THE LEFTOVERS – SAISON 3,disponible en Blu-ray et DVD le 11 octobre 2017 chez HBO
Acteurs : Justin Theroux, Amy Brenneman, Christopher Eccleston, Chris Zylka, Margaret Qualley, Carrie Coon, Liv Tyler, Ann Dowd, Janel Moloney, Kevin Carroll, Regina King, Jasmin Savoy Brown, Jordan Adepo…
Histoire originale : Damon Lindelof, Tom Perrotta d’après le livre de Tom Perrotta Les Disparus de Mapleton
Scénario : Damon Lindelof, Patrick Somerville, Tom Perrotta, Tom Spezialy, Tamara Carter, Lila Byock, Carly Wray, Nick Cuse
Photographie : Michael Grady, John Grillo, Robert Humphreys
Musique : Max Richter
Durée : 8h (8 épisodes)
Date de sortie initiale : 2017
LA SAISON 3
En l’espace d’un instant, 140 millions de terriens se sont évaporés. La cause de ce tragique événement reste inconnue et rien n’indique que les disparus referont surface. La série The Leftovers s’articule autour des vies transformées à jamais par la catastrophe qui a ébranlé la planète un 14 octobre. Dans la saison 3, les familles Garvey et Murphy s’unissent dans la quête désespérée d’une foi capable d’expliquer ce qui dépasse l’entendement. Le monde est à l’aube d’un bouleversement majeur, comparable au « Grand Départ » qui l’a frappé des années auparavant.
Nous y sommes. C’est la dernière saison. Trois ans se sont écoulés depuis l’invasion de Miracle par le groupe de « Guilty Remnants », qui s’est soldée tragiquement. Alors que le septième anniversaire du Ravissement a lieu dans deux semaines, de plus en plus de monde se rassemble dans la petite bourgade texane. En effet, de nombreux prêches annoncent un nouvel événement ce jour-là. Désormais à la tête de la police locale, Kevin Garvey surveille non sans inquiétude l’effervescence qui anime la ville. Dans le cadre de son travail sur les fraudes liées au Ravissement, Nora se rend dans la ville de Saint-Louis, ou on soupçonne une nouvelle escroquerie visant à laisser croire aux familles de Disparus qu’il serait possible de les retrouver. Par ailleurs, la jeune femme souffre toujours aussi cruellement de l’absence de ses enfants et peine à se remettre du départ de la petite fille confiée à Kévin sur laquelle elle veillait. Tout en écoutant un vieil enregistrement de son fils alors qu’il était enfant, Kevin Garvey Senior sillonne l’outback australien. Pour prévenir un déluge, qu’il croit imminent, le vieil homme suit une ancienne route sacrée pour le peuple aborigène et répète à différents endroits les coutumes après les avoir observées et mémorisées. Ses activités lui valent des ennuis avec les autorités, mais il persiste tout de même, d’autant plus qu’il ne lui reste qu’un seul rituel à accomplir. Kevin et Nora se rendent alors en Australie, quand le policier aperçoit un visage inattendu du passé, ce qui l’oblige à affronter les événements traumatiques de trois ans plus tôt. Convaincu que c’est le destin de Kevin d’être à Miracle pour le prochain septième anniversaire du départ, Matt Jamison se dirige impulsivement vers l’Australie dans le but de le ramener au bercail. Malheureusement, Dieu s’oppose. Laurie Garvey, se dirige également vers l’Australie pour aider Nora et Kevin sur leurs chemins.
The End is near…
Diffusée sur HBO dès juin 2014, la première saison de The Leftovers, série télévisée américaine créée par Damon Lindelof (un des créateurs de la série Lost) et l’écrivain Tom Perrotta, adaptée du roman éponyme de ce dernier édité en France sous le titre Les Disparus de Mapleton, est rapidement devenue un des événements de l’année. La première saison en dix épisodes transposait le roman dans son intégralité et la seconde, également en dix épisodes, était donc réalisée à partir d’un scénario original. Toujours aussi complexe, extrêmement riche, hypnotique, la troisième et dernière saison de The Leftovers est une des plus belles vues depuis dix ans. N’ayons pas peur des mots, cette oeuvre est extraordinaire. Si le générique de la précédente saison est conservé sur la forme, l’accompagnement musical n’a de cesse d’évoluer et donne quelques indications sur le récit et les évènements à venir.
Nous retrouvons les personnages principaux, mais l’action se déroule essentiellement en Australie, trois ans après l’arrivée de Kevin et Nora à Jarden, rebaptisée alors Miracle, puisqu’il s’agit du seul endroit sur Terre où pas un seul habitant sur 9261 personnes n’avait été porté disparu. C’est dans cette petite contrée, devenue centre de pèlerinage et dans laquelle on ne peut circuler librement et seulement sur autorisation en étant muni d’un bracelet spécifique, que Kevin et Nora débarquaient en espérant repartir de zéro. Mais le destin en avait décidé autrement. A l’aube d’une Apocalypse programmée pour le septième anniversaire du Grand Départ, Kevin (merveilleux Justin Theroux) est regardé comme un nouveau Messie et semble pour ses proches détenir le pouvoir d’empêcher l’extinction de la race humaine. Quant à Nora (sublime Carrie Coon), elle semble rattraper par la tristesse, le désespoir et ne parvient pas à faire le deuil de ses enfants en se demandant toujours s’ils sont toujours en vie, quelque part. Jusqu’au jour où une société la contacte et lui propose de participer à une expérience, comme plusieurs autres cobayes avant elle. Les conditions de la disparition soudaine de la population ont pu être reproduits en laboratoire. Une machine peut donc envoyer des volontaires là où leurs proches ont sans doute disparu. Mais le processus est irréversible.
Pray for us
Résumer tous les enjeux et les intentions d’une série comme The Leftovers est difficile, puisque la série, en particulier cette troisième saison, est si dense, mystérieuse, ambiguë, torturée, dramatique, mélancolique, et en même temps totalement différente d’une saison à l’autre, que l’on pourrait y passer des heures, et ne faire qu’effleurer ses thèmes. Le pari de proposer une suite radicalement différente est donc magistralement relevé. La mise en scène est virtuose, tout comme l’interprétation, la musique, la photographie. Les acteurs ont chacun leur partition à jouer dans cette étrange et saisissante symphonie qui ne cesse de déstabiliser pendant ces huit derniers épisodes. L’intrigue est étrange, quasi-fantastique, chaotique, anxiogène, troublante et haletante, dès la première séquence du premier épisode qui nous emmène loin dans l’histoire. L’épisode 7, à l’instar du huitième de la saison 2, dans lequel Kevin est à nouveau « emmené » dans une étrange dimension, marquera longtemps les esprits. Quant au final d’1h12, sobre, fabuleux et fascinant sur la foi, la croyance, la recherche de la paix intérieure, l’acceptation, l’amour, il arrache toutes les larmes du corps du spectateur et peu importe si finalement certaines questions demeurent sans réponse comme l’indique la chanson Let the Mystery Be d’Iris DeMent. The Leftovers est et restera une mini-série époustouflante et miraculeuse. Un chef d’oeuvre dont on ne ressort pas indemne.
LE BLU-RAY
Le visuel de la jaquette, glissée dans un boîtier classique de couleur bleue, est très beau et parfaitement dans le ton de cette troisième saison de The Leftovers. La minisérie est divisée en deux disques à la sérigraphie sobre. Le premier disque comprend les quatre premiers épisodes, la deuxième galette les quatre suivants. Les menus principaux sont fixes et musicaux, identiques sur les deux disques. Le boîtier est glissé dans un surétui cartonné.
A l’instar de l’édition Blu-ray de la seconde saison, nous ne trouvons ici aucun supplément. Nada !
L’Image et le son
L’éditeur prend soin de cette troisième saison avec un master haut de gamme et un transfert solide. Sans surprise, la copie se révèle propre et tire agréablement partie de la HD avec des teintes plus chaudes que sur les deux saisons précédentes avec notamment une omniprésence de couleurs saturées en Australie, une palette chromatique spécifique, le tout soutenu par un solide encodage. Le piqué, tout comme les contrastes, sont souvent tranchants, les arrière-plans sont détaillés, le relief plaisant, les noirs denses et les détails foisonnants. Hormis quelques légers fléchissements de la définition sur les scènes sombres, cette édition Blu-ray offre les plus belles conditions pour voir et revoir The Leftovers.
Seule la version originale bénéficie d’une piste DTS-HD Master Audio 5.1, la piste française devant se contenter d’une simple et anecdotique Dolby Digital 2.0, qui n’arrive pas à la cheville de son homologue. Pour la première, le confort acoustique est évidemment largement assuré. La spatialisation est enivrante et participe à l’immersion totale dans cet étrange univers, tout en mettant en avant l’extraordinaire composition de Max Richter. Les dialogues sont exsudés avec force, les effets et ambiances annexes sont riches (dans la rue notamment), amples et variés. Nul besoin de monter le volume pour profiter pleinement de la bande-son. Le caisson de basses intervient aux moments opportuns et les sous-titres sont amovibles.
BATES MOTEL réalisépar Richard Rothstein,disponible en DVD le 26 septembre 2017 chez Movinside
Acteurs : Bud Cort, Lori Petty, Moses Gunn, Gregg Henry, Jason Bateman, Khrystyne Haje, Kerrie Keane, Robert Picardo…
Scénario : Richard Rothstein
Photographie : Bill Butler
Musique : J. Peter Robinson
Durée : 1h31
Date de sortie initiale : 1987
LE DVD
Alex West a été le compagnon de chambrée et d’infortune de Norman Bates à l’asile de fous pendant près de 20 ans. A la mort de ce dernier, Alex hérite du sinistre, et désormais délabré, Bates Motel. Avec l’aide de Willie, une adolescente sans attaches, il décide de rouvrir l’hôtel. Mais bien vite l’étrange refait surface…
En 1987, sous la houlette d’Universal, le scénariste et réalisateur Richard Rothstein (producteur de la série Le Voyageur et créateur d’Universal Soldier en 1992) écrit et met en scène Bates Motel, un téléfilm supposé devenir le pilote d’une série télévisée évidemment basée sur le chef d’oeuvre d’Alfred Hitchcock, Psychose (1960). Le principe est d’éluder Psychose 2, grand succès de l’année 1983 qui montrait un Norman Bates guéri retourner au Bates Motel, ainsi que Psychose 3, suite directe réalisée et interprétée par Anthony Perkins lui-même quatre ans plus tard, qui se solde cette fois par un échec commercial grave. Pour la série envisagée Bates Motel, le personnage de Norman Bates n’est plus au centre du récit, même s’il sert de point de départ.
En 1960, suite à son procès, le tueur en série Norman Bates est envoyé dans un asile psychiatrique. Là, il fait la connaissance du jeune Alex, interné pour avoir tué son beau-père qui le maltraitait. Norman tient vite un rôle de père de substitution pour Alex qui lui voue une véritable admiration. Au décès de Bates et conformément à son testament, Alex hérite du motel familial, lieu où ont été perpétrés les crimes de Norman, laissé à l’abandon depuis l’arrestation de l’ancien propriétaire. Avec l’aide de Willie, une jeune femme en fugue, il décide de remettre la propriété sur pied, et part habiter (avec sous le bras l’urne funéraire contenant les cendres de Norman) dans l’ancienne maison de la famille Bates. Tandis qu’Alex s’installe et s’adapte à la vie, des événements étranges se produisent.
La diffusion de ce téléfilm en juillet 1987 sur NBC a été suivie de critiques incendiaires, y compris de la part d’Anthony Perkins, qui avait refusé d’y apparaître, laissant la place à sa doublure Kurt Paul pour le prologue. Ajoutez à cela des audiences catastrophiques et il n’en fallait pas plus pour que la série meurt dans l’oeuf. Soyons honnêtes, nous étions loin d’imaginer un tel téléfilm nanardesque, interminable et qui s’apparente dans sa dernière partie à un épisode de Scooby-Doo ! Après une introduction en N&B qui montre Norman Bates à la sortie de son procès se diriger vers l’asile d’aliénés où il finira sa vie (exit Psychose 2 et Psychose 3 donc), l’histoire se focalise sur le personnage d’Alex interprété par l’étrange Bud Cort. Découvert dans M.A.S.H. de Robert Altman en 1970, il tient le rôle-titre dans le célèbre Harold et Maude d’Hal Ashby réalisé l’année suivante. Prometteur, nommé pour les prix les plus prestigieux du cinéma et même honoré à la Cinémathèque française à l’âge de 25 ans, il est victime d’un très grave accident de voiture en 1979. Tous ses membres sont brisés et son visage défiguré. C’est le début de la fin pour le comédien de 31 ans, aussi bien dans sa vie personnelle que professionnelle. A l’instar de Montgomery Clift, Bud Cort connaît de très nombreuses opérations de chirurgie réparatrices et plastiques, ainsi que des séances multiples de rééducation. Entre un procès perdu et les studios qui l’oublient rapidement, Bud Cort tente de reprendre sa carrière en main, sans succès. En 1987, il est relativement confiant dans le projet Bates Motel qui pourrait lui assurer un rôle récurrent à la télévision. Il va très vite déchanter.
