Test Blu-ray / Phantasm IV : Aux sources de la Terreur, réalisé par Don Coscarelli

PHANTASM IV : AUX SOURCES DE LA TERREUR (Phantasm IV: Oblivion) réalisé par Don Coscarelli, disponible en DVD et Blu-ray en coffret Intégrale Collector le 31 octobre 2017 chez ESC Editions et Sidonis Calysta

Acteurs :  A. Michael Baldwin, Reggie Bannister, Angus Scrimm, Bill Thornbury, Heidi Marnhout, Bob Ivy…

ScénarioDon Coscarelli

Photographie : Chris Chomyn

Musique : Christopher L. Stone

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 1998

LE FILM

Séparément perdus dans l’immense Vallée de la Mort, Mike et Reggie tentent de percer les secrets du sinistre Tall Man. En franchissant les limites d’un portail spatio-temporel, Mike découvre que son ennemi juré n’est plus la créature démoniaque qu’il paraît être. Enfin, pas tout à fait…

Où en étions-nous ? Ne vous inquiétez pas, Don Coscarelli résume les trois épisodes précédents au moyen de quelques extraits et d’une voix-off, ici celle de Reggie (Reggie Bannister). Car oui, nous en arrivons au quatrième volet de la saga Phantasm. Phantasm IV : Aux sources de la TerreurPhantasm IV : Oblivion, le « IV » du sous-titre Oblivion marquant alors le 4e épisode. Et c’est dans cet excellent opus que le réalisateur-scénariste dévoile le passé et les origines de son boogeyman, le Tall Man, toujours interprété par Angus Scrimm, âgé ici de 72 ans. Bien que chaque histoire commence là où la précédente s’était arrêtée, Don Coscarelli ne s’est jamais préoccupé du fait que ses personnages prenaient un sacré coup de vieux entre deux chapitres. Rappelons tout de même que le premier Phantasm avait été réalisé en 1979, le second en 1988 et le troisième en 1994 ! Mais cela fait partie de la mythologie Phantasm, puisque Don Coscarelli s’amuse à jouer avec les dimensions et le vieillissement « accéléré » des protagonistes rajoute un côté fantastique à l’ensemble.

Le cinéaste se fait ici plaisir en signant un vrai western métaphysique et quasi-abstrait, qui encore une fois apporte de nombreuses réponses sur le Tall Man, mais qui pose de nouvelles bases pour ainsi relancer la machine. Ou ses sphères métalliques tueuses plutôt. On prend les mêmes alors et on recommence. Terrassé par le désespoir en apprenant qu’il est lui aussi devenu une créature au sang jaune du Tall Man, Mike a décidé de fuir loin de Reggie, son meilleur ami, par peur de ses propres réactions peut-être, mais aussi pour lui épargner d’être traqué comme il l’est lui-même. De son côté, Reggie est acculé par le Tall Man qui est une fois de plus revenu à la vie. Pour une raison connue de lui seul, le boogeyman décide d’épargner Reggie et même de le relâcher. Il semble que la partie ne fasse que commencer…Don Coscarelli sépare ses personnages pendant quasiment l’intégralité du film. Si la quête de Reggie, ancien vendeur de glaces devenu soldat par la force des choses, est somme toute classique et proche de celles des épisodes précédents, c’est ici Mike (A. Michael Baldwin) qui importe et le réalisateur ne s’en cache pas.

Phantasm IV : Aux sources de la Terreur déploie un nouvel univers, principalement en plein jour. Mike abandonne sa voiture dans la Vallée de la Mort (en fait les scènes ont été tournées à Lone Pine en Californie) et erre comme un zombie, qu’il est d’ailleurs devenu en partie, en tâchant de conserver son libre-arbitre et de ne pas devenir l’un des pantins et serviteurs du Tall Man. Les décors déserts sont magnifiques, excellemment filmés, ce décalage avec l’univers original du film emporte alors l’adhésion. Evidemment, les spectateurs qui s’attendaient à voir un nouveau spectacle avec de l’humour noir et des effets gore seront probablement déçus, mais Don Coscarelli, ambitieux, prend l’audience au dépourvu en privilégiant la psychologie et le côté introspectif de ses personnages. Il se rapproche ainsi du premier épisode et chef d’oeuvre de la franchise, ce qui est tout autant inattendu que bienvenue. De là à dire que Phantasm IV : Aux sources de la Terreur est le meilleur film de la franchise après le premier et l’aboutissement de cette longue histoire, il n’y a qu’un pas. Ceci d’autant plus que Coscarelli utilise des scènes coupées du premier film (ou filmées pour être utiliser plus tard), pour les intégrer ici sous forme de flashbacks.

Tandis que Reggie continue sa route et rencontre une mignonne petite blonde qui l’excite d’emblée et que Mike commence à prendre conscience que son suicide pourrait mettre fin aux noirs desseins du Tall Man, Don Coscarelli décide de dévoiler les origines du Tall Man, grâce aux passages entre deux mondes et deux époques disséminés sur Terre. Un Tall Man Begins en quelque sorte. Mais alors pourquoi Mike est-il persuadé d’avoir rencontré le Tall Man durant la Guerre de Sécession ? Comment son frère présumé décédé parvient-il à survivre entre deux univers et se transforme également en sphère ? Autant de nouvelles questions que l’on se pose à la fin de Phantasm IV : Aux sources de la Terreur et auxquelles Don Coscarelli ne répondra que…18 ans plus tard dans Phantasm V : Revenger, à ce jour le seul épisode non mis en scène par le cinéaste, mais pour lequel il signe néanmoins le scénario. Ce sera également le dernier tour de piste d’Angus Scrimm, décédé juste après le tournage à l’âge de 89 ans.

LE BLU-RAY

Phantasm IV : Aux sources de la Terreur est donc disponible en Blu-ray, mais pour l’instant uniquement en coffret intégrale (5 films) édité par ESC Editions. Aujourd’hui, nous ne sommes pas en mesure de dire si ce titre sera édité à l’unité, mais puisque les deux premiers le sont déjà, il n’y a pas de raison d’en douter. Le menu principal est animé sur le célèbre thème du film.

En plus de réunir les cinq films de la saga, ce coffret collector intégrale propose également un DVD Bonus, contenant un documentaire rétrospectif de la franchise “Phantasmagoria” (97’), Phantasmagorical Mystery Tour (14′), des scènes coupées de Phantasm (3′), sans oublier un livre inédit de 152 pages par Marc Toullec sur la genèse et la réalisation de la saga. Ces suppléments seront chroniqués ultérieurement.

Le Blu-ray de Phantasm IV : Aux sources de la Terreur contient également quelques bonus.

En plus de la bande-annonce et d’une galerie de photos, nous disposons ici d’un documentaire sur le tournage du film (11’), composé d’images de tournage, directement suivies par le résultat final à l’écran. A signaler que d’autres images du plateau se trouvent dans le documentaire proposé en bonus sur le Blu-ray de Phantasm III : Le Seigneur de la Mort !

L’Image et le son

Du point de vue qualité, le master HD de Phantasm IV : Aux sources de la Terreur est sans aucun doute le plus beau du coffret intégrale. Encore plus aiguisé que l’image du troisième épisode, celle-ci sublime les plans tournés dans le désert avec un ciel bleu immaculé, une profondeur de champ inouïe et une luminosité qui flatte les rétines. La texture argentique est heureusement préservée et excellemment gérée, la copie est d’une propreté immaculée, le cadre stable, les gros plans détaillés à souhait, bref c’est superbe. Le Blu-ray est au format 1080p (AVC).

Comme sur les précédents Blu-ray, la version originale bénéficie d’un mixage DTS-HD Master Audio 5.1. Cette option acoustique séduisante permet à la composition d’environner une fois de plus le spectateur pour mieux le plonger dans l’atmosphère du film. Les effets latéraux sont très convaincants, à l’instar des ambiances naturelles dans les paysages désertiques. De plus, les dialogues ne sont jamais noyés et demeurent solides, la balance frontale assurant de son côté le spectacle acoustique, riche et dynamique, surtout lors du passage des sphères métalliques, évidemment toujours présentes dans ce quatrième épisode. Les fans de la version française devront se contenter d’une piste mono DTS-HD Master Audio 2.0. Cette version se révèle assez percutante et propre, mais certains dialogues s’avèrent sensiblement grinçants. Les sous-titres ne sont pas imposés sur la version originale. Aucun souffle constaté.

Crédits images : © ESC Editions / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Phantasm III : Le Seigneur de la Mort, réalisé par Don Coscarelli

PHANTASM III : LE SEIGNEUR DE LA MORT (Phantasm III: Lord of the Dead) réalisé par Don Coscarelli, disponible en DVD et Blu-ray en coffret Intégrale Collector le 31 octobre 2017 chez ESC Editions et Sidonis Calysta

Acteurs :  Reggie Bannister, A. Michael Baldwin, Angus Scrimm, Bill Thornbury, Gloria Lynne Henry, Kevin Connors, Cindy Ambuehl…

ScénarioDon Coscarelli

Photographie : Chris Chomyn

Musique : Fred Myrow, Christopher L. Stone

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 1994

LE FILM

Après quatorze ans de lutte sans merci, Mike est de nouveau confronté au terrible croque-mort de Morningside, qui dirige une troupe de zombies, des nains composés de cadavres ressuscités, et à une armée de sphères meurtrières.

