Test Blu-ray / In Hell, réalisé par Ringo Lam

IN HELL réalisé par Ringo Lam, disponible en DVD et Blu-ray le 8 juillet 2017 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Jean-Claude Van Damme, Lawrence Taylor, Marnie Alton, Malakai Davidson, Billy Rieck, Lloyd Battista, Carlos Gómez, Manol Manolov, Chris Moir

Scénario : Eric James Virgets, Jorge Alvarez

Photographie : John B. Aronson

Musique : Alexander Bubenheim

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 2003

LE FILM

Kyle LeBlanc est un travailleur américain émigré en Russie. Après un coup de téléphone de sa femme, visiblement agressée, il se précipite chez lui, mais arrive trop tard. La loi niant l’évidence, il décide de se faire justice lui-même, et tue le meurtrier de sa femme. Il est alors envoyé dans une des plus dures prisons de Russie. La seule occupation des détenus est l’organisation de combats…

Ceux qui prétendent que Jean-Claude Van Damme n’est pas un bon comédien, n’ont sûrement pas vu les bons films. Et dans la filmographie de l’acteur belge il y a surtout un réalisateur qui a su tirer le maximum des capacités de JCVD, Ringo Lam. Né à Hong Kong, mais ayant fait ses études de cinéma à l’Université York à Toronto, le cinéaste aura tourné trois films avec Jean-Claude Van Damme, Risque maximum (1996), Replicant (2001) et In Hell (2003). Trois films prisés par les fans du comédien. Pourtant, si les deux premiers restent très célèbres, la troisième et à ce jour dernière association JCVD/Ringo Lam est tout aussi réussie et s’avère même un des meilleurs films de Van Damme des années 2000. Contrairement aux deux précédents, In Hell n’a pas bénéficié d’une sortie dans les salles françaises et a débarqué directement dans les bacs en 2004.

Dans la prison la plus corrompue et impitoyable de toute l’Europe de l’est, les prisonniers se battent les uns contre les autres lors de combats très violents organisés par le directeur et ses gardes. Kyle LeBlanc, condamné depuis peu pour avoir tué l’assassin de sa femme, devient, dans l’enceinte de la prison, un sauvage assoiffé de sang, une bête de combats déshumanisée. In Hell contient évidemment son lot de bastons, extrêmement brutales et chorégraphiées par David Leitch. Célèbre cascadeur et coordinateur, ce dernier a participé à la création des combats de Fight Club, de Matrix Reloaded / Matrix Revolutions, de 300, de La Vengeance dans la peau, tout en assistant le réalisateur ou même en dirigeant la seconde équipe sur Le Flingueur de Simon West, Wolverine : Le Combat de l’immortel de James Mangold, ou bien encore Captain America: Civil War d’Anthony et Joe Russo. Dernièrement, il était le coréalisateur du chef d’oeuvre John Wick, aux côtés de Chad Stahelski. Dans In Hell, ses chorégraphies sèches, réalistes, percutantes et ultra-violentes participent à la grande réussite du film, mais pas seulement.

JCVD signe une de ses meilleures prestations. En Russie, Kyle LeBlanc, un franco-américain expatrié voit sa femme violée et assassinée. L’assassin est arrêté, jugé, mais de bonne famille et le juge ayant été soudoyé, l’homme est acquitté. En sortant du tribunal, LeBlanc sort une arme et descend le meurtrier. La suite est racontée un peu plus haut. Jean-Claude Van Damme ne joue pas avec ses muscles dans le film de Ringo Lam, il s’en prend d’ailleurs plein la tronche à plusieurs reprises. In Hell est bien plus un drame qu’un véritable film d’action. Il n’est donc pas étonnant que certains aient pu être déroutés par la tournure que prend le film, puisque Van Damme, s’il joue effectivement des poings (mais jamais des pieds) dans la deuxième partie du film, passe la première à observer, le regard usé d’un homme abattu, la démarche lente et les épaules voutées. Il est absolument formidable, brillant, épatant du début à la fin, d’une sobriété exemplaire. Les séquences où son personnage se retrouve seul dans son cachot dégueulasse où l’eau des chiottes coule à côté de lui, sont incroyables, puisque le réalisateur crée de vrais instants poétiques et émouvants, comme lorsque Kyle retrouve la force de vivre grâce à un papillon de nuit.

De son côté, Ringo Lam instaure un climat oppressant, étouffant et sa prison glauque et paumée au milieu de nulle part en Russie – très bon décor – fait vraiment son effet. Certes, le film n’évite pas certains écueils liés au film de prison, comme le jeune prisonnier qui sert de chair fraîche aux plus déments, mais In Hell parvient sans mal à contourner les clichés grâce à un scénario très intelligent, une solide direction d’acteurs et une mise en scène toujours inspirée. Ainsi, aux côtés de JCVD, se démarque Lawrence Taylor, ancien joueur de football américain, 1m91, qui en impose dans le rôle du détenu 451. Présenté comme une bête féroce, qui arrache la langue de ses co-détenus à l’aide d’une pince, sous prétexte qu’ils sont trop bavards et qu’ils perturbent sa concentration pendant qu’il lit des ouvrages de philosophie, 451 se dévoile au fur et à mesure du film jusqu’à devenir un des personnages principaux, au même titre que JCVD.

In Hell n’est donc pas un remake de Coups pour Coups (Death Warrant) comme on pouvait le penser au départ, mais un film d’action divertissant, un thriller sombre et tendu, mais aussi un vrai drame qui démontre comment les conditions d’incarcération peuvent déshumaniser les êtres humains. In Hell est un des plus grands films avec Jean-Claude Van Damme, au même titre que Replicant.

LE BLU-RAY

In Hell fait partie d’un combo Blu-ray spécial Van Damme / Ringo Lam, aux côtés de l’édition HD de Replicant, qui sera chroniqué dans un second temps. A l’instar des éditions combo Black Eagle – L’arme absolue + Full Contact et The Order + Le Grand tournoi sorties en 2016, et comme celle récemment consacrée au cinéaste Albert Pyun, Mean Guns + Nemesis, Metropolian Video fait ainsi le bonheur des fans de la star belge. Le test a été réalisé à partir d’un check-disc. Une fois le disque inséré, le spectateur est invité à sélectionner le film de son choix. Dans les deux cas, le menu principal est fixe et muet, minimaliste, sans chapitrage. Seuls l’envoi du film, la sélection de la langue et le choix des suppléments sont proposés.

L’historien du cinéma et expert en cinéma d’arts martiaux, sujet auquel il a consacré quelques ouvrages, l’excellent Christophe Champclaux présente In Hell en avant-programme (3’). S’il déclare que le scénario n’est sans doute pas aussi original ou travaillé que celui de Replicant, Christophe Champclaux ne tarit pas d’éloges sur In Hell, « un film formidable, très bien écrit et à la brutalité inouïe ». Notre interlocuteur donne quelques informations intéressantes sur la production du film qui nous intéresse, notamment en ce qui concerne la chorégraphie des combats et la mise en scène de Ringo Lam.

S’ensuit un making of d’époque (16’), mal réalisé, marqué par une musique irritante et constante. Heureusement, quelques propos des comédiens sur les personnages, du coordinateur des cascades et des combats, du producteur sur les conditions de tournage et du directeur de la photographie sur la photogénie de Jean-Claude Van Damme, sans oublier des images du plateau et de la conception des effets visuels (le papillon de nuit) donnent un véritable intérêt à ce module promotionnel dans lequel JCVD indique que « ce film va cartonner et devenir culte […] ce sera mon meilleur film ».

L’Image et le son

Malgré un léger manque de concision sur certains plans, le master HD de In Hell (1080p, AVC) dépasse toutes les espérances. Les contrastes sont denses et très beaux, les ambiances nocturnes soignées, les teintes froides excellemment restituées, sans oublier les séquences en extérieur lumineuses. La propreté est évidente, les détails précis et riches, la colorimétrie respecte les partis pris esthétiques originaux, tout comme le léger grain heureusement conservé lors du transfert, mais plus appuyé sur les scènes sombres, qui entraînent un léger bruit vidéo. Enfin, n’oublions pas la profondeur de champ toujours appréciable, un relief omniprésent sur les séquences diurnes (aiguisées) ainsi qu’un piqué acéré.

In Hell bénéficie de pistes anglaise et française DTS-HD Master Audio 5.1. Dans les deux cas, la spatialisation s’avère agréable, les enceintes latérales délivrent un lot fort appréciable d’ambiances naturelles (l’orage en début de film), d’effets palpables, sans oublier la musique en soutien. Les bruitages lors des combats sont exsudés avec force par la centrale, la balance frontales-latérales est intelligemment équilibrée, l’ensemble est toujours dynamique et les basses interviennent à bon escient avec quelques pics remarquables. Dans les deux cas, aucun souffle n’est à déplorer, l’écoute demeure franche, puissante et limpide.

Crédits images : © Millenium / Metropolitan Filmexport / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / John Wick 2, réalisé par Chad Stahelski

JOHN WICK 2 (John Wick : Chapter 2) réalisé par Chad Stahelski, disponible en DVD et Blu-ray le 22 juin 2017 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Keanu Reeves, Common, Laurence Fishburne, Riccardo Scamarcio, John Leguizamo, Franco Nero, Ruby Rose, Bridget Moynahan, Ian McShane, Peter Stormare, Claudia Gerini

Scénario : Derek Kolstad

Photographie : Dan Laustsen

Musique : Tyler Bates, Joel J. Richard

Durée : 2h03

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

John Wick est forcé de sortir de sa retraite volontaire par un de ses ex-associés qui cherche à prendre le contrôle d’une mystérieuse confrérie de tueurs internationaux. Parce qu’il est lié à cet homme par un serment, John se rend à Rome, où il va devoir affronter certains des tueurs les plus dangereux du monde.

John Wick premier du nom, avait créé la surprise en 2014. Tourné pour un budget de 20 millions de dollars, le film, parfaite synthèse du cinéma, du roman-graphique et du jeu vidéo, en rapporte 106 millions dans le monde et attire même plus de 400.000 spectateurs dans les salles françaises. Galvanisés par ce succès, Keanu Reeves et le réalisateur Chad Stahelski remettent le couvert trois ans après pour une suite démentielle, encore plus fun, encore mieux réalisée, encore plus « tout ». Si deux ans se sont écoulés entre les deux tournages, l’intrigue de ce second opus, ou « chapitre deux » comme l’indique le titre original, reprend là où le premier s’était arrêté, après l’implacable vengeance de l’ancien tueur à gages contre les mafieux russes qui avaient tué son chien et volé sa voiture.