Bates Motel est un téléfilm pauvrement écrit, sinistre dans sa mise en scène et au rythme lent. Si Bud Cort promène son charisme particulier en écarquillant continuellement les yeux, il est malgré tout attachant. Il donne la réplique à la piquante Lori Petty, vue dernièrement dans la série Orange Is the New Black (Lolly), qui fait ici ses débuts devant la caméra et dont le film le plus célèbre demeure Point Break – Extrême limite de Kathryn Bigelow (1991) dans lequel elle interprète Tyler. Le surjeu nerveux de la comédienne agace plus qu’autre chose, mais rajoute au côté nanar de l’entreprise. Il ne se passe pas grand-chose dans Bates Motel, que l’on pourrait considérer comme un spin-off au film original. Si revoir le motel en question et surtout la célèbre maison des Bates fait toujours son petit effet, l’histoire fait du surplace et il faut vraiment attendre le dernier quart d’heure pour que les enjeux du téléfilm (et donc de la série) soient enfin exposés, avec notamment l’apparition du jeune Jason Bateman.
En faisant de ce lieu maudit une sorte de brèche entre deux mondes (en gros des fantômes apparaissent), l’intention était plutôt originale, mais l’approche reste bien trop paresseuse. Bates Motel reste malgré tout une vraie curiosité teintée d’humour noire. Par la suite, Anthony Perkins reviendra une dernière fois dans la peau de Norman Bates dans Psychose 4, téléfilm préquelle réalisé par Mick Garris en 1990. Outre le remake plan par plan (ou presque) de Psychose par Gus Van Sant en 1998, le Bates Motel renaîtra vraiment de ses cendres à travers une série éponyme, cinq saisons réalisées de 2013 à 2017, centrée sur la jeunesse tourmentée du jeune Norman Bates auprès de sa mère Norma, avec Freddie Highmore et Vera Farmiga.
LE DVD
Le DVD de Bates Motel, disponible chez Movinside, repose dans un boîtier classique de couleur noire, glissé dans un surétui cartonné. La jaquette est très élégante et attractive. Cette collection « Trésors du fantastique », est dirigée par Marc Toullec et Jean-François Davy. Le menu principal est quant à lui animé et musical.
Comme bonus, Marc Toullec présente Bates Motel (8’). Installé dans son canapé, de biais, le regard scotché à un texte qu’il a l’air de découvrir en même temps qu’il le récite comme une dictée, le journaliste peine à éveiller l’attention. Ce supplément donne vraiment la sensation qu’il a été réalisé dans l’urgence, sans aucun moyen (mention à la musique diffusée en boucle à côté de Toullec), au montage médiocre (que de coupes) et au procédé fatiguant. Marc Toullec bafouille, raconte parfois l’histoire, se reprend et échoue à donner un semblant de naturel à sa lecture. L’interactivité propose aussi le teaser original.
L’Image et le son
L’image ne peut cacher la facture télévisuelle de Bates Motel. Des points blancs, scratchs, griffures et tâches montrent que la restauration n’est pas récente, le N&B du prologue paraît bleuté et métallique. Les couleurs semblent fanées et brunâtres, la définition reste moyenne, l’image est floue et des moirages s’invitent à la partie. Ne cherchons pas de gestion des contrastes ici, elle est inexistante, tout comme le piqué émoussé. Le master est brut, marqué par ses trente ans d’âge et seule la stabilité est de rigueur ici.
Bien que le film ait été exploité en France en VHS sous l’égide de CIC Vidéo, nous ne trouvons pas de version française sur cette édition DVD. Le mixage anglais Dolby Digital 2.0 Mono instaure un bon confort acoustique avec des dialogues délivrés avec efficacité et clarté. La propreté est de mise, sans aucun souffle et les sous-titres français ne sont pas imposés.
THE JANE DOE IDENTITY (The Autopsy of Jane Doe) réalisépar André Øvredal,disponible en DVD et Blu-ray le 4 octobre 2017 chez Wild Side Video
Acteurs : Emile Hirsch, Brian Cox, Ophelia Lovibond, Michael McElhatton, Olwen Catherine Kelly, Jane Perry…
Scénario : Ian B. Goldberg, Richard Naing
Photographie : Roman Osin
Musique : Danny Bensi, Saunder Jurriaans
Durée : 1h26
Date de sortie initiale : 2016
LE FILM
Quand la police leur amène le corps immaculé d’une Jane Doe, Tommy Tilden et son fils, médecins-légistes, pensent que l’autopsie ne sera qu’une simple formalité. Au fur et à mesure de la nuit, ils ne cessent de découvrir des choses étranges et inquiétantes à l’intérieur du corps de la défunte. Alors qu’ils commencent à assembler les pièces d’un mystérieux puzzle, une force surnaturelle fait son apparition dans le crématorium…
Certains films sont précédés d’une flatteuse réputation avant même leur sortie dans les salles. Le plus souvent, la déconvenue est de taille et le résultat fait l’effet d’un pétard mouillé. Ce n’est pas le cas de The Jane Doe Identity titre « français » de The Autopsy of Jane Doe, qui a été sans doute renommé ainsi par des distributeurs voulant sans doute faire passer le film comme un spin-off de la saga Jason Bourne. Toujours est-il que The Jane Doe Identity, réalisé par le norvégien André Øvredal, découvert en 2010 avec son second long métrage Troll Hunter, est un véritable coup de maître.
Tommy Tilden et son fils Austin, deux médecins légistes, officient dans une petite ville. Un soir, ils entreprennent l’autopsie de Jane Doe, nom que l’on donne à des individus dont on ne connaît pas l’identité. La police a découvert le corps enterré dans la cave d’une maison où une famille a été sauvagement assassinée. Alors que l’opération commence, Austin remarque une mouche qui sort du nez de la victime. Des événements de plus en plus étranges et effrayants s’enchaînent. Tout d’abord, le film repose sur un scénario intelligent et passionnant coécrit par Ian B. Goldberg (Terminator: Les chroniques de Sarah Connor) et Richard Naing (producteur de la série-documentaire Behind the Mask). André Øvredal s’empare de ce film de commande et livre un véritable objet de cinéma. Sa mise en scène élégante, souvent virtuose, couplée à une photographie stylisée et au grain palpable signée Roman Osin (Orgueil & préjugés version 2005) extirpe The Jane Doe Identitydu tout venant qui encombre généralement les salles de cinéma au sol recouvert de pop-corn et parasitées par les rires gras de quelques ados qui ne regardent même pas le film. Et paf.
Le film d’André Øvredal bénéficie également du jeu de deux grands comédiens, Emile Hirsch, qui a brillé chez Catherine Hardwicke, Sean Penn, les sœurs Wachowski, Gus Van Sant, William Friedkin, David Gordon Green (excusez du peu pour un acteur de 32 ans), et son partenaire, l’impérial Brian Cox (qui remplace Martin Sheen), qui s’est toujours renouvelé à travers plus de 200 films tournés en cinquante ans. Nous ne sommes pas ici dans le fast-food du cinéma fantastique et d’épouvante. Les scénaristes et le réalisateur parviennent d’emblée à captiver les spectateurs, même les plus blasés. Le cadre atypique de la morgue (unité de lieu), sa durée resserrée quasiment en temps réel sur 85 minutes (unité de temps) et son récit divisé en deux parties distinctes (unité d’action), participent à la montée d’angoisse chez le spectateur en même temps que celle des deux personnages principaux. Les jump scare sont utilisés avec parcimonie et la tension naît des partis pris, notamment des corps filmés de manière frontale, sans oublier une impressionnante utilisation des bruitages, à l’instar des cages thoraciques découpées, des crânes sciés, des organes manipulés. La première partie, qui évite heureusement l’utilisation du found footage, prend une dimension quasi-documentaire et suit les gestes précis des personnages qui s’affairent autour des cadavres livrés par les autorités.
Le mystère s’épaissit au fil des découvertes à l’extérieur, mais aussi à l’intérieur du corps inanimé de Jane Doe, « interprété » par Olwen Catherine Kelly, dont André Øvredal parvient à donner beaucoup de présence en la filmant sous tous les angles, qu’elle a d’ailleurs très beaux. La seconde partie est sans doute plus « traditionnelle », mais galvanisé par la première le spectateur n’a pas un seul moment de répit jusqu’au dénouement. Un remarquable conte macabre et oppressant, récompensé par le Prix du Jury jeunes au Festival de Gérardmer, en lice pour devenir le film d’épouvante de 2017.
LE BLU-RAY
Le test de l’édition Haute-Définition de The Jane Doe Identity, disponible chez Wild Side Video, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.
Un documentaire de 20 minutes est proposé en guise de supplément. Il se compose essentiellement d’entretiens avec le réalisateur André Øvredal, des comédiens Emile Hirsch et Brian Cox, des deux scénaristes et des producteurs. Evidemment, nous sommes en pleine promo et les propos ne sont guère inspirés, mais puisque l’éditeur ne livre que ce bonus, autant ne pas le rater.
La bande-annonce est également disponible.
L’Image et le son
Que dire, si ce n’est que Wild Side Video semble repousser une fois de plus les limites de la HD avec cette magnifique édition Blu-ray de The Jane Doe Identity ! André Øvredal et son chef opérateur Roman Osin (Le Labyrinthe du silence) ont opté pour une patine délicate et léchée durant 1h35, des partis pris merveilleusement rendus, dont un très beau grain. C’est un sans-faute technique : relief, colorimétrie, piqué (au scalpel, c’est le moins qu’on puisse dire), contrastes (impressionnants), densité des noirs, on en prend plein les yeux. Les teintes froides s’allient avec les gammes plus chatoyantes, et chaque détail aux quatre coins de l’écran est aussi saisissant qu’étourdissant. Ce transfert immaculé soutenu par une compression AVC solide comme un roc laisse pantois d’admiration. Un Blu-ray de démonstration de plus sortant de l’usine de l’éditeur au chat hérissé.
Vous pouvez compter sur les mixages DTS-HD Master Audio 5.1 anglais et français pour vous plonger dans l’ambiance du film, bien que l’action demeure réduite. La bande originale est la mieux lotie. Toutes les enceintes sont exploitées, les voix sont très imposantes sur la centrale et se lient à merveille avec la balance frontale, riche et dense, ainsi que les enceintes latérales qui distillent quelques effets étonnants qui vous feront sursauter. Le caisson de basses se mêle également à la partie. Notons que la version originale l’emporte sur la piste française, se révèle plus naturelle et homogène, y compris du point de vue de la spatialisation musicale. Les sous-titres français sont imposés sur la piste anglaise et le changement de langue impossible à la volée.
LE COMPLEXE DE FRANKENSTEIN réalisépar Alexandre Poncet et Gilles Penso,disponible en DVD et Blu-ray le 27 septembre 2017 chez Carlotta Films
Acteurs : Rick Baker, Joe Dante, Guillermo Del Toro, Mick Garris, Alec Gillis, Steve Johnson, John Landis, Greg Nicotero, Kevin Smith, Phil Tippett, Chris Walas, Matt Winston, Tom Woodruff Jr.…
Scénario : Gilles Penso, Alexandre Poncet
Photographie : Gilles Penso, Alexandre Poncet
Musique : Alexandre Poncet
Durée : 1h42
Date de sortie initiale : 2015
LE FILM
Les créatures fantastiques n’ont jamais été aussi populaires qu’aujourd’hui, comme le prouvent les triomphes d’Avatar, Jurassic World, La Planète des singes ou Star Wars. Depuis les prémices du 7e art jusqu’aux dernières révolutions numériques, Le Complexe de Frankenstein explore plus d’un siècle d’expérimentations dans le domaine des effets spéciaux, mettant ainsi en lumière, aux côtés des monstres les plus célèbres, la personnalité de leurs créateurs, véritables héritiers du Docteur Frankenstein. Le film célèbre un art unique, fragilisé par l’envol des nouvelles technologies numériques.
Passionnés des effets spéciaux, amateurs du cinéma fantastique et d’épouvante, ou tout simplement camarades cinéphiles, le documentaire Le Complexe de Frankenstein est fait pour vous ! Pendant trois ans, de 2013 à 2015, Gilles Penso, monteur, scénariste, journaliste (L’Ecran Fantastique et Sonovision) et Alexandre Poncet, journaliste (Mad Movies, Freneticarts qu’il a co-fondé en 2008), monteur, compositeur, ont produit et réalisé ce film sensationnel sur les créatures au cinéma, mais aussi et surtout sur ceux qui se cachent derrière ces monstres avec lesquels chacun a grandi et développé son propre univers. Six ans après Ray Harryhausen, le titan des effets spéciaux, écrit et réalisé par Gilles Penso, produit par Alexandre Poncet, les deux complices ont décidé d’élargir leur réflexion sur les méthodes utilisées dans le cinéma de genre qui ont donné vie aux personnages emblématiques des années 1970 à nos jours, en allant à la rencontre d’artistes exceptionnels, devenus aussi incontournables que mythiques. Ce sont eux qui ont contribué au succès et même à la postérité des films auxquels ils ont participé, en leur apportant leur immense talent.
Ainsi, à l’écran se succèdent quelques pères fondateurs et fils spirituels : Rick Baker (Le Loup-Garou de Londres, Thriller, Le Grinch, Wolfman), Steve Johnson (Fog, Hurlements, S.O.S. Fantômes, Abyss), Greg Nicotero (Le Jour des morts-vivants, Evil Dead 2, Phantasm 2, Une nuit en enfer), Dennis Muren (Rencontres du troisième type, Terminator 2 – Le Jugement dernier, Jurassic Park, Twister), Phil Tippett (La Guerre des étoiles, la trilogie RoboCop, Starship Troopers, Willow), Alex Gillis et Tom Woodruff Jr. (Aliens – le retour, Leviathan, La Mort vous va si bien, Jumanji), Chris Walas (Piranha, Gremlins, La Mouche, Arachnophobie), Matt Winston (fils de feu Stan Winston), Mike Elizalde (Total Recall, Darkman, Hellboy, Fantômes contre fantômes) et les frères Chiodo(Critters, Team America, police du monde), ainsi que les réalisateurs John Landis, Joe Dante, Guillermo del Toro, Christophe Gans, Kevin Smith. Ces illustres noms s’entrecroisent à travers la présentation de leur spécialité, de leur passion toujours intacte, de leurs œuvres devenues cultes. Mais à travers leurs propos et leur propre définition du monstre au cinéma, une réflexion naît sur l’évolution d’un métier, d’un art, qui n’a eu de cesse d’évoluer au fil des années et où les images de synthèse ont peu à peu pris le pas sur les animatroniques, marionnettes, prothèses, mannequins, costumes, maquettes et animations image par image, depuis Abyss, Terminator 2 – Le Jugement dernier et Jurassic Park. Une avancée technologique inéluctable et même impitoyable pour certains, au point que le célèbre maquilleur Rob Bottin (The Thing, Legend, Fight Club) a purement et simplement quitté l’industrie du cinéma depuis 2003, en raison du manque de respect vis–à–vis de la profession. Si ce dernier est sans cesse évoqué, il n’apparaît que brièvement via quelques images d’archives.
De son côté, Phil Tippett revient sur le fait d’avoir été pris au dépourvu sur Jurassic Park avec l’animation de ses dinosaures en CGI. Un essor technologique qui l’a fait entrer en dépression, dont il est heureusement sorti avec l’envie de prendre finalement le train en marche et pour ainsi prouver qu’il n’était pas d’être mis à la casse. Le Complexe de Frankenstein, titre qui fait évidemment référence à la création d’un monstre par le Dr Frankenstein et donc le fait d’engendrer un être venu de l’imagination, qui est ensuite né des mains de son créateur, ne rend donc pas seulement hommage à ces artistes dont les doigts de fée ont curieusement donné naissance à des monstres souvent cauchemardesques, mais pose la question sur le devenir d’une technique par rapport à l’autre, d’autant plus depuis l’arrivée de la motion-capture et la création du personnage de Gollum pour Le Seigneur des Anneaux, ainsi que le monde et les personnages d’Avatar de James Cameron.
Etant donné que l’animation numérique est capable de tout créer aujourd’hui – ou presque diront certains – comment continuer à stimuler l’imagination et à créer l’émerveillement des spectateurs au cinéma ? Les techniques d’animation peuvent-elles coexister puisqu’elles évoluent sans cesse chacune de leur côté ? Sur un montage intelligent qui ne se contente pas d’aligner les propos et anecdotes de tournage de ses intervenants, Le Complexe de Frankenstein invite donc le spectateur à se poser lui-même ces questions. Les deux réalisateurs ont préféré faire confiance à l’investissement de leur audience, sans leur imposer une voix-off ostentatoire qui aurait eu comme effet de créer une redondance avant ou après les interventions de chaque invité, tout en limitant les extraits de films abordés.
Non seulement Le Complexe de Frankenstein caresse la fibre nostalgique, mais le documentaire flatte aussi et surtout le coeur et l’esprit en convoquant ces hommes de l’ombre, tout en proposant quelques focus sur quelques-unes de leurs plus belles progénitures. Frissons garantis quand la caméra se pose devant diverses sculptures, maquettes 3D, ou bien un Predator, un Alien, quelques dinosaures de Jurassic Park, des créatures de Starship Troopers et même le célèbre ED-209 de RoboCop animé pour l’occasion par Phil Tippett en stop-motion. Ces personnages paraissent bien sages accrochés sur un mur, mais leur aura reste intacte.
Alors merci à ces génies, qui ont su garder leur âme d’enfant pour mieux stimuler la nôtre, et merci à Gilles Penso et Alexandre Poncet pour ce film indispensable – et surtout optimiste quant à « l’entente » entre les méthodes – qui fera date et que les passionnés que nous sommes préserverons précieusement.
LE BLU-RAY
Les éditions double DVD et Blu-ray/+DVD de suppléments du Complexe de Frankenstein, sont disponibles chez Carlotta Films. Les disques reposent dans un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui liseré orange. Le menu principal est élégant et musical.
Le premier disque, le Blu-ray, contient tout d’abord un formidable commentaire audio des réalisateurs Alexandre Poncet et Gilles Penso, réalisé fin décembre 2016. Enjoués, dynamiques et très heureux de leur nouveau « bébé », les deux amis et collaborateurs reviennent sur tous les aspects du Complexe de Frankenstein, qui leur a demandé trois ans de travail. La genèse du projet, le titre, les étapes de la réalisation, leurs intentions (démontrer qu’il ne s’agissait pas d’un sujet de niche, ni d’un « bonus » de DVD), la création du générique, Les conditions de tournage, l’évolution du montage, les scènes coupées, les partis-pris, la création de la musique par Alexandre Poncet et encore bien d’autres thèmes sont abordés pendant près d’1h45, sans aucun temps mort et avec une passion extrêmement contagieuse ainsi qu’une spontanéité revigorante.
Alors évidemment, certains propos du commentaire précédent sont repris dans l’excellent documentaire rétrospectif du film, intitulé L’Odyssée de Frankenstein (55’). Gilles Penso et Alexandre Poncet sont forcément de retour, face caméra cette fois, et abordent la création, le tournage et le montage du Complexe de Frankenstein. C’est ici l’occasion de découvrir des images « laissées sur le banc de montage », qui complètent parfois certaines séquences du film, tout comme divers propos des deux complices qui prolongent également certains sujets abordés dans leur commentaire, comme leur répartition des tâches. Quelques images des rushes, du tournage proprement dit, ainsi que de la présentation du film au Paris International Fantastic Film Festival, une projection qui a marqué les réalisateurs puisque les attentats du Bataclan venaient juste de secouer la France, viennent également illustrer ce très bon module.
Le segment Artisanat numérique (15’) rend un petit hommage aux « hommes de l’ombre » qui ont participé au documentaire de Poncet/Penso (tiens, ça sonne comme Jeunet/Caro !), à savoir Laurent Brett, superviseur des génériques, Orphée-Timothée Marle Ouvrard, superviseur de la post-production, Jérémy Tosseghini, designer du générique. Ces entretiens reviennent sur les séquences qui ont pu donner du fil à retordre à l’instar de l’interview de Rick Baker, dont le rétro-éclairage de l’artiste créait un balayage qui pouvait rendre les images inutilisables, tout comme le bruit de la tondeuse du voisin de Joe Dante qui prenait le dessus sur les propos du maître. Heureusement, le talent des collaborateurs de Poncet/Penso ont pu sauver tout cela en post-production. La restauration des archives, les effets de transitions, l’habillage et la création du générique sont également abordés.
Merci à l’éditeur de nous proposer la bande originale élégante et inspirée composée par Alexandre Poncet lui-même (64’) !
L’interactivité du Blu-ray se clôt sur une large et précieuse galerie de photos du film, des coulisses et du tournage, qui nous permet de mieux observer les accessoires, maquettes, dessins et autres créations de ces merveilleux artistes. La bande-annonce du film est aussi au programme.
Mais attendez, ce n’est pas terminé, loin de là ! Carlotta Films intègre une deuxième galette, un DVD remplit de bonus !
Pour les besoins du film, Poncet/Penso ont bien évidemment été obligés de raccourcir certains entretiens ou leurs visites dans quelques ateliers de création. Ce DVD propose quatre rencontres en « version longue », celles avec Rick Baker (9’), Tom Woodruff Jr. et Alec Gillis (13’), Kevin Yagher (14’) et Charlie Chiodo (12’). Les passionnés ne manqueront pas de visionner ces segments constitués de nouveaux propos (tous s’accordent à dire que les différentes techniques peuvent et doivent coexister) et surtout d’images inédites, notamment Rick Baker qui se penche sur quelques-unes de ses créations (Le Loup-Garou de Londres, Thriller, Gremlins 2, Mon ami Joe, Men In Black), tout comme Tom Woodruff Jr. et Alec Gillis dans l’enceinte d’Amalgamate Dynamics inc. (Alien, la résurrection, AVP: Alien vs. Predator, Tremors).
De son côté, Kevin Yagher nous présente quelques poupées Chucky, mais aussi les corps créés pour la scène de l’échange des visages dans Volte/Face de John Woo (très impressionnant), le visage et le corps de Freddy (et du Freddy-Snake) pour les opus 2 et 3 des Griffes de la nuit, sans oublier le personnage « présentateur » des célèbres Contes de la Crypte et les corps aperçus dans la série Bones. Charlie Chiodo nous présente quant à lui de nombreux dessins et storyboards, tout en réalisant un dessin de monstre pour les deux réalisateurs.
S’ensuit une rencontre avec Sacha Feiner (10’) grand passionné de l’univers des Gremlins, au point d’être devenu probablement l’un des plus grands collectionneurs de tout ce qui concerne l’univers des créatures apparues dans le film de Joe Dante en 1984. Sacha Feiner nous présente les pièces les plus précieuses, mais aussi les plus laides (ce sont ses mots) et insolites qui ornent les vitrines, étagères et même les pièces entières de son domicile. Entre les fausses poupées Gyzmo, les contrefaçons, les jouets ratés, les comic books, les véritables marionnettes ayant servi pour les deux films, ainsi que les objets qu’il a lui-même restaurés, scannés et repeints, ne manquez pas cette petite visite gratuite et laissez votre pourboire en sortant.
Après, précipitez-vous sur une des rencontres indispensables de cette édition, celle avec le réalisateur Christophe Gans (36′). Cette formidable approche sur les monstres au cinéma est proposée dans son intégralité, là où quelques propos seulement apparaissaient dans Le Complexe de Frankenstein. Christophe Gans évoque tour à tour la création de la Bête dans son remake du film de Jean Cocteau (avec quelques anecdotes de tournage), les artistes et films qui l’ont marqué (Rob Bottin, Legend de Ridley Scott, les performances d’Andy Serkis chez Peter Jackson, les voix de Christopher Lee, Boris Karloff et de Béla Lugosi, le visage de Ron Perlman, La Mouche de David Cronenberg, Phil Tippett, James Cameron), l’importance de concilier les différentes techniques d’effets spéciaux afin de préserver la magie du septième art. Respiration. Christophe Gans aborde également la notion du monstre au cinéma, de Méliès à aujourd’hui, son propre rapport aux créatures, de ses débuts dans le film Necronomicon, réalisé avec Brian Yuzna et Shūsuke Kaneko en 1988, jusqu’à l’avènement des effets numériques utilisés dans sa version de La Belle et la Bête, même s’il tient à rappeler que le visage de la Bête a bien été créé de toutes pièces avant d’être scannée. Ecouter Christopher Gans est comme assister à une masterclass à chacune de ses interventions.
Place aux artistes américains Steven Johnson et John Vulich, à qui le segment est d’ailleurs dédié puisque ce dernier est décédé en 2016, deux jours après son 55e anniversaire. Le « designer creatures » de S.O.S. Fantômes, Abyss et Spider-Man 2, s’entretient donc avec celui des séries Buffy contre les vampires, X-Files et Babylon 5 dans une version étendue, sur leurs heures de gloire et l’évolution de la technique des effets spéciaux au cinéma et à la télévision (7’).
Même chose, la rencontre entre Joe Dante et John Landis est ici prolongée (6’ au total), chacun revenant sur les mêmes sujets abordés dans le segment précédent. On notera comment les deux se moquent gentiment des films de leur confrère Roland Emmerich, surtout de 2012. Quand John Landis déclare que la scène où John Cusack tente de s’enfuir devant la faille de San Andreas est « tellement idiote », Joe Dante répond que « cela fait de bonnes bandes-annonces ».
En avril 2016, à l’occasion d’une projection du Complexe de Frankenstein au cinéma de la Guilde des réalisateurs à Los Angeles, dans le cadre du Festival de Colcoa, Gilles Penso et Alexandre Poncet ont été invités à répondre à quelques questions, au cours d’une rencontre animée par Joe Dante lui-même (19’). Alors certes les propos tenus ici font inévitablement écho avec tout ce qui a déjà été entendu au cours du commentaire audio, du making of et des modules du second disque, mais l’expérience est étonnante et le public français peut être fier des deux réalisateurs. On apprend également qu’ils préparent actuellement deux documentaires. Le premier sur le vingtième anniversaire de Starship Troopers, grâce à 16 heures de rushes confiées par l’animateur Phil Tippett, et le second consacré à ce dernier lui-même ainsi qu’à son studio, sans oublier un livre sur leur travail sur Star Wars.
On termine par une masterclass de Guillermo del Toro (22’). En juillet 2016, le réalisateur reçoit le Prix Cheval Noir au Festival Fantasia de Montréal. Invité d’honneur, Guillermo del Toro présente Le Complexe de Frankenstein (« un film de fans pour les fans ») et revient en fin de projection pour une masterclass aussi drôle qu’intelligente et passionnée. Il se souvient de sa première « rencontre » avec les monstres au cinéma et sur ce qui lui a donné cet amour pour les créatures qui se perpétue dans chacun de ses films. Guillermo del Toro ne manque pas d’évoquer les artistes qui le fascinent depuis son enfance, sur les monstres qui peuplent ses œuvres et de la manière avec laquelle ils ont été réalisés. Le cinéaste prône d’ailleurs la fusion entre les différentes techniques d’animation.
Attention, deux bêtisiers très contagieux sont dissimulés sur le Blu-ray.
Pour accéder au premier, allez sur le sous-menu des suppléments. Placez le curseur sur L’Odyssée de Frankenstein puis appuyez sur la flèche de gauche. Un visuel apparaît. Validez. Il s’agit de prises ratées de présentations réalisées par les deux réalisateurs pour divers festivals où ils n’avaient pas pu se rendre. Premier fou rire (4’30).
Le second, toujours dans le même sous-menu des suppléments, se trouve sur la gauche des Credits. Validez le visuel. Il s’agit cette fois d’un délire que Poncet/Penso se sont tapés sur leur banc de montage, en créant une transition kitsch héritée d’une publicité avec Jeff Goldblum. D’où l’intitulé « la Goldblouche ». Deuxième fou rire (4’).
L’Image et le son
Essentiellement tourné en numérique au moyen d’un Canon 5D, Le Complexe de Frankenstein débarque en Blu-ray (1080p, AVC), un format qui sied à merveille aux précieuses images recueillies par Poncet/Penso. Le master HD est étincelant. Les protagonistes apparaissent clairement, les couleurs sont très belles, le relief palpable, le piqué incisif et certains gros plans sur les maquettes et accessoires se révèlent d’une précision d’orfèvre. Les quelques extraits de films et archives de tournage qui illustrent ce documentaire ont vraisemblablement subi un dépoussiérage afin d’offrir aux spectateurs le meilleur confort possible.
Le documentaire est proposé en DTS-HD Master Audio 5.1. Dans un premier temps, la spatialisation peut sembler limitée et l’essentiel de ce mixage demeure focalisé sur la centrale d’où sont exsudés avec force, les commentaires du film, mais c’était sans compter l’accompagnement musical très présent. L’ensemble est plutôt riche, les latérales parviennent à instaurer une atmosphère plaisante, y compris lorsque les prises de son ont été réalisées dans des conditions restreintes. Le caisson de basses parvient à tirer son épingle du jeu.
DON’T KILL IT réalisépar Mike Mendez,disponible en DVD le 6 septembre 2017 chez M6 Vidéo
Acteurs : Dolph Lundgren, Kristina Klebe, Elissa Dowling, Billy Slaughter, Michael Aaron Milligan, Tara Cardinal…
Scénario : Dan Berk, Robert Olsen
Photographie : Jan-Michael Losada
Musique : Juliette Beavan, Sean Beavan
Durée : 1h19
Date de sortie initiale : 2016
LE FILM
Un démon antique est accidentellement libéré dans une petite ville dépeuplée du Mississippi. Le seul espoir de survie repose entre les mains d’un chasseur de démons et d’un agent du FBI.
Dolph Lundgren peut encore compter sur la fidélité de nombreux fans, y compris pour ses productions qui sortent directement dans les bacs. C’est le cas ici de Don’t Kill It. Si la carrière du comédien reste aujourd’hui marquée par quelques obscures séries B et Z, Les Maîtres de l’univers, Punisher, Universal Soldier, Au-dessus de la loi, Pentathlon ou encore Johnny Mnemonic, les épisodes de la franchise Expendables – Unité spéciale ont démontré qu’il restait une « icône » du genre dans le cinéma d’action. Né le 3 novembre 1957, Dolph Lundgren obtient une maîtrise en chimie après avoir suivi les cours du prestigieux Institut royal de technologie de sa ville natale Stockholm. Le nez plongé dans les livres et se consacrant à de hautes études, il souhaite devenir ingénieur comme son père. À 16 ans, il découvre les arts martiaux, le judo et le karaté, et commence la compétition de haut niveau en 1979, deux ans avant de devenir ceinture noire. Son gabarit et sa taille (1m96) impressionnent. Il participe au deuxième championnat du monde, emmagasine les titres nationaux au début des années 80. C’est alors qu’il rencontre Warren Robertson, professeur d’art dramatique, disciple de l’imminent Lee Strasberg. C’est une révélation, il décide de devenir comédien.
Il fait ainsi sa première apparition en 1985 dans le dernier James Bond de Roger Moore, Dangereusement vôtre. S’il n’est qu’une silhouette derrière Grace Jones, sa compagne d’alors, Lundgren enchaîne les auditions. Il passe celle pour Rambo II (la mission), mais Stallone l’imagine d’emblée pour incarner le rival de Rocky dans le quatrième opus. En 1985, Rocky IV sort sur les écrans et c’est un triomphe international. Acteur-phénomène, il est remarqué par les célèbres Menahem Golan et Yoram Globus, qui lui proposent le premier rôle dans l’adaptation live des Maîtres de l’univers. Le film est un échec critique et commercial, mais les années en ont fait un vrai objet de culte. Dolph Lundgren rebondit aussitôt et se voit offrir le scénario du Scorpion rouge que doit mettre en scène Joseph Zito, porté par les succès de Vendredi 13 – Chapitre 4 : Chapitre final, ainsi que Portés disparus et Invasion U.S.A. avec Chuck Norris. Les années 1990 sourient alors au comédien, mais les années 2000 seront difficiles et comme beaucoup de ses confrères spécialisés dans l’action (dont un certain Steven S à la coupe de cheveux en triangle), il enchaîne les films, la plupart du temps à petit budget, destinés au marché du DVD. Malgré cette période, Dolph Lundgren conserve aujourd’hui toute la sympathie des spectateurs nostalgiques de ce genre de divertissements et se voit souvent inviter par quelques réalisateurs qui ont grandi avec ses films. Il parvient d’ailleurs à tirer profit de ce regain de popularité puisqu’il est dernièrement apparu dans la série Arrow, et qu’il est déjà annoncé au casting d’Aquaman de James Wan et de Creed 2 dans lequel il reprendra son rôle mythique d’Ivan Drago ! Mais le film qui nous intéresse, Don’t Kill It, est une petite production au budget de 3,5 millions de dollars, qui intègre le haut du panier dans les DTV de l’ami Dolph, en l’occurrence une pure série B, une comédie fantastique et d’horreur, souvent gore, qui n’a pas peur du ridicule puisque le grotesque est volontaire.
Un mal très ancien sévit dans une petite ville du Mississippi, passant d’un hôte à un autre à la manière du Témoin du mal de Gregory Hoblit (1998), et semant mort et destruction sur son chemin. Seul espoir de survie, un grisonnant chasseur de démons ayant déjà fait face à cette horreur par le passé. Accompagné d’un agent du FBI réticent (Kristina Klebe), Jebediah doit découvrir comment détruire ce démon qui a la capacité de prendre possession de son tueur. Voilà. En partant sur un principe simple et usé jusqu’à la moelle, Don’t Kill It remplit son contrat et s’avère un film d’action bien bourrin et sanglant, qui repose autant sur la décontraction et le charisme buriné de Dolph Lungren, que sur d’efficaces effets de possession et les carnages qui s’ensuivent à coup de tronçonneuse, de machette et de coups de fusil à pompe.
Bien mieux et emballant que Le Dernier chasseur de sorcières avec Vin « Baboulinet » Diesel et animé par un amour contagieux de la série B, Don’t Kill It est l’oeuvre de Mike Mendez, découvert en 2000 avec Le Couvent et le déjà culte Big Ass Spider ! (2013), monteur, acteur, scénariste, le genre de type qui s’est fait tout seul, qui n’a jamais eu la prétention de révolutionner le cinéma, mais qui s’éclate à en faire et qui souhaite faire plaisir aux spectateurs. Et ça fonctionne ! Le scénario est généreux et ne se prend pas au sérieux une seconde. Dolph Lundgren s’éclate du début à la fin. Vêtu d’un long manteau usé jusqu’à la moelle, de boots et d’un chapeau de cowboy, il arbore des grigris autour du cou et vapote sa pipe électronique. Il est prêt à affronter le mal avec ses pétoires, son lance-filet à air comprimé et ses pièges à loups (oui), mais finalement, son personnage ne fait pas grand-chose à part observer le carnage tandis que le mal passe d’un flic à une grand-mère, en passant par un chasseur, une petite fille, un chien, etc. Son personnage de pistolero, il aurait d’ailleurs été un parfait Roland dans La Tour Sombre, reste cool et intervient finalement quand on le laisse en placer une, s’il n’est pas assommé avant.
Tourné en trois semaines, Don’t Kill It est une réussite dans le genre décomplexé et qui va droit à l’essentiel en à peine 80 minutes grâce à une mise en scène bien tenue, une photographie qui a de la gueule et un montage tonique. Très drôle et attachant, on en vient même à vouloir une suite, d’autant plus que la scène finale promet un affrontement plutôt…mordant.
LE DVD
Le test du DVD de Don’t Kill It, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est légèrement animé et musical. La jaquette reprend le visuel de l’affiche américaine.
Aucun supplément à part la bande-annonce en version française.
L’Image et le son
Pas d’édition HD pour Don’t Kill It, ce qui est d’autant plus dommage que le DVD proposé s’avère très médiocre. Cela faisait d’ailleurs longtemps que nous n’avions pas vu une copie aussi moche à vrai dire. Le premier plan sur la forêt donne le ton avec des couleurs délavées, des pixels à foison, un piqué émoussé, des contrastes aléatoires, des fourmillements, des moirages, tout y passe. On se demande même si le film n’a pas été tourné avec une Smartphone ou un appareil photo. Ceci dit, voir le film dans ces conditions rajoute presque un côté cradingue qui renforce l’aspect série B de Don’t Kill It. Certaines séquences semblent voilées, d’autres se révèlent plus claires et aiguisées.
Sans réelle surprise, la piste DTS 5.1 anglaise se révèle nettement plus homogène, naturelle et dynamique que les deux pistes Dolby Digital 5.1 française et également anglaise disponibles. Sans aucune commune mesure, le spectacle est beaucoup plus fracassant sur la première option acoustique que sur les deux autres, paresseuses, déséquilibrées et qui peinent à instaurer une spatialisation digne de ce nom. La version originale DTS 5.1 n’est pas avare en effets sur les scènes de carnage avec un grand soutien du caisson de basses et des latérales qui délivrent une musique qui risque d’alarmer vos voisins. Les sous-titres français sont de couleur jaune.
LA MORT VOUS VA SI BIEN (Death Becomes Her) réalisépar Martin Provost,disponible en DVD et Blu-ray le 29 août 2017 chez ESC Editions
Acteurs : Meryl Streep, Bruce Willis, Goldie Hawn, Isabella Rossellini, Ian Ogilvy, Adam Storke, Nancy Fish…
Scénario : Martin Donovan, David Koepp
Photographie : Dean Cundey
Musique : Alan Silvestri
Durée : 1h43
Date de sortie initiale : 1992
LE FILM
Depuis des années, Madeline, une actrice médiocre, vole les amants de son amie Helen, écrivain. Un soir, cette dernière se rend au spectacle de son amie, accompagnée de son fiancé Ernest, séduisant chirurgien esthétique. Une fois de plus, l’actrice joue de ses charmes et finit par épouser Ernest. Helen sombre dans la dépression et devient obèse, vouant une haine secrète envers son ancienne amie. Quatorze années plus tard, Madeline essaye désespérément de lutter contre l’inévitable vieillissement de son corps. Elle a totalement anéanti Ernest, devenu alcoolique et qui en est réduit à voir sa femme parader avec ses jeunes amants. C’est alors que Helen entre alors en scène, plus sublime que jamais et venue pour reprendre son dû.
« Où avez-vous mis ma femme ?
Elle est morte monsieur, on l’a emmené à la morgue !
La morgue ?! Elle va être furieuse ! »
Souvent sous-estimé, La Mort vous va si bien – Death Becomes Her est pourtant une œuvre centrale dans l’immense filmographie de Robert Zemeckis. Sorti sur les écrans en 1992, cette comédie-fantastique et fantastique comédie par ailleurs, est un film somme qui résume tout ce que le cinéaste avait abordé jusqu’alors et qui prépare ses prochains opus. Drôle, mais également sombre et parfois proche des films d’épouvante des studios Universal qui fleurissaient dans les années 1930-40 (plus particulièrement Frankenstein), le huitième long métrage de Robert Zemeckis mérite amplement d’être reconsidéré et n’a souvent rien à envier aux autres films plus prestigieux de son auteur.
Madeline Ashton, chanteuse sur le déclin, se désespère de vieillir. Son succès ne se résume plus qu’au nombre de ses conquêtes masculines, qu’elle a le don de ravir à sa meilleure amie, Helen. C’est ainsi que Madeline épouse Ernest Menville, un chirurgien esthétique qu’Helen venait juste de lui présenter. La malheureuse ne s’en remet pas, cède à la boulimie et prend un terrible embonpoint. Pourtant, quelques années plus tard, Madeline retrouve Helen plus éblouissante que jamais. Folle de rage, la chanteuse accepte l’offre de Lisle, une étrange créature, mi-esthéticienne, mi-sorcière, qui lui vend un remède miracle supposé lui procurer une jeunesse éternelle. Les ennuis ne font que commencer. Réalisé entre Retour vers le futur 3 (1990) et Forrest Gump (1994), La Mort vous va si bien réunit la quête d’un trésor comme celle d’A la poursuite du diamant vert (ici la fontaine de jouvence), la course contre le temps de la trilogie Retour vers le futur (ici le vieillissement), et l’opposition de l’homme et de la créature (Qui veut la peau de Roger Rabbit ?). Toujours au top de la technologie, Robert Zemeckis use de l’émergence des images de synthèse, qui ont participé au triomphe international de Terminator 2 – Le Jugement dernier l’année précédente, tout en ayant recours aux effets spéciaux traditionnels et plus particulièrement aux animatroniques.
Film de transition, La Mort vous va si bien se situe à une période charnière du cinéma, y compris pour le réalisateur qui fait comme qui dirait ses adieux au divertissement made in Amblin avec Steven Spielberg à la barre (ses quatre derniers films), avant d’entamer une nouvelle partie de sa carrière avec des films plus adultes qui regroupent Forrest Gump, Contact, Apparences et Seul au monde. La Mort vous va si bien est incontestablement un film à redécouvrir. On s’amuse avant tout devant le jeu survolté de son trio star. Déjantées, Meryl Streep et Goldie Hawn s’en donnent à coeur joie devant la caméra toujours inspirée et virtuose de Robert Zemeckis puisque le cinéaste traite leurs personnages comme des cartoons live (ou dead c’est selon) – grâce aux fabuleux effets visuels mis à sa disposition – sans cesse en représentation, qui vivent dans un monde de chimères et régit par ce que leur renvoie leur reflet dans le miroir. S’ils ne bénéficient sans doute pas de la même fluidité que les images de synthèse d’aujourd’hui, les effets (Oscar et BAFTA des meilleurs effets visuels en 1993) du cou tordu de Meryl Streep et du trou dans l’abdomen de Goldie Hawn demeurent fort corrects et le film ne fait pas son quart de siècle.
Entre Le Dernier Samaritain de Tony Scott et Piège en eaux troubles de Rowdy Herrington, Bruce Willis trouve ici l’un de ses meilleurs rôles. Emouvant, pathétique et même tragique, le personnage d’Ernest est le plus beau de La Mort vous va si bien, celui par qui la rédemption arrive, qui donne encore confiance en l’être humain en refusant le pacte faustien que lui propose la pourtant affriolante Lisle Von Rhoman (Isabella Rossellini). Death Becomes Her est certes une comédie jubilatoire (avec un formidable caméo de Sydney Pollack en toubib dépassé par les événements), marquée par des dialogues vachards et hilarants brillamment écrits par Martin Donovan et David Koepp, mais également une critique noire, cruelle et acide sur le culte du glamour, de la jeunesse éternelle et de la recherche de la postérité. L’industrie hollywoodienne passe à la casserole et on y croise au passage James Dean et Jim Morrison, jeunes pour l’éternité.
Du point de vue technique, Robert Zemeckis ne cesse d’innover et enchaîne les morceaux de bravoure. Ses plans-séquences sophistiqués sont d’une beauté ahurissante et soutenus par la photographie élégante du chef opérateur Dean Cundey, habituellement complice de John Carpenter, tandis que la musique d’Alan Silvestri est comme d’habitude en parfaite osmose avec le travail du cinéaste.
Cette relecture du Portrait de Dorian Gray croisée avec Boulevard du crépuscule – Sunset Boulevard de Billy Wilder, où Norma Desmond aurait trouvé le secret pour contrer les affres du temps est donc bien plus qu’un film anecdotique comme la critique l’avait qualifié à sa sortie et ce malgré un succès honnête dans les salles. 25 ans après, La Mort vous va si bien peut enfin être reconnu à sa juste valeur.
LE BLU-RAY
Le test a été réalisé à partir d’un check-disc. La jaquette reprend le célèbre visuel de l’affiche française. Le menu principal est quant à lui animé sur la musique d’Alan Silvestri.
Plus d’une heure de suppléments, voilà qui fait plaisir pour remettre en avant La Mort vous va si bien. ESC Editions a donc vu les choses en grand et nous propose de passionnants entretiens.
On commence par la présentation croisée des journalistes Jacky Goldberg et Vincent Ostria (21’) dans le segment intitulé Robert Zemeckis, ce film vous va si bien. Si l’intervention du second s’avère anecdotique et manque d’entrain, celle du premier mérite vraiment l’attention du spectateur. Jacky Goldberg présente tout d’abord les débuts de Robert Zemeckis, pris sous l’aile de Steven Spielberg, à l’instar de ses confrères Joe Dante, Chris Columbus et Barry Levinson. Considéré comme « le bon élève », contrairement à Joe Dante qui serait plutôt le « fils rebelle », Robert Zemeckis arrive à un tournant de sa carrière avec La Mort vous va si bien. Jacky Goldberg évoque l’intelligence du casting (avec Bruce Willis et Meryl Streep qui « n’ont pas d’âge »), croise habilement le fond et la forme du film qui nous intéresse, dissèque la dualité humanité/monstruosité (thème récurrent chez le cinéaste) et démontre que La Mort vous va si bien n’a rien du film mineur dans la carrière de Robert Zemeckis. Dans la dernière partie de ce module, Jacky Goldberg évoque la réception du film et met judicieusement en parallèle certains films du cinéaste avec ceux de James Cameron. En effet, leurs œuvres se sont souvent répondues dans le sens où les deux réalisateurs ont toujours été à la pointe de la technologie et ont su utiliser les nouveaux outils mis à leur disposition en matière d’effets spéciaux pour raconter leurs histoires, à l’instar de la motion-capture.
Nous retrouvons Jacky Goldberg dans un second supplément où il est cette fois seul en piste, Bruce Willis, itinéraire d’un héros ordinaire (22’). A travers une brillante analyse, le journaliste croise divers films et donc différents personnages interprétés par Bruce Willis au cours de sa carrière, et démontre que son merveilleux contre-emploi dans La Mort vous va si bien n’est finalement pas si singulier. Après une rapide présentation des débuts de la carrière du comédien, Jacky Goldberg en vient à la nouvelle figure du héros créée par Bruce Willis dans Piège de cristal. Moins indestructible en apparence que Sylvester Stallone et qu’Arnold Schwarzenegger, Bruce Willis compose des héros qui n’ont pas choisi de l’être, ce qui renforce l’empathie des spectateurs et ainsi une meilleure identification. Habitué des comédies, chez Blake Edwards et dans la série Clair de lune, l’acteur devient une star du film d’action à l’âge de 33 ans. Dans la seconde partie, Jacky Goldberg se penche sur la nature quasi-incassable et immortelle du corps de Bruce Willis à l’écran, dont le point d’orgue demeure le film de M. Night Shyamalan, Incassable. Un corps qui prend en charge l’humour dans le registre de la comédie, mais qui est blessé, égratigné, mais qui résiste, qui encaisse les coups et qui finalement ne peut mourir (ou presque) dans les films d’action. Enfin, Jacky Goldberg évoque les dernières étapes dans la carrière de Bruce Willis, en disant que « lé héros ironique est devenu cynique », presque anachronique dans le monde du cinéma contemporain. Le journaliste sauve Clones et Looper, avant de parler brièvement des catastrophiques années 2010 où l’acteur enchaîne les productions bas de gamme sortant directement en DVD, en espérant un prochain sursaut dans la suite d’Incassable.
A l’occasion de cette sortie en Haute-Définition, les responsables des effets spéciaux mécaniques Alec Gillis et Tom Woodruff Jr., qui comptent à leur actif des films comme Cocoon, Aliens – le retour, Alien 3, Terminator, Wolf et bien d’autres classiques, reviennent sur leur collaboration avec Robert Zemeckis sur La Mort vous va si bien (21’). Les deux amis et confrères évoquent leur arrivée sur le projet, avec pour mission de créer des versions robotiques de Meryl Streep et de Goldie Hawn. La Mort vous va si bien se situe à une période charnière dans le domaine des effets visuels, entre Terminator 2 – Le Jugement dernier et Abyss, mais avant Jurassic Park. Si La Mort vous va si bien bénéficie d’images de synthèse, le film repose encore sur de nombreux animatroniques. Alec Gillis et Tom Woodruff Jr. reviennent en détails sur la création du cou tordu, du trou dans l’abdomen, de la réalisation de la séquence de l’escalier et donnent même le secret de la poitrine redressée de Meryl Streep…réalisée en un tour de main.
L’interactivité se clôt sur un module précieux (3’) constitué d’une rapide présentation d’Alec Gillis et Tom Woodruff Jr et d’images d’archives montrant la création des effets mécaniques dans les ateliers des effets spéciaux.
Seul très léger bémol : il est dommage de ne pas retrouver le making of d’époque de 9 minutes présent sur le DVD Universal.
L’Image et le son
Jusqu’à présent, La Mort vous va si bien n’avait pas été gâté avec seulement une petite édition en DVD disponible depuis 2000 et quasiment dépourvue de suppléments. Le nouveau master Haute Définition proposé ici par ESC Editions remplit son contrat et offre à La Mort vous va si bien…une cure de jouvence. Ce lifting (!) sied notamment aux couleurs de la photo élégante du grand chef opérateur Dean Cundey à qui l’on doit les images mythiques d’Halloween – la nuit des masques, Fog, New York 1997, The Thing, la trilogie Retour vers le futur, Qui veut la peau de Roger Rabbit ?, bref un remarquable C.V. La restauration est de haut niveau, aucune scorie n’a survécu, les contrastes ont été revus à la hausse. En dehors de deux ou trois séquences sombres et du générique d’ouverture au bruit vidéo certain, la gestion du grain est solide. Si le teint des comédiens tire parfois sur le rosé, cela a toujours été le cas. Les séquences aux effets spéciaux numériques détonnent quelque peu, mais dans l’ensemble la copie est équilibrée et l’apport HD plus que probant.
Point de remixage à l’horizon comme cela avait tout d’abord été annoncé, les pistes anglaise et française sont présentées en DTS-HD Master Audio 2.0. et instaurent toutes deux un très large et semblable confort acoustique. La musique d’Alan Silvestri, à redécouvrir absolument, bénéficie d’une large ouverture des canaux, le doublage français est brillant, les effets annexes riches et le report des voix dynamique. Les sous-titres français ne sont pas imposés sur la version originale.
L’EMPRISE DES TÉNÈBRES (The Serpent and the Rainbow) réalisépar Wes Craven,disponible en édition Blu-ray + DVD + Livret le 6 septembre 2017 chez Wild Side Video
Acteurs : Bill Pullman, Cathy Tyson, Zakes Mokae, Paul Winfield, Brent Jennings, Conrad Roberts…
Scénario : Richard Maxwell, A.R. Simoun d’après le livre The Serpent and the Rainbow de Wade Davis
Photographie : John Lindley
Musique : Brad Fiedel
Durée : 1h38
Date de sortie initiale : 1988
LE FILM
Dennis Alan, un jeune anthropologue, est envoyé en mission dans une clinique à Haïti pour rencontrer un patient diagnostiqué mort et enterré quelques années plus tôt. Arrivé sur l’île, Alan apprend l’existence d’une mystérieuse poudre vaudou capable de plonger un homme dans une mort artificielle. Son enquête le met bientôt aux prises avec les Tontons Macoutes, des miliciens paramilitaires qui utilisent cette drogue pour éliminer les opposants politiques au régime. Menacé de mort, Alan tente de récupérer la recette du poison avant de repartir pour Boston. Mais, ensorcelé par ses ennemis, il ne tarde pas à sombrer dans un univers de magie noire, où se mêlent hallucinations, cauchemars et réalité.
Réalisé entre L’Amie Mortelle (Deadly Friend) et Shocker, L’Emprise des Ténèbres – The Serpent and the Rainbow (1988) est aujourd’hui considéré par la critique et les spectateurs comme l’un des meilleurs films de Wes Craven. Un temps envisagé par Peter Weir avec Mel Gibson dans le rôle principal, basé sur des « faits réels », le huitième long métrage du réalisateur tourné pour un budget conséquent de 7 millions de dollars (le plus important à l’époque pour le cinéaste) s’inspire de l’ouvrage documentaire éponyme de l’ethnobotaniste canadien Wade Davis, sur les pratiques vaudou en Haïti, notamment ce qui concerne le processus dit de la zombification. Comme l’indique un carton en ouverture « Dans la légendu du vaudou, le serpent symbolise la Terre, l’arc-en-ciel le Paradis. Entre les deux, toute créature doit vivre et mourir. Mais, parce qu’il a une âme, l’homme peut se retrouver emprisonné en un lieu où la mort n’est qu’un commencement ». Il n’en fallait pas plus pour Wes Craven pour y trouver là l’inspiration pour son nouveau film d’horreur.
Dennis Alan, un anthropologue diplômé de Harvard, est de retour à Boston après un long séjour en Amazonie, où il a pu étudier et expérimenter les drogues utilisées par les chamanes. Un représentant d’une entreprise pharmaceutique lui propose alors de se rendre en Haïti, en quête d’une hypothétique substance utilisée par les sorciers vaudous pour zombifier leurs victimes. En effet, si les rumeurs sur les zombis sont fondées et qu’une telle drogue existe, ses applications dans le domaine de l’anesthésie seraient des plus intéressantes. Il débarque afin d’étudier l’univers mystérieux et inquiétant du culte vaudou. Très vite, il découvre l’existence du poison violent – en fait un psychotrope appelé tétrodotoxine – et sournois, qui transforme instantanément les êtres humains en zombies, en ralentissant le rythme cardiaque, au point que les autres les croient morts. Les détenteurs de cette poudre maléfique forment une communauté de prêtres, de politiciens et d’hommes d’affaires corrompus qui contrôlent l’île avec l’aide des Tontons macoutes. Il fait la connaissance de Marielle Duchamp, une belle psychiatre haïtienne, dont la famille tente depuis des années de s’opposer à ces rites destructeurs. Ensemble, ils vont se battre aux côtés des opposants au régime pour la liberté et la paix sur l’île.
La grande réussite de L’Emprise des Ténèbres, même si loin du Vaudou de Jacques Tourneur (1943), provient du surnaturel « plausible » que Wes Craven observe et détaille avec une mise en scène souvent très documentaire, avec sérieux et en tournant vraiment en Haïti (le premier long métrage américain à être tourné sur place dans sa quasi-intégralité), avant d’être contraint de terminer les prises de vue en République dominicaine pour des raisons politiques instables et des menaces de mort. Un réalisme qui n’est pas sans rappeler celui d’A la recherche du plaisir de Silvio Amadio, giallo atypique tourné en Haïti en 1972. Le malaise ne s’instaure pas uniquement durant les séquences dites à sensation et donc plus « fictionnelles », mais également par l’usage d’une caméra à l’épaule qui capture les rites et les coutumes. On sent le cinéaste passionné par son sujet, bien qu’il n’hésite pas à recourir au grotesque et au grand-guignolesque dans un dernier acte moins inspiré, mais néanmoins généreux envers les spectateurs avides de sensations fortes.
Parallèlement au « film de genre », Wes Craven s’intéresse également à la situation politique d’un pays où les hommes de main du dictateur Jean-Claude Duvalier, alias Baby Doc, n’hésitent pas à avoir recours aux prêtres Vaudou – et à leur usage de la torture physique, scène très éprouvante – afin de renforcer l’emprise de la dictature sur la société. Le personnage interprété par Bill Pullman dans son premier rôle en vedette, est malmené du début à la fin. Un peu arrogant, sûr de lui-même, cartésien et croyant tout savoir sur les us des pays qu’il visite, Alan va très vite déchanter et se retrouver face à des pratiques occultes, des événements qui dépassent l’entendement et une population qu’il n’aurait pas dû sous-estimer. Alan est donc confronté à la puissance ténébreuse du Vaudou et va voir ses repères s’écrouler jusqu’à la folie. Impression renforcée par la composition de Brad Fiedel, dont les percussions et les entêtantes notes de synthétiseur ne sont pas sans rappeler son thème de Terminator.
Hormis son dernier acte que l’on qualifierait aujourd’hui de « nawak », L’Emprise des Ténèbres est donc film fantastique, morbide et d’épouvante réaliste placé sous hallucinogènes, qui a plutôt bien vieilli grâce à une mise en scène inspirée et qui remplit encore ses promesses d’émotions fortes.
LE BLU-RAY
Le test a été réalisé sur un check-disc. Cette édition de L’Emprise des Ténèbres se compose du Blu-ray et du DVD du film, ainsi que d’un livret exclusif de 60 pages, spécialement écrit par Frédéric Albert Levy (journaliste cinéma et co-fondateur de la revue Starfix), illustré de photos d’archives rares. Le menu principal est animé et musical.
En ce qui concerne les suppléments, c’est plutôt chiche. Toutefois, il serait dommage de passer à côté du bel hommage rendu à Wes Craven par le cinéaste Alexandre Aja (29’). Dans un premier temps, le réalisateur se souvient de sa découverte du cinéma de Wes Craven à travers les bandes-annonces mais aussi et surtout les VHS de films d’horreur dans les bacs des vidéo-clubs, ainsi que dans les articles publiés dans les magazines Mad Movies et L’Ecran fantastique. Alexandre Aja évoque ensuite l’influence des Griffes de la nuit et de La Dernière maison sur la gauche qui ont contribué à lui donner sa vocation de réalisateur. Puis, le metteur en scène en vient à sa rencontre avec le maître en personne suite à la présentation de son second long métrage Haute tension au Festival du film de Toronto en 2003. S’ensuit un formidable portrait où Alexandra Aja croise à la fois l’intime (« un homme très complexe et paradoxal, rempli de luttes intérieures, qui se sentait responsable de l’influence de ses films dans la vie réelle ») et leur collaboration professionnelle. La peur au cinéma selon Wes Craven, le travail sur le remake de La Colline a des yeux, mais aussi sa passion pour le « bird watching » et les oiseaux morts qu’il collectionnait, ce module est peu avare en anecdotes sincères et intéressantes. Si Alexandre Aja aborde finalement très peu L’Emprise des Ténèbres, cette présentation sans langue de bois et avec beaucoup d’émotions est un très beau supplément.
L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.
L’Image et le son
Ce nouveau master HD brille de mille feux. D’une propreté absolue (même si quelques points blancs qui ont échappé au Biactol numérique), l’image met en valeur la photo de John Lindley (Blue-Jean Cop, Pleasantville, La Somme de toutes les peurs) et offre un rendu très impressionnant des séquences en extérieur. Si la définition n’est pas optimale avec quelques très légers fourmillements constatés ainsi que des visages tirant sensiblement sur le rosé dans les scènes diurnes, on apprécie le niveau des détails, l’affûtage du piqué, le grain cinéma respecté (parfois plus prononcé), la richesse des contrastes, la luminosité et l’aplomb de la compression numérique qui consolide les scènes plus agitées. On attendait peut-être des noirs un peu plus fermes. Clair et net, ce Blu-ray au format 1080p offre une deuxième jeunesse bien méritée à ce film.
Les mixages anglais et français DTS-HD Master Audio 2.0 Surround sont propres et distillent parfaitement la musique de Brad Fiedel. La piste anglaise (avec les sous-titres français imposés) est la plus équilibrée du lot avec une homogénéité entre les dialogues et les bruitages, ainsi qu’un niveau des dialogues plus plaisant. Le changement de langue est impossible à la volée et nécessite le retour au menu contextuel.
SUPERGIRL – SAISON 1,disponible en DVD et Blu-ray le 5 juillet 2017 chez Warner Bros.
Acteurs : Melissa Benoist, Mehcad Brooks, Chyler Leigh, Jeremy Jordan, David Harewood, Calista Flockhart, Chris Wood, Jenna Dewan Tatum…
Musique : Blake Neely
Durée : 20 épisodes de 43 minutes
Date de sortie initiale : 2015
LA SÉRIE
Les aventures de Kara Zor-El, la cousine de Superman, alias Supergirl. A 24 ans, la jeune femme, qui mène sa vie en marge de celle de son célèbre cousin, se sent impuissante face à ses pouvoirs extraordinaires qu’on lui a appris à ne pas utiliser. Employée dans un grand média de National City, elle va se retrouver à mener une double vie pour combattre le crime dans sa ville.
When I was a child, my planet Krypton was dying. I was sent to Earth to protect my cousin. But my pod got knocked off-course and by time I got here, my cousin had already grown up and become Superman. And so I hid my powers until recently when an accident forced me to reveal myself to the world. To most people I’m assistant at Catco Worldwide Media. But in secret, I work with my adoptive sister for the DEO to protect my city from alien life and anyone else that means to cause it harm. I am Supergirl.
Ainsi démarre chaque épisode de la nouvelle série DC Comics, Supergirl ! Apparue en mai 1959 dans le n°252 du comic book Action Comics, la cousine de Kal-El / Superman est souvent restée dans l’ombre de l’Homme d’acier. Si l’adaptation live de 1985 par Jeannot Swzarc s’est soldée par un échec cinglant au box-office, les fans de la super-héroïne espéraient son retour sur le grand ou sur le petit écran. Il aura donc fallu attendre l’explosion des super-héros au cinéma puis leur incursion à la télévision avec Arrow et Flash(produit par le même homme Greg Berlanti), pour que Supergirl renaisse de ses cendres.
On reprend tout depuis le début avec des effets spéciaux dernier cri, ce qu’il faut de romance, d’humour, de créatures fantastiques, de méchants impitoyables, d’affrontements et quelques touches nostalgiques afin de caresser l’audience dans le sens du poil. Et ça fonctionne ! Etrange mais très attachant cocktail de Lois & Clark, Buffy contre les vampires et du Diable s’habille en Prada (oui oui), Supergirl repose avant tout sur un excellent casting et en premier lieu sur le charme de la lumineuse comédienne principale Melissa Benoist. Aperçue dans le remarquable Whiplash de Damien Chazelle et la série Glee, l’actrice née en 1988 s’avère aussi à l’aise dans la peau de Kara, jeune secrétaire et larbin d’une grande rédactrice en chef, que dans les collants (qu’elle porte admirablement d’ailleurs) et le costume estampillé d’un S. Son sourire, son sex-appeal et son jeu naturel, même si un peu limité certes, participent évidemment à la réussite de la série. Cependant, elle est également excellemment entourée, notamment par Chyler Leigh, vue dans la série Grey’s Anatomy, aussi bad-ass que sa partenaire et qui interprète un personnage tout aussi important, celui de la soeur terrestre de Kara. Femme d’action, elle est l’un des membres d’élite d’une organisation destinée à réguler l’existence extraterrestre sur Terre, le DEO, dirigé par Hank Henshaw (David Harewood). Ce dernier dissimule également sa véritable identité. Il s’agit en réalité de l’Homme de Mars J’onn J’onzz, qui possède quasiment les mêmes pouvoirs que Superman et Supergirl, en plus de celui de prendre n’importe quelle apparence.
La cultissime Calista Flockhart est aussi l’un des grands points forts de cette première saison 1. La comédienne d’Ally McBeal incarne Cat Grant, une ancienne journaliste du Daily Planet (que l’on voit dans la première saison de Lois & Clark et dans la série Smallville), devenue elle-même la boss d’un grand journal concurrent à celui tenu par Perry White. Calista Flockhart bénéficie des meilleures répliques et livre une grande performance, inspirée il est vrai par celle de Meryl Streep dans Le Diable s’habille en Prada. Vacharde, cynique, narcissique, elle est aussi celle qui permettra à Kara de devenir Supergirl (elle trouvera même son “nom de scène”), qui la poussera à se surpasser, mais aussi et avant tout à s’imposer et s’améliorer dans ses exploits. Aux côtés de Melissa Benoist, nous trouvons Mehcad Brooks qui incarne Jimmy Olsen. Oui le petit photographe est devenu un grand black d’1m91 bâti comme une armoire à glace. Venu de Metropolis, complice de Superman/Clark Kent, il débarque à National City pour oublier une liaison qui s’est mal terminée avec Lucy Lane, la petite soeur de, mais il est également envoyé en mission par Clark pour veiller sur sa cousine. Le coup de foudre est réciproque entre les deux, ce qui n’est pas vraiment du goût de Winn (très bon Jeremy Jordan), le collègue de Kara qui en pince pour elle depuis le premier jour et qui devient d’ailleurs la première personne au courant de la double identité de la jeune femme. Quant au “méchant qui n’en est pas vraiment un, mais qui n’est pas très honnête quand même”, il s’agit du personnage de Maxwell Lord, interprété par Peter Facinelli, vu dans la saga Twilight. Largement inspiré par Lex Luthor, Lord joue un multimilliardaire, scientifique, arrogant et charismatique, qui souhaite tirer avantage de chaque situation et peu importe si cela met en danger la population.
Tout ce beau petit monde se débat entre les peines de coeur et les invasions d’aliens aux mauvais desseins. Supergirl est une série qui assume le kitsch hérité de certains shows des années 1990, Buffy contre les vampires donc, mais aussi Charmed, X-Files, le tout matiné de chassés croisés amoureux dignes d’un soap opéra. Notre héroïne invincible, mais pas invulnérable, a donc fort à faire dans cette première saison très bien rythmée, à l’humour bon enfant, qui parvient à trouver rapidement son ton, sans égaler pourtant la grande réussite de Flash, qui fait d’ailleurs une apparition bien sympathique. Les geeks s’amuseront à noter quelques clins d’oeil faits à l’univers de Superman (les cacahuètes lancées sur les bouteilles dans le bar fait évidemment référence à Superman III), tout comme les acteurs qui ont marqué l’univers DC avec les participations récurrentes d’Helen Slater, ancienne Supergirl du film de Jeannot Swzark ou bien encore Dean Cain, le Superman de Lois & Clark, tous deux interprétant les parents adoptifs de Kara.
Après cette première saison et en raison de performances peu satisfaisantes, Supergirl a été retiré de la grille des programmes de CBS, avant d’être rachetée par la CW pour une saison 2, chaîne diffusant les séries Arrow, Flash et Legends of Tomorrow. La troisième saison est prévue pour octobre 2017.
LE BLU-RAY
La première saison de Supergirl en Blu-ray, disponible chez Warner Bros., se compose de trois disques placés dans un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui cartonné. La liste des épisodes apparaît au verso, tout comme celle des suppléments et des acteurs de la série. Le menu principal est identique sur les trois Blu-ray, fixe et musical, qui reprend le visuel de la jaquette.
Peu de suppléments à se mettre sous la dent et qui présentent au final peu d’intérêt.
C’est le cas des scènes coupées (15’) dispersées sur les trois disques, pour les épisodes 6, 8, 9, 11, 13, 15, 16, 17 et 18. Hormis une séquence où Alex remet Maxwell Lord à sa place dans l’épisode 16 quand Kara croit être revenue sur Krypton, l’ensemble s’avère bien trop anecdotique et reflète simplement les coupes effectuées au montage pour accélérer le rythme.
Le reste des bonus est présenté sur la troisième galette.
On commence par le lancement de la série donné au Comic-Con de 2015 (15′) en présence de l’équipe principale. Melissa Benoist, Mehcad Brooks, Chyler Leigh, Jeremy Jordan, David Harewood, ainsi qu’une petite apparition de Peter Facinelli, sans oublier les producteurs et le créateur Greg Berlanti, répondent aux questions banales de leur host qui fait tout pour mettre l’ambiance et promouvoir le show.
S’ensuivent deux featurettes promotionnelles qui se focalisent sur le personnage de J’onn J’onzz – L’Homme qui vient de Mars (10’) et sur la création de la planète Krypton (11’). Les comédiens et les showrunners présentent les personnages, quelques images dévoilent l’envers du décor. Attention aux divers spoilers !
L’interactivité se clôt sur un bêtisier amusant (4’).
L’Image et le son
Les épisodes sont proposés au format HD (1080p, AVC). Les couleurs sont chaudes et resplendissantes, le piqué acéré, les contrastes au top et la profondeur de champ abyssale. Les séquences diurnes sont éclatantes et seules quelques séquences à effets spéciaux s’avèrent sensiblement moins définies en raison des images composites. En dehors de ça, Warner Bros. met la barre haute et prend soin de l’arrivée de Supergirl dans les salons avec même un léger et élégant grain typique du tournage avec la caméra Arri Alexa. Le résultat est superbe et la promotion HD indispensable, ne serait-ce que pour admirer les jambes admirables de Melissa Benoist. Bah quoi ?
Sans surprise, seule la version originale est livrée au format DTS-HD Master Audio 5.1. Privilégiez évidemment cette option qui instaure un confort acoustique digne des plus grands blockbusters avec une spatialisation tonitruante, des effets latéraux à foison, une percutante délivrance des dialogues et une balance frontale explosive. Mention également au caisson de basses très souvent sollicité dans les scènes d’action. Les réfractaires à la V.O. devront se contenter d’une toute petite VF Dolby Digital 2.0 Stéréo au doublage nian-nian souvent indigne de la série. Etrangement, les allemands disposent d’un mixage Dolby Digital 5.1.
Durant la Guerre Froide, l’organisation secrète Patriot réalise des expériences sur des humains pour créer des super-soldats. Seuls quatre guerriers dotés de super-pouvoirs y survivent, mais ils parviennent à s’échapper. 30 ans plus tard, un ennemi surpuissant surgit et menace d’anéantir le monde. Les Guardians décident alors de sortir de l’ombre et d’affronter celui qui les a créés… Le combat ne fait que commencer !
Tremble l’Oncle Sam ! Le cinéma russe est bien décidé à concurrencer les Etats-Unis sur son propre terrain et plus particulièrement au cinéma dans le domaine des films de super-héros. Prenez garde Marvel et DC Comics (ou Décès Comiques c’est selon), voici les Guardians aka Защитники, Zashchitniki en version originale, mais cela ne vous avancera pas vraiment. Clamant haut et fort qu’ils peuvent faire aussi bien que les blockbusters américains à 300 millions de dollars de budget, les producteurs soviétiques ont misé près de 400 millions de roubles russes pour ce film fantastique ! Sauf que lorsque la somme est convertie, le budget avoisine en réalité les 5 millions de dollars et que le résultat s’avère un grand et formidable nanar.
En fait, l’essentiel est raconté durant le générique – après plus d’une minute de logos de production – à travers des coupures de journaux, procédé très pratique pour aller d’emblée à l’essentiel, sans véritables séquences d’exposition. Dans les années 1960, alors que la Guerre Froide bat son plein et que la population redoute une Troisième Guerre mondiale, une organisation secrète russe appelée Patriots, a pratiqué des expériences génétiques sur des êtres humains, dans le but de créer une armée de super soldats indestructibles. Après avoir réussi à s’échapper, ils se cachent chacun de leur côté dans différentes régions de la Russie pendant près de trente ans, en vieillissant à peine et en dissimulant leurs pouvoirs aux yeux du monde. Mais alors qu’une nouvelle menace frappe le pays, la majorElena Larina (équivalent féminin de Nick Fury) va être chargée de les retrouver afin de former une unité de défense baptisé Les Guardians. Nous avons alors un ours-garou, une femme qui devient invisible au contact de l’eau, un homme capable de manipuler les pierres rien que par la pensée, et un autre possédant la capacité de se déplacer à une vitesse supersonique en manipulant des lames aiguisées. Cette poignée de nouveaux super-héros, retrouvés en Arménie, au Kazakhstan, en Sibérie et à Moscou où ils pensaient méditer tranquillement, doivent contrecarrer les plans de leur créateur, un ancien scientifique savant-fou, qui au moment d’être arrêté quarante ans plus tôt a été irradié, avant de devenir lui-même un monstre à la force surhumaine.
Voilà, bienvenue en Russie camarade, tu vas bien rigoler ! Réalisé par le jeune et prolifique metteur en scène Sarik Garnikovich Andreasyan (né en 1984), auteur en 2014 d’un American Heist avec Hayden Christensen et Adrien Brody, Guardians est un divertissement hilarant avec ses comédiens improbables, surtout le badguy avec son costume aux abdos en latex qui rappelle le Jekyll/Hyde de La Ligue des Gentlemen Extraordinaires, ses effets visuels périmés qui renvoient aux prémices des images de synthèse, son accumulation de clichés et ses pauvres décors. Mention spéciale à l’homme-ours, réalisé à partir de la prestation en motion-capture d’Anton Pampushnyy, et qui s’avère aussi réaliste que le Dwayne Johnson en CGI du Retour de la Momie, mais en pire.
Sarik Garnikovich Andreasyan et ses scénaristes piochent allègrement dans tous les films US du genre, à tel point que le spectateur à jour dans les Marvel/DC peut s’amuser à énumérer les séquences plagiées durant les 90 minutes que durent le film, génériques compris. Les deux épisodes d’Avengers, Les 4 Fantastiques (dont la dernière version), Watchmen, Iron Man 2, The Dark Knight Rises, Les Gardiens de la Galaxie, X-Men, Suicide Squad, tout y passe, sauf que le résultat à l’écran donne souvent la nausée comme après une murge à la vodka. Les comédiens principaux rivalisent de médiocrité et d’absence de charisme, les actrices fardées ont les fesses moulées dans un pantalon en cuir et filmé à la bonne hauteur, quand il n’est pas transformé l’homme ours se balade à moitié à poil, tandis que le méchant est souvent filmé pendant qu’il marche, en travelling, pendant une plombe, sans qu’il ne se passe rien autour de lui.
Guardians est généreux dans le sens où les scènes d’action s’enchaînent vite grâce à un montage cut et que le film est très court. Il n’est pas interdit de bouder son plaisir, même si Guardians fait rire involontairement et que ses défauts deviennent finalement des qualités pour le cinéphile déviant, ce qui le rend foncièrement sympathique. Dernière chose, si la fin annonce clairement une suite, l’échec critique et commercial du film semble avoir tué la franchise dans l’oeuf. Mais sait-on jamais, peut-être entendrons-nous à nouveau rugir le nounours armé ou ce méchant de pacotille – dont on ne pige rien au plan machiavélique – avec son tuyau de machine à laver planté dans le crâne !
LE BLU-RAY
Guardians débarque en France directement dans les bacs, en DVD et en combo Blu-ray-DVD Steelbook chez Wild Side Video, qui a souvent livré en DTV des films du même acabit. Le menu principal animé et musical en met plein les yeux et les oreilles.
Outre un lot de bandes-annonces, l’éditeur a mis la main sur sept minutes de suppléments réparties en trois featurettes promotionnelles, constituées d’images du tournage et d’interviews du cast. On ne sait jamais qui intervient, mais il est assez facile d’imaginer qui prend la parole. L’ensemble est certes court, mais redondant, tout le monde rabâchant la même chose à savoir qu’ils sont là pour concurrencer le cinéma hollywoodien avec les moyens du bord. Gros plans sur les effets visuels et les images de synthèse, notamment la création de l’ours-garou réalisé en motion-capture à partir de la performance d’un comédien qui portait une tête d’ours sur le plateau. Impossible de ne pas rire.
L’Image et le son
Le Blu-ray est au format 1080p. Cette copie Haute-Définition se révèle honnête, même si la définition ne brille pas autant qu’espéré pour un divertissement de cet acabit. Le piqué manque parfois de mordant, la gestion des contrastes est bien trop aléatoire et les détails viennent souvent à manquer. C’est finalement la luminosité et la colorimétrie qui s’en sortent le mieux avec des teintes bigarrées à souhait et un aspect bleu-métallique très présent. Ce Blu-ray déçoit quelque peu et les effets numériques se voient comme le nez au milieu de la figure, surtout lorsque les comédiens sont filmés sur fond vert, mais bon, on a déjà vu pire et le visionnage reste plaisant. Finalement, si le résultat en HD paraît artificiel, cela n’est dû qu’au film lui-même.
En russe comme en français, les pistes DTS-HD Master Audio 5.1 assurent le spectacle acoustique avec brio et souvent un fracas assez jouissif. Si la langue de Molière n’est pas aussi dynamique et riche que la version originale, elle n’en demeure pas moins immersive. Dans les deux cas, la balance frontale en met plein les oreilles lors des séquences d’affrontements. Seul bémol, les voix manquent parfois de punch. Quelques scènes sortent du lot avec un usage probant des ambiances latérales et du caisson de basses. La musique omniprésente profite également d’une belle délivrance, mettant toutes les enceintes à contribution, même à volume peu élevé. Le changement de langue est impossible à la volée et nécessite le retour au menu contextuel. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale.
KONG: SKULL ISLAND réalisépar Jordan Vogt-Roberts,disponible en DVD, Blu-ray et 4k Ultra HD le 12 juillet 2017 chez Warner Bros.
Acteurs : Tom Hiddleston, Samuel L. Jackson, Brie Larson, John C. Reilly, John Goodman, Corey Hawkins, John Ortiz, Tian Jing…
Scénario : Dan Gilroy, Max Borenstein, Derek Connolly d’après une histoire originale de John Gatins
Photographie : Larry Fong
Musique : Henry Jackman
Durée : 1h58
Date de sortie initiale : 2017
LE FILM
Un groupe d’explorateurs plus différents les uns que les autres s’aventurent au cœur d’une île inconnue du Pacifique, aussi belle que dangereuse. Ils ne savent pas encore qu’ils viennent de pénétrer sur le territoire de Kong… Un singe gigantesque qui règne sur l’île peuplée d’une faune à sa dimension, avec laquelle il est en perpétuel conflit. Cette fois il va devoir confronter l’homme…
Sans tenir compte des copies, des parodies et autres ersatz, Kong: Skull Island est le neuvième film avec King Kong en vedette. Apparu au cinéma en 1933 devant la caméra de Merian C. Cooper et Ernest Schoedsack, le gorille géant a également tenu l’affiche du Fils de Kong, réalisé la même année par Ernest Schoedsack en solo, de King Kong Appears in Edo, film japonais aujourd’hui perdu (1938), de King Kong contre Godzilla (1962) de Ishirô Honda, de La Revanche de King Kong (1967) encore une fois mis en scène par Ishirô Honda avec Rawkin Arthur. Il faudra attendre 1976 pour que King Kong fasse son retour à Hollywood devant la caméra de John Guillermin, dans lequel le dieu Kong s’éprenait (et on le comprend) de Jessica Lange et l’emmenait au sommet du World Trade Center. Dix ans plus tard, John Guillermin remettait ça avec Charles McCracken avec son King Kong 2. En 2005, Peter Jackson embarquait Naomi Watts et Adrien Brody sur l’île de Kong, tandis qu’Andy Serkis interprétait le personnage principal en motion-capture. Nous n’attendions pas forcément le retour de King Kong, mais puisque Kong: Skull Island s’offre à nous, pourquoi le refuser ?
Porté par le triomphe international de Godzilla réalisé par Gareth Edwards et voulant surfer sur les univers étendus à la Marvel, la Warner et Legendary Pictures ont immédiatement donné le feu vert pour ressusciter l’un des monstres les plus célèbres de l’histoire du cinéma, King Kong. Pour cela, les studios ont engagé le jeune cinéaste Jordan Vogt-Roberts, remarqué en 2013 avec son petit film The Kings of Summer. Kong: Skull Island fait donc partie du MonsterVerse et prépare la confrontation avec Godzilla. L’armée américaine s’intéresse de près à une étrange île dans le Pacifique. Pour cartographier le territoire, elle lance des explosifs, ce qui provoque la colère du maître des lieux, Kong, un énorme singe. Le capitaine James Conrad, la journaliste Mason, le lieutenant-colonel Packard et Bill Randa ne vont pas tarder à l’affronter. Sur place, ils rencontrent Marlow, un aventurier qui met les met en garde. Kong n’est peut-être pas leur plus grande menace. Ils doivent davantage se méfier des créatures gigantesques et belliqueuses qui se cachent dans les tréfonds de l’île. Bon, rien de nouveau ici, Kong: Skull Island s’apparente le plus souvent à un pseudo-remake de Jurassic Park (le scénario est d’ailleurs coécrit par Derek Connolly, l’auteur de Jurassic World et de sa prochaine suite), film qui a probablement bercé Jordan Vogt-Roberts. Son film s’éloigne des autres Kong et fait ici la part belle à l’action, notamment aux affrontements des créatures géantes, Kong Vs un calamar géant, Kong Vs des rampants gargantuesques, etc, notre gorille préférée mesurant ici 30 mètres de haut et tenant sur deux pattes !
Kong: Skull Island n’est pas déplaisant, il manque juste de chair et ce n’est pas le casting, réduit à quelques silhouettes qui changent la donne, même si Brie Larson (qui écarquille continuellement les yeux en faisant « Wouhou ! ») en débardeur a également de quoi distraire. Mais Tom Hiddleston qui prend la pose avec son arme, est aussi crédible qu’Adrien Brody dans Predators, autrement dit pas du tout. Mais qu’importe puisque nous ne sommes pas venus pour lui et ses copains, d’autant plus que Samuel L. Jackson est devenu un tel cliché dans ce genre de film qu’on ne fait même plus attention à lui, surtout quand il déclame quelques tirades comme sa plus célèbre dans Pulp Fiction, avec pour seul objectif de tuer Kong, histoire d’oublier la frustration de rentrer du Vietnam la queue entre les jambes. Après une scène d’exposition particulièrement laide et ratée, le film prend un bout de temps à présenter ses personnages dans un contexte donné (après la débâcle de la guerre du Vietnam), avant de se lâcher enfin dans le film pop-corn. Et de ce point de vue-là Kong: Skull Island assure, les effets visuels sont magnifiques (la motion-capture a servi pour créer Kong), tout comme les paysages naturels du Vietnam.
Nourri de références cinématographiques – à défaut d’imposer un réel point de vue – avec Apocalypse Now en première ligne (y compris sur certaines affiches d’exploitation) avec sa photographie brûlée par le soleil, ou même une citation de Cannibal Holocaust durant un face à face avec une araignée géante, ce film d’aventures s’avère généreux avec les spectateurs, même si l’impression d’avoir vu ça pas mal de fois au cinéma subsiste du début à la fin. Divisé en trois parties, Kong: Skull Island pâtit d’un ventre mou en plein milieu dès l’apparition improbable du pourtant excellent John C. Reilly, dont le personnage irritant et supposé apporter un peu d’humour à l’ensemble, ralentit considérablement le film. Mais Kong:Skull Island parvient à faire oublier ses indéniables défauts, y compris ses péripéties largement prévisibles. On se laisse finalement prendre au jeu et le film ravit à la fois les passionnés de blockbusters, de films de monstres et ceux de kaiju. Maintenant vous voulez voir quels seront les prochains monstres bientôt sur vos écrans ? Restez donc après le générique…
LE BLU-RAY
Le test effectué ici est celui de l’édition 2D. Le disque repose avec celui qui propose la version 3D, dans un boîtier Steelbook au visuel élégant. Le menu principal est fixe et muet.
Deux premières featurettes sont d’abord jointes dans le module La Naissance d’un roi. Comme les titres l’indiquent, Fabriquer une icône (12’) et Invoquer un Dieu (13’) reviennent sur la création du nouveau Kong à l’écran, sur la mythologie de la créature au cinéma (avec des images du premier King Kong), son héritage, ainsi que les partis pris, les personnages, les décors. Les comédiens, le réalisateur et les producteurs sont en plein service promotionnel et y vont à fond dans les superlatifs, tandis que des images nous dévoilent l’envers du décor et la création des images de synthèse.
L’une des réussites de Kong: Skull Island est la beauté des décors naturels. Un module est consacré au tournage du film au Vietnam, avec les impressions de l’équipe après leur arrivée et une conférence de presse donnée avant le premier clap (6’).
Les fans de Tom Hiddleston se précipiteront sur le segment intitulé L’Aventurier intrépide (7’), durant lequel le comédien fait part de ses impressions au fil du tournage dispersé entre l’Australie et le Vietnam, en passant par Hawaii.
A travers l’objectif (2’) : Dans Kong: Skull Island, Brie Larson ne possède pas d’autre arme que son appareil photo. Afin d’aider son actrice à « entrer dans son personnage », le réalisateur Jordan Vogt-Roberts lui a confié un véritable Leica qu’elle pouvait réellement utiliser durant les prises de vue. Possédant un talent pour la photographie, une partie des photos de Brie Larson ont ensuite été utilisées pour la promotion du film.
Dans la section Les Dossiers Monarch (8’), l’éditeur joint de fausses archives classées top secret, créées pour le film afin de donner un cachet réaliste aux images militaires, réutilisées pour la promotion de Kong: Skull island. Nous en apprenons plus sur l’île en général, mais aussi et surtout sur les différentes créatures qui la peuplent. Tout cela histoire de poser des éléments pour les prochaines suites en préparation.
4 petites minutes de scènes coupées complètent ces suppléments, dont la présentation originale de Samuel L. Jackson qui fait un discours à ses hommes avant de leur proposer de trinquer ensemble. Ces séquences appuient également la méfiance de James Conrad quand il découvre l’étrange présence d’armes à feu avant de s’embarquer.
Enfin, l’interactivité se clôt sur un commentaire audio du metteur en scène Jordan Vogt-Roberts, disponible en version originale non sous-titrée.
L’Image et le son
Grand spectacle au cinéma, Kong: Skull Island se devait de placer la barre haute pour son arrivée dans les bacs à destination des installations Home-Cinéma. C’est le cas avec ce sublime Blu-ray concocté par Warner qui en met plein les yeux. Tourné grâce aux caméras numériques Arri Alexa XT Plus, Kong: Skull Island doit se voir ou se revoir en Haute définition. Les effets numériques sont ahurissants de beauté, le piqué est affûté comme la lame d’un scalpel, les couleurs impressionnantes, les contrastes léchés, les noirs denses et la profondeur de champ omniprésente. Les détails sont légion à l’avant comme à l’arrière-plan, de jour comme de nuit, le relief ne cesse d’étonner et le rendu des textures est subjuguant. Le nec plus ultra pour apprécier toute la richesse de la photographie du chef opérateur surdoué Larry Fong, à qui l’on doit les images des principaux films de Zack Snyder, 300, Watchmen: Les gardiens, Sucker Punch, mais aussi Batman v Superman: L’aube de la justice. Voilà un beau Blu-ray de démonstration.
Les versions française et originale bénéficient d’un mixage Dolby Atmos particulièrement puissant ! Ne vous en faites pas, si vous ne possédez pas l’installation nécessaire, les pistes mutent en Dolby True HD 7.1 pour la première (également dispo en DTS-HD Master Audio 5.1) et en Dolby Digital + pour la seconde. Dans les deux cas, les dialogues y sont remarquablement exsudés par la centrale, les frontales sont saisissantes, les effets et ambiances dantesques (l’orage, l’affrontement de Kong contre les hélicoptères, tout le film quoi), les enceintes arrière instaurent constamment un environnement musical, tout comme le caisson de basses qui se mêle à l’ensemble avec fracas, notamment quand Kong se déplace et se retrouve face à d’autres créatures de sa taille. Un grand spectacle acoustique !