Test Blu-ray / Soudain…les monstres !, réalisé par Bert I. Gordon

SOUDAIN…LES MONSTRES ! (The Food of the Gods) réalisé par Bert I. Gordon, disponible en DVD et Blu-ray le 28 février 2017 chez Movinside

Acteurs : Marjoe Gortner, Pamela Franklin, Ralph Meeker, Jon Cypher, Ida Lupino, Belinda Balaski

Scénario : Bert I. Gordon d’après le roman de H.G. Wells

Photographie : Reginald H. Morris

Musique : Elliot Kaplan

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

Morgan et ses amis partent chasser sur une île canadienne isolée, quand ils sont attaqués par un essaim de guêpes géantes. Alors qu’il cherche de l’aide, Morgan tombe par hasard sur une grange habitée par un énorme poulet tueur. Peu à peu, il découvre que l’île est devenue le territoire d’animaux géants, les plus dangereux étant les rats, qui n’entendent pas laisser leur île aux intrus humains…

Pour beaucoup de cinéphiles, Soudain…les monstres !, The Food of the Gods, demeure une véritable madeleine. Réalisé par l’américain Bert I. Gordon (né en 1922), ce petit film fantastique sorti en 1976 reflète la fascination et la passion du cinéaste pour le gigantisme. Révélé en 1955 avec King Dinosaur, Bert I. Gordon est ensuite devenu le spécialiste du genre humain face à des créatures géantes, dans des œuvres aux titres explicites : The Cyclops (1957), The Amazing Colossal Man (1957), War of the Colossal Beast (1958), Village of the Giants (1965), Soudain…les monstres ! (1976), L’Empire des fourmis géantes (1977). Par ailleurs, ses initiales font que le monde du cinéma le surnommait tout simplement « BIG ». Le film qui nous intéresse est tiré du roman La Nourriture des dieux (également connu sous le titre Place aux Géants) de H.G. Wells publié en 1904, ou tout du moins « basé sur une partie du roman » comme l’indique le générique.

Morgan, un joueur de football professionnel et son ami Davis ont décidé de passer quelques jours de détente sur une île canadienne quasiment déserte. Rapidement, Davis disparaît mystérieusement. Morgan décide alors d’examiner les alentours et se fait attaquer par un poulet géant. S’étant sorti difficilement des ergots acérés du gigantesque volatile, notre héros fait la connaissance d’une fermière des environs qui lui fait une bien étrange révélation. En effet, la terre de l’île recèle une étrange matière étrange qui, mélangée aux aliments, a la particularité de faire grandir tout animal qui l’absorbe. Morgan, comprenant vite que l’île est infestée de bêtes aux proportions inimaginables va tenter, en compagnie des autochtones, touristes et autres financiers peu scrupuleux désirant exploiter la substance extraite du sol, de survivre aux assauts des bestioles affamées devenues très agressives. Soudain…les monstres ! montre le savoir-faire de Bert I. Gordon, également en charge de la plupart des effets spéciaux, mais force est d’admettre qu’il n’est guère aidé par un casting particulièrement mauvais, ce qui toutefois n’est en rien dérangeant pour un film de cet acabit, bien au contraire. Nous sommes ici en plein film Bis avec des comédiens qui en font des tonnes, mention spéciale à l’acteur principal Marjoe Gortner, spécialiste du genre, que nous verrons plus tard dans Starcrash, le choc des étoiles, Les Guerriers de la jungle et American Ninja 3: Blood Hunt. Il faut le voir rouler des yeux, en hyperventilation du début à la fin, que ça soit en chassant, en conduisant, en prises avec un poulet géant, ou en tirant sur des rats surdimensionnés. Un vrai bonheur pour les bisseux que nous sommes.

Bert I. Gordon fait fi d’un budget somme toute modeste et prend soin des effets spéciaux, certes naïfs comme les rats supposés géants qui s’avèrent de mignons rongeurs filmés en gros plan en train d’escalader une maquette ou une voiture Majorette, mais qui n’en demeurent pas moins bourrés de charme. Ces bestioles sont aussi remplacées par des têtes animées pour les plans où ils se retrouvent face aux humains. Finalement, Soudain…les monstres ! se révèle être un film bien mené doublé d’un message écologique simple mais pas bête, où l’on se prend beaucoup plus d’affection pour les rats géants que pour les insupportables et idiots personnages. On prend d’ailleurs beaucoup de plaisir à les voir se faire bouffer. Le film se permet même un petit hommage aux Oiseaux d’Alfred Hitchcock. Néanmoins, il semble que les rats aient subi pas mal de mauvais traitements, à l’instar des éclats de confiture de fraise supposés être des blessures causées par les balles, ou tout simplement les pauvres bêtes quasi-noyées dans le déluge final. Hormis des guêpes géantes franchement ratées et transparentes, des vers et chenilles dégoûtants (que combat la mythique Ida Lupino), ainsi qu’un poulet rigolo de deux mètres, Soudain…les monstres fonctionne fonctionne bien. Même s’il faut accepter le fait que les personnages trouvent cette situation quasi-normale, sans se poser de questions ou tout simplement en prenant l’air surpris quelques secondes avant d’accepter de se retrouver face à des poulets que n’aurait pas renié le Tricatel de L’Aile ou la cuisse de Claude Zidi.

Soudain…les monstres ! deviendra rapidement un film culte (qui a dit un chef d’oeuvre du nanar ?), récompensé par la Licorne d’or au Festival international de Paris du film fantastique et de science-fiction, et connaîtra même une suite en 1989 intitulée La Malédiction des rats, réalisé par Damian Lee.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Soudain…les monstres !, disponible chez Movinside dans une collection dirigée par Marc Toullec et Jean-François Davy, repose dans un boîtier classique de couleur bleue, contrairement au visuel qui montre un boîtier noir. L’élégante jaquette saura immédiatement taper dans l’oeil des Bisseux, et des autres, puisqu’elle reprend le visuel de l’affiche originale. Le menu principal est tout aussi classe, animé et musical.

A l’instar du Blu-ray de Nuits de cauchemar, cette édition HD ne contient qu’un seul supplément, une présentation du film par le journaliste Marc Toullec. L’ancien co-rédacteur en chef de Mad Movies se focalise essentiellement sur le réalisateur Bert I. Gordon dont il dresse le portrait et détaille la filmographie placée sous le signe du gigantisme. Puis, notre interlocuteur revient sur Soudain…les monstres !, avec notamment quelques informations sur les conditions de tournage.

L’Image et le son

Si l’on excuse les points, une rayure verticale à droite de l’écran qui subsiste en ouverture et diverses scories qui demeurent occasionnelles du début à la fin, alors ce master HD (au format 1080p) de Soudain…les monstres ! tient ses promesses. Il ne faudra pas être trop exigeant, mais la copie trouve rapidement une stabilité convenable, les couleurs sont correctes et les détails appréciables. Certains plans, notamment à effets spéciaux, avec les rats géants incrustés aux côtés des comédiens, s’avèrent plus altérés avec un grain plus accentué et une perte de la définition. Un côté système D qui ne dérange cependant pas outre mesure et qui en rajoute dans le côté Bis.

Les versions française et originale sont proposées en DTS-HD Dual Mono. Comme pour l’image, l’écoute rappelle les séances en VHS avec un son plutôt étouffé pour la piste française, qui bénéficie du doublage d’époque très réussi et amusant. La version anglaise s’en sort mieux et s’avère plus riche dans ses effets et la délivrance de la musique. Les sous-titres français sont imposés sur la piste anglaise et le changement de langue est verrouillé à la volée.

Crédits images : © Movinside  / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / L’Ile du docteur Moreau, réalisé par Erle C. Kenton

L’ILE DU DOCTEUR MOREAU (Island of Lost Souls) réalisé par Erle C. Kenton, disponible en DVD et combo Blu-ray-DVD le 25 janvier 2017 chez Elephant Films

Acteurs : Charles Laughton, Richard Arlen, Leila Hyams, Bela Lugosi, Kathleen Burke, Arthur Hohl

Scénario : Waldemar Young, Philip Wylie d’après le roman de H.G. Wells

Photographie : Karl Struss

Durée : 1h10

Date de sortie initiale : 1932

LE FILM

Victime d’un naufrage en plein Océan Indien et recueilli par un cargo qui transporte une cargaison de fauves, Edward Parker se retrouve sur une petite île qui n’est mentionnée par aucune carte et s’avère peuplée d’êtres étranges mi-hommes, mi-bêtes. Le domaine appartient au docteur Moreau. Depuis des années, ce dernier poursuit des expériences sur les animaux afin de les transformer en humains par greffes successives. Son « chef-d’œuvre », Lota, est une ancienne panthère qui a maintenant toutes les apparences d’une femme…

L’Ile du Docteur Moreau Island of Lost Souls, réalisé en 1932 par Erle C. Kenton est l’adaptation du roman homonyme de l’immense H.G. Wells publié en 1896. Cette merveilleuse transposition offre à Charles Laughton un de ses plus grands rôles. Le comédien britannique semble prendre beaucoup de plaisir à composer un personnage cynique qui se prend littéralement pour Dieu. Moreau est un scientifique vivant en démiurge sur une île perdue dans l’Océan Indien, au milieu de ses créatures mi-animales mi-humaines, fruits de ses expériences et de ses recherches bio-anthropologiques. Pour ce Docteur Moreau, entouré d’hommes-singes et d’un homme-chien, cette île est le lieu idéal pour « jouer » avec la nature. Dans son discours bien rodé, Moreau indique être passé des fleurs à l’être humain pour le challenge. Si l’homme est le point culminant d’un long processus d’évolution, la vie animale tend vers la forme humaine.

Grâce à ses recherches, Moreau est parvenu à éliminer des centaines de milliers d’années d’évolution, en partant d’une simple orchidée, pour en venir à ces êtres hybrides qui peuplent cette île isolée. « Savez-vous ce que c’est de se sentir comme Dieu ? » demande-t-il à son hôte Edward Parker (Richard Arlen), recueilli chez Moreau après avoir été débarqué de force. Tout d’abord, ce dernier voit d’un mauvais œil qu’un individu devienne témoin de ses recherches, mais Moreau y voit ensuite l’opportunité de lancer une nouvelle expérience : voir si Lota, la seule femme présente sur l’île, en l’occurrence une femme-panthère dotée d’une conscience, d’états d’âme et de sentiments, saura séduire Parker.

« Ne pas marcher à quatre pattes. C’est la Loi. Ne sommes-nous pas des Hommes ? »

« Ne pas laper pour boire. C’est la Loi. Ne sommes-nous pas des Hommes ? »

« Ne pas manger de chair ni de poisson. C’est la Loi. Ne sommes-nous pas des Hommes ? »

« Ne pas griffer l’écorce des arbres. C’est la Loi. Ne sommes-nous pas des Hommes ? »

« Ne pas chasser les autres Hommes. C’est la Loi. Ne sommes-nous pas des Hommes ? » 

Voilà comment Moreau maintient son emprise sur ses « enfants », dont un Béla Lugosi méconnaissable sous le maquillage, tel un gourou sur ses adeptes. Ces derniers obéissent au son du gong, apeurés à l’idée de retourner dans le bloc-opératoire, qu’ils appellent La Maison des Souffrances, où ils ont vu le jour. L’Ile du Docteur MoreauIsland of Lost Souls surpasse, et de loin, les autres adaptations du roman de H.G. Wells, celle de 1977 réalisée par Don Taylor avec Burt Lancaster dans le rôle du Docteur, et surtout celle de 1996, gigantesque navet mis en scène par John Frankenheimer avec Marlon Brando en savant-fou.

Chef d’oeuvre pessimiste sur la nature humaine, il en ressort encore une exceptionnelle poésie sombre et moderne plus de 80 ans après sa sortie. Si Charles Laughton, fascinant monstre de charisme, s’avère une fois de plus impérial, la « Panther Woman » (comme elle est seulement indiquée au générique) incarnée par Kathleen Burke reste dans toutes les mémoires avec son charisme très félin, son érotisme troublant (avant le fameux code Hays) et ses grands yeux émouvants. Erle C. Kenton (1896-1980), qui réalisera plus tard Le Fantôme de Frankenstein (1942), La Maison de Frankenstein (1944) et La Maison de Dracula (1945), livre le plus grand film de sa carrière et peut également compter sur la sublime photographie du chef opérateur Karl Struss, oscarisé pour son travail sur L’Aurore de F.W. Murnau en 1927, qui met en valeur la beauté des décors et l’immense réussite des maquillages.

LE BLU-RAY

Le test de l’édition HD de L’Ile du Docteur Moreau, disponible chez Elephant Films en combo Blu-ray-DVD, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Jean-Pierre Dionnet présente L’Ile du Docteur Moreau (10’). Comme à son habitude, le critique-journaliste fait le tour du casting et de l’équipe technique en se focalisant notamment sur le réalisateur Erle C. Kenton, l’actrice Kathleen Burke (la femme panthère) et le chef opérateur Karl Struss. Dionnet parle également de l’oeuvre de l’écrivain H.G. Wells et les autres adaptations du roman.

A l’occasion de l’Etrange Festival, Jaz Coleman, chanteur et compositeur du groupe Killing Joke, s’est vu proposer une carte blanche cinématographique. Parmi sa sélection figuraient Equus de Sidney Lumet, La Dernière vague de Peter Weir et L’Ile du Docteur Moreau de Erle C. Kenton. L’éditeur a rencontré Jaz Coleman qui revient sur les raisons de cette sélection et pourquoi L’Ile du Docteur Moreau est un film qu’il affectionne tout particulièrement (7’).

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces, une galerie de photos et les credits du Blu-ray.

L’Image et le son

Cette édition restaurée en Haute définition laisse encore apparaître quelques points, griffures et poussières. Signalons que ces mini-défauts ne gâchent en rien le visionnage et demeurent relativement discrets. Si le noir et blanc retrouve une certaine fermeté, une clarté plaisante et une densité indéniable, le piqué et la gestion du grain restent aléatoires. Des fondus enchaînés décrochent sensiblement, mais la stabilité est de mise grâce à un encodage solide. Si divers effets de pompage se font sentir, d’autres séquences se révèlent particulièrement belles. La photographie de Karl Struss est détaillée et digne du support Blu-ray made in Elephant. La copie est proposée dans son format 1.33 respecté et en 1080p

Seule la version originale est disponible en DTS-HD Dual Mono Mono 2.0. Les dialogues, tout comme la musique, demeurent propres et distincts. Certains échanges sont peut-être plus étouffés que d’autres, un petit souffle est parfois audible. Le confort acoustique reste très appréciable.

Crédits images : © Elephant Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Ça – « Il » est revenu, réalisé par Tommy Lee Wallace

Ça – « Il » est revenu (It) réalisé par Tommy Lee Wallace, disponible en Blu-ray le 12 octobre 2016 chez Warner Bros.

Acteurs : Tim Curry, Harry Anderson, Dennis Christopher, Richard Masur, Annette O’Toole, John Ritter, Seth Green…

Scénario : Lawrence D. Cohen, Tommy Lee Wallace d’après le roman Ça (It) de Stephen King

Photographie : Richard Leiterman

Musique : Richard Bellis

Durée : 3h07

Date de sortie initiale : 1990

LE FILM

Octobre 1957. ÇA se réveille et la petite ville tranquille de Derry dans le Maine ne sera plus jamais la même. Stephen King révèle au grand jour toutes les peurs et les phobies de l’enfance, alors que sept enfants font face à une horreur inimaginable qui apparaît sous plusieurs formes, et notamment « Grippe-sou », un clown qui vit, chasse et tue dans les égouts de la ville. Des années plus tard, ces adultes qui ont survécu, sont assez courageux pour retourner à Derry et arrêter cette tuerie, et cette fois pour de bon…

C’est une madeleine pour beaucoup de (télé)spectateurs. Une mini-série culte qui compte des millions de fans à travers le monde et qui en gagne sans cesse de nouveaux, notamment en France où elle est très régulièrement diffusée sur la TNT après avoir été programmée pendant des années sur M6, sa première diffusion à la télé française remontant à octobre 1993 : Ça, plus connu en France sous le titre « Il » est revenu. Périodiquement, la ville de Derry dans le Maine est hantée par une terrible créature, un clown pervers capable de changer à loisir d’apparence afin de personnifier les peurs les plus intimes de ses victimes. Dans les années 1950, des événements tragiques se produisent à nouveau. S’attaquant uniquement aux enfants, qui disparaissent ou qui sont retrouvés morts dépecés, «Ça» est un jour vaincu par un groupe de sept jeunes amis de onze ans, six garçons et une fille, ayant fait la promesse de toujours poursuivre l’odieuse entité, qui a disparu dans les égouts abandonnés. Trente ans plus tard, alors que chacun mène une vie paisible aux quatre coins du pays, «Ça» réapparaît à nouveau à Derry. Conformément à leur promesse, le groupe des sept devra se reformer à l’âge de 40 ans pour affronter ses peurs d’enfants.

En 1990, cette adaptation est un événement. Certes, les plus passionnés du chef d’oeuvre absolu de Stephen King publié en 1986 trouveront toujours à redire sur sa transposition, le ton édulcoré pour toucher une plus large audience, les changements inévitables apportés pour le passage du livre à l’écran, mais Ça demeure une véritable référence et finalement le livre et la mini-série en deux parties se complètent parfaitement. D’ailleurs, ceux qui auront vu la mini-série avant de lire le roman, projeteront inévitablement le visage des comédiens au fil de mots du maître de l’horreur.

Le casting est remarquable, que ce soit les enfants ou les adultes, tous extrêmement attachants et solidement dirigés par Tommy Lee Wallace (Halloween 3 : Le Sang du sorcier, Vampire, vous avez dit vampire ? 2), qui par ailleurs soigne sa mise en scène et regorge d’inventions pour faire peur et divertir. L’alchimie entre les deux groupes est indéniable et participe à l’immersion du spectateur dans cette histoire fantastique, qui en a traumatisé plus d’un, au point d’en devenir coulrophobiques, autrement dit phobique des clowns. Il faut dire que Tim Curry est particulièrement angoissant dans le rôle-titre et signe une de ses plus grandes performances après The Rocky Horror Picture Show de Jim Sharman et Legend de Ridley Scott. Si ses apparitions sont finalement limitées sur plus de trois heures, chacune demeure marquante et donne de nombreuses sueurs froides, tant aux personnages qu’aux spectateurs.

Si la télévision ne bénéficiait pas des mêmes budgets et de la même liberté créatrice qu’aujourd’hui, Ça« Il » est revenu fait partie de ces rares productions devenues des classiques dès leur première diffusion. Avec son aspect film-noir, notamment avec le personnage de Mike Hanlon qui mène son enquête et dont les mémoires sont dites en voix-off, combiné à une histoire fantastique, d’horreur, d’épouvante, dramatique, d’amour et d’amitié (les retrouvailles du Club des paumés 30 ans après sont très émouvantes), Ça traverse les décennies sans prendre de rides – à part au niveau des effets spéciaux, mais est-ce bien là le plus important ? – et reste précieux dans le coeur des spectateurs.

Il sera difficile pour la nouvelle adaptation cinématographique prévue dans les salles en 2017, envisagée un temps par le cinéaste Cary Fukunaga mais finalement réalisée par Andrés Muschietti (Mama) avec Bill Skarsgård dans le rôle de Pennywise, de toucher autant l’audience que la mini-série de Tommy Lee Wallace, même si les producteurs promettent une transposition beaucoup plus fidèle au roman original, autrement dit plus sombre, plus sanglante et sexuelle.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Ça, disponible chez Warner Bros., repose dans un boîtier Steelbook du plus bel effet ! Le visuel est reconnaissable entre mille. Le menu principal est fixe et muet. Contrairement à l’édition DVD 2003, le téléfilm est bel et bien présenté dans son intégralité sur une seule face.

Le seul supplément présent sur ce disque est le commentaire audio (non sous-titré) du réalisateur Tommy Lee Wallace, accompagné des comédiens Dennis Christopher (Eddie Kaspbrak adulte), Tim Reid (Mike Hanlon adulte), Richard Thomas (Bill Denbrough adulte) et John Ritter (Ben Hanscom adulte) décédé en 2003. Ce commentaire se suit sans déplaisir, malgré une ambiance un peu triste et de nombreux blancs, sur une durée qui excède quand même plus de trois heures. Tommy Lee Wallace est enregistré de son côté et livre quelques informations intéressantes sur la production de Ça. Les acteurs se livrent à quelques anecdotes liées au tournage et partagent leurs bons souvenirs.

L’Image et le son

Pour son quart de siècle (et même un peu plus), Ça bénéficie d’un lifting de premier ordre et d’une édition Haute-Définition 1080p (AVC). Le résultat est probant, même si le master 1.33 (4/3) n’est pas parfait, compte tenu des conditions de production originales. Ce qui frappe d’emblée, c’est avant tout la luminosité inédite sur les séquences diurnes, notamment l’été durant lequel les gamins font connaissance. Il en est de même pour la colorimétrie ravivée avec des teintes rutilantes sur les scènes des années 1950 et sur le costume bleu, rouge et jaune du personnage éponyme. Toutefois, la gestion du grain demeure aléatoire, y compris au cours d’une même séquence où la patine argentique est sensiblement différente dans un champ-contrechamp. Dans l’ensemble, les noirs sont profonds. L’image est d’une propreté absolue, les contrastes solides et en toute honnêteté, en dépit de quelques fléchissements et un piqué duveteux, sur le long terme, nous n’avions jamais vu Ça dans de telles conditions techniques. Ce grand classique méritait bien pareil traitement et rend caduque l’édition DVD éditée en 2003 !

Parlons des choses qui fâchent : le doublage français disponible ici n’est pas celui réalisé pour la télévision française dans les années 1990, mais bel et bien celui refait pour la sortie en DVD en 2003. Non seulement le doublage a été refait, mais en plus nous ne retrouvons pas les trois quarts des voix originales. Heureusement, Jacques Ciron prête toujours son timbre inimitable à Grippe-Sou le clown, mais toutes les voix des enfants ont évidemment changé, en dehors de Ritchie. Seuls les personnages de Bill adulte et d’Audra bénéficient également du même doublage. Les puristes risquent d’être vraiment déçus. Passée cette déconvenue, le mixage Stéréo se focalise sur les dialogues au détriment de quelques ambiances annexes et la musique. Bien qu’indiquée en DTS-HD Master Audio 5.1 sur le visuel, la piste anglaise n’est proposée qu’en DTS-HD Master Audio 2.0. Moins connue, et pour cause, que la version française, il est amusant de constater que Ça paraît beaucoup plus sombre dans l’interprétation originale de Tim Curry. Du point de vue technique, ce mixage l’emporte aisément du point de vue homogénéité entre les voix, la composition de Richard Bellis et les effets sonores, très riches et précis. D’ailleurs, certains semblent avoir été rajoutés pour le nouveau mixage du téléfilm au début des années 2000 pour élargir le spectre.

Crédits images : © Warner Bros. / Captures Blu-ray : Franck Brissard

 

Test Blu-ray / Le BGG – Le Bon gros géant, réalisé par Steven Spielberg

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LE BGG – Le Bon Gros Géant (The BFG) réalisé par Steven Spielberg, disponible en Blu-ray, Blu-ray 3D et DVD le 1er décembre 2016 chez Métropolitan Vidéo

Acteurs : Mark Rylance, Ruby Barnhill, Penelope Wilton, Jemaine Clement, Rebecca Hall, Rafe Spall, Bill Hader

Scénario : Melissa Mathison, d’après le roman Le Bon Gros Géant de Roald Dahl

Photographie : Janusz Kaminski

Musique : John Williams

Durée : 1h57

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Le Bon Gros Géant ne ressemble pas du tout aux autres habitants du Pays des Géants. Il mesure plus de 7 mètres de haut et possède de grandes oreilles et un odorat très fin. Il n’est pas très malin mais tout à fait adorable, et assez secret. Les géants comme le Buveur de sang et l’Avaleur de chair fraîche, sont deux fois plus grands que lui et aux moins deux fois plus effrayants, et en plus, ils mangent les humains. Le BGG, lui, préfère les schnockombres et la frambouille. À son arrivée au Pays des Géants, la petite Sophie, une enfant précoce de 10 ans qui habite Londres, a d’abord peur de ce mystérieux géant qui l’a emmenée dans sa grotte, mais elle va vite se rendre compte qu’il est très gentil. Comme elle n’a encore jamais vu de géant, elle a beaucoup de questions à lui poser.

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Le BGG emmène alors Sophie au Pays des Rêves, où il recueille les rêves et les envoie aux enfants. Il va tout apprendre à Sophie sur la magie et le mystère des rêves. Avant leur rencontre, le BGG et Sophie avaient toujours été livrés à eux-mêmes, chacun dans son monde. C’est pourquoi leur affection l’un pour l’autre ne fait que grandir. Mais la présence de la petite fille au Pays des Géants attire bientôt l’attention des autres géants. Sophie et le BGG quittent bientôt le Pays des Géants pour aller à Londres voir La Reine et l’avertir du danger que représentent les géants. Mais il leur faut d’abord convaincre la souveraine et sa domestique, Mary que les géants existent bel et bien ! Tous ensemble, ils vont mettre au point un plan pour se débarrasser des méchants géants une bonne fois pour toutes…

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Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les adaptations au cinéma des œuvres de Roald Dahl (1916-1990) ne sont pas légion. Parmi les meilleures demeurent Matilda de Danny DeVito (1996), James et la Pêche géante (1997) réalisé par Henry Selick et Fantastic Mr. Fox, film d’animation réalisé par Wes Anderson en 2009. Nous ne parlerons pas de Charlie et la Chocolaterie de Tim Burton, qui avait déjà commencé son entrée dans le blockbuster puéril et laid, jusqu’à son rebond inattendu en 2016 avec Miss Peregrine et les enfants particuliers. Si Le BGG – Le Bon Gros Géant avait déjà connu une adaptation animée en 1989, il aura fallu attendre 2016 pour voir le film live réalisé par Steven Spielberg tiré du livre écrit en 1982 par Roald Dahl et publié dans plus de quarante langues.

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Immédiatement après l’excellent Pont des espions, le cinéaste s’est attelé à la mise en scène du BGG – Le Bon Gros Géant en confiant le rôle-titre à Mark Rylance, tout juste auréolé de l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle pour ce film d’espionnage à succès écrit par les frères Coen. Pour transformer le comédien en géant de 7,5 mètres de haut, Steven Spielberg a eu recours à la désormais incontournable capture de mouvements, Rylance étant criblé de capteurs qui enregistraient sa performance en direct. Certes, Le BGG – Le Bon Gros Géant est et restera un film mineur dans l’immense carrière du maître, mais ce divertissement pour toute la famille, même si les enfants y trouveront plus leur compte que leurs parents, démontre encore à quel point Steven Spielberg demeure un des plus grands raconteurs d’histoires du cinéma.

Oscar (R) winner Mark Rylance stars as the BFG (Big Friendly Giant) in Disney's fantasy-adventure, THE BFG, directed by Steven Spielberg based on the best-selling book by Roald Dahl, which opens in theaters nationwide on July 1.

Disney"s THE BFG is the imaginative story of a young girl named Sophie (Ruby Barnhill) and the Big Friendly Giant (Oscar(R) winner Mark Rylance) who introduces her to the wonders and perils of Giant Country.  Directed by Steven Spielberg based on Roald Dahl's beloved classic, the film opens in theaters nationwide on July 1.

Il aura fallu près de 25 ans au cinéaste pour pouvoir concrétiser ce projet, longtemps envisagé avec Robin Williams dans le rôle-titre, mais les effets spéciaux et notamment les images de synthèse alors à leurs balbutiements ne lui permettaient pas encore de créer le monde dont il rêvait. Avec Janusz Kaminski à la photographie, Rick Carter aux décors, Michael Kahn au montage, Joanna Johnston aux costumes, Joe Letteri aux effets visuels et bien évidemment John Williams à la baguette, le metteur en scène s’entoure de collaborateurs fidèles. Devant ces personnages solitaires en quête d’amour et d’une famille, on comprend aisément ce qui a poussé Steven Spielberg à réaliser Le BGG – Le Bon Gros Géant, même si l’humour est ici marqué par une certaine noirceur qui a toujours été une composante de son cinéma, mais qui s’est encore plus appuyée dès la fin des années 1990. Ce mélange des tons est directement issu du roman original et reflète les sentiments propres aux enfants.

In Disney's fantasy-adventure THE BFG, directed by Steven Spielberg and based on Roald Dahl's beloved classic, a precocious 10-year-old girl from London named Sophie (Ruby Barnhill) befriends the BFG (Oscar (R) winner Mark Rylance), a Big Friendly Giant from Giant Country.  The film opens in theaters nationwide on July 1.

THE BFG, directed by Steven Spielberg based on the beloved novel by Roald Dahl, is the exciting tale of a young London girl (Ruby Barnhill) and the mysterious Giant (Mark Rylance) who introducers her to the wonders and perils of Giant Country.

Steven Spielberg est un réalisateur toujours soucieux de son public et donc très généreux. Toutefois, malgré la beauté des images, l’excellence de Mark Rylance (doublé en VF par Dany Boon) et l’immense réussite des effets spéciaux (par les génies de Weta Digital), tout comme celle des neuf ogres qui en font voir à notre héros, Le BGG – Le Bon Gros Géant manque singulièrement de rythme, s’avère même poussif et l’ennui peut parfois s’installer. Du coup, l’ensemble fait penser à une superbe galerie d’effets spéciaux (voir la très belle scène de la chasse aux rêves), mais l’intérêt s’émousse et le film reste froid, pour ne pas dire distant. De plus, ce n’est pas l’horripilante actrice principale Ruby Barnhill qui nous intéresse, puisque à force de gesticuler dans tous les sens et de grimacer, le personnage de Sophie est finalement peu attachant. Les enfants trouveront sans doute quelques accroches avec la petite fille de dix ans, mais les parents risquent de se fatiguer très vite.

In Disney's fantasy-adventure THE BFG, directed by Steven Spielberg and based on the best-selling book by Roald Dahl, the Big Friendly Giant (Oscar (R) winner Mark Rylance) from Giant Country, visits London at night when the city is asleep.  The film opens in theaters nationwide July 1.

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Mais Spielberg est malin et la dernière partie poético-burlesque, celle où le BGG rencontre la Reine d’Angleterre (interprétée par Penelope Wilton, lady Crawley de la série Downton Abbey) dans le Palais de Buckingham relève nettement le niveau jusqu’à la fin. Comme dans tous les contes, celui du BGG comporte quelques longueurs, que l’on excuse finalement devant tant de virtuosité.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray du BGG – Le Bon Gros Géant, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est très légèrement animé et musical.

71gytiyftzl-_sl1500_Les suppléments de cette édition sont principalement destinés aux jeunes spectateurs. Le making of est d’ailleurs présenté par la jeune comédienne Ruby Barnhill, qui joue avec sa caméra et évoque ses impressions sur le tournage du film (27’). En plus de nombreuses images volées sur le plateau, ce documentaire se compose également d’interviews des comédiens, de Steven Spielberg, des producteurs, de la fille de Roald Dahl, des créateurs des effets visuels, de la scénariste. Les effets spéciaux sont passés au crible, tout comme le livre de Roald Dahl, la genèse de l’adaptation cinématographique, l’évolution du scénario, la préparation, le casting, les prises de vues réalisées en motion-capture. Divertissant et informatif.

screenshot001screenshot002screenshot003screenshot004screenshot005screenshot007screenshot008Le petit module suivant intitulé Le BGG et moi (2’) est réalisé en animation et présente la relation du Bon Gros Géant avec le petit garçon qui a vécu avec lui.

screenshot010Si vos enfants ont envie d’apprendre Le Merveilleux charabia du BGG (3’), l’éditeur propose une petite leçon particulière pour les initier au gobblefunk à travers quelques animations cette fois encore.

screenshot011Un documentaire de cinq minutes se focalise ensuite sur la création des Géants. C’est encore l’occasion de comparer le tournage réalisé en motion-capture, avec le résultat final. Un procédé toujours impressionnant.

screenshot012screenshot013L’interactivité se clôt sur un module-hommage à la scénariste Melissa Mathison, décédée en novembre 2015 à l’âge de 65 ans. Auteure de L’Etalon noir, E.T., l’Extra-terrestre et Kundun, ex-femme d’Harrison Ford, Melissa Mathison était une amie très proche de Steven Spielberg. Le cinéaste, les producteurs Kathleen Kennedy et Frank Marshall parlent ici de leur étroite collaboration.

screenshot006screenshot015screenshot009screenshot014screenshot016L’Image et le son

Seule la version 2D a été testée. Tourné grâce aux caméras numériques Arri Alexa XT, Panavision Primo Lenses, Le BGG – Le Bon Gros Géant doit se voir ou se revoir en Haute définition. Les effets numériques sont ahurissants de beauté, le piqué est ciselé (surtout sur les scènes diurnes), les couleurs impressionnantes. Seules quelques séquences plus agitées mettant en scène les géants apparaissent parfois moins nettes et occasionnent quelques pertes de la définition. Il n’empêche que les contrastes sont léchés, les noirs denses et la profondeur de champ omniprésente. Les détails sont légion à l’avant comme à l’arrière-plan, le relief ne cesse d’étonner et le rendu des textures (étoffes, boiseries, dorures) est subjuguant.

screenshot000La version française est proposée en DTS-HD Master Audio 7.1 tandis que la piste anglaise bénéficie d’une acoustique Dolby Atmos. Dans les deux cas, les dialogues y sont remarquablement exsudés par la centrale, les frontales sont saisissantes, les effets et ambiances riches et explosives, les enceintes arrière instaurent constamment un environnement musical, tout comme le caisson de basses, mis à rude épreuve, qui n’en finit pas de marteler les séquences les plus mouvementées ou même quand les géants ne font que marcher tranquillement. Un grand, très grand spectacle ! L’éditeur joint également une piste française Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

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Copyright Metropolitan FilmExport / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Le Triangle du Diable, réalisé par Sutton Roley

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LE TRIANGLE DU DIABLE ( Satan’s Triangle) réalisé par Sutton Roley, disponible en DVD le 18 octobre 2016 chez Showshank Films

Acteurs : Kim Novak, Doug McClure, Alejandro Rey, Ed Lauter, Jim Davis, Michael Conrad

Scénario : William Read Woodfield

Photographie : Leonard J. South

Musique : Johnny Pate

Durée : 1h11

Date de sortie initiale : 1975

LE TELEFILM

Un hélicoptère et ses deux sauveteurs partent secourir un bateau en perdition. A son bord, des cadavres et une seule survivante… Au beau milieu de l’océan, la tempête se lève. Leurs coordonnées semblent indiquer qu’ils se trouvent au centre d’un endroit mystérieux surnommé le Triangle du Diable…

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Difficile à croire en découvrant ce téléfilm en 2016, mais Le Triangle du Diable, Satan’s Triangle, produit par la chaîne ABC, diffusée le 14 janvier 1975 aux Etats-Unis, puis en France en novembre 1975, mais surtout le 4 février 1979, a traumatisé toute une génération pour sa diffusion à une heure de grande écoute, un dimanche en début de soirée. Réalisé par Sutton Roley, grand habitué de la télévision avec une multitude de séries à son actif depuis la fin des années 50-60 (Mannix, Le Magicien) jusqu’aux années 1980 (Supercopter, Mike Hammer), Le Triangle du Diable demeure toujours aussi chéri par celles et ceux qui l’ont découvert quand ils étaient jeunes, même s’il faut bien avouer qu’il a considérablement mal vieilli.

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On comprend ce qui a pu choquer à l’époque puisque Le Triangle du Diable est un téléfilm sombre, parfois violent et macabre, avec une petite touche fantastique qui a dû effrayer les enfants qui se demandaient alors ce qu’on pouvait bien leur offrir de gentil et de propre dans la petite lucarne. Le Triangle du Diable vaut surtout aujourd’hui pour revoir Kim Novak, qui se faisait déjà rare sur les écrans. Sa dernière grande apparition au cinéma remontait déjà à 1969 dans Le Plus grand des hold-up d’Hy Averback, bien que la comédienne fît également une apparition dans le quatrième segment du film à sketchs Tales That Witness Madness en 1973. Hormis cette diffusion invraisemblable en fin de week-end alors que les petits n’avaient pas encore pris leur bain, on se demande pourquoi Le Triangle du Diable, modeste fiction à petit budget, est devenu aussi culte puisque le récit – écrit par William Read Woodfield, grand manitou de la série Mission Impossible – sous forme de flashbacks imbriqués apparaît aujourd’hui bien classique, efficace mais platement mis en scène, interprété par des acteurs peu concernés, notamment une Kim Novak complètement éteinte. Le twist final fonctionne, tout comme l’épilogue, mais le reste n’est souvent qu’ennui, il ne se passe rien et l’ensemble s’avère aussi passionnant qu’une partie de pêche à l’espadon diffusée à 3h du matin.

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C’est là tout le mystère de la fibre nostalgique, tout comme celui du Triangle des Bermudes qui sert ici de prétexte pour une entourloupe de 70 minutes, mais où il n’y a que les cinq dernières à sauver.

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LE DVD

Le DVD du Triangle du Diable, disponible chez Showshank Films, repose dans un Digipack un peu léger et fragile. Le visuel, cheap, mentionne « Le Film qui a traumatisé toute une génération » et vise ceux qui recherchaient activement ce téléfilm depuis des années.

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L’éditeur ne vient pas les mains vides ! En effet, nous trouvons une présentation du Triangle du Diable, ou plutôt de son contexte singulier de diffusion à la télévision française, par Jérôme Wybon (13′). Nous avons beaucoup de plaisir à retrouver l’auteur de Nos années Temps X : Une histoire de la science-fiction à la télévision française et le réalisateur de nombreux suppléments rétrospectifs présents sur moult DVD et Blu-ray. Jérôme Wybon replace ce téléfilm dans son contexte, puis donne quelques indications sur le scénariste, le réalisateur, le compositeur et le casting. Vous en saurez également un peu plus sur le sujet du Triangle des Bermudes abordé au cinéma et à la télévision.

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L’interactivité se clôt sur le générique français d’époque (« qui vous a fait frissonner ») et un petit comparatif avant/après la restauration.

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L’Image et le son

Le Triangle du Diable est un téléfilm. Le master plein cadre 1.33 (4/3) d’origine proposé par Showshank Films s’avère honnête, même s’il demeure marqué par l’usure du temps et ce malgré une restauration. Les couleurs retrouvent un certain éclat par rapport au master original, le grain est parfois très marqué et sa gestion reste aléatoire, certains moirages sont visibles, tout comme les stock-shots lors de la partie de pêche. Divers plans sont toujours flous et inhérents aux partis pris esthétiques qui privilégient un aspect cotonneux lors de l’arrivée du prêtre sur le voilier. La copie trouve néanmoins une stabilité, malgré des fourmillements à foison.

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La version originale Mono est beaucoup plus étouffée que la piste française, dynamique, aux dialogues et aux effets nettement plus élevés. De plus, le doublage est très bon, avec notamment Marcel Bozzuffi, Pierre Garin et Serge Lhorca (la voix de Yoda dans les épisodes V et VI de Star Wars).

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Crédits images : © Showshank Films / Captures DVD et Bonus : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Chronique du Blu-ray / Exte : Hair Extensions, réalisé par Sono Sion

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EXTE : HAIR EXTENSIONS (Ekusute – エクステ) réalisé par Sono Sion, disponible en Édition Limitée Blu-ray + DVD le 12 octobre 2016 chez HK Vidéo

Acteurs : Chiaki Kuriyama, Ren Osugi, Megumi Satô, Tsugumi, Eri Machimoto, Miku Satô, Yûna Natsuo

Scénario : Sono Sion, Masaki Adachi, Makoto Sanada

Photographie : Hiro’o Yanagida

Musique : Tomoki Hasegawa, Sono Sion

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 2007

LE FILM

Lors d’une inspection de containers sur le port, des agents des douanes découvrent le cadavre d’une jeune femme dont la chevelure continue de croître. Cet étrange phénomène n’échappe pas au gardien de la morgue qui entreprend de fabriquer des extensions pour les revendre aux salons de coiffure. Mais tous ignorent que ces extensions, douées d’une vie propre, sont muées par des pulsions meurtrières. Accompagnée de sa nièce, une apprentie coiffeuse va tenter de démêler le mystère avant que d’autres décès ne surviennent…

Parfois, la vie ne tient qu’à un cheveu…parfois non (tagline de l’affiche originale)

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Imaginez le Blob, cette créature gélatineuse qui serait remplacée par…des extensions de cheveux ! Et ces rajouts capillaires, symboles de l’obsession de la beauté, de l’apparence et de la mode chez les jeunes filles, ne cesseraient de s’étendre, jusqu’à engloutir les êtres humains qui voudraient les couper ! Bienvenus dans le monde du réalisateur déjanté et prolifique Sono Sion ! Réalisé en 2007, Exte – Hair Extensions est un film « d’horreur » à voir au 36e degré, jamais effrayant en raison de d’effets spéciaux au rabais du type Asylum, mais rigolos. Un film foutraque et pourtant maîtrisé, souvent complètement barré, parfois émouvant, un véritable univers, toujours original, dans lequel on plonge volontiers.

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Le metteur en scène de Suicide Club (2002), Love Exposure (2008) et Guilty of Romance (2011) confie le rôle principal à la délicieuse Chiaki Kuriyama (Kill Bill : volume 1, Battle Royale), poupée de porcelaine plongée dans une histoire rocambolesque, dans laquelle une apprentie coiffeuse de 20 ans devra affronter des extensions de cheveux « vivantes » provenant du corps d’une jeune femme décédée, dont la chevelure n’a de cesse de s’étendre. Malgré des baisses de rythme et une absence de rebondissements, on ne s’ennuie jamais. Sono Sion n’a pas son pareil pour dresser le portrait de personnages déglingués, à l’instar de celui du croquemitaine (Ren Osugi), fétichiste des cheveux, habillé en salopette ornée d’un smiley et d’un gros coeur, complètement cinglé et donc souvent hilarant.

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Exte – Hair Extensions prend souvent des allures de manga filmé avec des extérieurs ouatés aux couleurs pastel, une violence graphique (jamais gore) qui n’a pas la prétention d’être « réaliste », ainsi qu’un affrontement final what the fuck entre le gore et l’humour potache. Malgré ces débordements fantastiques, certaines maladresses et facilités, les personnages ne sont jamais oubliés et l’on s’attache très vite à Yûko et sa nièce Mami, petite fille battue par une mère indigne et immature, arrachée bien trop vite à l’enfance et à l’innocence par la monstruosité de l’homme. A l’instar des extensions capillaires, le drame social se greffe sur l’histoire fantastique et cela prend parfaitement !

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Le cinéma nippon peut dire merci à Sono Sion, véritable auteur atypique, qui en 2016 compte près d’une cinquantaine de réalisations, entre courts et longs métrages, documentaires et séries TV. Si les idées foisonnantes ne sont pas toujours exploitées à fond, Exte – Hair Extensions est une œuvre rappelant certaines productions des années 80, jubilatoire, bourrée d’imagination, et surtout très généreuse avec les spectateurs. Ça décoiffe !

LE BLU-RAY

Exte – Hair Extensions, est disponible dans une édition limitée Blu-ray+DVD, chez HK Vidéo. Le test de l’édition HD a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est sombre, musical et légèrement animé sur le visuel le plus célèbre tiré du film. L’édition originale contient un livret exclusif de 12 pages.

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L’éditeur propose quelques suppléments pour les aficionados de Sono Sion.

Un module se focalise sur la présentation du film par les acteurs et le réalisateur (9’), au cinéma Sunshine dans le quartier d’Ikebukuro de Tokyo. Devant une salle bondée, les comédiens parlent des personnages, du scénario, du travail avec le réalisateur…

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Cette première du film se prolonge au café Ariapita (5’), situé dans le même quartier, customisé pour l’occasion en Café Exte – Hair Extensions. Des éléments repris du film ornent les murs, notamment des cheveux, et les comédiens se plient au jeu des interviews dans ce décor singulier.

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Adeptes du karaoké, vous serez ravis d’apprendre que la chanson entêtante du personnage de Yamazaki est proposée ici (2’). Les paroles sont disponibles en phonétique pour les spectateurs français.

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Envie d’un décalage culturel ? Alors ne manquez pas la rencontre de la comédienne Chiaki Kuriyama avec des étudiants (12’). L’actrice évoque brièvement son personnage dans Exte – Hair Extensions, l’ambiance sur le plateau, le travail avec ses partenaires, avant de se voir poser des questions du genre « quelles stars connaissez-vous ? », « comment faites-vous pour garder la ligne ? », « quelle musique écoutez-vous ? », vous lisez dans les transports ? », « à quels jeux vidéo jouez-vous ? », « quel shampooing utilisez-vous ? ». Vous l’aurez compris, il s’agit d’un débat absolument palpitant !

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Deux petites scènes coupées (1’) basées sur la relation de Yûko avec sa chef sont également au programme.

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L’interactivité se clôt sur la bande-annonce originale, le film-annonce international et quelques trailers de films disponibles chez HK Vidéo.

L’Image et le son

Le Blu-ray est au format 1080p. Ce master (1.77, 16/9) n’est pas « décevant », mais le film de Sono Sion date déjà de 2007 et l’image ne peut rivaliser avec les standards HD actuels. Le piqué est émoussé en raison de partis pris esthétiques souvent vaporeux et aux sources d’éclairages parfois trop luminescentes. Les couleurs sont froides, les détails peu nombreux, les contrastes légers et l’ensemble bien trop lisse.

Deux mixages DTS-HD Master Audio 5.1 au choix ! Le doublage français est amusant, malgré des voix trop mises en avant. Pour plus de naturel et une meilleure homogénéité entre les dialogues, les effets et la musique, privilégiez évidemment la piste japonaise. Même si celle-ci s’avère moins dynamique sur les frontales, le spectacle acoustique est quand même assuré sur les séquences plus agitées. Le caisson de basses intervient à bon escient.

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Crédits images : © HK Vidéo / Captures des suppléments : Franck Brissard