HOLOCAUSTE NAZI (ARMES SECRETES DU IIIe REICH) réalisé par Luigi Batzella, disponible en DVD le 4 octobre 2016 chez Artus Films…
Acteurs : Macha Magall, Gino Turini, Edilio Kim, Xiro Papas, Salvatore Baccaro…
Scénario : Luigi Batzella, Lorenzo Artale
Photographie : Ugo Brunelli
Musique : Giuliano Sorgini
Durée : 1h28
Date de sortie initiale : 1965
LE FILM
Les Nazis recherchent les partisans réfugiés dans les montagnes. Pour obtenir des informations, ils séquestrent les femmes des villages alentour, qui sont faites prisonnières dans un camp, dirigé par la SS Ellen Kratsch. Cette dernière mène en parallèle une expérience scientifique, et a créé un monstre hybride mi-homme mi-singe, qu’elle garde en cage. Afin de les faire parler, elle n’hésite pas à lui donner les filles en pâture.
Holocauste nazi (Armes secrètes du IIIe Reich) fait partie de cette douzaine de films issus du sous-genre du film d’exploitation décrié, appelé nazisploitation. Au début des années 1970, le cinéma Bis italien racle les fonds de tiroir pour lancer un nouveau courant et les succès des Damnés de Visconti, de Salò ou les 120 Journées de Sodome de Pasolini, de Portier de nuit de Liliana Cavani et de Madame Kitty de Tinto Brass vont lancer quelques idées auprès d’« irresponsables ». La nazisploitation est un courant cinématographique sulfureux dans lequel des nazis sont montrés en train de torturer leurs victimes, commettre des actes criminels, des viols, dans des décors souvent dépouillés supposés refléter des camps de concentration. En 1975, Ilsa, la louve des SS de Don Edmonds avec la très « émouvante » Dyanne Thorne dans le rôle principal pose les bases de ce genre éphémère. Si cette production canadienne sera précédée de deux suites, Ilsa, gardienne du harem en 1976 et Ilsa, la tigresse du goulag en 1977, les italiens plongent tête baissée et vont alors produire quelques longs métrages à ne pas mettre devant tous les yeux. Horreurs nazies (Sergio Garrone, 1976), La Dernière orgie du IIIème Reich (Cesare Canevari, 1977) débarquent sur les écrans, ainsi que Holocauste nazi (Armes secrètes du IIIe Reich).
Egalement connu sous son titre original La Bestia in Calore, mais également sous The Beast in Heat, Horrifying Experiments in the Last Days of the SS ou SS Hell Camp, Holocauste nazi (Armes secrètes du IIIe Reich) est un fleuron du genre qui ne peut laisser indifférent. Même s’il s’agit du côté déviant du déviant, jusqu’au-boutiste, c’est avant tout une expérience de cinéma à part entière. Entre la série B et la série Z, Holocauste nazi (Armes secrètes du IIIe Reich) pousse tous les curseurs du mauvais goût à fond, à croire que le réalisateur Luigi Batzella (1924-2008), ici sous le pseudonyme Ivan Kathansky, a voulu livrer un des films les plus repoussants. Certes le film est réservé à un public averti et quelques séquences sadiques mettent toujours mal à l’aise aujourd’hui, mais l’ensemble est franchement ridicule et vulgaire. C’est surtout le cas de la bête du titre original « interprétée » par Salvatore Baccaro et son visage déformé par la maladie constamment filmé en gros plan. Pour les amateurs du Bis, Holocauste nazi (Armes secrètes du IIIe Reich) est évidemment un film inconfortable, laid, cruel, complètement crétin et inconscient, avec les atrocités nazies montrées de manière frontale. D’un autre côté, il y a aussi un côté « comics » pour adultes avec sa violence graphique hallucinante, qui n’a pas pour prétention de se montrer « réaliste », d’autant plus par l’expérience centrale du film.
Les corps apparaissent nus, violentés, fouettés, rongés, meurtris, on y coupe des pénis (hors-champs), on électrocute des vagins (plein cadre), les femmes SS aussi savent être des boute-en-train quoi ! C’est le cas du Dr. Ellen Kratsch, interprétée par Macha Magall, qui rit à gorge déployée devant ses victimes, qui se fout à poil pour mieux les impressionner et qui est surtout contente d’avoir créé une redoutable (rires) bestiole mi-homme mi-primate, constamment assoiffée de sexe. Afin de bien conduire son expérience, la SS Kratsch enferme quelques donzelles fraîchement arrêtées dans la cage de ce surexcité, dont les grimaces éhontées entraînent inévitablement les rires.
Luigi Batzella (Pour Django les salauds ont un prix, Les Vierges de la pleine lune) explose les frontières du mauvais goût, tout comme la musique de Giuliano Sorgini (Le Massacre des morts-vivants de Jorge Grau) qui met mal à l’aise dès les premières notes. On passe constamment du rire nerveux (les croix gammées apparaissent souvent à l’envers, la mise en scène part en vrille, l’ombre de la caméra apparaît) à l’écoeurement. On ne sait qu’en penser, on s’ennuie pas mal avec cette histoire de résistance, de sabotages et de fusillades dans les Abruzzes aussi rythmée qu’un épisode de Derrick et composée de nombreux stock-shots notamment du film Quand explose la dernière grenade du même réalisateur, mais impossible de rester de marbre devant un tel long métrage !
LE DVD
Le DVD d’Holocauste nazi (Armes secrètes du IIIe Reich), édité chez Artus Films, repose dans un boîtier Amaray classique. La jaquette, estampillée Guerre et barbarie, est très attractive avec un visuel clinquant. Le menu principal est fixe et musical.
Acteur vu chez Jean-Pierre Mocky, réalisateur, historien de cinéma et critique de cinéma, Christophe Bier propose une formidable et indispensable présentation d’Holocauste nazi (Armes secrètes du IIIe Reich) (33’). Bien plus passionnant que le film lui-même, cet exposé sur le sous-genre dit de la nazisploitation est brillant du début à la fin. Les titres alternatifs et l’historique de ce courant cinématographique ainsi que ses œuvres les plus célèbres sont d’abord passés en revue par Christopher Bier, qui en vient ensuite au film qui nous intéresse, considéré comme une œuvre culte en Italie et un des films les plus fous du genre. Au-delà de l’aspect « divertissant », notre interlocuteur indique y trouver du fond, notamment l’échec de la virilité et la régression totale de l’homme.
Cette section se clôt sur un diaporama de photos et d’affiches d’époque et de plusieurs bandes-annonces.
L’Image et le son
Le premier plan annonce la couleur. Le générique sur fond de croix gammée est tremblant, instable, poussiéreux avec des couleurs complètement fanées. Si cela s’améliore après, le teint des comédiens reste cireux, les raccords de montage subsistent, les tâches et points également. Les stock-shots se voient comme le nez au milieu de la figure avec un grain plus accentué et une gestion des contrastes encore plus aléatoire. Sur les plans «empruntés », les teintes paraissent même parfois en N&B. Le format original 1.77 (16/9 compatible 4/3) est respecté et l’état du master participe à cette sensation de malaise, comme un « documentaire » qui aurait été retrouvé après la Seconde Guerre mondiale.
La version française s’accompagne d’un étrange écho sur les dialogues. De plus quelques grésillements se font entendre tout du long. La piste italienne s’en sort bien mieux avec une plus grande clarté des voix et des effets annexes. Certains passages jamais doublés en français passent directement en version originale sous-titrée en français.
Crédits images : © Artus Films / Captures : Franck Brissard