John Wick compte profiter de sa retraite. Mais il est contacté par Santino D’Antonio, un gangster italien qui a besoin de ses services. Il souhaite prendre la place de sa soeur dans son organisation mafieuse. Wick est obligé d’accepter en raison d’une dette importante envers D’Antonio. A Rome, il approche Gianna, la soeur de Santino, dans une boîte de nuit. Se sentant prise au piège, la jeune femme préfère se suicider plutôt qu’être abattue. Mais Cassian, son garde du corps, jure alors de la venger.

Toutes les qualités professionnelles de l’ancien assassin explosent littéralement dans ce deuxième épisode, comme si le premier, pourtant très généreux, n’avait été qu’une mise en bouche. Parallèlement aux fusillades, bastons, règlements de comptes en tous genres et poursuites à pied ou en voiture, le metteur en scène, le comédien principal et le scénariste Derek Kolstad créent une vraie mythologie à partir de ce qui avait été annoncé dans le premier. Le monde souterrain de John Wick s’étend, prend une ampleur inespérée, répondant à tous les fantasmes et espoirs des fans, suite à l’excellent bouche-à-oreille qui a largement contribué au succès critique et commercial du premier chapitre.

Ancien cascadeur et coordinateur, assistant réalisateur, Chad Stahelski commence sa carrière en doublant Brandon Lee après l’accident qui a coûté la vie au jeune comédien sur le tournage de The Crow. Après avoir oeuvré sur Los Angeles 2013, Alien, la résurrection, il fait la rencontre de Keanu Reeves en 1999 sur Matrix, où il officie comme doublure officielle de la star. Ils se retrouveront sur les deux autres volets de la trilogie. Ce triomphe international fait de Chad Stahelski un des cascadeurs les plus demandés par Hollywood (Van Helsing, Spider-Man 2, 300, Die Hard 4: Retour en enfer, les deux premiers Expendables) jusqu’à ce qu’il décide de passer lui-même derrière la caméra pour John Wick, avec l’aide de David Leitch, co-réalisateur non crédité. Le succès ayant été au rendez-vous, la suite de John Wick est lancée en même temps qu’une trilogie est annoncée. Chad Stahelski se retrouve cette fois seul aux commandes.

John Wick 2 est un vrai torrent d’action et de violence chorégraphiée, ponctué par un humour noir percutant. Du point de vue visuel, le film est absolument remarquable. La photographie stylisée de Dan Laustsen (Silent Hill, Crimson Peak) ainsi que la mise en scène virtuose et le montage toujours lisible, subjuguent et mettent en valeur chaque affrontement, tout comme le soin apporté aux décors et aux costumes. Keanu Reeves assure le show. Spectaculaire, très investi, charismatique, il trouve à plus de cinquante ans un des rôles qui marqueront sa carrière, au même titre que celui de Neo dans la trilogie Matrix. Par ailleurs, John Wick 2 joue avec le spectre des films des Wachowski, dans la rigueur des combats, mais aussi dans son atmosphère et ses partis pris. On a même souvent l’impression que les personnages s’avèrent reliés à une matrice. Le lien méta se fait encore plus évident avec l’apparition de Laurence Fishburne, dans un rôle pas si éloigné de celui de Morpheus qu’il tenait dans la trilogie. N’oublions pas la participation de Riccardo Scamarcio (classe et venimeux), Ian McShane (impérial), l’incroyable Ruby Rose, Common, John Leguizamo et même Franco « Django » Nero qui complètent ce casting idéal. Les fans apprécieront.

D’une suprême élégance, John Wick 2 – qui a plus que doublé le score du premier au box-office américain – repousse donc toutes les limites et peut se targuer d’être une des meilleures suites jamais proposées au cinéma. C’est peu dire que nous attendons le troisième avec impatience, surtout après ce que le fascinant et ambitieux épilogue met en place.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de John Wick 2, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est dynamique, animé et musical.

Attention, grande édition ! Assurément l’un des Blu-ray de l’année pour Metropolitan. Voilà ce que réserve la section des suppléments.

On commence par un commentaire audio en version originale sous-titrée en français de Chad Stahelski et de Keanu Reeves. Les deux complices ne sont pas avares en anecdotes, s’avèrent à l’aise dans l’exercice et parviennent à maintenir l’intérêt pendant les 123 minutes du long métrage. Le comédien relance sans arrêt le réalisateur sur la fabrication de telle ou telle scène, le casting est passé au peigne fin, tout comme la préparation des acteurs, le tournage des cascades, les répétitions, sans oublier l’écriture du scénario, les éléments apportés pour ce second volet et les bases posées pour le troisième. Tous les sujets abordés durant ce commentaire sont illustrés en images dans les bonus suivants, mais ne manquez pas ce moment très sympa.

L’éditeur présente ensuite près d’1h15 de featurettes promotionnelles, de scènes coupées et même une bande-annonce parodique.

Les séquences laissées sur le banc de montage (8’), montées mais non mixées, montrent l’introduction originale de Santino D’Antonio (Riccardo Scamarcio), qui vient tout d’abord s’en prendre de manière violente à Aurelio (John Leguizamo) avec ses sbires, pour savoir où se trouve la voiture de John Wick. Une autre scène se focalise sur D’Antonio, prenant un peu trop ses aises à l’hôtel Continental devant un Winston (Ian McShane) outré. La dernière séquence montre John Wick qui se présente face à un cardinal.

Les modules suivants, Retro Wick : le succès surprise de John Wick (4 min 30), L’entraînement (12’), Prévisualisations des scènes d’action (5’), Keanu & Chad (10’), Le monde souterrain (5’), En voiture ! (5’), La conception d’une scène (10’), Les outils de John (8’) dissèquent chaque scène d’action à travers de très nombreuses images de Keanu Reeves à l’entraînement, des répétitions, de tournage, le tout largement commenté par les comédiens, le réalisateur, les responsables des cascades, des producteurs, et de tout ce petit monde visiblement heureux de faire partie du projet.

Ces segments insistent sur la performance physique de Keanu Reeves. L’acteur est montré pendant ses semaines d’immersion auprès des frères Machado qui lui ont enseigné leur forme de jiu-jitsu brésilien. On y voit Keanu Reeves, déjà rompu à de nombreux styles d’arts martiaux, transpirant à grosses gouttes dans son kimono, mais toujours le sourire aux lèvres avec une visible soif d’apprendre et de se perfectionner. Sa formation intensive, y compris le maniement des armes – à balles réelles – auprès de Taran Butler, véritable tireur d’élite, aura duré 5 mois à raison de cinq heures par jour. Très impressionnant.

Le tournage à Rome au sein des Thermes de Caracalla, l’engouement suscité par le premier volet, l’investissement des comédiens, les armes du personnage, les costumes et bien d’autres éléments sont abordés au fil de ces suppléments absolument passionnants.

L’interactivité se clôt sur un montage compilant toutes les victimes de John Wick dans ce second volet (on vous dit le résultat : 116), ainsi qu’une bande-annonce parodique de John Wick premier du nom, intitulée Dog Wick, dans laquelle le chien venge la mort de son maître en prenant les armes et en piégeant sa niche. Oui. D’autres bandes-annonces, présentant les films disponibles chez Metropolitan Vidéo, sont disponibles en fin de parcours.

L’Image et le son

John Wick 2 a été intégralement tourné en numérique et cela se voit. L’édition Blu-ray est donc tout indiquée et même indispensable pour (re)découvrir le film de Chad Stahelski, d’autant plus que cette édition HD est en tout point renversante de beauté. Les partis pris stylisés de la photographie signée Dan Laustsen, chef opérateur danois qui a marqué les cinéphiles pour son travail sur Le Veilleur de nuit (et son remake) d’Ole Bornedal, ou bien encore Le Pacte des loups et Silent Hill de Christophe Gans, sont magnifiquement restitués à travers ce transfert qui s’impose comme un disque de référence. Le cadre large fourmille de détails, les contrastes sont spectaculairement denses, le relief omniprésent, le piqué acéré comme la lame d’un scalpel (ou la mine d’un crayon) et l’étalonnage spécifique des couleurs est conservé. Le codec AVC consolide tout cela avec une belle fermeté y compris sur les nombreuses séquences agitées ou sombres. Resplendissant.

Attention les oreilles ! John Wick 2 va mettre à mal votre installation ainsi que vos murs, votre sol et vos rapports avec vos voisins. On espère que vos murs sont bien insonorisés ! Passés les logos des maisons de production, les enceintes explosent littéralement et rien ne s’arrêtera plus jusqu’au générique de fin. Les déflagrations, crépitations, désintégrations et d’autres mots en « tions » sont ardemment réparties aux quatre coins cardinaux grâce à l’ébouriffant mixage anglais Dolby Atmos et au DTS-HD Master Audio 5.1 français, avec un net avantage dans la langue de Shakespeare. La musique de Tyler Bates et Joel J. Richard souligne l’ensemble avec fracas et le caisson de basses se déplace tout seul sur le sol. Ex-plo-sif !

Crédits images : © Niko Tavernise – Metropolitan FilmExport / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Silence, réalisé par Martin Scorsese

SILENCE réalisé par Martin Scorsese, disponible en DVD et Blu-ray le 15 juin 2017 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Andrew Garfield, Adam Driver, Liam Neeson, Tadanobu Asano, Ciarán Hinds, Issei Ogata

Scénario : Jay Cocks, Martin Scorsese d’après le roman de Shûsaku Endô

Photographie : Rodrigo Prieto

Musique : Kathryn Kluge, Kim Allen Kluge

Durée : 2h40

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

XVIIème siècle, deux prêtres jésuites se rendent au Japon pour retrouver leur mentor, le père Ferreira, disparu alors qu’il tentait de répandre les enseignements du catholicisme. Au terme d’un dangereux voyage, ils découvrent un pays où le christianisme est décrété illégal et ses fidèles persécutés. Ils devront mener dans la clandestinité cette quête périlleuse qui confrontera leur foi aux pires épreuves.

Dire que Silence s’avère le projet le plus personnel de Martin Scorsese depuis des années, serait un vrai raccourci et de toute façon un argument irrecevable. Son merveilleux épisode pilote de la série Vinyl, Le Loup de Wall Street, Hugo Cabret, Shutter Island ont tous démontré que Martin Scorsese s’est toujours impliqué personnellement dans ses projets, même les plus « commerciaux » et qu’il demeure l’un des plus grands réalisateurs en activité. D’autant plus que le cinéaste a toujours su se remettre en question, tout en avouant apprendre encore aujourd’hui de nouvelles choses sur son métier. Silence est l’adaptation du roman du même nom écrit en 1966 par Shūsaku Endō, écrivain catholique japonais, basé sur des faits historiques réels, qui avait déjà été transposée au cinéma par Masahiro Shinora en 1971 et sélectionné à Cannes l’année suivante. Le « silence » éponyme, renvoie à celui de Dieu face aux souffrances vécues en son nom.

Au XVIIe siècle, les jésuites Rodrigues et Garupe sont envoyés au Japon afin de retrouver le père Ferreira, leur mentor qui les a guidés sur le chemin de la spiritualité. Celui-ci se cache-t-il, a-t-il été exécuté, s’est-il marié ou alors s’est-il converti au bouddhisme ? Rodrigues et Ferreira vont devoir le découvrir, à leurs risques et périls. Sur place, c’est un choc pour eux. Ils affrontent des seigneurs féodaux qui voient d’un mauvais oeil l’arrivée des deux hommes d’Eglise. Au moindre faux pas, Rodrigues et Garupe risquent de mourir noyés, brûlés ou crucifiés. C’est le sort funeste qu’ont déjà subi les Japonais convertis. Depuis 1988, Martin Scorsese essayait de porter ce projet à l’écran. Tout d’abord annoncé avec les comédiens Daniel Day-Lewis, Gael García Bernal, Ken Watanabe et Benicio Del Toro, Silence, avant que le projet soit suspendu, annulé, repris pour être encore reporté, réunit finalement Liam Neeson (sublime), Andrew Garfield, Adam Driver, Issey Ogata (l’empereur Hirohito dans Le Soleil d’Alexander Sokurov, incroyable ici dans le rôle du vieil Inquisiteur), Yosuke Kubozuka et Tadanobu Asano. Après de multiples réécritures et plusieurs tentatives jusqu’alors avortées de rentrer en production faute de financements, Silence a enfin pu voir le jour.

Ce n’est évidemment pas la première fois que Martin Scorsese se penche sur la question de la foi et de la religion. Si les thèmes apparaissent souvent en filigrane, y compris dans ses films sur la mafia, ils demeurent essentiels et le fondement de La Dernière tentation du Christ (1988) et de Kundun (1997). Silence apparaît comme étant un troisième volet d’une trilogie sur le sujet. Animé par la force et la virtuosité de son metteur en scène, ainsi que sur l’investissement viscéral de ses comédiens, Silence, drame historique d’une beauté visuelle incomparable, ne peut laisser le spectateur indifférent. Certes, le sujet peut ne pas créer d’empathie, mais la beauté souvent irréelle des images (tournées en 35mm), des décors, des costumes, laisse pantois d’admiration. Après avoir incarné un homme animé par la parole du Christ dans l’incroyable film de Mel Gibson, Tu ne tueras point Hacksaw Ridge, Andrew Garfield récidive ici et interprète un prêtre jésuite. Quelque peu illuminé, le comédien s’est longuement préparé pour son rôle en s’isolant au Pays de Galles pour une retraite spirituelle et en faisant vœu de silence durant une semaine. Durant près d’un an, il a également étudié le jésuitisme, tout en perdant beaucoup de poids, comme son partenaire Adam Driver.

Silence est une œuvre complexe, difficile d’accès de par son sujet, à la fois universel et hermétique (la persécution des missionnaires jésuites dans le Japon du XVIIème siècle), très lente et qui peut mettre à rude épreuve la patience des spectateurs. Mais chaque plan, chaque seconde est d’une beauté à couper le souffle et emporte l’adhésion, d’autant plus que le sujet abordé est atypique et porté par un Scorsese littéralement habité. Sa passion s’avère contagieuse et le spectateur qui saura pleinement plonger dans cette histoire connaîtra une véritable et unique expérience physique (les séquences de tortures et de crucifixion sont viscérales) et sensorielle. Si l’on excepte l’improbable coupe de cheveux d’Andrew Garfield (et sa tendance à avoir l’air ahuri), visiblement prise en charge par David Beckham, Silence foudroie et le spectateur est placé en tant que troisième témoin de cette histoire dense, aux côtés des personnages interprétés par Andrew Garfield et Adam Driver.

Silence est un film que s’approprie le spectateur, qui parlera différemment à chacun, qui interroge sur la définition de la foi, sur le doute et la croyance. Ce 24e long métrage de fiction de Martin Scorsese est aussi et surtout une extraordinaire leçon de cinéma qui touche à la fois le coeur, l’âme et l’esprit.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Silence, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est sobre, légèrement animé et musical.

On pouvait s’attendre à plus, mais le seul supplément disponible sur cette édition, le making of de 24 minutes, s’avère excellent, très bien réalisé et documenté. De nombreuses images montrent Martin Scorsese à l’oeuvre avec ses comédiens et son équipe technique. Un metteur en scène qui doute, anxieux derrière son combo, mais aussi heureux sur le plateau et qui s’avère toujours autant passionné, voire transcendé par le cinéma. De multiples interventions de l’équipe (réalisateur, acteurs, directeur de la photographie, monteuse, producteurs, scénariste, historiens, un prêtre jésuite) s’entrecroisent. La genèse et la longue gestation de Silence sont abordées, tout comme les conditions des prises de vues, le casting, la préparation des comédiens, les personnages, les partis pris, les thèmes sont passés au peigne fin.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces et des liens internet.

L’Image et le son

L’univers visuel foisonnant de Martin Scorsese sied à merveille au support Blu-ray. Metropolitan livre un magnifique master HD. Les sublimes partis pris esthétiques du chef opérateur mexicain Rodrigo Prieto (8 mile, 21 grammes, Argo, Le Loup de Wall Street) passent remarquablement le cap du petit écran et les détails foisonnent aux quatre coins du cadre large. Les contrastes affichent une densité impressionnante, le piqué est tranchant comme un scalpel y compris sur les scènes sombres habituellement plus douces. La profondeur de champ demeure abyssale, les détails se renforcent et abondent en extérieur jour, la colorimétrie est vive, bigarrée et étincelante dès la première séquence, le relief demeure palpable tout du long. Un transfert estomaquant de beauté, un léger grain cinéma respecté (tournage en 35mm), une clarté voluptueuse, le tout conforté par un encodage AVC solide comme un roc, voilà un nouveau Blu-ray de démonstration. Le label rouge Metropolitan en quelque sorte.

Comme pour l’image, l’éditeur a soigné le confort acoustique et livre deux mixages DTS-HD Master Audio 5.1 français et anglais d’une très grande finesse. La balance des frontales comme des latérales est impressionnante, les effets annexes sont omniprésents dès l’ouverture, les voix solidement exsudées par la centrale (le timbre unique de Liam Neeson), tandis que le caisson de basses souligne efficacement chacune des actions au moment opportun (le fracas des vagues), tout comme celles de l’hypnotique et envoûtante bande originale. La spatialisation est luxuriante. Metropolitan livre également une piste française Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Kerry Brown / Metropolitan FilmExport / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / La Famille Fang, réalisé par Jason Bateman

LA FAMILLE FANG (The Family Fang) réalisé par Jason Bateman, disponible en DVD le 22 juin 2017 chez Metropolian Vidéo

Acteurs : Nicole Kidman, Jason Bateman, Christopher Walken, Kathryn Hahn, Marin Ireland, Michael Chernus, Harris Yulin, Alexandra Wentworth

Scénario : David Lindsay-Abaire d’après le roman de Kevin Wilson

Photographie : Ken Seng

Musique : Carter Burwell

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 2015

LE FILM

De retour dans la maison familiale, Baxter et Annie soignent les cicatrices d’une éducation qui échappe aux conventions. Lorsque leurs parents, des artistes célèbres pour élaborer des canulars en public, disparaissent dans des circonstances troublantes, le frère et la soeur mènent l’enquête, indécis quant à la raison de cette disparition : est-ce un jeu stupide ou une ruse élaborée ? Rien ne pouvait les préparer à ce qu’ils vont finir par découvrir.

Comédien aussi talentueux qu’attachant, Jason Bateman demeure pourtant méconnu dans nos contrées. Les spectateurs français l’ont néanmoins vu dans de nombreuses comédies à succès, Dodgeball – Même pas mal !, Starsky et Hutch, La Rupture, Juno, Paul, Hancock, les deux Comment tuer son boss ?, sans toutefois parvenir à retenir son nom, pourtant facile à mémoriser. Ayant commencé sa carrière quand il avait une dizaine d’années, notamment dans La Petite maison dans la prairie dans le rôle de James Cooper Ingalls, Jason Bateman n’a jamais arrêté de tourner pour le cinéma et la télévision. Parallèlement à sa carrière d’acteur, il a également fait ses premiers pas derrière la caméra en réalisant quelques épisodes des séries Valerie, La Vie de famille, Un frère sur les bras, Les Jumelles s’en mêlent, avant de mettre en scène son premier long métrage pour le cinéma avec Bad Words, sorti directement en DVD et Blu-ray en France en 2014. En 2015, il signe son deuxième film La Famille Fang, toujours inédit en France, adaptation du roman éponyme de Kevin Wilson.

Caleb (Christopher Walken) et Camille Fang (Maryann Plunkett) sont des artistes qui ont dédié leur vie à la performance et aux happenings. Annie (Nicole Kidman) et Buster (Jason Bateman), leurs deux enfants, ont toujours fait partie – parfois contre leur gré – de leurs œuvres filmées à l’insu des passants choqués. Pas facile de grandir avec des parents pareils. Une fois adultes, ils s’aperçoivent que le chaos de leur enfance les a rendus quelque peu inadaptés à la société. Annie est une comédienne qui enchaîne les mauvais films, qui doit se résoudre à tourner topless pour relancer sa carrière, tandis que Buster est un écrivain raté en manque d’inspiration. Le poids des parents pèse sur ces deux quadras. Alors quand Baxter a un petit accident de pomme de terre – lancée dans la figure par un patator – et qu’il apprend que son père et sa mère débarquent pour le soutenir, les souvenirs d’une enfance marquée par l’excentricité de leurs parents artistes, qui les utilisaient comme cobayes et complices malgré eux de leurs performances, reviennent vite à la surface. La Famille Fang est un film délicat et amer sur l’héritage et les relations familiales. Formidablement interprétée, notamment par Jason Bateman lui-même et Nicole Kidman (productrice et qui a acquis les droits du livre pour le cinéma), capable d’illuminer le moindre petit film de sa présence malgré son visage quelque peu figé en raison de chirurgie plastique, cette comédie-dramatique est typique du cinéma indépendant américain.

On connaît la musique, mais La Famille Fang fonctionne grâce à son approche mélancolique et à la complexité des personnages. Jusqu’où des artistes peuvent-ils aller pour l’amour de leur art et pour faire bouger les consciences ? Doivent-ils mettre en péril leur propre famille ? Et comment les enfants peuvent-ils accepter de passer au second plan dans la vie de leurs parents ? La Famille Fang passe du passé au présent, montrant les parents et leurs rejetons dans leurs performances, entre amusement pour le « bien-être personnel » et la « révolution » pour inciter les témoins de leurs happenings à réfléchir sur la condition humaine. Le malaise s’installe quand les parents organisent un nouveau coup fourré en obligeant A et B (surnoms des gamins en raison de la première lettre de leurs prénoms respectifs, encore une blague) à jouer Roméo et Juliette, où les deux ados doivent alors s’embrasser sur scène.

Sur un scénario écrit par David Lindsay-Abaire (l’excellent Rabbit Hole de John Cameron Mitchell, avec Nicole Kidman), La Famille Fang ne joue pas sur l’empathie immédiate et montre les fêlures de ses personnages, qui se dévoilent par strates. C’est là toute la réussite du film difficile à cerner de Jason Bateman, qui mérite vraiment d’être découvert.

LE DVD

Le test du DVD – pas d’édition HD pour ce titre – de La Famille Fang, disponible chez Metropolitan, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est sobre, animé et musical.

Aucun supplément en dehors d’un lot de bandes-annonces de titres disponibles chez l’éditeur.

L’Image et le son

Pour son second long-métrage, Jason Bateman jouit d’un atout de taille en la personne de Ken Seng, directeur de la photographie de Deadpool, Projet X et Disconnect. Le master SD concocté par Metropolitan restitue joliment la colorimétrie originale, même si les contrastes auraient gagné à être plus renforcés. Un très léger grain se fait ressentir, les scènes diurnes sont claires mais le piqué n’est pas aussi ciselé qu’espéré. Signalons quelques artefacts de compression visibles durant les scènes se déroulant en intérieur, sans toutefois que les conditions de visionnage s’en trouvent affectées. La définition n’est certes pas optimale, mais solide et largement suffisante pour découvrir ce film singulier.

En anglais comme en français, les pistes Dolby Digital 5.1 remplissent aisément leur office et même, plongent le spectateur dans une ambiance musicale inattendue. D’entrée de jeu, les effets naturels se font entendre sur l’ensemble des enceintes et bénéficient d’une belle ouverture frontale et latérale. Les voix sont solidement plantées sur la centrale et le confort acoustique est assuré du début à la fin.

Crédits images : © Metropolitan Vidéo / Captures du DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / The Bye Bye Man, réalisé par Stacy Title

THE BYE BYE MAN réalisé par Stacy Title, disponible en DVD et en Blu-ray (version non censurée) le 22 juin 2017 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Douglas Smith, Lucien Laviscount, Cressida Bonas, Carrie-Anne Moss, Faye Dunaway, Doug Jones, Jenna Kanell, Michael Trucco

Scénario : Jonathan Penner d’après la nouvelle The Bridge to Body Island de Robert Damon Schneck

Photographie : James Kniest

Musique : The Newton Brothers

Durée : 1h36 (version cinéma) 1h39 (version non censurée)

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Lorsque trois étudiants s’installent dans une vieille maison aux abords de leur campus, ils libèrent inconsciemment le Bye Bye Man, une entité surnaturelle qui ne hante que ceux qui découvrent son nom. Les amis comprennent alors qu’il n’y a qu’un moyen d’échapper à sa malédiction et d’éviter qu’elle ne se propage : ne pas le dire, ne pas y croire. Quand le Bye Bye Man arrive à s’immiscer dans vos pensées, il prend le contrôle et vous fait commettre l’irréparable…

The Bye Bye Man marque le retour au cinéma de la réalisatrice Stacy Title, révélée en 1995 avec L’Ultime souper. Attirée par l’épouvante, la cinéaste a également signé Let the Devil Wear Black en 1999 et Hood of Horror en 2006. A part une participation à un show collectif réalisé pour la télévision, The Greatest Show Ever, nous étions sans nouvelles de Stacy Title. The Bye Bye Man est l’adaptation d’une nouvelle de Robert Damon Schneck intitulée The Bridge to Body Island. Le film aurait dû être distribué dans les salles françaises l’été 2016, sortie finalement annulée en raison du report de l’exploitation américaine (dans une version finalement tronquée) et surtout des critiques très négatives. Pourtant cela partait bien.

On est tout d’abord happé par un prologue filmé en plan-séquence, d’une incroyable brutalité sèche. En octobre 1969, un homme débarque dans une petite bourgade du Wisconsin. Armé d’un fusil, il demande à l’une de ses connaissances si « elle connaît son nom ou l’a dit à quelqu’un ? » avant de lui tirer à bout portant. D’autres meurtres suivent rapidement après, un homme handicapé qui rampe sur le sol, les voisins alertés par les détonations, tandis que l’homme au fusil n’arrête pas de répeter « N’y pense pas. Ne dis pas son nom ». Quoi ? Encore Voldemort ? Passée cette formidable introduction, l’action se déroule de nos jours où nous suivons un jeune couple d’étudiants et leur ami, qui viennent de louer une maison – quelque peu délabrée – en dehors du campus afin d’y être plus tranquilles. C’est alors que The Bye Bye Man adopte un rythme de croisière tout aussi peinard et s’enlise rapidement dans tous les clichés du genre.

Les étudiants restent dans cette baraque qui s’avère évidemment très vite hantée ou tout du moins le lieu de phénomènes paranormaux. Les visions cauchemardesques se multiplient, notamment celle du fameux Bye Bye Man interprété par l’incroyable Doug Jones, qui prête une fois de plus sa longue silhouette filiforme à un personnage fantastique après avoir marqué les cinéphiles dans Le Labyrinthe de Pan, les deux Hellboy et même Gainsbourg (Vie héroïque). Mais à côté de ça, les jeunes comédiens, la mannequin Cressida Bonas (l’ex du prince Harry pour les plus people), Douglas Smith (la série Vinyl, Miss Sloane) et Lucien Laviscount font ce qu’ils peuvent pour rendre leurs personnages bébêtes un peu attachants. S’ils y arrivent au départ, la direction d’acteurs va à vau-l’eau dès que le fantastique s’immisce. Constamment au bord de l’apoplexie, les yeux écarquillés, les comédiens en font trop, des tonnes même et il faut attendre l’apparition inattendue de l’excellente Carrie-Anne Moss pour redonner un peu d’intérêt à l’ensemble. Trop rare, l’actrice canadienne vole les deux scènes où elle apparaît. Un peu plus tard dans le film, on est encore plus surpris de voir, ou plutôt de reconnaître non sans difficulté, Faye Dunaway, dont le visage ravagé par la chirurgie esthétique fait vraiment peine à voir.

The Bye Bye Man se contente de plagier ouvertement Candyman, Wishmaster, Sinister et autres films convoquant un boogeyman, de mélanger tout cela dans un shaker et de déverser ce cocktail dans le bec des spectateurs en essayant d’adopter la forme du merveilleux It Follows de David Robert Mitchell, en espérant que ceux-ci ne voient pas trop l’entourloupe. Non seulement le film cumule les poncifs comme des perles sur un collier (l’amie médium qui organise une séance de spiritisme), mais en plus la réalisatrice ne parvient jamais à instaurer de suspense, les jumpscares ne fonctionnent jamais car trop attendus, le croquemitaine et son clebs en (mauvaises) images de synthèse ne possèdent aucune aura et les quelques scènes « choc » semblent tirées d’un ersatz de Destination Finale. Déception donc.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de The Bye Bye Man, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est sobrement animé et musical.

Aucun supplément en dehors d’un lot de bandes-annonces et du montage non censuré (3 minutes en plus) uniquement disponible sur l’édition Blu-ray.

L’Image et le son

The Bye Bye Man, DTV dans nos contrées, est proposé en HD dans un format 1080p. Si l’on est d’abord séduit par le rendu de la colorimétrie et de la luminosité durant le prologue, force est de constater que la définition chancelle à plusieurs reprises, avec un piqué trop doux à notre goût et un manque de détails, notamment au niveau des visages des comédiens. Le codec tente de consolider certains plans avec difficulté, surtout sur les nombreuses séquences sombres. De plus, la profondeur de champ est décevante, quelques légers fourmillements s’invitent à la partie, la gestion des contrastes étant au final aléatoire. Toutefois, certains plans sortent aisément du lot avec un relief indéniable.

Vous pouvez compter sur les mixages DTS-HD Master Audio 5.1 anglais et français pour vous plonger dans l’ambiance du film, bien que l’action demeure souvent réduite. La bande originale est la mieux lotie. Toutes les enceintes sont exploitées, les voix sont très imposantes sur la centrale et se lient à merveille avec la balance frontale, riche et dense, ainsi que les enceintes latérales qui distillent gentiment les jumpscares. Le caisson de basses se mêle également à la partie. Notons que la version originale l’emporte sur la piste française (au très mauvais doublage), se révèle plus naturelle et homogène, y compris du point de vue de la spatialisation musicale. La version non censurée est uniquement disponible en version anglaise avec les sous-titres français imposés.

Crédits images : © STX Productions, LLC. All rights reserved / Metropolitan FilmExport / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / A Monster Calls – Quelques minutes après minuit, réalisé par J.A. Bayona

QUELQUES MINUTES APRÈS MINUIT (A Monster Calls) réalisé par J.A. Bayona, disponible en DVD et Blu-ray le 9 mai 2017 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Lewis MacDougall, Sigourney Weaver, Felicity Jones, Toby Kebbell, Ben Moor, James Melville

Scénario : Patrick Ness, d’après son roman « Quelques minutes après minuit » (A Monster Calls)

Photographie : Oscar Faura

Musique : Fernando Velázquez

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Conor a de plus en plus de difficultés à faire face à la maladie de sa mère, à l’intimidation de ses camarades et à la fermeté de sa grand-mère. Chaque nuit, pour fuir son quotidien, il s’échappe dans un monde imaginaire peuplé de créatures extraordinaires. Mais c’est pourtant là qu’il va apprendre le courage, la valeur du chagrin et surtout affronter la vérité…

Juan Antonio García Bayona est un génie et le mot n’est pas galvaudé. Ces dix dernières années, moult réalisateurs ont été qualifiés de « nouveau Spielberg », notamment Jeff Nichols, mais s’il y a bien un cinéaste, qui allie à la fois le coeur, l’âme et la virtuosité comme l’auteur d’E.T. l’extra-terrestre, c’est bel et bien le cinéaste et scénariste espagnol né en 1975 à Barcelone. Lauréat du Goya du meilleur nouveau réalisateur en 2008 pour son premier film, le chef d’oeuvre L’OrphelinatL’Orfanato, J.A. Bayona a ensuite confirmé avec son second long métrage The Impossible, pour lequel il bénéficiait des stars Naomi Watts et Ewan McGregor comme têtes d’affiche. Avec A Monster Calls – Quelques minutes après minuit, le réalisateur clôt une trilogie sur le rapport mère-fils avec des personnages pris dans une situation anxiogène et sur lesquels plane l’ombre de la mort.

Conor, 13 ans, souffre beaucoup de voir sa mère affaiblie par le cancer. Alors que celle-ci vient de commencer un nouveau traitement, l’adolescent redoute la nuit et ses cauchemars. Harcelé à l’école, délaissé par un père absent et habitant aux Etats-Unis, il subit également l’autorité de sa grand-mère. A minuit sept, un monstre, qui a l’apparence d’un if gigantesque, vient le voir. Grâce au monstre, Conor gagne en maturité, apprend le courage, à dépasser son chagrin et à affronter la cruelle vérité. A l’origine, A Monster Calls – Quelques minutes après minuit est un roman inachevé de l’auteure britannique Siobhan Dowd, décédée des suites d’un cancer en 2007. L’écrivain anglo-américain Patrick Ness, spécialisé dans la littérature pour enfants, s’est vu proposer de reprendre cette histoire. C’est d’ailleurs ce dernier qui adapte le récit pour le cinéma. Porté par un casting exceptionnel, de Sigourney Weaver (la classe absolue) en passant par Felicity Jones (sublime), Toby Kebbell, Liam Neeson, qui prête non seulement sa voix au monstre, mais également sa prestation physique grâce à la motion-capture, sans oublier la performance de la grande révélation du film, le jeune Lewis MacDougall, vu dans Pan de Joe Wright dans lequel il interprétait le personnage de Nibs, le troisième film de J.A. Bayona subjugue par sa beauté plastique et foudroie par son ouragan d’émotions.

Comment rester de marbre devant cette histoire universelle magnifiquement interprétée, réalisée, écrite, photographiée et narrée ? Le deuil est personnel, unique, propre à chaque individu. De quelle façon aborder ce sujet à travers les yeux d’un enfant qui n’est pas encore entré dans le monde adulte ? Grâce à la force et au pouvoir de l’imagination, du conte, de l’animation, du dessin, de la création. A Monster Calls – Quelques minutes après minuit use du fantastique pour faire avancer Conor lancé malgré lui dans son premier parcours initiatique. Refusant de voir la vérité en face, il préfère convoquer indirectement un monstre-arbre grâce à la pointe de son fusain. Débarquant un soir de la colline voisine sur laquelle il surplombe le cimetière d’une petite ville, cet if géant entreprend de lui raconter trois contes (superbe animation) afin de l’aider à affronter la réalité, la vérité, sa propre vérité : accepter de laisser partir sa mère, tout en disant adieu au monde innocent de l’enfance.

Avec ce drame intimiste sur la transmission, J.A. Bayona touche au sublime. Pudique et extrêmement délicat, complexe et psychologique, passionnant, envoûtant et déchirant, A Monster Calls – Quelques minutes après minuit fait oublier la semi-déception du Bon Gros Géant de Steven Spielberg en 2016 avec lequel il partage beaucoup d’éléments – décidément les deux metteurs en scène sont liés – et s’inscrit directement parmi les plus grandes réussites de ces quinze dernières années. Le final, bouleversant, vous fera pleurer toutes les larmes de votre corps et s’inscrira définitivement dans vos mémoires. Reste à espérer que le talent de J.A. Bayona ne soit pas trop parasité par Hollywood, puisque le cinéaste espagnol prépare actuellement Jurassic World 2 !

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Quelques minutes après minuit, disponible chez Metropolitan Vidéo et rebaptisé A Monster Calls – Quelques minutes après minuit pour sa sortie dans les bacs, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est sobrement animé et musical.

La section des suppléments s’ouvre sur un formidable commentaire audio du réalisateur J.A. Bayona, disponible en espagnol sous-titré en français. Pendant près de deux heures, le cinéaste aborde à la fois le fond et la forme de son œuvre, sans aucun temps mort. Malin, J.A. Bayona donne de nombreuses indications pour aider les spectateurs à mieux comprendre son film, tout en dissimulant quelques éléments afin de laisser leur imagination faire le reste. Le casting, le livre original et son adaptation par Patrick Ness lui-même, la mise en scène, les thèmes, les partis pris, le travail de Liam Neeson en motion-capture, les effets visuels, l’animation, la psychologie des personnages, la photo, la musique, tout y est posément analysé. Un commentaire indispensable.

Dommage que l’éditeur n’ait pas sous-titré le commentaire du scénariste et écrivain Patrick Ness ! Réservé uniquement aux plus anglophiles.

S’ensuivent diverses séquences coupées (6’), très réussies, mais qui s’avèrent sans doute redondantes ou inutiles au récit. C’est le cas de la scène de Connor et de son père qui partent de la fête foraine sous un ciel gris, ou bien celle de la grand-mère encore sous le choc après avoir découvert sa maison saccagée par Connor, et qui ne lui adresse plus la parole en l’emmenant à l’école. La plus belle scène laissée sur le banc de montage demeure celle de Connor avec sa mère, qui préparent le petit-déjeuner, avant que celle-ci lui indique sa grand-mère viendra habiter chez eux quelques jours.

L’éditeur joint également un making of traditionnel – en fait plusieurs featurettes mises bout à bout – composé de nombreuses images du tournage et d’interviews de toute l’équipe (20’). Nous en avions déjà appris beaucoup en écoutant le commentaire audio de J.A. Bayona et ce documentaire met ces propos en images.

Dans l’atelier des effets spéciaux et de la capture de mouvements, les animatroniques et les maquettes sont dévoilés, tandis que les comédiens, le scénariste, les producteurs et le cinéaste présentent le film et ses enjeux.

Avant de terminer par des liens internet et un lot de bandes-annonces, n’oubliez pas de visionner le module intitulé Le Dessous des contes (8’), un remarquable montage qui dissèque les différentes phases de l’animation créée par les studios GlassWorks, afin d’illustrer les contes narrés à Conor par le Monstre.

L’Image et le son

Tourné grâce aux caméras numériques Arri Alexa XT, A Monster Calls – Quelques minutes après minuit doit se voir ou se revoir en Haute définition. Les effets numériques sont ahurissants de beauté, le piqué est affûté comme la lame d’un scalpel, les couleurs impressionnantes, les contrastes léchés, les noirs denses et la profondeur de champ omniprésente. Les détails sont légion à l’avant comme à l’arrière-plan, de jour comme de nuit, le relief ne cesse d’étonner et le rendu des textures est subjuguant. Le nec plus ultra pour apprécier toute la richesse de la photographie du chef opérateur surdoué Oscar Faura, à qui l’on doit les images des précédents films de J.A. Bayona. Quant aux séquences réalisées en animation, elles sont tout simplement stupéfiantes et élèvent cette édition HD au rang de disque de démonstration. Nous l’avons déjà dit, mais nous le répétons, Métropolitan Vidéo demeure sur la première marche des éditeurs français.

Les versions française et anglaise sont proposées en DTS-HD Master Audio 5.1. Dans les deux cas, les dialogues y sont remarquablement exsudés par la centrale (la voix de Liam Neeson en particulier), les frontales sont saisissantes, les effets et ambiances riches (les grincements et craquements des branches de l’arbre), les enceintes arrière instaurent constamment un environnement musical, tout comme le caisson de basses qui se mêle habilement à l’ensemble, notamment quand le géant se déplace. Un grand spectacle acoustique !

Crédits images : © Metropolitan Vidéo / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Nemesis, réalisé par Albert Pyun

NEMESIS réalisé par Albert Pyun, disponible en DVD et Blu-ray le 21 avril 2017 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Olivier Gruner, Tim Thomerson, Cary-Hiroyuki Tagawa, Merle Kennedy, Yuji Okumoto, Marjorie Monaghan, Nicholas Guest, Vincent Klyn, Thom Mathews

Scénario : Rebecca Charles

Photographie : George Mooradian

Musique : Michel Rubini

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1992

LE FILM

Los Angeles, 2026. Les USA et le Japon ne font plus qu’un. Une technologie avancée en cybernétique a développé la possibilité de remplacer n’importe quel morceau de corps. Alex Rain est un flic cyborg qui traque des terroristes. A moitié détruit et rafistolé après une attaque, il s’enferme dans sa solitude et quitte la police. Mais son supérieur Farnsworth le retrouve et le force à accepter une ultime mission dangereuse. En lui plaçant une bombe à retardement au coeur de son système.

Pour beaucoup d’amateurs de cinéma Bis, Albert Pyun (né en 1954), est le réalisateur de Cyborg (1989) avec Jean-Claude Van Damme. Depuis son premier long métrage, le film d’heroic-fantasy L’Epée sauvage (1982), le metteur en scène américain né à Hawaii est devenu un spécialiste du cinéma d’action tourné avec des moyens souvent dérisoires, mais une imagination débordante. On compte aujourd’hui à son palmarès plus de 50 séries B d’action et de science-fiction, parmi lesquelles Nemesis (1992) et ses suites, Kickboxeur 2 : Le Successeur (1991), un Captain America (1990) considéré comme un des pires films de tous les temps (merci la Cannon), Explosion imminente (2001) avec Steven Seagal, Tom Sizemore et Dennis Hopper ou bien encore Adrénaline (1996) et Mean Guns (1997) avec Christophe(r) Lambert.

Nemesis est assurément l’un des sommets de la carrière d’Albert Pyun. Un succès qui a engendré trois suites : Nemesis 2 : Nebula (1995), Nemesis 3 : Time Lapse (1996) et Nemesis 4 : Death Angel (1996), réalisés par Albert Pyun lui-même. Dans ce film fantastique (le genre hein), le réalisateur ne se gêne pas pour piller Terminator 2 : Le Jugement dernier de James Cameron – jusqu’à la réplique I’ll be back et même les bruitages de l’exosquelette – avec une pincée de RoboCop de Paul Verhoeven et de Blade Runner de Ridley Scott. Evidemment avec un budget largement moins conséquent, la virtuosité en moins, une gratuité effarante, mais avec une intarissable générosité afin d’offrir aux spectateurs le meilleur divertissement possible, Albert Pyun réussit son pari, à savoir livrer un spectacle bourrin et hautement réjouissant.

Drôle, souvent involontairement c’est vrai, Nemesis enchaîne les fusillades bien grasses, mais jubilatoires, les punchlines provenant d’une cour de maternelle (« T’es qu’un salopard de flic ! » « Et toi une salope de terroriste ! »), avec quelques nanas topless (sculpturale Deborah Shelton, vue dans Body Double), des courses-poursuites à la pelle, des effets spéciaux (animation en stop-motion) et des maquillages qui fleurent bon le système D, la peinture à l’eau et le plastique fondu. A tout cela s’ajoute le charisme improbable du comédien français Olivier Gruner (peu aidé par la coupe mulet dans une scène mémorable), qui pour citer Peur sur la ville joue un personnage « Rien dans la tête, tout dans les muscles ». Tout en abdos et dépourvu d’expressions faciales, l’ancien militaire avait le parfait profil pour jouer un organisme cybernétique recouvert de peau humaine qui a donc le corps d’un chippendale et la tête d’un Guerrier du Bronx. Heureusement, il est aidé par des comédiens plus solides comme Cary-Hiroyuki Tagawa (le Shang Tsung de Mortal Kombat) et Tim Thomerson (Trancers).

« En 2026 après Jésus-Christ », Cité des Anges. Le Japon et les USA ont fusionné politiquement et économiquement. Alex (Olivier Grunner donc) est un policier assassin mi-homme mi-machine, dont les membres totalement carbonisés (ça doit faire mal) ont été remplacés par des organes robotisés. Il agit pour le compte d’une version futuriste du LAPD pour exécuter plusieurs résistants dont une meneuse, Rosaria. Il tente de quitter le LAPD et devient un délinquant sans envergure effectuant des petits boulots pour la pègre. Le robot a le blues. Cependant, ses responsables refusent de le laisser libre et, dès lors qu’ils ont besoin de lui, vont le traquer. Alex est sommé d’exécuter une dernière mission consistant en l’assassinat des chefs de la résistance. Il découvre alors que les résistants ne se battent pas contre le contrôle du gouvernement sur la vie de la population, mais pour l’avenir de l’humanité. C’est beau, c’est con, mais qu’est-ce que c’est bon !

Les amateurs de science-fiction et de films à androïdes ne devront pas bouder Nemesis s’ils ne l’ont jamais vu, car Albert Pyun a beau bénéficier d’un budget très limité, le metteur en scène ne recule devant rien pour amuser son audience, quitte à tout faire péter au détriment de la sécurité de ses comédiens environnés de produits toxiques. L’histoire tourne rapidement en rond, mais nous ne sommes pas là pour ça. Avec sa photographie rouge orangée, Albert Pyun installe une atmosphère « futuriste » en allant tourner dans un terrain vague et une usine abandonnée, en plaçant des explosifs partout et en envoyant ses acteurs courir, y compris des nanas en minijupe, talons hauts et grosse pétoire à la main, où bon leur semble et tant pis s’ils se font brûler en passant le long des décors en feu, cela rajoute un réalisme bienvenu.

Nemesis, c’est entre la série B et la série Z, une série BZ décomplexée cyberpunk qui explose du début à la fin, qui bouge dans tous les sens, qui ose des choses sur le plan technique y compris des plans-séquences, qui se sert sur les succès du moment, qui digère ses références et qui les restitue dégoulinant de suc gastrique. C’est acide, pas très bon pour la santé, comme un McDo, mais on l’avale quand même, ça fait du bien sur le moment et on en demande pas plus.

LE BLU-RAY

Nemesis est enfin disponible chez Metropolitan Vidéo. L’éditeur n’a pas fait les choses à moitié pour les amateurs du cinéma d’Albert Pyun – il y en a et c’est tant mieux – puisque Nemesis est accompagné de Mean Guns pour une séance double-programme ! A la manière de ses récentes sorties consacrées à Jean-Claude Van Damme avec les Blu-ray qui réunissaient Black EagleL’Arme absolue + Full Contact d’un côté et The Order + Le Grand tournoi de l’autre, deux films d’Albert Pyun se trouvent donc réunis sur la même galette. Le test de Mean Guns est d’ores et déjà disponible sur notre site. Une fois le disque inséré, un menu animé et musical nous propose de sélectionner directement le film, la langue et le supplément désiré.

Pour cette sortie de Nemesis en Blu-ray, l’éditeur joint un petit making of d’époque (7’), constitué de nombreuses images de tournage, du plateau, de la préparation des cascades et des explosions, mais aussi d’interviews de l’équipe (sauf Albert Pyun). Promotionnel mais rigolo, ce documentaire renvoie à l’époque avant l’avènement des images de synthèse et montre tout le travail des artisans et animateurs.

L’Image et le son

Qui dit Metropolitan dit qualité au rendez-vous. L’éditeur soigne le master HD (1080p) de Nemesis, qui était jusqu’alors inédit en DVD en France. Un lifting numérique a été effectué, avec un résultat probant. L’encodage AVC est de haute tenue et la promotion HD indéniable. Les détails sont appréciables sur le cadre large, le piqué et la clarté sont aléatoires mais plus nets sur les séquences diurnes, la colorimétrie spécifique du chef opérateur George Mooradian, fidèle collaborateur du réalisateur, retrouve une nouvelle jeunesse et les contrastes affichent une petite densité inattendue. L’ensemble est propre, stable en dehors du générique aux inévitables fourmillements, les quelques rares scories aperçues demeurent subliminales, et le grain est respecté.

Deux versions au programme en ce qui concerne l’acoustique, deux pistes DTS HD Master Audio 2.0. Au jeu des comparaisons, la version française est beaucoup moins dynamique que son homologue, tant au niveau des dialogues que des fusillades. Privilégiez évidemment la version originale, même si les dialogues français valent leur pesant dans les punchlines. La piste anglaise est donc beaucoup plus dynamique et restitue mieux le fracas des affrontements. Notons qu’en version française, une voix féminine assure la narration en parlant d’Alex à la troisième personne, alors que ce dernier est bien le narrateur en anglais.

Crédits images : © Metropolitan Vidéo / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Joyeux bordel !, réalisé par Josh Gordon et Will Speck

JOYEUX BORDEL ! (Office Christmas Party) réalisé par Josh Gordon et Will Speck, disponible en DVD (version cinéma) et Blu-ray (version cinéma et version longue non censurée) le 21 avril 2017 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Jason Bateman, Olivia Munn, Jennifer Aniston, T.J. Miller, Kate McKinnon, Courtney B. Vance, Jillian Bell

Scénario : Justin Malen, Laura Solon, Dan Mazer

Photographie : Jeff Cutter

Musique : Theodore Shapiro

Durée : 1h46 (version cinéma) / 1h51 (version longue non censurée)

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Carole, patronne de la société Zenotek, n’en peut plus des frasques de Clay, son jeune frère. Celui-ci, qui ne pense qu’à faire la fête, n’est visiblement pas armé pour les affaires. Le chiffre d’affaires est catastrophique, à un point tel que Carole veut fermer la branche dont s’occupe son cadet. Elle lui lance un ultimatum : soit son équipe et lui trouvent le moyen de signer un contrat de plusieurs millions de dollars avec un gros client, soit ils se retrouvent sans emploi. Clay relève le défi. Il invite le client à une fête de Noël. Mais le tout-Chicago se retrouve dans le bâtiment et Clay et ses amis vont vite être dépassés…

Josh Gordon et Will Speck sont les réalisateurs du déjà culte Les Rois du patin, leur premier long métrage sorti en 2007, gros succès au box-office américain. En 2010, les compères ont remis le couvert pour le sous-estimé Une famille très moderne, interprété par le couple Jennifer Aniston – Jason Bateman. Pour leur nouveau film en commun, Josh Gordon et Will Speck ont cette fois misé sur une comédie chorale, Joyeux bordel !Office Christmas Party.

Pour la cinquième fois, Jason Bateman et Jennifer Aniston se donnent la réplique après La Rupture, Une famille très moderne et les deux opus de Comment tuer son boss ?. Si le premier a le rôle principal, la seconde fait plutôt une participation. Le reste du casting est à l’avenant puisque nous retrouvons également le déchaîné T.J. Miller, vu dans Cloverfield et Deadpool, mais aussi la divine Olivia Munn, la sexy Jamie Chung, l’hilarante Vanessa Bayer (Crazy Amy), l’allumé Rob Corddry (No Pain No Gain, Sex Tape) et la géniale Kate McKinnon. Cette dernière, humoriste très connue aux Etats-Unis, notamment pour sa participation à la mythique émission Saturday Night Live, pour laquelle elle a notamment été récompensée par un Emmy Awards du second rôle féminin dans une comédie, vole la vedette à chaque apparition dans le rôle de de Mary, la RH vieille-fille au pull col roulé et à la démarche manche à balai. Génie comique vue dans le reboot-remake de Ghostbusters et Les Cerveaux, elle déclenche systématiquement les fous-rires.

Une fois n’est pas coutume, le titre français de Office Christmas Party est très bien trouvé et nullement trompeur. A la tête de l’entreprise familiale basée à Chicago, Carole (Jennifer Aniston, excellente en boss peau de vache) menace de fermer la branche dirigée par son frère fêtard Clay (T.J. Miller) et son équipe de bras-cassés qui pensent plus à s’éclater qu’à faire des bénéfices. Il n’en fallait pas plus à ce dernier pour qu’il leur fixe une ultime mission : organiser dans les bureaux une soirée de Noël totalement épique et hors-norme afin d’impressionner un de leurs plus gros clients convoités et signer un contrat qui pourrait sauver leur boulot. Mais cela va très vite dégénérer. Voilà le pitch.

Amis de la comédie américaine déjantée, Joyeux bordel ! est fait pour vous ! S’il ne révolutionne en rien le genre, le film de Josh Gordon et Will Speck porté par un casting frappadingue offre de savoureux moments de déconnade. Certes, cela ne va jamais aussi loin qu’un Projet X, mais Joyeux bordel ! contient ce petit truc grinçant sur le travail quotidien et les relations professionnelles qui empêche le film de tomber dans le tout-venant. De plus, certains gags sont vraiment bien trouvés et l’alchimie des acteurs est évidente.

Malgré un dernier acte qui part un peu dans tous les sens avec une pseudo-intrigue d’argent convoité, d’enlèvement, de logiciel informatique révolutionnaire, de poursuite en voiture, Joyeux Bordel ! s’avère un divertissement réussi, bien réalisé et mené à cent à l’heure, gentiment vulgaire et potache, toujours généreux, poilant et soucieux d’offrir aux spectateurs un interlude où ils pourront oublier les soucis du quotidien. Mission accomplie donc pour ce film qu’on aura plaisir à revoir durant les fêtes de fin d’année où il pourrait devenir comme un rituel.

LE BLU-RAY

La version longue non censurée de Joyeux bordel !est uniquement disponible en Blu-ray. Le test de l’édition HD a été effectué sur un check-disc. Le menu principal est soigné, élégant, animé sur fond d’animations et musical.

Tout d’abord, dommage que l’éditeur ne propose pas le commentaire audio de Josh Gordon et de Will Speck avec les sous-titres français. Ce supplément, uniquement dispo sur la version cinéma, ne sera destiné qu’aux plus anglophiles de nos lecteurs.

Ensuite, l’essentiel de cette interactivité repose sur les scènes inédites (9’), les scènes coupées et allongées (3’) et les scènes coupées additionnelles (8’).

La première section renferme les différentes improvisations des comédiens et des répliques alternatives. La seconde propose notamment une fin alternative plus romantique. La dernière cumule les scènes rajoutées dans le montage dit non censuré.

N’oublions pas le making of (12) traditionnel, composé des propos de toute l’équipe (acteurs, réalisateurs, producteurs) et d’images hilarantes de tournage où l’on peut voir que les comédiens se faisaient rire eux-mêmes sur le plateau durant les prises.

L’Image et le son

L’éditeur frôle la perfection avec ce master Haute Définition où la seule petite faiblesse provient d’un certain manque d’éclat de la palette colorimétrique. En dehors de cela, la profondeur de champ demeure insondable, les blancs brillants et les gros plans, tout comme les superbes panoramas sur Chicago, bénéficient d’un piqué pointu au relief impressionnant. Une fois n’est pas coutume, ce sont surtout les nombreuses séquences nocturnes qui apparaissent les plus fluides avec de belles ambiances tamisées, des noirs denses et une restitution des textures plus appliquées. C’est ce qu’on appelle un transfert élégant.

Si vous ne voulez pas vous faire arrêter pour tapage nocturne, veillez à ce que vos voisins soient partis en vacances pour profiter de l’incroyable piste anglaise DTS-HD Master Audio 7.1 qui explose littéralement les enceintes et le caisson de basses. C’est avec ce mixage que vous vous rendrez compte si votre installation tient le choc. Certes, la bande originale ne brille pas par sa finesse, mais le moins que l’on puisse dire, c’est que l’ambiance est survoltée. La première partie du film, dite calme, se concentre essentiellement sur les frontales et la délivrance des dialogues sur la centrale. Sur le papier, la piste française doit se « contenter » d’une piste DTS-HD Master Audio 5.1, qui n’en demeure pas moins explosive sur les séquences de fiesta et la poursuite finale. L’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : ©  Amblin Partners, Bluegrass Films, DreamWorks, Reliance Entertainment / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Mean Guns, réalisé par Albert Pyun

MEAN GUNS réalisé par Albert Pyun, disponible en DVD et Blu-ray le 21 avril 2017 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Christophe Lambert, Ice-T, Michael Halsey, Deborah Van Valkenburgh, Tina Cote, Yuji Okumoto, Thom Mathews, Kimberly Warren…

Scénario : Andrew Witham

Photographie : George Mooradian

Musique : Anthony Riparetti

Durée : 1h50

Date de sortie initiale : 1997

LE FILM

Dans une prison haute technologie, le chef d’une entreprise mafieuse, le Syndicat, réunit une centaine de tueurs dans le but… de s’entretuer ! Les trois survivants pourront se partager un magot.

Pour beaucoup d’amateurs de cinéma Bis, Albert Pyun (né en 1954), est le réalisateur de Cyborg (1989) avec Jean-Claude Van Damme. Depuis son premier long métrage, le film d’heroic-fantasy L’Epée sauvage (1982), le metteur en scène américain né à Hawaii est devenu un spécialiste du cinéma d’action tourné avec des moyens souvent dérisoires, mais une imagination débordante. On compte aujourd’hui à son palmarès plus de 50 séries B d’action et de science-fiction, parmi lesquelles Nemesis (1992) et ses suites, Kickboxeur 2 : Le Successeur (1991), un Captain America (1990) considéré comme un des pires films de tous les temps (merci la Cannon), Explosion imminente (2001) avec Steven Seagal, Tom Sizemore et Dennis Hopper ou bien encore Adrénaline (1996) avec Christophe(r) Lambert. Ce dernier n’a pas encore entrepris son grand chelem BeowulfFortress 2Vercingétorix, la légende du druide roi quand il retrouve Albert Puyn un an après leur précédente collaboration pour Mean Guns.

Le concept du film est très simple. Dans une prison sur le point d’être inaugurée, Vincent Moon, un parrain affublé de dents en titane (Ice-T) invite cent sbires venus des quatre coins du pays. Parmi eux, il y a Lou (Christopher Lambert) et Marcus (Michael Halsey), qui semblent avoir un contentieux à régler, Cam (Deborah Van Valkenburgh) une comptable, forcée à participer à cet étrange meeting et bien d’autres. Moon leur apprend alors qu’ils ont tous été invités afin de participer à un jeu de massacre. Ils doivent tous s’entretuer. Enfin presque tous, puisque seulement les trois derniers « participants » seront épargnés et pourront ainsi se partager la coquette somme de 10 millions de dollars. Le problème, c’est que 10 millions ne se divisent pas par trois et il se pourrait bien que tout ceci ait été organisé par vengeance. Voilà Mean Guns, pure série B tournée pour trois fois rien et en un temps record de cinq jours !

Si la plupart des spectateurs n’y verront qu’une série Z, les amateurs de Bis sauront se régaler devant ce tour de force de 110 minutes très bien rythmées, principalement constituées de gunfights généreux et décalés sur fond de musique mambo, de bastons à la batte de baseball, de dialogues rigolos et décomplexés, de tronches cadrées à la Sergio Leone, sans oublier la plastique de la sublime Tina Cote dans le rôle de Barbie, du burlesque avec le tandem Hoss et Crow (Yuji Okumoto et Thom Mathews), une touche de fantastique avec l’étrange apparition d’une petite fille. A l’instar d’un Robert Rodriguez époque El MariachiDesperado, Albert Pyun s’en tire bien derrière sa caméra agitée et livre quelques affrontements très bande dessinée, en aucun cas réalistes et donc à voir au 36e degré, à la manière du sous-estimé Shoot’Em Up de Michael Davis sorti dix ans plus tard.

Christophe Lambert s’éclate dans ce rôle de pourri et lance des punchlines toutes les trente secondes à ses partenaires, tous bien conscients de participer à un film-attraction qui n’a aucune autre prétention que de divertir. Tina Cote se la joue Nikita, vêtue en robe moulante sexy avec ses bas bien visibles et décolleté généreux. Si elle ravit évidemment les yeux et les sens, l’actrice vue (ou aperçue) dans Nemesis 2, Blast et Omega Doom du même réalisateur ou dans le mythique (pour certains) Barb Wire de David Hogan, est excellente dans le rôle de Barbie, catapultée dans ce jeu mortel sans l’avoir voulu et qui va user de ses charmes pour rester en vie. Même chose pour la comédienne Kimberly Warren dans le rôle de D, bad-ass et moulée dans un pantalon de cuir, qui annonce les personnages à la Milla Jovovich dans la franchise Resident Evil. Il y a d’ailleurs dans Mean Guns, un univers qui lorgne sur celui des jeux vidéos. Avancer, tuer, rester en vie pour aller jusqu’à « la fin du stage », devant les yeux d’un Ice-T qui en fait des tonnes (pléonasme), tandis que Christophe Lambert (qui a déjà fait sa couleur pour Beowulf) nous gratifie de quelques savoureux hin-hin-hin.

Au final, Mean Guns a beau fêter ses vingt ans, le film d’action d’Albert Pyun a vraiment bien vieilli et demeure une savoureuse démonstration de l’entertainment sans prise de tête, sans forcément de budget, mais avec des idées (y compris dans la photo métallique et le cadre large avec des objectifs anamorphiques), une volonté de bien faire avec ce qu’on a, grâce à un montage nerveux, mais compréhensible, et surtout avec des acteurs qui jouent le jeu et dont l’amusement s’avère contagieux.

LE BLU-RAY

Mean Guns est enfin disponible chez Metropolitan Vidéo. L’éditeur n’a pas fait les choses à moitié pour les amateurs du cinéma d’Albert Pyun – il y en a et c’est tant mieux – puisque Mean Guns est accompagné de Nemesis pour une séance double-programme ! A la manière de ses récentes sorties consacrées à Jean-Claude Van Damme avec les Blu-ray qui réunissaient Black Eagle – L’Arme absolue + Full Contact d’un côté et The Order + Le Grand tournoi de l’autre, deux films d’Albert Pyun se trouvent donc réunis sur la même galette. Le test de Nemesis suivra très prochainement. En attendant, une fois le disque inséré, un menu animé et musical nous propose de sélectionner directement le film, la langue et le supplément désiré.

Pour Mean Guns, nous avons l’heureuse surprise de trouver un entretien avec Christophe Lambert (13’) donné spécialement pour cette sortie en Haute-Définition. Comme toujours très disponible, le comédien a l’air ravi de partager ses souvenirs liés au tournage de Mean Guns et même d’Adrénaline sorti l’année d’avant. Christophe Lambert dit avoir toujours été fasciné par le réalisateur Albert Pyun, capable de tourner un film de 90 minutes en 4 jours (Mean Guns a été tourné en 5 jours). « L’acteur qui coupe des têtes » (dixit le Palmashow) ne tarit pas d’éloges sur Pyun, un « grand metteur en scène » dont il loue le « talent phénoménal » et avec lequel il est « très fier d’avoir tourné ». Christophe Lambert évoque ensuite la méthode Pyun, le scénario « formidable » de Mean Guns, le fait qu’il n’ait jamais tourné une scène avec Ice-T, les décors, la photo expérimentale de George Mooradian, les références au cinéma de John Woo, lui-même très inspiré de Sergio Leone. Le comédien clôt cet entretien en déclarant que le réalisateur Albert Pyun mérite vraiment d’être reconnu et se dit prêt à foncer s’il devait le rappeler pour jouer dans un de ses films.

L’Image et le son

Le master HD de Mean Guns est au format 1080p. Présenté dans son cadre large 2.35 original, le film d’Albert Pyun est disponible dans une copie très bien restaurée et même flatteuse. Les fans du film seront ravis de revoir Mean Guns dans ces conditions avec les partis pris expérimentaux du chef opérateur George Mooradian, fidèle collaborateur du réalisateur, avec ses couleurs froides et bleues métalliques pour les scènes se déroulant à l’intérieur de la prison, des teintes plus chaudes et même saumonées pour les extérieurs (avec un piqué plus doux), sans oublier son image anamorphosée avec des bords de cadre sensiblement mais volontairement déformés. Le grain est heureusement respecté, relativement bien géré, peut-être plus prononcé sur certaines séquences (celle de la cuisine à la 52e minute), les noirs sont denses, le master est stable, propre, même si quelques points et tâches ont échappé au scalpel numérique. Dans l’ensemble, l’image HD de Mean Guns participe vraiment à la redécouverte de cette excellente série B d’action.

Deux versions au programme en ce qui concerne l’acoustique, deux pistes DTS HD Master Audio 2.0. Au jeu des comparaisons, la version française (Christophe Lambert ne se double pas lui-même malheureusement, ce qui est frustrant sur les rires) est beaucoup moins dynamique que son homologue, tant au niveau des dialogues que des fusillades. Privilégiez évidemment la version originale, même si les dialogues français valent leur pesant dans les punchlines, qui prennent d’ailleurs quelques libertés de traduction. La piste anglaise est donc beaucoup plus dynamique et restitue mieux le fracas des affrontements.

Crédits images : © Metropolitan Vidéo / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Dog Eat Dog, réalisé par Paul Schrader

DOG EAT DOG réalisé par Paul Schrader, disponible en DVD et Blu-ray le 21 avril 2017 chez Métropolitan Vidéo

Acteurs : Nicolas Cage, Willem Dafoe, Christopher Matthew Cook, Omar J. Dorsey, Louisa Krause, Melissa Bolona, Reynaldo Gallegos

Scénario : Matthew Wilder, d’après le roman d’ Edward Bunker Les Hommes de proie (Dog Eat Dog)

Photographie : Alexander Dynan

Musique : Deantoni Parks

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Lorsque trois ex-détenus désespérés se voient offrir un boulot par un chef de la mafia mexicaine, ils savent qu’ils feraient mieux de refuser, mais l’appât du gain les empêche de tourner les talons.
Tout ce qu’ils ont à faire est de kidnapper l’enfant d’un homme qui cherche à mettre le chef de la mafia sur la touche. Le rapt tourne mal lorsque les ravisseurs sont forcés de tuer un intrus inattendu et aussi dangereux mort que vif.
Désormais indésirables dans le milieu, les trois ex-détenus deviennent les fugitifs les plus recherchés.
Chacun d’eux s’est juré de ne jamais retourner en prison et pour ça ils sont prêts à tout.

Même si le film était réussi et que le montage que nous avions découvert en 2015 ne nous paraissait pas « charcuté », La Sentinelle, réalisé par Paul Schrader, avec Nicolas Cage et Anton Yelchin avait été renié par le cinéaste. En octobre 2014, quelques semaines avant la sortie du film, Paul Schrader, ses deux comédiens principaux ainsi que le producteur Nicolas Winding Refn appelaient tout simplement au boycott de La Sentinelle. Pour quel motif ? Le Studio Lionsgate a purement et simplement retiré le film des mains du réalisateur, le montage original a été dénaturé du début à la fin, mis en musique et mixé sans demander l’avis de Paul Schrader. Depuis cette mésaventure, ce dernier cherchait une nouvelle histoire afin de retravailler avec Nicolas Cage, tout en bénéficiant cette foisci du final cut.

Voulant renouer avec le thriller, Paul Schrader a jeté son dévolu sur un roman du célèbre écrivain Edward Bunker, ancien taulard et plus jeune détenu de la prison de Saint Quentin aux Etats-Unis, qui s’est spécialisé dans les romans policiers. Ses oeuvres Aucune bête aussi féroce et La Bête contre les murs ont été adaptées au cinéma, le premier en 1978 par Ulu Grosbard, avec Dustin Hoffman et Theresa Russell, le second en 2000 par Steve Buscemi, avec Willem Dafoe, Edward Furlong et Danny Trejo. Dog Eat Dog est la transposition du roman éponyme, publié en France en 2000 sous le titre Les Hommes de proie. Le récit se concentre sur trois ex-détenus fauchés, Troy (Nicolas Cage), Mad Dog (Willem Dafoe) et Diesel (Christopher Matthew Cook) qui viennent de sortir de prison et qui se voient offrir un job par un chef mafieux mexicain, El Greco (Paul Schrader lui-même). Bien qu’ils sachent qu’ils devraient mieux décliner la proposition, ils cèdent à l’appât du gain. Ils doivent kidnapper l’enfant de l’homme voulant arrêter le chef de la mafia sur la touche. Mais cela tourne mal lorsqu’ils tuent quelqu’un. Ils deviennent alors les fugitifs les plus recherchés. Ils sont par ailleurs déterminés à ne jamais retourner en prison.

Nous sommes en pleine série B de luxe. Dog Eat Dog a été tourné dans le but d’oublier la mauvaise expérience de La Sentinelle et on sent Paul Schrader heureux de pouvoir faire enfin ce dont il a envie. Il faut dire qu’il est épaulé par trois acteurs en très grande forme, qui prennent visiblement beaucoup de plaisir à se donner la réplique, en particulier Willem Dafoe et Nicolas Cage, tous les deux géniaux, le premier incarnant un tueur psychopathe à la recherche d’affection, le second qui s’imagine être Bogart dans un film noir des années 1940. Le troisième larron est sans doute moins bon, mais impose sans mal son gabarit. Dog Eat Dog est l’histoire classique d’anciens criminels qui ont passé quelques années en prison, mais qui replongent immédiatement qu’ils ont mis le nez dehors. Sur cette trame usée, Paul Schrader, l’auteur de Yakuza, Taxi Driver, Obsession, American Gigolo, Raging Bull, Affliction et A tombeau ouvert, s’en sort en vieux briscard du cinéma grâce à un savoir-faire indéniable derrière la caméra et la superbe photographie du chef opérateur Alexander Dynan.

Dog Eat Dog s’ouvre sur une scène très violente qui a fait grincer des dents lors de la présentation du film au Festival de Cannes en 2016, en clôture de la Quinzaine des Réalisateurs. Après cette exposition sanglante, le film adopte un rythme de croisière ponctué de longs tunnels de dialogues à la Tarantino qui peinent à éveiller l’intérêt, de scènes agitées particulièrement jouissives jusqu’à un final onirique durant lequel Nicolas Cage adopte même le phrasé spécifique de Bogey. Nous ne vous dévoilerons évidemment pas la teneur de cet épilogue, mais cette dernière séquence vaut largement le déplacement. L’intrigue part un peu dans tous les sens et s’avère prétexte à un dernier baroud d’honneur pour nos trois tragiques Pieds Nickelés.

L’essentiel du film repose sur la véritable alchimie des comédiens, tous survoltés et prenant un pied contagieux à se balancer des vannes, notamment celle qui n’a pas laissé Cannes de marbre : Nicolas Cage : « Where’s the thing you put in the baby’s mouth? What’s it called? » Willem Dafoe « A dick ? ». Malgré cet humour noir, l’émotion et même une certaine mélancolie se dégagent également de ce thriller étrange, sombre et nocturne, qui fonctionne bien et qui mérite amplement d’être découvert.

LE BLU-RAY

A l’instar de La Sentinelle et Le Casse, Dog Eat Dog est un autre DTV avec Nicolas Cage qui arrive dans l’escarcelle de Métropolitan Vidéo. Le test de l’édition HD a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est quant à lui animé et musical.

Réalisés à l’occasion de la présentation de Dog Eat Dog au Festival de Cannes en 2016, ces entretiens avec d’un côté Paul Schrader et de l’autre Nicolas Cage et Willem Dafoe s’avèrent très plaisants. Le réalisateur s’exprime sur son envie de retravailler avec Nicolas Cage, sur le roman d’Edward Bunker, sur les thèmes et références de son film. Même chose pour les deux comédiens, qui reviennent sur les personnages jusqu’à ce que le journaliste Nicolas Rioult leur donne son point de vue. Grand moment de flottement où les acteurs écoutent patiemment, Willem Dafoe avec un grand sourire sincère, Nicolas Cage qui a l’air de se demander ce qui se passe (l’éditeur a d’ailleurs placé une petite musique amusante en fond à ce moment-là). Ces interviews donnent quelques indications très intéressantes sur les conditions de tournage et les partis pris.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces et les credits.

L’Image et le son

Comme pour ses sorties traditionnelles, Metropolitan soigne autant le transfert de ce Direct-to-Video qu’un blockbuster. Ce master HD de Dog Eat Dog ne déçoit pas. Le piqué et le relief sont acérés tout du long et permet d’apprécier la tronche taillée à la serpe de Willem Dafoe, la clarté est de mise, le cadre large offre un lot confondant de détails y compris sur les scènes sombres et la colorimétrie marquée par des teintes ambrées est habilement restituée, tout comme les séquences tournées en N&B. Evidemment, la copie est d’une propreté immaculée, les contrastes sont denses. Les meilleures conditions techniques sont réunies et la définition est exemplaire.

Vous pouvez compter sur les mixages DTS-HD Master Audio 5.1 anglais et français pour vous plonger délicatement mais sûrement dans l’ambiance du film, bien que l’action demeure souvent réduite. La bande originale est la mieux lotie. Toutes les enceintes sont exploitées, les voix sont très imposantes sur la centrale et se lient à merveille avec la balance frontale, riche et dense, ainsi que les enceintes latérales qui distillent quelques effets naturels. Le caisson de basses se mêle également à la partie lors de la séquence de poursuite ou lors de l’affrontement final. Notons que la version originale l’emporte sur la piste française, se révèle plus naturelle et homogène, y compris du point de vue de la spatialisation musicale. Que les amateurs de VF soient rassurés, Nicolas Cage est bien doublé par l’excellent Dominique Collignon-Maurin.

Crédits images : © LionsGate / Metropolitan / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr