait confort acoustique. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.
TWIN PEAKS, série créée par David Lynch et Mark Frost.
Saison 1 et Saison 2, réalisées par David Lynch, Duwayne Dunham, Tina Rathbourne, Tim Hunter, Lesli Linka Glatter, Caleb Deschanel, Mark Frost, Todd Holland, Graeme Clifford.
TWIN PEAKS – FIRE WALK WITH ME, réalisé par David Lynch
Coffret Intégrale Prestige Blu-ray disponible le 29juillet 2014 chez Paramount Pictures
Acteurs de la série : Kyle MacLachlan, Sheryl Lee, Michael Ontkean, Richard Beymer, Lara Flynn Boyle, Sherilyn Fenn, Ray Wise, Grace Zabriskie, Mädchen Amick, Dana Ashbrook, Jack Nance, Everett McGill, James Marshall, Eric DaRe, Piper Laurie, Kimmy Robertson, Joan Chen, Frank Silva, Michael J. Anderson…
Acteurs du film Twin Peaks – Fire Walk With Me : Sheryl Lee, Ray Wise, Harry Dean Stanton, Mädchen Amick, Kyle MacLachlan, David Bowie
Scénario de la série : Saison 1 : Mark Frost, David Lynch, Harley Peyton, Robert Engels. Saison 2 : David Lynch, Mark Frost, Harley Peyton, Robert Engels, Jerry Stahl, Barry Pullman, Scott Frost, Tricia Brock
Scénario du film Twin Peaks – Fire Walk With me : David Lynch, Robert Engels
Photographie de la série : Frank Byers, Ronald Víctor García
Photographie du film Twin Peaks – Fire Walk With Me : Ronald Víctor García
Musique : Angelo Badalementi
Duréetotale du coffret : 27 heures
Année : 1990 / 1991 / 1992
TWIN PEAKS : LA SERIE TV
Dans la ville imaginaire de Twin Peaks, située dans le nord-ouest de l’État de Washington, le cadavre de Laura Palmer, une jolie lycéenne connue et aimée de tous, est retrouvé emballé dans un sac en plastique sur la berge d’une rivière. L’agent spécial du FBI Dale Cooper est désigné pour mener l’enquête. Il découvre alors que Laura Palmer n’était pas celle que l’on croyait et que de nombreux habitants de la ville ont quelque chose à cacher.
Honnêtement, est-il utile de présenter ou de critiquer une des séries les plus cultes de l’histoire de la télévision ? Kyle MacLachlan dans le rôle de l’Agent Dale Cooper, moitié mystique, moitié rationnel, croyant en l’analyse des rêves, moitié freudien, moitié holmesien donc, mais aussi Michael Ontkean (le shérif Harry S. Truman), Mädchen Amick (Shelly Johnson), Dana Ashbrook (Bobby Briggs), Richard Beymer (Benjamin Horne), Lara Flynn Boyle (Donna Hayward), Sherilyn Fenn (Audrey Horne), Warren Frost (Dr William Hayward), Peggy Lipton (Norma Jennings), Kimmy Robertson (Lucy Moran), Ray Wise (Leland Palmer), Joan Chen (Jocelyn « Josie » Packard), Piper Laurie (Catherine Packard Martell), Harry Goaz (Adjoint Andy Brennan), Michael Horse (Adjoint Tommy « Hawk » Hill), Sheryl Lee (Laura Palmer / Madeleine « Maddy » Ferguson), Michael J. Anderson (The Man from Another Place), Russ Tamblyn (Dr Lawrence Jacoby) et bien d’autres comédiens tous autant talentueux auront définitivement marqué la petite lucarne, nos esprits, nos vies.
A l’origine, David Lynch et le scénariste Mark Frost planchent sur l’adaptation d’un roman consacré à la mort mystérieuse de Marilyn Monroe, Goddess : The Secret Lives of Marilyn Monroe d’Anthony Summers. Le projet n’aboutit pas, mais les deux écrivains imaginent une petite bourgade paumée (et imaginaire) des Etats-Unis avec ses habitants, qui ont tous quelque chose à se reprocher, secoués par l’assassinat d’une jeune lycéenne bien sous tous rapports. Le plan de la ville est dressé, le profil psychologique de chaque personnage (au moins une trentaine) bien établi, l’image d’un corps enveloppé dans un sac en plastique échoué sur les bords d’un lac les obsède. Twin Peaks est née.
Welcome to Twin Peaks, population 51.201… bientôt 51.200.
La chaîne ABC, alors à la traîne, est emballée par le projet et décide de financer un épisode pilote pour la somme de 2 millions de dollars en laissant une entière liberté aux auteurs. Le casting une fois réuni et les repérages effectués, le tournage est lancé. Le succès est au rendez-vous. Une saison de 7 épisodes est ensuite commandée par ABC, puis une seconde de 22. Twin Peaks devient rapidement un vrai phénomène culturel, lance la carrière des comédiens, déclenche l’hystérie chez certains illuminés qui souhaitent savoir qui a tué Laura Palmer. Cette question reste une des plus connues de l’histoire de la télévision.
Cette série mythique, diffusée en France sur La Cinq dès avril 1991 sous le titre Mystères à Twin Peaks, puis 20 ans plus tard sur Arte, transcende le(s) genre(s) et abolit les règles du feuilleton traditionnel. Décalée avec son atmosphère de film-noir, hors-normes, hypnotique (la musique n’y est pas pour rien) et fantasmagorique, Twin Peaks demeure une expérience unique en son genre avec sa multitude de personnages insensés, ses intrigues entremêlées, son ambiance rétro, son parfum de perversité, ses références (Boulevard du Crépuscule, Sueurs froides), qui demandent l’attention assidue des spectateurs. Bourrée d’humour, mais également violente, sombre et macabre, bercée par la splendide composition d’Angelo Badalamenti, Twin Peaks n’a pas pris de rides puisqu’elle est inclassable, hors-du-temps, intouchable.
Beaucoup s’accordent à dire que la série a commencé à décliner dès la révélation de l’assassin de Laura Palmer (épisode 7 de la deuxième saison), d’autant plus que David Lynch, parti réaliser Sailor & Lula, avait commencé à délaisser quelque peu son bébé en le confiant à d’autres cinéastes, certes très inspirés, mais quelque peu décontenancés par une nouvelle intrigue moins passionnante. En dépit de son intérêt décroissant (ainsi que l’audience), voire frustrant, jusqu’au final tout bonnement ahurissant repris en main par David Lynch himself qui pour le coup nous a concocté un dernier épisode bourré de rebondissements comme lui seul en a le secret (et en espérant sans doute une saison 3), Twin Peaks nous apparaît toujours comme un véritable miracle, un diamant aux facettes multiples et infinies que le temps ne parvient pas à altérer.
Twin Peaks : Fire Walk With Me : le film :
La mort mystérieuse de Teresa Banks donne du fil à retordre aux agents spéciaux du FBI Dale Copper et Chester Desmond. Plus tard, dans la ville de Twin Peaks, la belle et populaire Laura Palmer sombre dans une spirale maléfique…
Un an après l’arrêt brutal de la série Twin Peaks à la fin de la seconde saison, David Lynch décide de revenir dans cette petite ville et plus précisément pour évoquer les sept derniers jours de Laura Palmer. Conscient que l’intérêt de la série résidait dans le mystère qui entourait la mort de cette jeune lycéenne, trop vite résolu en raison des pressions provenant des pontes de la chaîne ABC, le cinéaste revient à la sève même du mythe à travers une préquelle. Seulement là où David Lynch aurait pu se contenter de surfer sur ce qui a fait le succès de Twin Peaks, à savoir cet équilibre fragile mais magistral de violence, d’humour, de thriller, de grotesque et de mélodrame, Fire Walk With Me s’avère une totale relecture encore plus nihiliste, dépourvue du moindre second degré, sauvage et désespérée. Du coup, les fans qui attendaient un retour en grâce se sont retrouvés face à une oeuvre, que dis-je un chef-d’oeuvre, profondément tourmenté et ténébreux.
Film mal aimé à sortie, conspuée par celles et ceux qui vouaient un culte à la série originale, Twin Peaks : Fire Walk With Me est aujourd’hui enfin reconsidéré à sa juste valeur : il s’agit ni plus ni moins d’un des plus grands films de son auteur.
Lynch filme suffisamment de matériel – 280 kilomètres de pellicule sur 40 jours de tournage – pour un film d’une durée de près de quatre heures. Conscient que le rythme est différent sur le grand écran que sur la petite lucarne, il se voit contraint de couper 1h30 au montage, en particulier les séquences où apparaissaient les personnages tant aimés des spectateurs, Lucy, le Shérif Truman, l’adjoint Andy, Audrey, pour ne citer que ceux-là, tandis que Lara Flynn Boyle (Donna) est purement et simplement remplacée par une autre comédienne, Moira Kelly.
De ce fait, toutes les soupapes d’humour sont laissées de côté, Kyle MacLachlan ne fait qu’une brève apparition et les scènes qui avaient été au préalable écrites pour lui obligent David Lynch et son coscénariste Robert Engels à créer un nouveau personnage, interprété par Chris Isaak.
Lynch préfère au contraire resserrer son film comme un étranglement progressif… jusqu’au final d’une violence inouïe. Le réalisateur prend alors le risque inconsidéré de perdre son audience. Ce qui n’a pas manqué d’ailleurs. Celles et ceux qui ont su prendre le train en marche n’en reviennent toujours pas. Véritables montagnes russes émotionnelles, expérience sensorielle et cinématographique rare, à ne pas mettre devant tous les yeux certes, Twin Peaks : Fire Walk With Me est un film virtuose, qui n’a pas fini de livrer tous ses secrets. Un véritable objet de fascination.
LE COFFRET BLU-RAY
Il s’agit probablement d’un des plus beaux coffrets trouvables aujourd’hui sur le marché. Vraiment. Le visuel est magnifique et présente le célèbre portrait de Laura Palmer, « brisé », et laissant entrevoir le visage de la victime dans son sac en plastique. Le recto indique en bas à gauche la présence des fameuses pièces manquantes du dossier, en d’autres termes les séquences coupées au montage de Twin Peaks : Fire Walk With Me.
Il nous a fallu un petit moment pour trouver comment l’ouvrir… mais alors un véritable trésor s’offre à nous ! C’est tout d’abord la pancarte d’entrée de la ville qui nous accueille. Nous tournons ensuite chaque volet, non pas comme un livre, mais plutôt comme un calepin. Chaque page présente un visuel spécifique de la série (l’oiseau du générique, la chute d’eau, la station-service Big Ed, le pont ferroviaire, la tarte aux cerises, la salle rouge) ainsi que la liste des épisodes des saisons et leur répartition sur chaque galette bleue. La sérigraphie des Blu-ray est sobre, mais dans le ton du coffret, très élégante.
Chaque menu principal possède une thématique, à savoir les arbres, la tarte aux cerises, les lieux principaux de la ville, le café, les messages écrits, les cours d’eau, les donuts, les hiboux, la bague, la pièce rouge.
Tous les épisodes s’accompagnent de la mythique présentation de la femme à la bûche. Certains étant également proposés avec le résumé de l’épisode précédent qui était diffusé à la télévision. Chaque disque propose de visionner chaque épisode agrémenté de la présentation de la femme à la bûche, du résumé et dans certains cas d’un aperçu de l’épisode à venir. Les épisodes sont répartis ainsi : Blu-ray 1 (épisodes pilote,1,2), Blu-ray 2 (épisodes 3,4,5,6,7), Blu-ray 3 (épisodes 8,9,10), Blu-ray 4 (épisodes 11,12,13,14), Blu-ray 5 (épisodes 15,16,17,18), Blu-ray 6 (épisodes 19,20,21,22), Blu-ray 7 (épisodes 23,24,25,26), Blu-ray 8 (épisodes 27,28,29), Blu-ray 9 (Twin Peaks : Fire Walk With Me, les pièces manquantes), Blu-ray 10 (suppléments).
Blu-ray 1 :
En plus de l’épisode pilote traditionnel, cette galette contient la version internationale (ou dite européenne) alternative de l’épisode pilote (1h53). Lors de la réalisation de cet épisode, David Lynch doit honorer une clause de son contrat, à savoir proposer un montage comprenant une fin fermée, autrement dit qui résout le meurtre de Laura Palmer, afin de toucher le marché de la vidéo. Ce montage a été exploité en VHS dans nos contrées sous le titre Qui a tué Laura Palmer ?. Désavouée par le cinéaste, cette mouture d’une durée de 20 minutes supplémentaires, demeure une véritable curiosité, surtout qu’elle a permis à David Lynch de créer la célèbre Salle Rouge habitée par « The Man From Another Place » interprété par Michael J. Anderson. Point de doublage français pour cette version. Nous ne dévoilerons pas la teneur de cette « fausse » conclusion pour ceux qui ne l’auraient pas vu… il y en a oui… au fond de la classe…
Blu-ray 2 :
L’interactivité de ce deuxième Blu-ray se résume à une large galerie de photos issues de la première saison (et de son tournage avec des images du plateau, de David Lynch à l’oeuvre avec ses comédiens), mais aussi des « avant-goûts » de Twin Peaks (3’) qui se révèlent être quelques résumés des épisodes précédents – racontés par le personnage de Lucy – en vue de celui qui sera projeté le soir-même, ainsi que des clips promotionnels réalisés pour la télévision (3’), avec l’aide de quelques comédiens de la série qui prêtent leurs voix pour appâter les spectateurs pas encore conquis par la série.
Blu-ray 3 :
En guise de promo, l’éditeur joint quelques clips promotionnels (5’) réalisés à l’époque où la série commençait à connaître un grand succès. Ce montage propose pêle-mêle une publicité pour le tee-shirt Twin Peaks, un message pour les troupes parties combattre au Moyen-Orient, ou diverses prises alternatives (avec parfois le clap et la voix de David Lynch en arrière-fond qui demande le moteur) où Kyle MacLachlan et Michael Ontkean évoquent quelques paris sportifs en trinquant au café.
Une large galerie de photos issues de la deuxième saison (et de son tournage avec des images du plateau, de David Lynch avec ses acteurs) est également au programme.
Mais le must de cette troisième galette bleue reste le documentaire intitulé Une tranche de Lynch (2007, 56’). Confortablement installé à la table d’un diner où on vient de lui apporter une tarte aux cerises, le réalisateur est rejoint par les comédiens Kyle MacLachlan et la ravissante Mädchen Amick (Shelly dans la série), ainsi que John Wentworth, assistant de David Lynch sur Blue Velvet, enregistreur de sons, coordinateur de la post-production, producteur associé sur la série Twin Peaks. Devant une damn fine cup of coffee, tous les quatre se remémorent l’aventure de la série, sa genèse, tandis que les acteurs évoquent leur rencontre avec le cinéaste et la façon dont ils ont été casté. Tout y est rapidement abordé, notamment leurs impressions au moment du tournage de l’épisode pilote, le succès grandissant de la série, la collaboration avec le reste du casting et les autres réalisateurs au fil des deux saisons, et les anecdotes se succèdent à vitesse grand V pendant que David Lynch savoure sa clope et couvre d’éloges ses acteurs qu’il observe avec un sourire jusqu’aux oreilles.
Blu-ray 4 :
Pas grand-chose ici, mais ce n’est pas inintéressant.
Tout d’abord, les scènes coupées de la série (14’) feront le bonheur des fans puisque nous y voyons Cooper et Donna parler du pique-nique, Cooper qui découvre la beauté des paysages de Twin Peaks en compagnie de Truman, le discours du maire de Twin Peaks (qui vaut son pesant quant à la situation), Lucy qui parle des ratons laveurs, Bobby qui donne quelques leçons à Shelly, Lucy et Andy, l’oeil vagabond de Jerry, Lucy, Andy et les donuts… bref, tout ça monter en vrac et on adore.
Les prises coupées (2’) montrent les quelques ratages de Kyle MacLachlan et Michael Ontkean lors de la scène de la planque nocturne. La complicité des deux acteurs est évidente et l’ensemble demeure réjouissant.
Blu-ray 5 :
Une galette bien garnie !
Retour à Twin Peaks (2007, 20’) : ce module est dédié au mythe de la série qui se perpétue avec les années puisque nous y voyons de nombreux témoignages de fans de la première heure, qui consacrent pour ainsi dire leur vie à Twin Peaks (ça fout un peu les jetons quand même…) et qui n’hésitent pas à s’inscrire tous les ans au Festival Twin Peaks organisé depuis 1993 avec le concours de certains comédiens de la série. Des visites en bus sont effectuées sur les lieux de tournage. Le pèlerinage est donc très sérieux, les fans se recueillent devant la maison de Laura Palmer, des concours sont organisés (meilleur sosie, meilleur costume, le lancer de pierre tibétaine), des questionnaires sont installés, évidemment tout cela en rapport avec la série.
Un guide des extérieurs (8’) nous propose ensuite un comparatif des lieux de tournage à l’époque avec ce qu’ils sont devenus aujourd’hui.
17 parts de tarte… (10’) : En août 2000, à l’occasion du Festival Twin Peaks, une équipe de journalistes rencontre l’ancienne propriétaire du diner ayant servi de décor pour le Mar-T-Cafe. Elle livre ici ses souvenirs liés à sa rencontre avec David Lynch, les conditions de tournage… et la confection de véritables tartes aux cerises.
Interview de Mark Frost (15’) : En août 2001, le romancier américain, scénariste, cocréateur et producteur délégué de Twin Peaks est à son tour interviewé sur son travail avec David Lynch, la genèse de la série, les partis pris, le casting, la psychologie et l’évolution du personnage interprété par Kyle MacLachlan au fil des deux saisons et le montage de l’épisode pilote destiné au marché européen.
Michael J. Anderson aka The Man from Another Place, nous donne ensuite quelques petites leçons pour « parler » dans la Salle Rouge (4’).
A propos de David Lynch (21’) : un message avertit le spectateur qu’au-delà de la 19è minute, quelques révélations sont faites sur la mort de Laura Palmer, dont son assassin. Après avoir vu la série, n’hésitez pas à visionner ce documentaire constitué d’entretiens avec la plupart des comédiens et quelques réalisateurs de la série, qui une fois de plus reviennent sur le mythe de Twin Peaks et leur travail respectif avec David Lynch.
La Twin Peaks Hotline (23’) qui est ensuite disponible est un montage d’enregistrements téléphoniques successifs qui résumaient l’épisode précédent pour celles et ceux qui l’auraient raté. Une petite mise en scène (audio donc) est réalisée avec les voix des protagonistes, le tout mené par celle si reconnaissable de Kimmy Robertson aka la standardiste Lucy Moran.
Pour celles et ceux qui seraient plus intéressés par l’envers du décor, l’éditeur joint une galerie d’archives constituée de documents de tournage, des carnets de route et même des feuilles horaires. Anecdotique, mais sympathique. Une autre galerie d’images dévoile le tournage de la Salle Rouge, des cartes de collection Twin Peaks.
L’interactivité de ce cinquième Blu-ray se clôt sur les « autocollants » de Lucy (2’), qui se révèlent être les accroches audio diffusées juste avant la publicité pour inciter les spectateurs à ne pas bouger de leur canapé.
Blu-ray 6 :
Passons rapidement sur les clips promotionnels (46 secondes) diffusés à la télévision pour annoncer l’épisode du jour, pour aller directement sur Les cartes postales des acteurs (59’). A l’instar de certains documentaires déjà vus ailleurs dans cette section, la plupart des comédiens de la série (sauf Lara Flynn Boyle qui se cache et on comprend pourquoi) qui ne manquent pas d’anecdotes et de souvenirs liés (ou non, comme Sheryl Lee et Richard Beymer) au tournage de Twin Peaks.
Blu-ray 7 :
Si vous n’êtes pas rassasiés, attendez, c’est loin d’être terminé ! C’est reparti pour 42 minutes d’interviews des comédiens réalisées en 2006 ! Afin de laisser croire que nous avons affaire à quelques suppléments originaux, l’éditeur a réparti les propos des acteurs sous forme d’une grille interactive, à savoir les origines de Twin Peaks, la production, les répercussions. Mais ne soyons pas dupes, les entretiens ici n’apportent pas grand-chose de neuf par rapport à ce qui a pu être déjà entendu.
L’autre « interview de l’équipe » (2006, 23’) est un module qui donne la parole à Jennifer Lynch, fille de, créatrice du journal secret de Laura Palmer, ainsi qu’aux réalisateurs Todd Holland (épisodes 11 et 20), Caleb Deschanel (épisodes 15 et 19), Duwayne Dunham (épisodes 18 et 25), Stephen Gyllenhaal (épisode 27) et Tim Hunter (épisodes 16 et 28). Nos interlocuteurs s’attardent sur leur collaboration avec David Lynch, le succès de la série et les conditions de tournage. Un point de vue original et très intéressant.
Blu-ray 8 :
Cela commence doucement avec l’annonce spéciale par Lucy du dernier épisode de la saison 2 de Twin Peaks (51 secondes) diffusée pendant le générique de fin de l’avant-dernier épisode… pour ensuite déboucher sur Des secrets venus d’ailleurs : la création de Twin Peaks, un documentaire d’1h46 (2007) ! Après tout ce que nous avons déjà pu voir et entendre, cet excellent module propose un angle inédit sur le casting, la genèse et la création du pilote, les deux saisons, la musique de la série mythique (grand moment avec le compositeur Angelo Badalamenti sur la création du thème de Laura Palmer), le phénomène culturel. Non seulement nous voyons enfin quelques images inédites et photos de tournage avec notamment David Lynch à l’oeuvre avec ses comédiens, mais les producteurs, le monteur, le décorateur, les réalisateurs, les comédiens de la série – même le scénariste Mark Frost l’avoue – ne mâchent pas leurs mots sur la qualité qui s’est malheureusement effritée dès la révélation du meurtrier de Laura Palmer. « La saison 2 était nulle » dit d’ailleurs Kimmy Robertson, « ça partait dans tous les sens » disent les autres, « si c’était à refaire, je n’hésiterais pas » dit Mark Frost, qui a tout fait avec David Lynch pour reprendre le train en marche dans les derniers épisodes, au point de créer « trop » de rebondissements dans le dernier épisode, dans l’espoir d’une troisième saison. Chacun s’accorde à dire que l’intérêt de Twin Peaks résidait justement sur le mystère de la mort de Laura Palmer, qui n’aurait jamais dû être dévoilé. Si quelques redites demeurent évidentes, ne manquez pas ce rendez-vous !
Blu-ray 9 :
C’est ici que vous trouverez le plus grand trésor de ce coffret, le Saint Graal, à savoir les 91 minutes de scènes coupées et/ou rallongées de Twin Peaks : Fire Walk With Me, baptisées les « pièces manquantes ». En effet, pas moins de 33 séquences (en HD 1080p !) sont ici compilées pour le plus grand bonheur des aficionados qui demandaient à les découvrir depuis belle lurette, à grands coups de pétitions qui circulaient à travers le monde.
Nous ne les dévoilerons pas de peur de vous gâcher le plaisir, toujours est-il que ces scènes s’avèrent évidemment indispensables, qu’elles prolongent la première partie du film avec l’enquête sur la mort de Teresa Banks (plus de séquences avec Chris Isaak, Kiefer Sutherland et David Bowie donc), Cooper qui parle à Diane (la voit-on ? Là est la question à laquelle nous ne répondrons pas). Les célèbres personnages de la série qui n’apparaissaient pas dans le montage final – Jocelyn, Garland Briggs, Andy, Hawk, Big Ed Hurley, Lucy, Sheriff Harry S. Truman – à la grande déconvenue des fans purs et durs, sont enfin rétablis ici ! De quoi se délecter !
De plus, le quotidien de Laura et de sa famille est également approfondi, tout comme l’addiction à la drogue et la déchéance de la lycéenne. Enfin, Fire Walk With Me est sans doute le film le plus sombre, violent et nihiliste de David Lynch. C’est donc avec joie que l’on découvre toutes les séquences avec l’humour retrouvé de la série ! Sans oublier une fin alternative de la saison 2 en cadeau… Enjoy !
Avant de passer à l’ultime Blu-ray, visionnez également les quelques interviews de Robert Wise, Sheryl lee, Moira Kelly et Mädchen Amick (5’) enregistrées à l’occasion de la sortie au cinéma de Twin Peaks : Fire Walk With Me.
Blu-ray 10 :
La voilà la dernière galette ! Deux heures de suppléments divisés en plusieurs documentaires :
Entre deux mondes (38’) : Dans la continuité d’Une tranche de Lynch, David Lynch se retrouve à nouveau à la table d’un diner, l’air lugubre et pour cause… il se retrouve face à la famille Palmer, Leland, Sarah et Laura. L’image N&B et le léger vent notable dans le fond sont là pour instaurer une atmosphère très sombre puisque le réalisateur s’entretient avec cette étrange lignée en leur demandant ce qu’ils sont devenus…puis un quart d’heure après, la couleur apparaît et David Lynch se retrouve face à Ray Wyse, Grace Zabriskie et Sheryl Lee pour parler du bon vieux temps, de leur collaboration, de leurs meilleurs moments sur le tournage et sur l’accueil glacial de Twin Peaks : Fire Walk With Me à sa sortie.
Voyage à travers le temps : souvenirs des 7 derniers jours de Laura Palmer (30’) : C’est ici que vous en apprendrez le plus sur la genèse, la création, la réalisation, la réception de Twin Peaks : Fire Walk With Me. Les comédiens Kyle McLachlan, Sheryl Lee, Victor Rivers, Phoebe Augustine, Don Davis, Kimmy Robertson, Grace Zabriskie, Walter Olkewicz, Pamela Gidley, le premier assistant Deepak Nayar, le scénariste Robert Engels, le chef opérateur Ronald Víctor García ont tous répondu présent pour parler de ce cauchemar éveillé qui a décontenancé les spectateurs de la série originale en raison de la violence de l’histoire.
Réflexions sur le phénomène Twin Peaks (31’) : entre mai et août 2000, les comédiens de Twin Peaks : Fire Walk With Me – mais également Michel Chion en invité ! – sont invités à parler du film de David Lynch. C’est le bonus dispensable de cette édition. Complètement décousus, jamais intéressants, longs, ennuyeux, les propos que nous parvenons à glaner ici et là ne retiennent jamais l’attention. Vous pouvez aisément zapper.
Le petit bonus supplémentaire intitulé Atmosphère (13’) demeure original puisqu’il propose la compilation des images servant à illustrer chaque menu principal des Blu-ray de ce coffret, comme nous l’évoquons dans la rubrique Généralités.
Nous avons trouvé deux bonus cachés (7’ et 2’) sur ce dernier disque, mais nous n’allons pas vous mâcher tout le travail. A vous de les découvrir. Sachez seulement qu’ils ne sont pas sous-titrés en français.
L’interactivité se clôt sur trois bandes-annonces (américaine, internationale, Missing Pieces Teaser), une galerie de photos des coulisses du film, et le générique de ce magnifique coffret Blu-ray.
L’Image et le son
Twin Peaks – Saison 1 & 2 (5/5) :
L’attente a été récompensée ! En prévision de son 25e anniversaire, la série Twin Peaks s’offre à nous en Haute Définition dans une nouvelle et superbe copie entièrement restaurée, chaque épisode étant proposé dans son format 4/3 respecté. Cette version renforce les contrastes, la densité des noirs, la finesse la texture et le modelé de la photographie, avec un codec AVC qui consolide l’ensemble avec brio. L’image est stable, entièrement débarrassée de scories diverses et variées, les couleurs sont conformes au matériel original, tirant souvent sur le rouge-rosé, parfois chatoyantes, certains décors brillent de mille feux, les détails sont légion aux quatre coins du cadre. Les scènes en extérieur affichent une luminosité inédite, tout comme un relief inattendu, un piqué parfois pointu, un grain flatteur et des contrastes divins. Tous les défauts constatés sur l’édition DVD sortie chez TF1 Vidéo en 2007 ont été éradiqués, à l’instar de certains pompages, petites tâches, du bruit vidéo dans les arrière-plans (sur les scènes nocturnes notamment), ainsi que les instabilités de l’étalonnage. Revoir Twin Peaks dans ces conditions techniques est subjuguant. Même si la qualité peut varier d’un épisode à l’autre, nous n’hésitons pas à donner la note maximale à cette édition HD (1080p) car il serait vraiment difficile de faire mieux.
Twin Peaks : Fire Walk With Me (4,5/5) :
La préquelle de la série Twin Peaks est proposée dans une version restaurée 4K supervisée by mister Lynch himself. Ce qui se fait de mieux en matière de lifting quoi ! Le DVD de Twin Peaks : Fire Walk With Me sorti en 2004 chez MK2 proposait le chef-d’oeuvre de David Lynch dans un master 16/9 avec son format du film respecté 1.85. Pour son nouveau lifting et sa nouvelle sortie en Blu-ray (également sorti chez MK2 en 2010), Twin Peaks : Fire Walk With Me est de retour en Haute Définition dans un format 1080p, AVC. La définition n’est peut-être pas optimale, néanmoins, ne faisons pas la fine bouche, car la restauration est admirable. L’élévation HD offre à Twin Peaks : Fire Walk With Me une nouvelle cure de jouvence, le grain cinéma est restitué et les contrastes trouvent une nouvelle densité. L’encodage consolide l’ensemble, les noirs sont plutôt concis, le piqué renforcé, peut-être un peu moins dans les scènes en intérieur. La colorimétrie retrouve un éclat et une chaleur inédits, un équilibre indéniable, un étalonnage beaucoup plus conforme aux partis pris esthétiques originaux. Certains plans sont sensiblement plus altérés et la profondeur de champ parfois limitée.
Twin Peaks – Saison 1 & 2 Twin Peaks : Fire Walk With Me
Bien que seule la version originale bénéficie d’un remixage DTS-HD Master Audio 7.1 (!), contrairement à la piste française proposée en Mono (pour la série), le confort acoustique est total pour ces deux options ! Le premier mixage créé une spatialisation très impressionnante. Rien que le sublime générique donne des frissons. Les dialogues sont exsudés avec force, les effets et ambiances annexes sont riches, amples et variés (le vent dans les sycomores est un délice), respectueux, car ne cherchant jamais à jouer la « surenchère ». Nul besoin de monter le volume pour profiter pleinement de la bande-son mythique d’Angelo Badalamenti. Le caisson de basses intervient aux moments opportuns, sans en faire trop et les sous-titres français ne sont pas imposés. Que les puristes se rassurent, ils trouveront également la version originale dans sa version Stéréo, qui assure le confort phonique avec brio. Sur Twin Peaks, le doublage français emmené par les experts Patrick Poivey (Agent Dale Cooper) et Daniel Russo (Shérif Harry S. Truman) caresse notre fibre nostalgique, l’ensemble est propre, sans soucis majeur, suffisant.
Le mixage anglais 7.1 sur Fire Walk With Me propose des dialogues encore plus nets, le reste est du même acabit que pour la série. Seule différence, et non des moindres, en ce qui concerne la version française sur le film, l’option acoustique présentée est en Dolby Digital 5.1, une perte par rapport au DVD MK2 (DTS 5.1 !) et le Blu-ray MK2 (DTS-HD Master Audio 5.1). Elle reste acceptable, mais ne tient pas la comparaison avec la langue de Shakespeare.