Six ans séparent Phantasm III : Le Seigneur de la Mort de Phantasm II. Réalisée en 1994 et directement sortie en VHS (énorme succès dans les bacs), cette deuxième séquelle au premier Phantasm (1979) fait oublier la déception du précédent volet. Don Coscarelli est de retour au scénario et à la mise en scène, mais ce troisième opus marque également celui d’A. Michael Baldwin dans le rôle de Mike, qui avait été provisoirement tenu par James LeGros dans Phantasm II. Quinze ans plus tard, le comédien retrouve donc son personnage créé dans le film original, ce qui apporte déjà une plus-value non négligeable. Phantasm III : Le Seigneur de la Mort s’apparente souvent à un remake des deux premiers, mais en constitue également (et heureusement) un prolongement fort sympathique, d’autant plus, et ce sera le cas pour chaque film de la saga, que l’histoire reprend là où celle du précédent s’était arrêtée.

Revenu de l’au-delà, le Tall Man kidnappe Mike dont il voudrait faire son successeur au terme d’une opération particulièrement douloureuse. C’est sans compter sur la détermination de Reggie d’arracher son ami à son emprise. Il est donc de retour (encore une fois) le célèbre Tall Man et il n’a jamais été aussi déterminé. Pour preuve, l’acteur Angus Scrimm, 68 ans au compteur, n’a jamais eu autant de dialogues que dans Phantasm III : Le Seigneur de la Mort et son célèbre « Booooooooy ! » fonctionne encore parfaitement. Durant le prologue, Don Coscarelli résume intelligemment les deux premiers volets, à travers la voix de Mike. Bien que son corps ait fondu à la fin deuxième film, le Tall Man traverse les dimensions pour se débarrasser de son propre cadavre et reprendre ainsi les affaires en cours. Le point central de ce troisième film est la mutation de Mike, désirée par le Tall Man, qui voit en lui celui qui le remplacera. Alors qu’il prend la fuite, son pote Reggie (Reggie Bannister), armé de son fusil de chasse à quatre canons, tente de le retrouver et traverse des villes désolées sur son chemin, laissées à l’abandon pour le plus grand plaisir des pilleurs.

Fans de westerns, Don Coscarelli pose les bases qui feront la belle réussite du quatrième Phantasm en 1998. Reggie rencontre un petit garçon, fils d’un shérif assassiné, qui a repris la pétoire de son paternel et qui s’en sert avec efficacité contre les zombies qui rôdent dans les parages. Plus tard, leur association sera renforcée par l’arrivée de Rocky, une militaire black spécialisée dans le maniement du nunchaku, très efficace contre les vigiles argentées du boogeyman. C’est alors que ressurgit Jody, le frère de Mick. Phantasm III : Le Seigneur de la Mort reprend donc ce qui a fait le succès des précédents volets, les nains monstrueux au service du Tall Man, le sang jaune et bien entendu les mythiques sphères métalliques perceuses de crânes (d’ailleurs le film s’ouvre sur le reflet du Tall Man dans une de ses créations), ici multipliées par cent. Les effets visuels sont plus modernes et donc plus réussis, le rythme plus maîtrisé, les scènes d’action bien emballées avec toujours ce côté foutraque et système D qui fait le charme de la franchise. L’humour noir crée un décalage bienvenu (l’oeil qui sort de la sphère, un frisbee muni de lames de rasoir, une sphère attrapée au vol avec un débouche chiotte), montrant que tout ceci n’est pas sérieux, tandis que le réalisateur s’amuse (et nous aussi) avec les effets gore (une gorge tranchée, un crâne traversé par une sphère) et l’obsession pour le sexe du personnage de Reggie.

Si le cinéaste répond à quelques questions posées par Phantasm et Phantasm II, cela ne fait qu’en engendrer de nouvelles qui relancent alors la saga. Ce que confirmera Phantasm IV : Aux sources de la Terreur, véritable western métaphysique.

LE BLU-RAY

Phantasm III : Le Seigneur de la Mort est donc disponible en Blu-ray, mais pour l’instant uniquement en coffret intégrale (5 films) édité par ESC Editions. Aujourd’hui, nous ne sommes pas en mesure de dire si ce titre sera édité à l’unité, mais puisque les deux premiers le sont déjà, il n’y a pas de raison d’en douter. Le menu principal est animé sur le célèbre thème du film.

En plus de réunir les cinq films de la saga, ce coffret collector intégrale propose également un DVD Bonus, contenant un documentaire rétrospectif de la franchise « Phantasmagoria » (97’), Phantasmagorical Mystery Tour (14′), des scènes coupées de Phantasm (3′), sans oublier un livre inédit de 152 pages par Marc Toullec sur la genèse et la réalisation de la saga. Ces suppléments seront chroniqués ultérieurement.

Le Blu-ray de Phantasm III : Le Seigneur de la Mort contient également quelques bonus.

On passera sur l’unique scène coupée (12 secondes !) sans intérêt (les personnages principaux sont poursuivis – au ralenti – par le Tall Man), pour se consacrer au petit module de 18 minutes consacré au tournage du film…ainsi que celui de Phantasm IV : Aux sources de la terreur ! Evitez donc de visionner ce documentaire si vous ne connaissez pas encore le quatrième épisode puisque certaines séquences sont révélées ! Quelques propos de Don Coscarelli, Reggie Bannister et A. Michael Baldwin ponctuent les images de tournage, surtout celles nécessitant des effets spéciaux ou bien encore les cascades.

L’interactivité se clôt sur une galerie de photos.

L’Image et le son

Voilà une très belle édition HD au format 1080p (AVC) ! Phantasm III : Le Seigneur de la Mort profite de cette élévation et offre aux fans de la franchise un superbe master qui participe à la redécouverte de cet opus souvent considéré comme étant le plus faible de la saga. Le grain original est respecté et excellemment géré, le piqué est pointu, la propreté indéniable, la stabilité de mise et les couleurs fraîches et saturées. L’image est tellement belle qu’on peut même apercevoir l’équipe de tournage dans le reflet des sphères ! Les contrastes sont à l’avenant, les séquences diurnes sont lumineuses, les détails riches, bref, en dehors d’un sensible fléchissement de la définition sur les scènes en intérieur, c’est vraiment très beau ! Aux oubliettes le DVD TF1 Vidéo sorti en 2000 !

La version originale bénéficie d’un remixage DTS-HD Master Audio 5.1. Au premier abord on pouvait craindre le pire. Il n’en est rien, bien au contraire. Cette option acoustique séduisante permet à la composition enivrante de Fred Myrow d’environner le spectateur pour mieux le plonger dans l’atmosphère du film. Les effets latéraux ajoutés ne tombent jamais dans la gratuité ni dans l’artificialité. De plus, les dialogues ne sont jamais noyés et demeurent solides, la balance frontale assurant de son côté le spectacle acoustique, riche et dynamique, surtout lors du passage des sphères. Les fans de la version française devront se contenter d’une piste mono DTS-HD Master Audio 2.0. Cette version se révèle assez percutante et propre, mais certains dialogues s’avèrent sensiblement grinçants. Les sous-titres ne sont pas imposés sur la version originale. Aucun souffle constaté.

Crédits images : © ESC Editions / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Problemos, réalisé par Eric Judor

PROBLEMOS réalisé par Eric Judor, disponible en DVD le 19 septembre 2017 chez Studiocanal

Acteurs :  Eric Judor, Blanche Gardin, Youssef Hajdi, Célia Rosich, Marie Helmer, Michel Nabokov, Dorothée Pousséo, Claire Chust…

ScénarioNoé Debré, Blanche Gardin

Photographie : Vincent Muller

Musique : Ludovic Bource

Durée : 1h22

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Les vacances terminées, Victor et sa petite amie Jeanne rentrent à Paris. Sur le chemin, ils s’arrêtent pour rendre visite à leur ami Jean-Paul, qui habite dans une communauté de babos dans une prairie et qui proteste contre la construction d’un parc aquatique. Séduits par leur façon de vivre, de résister contre la technologie et la société moderne, ils décident de rester quelques jours avec eux. Un matin, ils découvrent que les CRS, qui encadraient la communauté, ont disparu comme la population extérieure, décimée par une pandémie, faisant d’eux les derniers survivants sur Terre.

Après le douloureux et injuste échec commercial de La Tour 2 contrôle infernale (358.000 entrées), Eric Judor revient déjà devant et derrière la caméra pour notre plus grand plaisir avec Problemos. Burlesque, nonsensique, décalée, cartoonesque, absurde, politiquement incorrecte, cette comédie délirante est aussi et surtout excellemment mise en scène et rythmée. Evidemment, le film sera loin, très loin de faire l’unanimité. Certains gags «  mous  » sont complètement assumés, mais beaucoup y verront des ratés. Toujours est-il que Problemos est très généreux et offre aux spectateurs un moment de détente ultra-décomplexée, doublé d’un beau moment de cinéma. Les répliques ne cessent de rebondir d’un mur à l’autre comme une partie de ping-pong verbal. C’est drôle, c’est même hilarant, élégant et beau à regarder, les seconds rôles sont immenses. Mais au fait, ça parle de quoi Problemos ?

Alors que leurs vacances viennent de se terminer, Jeanne, Victor et leur petite fille retournent à Paris. En chemin, le couple fait une halte pour saluer Jean-Paul, l’ancien prof de yoga de Jeanne, qui vit dans une communauté d’altermondialistes. Depuis longtemps, Jean-Paul et ses amis font tout pour empêcher la construction d’un parc aquatique. Séduits par une communauté qui prône le « vivre autrement », où l’individualisme, la technologie et les distinctions de genre sont abolis, Jeanne et Victor acceptent l’invitation qui leur est faite de rester quelques jours. Lorsqu’un beau matin la barrière de CRS qui leur fait face a disparu, la Communauté pense l’avoir emporté sur le monde moderne. Mais le plaisir est de courte durée : à l’exception de leur campement, la population terrestre a été décimée par une terrible pandémie. Ce qui fait du groupe les derniers survivants du monde. Va t-il falloir se trouver de nouveaux ennemis pour survivre ?

Depuis sa participation aux comédies expérimentales de l’excellent Quentin Dupieux (Steak, Wrong, Wrong Cops), Eric Judor a suivi ce genre quasi-inclassable en créant notamment la série Platane. La Tour 2 contrôle infernale découlait de cette approche humoristique ambitieuse. Sur un scénario coécrit par l’humoriste Blanche Gardin et Noé Debré (Dheepan, La Crème de la crème), Problemos s’inscrit dans la lignée des précédentes comédies d’Eric Judor en situant son récit dans une ZAD, autrement dit une Zone à défendre, librement inspirée du mouvement militant « Nuit debout » qui se tenait Place de la République à Paris. Film survolté qui a des choses à dire et qui les dit sans prendre la tête aux spectateurs, mais en le faisant rire du début à la fin rien qu’avec un type qui porte des chaussettes avec des sandales, Problemos peut se voir comme une vraie relecture de La Ferme des animaux de George Orwell, traitée sous forme de fantaisie.

Les communautés, féministes, hippies écolos, vegans, en prennent pour leur grade puisque Judor montre une société qui se réorganise sur des principes égalitaires, mais dont le naturel revient très vite au galop (ça râle de tous les côtés, l’intérêt personnel passe au premier plan), où les avis et intérêts divergent, où les castes sont vite rétablies, jusqu’au chaos. En raison de l’échec de La Tour 2 contrôle infernale, Eric Judor n’a pu bénéficier d’un budget mirobolant et a même eu beaucoup de mal à financer son film. Pourtant, Problemos bénéficie d’un casting génial et déjanté (Marc Fraize, Bun Hay Mean, Youssef Hadji, Michel Nabokov, Arnaud Henriet, Dorothée Pousséo, Blanche Gardin, Claire Chust, Célia Rosich), les situations sont cocasses et jamais méchantes, sans oublier des dialogues prêts à entrer dans le langage courant de celles et ceux qui sauront accorder 1h20 de leur temps à l’une des comédies de 2017 ! Ni plus ni moins.

LE DVD

En raison de son échec dans les salles, Problemos ne bénéficie pas de sortie en Blu-ray. Une honte. Le test du DVD, disponible chez Studiocanal, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Sortie technique, l’éditeur ne propose aucun supplément, même pas la bande-annonce. Zéro pointé pour Studiocanal qui commence à se désintéresser du support…

L’Image et le son

Point d’édition Blu-ray, mais un beau DVD pour Problemos. Le master est soigné avec des contrastes élégants, à part peut-être durant les séquences sombres où l’image paraît plus douce et moins affûtée, mais cela demeure franchement anecdotique. La clarté demeure frappante, le piqué est vif, les gros plans détaillés et la colorimétrie reste chatoyante, riche et bigarrée.

Outre une piste Audiodescription et des sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, la version Dolby Digital 5.1 parvient sans mal à instaurer un indéniable confort phonique. Les enceintes sont toutes mises en valeur et spatialisent excellemment les effets naturels, la musique et les ambiances, avec même un accompagnement des basses. La piste Stéréo assure également de son côté avec des frontales particulièrement riches.

Crédits images : © Serge Blondeau / Séverine Brigeot / Studiocanal / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / La Sarabande des pantins, réalisé par Jean Negulesco, Henry Hathaway, Howard Hawks, Henry King, Henry Koster

LA SARABANDE DES PANTINS (O. Henry’s Full House) réalisé par Jean Negulesco, Henry Hathaway, Howard Hawks, Henry King, Henry Koster, disponible en DVD et Blu-ray le 26 septembre 2017 chez ESC Editions

Acteurs :  Fred Allen, Anne Baxter, Jeanne Crain, Farley Granger, Charles Laughton, Oscar Levant, Marilyn Monroe, Jean Peters, Gregory Ratoff, Dale Robertson…

ScénarioLamar Trotti, Richard L. Breen, Ivan Goff, Ben Roberts, Walter Bullock

Photographie : Lloyd Ahern Sr., Lucien Ballard, Milton R. Krasner, Joseph MacDonald

Musique : Alfred Newman

Durée : 1h57

Date de sortie initiale : 1952

LE FILM

Film à sketchs inspiré de cinq nouvelles de l’auteur O.Henry, allant du polar au drame.

Imaginez un peu cette affiche ! Fred Allen, Anne Baxter, Jeanne Crain, Farley Granger, Charles Laughton, Oscar Levant, Marilyn Monroe, Jean Peters, Gregory Ratoff, Dale Robertson, David Wayne, Richard Widmark, Richard Garrick, Kathleen Freeman, Philip Tonge, réunis devant les caméras de cinq illustres cinéastes hollywoodiens, Jean Negulesco, Henry Hathaway, Howard Hawks, Henry King et Henry Koster ! Tout ce beau monde réuni par la 20th Century Fox avait répondu présent pour rendre hommage à l’écrivain américain O. Henry (1862-1910), de son vrai nom William Sidney Porter.

Journaliste et auteur d’une multitude de nouvelles humoristiques et dramatiques, O. Henry avait fait sa spécialité de raconter des histoires avec pour personnages principaux des gens de tous les jours, de condition modeste et les laissés-pour-compte. Ayant lui-même bourlingué dans les années 1880, tour à tour employé de banque, pharmacien et petite reporter, O. Henry commence sa carrière de journaliste et chroniqueur pour le Houston Post. Mais avant cela, il est accusé de fraudes par la banque pour laquelle il travaille et écope d’une peine de prison de trois ans. Cette expérience le marquera à vie et l’inspirera pour quelques-unes de ses nouvelles. Libéré en 1901, sa carrière d’écrivain démarre enfin et O. Henry (surnom qu’il reçoit en prison) s’installe à New York avec son épouse. Plus de 400 nouvelles plus tard, la plupart se déroulant dans les quartiers pauvres de la Grosse Pomme, O. Henry devient un auteur populaire et incontournable aux Etats-Unis. Alors qu’il aurait fêté ses 90 ans, le monde du cinéma décide de réunir une pléiade de stars et cinq grands réalisateurs pour un film à sketches très réussi, O. Henry’s Full House, sorti en France sous le titre La Sarabande des pantins.

Chaque partie du film est présentée par l’illustre John Steinbeck en personne, qui à l’instar de Walt Disney qui proposait son émission assis dans son bureau, se place devant sa bibliothèque et sort le volume correspondant à l’histoire qui va nous être racontée. La Sarabande des pantins s’avère très réussi du début à la fin et même si certaines parties peuvent paraître moins inspirées que d’autres, il n’en demeure pas moins que ces cinq courts-métrages reliés par le fil rouge Steinbeck sont de très bonne qualité et merveilleusement interprétés.

Le premier segment réalisé par Henry Koster (Harvey, M. Hobbs prend des vacances, La Tunique), Le Policier et le MotetThe Cop and the Anthem, est porté par l’immense Charles Laughton. Il incarne ici Soapy, un clochard de New York qui va tout entreprendre pour se faire emprisonner afin de se mettre à l’abri d’un froid hiver, mais aussi du vent et des coups de matraque, le tout aux frais de la princesse. Il accoste ainsi une femme dans la rue en espérant qu’elle appellera la police mais il s’agit d’une prostituée. Cette dernière est interprétée par Marilyn Monroe en personne, qui fait une savoureuse apparition de deux minutes. Soapy ne se laisse pas abattre et s’avère prêt à tout pour se faire emprisonner. Le ton est évidemment comique et Charles Laughton livre une grande et hilarante prestation.

Le second sketch, L’Appel du claironThe Clarion Call, est mis en scène par l’immense Henry Hathaway (Niagara, Le Plus grand cirque du monde) et le ton est ici dramatique et tire sur le polar. Le policier Barney (Dale Robertson) doit de l’argent à un mauvais garçon, Johnny (Richard Widmark), qui avait épongé une de ses dettes au poker, et se trouve plus qu’embarrassé pour dénoncer un crime commis par celui-ci puisqu’il s’agit d’un ami d’enfance. Ce récit vaut essentiellement pour la performance de Richard Widmark, exceptionnel dans la peau d’une petite frappe au rire sardonique. Monstre de charisme, galurin sur la tête et capable de fusiller son adversaire d’un simple regard, le comédien est une fois de plus fascinant.

On passe ensuite au segment mélodramatique du film avec La Dernière FeuilleThe Last Leaf, réalisé par Jean Negulesco (Comment épouser un millionnaire, Papa longues jambes). Toujours à New York, Greenwich Village, Joanna (Anne Baxter) tombe malade en raison du froid et sa sœur Susan (Jean Peters) prend soin d’elle. Le voisin et peintre Behrman (Gregory Ratoff) vient apporter son aide en vendant une de ses toiles. La chute ou non de la dernière feuille d’un arbre que Joanna aperçoit de sa fenêtre sera un présage pour sa guérison. Si cette partie est sans doute la plus classique sur la forme et le final largement prévisible, les beaux sentiments qui animent ce court métrage, ainsi que la beauté de la photo, des décors et le jeu très émouvant des comédiens emportent facilement l’adhésion.

Après les larmes, voici la partie la plus burlesque de La Sarabande des pantins avec La Rançon du chef rougeRandsom of Red Chief, réalisé par l’immense Howard Hawks ! Direction l’Alabama ! Sam (Fred Allen) et Bill (Oscar Levant), deux escrocs recherchés pour détournement de fonds, enlèvent un petit garçon pour demander une rançon à ses parents. Mais celui-ci se révèle être bien plus malin qu’eux et les deux compères se retrouvent pris à leur propre piège. Avec sa mise en scène dynamique, ses gags visuels et verbaux, son rythme trépident et son petit garnement qui n’est pas sans rappeler Denis la Malice, Howard Hawks signe un vrai bijou, réalisé entre Chérie, je me sens rajeunir et Les Hommes préfèrent les blondes. En 1959, Henri Verneuil adaptera à son tour la même nouvelle d’O. Henry pour Le Grand chef, avec Fernandel.

La Sarabande des pantins se clôt sur un superbe segment, Le Cadeau des rois magesThe Gift of the Magi, réalisé cette fois par Henry King (Le Cygne noir, La Cible humaine). Retour dans un quartier modeste de New York. Della (Jeanne Crain) et Jim (Farley Granger) sont très amoureux l’un de l’autre et n’ont pas sou qui vaille. Néanmoins, pour prouver son inconditionnel amour, chacun est prêt à tous les sacrifices. Porté par le talent, la beauté et la sensualité de Jeanne Crain, Le Cadeau des rois mages est un conte typique de Noël, très efficace et surtout très émouvant.

Toutes ces histoires élégantes et très plaisantes ont bien vieilli et le charme opère toujours autant. La Sarabande des pantins est le film parfait pour les soirées d’hiver qui approchent à grands pas.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de La Sarabande des pantins, disponible chez ESC Editions, a été réalisé à partir d’un check-disc. L’éditeur a misé sur un visuel uniquement centré sur Marilyn Monroe alors qu’elle n’apparaît que deux minutes sur un film de près de deux heures…Le menu principal est animé et musical.

Cela devient récurrent chez l’éditeur, mais c’est un rendez-vous que l’on apprécie. ESC Editions joint une présentation et une analyse du film qui nous intéresse par Mathieu Macheret, critique cinéma pour Le Monde (17’). Très inspiré, ce dernier détaille chaque partie du film à sketches, présente à la fois les réalisateurs et les comédiens, les thèmes explorés, tout en donnant quelques indications sur la carrière et les écrits de O. Henry.

L’interactivité se clôt sur une vidéo comparative avant/après la restauration (4’).

L’Image et le son

Une question : où est passé le grain original, visible dans le second supplément ? Cette belle patine argentique a subi un sacré lissage pour l’arrivée de La Sarabande des pantins dans les bacs. Les puristes risquent de faire la grimace avec raison. Bon, sinon la copie présentée vaut quand même le déplacement et l’apport HD est omniprésent. Disponible pour la première fois en France, en DVD et en Blu-ray, ce film à sketches dispose d’un master solidement restauré, présenté au format respecté 1.37 et on ne peut plus flatteur pour les mirettes. Tout d’abord, le travail des quatre chefs opérateurs (Joseph MacDonald ayant opéré sur deux segments) s’accorde parfaitement dans un superbe N&B qui trouve une densité inespérée dès l’ouverture. La restauration est indéniable, aucune poussière ou scorie n’a survécu au scalpel numérique, l’image est d’une stabilité à toutes épreuves. Les contrastes sont fabuleux et le piqué n’a jamais été aussi tranchant. Le cadre fourmille de détails, les fondus enchaînés n’entraînent pas de décrochages et ce master participe à la redécouverte de ce film collectif.

L’éditeur nous propose uniquement la version originale (aux sous-titres français non imposés) de La Sarabande des pantins, disponible en DTS HD Master Audio 2.0. Dynamique, clair, homogène et naturel, très propre et sans souffle, ce mixage installe un confort acoustique très plaisant.

Crédits images : © Fox / ESC Editions / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Security, réalisé par Alain Desrochers

SECURITY réalisé par Alain Desrochers, disponible en DVD et Blu-ray le 17 octobre 2017 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs :  Antonio Banderas, Ben Kingsley, Liam McIntyre, Gabriella Wright, Chad Lindberg, Cung Le, Yana Marinova, Mark Rhino Smith…

ScénarioJohn Sullivan, Tony Mosher

Photographie : Anton Bakarski

Musique : FM Le Sieur

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Une fillette doit témoigner contre la mafia qui envoie un commando attaquer le fourgon où elle se trouve pour la tuer. Mais l’opération tourne mal et la fillette trouve refuge la nuit dans un centre commercial. Cinq vigiles surveillent le lieu. L’un d’entre eux est un ancien militaire expérimenté. L’affrontement peut commencer !

Antonio Banderas n’a jamais arrêté de tourner. Le comédien espagnol n’aura eu de cesse d’alterner les apparitions chez des pointures (Brian De Palma, Woody Allen, Pedro Almodóvar, Jean-Jacques Annaud, Steven Soderbergh, Terrence Malick), tout en restant fidèle à Robert Rodriguez (6 films ensemble depuis Spy Kids) et en prêtant sa voix au Chat Potté sur 4 longs et 4 courts métrages. Le reste du temps, l’ancien Zorro et Desperado passe d’une production destinée au marché de la vidéo à l’autre, dans le but évident de payer sa villa à Los Angeles. Toujours est-il qu’en dehors d’une participation ratée dans le troisième (et mauvais) Expendables de Patrick Hughes, l’acteur né à Málaga a toujours su rester pro et n’a que très rarement déçu depuis ses débuts. Après Autómata de Gabe Ibáñez en 2014, très bonne proposition de science-fiction malheureusement passée inaperçue puisque le film n’a été distribué qu’en DVD et Blu-ray, Antonio Banderas revient à l’action avec Security, petite production, mais également petite surprise fort bien accueillie à sa sortie dans les bacs grâce à un excellent bouche-à-oreille.

Eddie, vétéran des forces spéciales souffrant de stress post-traumatique accepte un poste de vigile dans un centre commercial. Durant sa première nuit de travail, il ouvre les portes à une jeune fille muette de peur qui cherche un refuge. Un homme élégant et raffiné se présente alors et offre un million de dollars en échange de l’adolescente tandis qu’un groupe de mercenaires encercle le bâtiment. Eddie refuse, ce qui signe son arrêt de mort, ainsi que celui de ses collègues (Liam McIntyre, Chad Lindberg, Gabriella Wright) et de la petite fille (Katherine le la Rocha). L’ancien militaire va alors organiser la résistance au sein du magasin, en usant de talkie-walkie pour enfants (les téléphones portables sont HS), d’une voiture télécommandée, de quelques armes dont ils disposent (un taser), d’un peu de courage et surtout de système D. Et c’est parti pour 90 minutes de pur divertissement !

Le cinéaste et scénariste québécois Alain Desrochers a fait ses classes dans le domaine du clip vidéo puis dans la publicité avec une centaine de spots à son actif. Il se fait également la main à la télévision pour quelques séries dont The Hunger, produite par Ridley et Tony Scott, avant de signer son premier long métrage en 2000, La Bouteille. Depuis, Alain Desrochers partage sa carrière entre le cinéma et la télévision. Security est sa première production américaine, même si le film a entièrement été tourné…en Bulgarie, spécialité des gars de Millennium Films. Même si l’on imagine que le budget ne devait pas être faramineux, Alain Desrochers fait preuve d’un réel savoir-faire et Security s’avère une bonne série B, solidement réalisée et interprétée. Antonio Banderas fait le boulot comme au bon vieux temps (celui des années 80-90 pour les plus jeunes), bourru mais tendre avec la gamine, qui déclame ses tirades en mangeant sa barbe (on parle bien d’Antonio hein), avec ses deux flingues en main. Son rival n’est autre que Sir Ben Kingsley. L’acteur britannique campe un mafieux bien décidé à flinguer tous ceux qui pourraient lui causer des ennuis, peu importe s’il s’agit d’une petite fille en détresse.

Le décor (très artificiel) offre un terrain de jeu sympathique, bien exploité par le réalisateur, ça canarde, ça explose, ça saigne, ça se bastonne, le contrat est rempli, sans pour autant prendre les spectateurs pour des abrutis grâce à une histoire certes standard, mais qui tient la route grâce à un rythme soutenu. Security est un film fun, bourré de références (Les Ailes de l’enfer, Assaut) et on aimerait voir d’autres thrillers du même acabit aussi réussis.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Security, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal paraît fauché, puisque fixe et muet. Mention spéciale à la jaquette qui indique « Ben Kingsley, inoubliable interprète de Gandhi, qui abandonne la non-violence » !

Petite sortie technique, Security ne dispose que d’un making of minuscule (8’) en guise de supplément. Promotionnel, ce module donne la parole aux producteurs, au réalisateur et aux comédiens, qui ne font que présenter l’histoire et les personnages. Quelques images de tournage entre deux interviews redonnent un peu d’intérêt à l’ensemble.

L’interactivité se clôt sur des bandes-annonces et des liens internet.

L’Image et le son

Le Blu-ray de Security est au format 1080p. Cette édition s’avère très soignée avec une propreté assurée, des couleurs sombres puisque le film ne se déroule essentiellement que de nuit dans le centre commercial aux lumières éteintes. La photo froide est soignée et les partis pris bien restitués. Le piqué est aléatoire, mais s’en tire honorablement, la gestion des contrastes est solide, même si nous pouvions attendre plus de détails sur le cadre large. Heureusement, l’encodage AVC consolide l’ensemble avec brio et toutes les séquences tournées en extérieur sont très belles. Un DTV bien choyé et à la définition riche.

Les mixages anglais et français DTS-HD Master Audio 5.1 assurent pour instaurer un confort acoustique ample et plaisant. La musique composée par FM Le Sieur (pas d’erreurs) est systématiquement spatialisée grâce au soutien énergique des latérales. Si les dialogues auraient mérité d’être un peu plus relevés sur la centrale en version originale, ils sont heureusement toujours nets et précis, la balance frontale est puissante et le caisson de basses utilisé à bon escient à l’instar de l’attaque durant la tempête, l’accident et bien sûr tous les affrontements dans le centre commercial. A titre de comparaison, la piste française se révèle quand même moins riche et naturelle que son homologue.

Crédits images : © Security Productions, inc. Tous droits réservés. / Metropolitan Filmexport / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / L’Héritier, réalisé par Philippe Labro

L’HÉRITIER réalisé par Philippe Labro, disponible en Blu-ray le 5 septembre 2017 chez Studiocanal

Acteurs :  Jean-Paul Belmondo, Carla Gravina, Jean Rochefort, Charles Denner, Maureen Kerwin, Jean Desailly, Jean Martin, François Chaumette, Maurice Garrel…

ScénarioJacques Lanzmann, Philippe Labro

Photographie : Jean Penzer

Musique : Michel Colombier

Durée : 1h52

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

Fils à papa et playboy renommé, Bart Cordell se retrouve à la tête d’un véritable empire à la mort de son père. Pas vraiment préparé pour être un homme d’affaires, Cordell va devoir faire ses preuves, tout en prouvant que l’accident d’avion de son père a été provoqué…

« Montrez-moi un héros et je vous écrirai une tragédie. » Francis Scott Fitzgerald

A la fin des années 1960 – début 1970, Jean-Paul Belmondo est l’un des comédiens qui règnent sur le cinéma français. Le comédien oscille alors entre comédies populaires et films d’auteurs. Bebel passe allègrement d’un genre à l’autre, de Gérard Oury à François Truffaut, en passant par Louis Malle, Robert Enrico, Claude Lelouch, Jacques Deray, Jean-Paul Rappeneau, Claude Chabrol, Henri Verneuil et José Giovanni. Tout cela en l’espace de cinq ans. En allant rendre visite à sa compagne, la magnifique Laura Antonelli, sur le tournage de Sans mobile apparent, Jean-Paul Belmondo observe la méthode Labro. Conforté par son complice de toujours Jean-Pierre Marielle, qui joue également dans le film, sur le professionnalisme du metteur en scène, Bebel fait part à Philippe Labro qu’il souhaiterait collaborer avec lui. Il n’en fallait pas plus à ce dernier et à son coscénariste Jacques Lanzmann pour lui écrire un thriller dramatique sur mesure. Ce sera donc L’Héritier.

Hugo Cordell, grand patron de la presse et de l’industrie, trouve la mort dans l’explosion de son avion, entre Genève et Paris. L’examen des débris de l’appareil ne permet pas d’établir avec certitude les causes de l’accident. À Paris, les dirigeants de Globe, l’hebdomadaire français du groupe Cordell, attendent avec anxiété l’arrivée de Barthelemy, dit Bart, l’héritier de l’empire Cordell (vous avez dit Largo Winch ?), qui a émis le désir de prendre connaissance du dernier numéro avant son impression. Dans l’avion qui le ramène des États-Unis, Bart flirte avec la séduisante Lauren, qui glisse dans sa poche un ticket de bagage. À l’aéroport, Bart est accueilli par le staff directorial du Globe et des reporters de la télévision. Le ticket de bagage trouvé par un douanier correspond à une mallette remplie de drogue et on accuse Bart de se livrer à un trafic de stupéfiants. Il comprend alors que son arrivée à la tête de l’empire Cordell qui pèse 150 millions de dollars, n’est pas du goût de tout le monde. Aidé de son fidèle ami, David, il décide de mener son enquête.

« Je ne cherche pas à me faire aimer, je cherche à me faire comprendre. »

La carrière cinématographique de Philippe Labro a toujours été influencée par le polar américain, son genre de prédilection. L’Héritier ne fait pas entorse à la règle puisqu’on y retrouve l’atmosphère, le cadre et les décors propres au thriller US. A la limite de l’expérimental, le cinéaste joue avec le montage et notamment les ruptures. Ces intentions et partis pris n’ont pas eu que du bon pour la postérité de L’Héritier, qui a pris pas mal de rides, contrairement à la partition toujours inspirée de Michel Colombier. Dépourvu d’humour, froid, le troisième long métrage de Philippe Labro offre néanmoins à Jean-Paul Belmondo un rôle atypique, peu attachant et qui ne fait d’ailleurs rien pour créer une once d’empathie en faisant la tronche et en plissant le front pendant près de deux heures, mais qui demeure au final curieux du début à la fin.

Grand succès public en mars 1973 avec plus de 2 millions d’entrées, L’Héritier se voit aujourd’hui comme une curiosité dans la filmographie de Bebel, ainsi que pour son casting quatre étoiles puisque la divine Carla Gravina (L’Antéchrist d’Alberto De Martino), Jean Rochefort, Charles Denner, Jean Desailly, Michel Beaune, François Chaumette, Maurice Garrel, Jean Martin gravitent autour du comédien principal, droit comme un i et corseté dans des costumes trois-pièces. Philippe Labro parle du monde impitoyable et cynique de la presse, le sien, par ailleurs le personnage de Liza Rocquencourt, interprété par Carla Gravina, n’est pas sans rappeler Françoise Giroud, mais également de celui de l’entreprise, où les concurrents sont prêts à tout pour devenir le leader européen. Récit initiatique, polar, drame, L’Héritier touche à tout, c’est sans doute ce qui fait sa faiblesse puisque le récit part dans tous les sens et sans gestion du rythme, mais c’est aussi ce qui fait aussi sa force puisque Labro ne donne pas toutes les clés de ses personnages et son film paraît même parfois quasi-inclassable. Son épilogue inoubliable pour les fans de Bebel a largement contribué à conférer à L’Héritier un statut culte.

LE BLU-RAY

L’édition HD de L’Héritier est disponible chez Studiocanal. Le DVD du film était déjà disponible chez le même éditeur depuis 2007. Le menu principal est fixe et muet, triste…

Comme pour l’édition HD de L’Alpagueur, Philippe Labro présente L’Héritier (29’) à travers un entretien souvent passionnant. Le réalisateur s’attarde sur la genèse de son troisième long métrage et troisième collaboration avec Jacques Lanzmann, sur l’écriture du scénario, les thèmes abordés, ses intentions et ses inspirations (l’ascension et l’assassinat de JFK, le cinéma de Jean-Pierre Melville, Bas les masques de Richard Brooks), sa collaboration avec Jean-Paul Belmondo (qui se demandait si les spectateurs allaient l’accepter dans la peau de ce personnage), l’épilogue (tourné à 5 caméras et inspiré de l’assassinat de Lee Harvey Oswald par Jack Ruby), l’accueil et la postérité de son film. S’il s’égare parfois en parlant longuement de son amitié avec Jean-Pierre Melville, qui l’a beaucoup conseillé pour le tournage de Sans mobile apparent (qui au passage n’est jamais sorti en DVD et qu’on attend toujours !), Philippe Labro replace brillamment L’Héritier dans sa filmographie et dans son contexte politico-financier, le tout agrémenté d’anecdotes de tournage.

L’Image et le son

L’apport HD pour L’Héritier est ici moins flagrant que pour L’Alpagueur. Le générique est marqué par un grain très imposant et le reste du film restera du même acabit avec un piqué émoussé et un manque de définition récurrent. La gestion des contrastes est correcte, la copie affiche une solide stabilité et la propreté de la copie est indéniable. Quelques plans sombres et flous semblent inhérents aux conditions de tournage, tandis que les partis pris esthétiques froids du chef opérateur Jean Penzer (Le Diable par la queue de Philippe de Broca, Préparez vos mouchoirs de Bertrand Blier) sont ici respectés dans la mesure du possible.

Le mixage français DTS-HD Master Audio Mono 2.0 instaure un honnête confort acoustique, même si certains échanges paraissent parfois étouffés et sourds. La propreté est de mise, les silences denses, sans aucun souffle. La composition de Michel Colombier est quant à elle la mieux lotie. Mauvais point en revanche pour l’absence de sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, tout comme celle d’une piste Audiodescription qui manque à l’appel.

Crédits images : © Studiocanal / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Podium, réalisé par Yann Moix

PODIUM réalisé par Yann Moix, disponible en Blu-ray le 5 septembre 2017 chez Studiocanal

Acteurs :  Benoît Poelvoorde, Jean-Paul Rouve, Julie Depardieu, Marie Guillard, Anne Marivin, Odile Vuillemin, Mia Frye…

ScénarioYann Moix, Olivier Dazat, Arthur-Emmanuel Pierre d’après le roman Podium de Yann Moix

Photographie : Benoît Delhomme

Musique : Jean-Claude Petit

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 2004

LE FILM

Nom : Bernard Frédéric. Profession : Claude François, chanteur à succès des années 70. Oui son métier, c’est d’être Claude François à la place de lui ; le meilleur de sa génération ; Il est son sosie chantant et dansant avec quatre choristes.
Son ambition, au grand dam de sa femme Véro, est de gagner le concours de la Nuit des sosies, diffusée en prime time sur une grande chaîne. Pris entre son désir de gloire et l’amour réel pour sa femme, tenaillé entre son chanteur idole et Véro, il lui faudra choisir.

Film événement avec près de 3,6 millions d’entrées en 2004 et troisième plus grand succès hexagonal cette année-là derrière Les Choristes et Un long dimanche de fiançailles, Podium est rapidement devenu un film culte. Révélé en 1992 dans C’est arrivé près de chez vous de Rémy Belvaux et André Bonzel, Benoît Poelvoorde passe ensuite par la télévision pour les deux shows Jamais, au grand jamais et Les Carnets de Monsieur Manatane, avant de retourner au cinéma. Après le succès des Randonneurs de Philippe Harel en 1997, il devient très vite convoité par les réalisateurs. Le comédien enchaîne alors Les Convoyeurs attendent de Benoît Mariage, Les Portes de la gloire de Christian Merret-Palmair, Le Vélo de Ghislain Lambert – à nouveau – de Philippe Harel. La donne change avec Le Boulet d’Alain Berberian, blockbuster à la française qui attire plus de 3 millions de spectateurs. Arrive enfin Podium, qui consacre définitivement Benoît Poelvoorde avec sa première nomination pour le César du meilleur acteur et l’obtention du Prix Jean Gabin en 2005.

En misant sur Benoît Poelvoorde pour interpréter le rôle principal de son premier long métrage en tant que réalisateur, Yann Moix, qui adapte ici son roman éponyme (2002, Editions Grasset) sélectionné pour le prix Goncourt, ne s’est pas trompé. D’ailleurs, le roman et le scénario ont été écrits spécialement pour lui. Benoît Poelvoorde est Bernard Frédéric et a pour métier Claude François… et accessoirement, banquier. Devenir le sosie de Claude François est son rêve. Après avoir raccroché pendant plusieurs années, fondé une famille et trouvé un emploi stable, il est contacté par Couscous, alias Michel PolnarG, l’étonnant sosie de Michel Polnareff afin de gagner le concours de la « Nuit des sosies » présentée par Évelyne Thomas au grand dam de sa femme Véro. Pour ce faire, il engage quatre Bernadettes, comme Claude François avait ses Claudettes.

Même si le ton a été quelque peu adouci par rapport au roman, Yann Moix a réussi à préserver l’ironie et le mordant de son livre pour sa transposition à l’écran. Alors que la téléréalité avec sa course à la célébrité battait son plein depuis l’émergence de Loft Story en France, Podium se penche sur les artistes locaux qui tentent d’exister en calquant leur existence sur celle de leurs idoles. Pour Bernard Frédéric, Claude François est bien plus qu’un modèle, c’est un mode de vie à part entière. Il respire, il vit et même il est Claude François. Déjà très investi, Benoît Poelvoorde crève l’écran dans la peau du pourtant enfoiré Bernard Frédéric, au point de chanter lui-même tous les tubes entendus dans le film. En plus de ses références avouées (Claude Zidi, Max Pecas, Bertrand Blier, François Truffaut, les films avec Louis de Funès), Yann Moix joue avec l’esthétique bariolée des années 1970 (y compris dans les décors et les costumes très réussis), s’en amuse plus qu’il s’en moque, à travers un personnage qui trouve finalement refuge dans le corps et la personnalité d’un autre. Odieux, vulgaire, égocentrique, tyrannique, misogyne, Bernard Frédéric a tout pour être repoussant, pourtant Benoît Poelvoorde en fait un monstre avant tout humain, mal dans sa peau et qui dissimule ses failles, ses fêlures et son mal-être. Jusqu’à la séquence finale où le comédien donne des frissons en interprétant Ma préférence de Julien Clerc face caméra dans l’espoir de reconquérir sa femme.

Podium est également un véritable hommage à Claude François. On peut d’ailleurs le préférer au biopic Cloclo de Florent Emilio-Siri qui montrait également un artiste colérique et perfectionniste, mais dont la mise en scène pesante et prétentieuse pouvait facilement ennuyer. Véritable comédie populaire, Podium enchaîne les scènes et les répliques cultes (« Toi, là-bas avec le calamar sur la tête… ») comme des perles sur un collier avec des comédiens déchaînés (Jean-Paul Rouve en sosie de Polnareff, Julie Depardieu pétillante) et un rythme enlevé qui reste toujours aussi efficace. Yann Moix reviendra derrière la caméra pour Cinéman, immense nanar absolu, mais c’est une autre histoire.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Podium, disponible chez Studiocanal, a été réalisé à partir d’un check-disc. Sortie technique, le menu principal de cette édition HD est fixe et muet.

Nous nous trouvons en présence de l’arnaque de l’année. Non pas que le master Haute-Définition soit infect, c’est même tout le contraire, mais tout simplement parce que l’éditeur a purement et simplement viré TOUS les suppléments que l’on trouvait sur les différentes éditions DVD du film !

Exit le très beau menu animé et musical, le chapitrage, la version longue (+ 26 minutes), le très bon commentaire audio de Yann Moix présent sur les deux montages, le pré-film annonce, la bande-annonce, le bêtisier, la galerie d’affiches et de photos, le making of de 70 minutes, le duo original Claude François/Petula Clark, bref tout a ici disparu. Zéro pointé !

Heureusement, Studiocanal se rattrape avec ce superbe master HD (1080p) qui restitue habilement les volontés artistiques du chef opérateur Benoît Delhomme (Des hommes sans loi, Mortel transfert). La patine argentique est élégante, les couleurs chaudes et clinquantes, les contrastes léchés et le relief constamment palpable. Ces partis pris esthétiques bigarrés sont savamment pris en charge par une compression sans failles, la définition demeure exemplaire sur tous les plans et tout du long, sur les scènes sombres comme sur les lumineuses séquences diurnes. Les détails sont légion sur le cadre large, le piqué aiguisé et la copie éclatante.

Podium vous donne l’occasion de transformer votre installation sonore en véritable jukebox-Claude François grâce à un mixage DTS-HD Master Audio 5.1 explosif. La balance frontale est riche et exemplaire, les dialogues solidement plantés sur la centrale et les latérales ne cessent d’exsuder leurs effets et ambiances dévastateurs, notamment sur toutes les séquences de représentations. Point de DTS-HD Master Audio 2.0, ni même de piste Audiodescription et encore moins de sous-titres destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Mars Distribution / Studiocanal / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Freud, passions secrètes, réalisé par John Huston

FREUD, PASSIONS SECRÈTES (Freud: The Secret Passion) réalisé par John Huston, disponible en DVD le 12 septembre 2017 chez Rimini Editions

Acteurs :  Montgomery Clift, Susannah York, Larry Parks, Susan Kohner, Eileen Herlie, Fernand Ledoux, David McCallum…

ScénarioWolfgang Reinhardt, Charles Kaufman

Photographie : Douglas Slocombe

Musique : Jerry Goldsmith

Durée : 2h15

Date de sortie initiale : 1962

LE FILM

1885. Sigmund Freud, 29 ans, est neurologue à l’hôpital général de Vienne. Confronté à des cas pathologiques qui défient la médecine traditionnelle, il n’hésite pas à faire appel à l’hypnose pour essayer de comprendre le mal dont souffrent les patients. Au fur et à mesure de ses expériences, Freud perçoit qu’il est tout proche de l’une des découvertes majeures de l’histoire de la science.

« Il est préférable de laisser les scorpions dans l’obscurité… »

Freud, passions secrètes, Freud: The Secret Passion ou tout simplement Freud est un chef d’oeuvre caché de John Huston. Sorti en 1962, ce film admirable et pourtant oublié est aussi l’avant-dernier long métrage du comédien Montgomery Clift, éblouissant dans le rôle-titre. Plus qu’un biopic, John Huston met en scène la découverte de la psychanalyse et de l’inconscient. La passion du réalisateur pour ce sujet remonte à la Seconde Guerre mondiale. Mobilisé dans l’équipe des cinéastes militaires de l’U.S. Army, sous la direction de Frank Capra, John Huston est appelé à réaliser quelques documentaires auprès des soldats. C’est le cas du méconnu Que la lumière soitLet there be light (1946) qui suit une équipe de psychiatres tenter de soigner des rescapés, victimes de chocs traumatiques. Certains présentent des troubles de la vue, d’autres sont visiblement handicapés ou angoissés, persuadés qu’une bombe va leur tomber dessus. John Huston observe ces médecins avoir recours à la psychanalyse et à l’hypnose. Fasciné, il sait qu’il réalisera plus tard un film tournant autour de Freud. Considéré comme un film capital sur le traitement psychiatrique des blessés de guerre, Que la lumière soit est néanmoins interdit par le Pentagone et restera inédit jusqu’en 1981. Sélectionné dans la section Un certain regard au Festival de Cannes cette année-là, les spectateurs découvrent des images insoutenables. Après son film maudit Les DésaxésThe Misfits (1961) et suite à de longues recherches sur Freud durant lesquelles il s’initie même aux techniques de l’hypnose, John Huston entreprend enfin ce projet qui lui tenait à coeur depuis une quinzaine d’années.

Le jeune Sigmund Freud se rend à Paris pour rencontrer le professeur Charcot, dont les travaux sur l’hypnose l’intéressent depuis longtemps. Revenu à Vienne, il poursuit ses propres recherches sur l’hystérie, malgré l’opposition de son entourage. Seul le docteur Breuer le soutient et l’encourage dans ses recherches. Au contact de patients névrosés, Freud découvre le rôle prépondérant de la sexualité dans les mécanismes de l’inconscient et, malgré la désapprobation collective de ses collègues psychiatres, en vient à élaborer une théorie sur l’origine sexuelle des névroses.

« Quelle magnificence d’éclairer les ténèbres de vos lumières ! »

Dans un premier temps, en 1958, John Huston avait demandé au philosophe et écrivain Jean-Paul Sartre d’écrire le scénario. Ce dernier n’avait pas pris la chose à la légère et avait finalement remis au réalisateur un scénario documenté de plus de 400 pages, uniquement concentré sur les débuts de Freud en tant que neurologue. Après avoir décliné poliment ce travail de titan, John Huston se tourne vers un scénariste plus « expérimenté », Wolfgang Reinhardt. Freud, passions secrètes est le fruit de toutes ces études poussées. Souvent filmé comme un thriller, le récit est haletant et le cinéaste parvient à mettre en scène la passion d’un homme, qui vit littéralement pour son travail. Montgomery Clift, bien qu’extrêmement souffrant sur le tournage et au plus mal avec ses problèmes d’alcool – Huston, excédé, pense sérieusement le remplacer par Eli Wallach – incarne Freud à la perfection. Avec son regard perçant, à tel point que ses yeux bleus illuminent la superbe photographie N&B crépusculaire du chef opérateur Douglas Slocombe (Gatsby le magnifique, les trois premiers Indiana Jones), le comédien restitue tout le feu qui anime son personnage, un foyer sans cesse attisé par de nouvelles découvertes. Bien que marié à la jeune Martha (magnifique Susan Kohner, la Sarah Jane de Mirage de la vie de Douglas Sirk), Freud se lance seul dans cette aventure. John Huston a recours à quelques plans hérités de l’expressionnisme allemand pour renforcer l’aspect « monstre » de Freud, dont la silhouette se dessine dans la pénombre, quand celui-ci entreprend de rendre visite à ses patients cobayes (dont la divine Susannah York), avant de réaliser sa propre analyse pour affronter ses démons. Cette impression quasi-fantastique est par ailleurs renforcée par la composition angoissante de Jerry Goldsmith.

John Huston filme ensuite son personnage, seul contre tous, annoncer à ses confrères l’aboutissement de son travail. Freud est filmé de dos, comme jeté dans une arène où l’ambiance est effervescente, comme si les spectateurs étaient prêts à le lyncher. Cela ne manque pas d’arriver au moment où Freud leur présente ce qui l’avait effrayé dans un premier temps, puis ce qui allait alors devenir un concept central dans la psychanalyse, le complexe d’Oedipe. Drame psychologique, biopic et même parfois inclassable quand le cinéaste a recours au rêve et aux fantasmes pour montrer – et c’est ce qui l’intéresse le plus – la pensée à l’oeuvre chez son personnage principal, Freud, passions secrètes est un chef d’oeuvre trépidant, magistral et remarquablement documenté. Enfin, notons qu’à sa sortie, les distributeurs ont imposé à John Huston de couper une demi-heure de son film, jugé alors trop austère. S’il restera très attaché à Freud, passions secrètes tout au long de sa vie, il reniera en revanche le montage sorti dans les salles.

LE DVD

Le DVD de Freud, passions secrètes, disponible chez Rimini Editions, repose dans un boîtier classique de couleur noire, glissé dans un surétui cartonné. Visuel attractif centré sur Montgomery Clift. Le menu principal est animé et musical.

Pour cette édition, l’éditeur est allé à la rencontre de Marie-Laure Susini, psychanalyste et écrivain, membre de l’École de La Cause Freudienne de 1981 à 1991, puis de l’École de Psychanalyse Sigmund Freud de 1993 à 2010. Dans le premier segment intitulé Freud, le film oublié (22’), notre interlocutrice se penche sur la genèse du film de John Huston et déclare « c’est un chef d’oeuvre, mais même les plus grands fans de John Huston le connaissent peu ». Marie-Laure Susini évoque les ouvrages sur la vie de Freud (dont une biographie écrite par Stefan Zweig, Sigmund Freud : La guérison par l’esprit), les raisons qui ont poussé John Huston à réaliser un film sur la découverte de la psychanalyse (qui découle du documentaire Que la lumière soit, dont on nous présente un extrait), l’évolution du scénario (dont l’épisode Jean-Paul Sartre), le casting (Montgomery Clift est selon elle parfait), les conditions de tournage et les intentions du cinéaste. Dommage que cette intervention soit sans cesse entrecoupée d’extraits du film, de la bande-annonce ou de photos de moyenne qualité.

Dans un second module (Freud, secrets d’adaptation, 12’), Marie-Laure Susini se concentre sur le fond du film et la façon dont John Huston a abordé l’inconscient dans Freud, passions secrètes. Elle déclare que tous les dialogues sont « incroyablement construits et totalement au service de la psychanalyse », que les séquences de rêve imaginées par le cinéaste sont formidables et précises et que John Huston a parfaitement retranscrit le travail méticuleux et complexe, ainsi que l’aventure intérieure d’un homme seul pendant plus de dix ans.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

On ne sait pas où Rimini Editions est allé chercher cette copie, toujours est-il que le master présenté ici a semble-t-il connu quelques heures de vol. Dès la première séquence, les fourmillements s’invitent, ainsi que des points blancs, de nombreuses rayures verticales, des pixels, des plans flous. Il faut attendre quelques minutes pour que la copie au dégrainage assez conséquent, trouve enfin une certaine stabilité, même si les défauts ont tendance à réapparaître tout au long de ces 135 minutes. Les séquences de rêves sont les plus abimées du lot, les noirs sont charbonneux, le manque de piqué est conséquent, quelques séquences paraissent surexposées et la définition chancelle à plusieurs reprises. Il faudra se contenter de cette image, car soyons honnêtes, découvrir Freud, passions secrètes en DVD en 2017 était quasi-inespéré.

L’éditeur ne propose que la version originale du film de John Huston. Plutôt dynamique, nettoyée, homogène et naturelle, sans souffle parasite, cette piste Dolby Digital 1.0 offre un confort acoustique solide et restitue admirablement les somptueux dialogues et la musique de Jerry Goldsmith. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Universal Studios. Renewed 1990 Universal Studios. All Rights Reserved. TM & © 2017 Universal Studios All Rights Reserved . Rimini Editions / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / De toutes mes forces, réalisé par Chad Chenouga

DE TOUTES MES FORCES réalisé par Chad Chenouga, disponible en DVD le 5 septembre 2017 chez Ad Vitam

Acteurs :  Khaled Alouach, Yolande Moreau, Laurent Xu, Daouda Keita, Aboudou Sacko, Jisca Kalvanda…

Scénario :  Chad Chenouga, Christine Paillard

Photographie : Thomas Bataille

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Nassim est en première dans un grand lycée parisien et semble aussi insouciant que ses copains. Personne ne se doute qu’en réalité, il vient de perdre sa mère et rentre chaque soir dans un foyer. Malgré la bienveillance de la directrice, il refuse d’être assimilé aux jeunes de ce centre. Tel un funambule, Nassim navigue entre ses deux vies, qui ne doivent à aucun prix se rencontrer.

De toutes mes forces est le second long métrage de Chad Chenouga, quinze ans après 17, rue Bleue (2001). Réalisateur de nombreux courts-métrages, Chad Chenouga s’inspire ici de sa propre enfance. Né de père inconnu et confié à la DDASS après le décès de sa mère alors qu’il était encore adolescent, le cinéaste (également comédien et animateur d’ateliers dans des prisons et des foyers) avait déjà abordé ce thème dans son premier film. Il reprend ici la trame de sa pièce intitulée La Niaque, jouée au Théâtre des Amandiers à Nanterre en 2011, replacée à l’époque contemporaine alors que l’histoire originale se déroulait dans un foyer non mixte dans les années 1970. Drame social animé par une sensibilité à fleur de peau, De toutes mes forces révèle un jeune acteur très prometteur, Khaled Alouach. Une voix, un charisme, une force et une fragilité qui l’imposent d’emblée comme l’un des sérieux prétendants au César du meilleur espoir masculin en 2018.

Nassim vient de perdre sa mère qui s’est suicidée. Sa vie de lycéen insouciant bascule. Sa proche famille ne peut pas le prendre chez elle. Il est donc pris en charge par Madame Cousin, qui l’accueille dans son foyer de jeunes. Nassim, bouleversé par la mort de sa mère, ne veut pas s’intégrer au groupe. Il s’enferme dans son chagrin, ses notes dégringolent et il tente de faire le mur pour retrouver sa petite-amie à qui il a caché la vérité. Quand celle-ci l’apprend, elle ne comprend pas l’attitude de Nassim. Soutenu par Madame Cousin, le jeune homme tente de remonter la pente. Chad Chenouga, aidé de sa coscénariste Christine Paillard, suivent le personnage de Nassim à un carrefour décisif de son existence. De rencontre en rencontre, le jeune homme qui voit alors sa vie partir en éclats, doit parvenir à faire le deuil de sa mère (il écoute sans cesse son dernier message laissé sur son répondeur), dépressive, dépendante aux médicaments, cloîtrée dans un appartement aux fenêtres closes, surmonter sa culpabilité (il l’a laissée seule pour partir en week-end avec des amis), tout en prenant des décisions capitales pour son avenir professionnel.

De toutes mes forces est animé d’une énergie contagieuse, d’une rage et même d’une fureur de (sur)vivre qui foudroient du début à la fin, autant par la mise en scène que par la musique électro ou au banjo du compositeur Thylacine. Sans clichés, Chad Chenouga rend attachants Nassim et les personnages secondaires qui gravitent autour de lui comme des électrons, Moussa, Brahim, Zawady (Jisca Kalvanda, vue dans Divines), Kevin, Mina, Ryan (épatants et naturels jeunes comédiens trouvés au terme d’un casting sauvage) qui essayent de comprendre, d’apprivoiser ce monde difficile et qui n’est pas prêt à leur faire de cadeaux. Un combat souvent trop pesant pour ces jeunes personnes, qui ne sont guère armées pour affronter et surmonter leurs peurs et leurs doutes. Ils sont pris en charge par la directrice, Mme Cousin, merveilleusement interprétée par Yolande Moreau, qui doit maintenir la discipline dans son établissement, mais qui ne peut s’empêcher de leur montrer quelques signes d’affection. Les pensionnaires tentent de refermer leurs blessures, mais certaines plaies restent ouvertes et le besoin de communiquer, ou tout au moins de se faire comprendre n’est que plus vital. Si certains y parviennent au moyen de la danse, le groupe peut effrayer et chacun se renferme sur lui-même.

Récit initiatique, portrait sans pathos et même avec un peu d’humour d’un adolescent dont le calme apparent dissimule en réalité un tempérament volcanique, De toutes mes forces est un très beau film, élégant, chaleureux et optimiste. Du cinéma français délicat comme en voit finalement rarement.

LE DVD

Le test du DVD de Toutes mes forces, disponible chez Ad Vitam, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

L’éditeur livre quelques suppléments de très courte durée, mais plutôt plaisants. C’est le cas des scènes coupées (3’30) qui prolongent le quotidien de Nassim dans son foyer, ainsi que la rencontre avec Ryan.

Un petit module de cinq minutes compile quelques entretiens avec le réalisateur et les comédiens, ainsi que des images de tournage, du plateau et de l’avant-première en présence de l’équipe à l’UGC Ciné Cité Bercy suivie de l’avis des spectateurs.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et un bêtisier (2’) où l’on remarque que le titre de travail était encore La Niaque.

L’Image et le son

Quelques petites pertes de la définition sur les scènes sombres et un piqué manquant parfois de mordant sont à déplorer. Néanmoins, ce master demeure fort plaisant et n’a de cesse de flatter les yeux avec une belle restitution de la colorimétrie à la fois chatoyante et froide. Les contrastes sont denses et élégants, la gestion solide, le relief palpable, les détails précis sur les gros plans et les partis pris esthétiques du chef opérateur Thomas Bataille sont bien respectés.

Le mixage français Dolby Digital 5.1 parvient à créer une spatialisation musicale probante. En revanche, les ambiances naturelles viennent souvent à manquer sur les séquences en extérieur et l’ensemble se révèle souvent timide. Le report des voix est solide, la balance frontale fait gentiment son boulot, mais beaucoup de scènes reposent essentiellement sur les enceintes avant. À titre de comparaison, la version Stéréo finit par l’emporter sur la 5.1 du point de vue fluidité et homogénéité des voix avec les effets et la musique. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription pour aveugles et malvoyants.

Crédits images : © Ad Vitam / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Sept morts sur ordonnance, réalisé par Jacques Rouffio

SEPT MORTS SUR ORDONNANCE réalisé par Jacques Rouffio, disponible en DVD et Blu-ray le 5 septembre 2017 chez TF1 Vidéo

Acteurs :  Michel Piccoli, Gérard Depardieu, Jane Birkin, Marina Vlady, Charles Vanel, Michel Auclair…

Scénario :  Jacques Rouffio, Georges Conchon, Jean-Louis Chevrier

Photographie : Andréas Winding

Musique : Philippe Sarde

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Le docteur Losseray, chirurgien talentueux, est victime d’un infarctus. Il s’en remet doucement. Mais son arrêt de travail réjouit le vieux professeur Brézé, qui dirige avec ses fils une clinique concurrente. Plusieurs fois, Brézé pousse Losseray à prendre sa retraite. Des années auparavant, soumis à une pression similaire de la famille Brézé, le docteur Berg, flambeur et brillant, avait assassiné sa famille avant de se suicider.

C’est un film qui fait froid dans le dos, qui donne la sensation qu’une main se referme progressivement sur votre gorge. Sept morts sur ordonnance est le second long métrage de Jacques Rouffio (1928-2016), réalisé neuf ans après son premier film L’Horizon, échec cinglant. S’il a peu tourné avec huit films mis en scène de 1967 à 1989 (dont Violette et François, Le Sucre et La Passante du Sans-Souci), Jacques Rouffio, ancien assistant de Jean Delannoy, Henri Verneuil et Georges Franju, s’est toujours démarqué par ses sujets atypiques. Comme l’indique une voix-off en guise d’épilogue, l’histoire de Sept morts sur ordonnance est inspirée par des événements réels qui se sont produits dans une même ville de France, un tragique double fait divers survenu à Reims dans les années 1960, à quelques années d’intervalle. Chef d’oeuvre du cinéma français des années 1970, bijou noir, Sept morts sur ordonnance demeure un vrai film coup de poing.

Losseray (Michel Piccoli), un brillant chirurgien, s’installe dans une ville de province. Son talent fait bientôt ombrage au clan des Brézé, réuni autour de son patriarche (Charles Vanel) et rassemblé par la gestion de quelques cliniques privées dont s’éloignent peu à peu les patients. Harcelé par ses concurrents, poussé à bout, Losseray est contraint de prendre un congé après un infarctus. Il s’intéresse à l’affaire Berg (Gérard Depardieu), un excellent médecin qui, quinze ans plus tôt, s’était suicidé après avoir tué sa femme (Jane Birkin) et ses trois enfants. Losseray retourne à sa clientèle mais, de plus en plus obsédé par la fin tragique de son prédécesseur et toujours soumis aux pressions des Brézé, il enquête parallèlement sur l’affaire Berg. Comme sur L’Horizon, Jacques Rouffio écrit le scénario avec Georges Conchon et s’attaquent cette fois aux notables de province et plus particulièrement ceux du monde médical. Tourné à Clermont-Ferrand et à Madrid (pour des raisons de coproduction), Sept morts sur ordonnance instaure d’emblée un malaise avec la composition envoûtante et funèbre de Philippe Sarde (qui rappelle le thème de Police Python 357 de Georges Delerue) et la photo froide, pour ne pas dire « clinique » (sans faire de jeux de mots) du chef opérateur Andréas Winding (Playtime, Le Passager de la pluie, Le Trio infernal).

Le spectateur est ensuite invité à suivre l’itinéraire de deux personnages, deux éminents chirurgiens, dont les destins vont être tragiquement liés. Ainsi, Losseray mène son enquête comme un flic et le spectateur découvre alors via quelques flashbacks la vie et la tragique disparition de Berg, médecin peu orthodoxe, interprété par un immense Gérard Depardieu qui sortait à peine des Valseuses de Bertrand Blier. Ce qui relie les deux est la pression exercée par les Brézé, clan familial de médecins composé du père, de ses trois fils et de son gendre, qui règnent en « maîtres » comme une vraie mafia sur la ville, notamment le père incarné par un vénéneux et monstrueux Charles Vanel qui ne pense qu’à s’enrichir sur le dos de ses patients, et qui voient d’un mauvais œil la renommée de leurs confrères, surtout quand ceux-ci déclinent leur proposition d’intégrer leur établissement. D’où un affrontement générationnel particulièrement violent, représenté par un Depardieu qui se permet de gifler Vanel, son aîné, en le remettant à sa place. Mais la vengeance et le harcèlement psychologique exercés par le second auront finalement raison du premier qui franchira le point de non-retour dans une séquence de carnage insoutenable, puisqu’il assassinera ses trois enfants et sa femme avant de se tuer.

Quinze ans plus tard, quand un nouveau chirurgien appartenant à une clinique concurrente en vient à s’occuper d’un quart des patients, les Brézé voient rouge – « Ça va au-delà de l’argent, il a un problème moral ! » – et l’histoire de se répéter. Drame chabrolien très dérangeant, tendu comme un thriller, ouvertement politique, redoutablement pessimiste, cruel, sombre et malgré tout divertissant, Sept morts sur ordonnance est non seulement l’un des meilleurs films de Jacques Rouffio, mais demeure également une référence du cinéma français quand il savait encore allier le cinéma populaire et le cinéma d’auteur, divertir tout en invitant le spectateur à la réflexion.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Sept morts sur ordonnance, disponible chez TF1 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur une des séquences du film.

Le premier supplément est une interview de Jacques Rouffio réalisée par Jérôme Wybon en 2009 (7′). Le cinéaste revient sur sa collaboration et son amitié avec Georges Conchon, la genèse de Sept morts sur ordonnance et le casting. Michel Piccoli et Charles Vanel apparaissent également à travers quelques images d’archives. Les comédiens s’expriment sur le travail avec Jacques Rouffio et sur les thèmes de Sept morts sur ordonnance.

L’éditeur joint également deux reportages télévisés d’époque, le premier centré sur le tournage à Clermont-Ferrand (3’30, JT FR3 Auvergne, 30 juin 1975) alors que le film s’intitulait encore « Chers vieux », le second concentré essentiellement sur les comédiens Charles Vanel, Jane Birkin et Michel Piccoli, enregistrés séparément (4’, JT FR3 Auvergne, 14 août 1975). Dans le premier module, durant une pause cigarette, Jane Birkin, Gérard Depardieu et Michel Piccoli partagent leurs impressions de tournage et le travail avec Jacques Rouffio, tandis que ce dernier se penche sur l’histoire.

Dans le second reportage, Jane Birkin répond entre autres aux questions du journaliste avec son sourire contagieux et évoque ses prochains tournages, La Course à l’échalote de Claude Zidi et Je t’aime moi non plus de Serge Gainsbourg.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce originale constituée de prises alternatives.

L’Image et le son

Fort d’une promotion numérique et d’une restauration 4K réalisée à partir du négatif original par Mikros Image, Sept morts sur ordonnance est enfin proposé dans un master HD de très haut niveau, qui permet d’apprécier enfin la photographie d’Andréas Winding comme il se doit. Bien qu’elles demeurent froides et presque cotonneuses sur les séquences sombres, les scènes extérieures sont les mieux loties avec un relief plus probant, un piqué plus acéré et des détails plus nombreux. Les séquences nocturnes ne sont pas pour autant dédaignées avec une jolie restitution des matières, le grain cinéma est respecté, la copie affiche une stabilité jamais prise en défaut (on oublie quelques minimes fourmillements), la copie demeure impressionnante, la propreté est indéniable (toutes les scories ont disparu) et les contrastes assurés avec des noirs solides. Vous pouvez d’ores et déjà mettre votre DVD (édité en 2009) à la poubelle !

Le mixage DTS-HD Master Audio Mono instaure un réel confort acoustique. Les dialogues sont ici délivrés avec ardeur et clarté, la propreté est de mise, les effets riches et les silences denses, sans aucun souffle. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © TF1 Vidéo / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr