Test Blu-ray / The Foreigner, réalisé par Martin Campbell

THE FOREIGNER réalisé par Martin Campbell, disponible en DVD et Blu-ray le 8 mars 2018 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs :  Jackie Chan, Pierce Brosnan, Orla Brady, Ray Fearon, Rory Fleck-Byrne, Michael McElhatton, Charlie Murphy, Stephen Hogan, Katie Leung…

ScénarioDavid Marconi

Photographie : David Tattersall

Musique : Cliff Martinez

Durée : 1h53

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Modeste propriétaire d’un restaurant londonien, Quan perd sa fille dans un attentat terroriste politique. Prêt à tout pour retrouver les responsables et venger sa mort, il se tourne vers un membre du gouvernement irlandais haut placé, Liam Hennessy, qui a, tout comme lui, un passé trouble… Alors que Quan s’engage dans un chassé-croisé de plus en plus tendu avec Hennessy, il va voir ressurgir ce qu’il croyait avoir enfoui en lui de plus sombre…

Âgé aujourd’hui de plus de 60 ans, Jackie Chan se trouve encore obligé de démontrer qu’il est avant tout comédien et pas seulement une star du film d’action. Fatigué qu’on lui propose toujours le même type de rôle, à savoir « le flic de Hong Kong qui débarque aux Etats-Unis où il doit faire équipe avec un de ses confrères américain », l’acteur chinois semblait perdre espoir. Vingt ans après Rush Hour et Shanghai Kid, la carrière américaine de Jackie Chan faisait peine à voir avec Le Smoking, Le Médaillon, une voix récurrente dans la trilogie Kung Fu Panda, un remake de Karate Kid (énorme succès), Kung Fu Nanny. Heureusement, de retour dans son pays, le comédien aura retrouvé ses galons avec New Police Story, Chinese Zodiac, Kung Fu Yoga et Shinjuku Incident – Guerre de gangs à Tokyo. A croire que même les distributeurs manquent d’imagination en associant le kung-fu au nom de l’acteur. C’est donc avec un très grand plaisir que l’on retrouve Jackie Chan en haut de l’affiche du dernier long métrage du néo-zélandais Martin Campbell. Le réalisateur de GoldenEye (1995), Le Masque de Zorro (1998), Casino Royale (2006) et Hors de contrôle (2010) signe son grand retour derrière la caméra, six ans après la débâcle Green Lantern, conspué par la critique et échec commercial. Après un détour par la télévision, Martin Campbell prouve avec The Foreigner qu’il en a encore sous le capot à 74 ans. Non seulement ça, il offre enfin à Jackie Chan un de ses meilleurs rôles à ce jour. C’est aussi l’occasion pour Martin Campbell de diriger à nouveau Pierce Brosnan, 23 ans après GoldenEye, au top de son charisme et que l’on a également plaisir à retrouver.

Ngoc Minh Quan (Jackie Chan donc) est un restaurateur britannique d’origine asiatique vit paisiblement à Londres où il s’occupe de sa fille unique, Fan. Un jour, une bombe éclate au coeur de Londres, tuant Fan sur le coup et devant les yeux de Quan. L’attentat est revendiqué par un groupe qui se nomme « IRA authentique ». Quan, malgré son chagrin, cherche à savoir qui a tué sa fille. Il apprend que Liam Hennessy (Pierce Brosnan), vice-Premier ministre de l’Irlande du Nord en poste à Belfast, reconnaît son engagement dans de très anciennes opérations de l’IRA, mais qu’il milite dorénavant pour la sauvegarde des accords de paix. Hennessy affirme ignorer qui a orchestré l’attentat, mais Quan en doute. Hennessy négocie avec une importante femme politique britannique et lui promet des résultats concrets en échange de la grâce d’anciens membres de l’IRA. Il rencontre ensuite d’influents membres de l’IRA et exige qu’ils procèdent au décompte des armes et des explosifs dans toutes les caches de l’organisation. De son côté, Quan débarque à Belfast, bien décidé à aller jusqu’au bout de sa vengeance.

Méfiez-vous des modestes propriétaires de restaurants de Chinatown, il se peut qu’il soit un ancien membre des Forces Spéciales ! Adapté du roman britannique The Chinaman de Stephen Leather (1992), The Foreigner est un thriller carré, propre et excellemment mis en scène, qui n’est pas sans rappeler Hors de contrôle du même metteur en scène, dans lequel Mel Gibson jouait un inspecteur de police qui se mettait à la recherche des assassins de sa fille. Si l’ensemble manque parfois de rythme sur près de deux heures et que le film est étonnamment avare en scènes d’action, cette association Campbell-Chan-Brosnan se laisse suivre très agréablement grâce au charisme et au talent des comédiens, à la mise en scène très inspirée du réalisateur, à la photo glacée de David Tattersall (La Ligne verte, Speed Racer, la prélogie Star Wars) et à la sécheresse étonnante du récit sur fond d’actes terroristes.

Certes, Jackie Chan a quelques occasions de montrer qu’il tient toujours la forme, mais ses scènes « physiques » sont restreintes et l’acteur signe avant tout une vraie performance. Visage fermé et marqué (l’acteur a été vieilli grâce au maquillage), dos voûté et démarche lente, regard éteint, froid, avec très peu de dialogues, Jachie Chan impressionne à chaque apparition. Même chose pour Pierce Brosnan, qui retrouve de sa superbe après s’être égaré dans quelques DTV plus ou moins recommandables. Les deux têtes d’affiche ont finalement très peu de scènes en commun, mais la confrontation fonctionne et les personnages sont aussi ambigus que passionnants à suivre dans leur quête respective. Heureux de voir que tous ces vétérans du film d’action ne sont pas prêts à raccrocher les gants.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de The Foreigner, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé, sobre et musical.

On pouvait s’attendre à plus qu’un tout petit making of de 7’30 ! Par ailleurs, les images de tournage sont rares et ce module compile essentiellement les propos de Jackie Chan, Martin Campbell et Pierce Brosnan. Le premier tacle gentiment Hollywood qui ne lui « propose jamais de bons rôles » et déclare que The Foreigner lui permet enfin de changer de registre, loin des comédies d’action qu’on lui offre continuellement. Le réalisateur se penche sur le travail avec les deux comédiens, tandis que Pierce Brosnan ne tarit pas d’éloges sur son partenaire et celui a contribué à faire de lui le successeur de Timothy Dalton dans le costume de James Bond.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.

L’Image et le son

L’éditeur soigne son master HD, absolument exemplaire. Les contrastes sont d’une densité jamais démentie, y compris sur les séquences sombres où l’image est tout aussi affûtée. La clarté demeure frappante, les noirs sont profonds, le piqué aiguisé, les gros plans détaillés et la colorimétrie reste vive et froide. Les détails sont légion aux quatre coins du cadre large. Ce Blu-ray offre d’excellentes conditions pour revoir le film de Martin Campbell et profiter de la photographie signée David Tattersall. L’apport HD sur ce titre est évidemment indispensable.

Comme pour l’image, l’éditeur a soigné le confort acoustique et livre deux mixages DTS-HD Master Audio 5.1 français et anglais, autant dans les scènes d’affrontements secs que dans les séquences plus calmes. Les quelques pics de violence peuvent compter sur une balance impressionnante des frontales comme des latérales, avec les balles qui environnent le spectateur. Les effets annexes sont très présents et dynamiques, les voix solidement exsudées par la centrale, tandis que le caisson de basses souligne efficacement chacune des actions au moment opportun. La spatialisation est en parfaite adéquation avec le ton du film. L’éditeur joint également les sous-titres français, destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Metropolitan FilmExport / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

 

Test Blu-ray / Le Musée des Merveilles, réalisé par Todd Haynes

LE MUSÉE DES MERVEILLES (Wonderstruck) réalisé par Todd Haynes, disponible en DVD et Blu-ray chez Metropolitan Vidéo le 21 mars 2018

Avec :  Oakes Fegley, Julianne Moore, Michelle Williams, Millicent Simmonds, Jaden Michael, Tom Noonan, Amy Hargreaves, Morgan Turner, Sawyer Nunes, James Urbaniak…

Scénario : Brian Selznick d’après son livre « Black Out » (« Wonderstruck »)

Photographie : Edward Lachman

Musique : Carter Burwell

Durée : 1h56

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

A la découverte, sur deux époques distinctes, des parcours de Ben et Rose. Ces deux enfants souhaitent secrètement que leur vie soit différente. Ben rêve du père qu’il n’a jamais connu, tandis que Rose, isolée par sa surdité, se passionne pour la carrière d’une mystérieuse actrice, Lillian Mayhew. Lorsque Ben découvre dans les affaires de sa mère, Elaine, l’indice qui pourrait le conduire à son père et que Rose apprend que son idole sera bientôt sur scène, les deux enfants se lancent dans une quête à la symétrie fascinante qui va les mener à New York…

Depuis dix ans, le réalisateur Todd Haynes n’a pas chômé. Après I’m not there, son faux biopic sur Bob Dylan, sa minisérie Mildred Pierce avec Kate Winslet et Evan Rachel Wood, un épisode de la série Enlightened, un segment du documentaire collectif Six by Sondheim consacré au compositeur Stephen Sondheim, la production des films de Kelly Reichardt, le merveilleux Carol avec Cate Blanchett et Rooney Mara, le cinéaste californien revient déjà à la mise en scène deux ans après sa Queer Palm. Le Musée des merveilles est tiré du roman graphique Black Out (Wonderstruck) de Brian Selznick, publié en 2011. L’auteur de L’Invention de Hugo Cabret, transposé à l’écran en 2011 par Martin Scorsese et médaille Caldecott, prix attribué à l’illustrateur du meilleur livre pour enfants de l’année aux Etats-Unis, adapte lui-même son œuvre pour le grand écran. Son immense talent allié à celui de Todd Haynes donne naissance à un superbe drame romanesque destiné autant aux adultes qu’aux enfants, par ailleurs largement conseillé à ces derniers pour les sensibiliser à la grammaire cinématographique puisqu’une bonne partie du film rend hommage au cinéma muet.

Présenté en compétition au Festival de Cannes en 2017, Le Musée des MerveillesWonderstruck marque la quatrième collaboration entre Todd Haynes et la comédienne Julianne Moore après Safe (1995), Loin du paradis (2002) et I’m not there (2007). S’il n’a étonnamment pas convaincu le Jury, plus préoccupé à récompenser des films sans intérêt et nombrilistes comme The Square, le septième long métrage du réalisateur de Velvet Goldmine aura pourtant ému la critique. Les spectateurs qui auront la chance de le découvrir risquent de ne pas l’oublier de sitôt.

Todd Haynes a lui-même qualifié Le Musée des Merveilles comme un acid trip for kids  en indiquant « Il y a deux histoires qui s’entremêlent, s’emmêlent, quelque chose de mystérieux et d’étrange se produit, aux intersections des deux univers, à la limite d’une altération de nos perceptions spatio-temporelles. Le fait que les deux héros soient sourds et perçoivent donc le monde de manière parcellaire a un impact direct sur la façon de regarder le film, de ressentir les silences, les musiques, en particulier le contraste entre la surdité de Ben et le brouhaha de la partie 70’s ». Du point de vue formel, Todd Haynes, épaulé par son fidèle chef opérateur Edward Lachman et de sa complice Sandy Powell, chef costumière, reconstitue les années 1920 (en N&B) et les années 1970 (en couleur) avec une virtuosité de chaque instant. La mise en scène subjugue à chaque plan, le grain de la pellicule flatte les sens, la beauté du cadre laisse pantois d’admiration, la composition de Carter Burwell donne le frisson.

A l’instar de Hugo Cabret, le récit de Brian Selznick plonge les enfants dans une quête initiatique, séparés par cinquante années, dont on sait que les itinéraires se croiseront forcément ou se rejoindront autour d’un sujet commun lié au Muséum d’histoire naturelle de New York. Ces deux héros sont interprétés par les jeunes comédiens Oakes Fegley, qui incarnait Peter dans le remake de Peter et Elliott le dragon, et Millicent Simmonds, magnétique et bouleversante actrice de 13 ans réellement atteinte de surdité, qui livre une remarquable prestation pour sa première apparition à l’écran. Quant à Julianne Moore, présente dans les deux parties du film, elle arrache les larmes et foudroie à chaque apparition, jusqu’à un dernier acte sublime de délicatesse, qui se déroule au Queens Museum, au sein même de la maquette géante du panorama de New York, clou de l’Exposition universelle de 1964.

Les thématiques du cinéma de Todd Haynes, la monotonie du quotidien, comment assumer sa solitude, le droit à la différence, la peur du regard des autres, la marginalisation sont au coeur du Musée des Merveilles. Porté par un amour insatiable du cinéma, par sa capacité à émouvoir et à emporter les spectateurs dans une aventure faite d’amour, d’espoir, d’amitié et d’entraide, cette invitation au voyage s’impose instantanément comme un futur film de chevet vers lequel on reviendra en cas de coup de blues. Merci Todd Haynes, merci Brian Selznick.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray du Musée des Merveilles, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est étonnamment sobre, fixe et musical.

Cette édition comporte tout d’abord six modules consacrés au tournage du film avec pour sujets le Cabinet des curiosités (4’), le personnage de Millie (7’30), les Miniatures (4’), le Musée d’histoire naturelle (5’30), la maquette de New York (5’) et la reconstitution des années 1920 et 1970 (6’). Le réalisateur Todd Haynes, l’écrivain et scénariste Brian Selznick, la chef costumière Sandy Powell, le directeur de la photographie Edward Lachman et bien d’autres intervenants reviennent sur la genèse, la conception et le tournage du Musée des Merveilles. Ne manquez pas le segment sur la création des dioramas, qui a nécessité pas loin de trois mois de prises de vues. Les thèmes du film, les partis pris, les intentions, l’interprétation des deux jeunes comédiens, les accessoires, la construction des décors sont abordés avec simplicité et générosité.

S’ajoutent à ces bonus quelques bandes-annonces et surtout un entretien avec Todd Haynes (19’30) qui revient sur tous les sujets précédemment couverts dans les suppléments précédents, tout en indiquant comme s’est déroulé le tournage et le montage. Todd Haynes intervient également sur l’adaptation du livre de Brian Selznick, l’utilisation de la chanson Space Oddity de David Bowie, la notion du temps, les personnages, la photo et sur les films qui l’ont inspiré, dont le Roméo et Juliette de Franco Zeffirelli (1968) ou Miracle en Alabama d’Arthur Penn (1962).

L’Image et le son

Grands défenseurs du tournage en 35mm, le réalisateur Todd Haynes et le chef opérateur Edward Lachman ont néanmoins décidé de tourner Le Musée des Merveilles en partie en numérique. Afin de conserver une image proche de la pellicule, leur choix s’est porté sur la caméra Arri Alexa pour la partie années 1970, tandis que les séquences en N&B des années 1920 ont bel et bien été tournées en Arricam et Arriflex. Ces partis pris couplés au format 2.40 donnent à la photographie un aspect argentique très élégant. Le master HD concocté par Metropolitan est sublime. Les couleurs sont étincelantes, le piqué aiguisé comme la lame d’un scalpel et les détails foisonnent du début à la fin. De jour comme de nuit, y compris sur les séquences tamisées, l’élévation Haute-Définition est omniprésent, évident et indispensable. On en prend plein les yeux avec ce cadre large à la profondeur de champ inouïe et des contrastes d’une densité jamais démentie.

Vous pouvez compter sur les deux mixages DTS-HD Master Audio anglais et français pour vous plonger dans l’atmosphère du film. Toutes les enceintes sont sollicitées, les voix sont très imposantes sur la centrale dans la partie années 1970 et se lient à merveille avec la balance frontale, riche et dense, ainsi que les enceintes latérales qui distillent quelques ambiances naturelles et effets percutants, sans oublier la magnifique partition de Carter Burwell, excellemment restituée. Le caisson de basses distille également quelques vibrations. Sans surprise, la version originale l’emporte sur la piste française et se révèle plus naturelle et homogène. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés aux spectateurs sourds et malentendants, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Metropolitan FilmExport / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test DVD / Liaisons à New York, réalisé par Marc Webb

LIAISONS À NEW YORK (The Only Living Boy in New York) réalisé par Marc Webb, disponible en DVD chez Metropolitan Vidéo le 21 février 2018

Avec :  Callum Turner, Kate Beckinsale, Jeff Bridges, Pierce Brosnan, Cynthia Nixon, Kiersey Clemons, Debi Mazar, Tate Donovan, Wallace Shawn…

Scénario : Allan Loeb

Photographie : Stuart Dryburgh

Musique : Rob Simonsen

Durée : 1h25

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Thomas Webb, vient de décrocher son diplôme universitaire et tente désormais de trouver sa place dans le monde. Le jeune homme se lie d’amitié avec son voisin, un écrivain excentrique, qui devient pour lui une sorte de mentor. Thomas fait un jour la connaissance de la maîtresse de son père, très vite une relation charnelle s’installe entre eux, bouleversant sa vie et ses convictions.

Révélé en 2009 par le désormais culte (500) jours ensemble, avec Joseph Gordon-Levitt et Zooey Deschanel, le réalisateur Marc Webb, venu du clip-vidéo, a immédiatement été convoité par les studios hollywoodiens. Pour son second long métrage, il fait son entrée par la très grande porte en se voyant confier un budget de 230 millions de dollars pour rebooter la franchise Spider-Man. The Amazing Spider-Man sort sur les écrans en 2012 et engrange plus de 750 millions de dollars de recette. La suite est évidemment lancée, mais le résultat sera beaucoup plus mitigé artistiquement parlant. Si le tiroir-caisse est rempli une fois de plus, le succès est moindre, la critique désastreuse et le bouche-à-oreille très négatif. Osons le dire, The Amazing Spider-Man 2 est l’un des pires films de super-héros et s’apparente le plus souvent à jeu vidéo destiné aux enfants et aux adolescents. Bye bye Marc Webb qui finalement ne pourra pas réaliser de trilogie consacrée à l’Homme-Araignée, d’autant plus que les pourparlers étaient déjà en cours entre Sony et Marvel pour rapatrier le héros à la maison mère. Après un détour par la série télévisée (Limitless, Crazy Ex-Girlfriend), Marc Webb signe son retour au cinéma avec deux très beaux films à petit budget, deux réussites. Le premier, Mary (Gifted), bénéficie d’une sortie dans les salles françaises et offre à Chris Evans l’occasion de montrer qu’il n’est pas que Captain America. Mais celui qui nous intéresse ici est plus confidentiel et débarque directement dans les bacs en France. Il s’agit de Liaisons à New YorkThe Only Living Boy in New York.

Thomas Webb, un étudiant fraichement diplômé issu d’une riche famille d’éditeurs New Yorkais, rêve en secret de devenir écrivain. Velléitaires et souvent maladroit avec les filles, c’est encore un adolescent dans sa tête… jusqu’au jour où il surprend son père en plein rendez-vous romantique avec une très belle femme. Voulant protéger sa mère de nature fragile, il décide de ne rien lui dire. Obsédée par cette vision, il décide de découvrir l’identité de cette liaison extra-conjugale et parvient très vite à faire la connaissance de Johanna. Contre toute attente, elle décide de faire de Thomas son autre amant. Tiraillé entre morale et passion, Thomas va vivre de façon tumultueuse son entrée dans l’âge adulte.

Le titre renvoie à la chanson éponyme des mythiques Simon & Garfunkel. Rien d’étonnant puisque le scénariste éclectique Allan Loeb (Las Vegas 21, Wall Street: l’argent ne dort jamais, Beauté cachée) n’a jamais caché son admiration pour le cinéma de Mike Nichols, en particulier pour Le Lauréat, dont Liaisons à New York est comme qui dirait une relecture. Le spectre du Graduate plane donc sur ce récit initiatique où l’on suit le parcours de Thomas Webb, interprété par le sympathique Callum Turner (Assassin’s Creed), qui rappelle furieusement Richard Gere dans ses jeunes années. Partagé entre son amour pour la jeune et jolie Mimi (Kiersey Clemons) et sa découverte de la sexualité avec la maîtresse de son père, incarnée par la divine Kate Beckinsale, Thomas se retrouve au premier carrefour de sa vie puisqu’il doit également choisir sa profession. Rêvant de devenir écrivain, mais refroidi par les propos de son père éditeur (Pierce Brosnan), Thomas ne peut même pas compter sur sa mère (Cynthia Nixon), femme dépressive. Alors quand Thomas surprend son paternel avec une autre femme, ses piliers déjà fragiles s’écroulent véritablement. Le seul soutien qu’il trouve est en la personne de son nouveau voisin (Jeff Bridges), qui va très vite devenir son confident et tenter de lui montrer qu’il peut et doit être le seul à décider de sa propre vie. Pour cela, il doit tout d’abord apprendre, comprendre et savoir ce qu’il souhaite réellement faire de sa propre existence, plutôt que de se préoccuper de celles et de ceux qui l’entourent.

Comme pour (500) jours ensemble et Mary, Liaisons à New York témoigne de l’immense sensibilité de Marc Webb, qui livre une comédie dramatique finement écrite, intimiste, délicate, très bien réalisée et interprétée. Malgré un twist qui arrive un peu comme un cheveu sur la soupe, il serait dommage de passer à côté de cette histoire très attachante.

LE DVD

Le test du DVD de Liaisons à New -York, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est fixe et musical. Jaquette élégante.

Peu de choses à se mettre sous la dent dans la section des bonus. Trois featurettes promotionnelles (11’ au total), donnent brièvement la parole au scénariste, au réalisateur, au chef-opérateur, aux producteurs et aux comédiens. Chacun revient sur le dilemme des personnages et le tournage à New York. On apprend que le scénario avait été écrit en 2004, que Le Lauréat est évidemment une source d’inspiration pour Allan Loeb et que la production a imposé un tournage écolo-responsable.

L’Image et le son

Pas d’édition HD pour Liaisons à New York. Ce master offre des conditions de visionnage banales et sans esbroufe. La colorimétrie est plutôt bien agencée, mais la définition demeure passable, même sur les quelques plans rapprochés. La clarté est de mise, les contrastes corrects, cependant le piqué manque de précision et certaines séquences apparaissent plus ternes que d’autres. Néanmoins, ce DTV chez un autre éditeur n’aurait pas connu le même traitement technique ou même une sortie dans les bacs.

Liaisons à New York n’est pas à proprement parler d’un film à effets, mais les pistes anglaise et française Dolby Digital 5.1 parviennent à distiller ici et là quelques ambiances. La plupart des séquences reposent sur les dialogues et les mixages se concentrent souvent sur les enceintes avant. Il ne faut pas vous attendre à des effets explosifs, la spatialisation est essentiellement musicale, les effets latéraux sont rares (à part la cacophonie new-yorkaise) et le caisson de basses reste au point mort. Les voix des comédiens sont ardentes en version originale, tout comme en français, même si cette piste les met un peu trop à l’avant. Le confort acoustique est assuré tout du long.

Crédits images : © AMAZON CONTENT SERVICES LLC. / Metropolitan Filmexport /  Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test Blu-ray / Leatherface, réalisé par Julien Maury et Alexandre Bustillo

LEATHERFACE réalisé par Julien Maury et Alexandre Bustillo, disponible en DVD et Blu-ray chez Métropolitan Vidéo le 2 janvier 2018

Acteurs :  Stephen Dorff, Lili Taylor, Sam Strike, Vanessa Grasse, Finn Jones, Sam Coleman, Jessica Madsen, James Bloor, Christopher Adamson…

Scénario : Seth M. Sherwood

Photographie : Antoine Sanier

Musique : John Frizzell

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

La famille Sawyer sème la terreur au Texas. Leur plus jeune enfant est envoyé en hôpital psychiatrique après avoir reçu comme cadeau d’anniversaire une tronçonneuse qu’il essaya dès l’ouverture du paquet sur une des proies de la famille. Des années plus tard, le garçon s’échappe de l’hôpital psychiatrique où il était interné avec quelques patients déviants et une infirmière prise en otage. Semant la terreur sur les routes, ils sont poursuivis par un shérif dont la fille a été victime de la famille tronçonneuse. Qui parmi les criminels deviendra le terrifiant « Leatherface » ?

Alors c’est ça le fameux Leatherface ? Huitième film de la franchise initiée par Tobe Hooper en 1974 avec le cultissime Massacre à la tronçonneuse, qui comprend trois suites (inégales), Massacre à la tronçonneuse 2 (Tobe Hooper, 1986), Massacre à la tronçonneuse 3 : Leatherface (Jeff Burr, 1990), Massacre à la tronçonneuse 4 : La Nouvelle Génération (Kim Henkel, 1994), un remake éponyme du film original, réalisé par Marcus Nispel en 2003, une préquelle de ce dernier, Massacre à la tronçonneuse : Le Commencement (Jonathan Liebesman, 2006), sans oublier une autre suite tardive qui s’immisce entre le premier et le second volet, Texas Chainsaw 3D, mis en scène par John Luessenhop en 2013. Pour réaliser ce nouvel opus de la saga, les cinéastes français Julien Maury et Alexandre Bustillo, metteurs en scène d’A l’intérieur (2007), Livide (2011) et Aux yeux des vivants (2014) ont été choisis par la société Millenium Films. Si le film vaut bien mieux que le précédent volet, Leatherface souffre néanmoins d’un manque d’intérêt flagrant et pâtit de sa reprise en main par le studio qui l’a taillé dans le vif en lui retirant sa moelle épinière, préférant se focaliser sur l’aspect horrifique. Privé d’une sortie dans les salles en France, c’est ici qu’apparaît l’importance de découvrir Leatherface en Blu-ray et DVD, qui proposent près d’une demi-heure de séquences coupées, qui contiennent la sève du film original de Maury/Bustillo, à savoir l’émotion, la motivation des personnages, ainsi qu’une séquence finale bien plus ambitieuse, tordue et percutante que celle finalement imposée par la production.

Alors que la terrifiante famille Sawyer est soupçonnée d’avoir assassiné la fille du shérif Hartman, le fils cadet est enlevé à sa mère et placé en asile psychiatrique. Devenu adolescent, ce dernier profite d’une mutinerie pour s’échapper de l’asile avec trois autres psychopathes qui prennent en otage une jeune infirmière. La petite bande s’engage alors dans une balade sauvage, semant la mort partout où ils passent. Le Shérif Hartman, assoiffé de vengeance, se lance à leur poursuite. De cette chasse à l’homme sanglante émergera le tueur à la tronçonneuse et au masque de cuir.

Puisqu’il faut juger le résultat final, autrement dit le film officiel présenté au public, autrement dit en DTV chez nous, alors Leatherface n’est pas un bon film. Et en même temps, il n’est pas mauvais, du moins pas autant de ce qu’on a pu entendre depuis les premiers retours. Leatherface est un film malade, dans le sens où la griffe des deux réalisateurs se ressent, mais apparaît étrangement émoussée et de façon involontaire. Si l’on pourra reprocher certains choix esthétiques, comme cette photo jaune dispensable, le cadre est soigné, la direction d’acteurs irréprochable et certaines séquences font leur effet. Néanmoins, s’il était prometteur sur le papier de découvrir les origines du tueur de Massacre à la tronçonneuse, Leatherface ne tient pas ses promesses. Mais encore une fois, tout n’est pas à jeter.

En dehors d’un générique qui faisait habilement le lien avec Massacre à la tronçonneuse premier du nom, un caméo sympatoche de Marilyn Burns et de Gunnar Hansen, il n’y avait pas grand-chose à retenir de Texas Chainsaw 3D, slasher classique qui surfait de façon opportuniste sur la vague relief initiée par Avatar de James Cameron. Les comédiens étaient plutôt mauvais (même si Alexandra Daddario était certes plaisante à regarder), les personnages dépourvus d’intérêt, et l’on piétinait d’impatience de les voir se faire massacrer par un Leatherface pataud, finalement plus drôle qu’inquiétant. Pas de ça chez Maury/Bustillo. Quelque chose de malsain parcourt leur film et c’est tout en leur honneur. Ici, pas de comédiennes maquillées comme des pandas, affublées de wonderbras et de jean-slim qui les empêchent de courir (en moulinant des bras), d’acteurs au look de Ken, semi-rictus et dents blanches éclatantes, chemise ouverte, qui se la pètent et qui finalement se réfugient derrière leur nana quand ils ont peur. Pas d’actrices filmées à hauteur des fesses, qui trébuchent dans les marches, qui rentrent le ventre et qui se cachent derrière un ficus pour échapper au texan frappadingue. Maury/Bustillo s’intéressent à leurs personnages et jouent à une partie de Qui est-ce ? dans le sens où un jeu s’installe avec les spectateurs pour lui faire deviner lequel des personnages sera celui que l’on nommera Leatherface. Certes, on devine assez vite la réponse, mais les deux cinéastes s’amusent autant qu’ils rendent hommage au film original, ainsi qu’à divers films qui les ont inspirés, comme American History X, Tueurs Nés et Hannibal, en faisant de leur mieux avec un budget serré et un tournage…en Bulgarie !

Le gros problème de Leatherface est d’adopter le ton d’un road-movie avec un rythme en dents de scie (électrique), après un épisode de mutinerie qui rappelle involontairement La Carapate de Gérard Oury. On peut trouver le temps long et si quelques effets gores sont particulièrement sympathiques et efficaces, l’intrigue, écrite par Seth M. Sherwood (l’auteur du nanar sympathique La Chute de Londres) s’essouffle très vite et n’installe rien, ou pas assez, pas grand-chose. Néanmoins, l’interprétation vaut le déplacement, notamment Stephen Dorff, excellent Texas Ranger, dont le rôle a néanmoins souffert de coupes au montage, ainsi que Lili Taylor, particulièrement glaçante dans le rôle de Verna Sawyer, la « môman » de Leatherface himself. En tant que tel, Leatherface n’est pas repoussant et contentera celles et ceux qui voudront s’installer avec des potes devant un spectacle divertissant, pour une soirée film-pizza-bière. C’est juste une œuvre frustrante, car si l’on sent le feu qui anime Maury/Bustillo à quelques reprises, il n’en demeure finalement que quelques braises et pas assez d’éléments pour distinguer cette œuvre du tout-venant du genre. Pas un nanar, pas un navet, juste un film d’horreur banal comme il en sort à la pelle chaque année. 

LE BLU-RAY

Le test de l’édition Haute-Définition de Leatherface, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

L’interactivité de ce Blu-ray s’ouvre sur une interview de Julien Maury et Alexandre Bustillo (26’). Installés au premier rang d’une salle de cinéma, les deux réalisateurs expliquent avec franchise et humilité, comment ils ont été dépossédés de leur film. Car, comme ils le disent posément, les producteurs exécutifs ont le final cut aux Etats-Unis et peuvent reprendre entièrement le film si les deux montages présentés par le metteur en scène ne leur conviennent pas. C’est ce qui s’est passé pour Leatherface, dont la fin originale a notamment été jugée trop déviante. Pourtant, Maury et Bustillo paraissent sereins et reviennent sur chaque étape du tournage et de sa production, ainsi que sur les premiers retours des spectateurs. Les deux réalisateurs déclarent avoir essayé d’apporter ce qu’ils aiment dans le genre à cette franchise qu’ils affectionnent tout particulièrement, en reprenant le scénario qui leur était proposé et qu’ils trouvaient à l’origine trop violent. On sent également que Maury et Bustillo ont le respect des spectateurs, qu’ils espèrent les surprendre le plus possible (ce qui est le plus difficile à faire aujourd’hui), quitte à les emmener là où ils ne s’y attendaient pas. Ils passent en revue les thèmes du film, le casting, les conditions de tournage, soit quatre semaines et demi en Bulgarie (assez libres dans leurs intentions, avec le soutien du casting et de l’équipe technique majoritairement européenne), en indiquant avoir traité le film à leur manière en prenant comme référence La Balade sauvage de Terrence Malick et…Virgin Suicides de Sofia Coppola ! Enfin, Maury et Bustillo s’expriment sur les décisions des producteurs et les changements apportés à leur travail. Au final, les deux réalisateurs estiment que cette expérience américaine est positive malgré tout, estimant qu’ils savaient d’entrée de jeu qu’ils pouvaient perdre le contrôle de leur film. La disparition de Tobe Hooper (producteur exécutif ici), que les deux cinéastes n’ont finalement pas pu rencontrer, le lendemain de la première du film à Londres, est également abordée.

Le making of (13’) ne laisse rien apparaître des problèmes en postproduction. Entièrement promotionnel, les producteurs, le scénariste, les réalisateurs, le chef opérateur et les comédiens se livrent à l’exercice face caméra, dans un module destiné à vendre Leatherface, ses enjeux et sa place dans la saga initiée par Tobe Hooper. Le casting, les personnages, les effets visuels, les partis pris esthétiques sont passés au peigne fin.

L’un des gros morceaux de cette section est bien évidemment celui consacré aux séquences coupées (25’), brutes et non étalonnées. Huit scènes au total, dont une ouverture et une fin alternatives. Sans trop dévoiler ce que vous trouverez ici, sachez tout de même que le final original tourné par Maury et Bustillo, est absolument sensationnel, étouffant (car tout se déroulait dans la maison et non dans les bois) et couillu. On comprend d’ailleurs pourquoi les producteurs ont pris peur en la voyant.

Mais c’est aussi devant tout ce matériel laissé sur le banc de montage qu’on se rend compte du vrai boulot des cinéastes, qui s’intéressaient aussi et avant tout à la psychologique des personnages, en particulier celui du Texas Ranger interprété par l’excellent Stephen Dorff. Dans une scène coupée, Hal Hartman s’entretient avec son fils (qui deviendra également Texas Ranger dans Texas Chainsaw 3D) en rentrant chez lui pour prendre une carabine. Ils prennent une bière ensemble sur le perron, le fils indiquant à son père qu’il souhaite également l’aider dans sa quête de vengeance. Son père refuse. Une autre séquence montrait Hartman venir se recueillir sur la tombe de sa fille, avant de se mettre à pleurer.

Même chose pour le personnage de Jackson, dont les troubles de la personnalité sont nettement plus marqués, notamment quand le jeune homme dit à Lizzy qu’il ne se rappelle plus de ses actes violents et qu’une partie de lui disparaît chaque fois que cela arrive. Refusant de plonger dans cet état, Jackson demande à Lizzy de ne pas le laisser faire de mal.

Pas étonnant que les studios aient vu rouge devant ces séquences qui « osaient » s’intéresser aux personnages, puisque les producteurs voulaient se concentrer avant tout sur l’aspect horrifique de l’histoire. Dommage pour eux, dommage pour nous, mais heureusement que le Blu-ray est là pour donner un bel aperçu de la vision des réalisateurs.

Julien Maury et Alexandre Bustillo sont de retour dans leur salle de projection privée, afin de commenter l’ouverture et la fin alternatives, ainsi que les deux séquences coupées avec Stephen Dorff (13’30). L’occasion pour les deux réalisateurs de se pencher un peu plus sur leurs intentions et partis pris, qui n’ont malheureusement pas convaincu les producteurs.

L’interactivité se clôt sur un artbook défilant (3’), 118 pages de storyboard illustrant dix séquences spécifiques du film, ainsi que les bandes annonces censurée/non censurée de Leatherface.

Et n’oubliez pas le petit bonus caché amusant (placez le curseur sur la tronçonneuse en bas à droite de la page des suppléments, puis validez), dans lequel Maury et Bustillo se retrouvent face à une tronçonneuse mise à leur disposition, avec pour enjeu de la mettre en route !

L’Image et le son

Leatherface débarque donc directement dans les bacs. Heureusement, le titre atterrit dans l’escarcelle de Metropolitan Vidéo. A cette occasion, l’éditeur semble repousser une fois de plus les limites de la HD avec cette superbe édition Blu-ray. La patine est délicate et léchée durant 1h30, les partis pris merveilleusement rendus. C’est un quasi-sans-faute technique : relief, colorimétrie (jaune-orangée), piqué (acéré), contrastes (impressionnants), densité des noirs, on en prend plein les yeux, autant dans les scènes de nuit (très nombreuses) que les séquences diurnes. Chaque détail aux quatre coins du cadre large est aussi saisissant qu’étourdissant. Ce transfert immaculé soutenu par une compression AVC solide comme un roc laisse souvent pantois, en particulier sur les gros plans des comédiens.

Dès la première séquence, l’ensemble des enceintes des pistes anglaise et française DTS-HD Master Audio 5.1 est mis à contribution. Les ambiances fusent, la musique bénéficie d’un traitement de faveur avec une belle ouverture, plongeant le spectateur dans l’ambiance. Seuls les dialogues sur la version originale manquent d’ardeur sur la centrale par rapport à la piste française qui de son côté délivre les voix avec plus de peps. Les effets sont très bien spatialisés. A ce titre, c’est la tronçonneuse qui prédomine dans la dernière partie, ce qui risque de décontenancer votre voisinage si vous visionnez le film le soir… N’oublions pas le caisson de basses, qui se mêle à ce spectacle acoustique, y compris dans la séquence de mutinerie.

Crédits images : © Metropolitan Vidéo / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Song to Song, réalisé par Terrence Malick

SONG TO SONG réalisé par Terrence Malick, disponible en DVD et Blu-ray le 1er décembre 2017 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs :  Michael Fassbender, Ryan Gosling, Rooney Mara, Natalie Portman, Cate Blanchett, Holly Hunter, Bérénice Marlohe, Val Kilmer, Lykke Li, Iggy Pop, Patti Smith, John Lydon…

ScénarioTerrence Malick

Photographie : Emmanuel Lubezki

Musique : Christopher Bezold

Durée : 2h09

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Une histoire d’amour moderne, sur la scène musicale d’Austin au Texas, deux couples – d’un côté Faye et le chanteur BV, et de l’autre un magnat de l’industrie musicale et une serveuse – voient leurs destins et leurs amours se mêler, alors que chacun cherche le succès dans cet univers rock’n’roll fait de séduction et de trahison.

Alors que 20 ans séparaient Les Moissons du ciel et La Ligne rouge, Terrence Malick a pris un nouvel envol depuis le triomphe de The Tree of Life (Palme d’or au Festival de Cannes en 2011) puisque seulement deux ans ont séparé les sorties de ce dernier et A la merveille, soit l’écart le plus court entre deux films pour Terrence Malick. Premier opus d’une trilogie « sur la vie », le film reprenait les motifs merveilleusement installés dans The Tree of Life, sans jamais parvenir à retrouver la magie qui s’en dégageait. Sorti en 2015, Knight of Cups était encore plus hermétique et les fans du cinéaste de la première heure commençaient sérieusement à désespérer de le voir à nouveau inspirer. Certains ont même commencé à lui tourner le dos et à prendre la poudre d’escampette. Après un documentaire intitulé Voyage of time : au fil de la vie, narré par Brad Pitt dans la version IMAX et par Cate Blanchett dans la version 35-millimètres, le nouveau Terrence Malick est arrivé dans les salles avec beaucoup d’appréhensions. Il s’agit de Song to Song, qui a changé de titres au fil du tournage (Lawless, Weightless), dont les prises de vue avaient démarré en 2012 et qui se sont étendues sur deux années. C’est un miracle. La réaction chimique qui se créait en visionnant The Tree of Life, est là. Alors qu’A la merveille et Knight of Cups faisaient penser à un montage de « scènes coupées » de The Tree of Life, Song to Song semble être le film que recherchait Terrence Malick à travers ses deux films précédents. Si Song to Song reste indéniablement lié sur le fond (la foi, le souvenir, la passion qui se délite, la solitude, la mélancolie) comme sur la forme aux deux films précédents, il y a en plus ce dont ils étaient dépourvus, l’émotion.

Ça été long, mais nous voilà bien récompensés ! En effet, Song to Song est non seulement une nouvelle expérience sensorielle, mais également un rollercoaster d’émotions, celles qui nous avaient tant subjugués dans The Tree of Life. Puzzle visuel, voix-off qui s’entrelacent, caméra en apesanteur, décors sublimes filmés en lumière naturelle, Song to Song respecte le cahier des charges établi par le cinéaste lui-même avec sa Palme d’Or, tout en s’affranchissant de toutes les autres règles, mais parvient enfin à faire exister ses personnages, dont on se désintéressait totalement dans ses deux derniers longs métrages. Terrence Malick reprend la même structure patchwork poétique, pudique, sensible et lyrique, ainsi que sa caméra légère, aérienne, qui virevolte et caresse les personnages. Alors certes l’usage de plusieurs voix-off demeure franchement dispensables, mais contrairement à A la merveille et surtout à Knight of Cups, celles-ci ne sont en aucun cas mielleuses et indigentes.

Terrence Malick livre une (probable) dernière réflexion sur l’amour dans tous ses états à travers un triangle amoureux, voire un carré de personnages. Des amants qui se perdent en s’aimant, s’effleurent, se murmurent des choses à l’oreille, avec pour la première fois chez Malick, une once de sexualité. Même si le tournage a commencé en 2012, année où elle a véritablement explosé dans Millénium : Les Hommes qui n’aimaient pas les femmes de David Fincher, Song to Song peut se voir comme une ode à la comédienne Rooney Mara. Visiblement fasciné par le visage, la voix, la beauté de l’actrice, le cinéaste la filme sous tous les angles, comme s’il essayait lui-même de percer le mystère hypnotique qu’elle dégage à l’écran. Ses partenaires, Ryan Gosling qui promène son spleen habituel avec son regard de cocker triste, Michael Fassbender tout en mâchoires serrées pour représenter un producteur musical assoiffé de réussite, Natalie Portman solaire, sans oublier les apparitions de Cate Blanchett, Holly Hunter, Bérénice Marlohe, Val Kilmer, mais aussi les chanteurs Lykke Li, Iggy Pop, Patti Smith ont beau marqué le film de leur présence et de leur charisme, Rooney Mara crève une fois de plus l’écran. Terrence Malick semble réellement inspiré par la comédienne, comme un peintre par son modèle et l’empathie se crée, comme si la sensibilité du réalisateur se servait de ce personnage comme d’un vecteur, afin de transmettre ses émotions à l’audience qui voudra bien lui accorder deux heures de leur vie.

Malgré son intrigue improvisée dans la ville d’Austin, célèbre pour ses festivals de musique folk-rock, ses 40 jours de tournage étalés sur deux ans, l’émotion est là, fragmentée comme un coeur en miettes, elle provient des regards, des gestes esquissés ou retenus, chaque plan semble savamment photographié, étudié, superbe, extraordinaire même. C’est une orgie de sens aussi dingue qu’inespérée de la part d’un cinéaste constamment à la recherche du renouvellement, à tâtons, par coups de pinceaux successifs, conscient d’avoir livré des esquisses (A la merveille et Knight of Cups donc), pour enfin livrer la toile convoitée.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Song to Song est disponible chez Metropolitan Vidéo. Le visuel reprend celui de l’affiche française. Le menu principal est très coloré, lumineux, animé et musical.

Même si la jaquette ne le mentionne pas, ce Blu-ray contient quelques (petits) suppléments. Cependant, ne rêvez pas, Terrence Malick n’apparaît pas une seule seconde malgré les images de tournage glanées ici et là.

Le premier module de deux minutes donne brièvement la parole aux producteurs Sarah Green et Ken Kao, ainsi qu’aux comédiens Natalie Portman et Michael Fassbender, qui évoquent le travail du réalisateur, l’histoire du film, le tournage à Austin, la participation de stars de la chanson et les personnages.

S’ensuit un module de cinq minutes, regroupant quelques instantanés de tournage et du plateau, filmés de loin, donc avec des propos inaudibles voire carrément muets.

Les interviews suivantes de Natalie Portman (4’) et de Michael Fassbender (4’), reprennent certains propos déjà entendus dans le premier supplément et ne présentent guère d’intérêt, d’autant plus que les questions ont été coupées et non reprises sous forme de cartons. Par conséquent, on ne comprend pas parfois de qui ou de quoi l’acteur est en train de parler.

Finalement, nous préférerons nous reporter sur le livret de 56 pages joint à cette édition, sur un texte de Nicolas Rioult et superbement illustré. Vous apprendrez ici ce qu’il faut savoir sur la longue production de Song to Song, la genèse, les conditions de tournage, le montage, les titres envisagés, les chansons entendues dans le film, sans oublier une brillante et passionnante analyse de ce neuvième long métrage de Terrence Malick.

L’Image et le son

L’univers visuel foisonnant de Terrence Malick sied à merveille au support Blu-ray, d’autant plus que le cinéaste a utilisé moult sources diverses, Arri Alexa, Arricam, Arriflex, GoPro, Red Epic, qui se marient comme par magie. Metropolitan livre un magnifique master HD. Les sublimes partis pris esthétiques du chef opérateur Emmanuel Lubezki (Gravity, Les Fils de l’homme, Knight of Cups) passent remarquablement le cap du petit écran et les détails foisonnent aux quatre coins du cadre large. Les contrastes affichent une densité impressionnante, le piqué est tranchant comme un scalpel y compris sur les scènes sombres habituellement plus douces. La profondeur de champ demeure abyssale, les détails se renforcent et abondent en extérieur jour, la colorimétrie est vive, bigarrée et étincelante dès la première séquence, le relief demeure palpable tout du long. Un transfert estomaquant de beauté, un léger grain cinéma respecté, une clarté voluptueuse, le tout conforté par un encodage AVC solide comme un roc, voilà un nouveau Blu-ray de démonstration. Le label rouge Metropolitan en quelque sorte.

Expérience cinématographique sensorielle et hypnotique, la palette d’émotions est aussi instaurée par le son dans Song to Song. Autant dire que les mixages DTS-HD Master Audio 5.1 anglais et français remplissent aisément leur contrat, même si la version originale l’emporte sur son homologue du point de vue homogénéité des dialogues, effets et musique (plus perçante en v.o.), ainsi que du point de vue spatialisation et ardeur. En anglais, l’immersion se fait plus palpable avec une intégration plus limpide des voix, tandis qu’en français les échanges des comédiens prennent souvent le dessus par rapport aux effets annexes. Dans les deux cas, le confort acoustique est largement assuré, la balance frontales-latérales demeure brillante et quelques basses se révèlent frappantes. A noter que la version originale dispose également d’une piste DTS-HD Master Audio 2.0.

Crédits images : © Metropolitan FilmExport / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Security, réalisé par Alain Desrochers

SECURITY réalisé par Alain Desrochers, disponible en DVD et Blu-ray le 17 octobre 2017 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs :  Antonio Banderas, Ben Kingsley, Liam McIntyre, Gabriella Wright, Chad Lindberg, Cung Le, Yana Marinova, Mark Rhino Smith…

ScénarioJohn Sullivan, Tony Mosher

Photographie : Anton Bakarski

Musique : FM Le Sieur

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Une fillette doit témoigner contre la mafia qui envoie un commando attaquer le fourgon où elle se trouve pour la tuer. Mais l’opération tourne mal et la fillette trouve refuge la nuit dans un centre commercial. Cinq vigiles surveillent le lieu. L’un d’entre eux est un ancien militaire expérimenté. L’affrontement peut commencer !

Antonio Banderas n’a jamais arrêté de tourner. Le comédien espagnol n’aura eu de cesse d’alterner les apparitions chez des pointures (Brian De Palma, Woody Allen, Pedro Almodóvar, Jean-Jacques Annaud, Steven Soderbergh, Terrence Malick), tout en restant fidèle à Robert Rodriguez (6 films ensemble depuis Spy Kids) et en prêtant sa voix au Chat Potté sur 4 longs et 4 courts métrages. Le reste du temps, l’ancien Zorro et Desperado passe d’une production destinée au marché de la vidéo à l’autre, dans le but évident de payer sa villa à Los Angeles. Toujours est-il qu’en dehors d’une participation ratée dans le troisième (et mauvais) Expendables de Patrick Hughes, l’acteur né à Málaga a toujours su rester pro et n’a que très rarement déçu depuis ses débuts. Après Autómata de Gabe Ibáñez en 2014, très bonne proposition de science-fiction malheureusement passée inaperçue puisque le film n’a été distribué qu’en DVD et Blu-ray, Antonio Banderas revient à l’action avec Security, petite production, mais également petite surprise fort bien accueillie à sa sortie dans les bacs grâce à un excellent bouche-à-oreille.

Eddie, vétéran des forces spéciales souffrant de stress post-traumatique accepte un poste de vigile dans un centre commercial. Durant sa première nuit de travail, il ouvre les portes à une jeune fille muette de peur qui cherche un refuge. Un homme élégant et raffiné se présente alors et offre un million de dollars en échange de l’adolescente tandis qu’un groupe de mercenaires encercle le bâtiment. Eddie refuse, ce qui signe son arrêt de mort, ainsi que celui de ses collègues (Liam McIntyre, Chad Lindberg, Gabriella Wright) et de la petite fille (Katherine le la Rocha). L’ancien militaire va alors organiser la résistance au sein du magasin, en usant de talkie-walkie pour enfants (les téléphones portables sont HS), d’une voiture télécommandée, de quelques armes dont ils disposent (un taser), d’un peu de courage et surtout de système D. Et c’est parti pour 90 minutes de pur divertissement !

Le cinéaste et scénariste québécois Alain Desrochers a fait ses classes dans le domaine du clip vidéo puis dans la publicité avec une centaine de spots à son actif. Il se fait également la main à la télévision pour quelques séries dont The Hunger, produite par Ridley et Tony Scott, avant de signer son premier long métrage en 2000, La Bouteille. Depuis, Alain Desrochers partage sa carrière entre le cinéma et la télévision. Security est sa première production américaine, même si le film a entièrement été tourné…en Bulgarie, spécialité des gars de Millennium Films. Même si l’on imagine que le budget ne devait pas être faramineux, Alain Desrochers fait preuve d’un réel savoir-faire et Security s’avère une bonne série B, solidement réalisée et interprétée. Antonio Banderas fait le boulot comme au bon vieux temps (celui des années 80-90 pour les plus jeunes), bourru mais tendre avec la gamine, qui déclame ses tirades en mangeant sa barbe (on parle bien d’Antonio hein), avec ses deux flingues en main. Son rival n’est autre que Sir Ben Kingsley. L’acteur britannique campe un mafieux bien décidé à flinguer tous ceux qui pourraient lui causer des ennuis, peu importe s’il s’agit d’une petite fille en détresse.

Le décor (très artificiel) offre un terrain de jeu sympathique, bien exploité par le réalisateur, ça canarde, ça explose, ça saigne, ça se bastonne, le contrat est rempli, sans pour autant prendre les spectateurs pour des abrutis grâce à une histoire certes standard, mais qui tient la route grâce à un rythme soutenu. Security est un film fun, bourré de références (Les Ailes de l’enfer, Assaut) et on aimerait voir d’autres thrillers du même acabit aussi réussis.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Security, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal paraît fauché, puisque fixe et muet. Mention spéciale à la jaquette qui indique « Ben Kingsley, inoubliable interprète de Gandhi, qui abandonne la non-violence » !

Petite sortie technique, Security ne dispose que d’un making of minuscule (8’) en guise de supplément. Promotionnel, ce module donne la parole aux producteurs, au réalisateur et aux comédiens, qui ne font que présenter l’histoire et les personnages. Quelques images de tournage entre deux interviews redonnent un peu d’intérêt à l’ensemble.

L’interactivité se clôt sur des bandes-annonces et des liens internet.

L’Image et le son

Le Blu-ray de Security est au format 1080p. Cette édition s’avère très soignée avec une propreté assurée, des couleurs sombres puisque le film ne se déroule essentiellement que de nuit dans le centre commercial aux lumières éteintes. La photo froide est soignée et les partis pris bien restitués. Le piqué est aléatoire, mais s’en tire honorablement, la gestion des contrastes est solide, même si nous pouvions attendre plus de détails sur le cadre large. Heureusement, l’encodage AVC consolide l’ensemble avec brio et toutes les séquences tournées en extérieur sont très belles. Un DTV bien choyé et à la définition riche.

Les mixages anglais et français DTS-HD Master Audio 5.1 assurent pour instaurer un confort acoustique ample et plaisant. La musique composée par FM Le Sieur (pas d’erreurs) est systématiquement spatialisée grâce au soutien énergique des latérales. Si les dialogues auraient mérité d’être un peu plus relevés sur la centrale en version originale, ils sont heureusement toujours nets et précis, la balance frontale est puissante et le caisson de basses utilisé à bon escient à l’instar de l’attaque durant la tempête, l’accident et bien sûr tous les affrontements dans le centre commercial. A titre de comparaison, la piste française se révèle quand même moins riche et naturelle que son homologue.

Crédits images : © Security Productions, inc. Tous droits réservés. / Metropolitan Filmexport / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / État d’urgence, réalisé par Frédéric Forestier

ÉTAT D’URGENCE (The Peacekeeper) réalisé par Frédéric Forestier, disponible en DVD et Blu-ray le 12 septembre 2017 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs :  Dolph Lundgren, Montel Williams, Roy Scheider, Michael Sarrazin, Christopher Heyerdahl, Monika Schnarre,Tim Post…

Scénario :  Stewart Harding, Robert Geoffrion

Photographie : John Berrie

Musique : François Forestier

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 1997

LE FILM

Un groupe de terroristes prend d’assaut une base militaire américaine qui abrite des missiles nucléaires et menace le Pentagone. C’était sans compter sur Major Frank Cross, l’élite de l’armée US.

État d’urgenceThe Peacekeeper marque l’entrée de l’action-man Dolph Lundgren dans le Direct-to-Video. Pourtant, les succès s’étaient enchaînés pour l’acteur suédois depuis sa révélation dans Rocky IV en 1985, du Scorpion rouge de Joseph Zito (1988) à Universal Soldier de Roland Emmerich (1992). Après The Shooter de Ted Kotcheff (1995) et Tireur en péril de Russell Mulcahy (1996, directement sorti en VHS), Dolph Lundgren décide de mettre une parenthèse à sa carrière afin de se consacrer à sa famille. Il retrouve les chemins des studios un an après pour État d’urgence, réalisé par un jeune metteur en scène français de 26 ans, Frédéric Forestier. Porté par le triomphe dans les festivals internationaux de son court-métrage Paranoïa (1993) avec Jean Reno et Michèle Laroque, Frédéric Forestier se retrouve à la barre d’une belle production américaine de huit millions de dollars, un film d’action qui va lui permettre de faire ses preuves derrière la caméra. Entre Piège de cristal de John McTiernan et L’Ultimatum des trois mercenaires de Robert Aldrich, État d’urgence se voit aujourd’hui comme un chant du cygne du divertissement d’action né dans les années 1980.

Depuis que le Président des États-Unis lui a confié la responsabilité de l’arsenal nucléaire américain, le commandant Frank Cross est devenu un des membres les plus importants de l’armée et la cible d’une redoutable organisation terroriste. Celle-ci est parvenue à lui dérober la mallette contenant les codes secrets et menace Washington de destruction nucléaire si ses exigences ne sont pas respectées… A commencer par le suicide télévisé du Président. Cross a peu de temps pour agir et aucun droit à l’erreur. Quelques années avant de se voir confier des budgets colossaux du cinéma français (Le Boulet, Astérix aux Jeux Olympiques, Stars 80), Frédéric Forestier a donc eu cette rare opportunité de signer un premier long métrage aux Etats-Unis, porté par une star de la castagne et même celle des Dents de la mer, le grand Roy Sheider, qui interprète rien de moins que le Président des États-Unis. Alors que le film devait raconter une prise d’otages dans l’avion présidentiel Air Force One, le projet est remis en question puis remodelé après l’annonce du film Air Force One de Wolfgang Petersen, avec Harrison Ford en tête d’affiche. Finalement, le scénario de Stewart Harding et Robert Geoffrion (L’Arme secrète avec Chuck Norris) redevient « basique », mais comme le film avait déjà été vendu, les arguments mercenaires – terroristes-élément perturbateur (ou une mouche dans le lait, un petit rouage qui grippe, un emmerdeur)-Président des Etats-Unis demeurent dans une trame complètement différente, mais étonnamment proche de Rock de Michael Bay, sorti l’année précédente.

État d’urgence reste un très bon cru de l’ami Dolph. La réalisation de Frédéric Forestier ne manque ni de charme, ni de morceaux de bravoure à l’instar de cette poursuite en voiture sur les toits de Chicago ou de la désintégration du Mont Rushmore, ni d’humour avec quelques punchlines bien senties et le rythme est plutôt bien soutenu. Même si la première partie emballe plus avec le personnage de Dolph Lundgren qui n’avait rien demandé à personne et qui va prendre la pétoire pour éliminer les sbires qui menacent de rayer l’état de Washington de la carte, le film remplit largement son cahier des charges. Le comédien semble prendre beaucoup de plaisir dans ce rôle de commandant qui pour avoir fait trop de zèle (il a livré seul des sacs de riz à la population Kurde, sans en avoir reçu l’autorisation), se retrouve à jouer le chien-chien du Président afin d’éviter la cour martiale. Si Dolph Lundgren n’est pas Arnold Schwarzenegger ou Sylvester Stallone, il a souvent su démontrer ses capacités physiques, mais aussi d’interprétation, du moins si ses rôles le lui permettaient, et il s’en tire à merveille dans État d’urgence où il a quand même sacrément la classe en uniforme.

Entre gunfights et poursuites, menaces nucléaires et retournements de situation, le suspense est maintenu, on ne s’ennuie pas et The Peacekeeper demeure un digne représentant de ce qui faisait dans le genre dans les années 1990. Même si le film est sorti au cinéma dans quelques pays (Italie, Corée du Sud, Portugal, Japon), la carrière d’État d’urgence se fera essentiellement en VHS et une diffusion sur HBO aux Etats-Unis en décembre 1997.

LE BLU-RAY

Après une édition en DVD en avril 2000 chez Seven7 Editions, État d’urgence renaît de ses cendres en Haute-Définition. Metropolitan Vidéo reprend logiquement le flambeau et n’a pas fait les choses à moitié pour les amateurs de Dolph Lundgren puisque État d’urgence est accompagné de L’Homme de guerre pour une séance double-programme ! A la manière de ses récentes sorties consacrées à Jean-Claude Van Damme et Albert Pyun, deux films avec Dolph Lundgren se trouvent donc réunis sur la même galette. Le test de L’Homme de guerre est déjà disponible dans nos colonnes. Une fois le disque inséré, un menu fixe et muet nous propose de sélectionner directement le film, la langue et le supplément désiré.

A l’instar de L’Homme de guerre, l’éditeur propose une brève, mais excellente présentation du film par Jérémie Damoiseau (3’). Ce spécialiste de Dolph Lundgren et auteur du livre Punisher : l’histoire secrète (Broché), replace le film dans la carrière du comédien, tout en expliquant les mutations des films d’action au milieu des années 1990.

Excellente initiative de la part de Metropolitan d’avoir été à la rencontre du réalisateur Frédéric Forestier à l’occasion de la sortie de son premier long métrage en Haute-Définition (30’). Spontané et vraiment sympathique, le cinéaste révèle comment il s’est retrouvé aux commandes d’État d’urgence, une production de près de 10 millions de dollars avec Dolph Lundgren en tête d’affiche, alors qu’il n’avait réalisé qu’un seul court-métrage ! Les anecdotes de tournage s’enchaînent sans aucun temps mort (sa rencontre et le travail avec Dolph Lundgren, les réécritures du scénario, le tournage à Montréal, sa préparation minutieuse à partir de storyboards, le casting, les effets spéciaux), avec même quelques photos et des images d’un making of d’époque qui montrent Frédéric Forestier et Dolph Lundgren sur le plateau entre deux prises. Ne manquez pas le moment où le réalisateur explique une scène ambitieuse qu’il rêvait de tourner, à partir d’un missile lancé dans les rues de Washington (voir les dessins conceptuels) et télécommandé par le personnage de Dolph Lundgren à partir d’un joystick, mais qui est restée au stade du fantasme faute de moyens.

L’Image et le son

État d’urgence arrive en Blu-ray ! Vous vous rendez compte ! Dans un nouveau master Haute Définition qui plus est ! Et la copie est pas mal du tout en plus. Cette galette bleue au format 1080p, présente le film de Frédéric Forestier avec encore quelques défauts, points blancs, pertes de la définition sur les scènes sombres, petites tâches, mais franchement, nous n’avions peut-être jamais vu État d’urgence dans de pareilles conditions. L’image est stable tout du long, les scènes diurnes lumineuses, le piqué agréable et les couleurs retrouvent une nouvelle fraîcheur. Le grain est respecté, même si la gestion est plus instable sur les séquences nocturnes, mais rien de vraiment gênant. Le lifting respecte l’oeuvre originale. Bref, c’est du tout bon et on en redemande !

En ce qui concerne le son, nous avons évidemment le choix entre la version originale et la version française en DTS-HD Master Audio 2.0 ! Le doublage français original avec le grand Daniel Beretta prête son timbre grave à Dolph Lundgren est évidemment respecté et cette piste s’avère aussi claire et dynamique que la version originale. Les ambiances, la musique, les déflagrations et les dialogues sont aussi riches, même si la piste anglaise l’emporte probablement au niveau des effets. Les sous-titres ne sont pas imposés sur cette piste et le changement de langue n’est pas verrouillé.

Crédits images : © Metropolitan Video / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / L’Homme de guerre, réalisé par Perry Lang

L’HOMME DE GUERRE (Men of War) réalisé par Perry Lang, disponible en DVD et Blu-ray le 12 septembre 2017 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs :  Dolph Lundgren, Charlotte Lewis, B.D. Wong, Anthony John Denison, Tiny « Zeus » Lister, Tim Guinee…

Scénario :  John Sayles, Ethan Reiff, Cyrus Voris d’après une histoire originale de Stan Rogow

Photographie : Rohn Schmidt

Musique : Gerald Gouriet

Durée : 1h43

Date de sortie initiale : 1994

LE FILM

Ne supportant plus son retour à la vie civile, Nick Gunar, un ancien mercenaire, accepte à contre-cœur un contrat très spécial : convaincre, par la force si nécessaire, les habitants d’une île paradisiaque de céder leurs terres et ses richesses à une multinationale. Nick réunit autour de lui d’anciens compagnons de combat entraînés et investit l’île. Mais au contact des indigènes de ce paradis perdu, le suédois entrevoit une nouvelle vie et renonce à sa mission. Son équipe de mercenaires ne l’entend pas ainsi et une guerre impitoyable éclate…

Ceux qui voudraient en savoir plus sur les débuts de Dolph Lundgren peuvent se tourner vers notre critique/chronique d’un de ses derniers films, l’excellente série B Don’t Kill It de Mike Mendez. L’ami Dolph est à la fête puisque l’éditeur Metropolitan Vidéo vient d’éditer un Blu-ray qui réunit deux des films les plus célèbres du comédien, L’Homme de guerre de Perry Lang et État d’urgence de Frédéric Forestier. Nous verrons le second très prochainement, pour nous concentrer uniquement sur le premier, Men of War, réalisé par Perry Lang en 1994, considéré à juste titre comme l’un des meilleurs opus de l’acteur suédois. Très bien mis en scène, écrit et photographié, L’Homme de guerre reste un très bon divertissement, généreux en scènes d’action et fusillades, en particulier durant son dernier tiers explosif et très brutal.

Nick Gunar, encore appelé « le Suédois », ancien militaire des Forces Spéciales, a loué son impressionnante force physique et son goût du meurtre sur tous les champs de carnage du monde. Il voit avec frayeur s’approcher l’heure de la retraite et, plutôt que de passer un autre Noël solitaire dans son appartement de Chicago, dans l’insupportable douceur hivernale, il décide de prêter main-forte à la Nitro Mine Corporation, qui a maille à partir avec une poignée d’indigènes récalcitrants, sur une île paradisiaque de la mer de Chine. Après avoir accepté de travailler comme mercenaire pour deux industriels, Gunar part en compagnie de six confrères et débarque sur les lieux où la bande commence à massacrer en gros. Il découvre rapidement qu’il a affaire à forte partie. La population n’est pas prête à céder ses droits. Parallèlement à sa carrière d’acteur (1941, L’Echelle de Jacob), Perry Lang passe à la mise en scène au début des années 1990 avec Little Vegas, puis signe son deuxième long métrage L’Homme de guerre quatre ans plus tard. Bien qu’il ait principalement fait sa carrière à la télévision à travers une multitude de séries (Dawson, Alias, Urgences), le réalisateur soigne vraiment son cadre et Men of War étonne par la beauté de ses plans, ce qui lui donne un cachet supplémentaire.

Le scénario de John Sayles (Piranhas, Hurlements), également script-doctor réputé, coécrit avec Ethan Reiff et Cyrus Voris (Robin des Bois de Ridley Scott), s’avère une réflexion sur les moyens utilisés par des hommes d’affaires peu scrupuleux, bien décidés à arriver à leurs fins, quitte à décimer une population entière afin de s’emparer de leurs ressources. Si le film s’ouvre une musique bien patriotique, le récit prend le temps d’installer les personnages et les enjeux, avec quelques touches d’humour et des répliques soignées (« pour cette mission ce qu’il nous faut c’est le doigté d’un poète ! »), un badguy bien cinglé (Trevor Goddard), tandis que Gunar (très bon Dolph Lundgren) constitue son équipe à l’instar des 12 Salopards, concept souvent repris dans le cinéma d’action, comme dernièrement dans le troisième opus de la franchise Expendables de Patrick Hughes.

L’histoire se resserre progressivement autour de deux bandes rivales, qui se disputent finalement la richesse ultime qui se révèle être de la fiente d’oiseaux. C’est là toute l’ironie de L’Homme de guerre, montrer des hommes qui explosent tout autour d’eux et qui déciment des autochtones qui refusent de se soumettre, afin d’acquérir…du guano. L’Homme de guerre est donc une agréable surprise, franchement divertissante avec ce festival de tronches patibulaires armées jusqu’aux dents (et le charme de Charlotte Lewis en bonus) et qui n’oublie pas de faire passer un message loin d’être idiot, sans omettre l’émotion.

LE BLU-RAY

Après une édition en DVD en 2002, L’Homme de guerre fait tout naturellement sa réapparition dans les bacs chez le même éditeur et cette fois en Haute-Définition ! Metropolitan Vidéo n’a pas fait les choses à moitié pour les amateurs de Dolph Lundgren puisque L’homme de guerre est accompagné d’État d’urgence pour une séance double-programme ! A la manière de ses récentes sorties consacrées à Jean-Claude Van Damme et Albert Pyun, deux films avec Dolph Lundgren se trouvent donc réunis sur la même galette. Le test d’ État d’urgence suivra très prochainement. En attendant, une fois le disque inséré, un menu fixe et muet nous propose de sélectionner directement le film, la langue et le supplément désiré. Notons que L’Homme de guerre est annoncé dans sa version uncut.

En ce qui concerne L’Homme de guerre, seule une présentation du film par Jérémie Damoiseau est proposée (4’). Ce spécialiste de Dolph Lundgren et auteur du livre Punisher : l’histoire secrète (Broché), explique pourquoi selon-lui L’Homme de guerre est un des meilleurs films du comédien suédois. Jérémie Damoiseau donne quelques indications sur les scénaristes, en particulier John Sayles (script-doctor chez Ron Howard, Steven Spielberg), l’histoire du film, le tout ponctué par quelques anecdotes de production et illustré de photos.

L’Image et le son

Si l’apport HD demeure parfois limité, force est de constater que le master affiche une stabilité fort plaisante. Bien que divers points, griffes et tâches subsistent (même un petit raccord de montage à la 39e minute, scène la plus abimée), la restauration est évidente, la colorimétrie retrouve une vraie vivacité, les contrastes et les détails sont bien renforcés, le grain cinéma est respecté, même si la gestion vacille sur les séquences sombres à l’instar de la séquence dans le night-club (à 15’). Certains arrière-plans fourmillent quelque peu, mais la définition contentera les grands fans de L’Homme de guerre. Un vrai plaisir de le posséder en HD, d’autant plus que le cadre large y est resplendissant ! Ce Blu-ray est au format 1080p.

En ce qui concerne le son, nous avons évidemment le choix entre la version originale et la version française en DTS-HD Master Audio 2.0 ! Le doublage français que nous connaissons tous (le grand Daniel Beretta prête son timbre grave à Dolph Lundgren) est évidemment respecté (mention aux accents asiatiques) et cette piste s’avère aussi claire et dynamique que la version originale. Les ambiances, la musique, les déflagrations et les dialogues sont aussi riches, même si la piste anglaise l’emporte probablement au niveau des effets. Les sous-titres ne sont pas imposés sur cette piste et le changement de langue n’est pas verrouillé.

Crédits images : © Dimension Films / Metropolitan Video / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Crazy Six, réalisé par Albert Pyun

CRAZY SIX réalisé par Albert Pyun, disponible en DVD et Blu-ray le 12 septembre 2017 chez Metropolian Vidéo

Acteurs : Rob Lowe, Mario Van Peebles, Ice-T, Burt Reynolds, Ivana Milicevic, Thom Mathews…

Scénario : Galen Yuen

Photographie : George Mooradian

Musique : Anthony Riparetti

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 1997

LE FILM

Dix ans après la chute de l’Union Soviétique, de puissantes organisations mafieuses règnent sur la région et contrôlent le trafic des armes et des technologies de pointe. A Prague, plaque tournante du réseau, Billie, surnommé Crazy Six, et son gang se sont alliés à la bande de Dirty Mao pour contrer Raul, le chef d’un des plus puissants cartels du crime d’Europe. Mais l’affrontement tourne au massacre : face à l’argent et au pouvoir, c’est chacun pour soi…

Pour beaucoup d’amateurs de cinéma Bis, Albert Pyun (né en 1954), est le réalisateur de Cyborg (1989) avec Jean-Claude Van Damme. Depuis son premier long métrage, le film d’heroic-fantasy L’Epée sauvage (1982), le metteur en scène américain né à Hawaii est devenu un spécialiste du cinéma d’action tourné avec des moyens souvent dérisoires, mais une imagination débordante. On compte aujourd’hui à son palmarès plus de 50 séries B d’action et de science-fiction, parmi lesquelles Nemesis (1992) et ses suites, Kickboxeur 2 : Le Successeur (1991), un Captain America (1990) considéré comme un des pires films de tous les temps (merci la Cannon), Explosion imminente (2001) avec Steven Seagal, Tom Sizemore et Dennis Hopper ou bien encore Adrénaline (1996) avec Christophe(r) Lambert. Réalisé en 1997 dans le cadre d’une exploitation directe en VHS, Crazy Six possède une bonne réputation par les cinéphiles déviants qui s’intéressent à Albert Pyun.

Alors qu’il vient de mettre en scène l’excellent Mean Guns, le réalisateur parvient à délocaliser son équipe technique à Bratislava en Slovaquie, ainsi que son casting hétéroclite composé de has-been Rob Lowe, Mario Van Peebles, Ice-T et Burt Reynolds. Tout ce beau petit monde est réuni pour une histoire quasi-inclassable de casse et de vol de plutonium qui tourne mal. Avant même le générique, un carton écrit en lettres roses sur fond noir et de musique rock indique :  « Europe de l’Est. Dix ans après la chute du Communisme. Autrefois, il y avait de l’espoir, à présent les ténèbres règnent ! Désormais, c’est une route commerciale pour le trafic de drogue et d’armes. Des chasseurs de fortune sont venus du monde entier, des criminels, des toxicomanes, des âmes perdues. La région est aujourd’hui appelée le pays du crime ». Voilà, bienvenue dans un monde de brutes !

Tourné en à peine dix jours, Crazy Six démontre une fois de plus qu’Albert Pyun n’est sûrement pas un manchot ou un tâcheron – même si « ça fait toujours plaisir à entendre » – et crée une véritable expérience cinématographique avec les moyens qui ont pu être mis à sa disposition. Evidemment, on ne peut pas faire plus série B que Crazy Six, mais ce film n’est aucunement une série Z puisque porté par une véritable envie de cinéma et de faire du bon travail. Comme très souvent, les acteurs n’étaient présents qu’une seule journée et toutes leurs scènes ont été emballées à la suite, chacun de leur côté. Par la magie du montage, leurs prestations ont ensuite été rassemblées, du moins autant que faire se peut. C’est donc la raison pour laquelle les têtes d’affiche n’apparaissent jamais sur le même plan. De plus, Albert Pyun et son fidèle chef opérateur George Mooradian jouent avec les couleurs et plongent les personnages dans une palette spécifique, en les isolant encore plus. Cela rajoute au côté « chacun pour soi » de ce monde indéfinissable dans lequel déambule notamment un junkie aux cheveux gras interprété par un Rob Lowe émouvant et qui n’est plus l’ombre que de lui-même. Le comédien erre, les épaules voutées, complètement paumé et rend attachant ce pauvre type dévoré par ses démons.

Cinéphile et passionné par le polar, Albert Pyun joue avec les codes inhérents au genre, filme des tronches en gros plan, use des fondus enchaînés pour créer un état de transe et un sentiment de proche fatalité. Les personnages dont on retient à peine les noms s’affrontent dans une sorte de purgatoire peuplé de laissés-pour-compte. Ice-T joue un baron de la drogue aux dents acérées, Burt Reynolds incarne un shérif américain anachronique avec stetson et santiags, Mario Van Peebles s’adresse en français dans le texte à ses hommes de main et à son chihuahua prénommé Bijou. Crazy Six révèle également le talent et la beauté de l’actrice américaine d’origine croate Ivana Milicevic, qui n’a depuis jamais cessé de tourner pour la télévision (Gotham, Banshee) et le cinéma (Casino Royale, Bataille à Seattle, La Peur au ventre). Elle interprète une chanteuse qui essaye de donner un peu de vie dans un bastringue d’une ville indéterminée et dont les mélodies ponctuent le film quasiment du début à la fin. Grâce à elle, Billie (Rob Lowe) alias Crazy Six verra enfin le bout du tunnel.

Improbable, mais qui n’a d’ailleurs aucune volonté d’être réaliste et plausible, le film puzzle d’Albert Pyun n’a de cesse de décontenancer et d’intriguer. On peut s’ennuyer en raison d’un manque de rythme et d’intérêt certes, surtout que l’intrigue s’avère rapidement redondante, mais finalement le charme agit, d’autant plus que Crazy Six ne ressemble pour ainsi dire à aucun autre film, si ce n’est à Albert Pyun lui-même. Si elle s’avère bancale, cette œuvre est irriguée tout du long par un amour immense pour le cinéma, à l’instar d’un film réalisé par Ed Wood, ce qui la rend séduisante et finalement agréable.

LE BLU-RAY

Après une édition au rabais chez TF1 Vidéo en 2004, Crazy Six est enfin repris en main par Metropolitan Vidéo. L’éditeur n’a pas fait les choses à moitié pour les amateurs du cinéma d’Albert Pyun – il y en a et c’est tant mieux – puisque Crazy Six est accompagné d’Explosion imminente pour une séance double-programme ! A la manière de ses récentes sorties consacrées à Jean-Claude Van Damme et prochainement à Dolph Lundgren (bientôt sur Homepopcorn.fr), deux films d’Albert Pyun se trouvent donc réunis sur la même galette. Le test d’Explosion imminente suivra très prochainement. En attendant, une fois le disque inséré, un menu fixe et muet nous propose de sélectionner directement le film, la langue et le supplément désiré.

A l’occasion de cette édition HD de Crazy Six, nous trouvons une excellente présentation du film par Nicolas Rioult, journaliste, auteur de Starfix, histoire d’une revue et présenté ici en tant que « Pyunophile » (15’). Passionnée et passionnante, cette introduction est bourrée d’informations sur la production du film qui nous intéresse et sur les conditions de tournage de Crazy Six. Nicolas Rioult annonce d’emblée que Crazy Six est pour lui le chef d’oeuvre d’Albert Pyun. Il aborde également la méthode du cinéaste, le tournage en Slovaquie, le casting, le montage puzzle puisque les acteurs ne se sont jamais croisés sur le plateau, sans oublier les références au film de Walter Hill Les Rues de feuStreets of fire (1984) qui a beaucoup marqué Albert Pyun et qui en réalisera d’ailleurs une suite non-officielle en 2012 avec Michael Paré, Road to Hell. Le fond du film n’est pas oublié, ainsi que le travail du directeur de la photographie George Mooradian et le compositeur Anthony Riparetti. Cela fait vraiment plaisir de voir un film d’Albert Pyun être aussi bien défendu !

L’interactivité se clôt sur un supplément intitulé « Curiosités », qui s’avère en réalité une galerie de photos et qui indique également tous les passages musicaux du film.

L’Image et le son

Le master HD de Crazy Six est au format 1080p. Présenté dans son cadre large 2.35 original, le film d’Albert Pyun est disponible dans une copie stable, très bien restaurée et même flatteuse. Les fans du film seront ravis de revoir Crazy Six dans ces conditions avec les partis pris expérimentaux et stylisés du chef opérateur George Mooradian, fidèle collaborateur du réalisateur. La photo joue avec les couleurs, orange, jaune, rose, bleu, tout y passe, caractérisant souvent un personnage spécifique puisque le comédien est filmé devant un fond uni, à l’instar de la séquence du bar avant la fusillade. Le master est très propre, le grain bien géré, les flous sont inhérents aux conditions de tournage, le piqué est souvent étonnant et la gestion des contrastes fort correcte.

Etonnamment, la version française DTS-HD Master Audio 2.0 s’en tire mieux que son homologue, surtout en ce qui concerne la délivrance des dialogues et les effets annexes beaucoup plus percutants. Dans les deux cas, l’écoute est propre et les sous-titres ne sont pas imposés sur la version originale qui s’avère indispensable afin de profiter de la prestation en français (en partie du moins) de Mario Van Peebles. Aucun souffle constaté

Crédits images : © Metropolitan Filmexport / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Replicant, réalisé par Ringo Lam

REPLICANT réalisé par Ringo Lam, disponible en DVD et Blu-ray le 8 juillet 2017 chez Metropolitan Video

Acteurs : Jean-Claude Van Damme, Michael Rooker, Catherine Dent, Brandon James Olson, Pam Hyatt…

Scénario : Lawrence Riggins, Les Weldon

Photographie : Mike Southon

Musique : Alex Khaskin, Guy Zerafa

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 2001

LE FILM

Depuis longtemps, Garrotte, le tueur en série surnommé la Torche, hante les jours et les nuits de Jake Riley, un inspecteur de police qui s’est juré de l’arrêter. Les victimes de Garrotte ne cessent de s’accumuler et l’enquête de Jake piétine même si l’assassin l’a choisi pour confident. Ecœuré, Jake donne sa démission au moment même où le département secret du gouvernement, la NSA, lui demande de se joindre à ce projet top secret visant à arrêter Garrotte. La NSA crée un «Replicant», un clone issu de l’ADN de Garrotte, doté de capacités télépathiques.

Pour les plus grands fans du comédien, mais aussi pour la critique aujourd’hui quasi-unanime, Replicant, réalisé par le cinéaste chinois Ringo Lam en 2001, est probablement le meilleur film avec Jean-Claude Van Damme. Remarquable film d’action, thriller violent et nerveux, cet opus marque la deuxième sur les trois grandes collaborations entre « les Muscles de Bruxelles » et le metteur en scène, après Risque maximum (1996), dont la sortie avait été gâchée par un montage charcuté par la Columbia, et avant le formidable In Hell (2003). Non seulement Replicant vaut pour son histoire passionnante menée de main de maître par Ringo Lam, mais le film vaut aussi et surtout pour l’interprétation exceptionnelle de JCVD dans un double-rôle où il démontre toute une palette d’émotions qu’on ne lui prêtait pas forcément, ou à de très rares occasions comme dans Timecop de Peter Hyams.

D’un côté, il interprète un tueur redoutable, brutal, impitoyable, glacial, cheveux longs et gras, lunettes teintées, qui s’en prend aux femmes, les bat avant de les arroser d’alcool et de les brûler, parfois devant les yeux de leurs propres enfants. De l’autre, il incarne son clone, enfant dans un corps d’adulte, qui vient d’être « mis au monde » et apprend à marcher, à s’asseoir, à manger. Il se déplace comme un animal craintif, Ringo Lam ayant par ailleurs demandé à JCVD de visionner des documentaires animaliers pour se préparer. Ses regards, sa gestuelle, son jeu n’ont jamais été aussi intenses et habités que dans Replicant et le comédien émeut comme jamais auparavant.

L’aspect buddy-movie avec l’imposant, teigneux et tout aussi génial Michael Rooker fonctionne alors à plein rendement du début à la fin. Un tueur en série assassine des mères de famille et les enflamme avant de disparaître, ce qui lui vaut le surnom de La Torche. Après trois ans et onze victimes, Jake Riley alors chargé d’une enquête qui ne progresse toujours pas, décide de tout abandonner et de quitter la police. Autrefois idéaliste et large d’esprit, Jake en a suffisamment appris sur la nature humaine pour devenir cynique, cachant ses désillusions sous un humour caustique. C’est à ce moment qu’il est contacté par la NSA qui lui propose de continuer la traque avec de nouvelles méthodes, tandis que de son côté Garrotte, qui l’a choisi pour confident et qui l’appelle à chaque nouveau crime, continue de le harceler. Le département des services secrets du gouvernement a enfin peut-être trouvé la solution afin d’arrêter le tueur en série, grâce à un Replicant, c’est-à-dire un clone génétique, créé au moyen du sang de Garrotte trouvé non loin d’un de ses meurtres. Ce Replicant, dont la croissance a été accélérée afin qu’il atteigne l’âge biologique du tueur, double parfait de Garrotte, permettra à Jake de retrouver le meurtrier en question grâce aux dons télépathiques dont il est doté. Mais le Replicant manque de toute l’expérience d’une vie. Tandis que l’officier de police gère les émotions et les souvenirs de ce clone naïf et juvénile, il développe avec lui une relation étrange, se demandant constamment si ce Replicant est aussi dangereux que Garrotte, ou s’il peut lui faire confiance.

Alors que Replicant aurait pu refaire JCVD au box-office américain, où ses films sortaient directement en DTV depuis quelques années, le film de Ringo Lam n’a finalement pas été exploité dans les salles suite au désistement du distributeur Artisan Entertainment après l’échec commercial de Blair Witch 2 : Le Livre des ombres. Le film sort au cinéma dans le reste du monde, mais JCVD alors au sommet de son addiction à la drogue, rate complètement la promotion de Replicant, à l’instar de sa participation à l’émission Loft Story. Replicant n’attirera en France qu’un peu plus de 100.000 spectateurs, un bide vraiment pas mérité. Plus de quinze après, Replicant est et demeure un chef d’oeuvre du genre, probablement l’un des meilleurs thrillers des années 2000. Avec son intrigue mêlant film policier, élément fantastique, dédoublement (thème très prisé par Ringo Lam et JCVD lui-même), on pense fortement au bancal À l’aube du sixième jour de Roger Spottiswoode avec Arnold Schwarzenegger, mais plus encore à Volte/Face, autre référence, également mise en scène par un réalisateur chinois, John Woo. Les deux films se ressemblent tout en étant bien différents, mais bien qu’il ne bénéficie pas de la même reconnaissance internationale, Replicant n’a absolument rien à envier à Volte/Face.

LE BLU-RAY

Replicant fait partie d’un combo Blu-ray spécial Van Damme / Ringo Lam, aux côtés de l’édition HD de In Hell. A l’instar des éditions combo Black Eagle – L’arme absolue + Full Contact et The Order + Le Grand tournoi sorties en 2016, et comme celle récemment consacrée au cinéaste Albert Pyun, Mean Guns + Nemesis, Metropolitan Video fait ainsi le bonheur des fans de la star belge. Le test a été réalisé à partir d’un check-disc. Une fois le disque inséré, le spectateur est invité à sélectionner le film de son choix. Dans les deux cas, le menu principal est fixe et muet, minimaliste, sans chapitrage. Seuls l’envoi du film, la sélection de la langue et le choix des suppléments sont proposés.

L’historien du cinéma et expert en cinéma d’arts martiaux, sujet auquel il a consacré quelques ouvrages, l’excellent Christophe Champclaux présente Replicant en avant-programme (4’). C’est une véritable déclaration d’amour au film de Ringo Lam, qu’il considère comme le meilleur film avec Jean-Claude Van Damme. Il revient rapidement sur cette deuxième rencontre entre le comédien et le réalisateur, replace Replicant dans la filmographie de JCVD, croise le fond et la forme, tout en saluant la double performance d’acteur de l’acteur belge. Néanmoins, pas un mot sur Michael Rooker.

Hormis une (mythique) interview française de JCVD donnée lors de la promotion du film, le storyboard de la naissance du Replicant et les filmographies, l’éditeur reprend les suppléments disponibles sur l’édition DVD sortie en avril 2002. Quinze années déjà !

Le commentaire audio de Michael Rooker et de Jean-Claude Van Damme (en anglais) est disponible en version originale sous-titrée en français. Ne vous réjouissez pas trop vite car les deux comédiens ont été enregistrés séparément, l’éditeur ayant ensuite relié leurs deux interventions. JCVD intervient finalement peu. Visiblement spectateur de son propre film, il revient de temps en temps pour parler de son partenaire, de la direction d’acteur de Ringo Lam, sur la façon dont il a pu enrichir son propre jeu grâce au cinéaste, sur le tournage des scènes d’action. Quand il ne paraphrase pas ce qui se déroule à l’écran, JCVD sort quelques phrases valent le détour : « Aller, on s’éclate et on regarde Replicant, yeaaah ! », « C’est cool, c’est Replicant, yeeeah ! », « Le public aime voir JCVD faire son grand écart alors on allait pas s’en priver, à plus ! », « Il est trop fort ce film et vous savez quoi ? Je suis là avec mes potes à enregistrer ce commentaire et j’ai rien à dire sur ce film alors que c’est un des meilleurs que j’ai faits ! ». De son côté, Michael Rooker est très généreux et revient sur beaucoup d’aspects du film, sur son investissement dans les séquences d’action, sur le jeu de son partenaire (on apprend qu’ils désiraient tourner ensemble depuis pas mal de temps), le tournage à Vancouver, le travail avec Ringo Lam, etc. Un commentaire sympathique à défaut d’être réellement enrichissant.

Le making of d’époque (2001 – 23’) est très bon et donne la parole aux acteurs Michael Rooker, Jean-Claude Van Damme (« le plus beau cadeau que m’ait fait Ringo Lam, c’est de me rendre meilleur ») et Catherine Dent, au producteur John Thompson, au coordinateur des cascades Mike Crestejo, au chef décorateur Andrew Neskoromny, tous en mode promotionnel (l’histoire, les personnages…), mais dont les propos ne manquent pas d’intérêt, surtout lorsqu’ils évoquent la méthode de tournage de Ringo Lam. Si celui n’intervient pas face caméra, quelques images le montrent sur le plateau avec ses comédiens. Diverses images des prises de vues, ainsi que des répétitions complètent ce documentaire bien fichu, surtout lorsqu’il dévoile l’envers du décor des confrontations de JCVD face à lui-même.

S’ensuivent quelques scènes coupées, certaines rallongées (21’) ou alternatives, à l’instar du premier meurtre. Dans le montage cinéma, le corps en train de brûler de la victime se reflète dans les lunettes de JCVD, alors que la séquence tournée à l’origine montrait frontalement le corps en feu. Les séquences de Michael Rooker avec sa mère d’un côté, et celle avec Catherine Dent ont été raccourci, tout comme celle de la fête de son départ à la retraite.

L’Image et le son

A l’instar de l’édition HD d’In Hell et malgré un léger manque de concision sur certains plans, le Blu-ray de Replicant (1080p, AVC) dépasse toutes les espérances. Toutefois, l’élévation HD s’avère moins flagrante que pour In Hell. Les contrastes sont plutôt beaux, mais la photographie grisâtre gâche un peu l’ensemble. Les ambiances nocturnes sont soignées, les teintes froides excellemment restituées. Les séquences en extérieur manquent cependant de clarté. Si l’on constate quelques points blancs, la propreté est évidente, les détails sont parfois précis, d’autres fois plus riches, les partis pris esthétiques originaux sont respectés, tout comme le léger grain heureusement conservé lors du transfert, mais plus appuyé sur les scènes sombres, qui entraînent un léger bruit vidéo. Le piqué est également un peu doux à notre goût. Mais le résultat vaut le détour et cette édition HD rend caduque la pourtant solide édition DVD.

Replicant bénéficie de pistes anglaise et française DTS-HD Master Audio 5.1. Dans les deux cas, la spatialisation s’avère agréable, les enceintes latérales délivrent un lot fort appréciable d’ambiances naturelles, d’effets palpables, sans oublier la musique en soutien. Les explosions, poursuites, coups de feu et coups de poing sont exsudés avec force par la centrale, la balance frontales-latérales est intelligemment équilibrée, l’ensemble est toujours dynamique et les basses interviennent à bon escient avec quelques pics remarquables. Dans les deux cas, aucun souffle n’est à déplorer, l’écoute demeure franche, puissante et limpide. Evitez tout de même la version française qui vous fera perdre le timbre inimitable de Michael Rooker.

Crédits images : © Millenium Films / Metropolitan Filmexport / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr