Test DVD / Another Wolfcop, réalisé par Lowell Dean

ANOTHER WOLFCOP réalisé par Lowell Dean, disponible en DVD chez Factoris Films le 6 mars 2018

Avec :  Leo Fafard, Yannick Bisson, Amy Matysio, Jonathan Cherry, Serena Miller, Devery Jacobs…

Scénario : Lowell Dean

Durée : 1h15

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Quelques mois ont passé depuis que l’éclipse noire a transformé notre valeureux policier en WolfCop.
Et bien que les mécréants qui contrôlaient la ville aient été éliminés, Woodhaven est loin d’être revenue à la normale. De plus, ses transformations les soirs de pleine lune ont gravement mis à l’épreuve sa relation avec l’officier Tina Walsh, devenue chef de la police. C’est alors qu’un nouvel assassin émerge de l’ombre, cherchant à terminer ce qu’avaient commencé ses prédécesseurs.
Et pour vaincre cet adversaire, il faudra plus qu’un loup solitaire armé d’un pistolet…

On nous avait prévenus, Lou Garou, le flic borné, paresseux, alcoolique et lycanthrope, qui fait profiter de ses talents à la petite ville de Woodhaven est de retour. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le réalisateur et scénariste canadien Lowell Dean a poussé les curseurs à fond pour ce second volet qui joue ou plutôt surjoue la surenchère jusqu’à l’outrance, à tel point que même notre flic loup-garou combattant le crime paraît lui-même dépassé par l’entreprise.

Cette fois, il doit affronter un homme d’affaires excentrique aux intentions maléfiques, qui a décidé de s’emparer de la petite ville tranquille de Woodhaven. On se demande bien pourquoi, mais c’est ainsi. Nous retrouvons donc Lou Garou, toujours aussi porté sur la bibine. Alors qu’il avait pris l’habitude de se réveiller dans les endroits les plus improbables avec une sérieuse gueule de bois, Lou doit maintenant se cacher dans quelques hangars miteux au moment de sa mutation. Il doit encore user de sa vue, de son ouïe et de son flair, ou plus exactement son odorat décuplé, pour défendre sa ville et aider ses amis. Another Wolfcop peine à retrouver la fraîcheur du premier épisode. Pour cette raison, Lowell Dean et sa clique y vont à fond dans les effets sanglants et les scènes nawak, à l’instar d’une séquence où notre héros (non transformé) s’accouple avec une She-Wolf (avec queue et fourrure), dans toutes les positions possibles et imaginables, avec moult détails graveleux en sus. Le règlement de comptes sur la patinoire vaut également son pesant.

Sur un montage alerte, le récit court et ramassé sur 1h15 tient à peu près la route. L’histoire est évidemment un prétexte pour retrouver notre héros atteint de lycanthropie galopante, qui tente de devenir un homme meilleur le jour alors qu’il est un animal la nuit. Le premier Wolfcop avait profité d’un buzz monumental créé avant même le tournage du film. Ce second opus est un délire complètement assumé, une comédie d’horreur frappadingue, mais dans le bon sens du terme, autrement dit une frénésie cinématographique contagieuse, respectueuse du genre et ne croulant pas sous les références lourdingues. Ici le ton comique et ironique est bienvenu, les séquences crades font leur effet, tout comme les maquillages qui s’avèrent amusants, les acteurs y vont à fond, en particulier Leo Fafard, qui s’éclate dans l’attachant rôle-titre. Un certain Kevin Smith vient faire également une apparition.

Bien rythmé, bien allumé, bien tout court, Another WolfCop est une attraction généreuse et potache pour les fanas du cinéma déviant et on lui pardonne volontiers ses quelques écarts scénaristiques. Le résultat est là, c’est délicieusement vintage, bourré d’imagination malgré un évident manque de moyens. Que les fans soient rassurés, un troisième tour de piste est d’ores et déjà annoncé dans l’épilogue. Répondrez-vous présents aux prochaines aventures de Lou Garou, le film alcoolique qui se transforme en lycanthrope et qui utilise cette malédiction pour faire régner la justice dans sa petite bourgade pleine de péquenauds ?

LE DVD

En juin 2015, le premier Wolfcop avait bénéficié d’une édition Blu-ray chez Factoris Films. Trois ans plus tard, le même éditeur accueille tout naturellement Another Wolfcop dans sa musette, mais point de galette bleue pour ce second opus ! Le menu principal – qui parodie celui de l’affiche de Cobra avec Sylvester Stallone – et musical accueille le spectateur. Signalons que les deux films sont également disponibles sur un disque dans une autre édition, mais uniquement en DVD.

Seule la bande-annonce en version française est proposée comme suppléments, là où le premier disposait de bonus plus conséquents.

L’Image et le son

Ce master au format respecté 1.78 (16/9) de Antoher WolfCop présente une propreté irréprochable. Néanmoins, les partis pris donnent parfois du fil à retordre et l’image de ce DVD qui demeure parfois perfectible. La copie est certes immaculée, mais les couleurs restent un peu trop ternes à notre goût et manquent de peps. L’excentricité des maquillages et des effets spéciaux aurait pu être encore plus mise en valeur, les contrastes manquent de temps en temps de fermeté et quelques légers flous sporadiques sont à déplorer. Les personnages se détachent sans mal devant des fonds unis, entre chaud et froid, les gros plans sont bien restitués avec un lot de détails parfois confondant, à l’instar de la fourrure de Lou Garou. Les noirs paraissent tantôt concis tantôt sensiblement poreux en tirant sur le vert et dénaturent quelque peu le piqué. Mais cela reste anecdotique. Le codec fait alors ce qu’il peut pour consolider le tout et évite les fourmillements intempestifs.

La piste anglaise est la seule à bénéficier d’une DTS 5.1 qui instaure une spatialisation musicale souvent saisissante et distille de belles ambiances naturelles. Les dialogues sont solidement délivrés par la centrale et au jeu des comparaisons, cette option acoustique écrase la version française Dolby Digital 5.1 au doublage rigolo. La DTS 5.1 anglaise est évidemment plus ample, plus homogène et frappante dans les scènes d’action, et les transformations du personnage. L’ensemble des enceintes est mis à contribution, le caisson de basses a souvent l’occasion de participer à la mise en valeur de la musique. La version originale bénéficie également d’une piste Dolby Digital 5.1 également percutante.

Crédits images : © Factoris Films / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray (édition Bildstörung) / Laurin, réalisé par Robert Sigl

LAURIN réalisé par Robert Sigl, disponible en Blu-ray chez Bildstörung

Avec :  Dóra Szinetár, Brigitte Karner, Károly Eperjes, Hédi Temessy, Barnabás, Kati Sir, Endre Kátay, János Derzsi…

Scénario : Ádám Rozgonyi, Robert Sigl

Photographie : Nyika Jancsó

Musique : Hans Jansen, Jacques Zwart

Durée : 1h23

Date de sortie initiale : 1989

LE FILM

Quelle immense découverte ! Quelle beauté ! Chef d’oeuvre dissimulé du cinéma allemand, Laurin, est le premier long métrage (à ce jour le seul pour le cinéma) réalisé en 1989 par Robert Sigl, après deux courts-métrages, Die Hütte et Der Weihnachtsbaum. Né en 1962, le cinéaste, également comédien, signe un film exceptionnel, à la frontière de plusieurs genres, qui s’inscrit dans la droite lignée de L’Esprit de la ruche (1973) de Victor Erice. Film fantastique, drame sur le deuil, thriller teinté de giallo avec certains éclairages baroques qui rappellent le cinéma de Dario Argento et de Mario Bava, Laurin laisse pantois le spectateur par sa beauté plastique et se révèle par strates jusqu’à un final bouleversant.

Au début du siècle dernier dans un petit village portuaire, la petite Laurin subit les aléas de son père entre ses activités de pêcheur et ses retours, trop brefs, au foyer familial. Désespérée des départs de son mari, la mère de Laurin se perd dans la nuit noire et se retrouve alertée par des cris d’enfants déchirant la forêt environnante ; quant à sa fille, elle aperçoit le visage d’un petit garçon hurlant à la mort à travers la fenêtre de sa chambre, avant de voir une ombre l’emporter…à tout jamais. Cette même nuit, la mère de Laurin décède dans de mystérieuses circonstances…

Dès le générique avec la splendide composition de Hans Jansen et Jacques Zwart, Laurin happe le spectateur pour ne plus le lâcher durant 83 minutes. Les séquences photographiées comme des œuvres du Caravage, Rembrandt et Vermeer instaurent une atmosphère trouble et troublante. Tel un peintre, Robert Sigl compose des plans à la beauté foudroyante matinée de gothique, au milieu de somptueux décors naturels hongrois. Les spectateurs et cinéphiles français qui découvriront Laurin le verront comme un véritable cadeau, à l’instar d’un dialogue intimiste qui s’instaure directement avec le cinéaste.

A la fin des années 1980, Laurin est quasi-anachronique. Si l’oeuvre mystérieuse de Robert Sigl n’est pas explicite, elle n’est en aucun cas hermétique et parlera différemment au spectateur selon son vécu. La forme s’apparente à un enchaînement de rêves, parfois de cauchemars. Récit initiatique, Laurin suit le processus de deuil d’une petite fille de 10 ans, qui vient de perdre sa mère, tandis qu’elle découvre également la brutalité du monde qui l’entoure. Film sur la perte de l’innocence, Laurin parvient à rendre palpable la crasse derrière une esthétique hyper-léchée, appuyant ainsi le fait que la beauté du monde dissimule en réalité des actes morbides. Dóra Szinetár, la jeune comédienne qui interprète le rôle-titre, cloue le spectateur de son regard sombre qui n’est pas sans rappeler celui d’Ana Torrent dans L’Esprit de la ruche comme nous l’indiquions, mais également dans Cría cuervos de Carlos Saura (1976), deux films évidemment très liés. Le spectre de La Nuit du Chasseur de Charles Laughton plane également sur cette histoire.

Tour à tour inquiétant et envoûtant, mélancolique et ambigu, Laurin, récompensé par le Prix du Film Bavarois est un thriller horrifique complexe, mais absolument passionnant, qui ravit autant le coeur et l’esprit, qui flatte les sens du début à la fin. Difficile d’évoquer plus en détails ce « conte de fées pour adulte narré du point de vue d’un enfant » de Robert Sigl sans en révéler davantage, ce qui dénaturerait l’expérience à part entière de Laurin, magnifique trésor du cinéma de genre à réhabiliter de toute urgence.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray chroniqué ici est disponible en import et bénéficie d’une piste de sous-titres français. Vous n’avez donc aucune excuse pour passer à côté de cette merveilleuse édition concoctée par Bildstörung. Deux disques sont présents dans le boitier, glissé dans un surétui cartonné très élégant. Le premier Blu-ray comprend évidemment le film avec le commentaire audio du réalisateur Robert Sigl (non sous-titré). Tout le reste des suppléments est placé sur un second disque. Le menu principal du disque 1 est animé sur la superbe musique du film, celui du second est fixe et musical.

Seul le film dispose de sous-titres français, ce qui est déjà énorme et inespéré. En plus du commentaire audio de Robert Sigl évoqué, l’éditeur propose moult suppléments :

– « Robert Sigl erzählt… » (interview du réalisateur, 28’)


– « 
Der Weihnachtsbaum » (court-métrage de Robert Sigl, 19’) + galerie photos


– Interviews de l’actrice Dóra Szinetár
(17’30), de l’acteur Barnabás Tóth (9’30) et du caméraman Nyika Jancsó (15’), disponibles en anglais, sous-titrées en allemand

– Interview croisée des historiens de cinéma Jonathan Rigby (31’) & Olaf Möller (17’30)
– Making of
(9’30)

– Scènes coupées agrémentées du commentaire de Robert Sigl (19’)
– Aufnahmen von der Verleihung des Bayrischen Filmpreis
(2’30)
– Galerie Photos
Livret de 20 pages

Merci à monsieur Patrick Lang de m’avoir mis ce Blu-ray à disposition !

L’Image et le son

Le master HD (1080p) de Laurin provient d’une restauration 2K réalisée à partir du négatif original 35mm. La beauté de la copie participe évidemment à la découverte du film de Robert Sigl. Quelques-uns rechigneront devant le piqué parfois émoussé, divers flous sporadiques ou la gestion aléatoire des noirs, tantôt denses, tantôt bouchés, mais force est de constater que Bildstörung propose un vrai confort de visionnage. Le grain est quasi-omniprésent, mais que serait l’incroyable photo signée Nyika Jancsó, chef opérateur hongrois, sans cette texture argentique qui ne cesse de ravir les yeux ! Certains plans sortent particulièrement du lot avec des détails riches et précis sur les décors naturel, mais également sur les visages des comédiens et les étoffes. Les contrastes (surtout sur les séquences sombres) apparaissent en parfait accord avec les volontés artistiques originales qui rendent largement indispensable l’élévation du film en Haute Définition, d’autant plus que la copie affiche une remarquable propreté et délivre des clairs-obscurs réellement saisissants.

Cette édition comporte les versions allemande et anglaise. Laurin a été tourné en anglais, mais les sous-titres français traduisent le doublage allemand. Toutefois, nous préférerons visionner Laurin en anglais, qui se suit très bien avec les sous-titres français. Les deux versions disponibles sur le Blu-ray jouissent d’un écrin DTS-HD Master Audio de très bonne qualité. Du point de vue dynamique, la version anglaise l’emporte sur son homologue. Dans les deux cas, la musique est joliment restituée et les saturations évitées.

Crédits images : © Bildstörung / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

 

 

Test DVD / Les Sorcières du bord du lac, réalisé par Tonino Cervi

LES SORCIÈRES DU BORD DU LAC (Le Regine) réalisé par Tonino Cervi, disponible en DVD aux Editions Montparnasse le 3 janvier 2018

Avec :  Silvia Monti, Ray Lovelock, Ida Galli, Haydée Politoff, Gianni Santuccio, Guido Alberti…

Scénario : Tonino Cervi, Benedetto Benedetti

Photographie : Sergio D’Offizi

Musique : Angelo Francesco Lavagnino

Durée : 1h22

Date de sortie initiale : 1970

LE FILM

Les Sorcières du bord du lac, également connu sous le titre Les Sorcières, ou bien encore Adorables et atroces créatures, Queens of Evil pour son titre international et Le Regine et/ou Il Delitto del Diavolo en version originale, est un pur film d’exploitation transalpin, une série B réalisée par Antonio Cervi aka Tonino Cervi. Né en 1929 et mort en 2002, fils de l’acteur Gino Cervi (Peppone dans la saga don Camillo) et père de la sublime Valentina Cervi (Portrait de femme, Rien sur Robert), le cinéaste et scénariste reste peu connu en France, mais Les Sorcières du bord du lac (1970), mis en scène deux ans après son premier coup d’essai Cinq gâchettes d’or (coécrit par Dario Argento), demeure son film le plus célèbre. Considéré comme la version « adulte » du conte Hansel et Gretel, ce petit film surfe alors sur le succès du cinéma de genre qui remplit les salles et le tiroir-caisse des producteurs. Une vraie curiosité.

David (Ray Lovelock) est un hippie se réclamant libre et indépendant dans une société mercantile qui ne respecte plus ses propres valeurs. Afin de ne pas s’enraciner, il a pris pour habitude de voyager sans véritable but, sur sa moto, à travers tout le pays. Une nuit, il s’arrête afin de porter secours à ce qui s’avère être un riche homme d’affaires (Gianni Santuccio). Ce dernier, même s’il accepte son aide, lui fait la morale à propos de convictions dénuées de propositions et d’alternatives sociétales, qu’il juge somme toute immatures. Après que sa roue ait été changée, l’homme repart. A ce moment-là, David s’aperçoit que son pneu a été crevé. Son sang ne fait qu’un tour, il répare sa bécane pour rattraper l’homme. Arrivé à sa hauteur, l’homme, dans un moment d’inattention, s’écrase contre un arbre et meurt sous les yeux de David. Ce dernier prend peur et s’enfuit immédiatement. Plus loin, un barrage de police l’oblige à prendre un chemin à travers les bois. Il arrive devant une étrange cahute et se réfugie dans une grange. Le lendemain, il se réveille et rencontre les propriétaires de cette habitation. Trois sœurs, Bibiana (Ida Galli), Liv (Haydée Politoff) et Samantha (Silvia Monti) l’accueillent chaleureusement. David se retrouve petit à petit hypnotisé par ces trois séduisantes jeunes femmes, pour lesquelles il éprouve une attirance physique. Voulant néanmoins retrouver la route et sa liberté, David va avoir de plus en plus de mal à se détacher de ses trois hôtesses. Un soir, le riche propriétaire d’un château caché au fond des bois, organise une fête.

Les Sorcières du bord du lac joue sur l’attente et parvient à créer un étrange suspense. Si le titre dévoile immédiatement le pot aux roses, il faudra attendre la dernière bobine pour que les trois sœurs passent à l’action et dévoilent réellement leur véritable nature. Tonino Cervi est malin et économise ses cartouches en instaurant une ambiance étrange et éthérée, en privilégiant les séquences oniriques. Le metteur en scène joue sur l’étrangeté et le décalage des décors comme cette cabane banale en extérieur, qui renferme en réalité un intérieur ultra-moderne et cosy. Comme David, le spectateur tombe également sous le charme des trois hôtesses interprétées par Silvia Monti (Le Cerveau, Journée noire pour un bélier), Ida Galli (Le Guépard, Le Jardin des délices, Le Corps et le Fouet) et la française Haydee Politoff (La Collectionneuse, L’Amour l’après-midi). Les trois comédiennes s’amusent à jouer les nymphes fatales.

Malgré des baisses de rythme, Les Sorcières du bord du lac possède encore un charme fou, ne manque pas d’originalité (tout comme de petites séquences érotiques soft), laisse passer son message (rejet des vieilles mœurs, touche de féminisme) et a tout pour plaire aux amateurs de cinéma Bis.

LE DVD

Le DVD des Sorcières du bord du lac, disponible aux Editions Montparnasse, repose dans un superbe slim Digipack au visuel très attractif. Le menu principal est animé et musical.

Une galerie de photos (de tournage et d’exploitation) est disponible en guise de supplément.

L’Image et le son

C’est une surprise, Les Sorcières du bord du lac débarque dans les bacs en France sous l’égide des Editions Montparnasse. Le master proposé est élégant et très bien restauré. La propreté est indéniable, tout comme la stabilité. Le grain original ainsi que le format respecté 1.85 (16/9) créent un confort de visionnage évident, les couleurs ne manquent pas de classe, la gestion des contrastes est solide. La copie trouve un équilibre jamais pris en défaut et la clarté est de mise sur les séquences en extérieur. Si l’on excepte les visages un peu rosés des comédiens, les partis pris esthétiques de la photographie légèrement ouatée du chef opérateur Sergio D’Offizi (Cannibal Holocaust, La Longue nuit de l’exorcisme) sont savamment conservés et trouvent ici un très joli écrin.

Les Editions Montparnasse présente Les Sorcières du bord du lac en version originale aux sous-titres français imposés et placés trop haut sur l’image, ainsi qu’en version française. Pour les deux pistes, le confort acoustique est suffisant et propre. Cependant, la version originale l’emporte du point de vue délivrance des dialogues, effets annexes et surtout sur la restitution de la musique d’Angelo Francesco Lavagnino. Le doublage français s’accompagne d’un souffle chronique.

Crédits images : © Editions Montparnasse / DFL.DVD /  Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Ça, réalisé par Andy Muschietti

ÇA (It) réalisé par Andy Muschietti, disponible en DVD, Blu-ray et 4K Ultra HD chez Warner Bros. le 24 janvier 2018

Avec :  Bill Skarsgård, Jaeden Lieberher, Finn Wolfhard, Jack Dylan Grazer, Sophia Lillis, Jeremy Ray Taylor, Wyatt Oleff, Chosen Jacobs…

Scénario : Chase Palmer, Cary Fukunaga, Gary Dauberman d’après le roman Ça de Stephen King

Photographie : Chung Chung-hoon

Musique : Benjamin Wallfisch

Durée : 2h14

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

À Derry, dans le Maine, sept gamins ayant du mal à s’intégrer se sont regroupés au sein du « Club des Ratés ». Rejetés par leurs camarades, ils sont les cibles favorites des gros durs de l’école. Ils ont aussi en commun d’avoir éprouvé leur plus grande terreur face à un terrible prédateur métamorphe qu’ils appellent « Ça »…
Car depuis toujours, Derry est en proie à une créature qui émerge des égouts tous les 27 ans pour se nourrir des terreurs de ses victimes de choix : les enfants. Bien décidés à rester soudés, les Ratés tentent de surmonter leurs peurs pour enrayer un nouveau cycle meurtrier. Un cycle qui a commencé un jour de pluie lorsqu’un petit garçon poursuivant son bateau en papier s’est retrouvé face-à-face avec le Clown Grippe-Sous … 

Tout d’abord, revenons en arrière. C’est une madeleine pour beaucoup de (télé)spectateurs, une mini-série culte qui compte des millions de fans à travers le monde et qui en gagne sans cesse de nouveaux, notamment en France où elle est très régulièrement diffusée sur la TNT après avoir été programmée pendant des années sur M6, sa première diffusion à la télé française remontant à octobre 1993 : Ça, plus connu en France sous le titre « Il » est revenu. Périodiquement, la ville de Derry dans le Maine est hantée par une terrible créature, un clown pervers capable de changer à loisir d’apparence afin de personnifier les peurs les plus intimes de ses victimes. Dans les années 1950, des événements tragiques se produisent à nouveau. S’attaquant uniquement aux enfants, qui disparaissent ou qui sont retrouvés morts dépecés, «Ça» est un jour vaincu par un groupe de sept jeunes amis de onze ans, six garçons et une fille, ayant fait la promesse de toujours poursuivre l’odieuse entité, qui a disparu dans les égouts abandonnés. Trente ans plus tard, alors que chacun mène une vie paisible aux quatre coins du pays, «Ça» réapparaît à nouveau à Derry. Conformément à leur promesse, le groupe des sept devra se reformer à l’âge de 40 ans pour affronter ses peurs d’enfants.

En 1990, cette adaptation est un événement. Certes, les plus passionnés du chef d’oeuvre absolu de Stephen King publié en 1986 trouveront toujours à redire sur sa transposition, le ton édulcoré pour toucher une plus large audience, les changements inévitables apportés pour le passage du livre à l’écran, mais Ça demeure une véritable référence et finalement le livre et la mini-série en deux parties se complètent parfaitement. D’ailleurs, ceux qui auront vu la mini-série avant de lire le roman, projetteront inévitablement le visage des comédiens au fil de mots du maître de l’horreur.

Le casting est remarquable, que ce soit les enfants ou les adultes, tous extrêmement attachants et solidement dirigés par Tommy Lee Wallace (Halloween 3 : Le Sang du sorcier, Vampire, vous avez dit vampire ? 2), qui par ailleurs soigne sa mise en scène et regorge d’inventions pour faire peur et divertir. L’alchimie entre les deux groupes est indéniable et participe à l’immersion du spectateur dans cette histoire fantastique, qui en a traumatisé plus d’un, au point d’en devenir coulrophobiques, autrement dit phobique des clowns. Il faut dire que Tim Curry est particulièrement angoissant dans le rôle-titre et signe une de ses plus grandes performances après The Rocky Horror Picture Show de Jim Sharman et Legend de Ridley Scott. Si ses apparitions sont finalement limitées sur plus de trois heures, chacune demeure marquante et donne de nombreuses sueurs froides, tant aux personnages qu’aux spectateurs.

Si la télévision ne bénéficiait pas des mêmes budgets et de la même liberté créatrice qu’aujourd’hui, Ça« Il » est revenu fait partie de ces rares productions devenues des classiques dès leur première diffusion. Avec son aspect film-noir, notamment avec le personnage de Mike Hanlon qui mène son enquête et dont les mémoires sont dites en voix-off, combiné à une histoire fantastique, d’horreur, d’épouvante, dramatique, d’amour et d’amitié (les retrouvailles du Club des paumés 30 ans après sont très émouvantes), Ça traverse les décennies sans prendre de rides – à part au niveau des effets spéciaux, mais est-ce bien là le plus important ? – et reste précieux dans le coeur des spectateurs.

En juillet 2015, alors qu’il travaille sur une nouvelle transposition du roman de Stephen King, le réalisateur Cary Fukunaga (la première saison de True Detective) quitte finalement le projet suite à des divergences avec la production, qui trouve alors ses idées trop sombres, d’autant plus que le studio souhaitait faire un seul et unique long métrage et non deux comme le désirait le réalisateur. Dommage, d’autant plus le comédien Will Poulter (glaçant dans Detroit de Kathryn Bigelow), qui devait interpréter Pennywise, quitte également le navire. Néanmoins, la Warner Bros. fait finalement appel au cinéaste argentin Andrés Muschietti, révélé par Mamá, pour reprendre le flambeau. Moins torturée, moins sanglante et sexuelle que l’approche de son prédécesseur, Andrés Muschietti livre néanmoins une version très prenante du roman de Stephen King. A titre de comparaison, cette nouvelle mouture 2017 fait moins peur que le téléfilm original et effraie beaucoup moins que le livre. Néanmoins, marqué par des références aux productions Amblin (la première partie a d’ailleurs été déplacée dans les années 1980), Ça version 2017 peut compter sur un casting admirable, avec tout d’abord la nouvelle incarnation du Clown par Bill Skarsgård.

Fils de l’acteur Stellan Skarsgård et frère d’Alexander (True Blood, Melancholia, Tarzan), le jeune comédien de 27 ans s’avère remarquable et sa prestation ne cherche jamais à rivaliser ou à égaler celle inoubliable de Tim Curry. Il s’agit d’un autre Pennywise, plus monstrueux, et bien que ses apparitions restent dispersées sur 2h15, Bill Skarsgård crève l’écran. Cette première partie se focalise uniquement sur l’enfance des personnages, contrairement au téléfilm qui croisait les deux époques. Le chapitre 2 prévu dans les salles en septembre 2019, se concentrera sur la partie adulte, avec quelques flashbacks sur les personnages enfants. Le nouveau club des ratés se compose d’exceptionnels comédiens, bourrés de talent et au charisme magnétique : Jaeden Lieberher – Bill Denbrough (Midnight Special), Finn Wolfhard – Richie Tozier (Mike Wheeler dans la série Stranger Things), Sophia Lillis – Beverly Marsh (immense révélation), Jack Dylan Grazer – Eddie Kaspbrak, Wyatt Oleff – Stan Uris, Jeremy Ray Taylor – Ben Hanscom et Chosen Jacobs – Mike Hanlon. Un casting haut de gamme et tous très prometteurs.

Pour celles et ceux qui attendaient une adaptation fidèle au roman, sachez que ce n’est pas le cas ici. Si la première séquence, celle qui oppose le petit Georgie au Clown dans le caniveau se révèle être plus sanglante, Ça 2017 surfe plutôt sur la nostalgie des divertissements des années 1980, dans ses partis pris et dans son atmosphère. Certes, cela peut paraître déconcertant, mais le film d’Andy Muschietti est un fabuleux et très attachant divertissement, excellemment mis en scène, photographié et interprété, drôle, poétique, mélancolique et qui contient son lot de séquences morbides à défaut d’être réellement effrayantes.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Ça, disponible chez Warner Bros., est disposé dans un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un fourreau cartonné. Le menu principal est fixe et musical.

Contrairement au Blu-ray d’Il est revenu sorti en 2016, l’éditeur ne vient pas les mains vides et propose une heure de suppléments.

Le premier module se focalise sur la transformation et la performance de Bill Skarsgård en Pennywise (16’), à travers quelques images de tournage et les propos des comédiens, de la productrice Barbara Muschietti (sœur du cinéaste) et du réalisateur Andy Muschietti. Pas un mot sur l’ancienne version et le travail de Tim Curry, mais Bill Skarsgård indique point par point comment il a su s’approprier ce rôle emblématique. Chose amusante, l’acteur a su faire des économies à la production en se passant d’effets visuels pour la lèvre inférieure pendante du personnage, ainsi que son strabisme et même pour l’ensemble des cascades. Pour l’anecdote, Bill Skarsgård n’est arrivé sur le plateau que deux mois après le début des prises de vue et n’est apparu devant ses jeunes partenaires qu’au dernier moment afin de préserver la surprise.

Le documentaire suivant donne cette fois la parole à l’ensemble du club des losers (16’). Les merveilleux jeunes acteurs interviennent à tour de rôle pour parler de leurs personnages, mais aussi et surtout de la véritable alchimie et l’amitié nées sur le plateau. De nombreuses images de tournage viennent également illustrer l’ensemble.

Place au maître Stephen King en personne (14’), qui propose un retour sur les origines et ses inspirations de son roman Ça. Nous sommes étonnés d’apprendre que de nombreux faits divers survenus à Bangor (dans le Maine) ont grandement inspiré l’histoire, tout comme la topologie de la ville.

Les scènes coupées ou rallongées (15’) n’apportent pas grand-chose, si ce n’est un prologue tourné comme un gag raté (en gros Georgie récupère son bateau et Pennywise pousse un juron devant son échec) et la Bar Mitsvah dans son intégralité de Stan durant laquelle le jeune homme fustige l’aveuglement des adultes sur les mystérieuses d’enfants à Derry depuis toujours.

L’Image et le son

Sublime. Warner Bros. soigne son master HD qui se révèle exemplaire. Les contrastes sont d’une densité rarement démentie, y compris sur séquences sombres, avec une image sans cesse affûtée. La clarté demeure frappante, le piqué est acéré, les gros plans riches, les contrastes denses et la colorimétrie reste chatoyante. Les détails sont légion aux quatre coins du cadre large et la copie restitue les volontés artistiques du chef opérateur Chung-hoon Chung (Mademoiselle, Stoker, Old Boy). Ce Blu-ray offre de fabuleuses conditions pour revoir le film d’Andy Muschietti et profiter de la superbe photographie. L’apport HD sur ce titre est évidemment indispensable.

Dès la première séquence, l’ensemble des enceintes des pistes anglaise et française DTS-HD Master Audio 5.1 (ou Dolby Atmos si votre installation vous le permet) est mis à contribution aux quatre coins cardinaux. Les ambiances fusent de tous les côtés, la musique de Benjamin Wallfisch (Blade Runner 2049, A Cure for Life) bénéficie d’un traitement de faveur avec une large ouverture, plongeant instantanément le spectateur dans l’ambiance. Les dialogues ne sont jamais pris en défaut et demeurent solidement plantés sur la centrale tandis que les effets ne cessent d’être balancés de gauche à droite, et des enceintes avant vers les arrières. N’oublions pas le caisson de basses, qui se mêle ardemment à ce spectacle acoustique aux effets fracassants.

Crédits images : © WARNER BROS. ENTERTAINMENT INC. /  Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Au-delà de demain, réalisé par A. Edward Sutherland

AU-DELÀ DE DEMAIN (Beyond Tomorrow) réalisé par A. Edward Sutherland, disponible en DVD chez Artus Films le 5 décembre 2017

Avec :  Harry Carey, C. Aubrey Smith, Charles Winninger, Alex Melesh, Maria Ouspenskaya, Helen Vinson…

Scénario : Adele Comandini, d’après une histoire originale de Mildred Cram et Adele Comandini

Photographie : Lester White

Musique : Frank Tours

Durée : 1h16

Date de sortie initiale : 1940

LE FILM

Un soir de réveillon, trois hommes d’affaires fortunés mais sans famille décident d’inviter trois étrangers à leur table. Seuls James et Jean, jeunes gens dans la précarité, acceptent. Cette soirée va changer le cours de leur vie. Ils tombent amoureux l’un de l’autre et James devient crooner à succès. Les trois protecteurs disparaissent dans un accident d’avion et leurs fantômes vont bientôt mettre tout en œuvre pour reformer le couple qui s’est entre temps séparé.

Au-delà de DemainBeyond Tomorrow est un conte de Noël réalisé par le cinéaste britannique A. Edward Sutherland (1895-1973) spécialisé dans les comédies mettant en scène le nez de W.C. Fields, le duo Laurel et Hardy et la croupe de Mae West. On lui doit également l’excellente Femme invisibleThe Invisible Woman (1940). Ce spécialiste du film burlesque se voit confier un drame-fantastique, Au-delà de demain donc, d’après une histoire de Curt Siodmak, habituellement l’auteur attitré des studios Universal pour ses films de monstres.

Egalement connu sous les titres And So Goodbye ou bien encore Beyond Christmas, ce tout petit film, mélange de comédie, de fantastique et de mélodrame est interprété par des comédiens vétérans, Charles Winninger, Maria Ouspenskaya (la grand-mère dans la première version d’Elle et lui de Leo McCarey), C. Aubrey Smith (Tarzan l’homme singe, Rebecca) et Harry Carey (Mr. Smith au sénat). Des « trognes », des natures et surtout de grands talents qui ont multiplié les apparitions depuis le cinéma muet.

Complètement désuet, un brin réac, Au-delà de demain ravit souvent sur la forme, naïve, poétique, quand le récit dévoile l’au-delà et ses fantômes qui déambulent, qui discutent tranquillement de la même manière qu’avant de passer à trépas. En revanche, certains tiqueront sur le fond, prêchi-prêcha, avec sa morale bien-pensante, tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, etc. Une belle et grande « leçon » américaine, puritaine, où un simple garçon du Texas, un rancher, peut devenir la nouvelle star à la voix d’or de la chanson que tout le monde s’arrache, à condition qu’il ne se laisse pas tenter par une jeune femme du milieu, forcément démoniaque puisqu’elle met en danger l’idylle du texan avec sa compagne, modèle de pureté.

On pardonne volontiers ces partis pris caressant le spectateur dans le sens du poil, car Au-delà de demain, très populaire sur la terre de l’Oncle Sam, est un film tout à fait charmant, fantaisiste, souvent théâtral dans son dispositif puisque l’action reste quasiment confinée dans la maison cossue dans sa première partie. Le jeune couple incarné par Richard Carlson et l’adorable Jean Parker est attachant et s’en sort pas trop mal face à leurs partenaires qui cabotinent gentiment avec une réelle alchimie.

Avec ses flocons de neige en polystyrène, ses effets visuels sympathiques, ses violons sirupeux, sa belle photographie signée Lester White (Du plomb pour l’inspecteur), sa chorale venant chanter Jingle Bells sous les fenêtres et ses personnages sympathiques, Au-delà de demain est typique du genre de films à découvrir durant les fêtes de fin d’année, un bon chocolat chaud à portée de main et blotti sous une couverture polaire.

LE DVD

Au-delà de demain intègre la collection Classiques et Conte fantastique chez Artus Films. Le menu principal est fixe et musical.

Un aperçu des autres titres disponibles chez Artus Films est proposé comme supplément.

L’Image et le son

Visiblement, le matériel d’Au-delà de demain n’a pas été conservé dans des conditions optimales. Malgré les efforts réalisés par l’équipe de la restauration, de très nombreux défauts subsistent. En effet, l’image n’est jamais stable, reste floutée tout du long, tandis que la gestion des contrastes et du N&B restent totalement aléatoires avec un grain très épais. Il faudra donc être très indulgent puisqu’il semble que l’éditeur ait mis la main sur un master – 1.37, 16/9 compatible 4/3 – déjà très fatigué, pour ne pas dire au bout du rouleau, même si la copie reste finalement assez propre. Si les yeux brûlent un peu en fin de séance avec cet aspect vieille VHS, la rareté du film prime sur le reste, donc nous n’en voulons pas à notre cher éditeur Artus.

Seule la version anglaise mono est disponible avec des sous-titres français non verrouillés. Les craquements et chuintements, mais aucunement gênants, surtout que le souffle est limité. Les dialogues s’avèrent aérés, propres et fluides, tout comme la musique.

Crédits images : © Artus Films /  Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test Blu-ray / I Wish – Faites un voeu, réalisé par John R. Leonetti

I WISH – FAITES UN VOEU (Wish Upon) réalisé par John R. Leonetti, disponible en DVD et Blu-ray chez TF1 Studio le 28 novembre 2017

Avec :  Joey King, Ryan Phillippe, Ki Hong Lee, Mitchell Slaggert, Shannon Purser, Sydney Park, Kevin Hanchard, Sherilyn Fenn…

Scénario : Barbara Marshall

Photographie : Michael Galbraith

Musique : tomandandy

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Pas facile de survivre à l’enfer du lycée, Clare Shannon et ses copines en savent quelque chose. Du coup, quand son père lui offre une ancienne boîte à musique dont les inscriptions promettent d’exaucer tous ses vœux, Clare tente sa chance. Et ça marche ! Argent, popularité, petit ami, tout semble parfait. Mais le rêve a un prix : au fur et à mesure de ses souhaits, des personnes de son entourage meurent dans des conditions particulièrement atroces. Clare le sait : elle doit se débarrasser de la boîte pour sauver sa vie et celle de ses proches avant de faire le voeu de trop.

Qui dit excellent directeur de la photographie, ne veut pas forcément dire bon réalisateur. C’est le cas de John R. Leonetti, chef opérateur sur Chucky 3, Hot Shots ! 2, The Mask, Mortal Kombat, qui a connu un second souffle grâce aux films de James Wan, Dead Silence, Death Sentence, Insidious et sa première suite, sans oublier Conjuring : Les Dossiers Warren. Une belle carte de visite. En 1997, John R. Leonetti signe son premier long métrage, Mortal Kombat : Destruction finale, considéré – à juste titre – comme l’une des pires suites de l’histoire du cinéma. Ses autres coups d’essai ne sont pas plus fameux avec un Effet papillon 2 en 2006 et le soporifique Annabelle en 2014, spin-off de la franchise Conjuring centré sur la poupée maléfique. Si en 2016, Wolves at the Door est resté inédit en France, I Wish – Faites un vœu ou Wish Upon en version originale, a connu une exploitation dans nos salles l’été 2017 où il a attiré plus de 300.000 spectateurs fans de cinéma fantastique. Rien ne distingue ce film de genre du tout venant contemporain. Mollement réalisé, interprété par des jeunes comédiens sans aucun charisme, mal écrit, I Wish – Faites un vœu fait penser à un mauvais épisode de La Quatrième Dimension.

Clare Shannon, âgée de 17 ans, est hantée par le souvenir du suicide de sa mère. Son père Jonathan, un ancien musicien et collectionneur compulsif qui passe son temps à fouiller dans les bennes à ordures, trouve une boîte à musique chinoise et la lui donne comme cadeau d’anniversaire. Sympa le padre. Comme par hasard, Clare étudie le chinois au lycée et parvient à traduire l’une des nombreuses inscriptions sur la boîte : « Sept souhaits ». Subissant les moqueries et les brimades d’une dénommée Darcie, Clare fait sans trop y croire le vœu que sa rivale se mette à pourrir. Carrément. Le lendemain, cette dernière se lève et constate que sa peau ressemble à du charbon qui s’effrite. Le même jour, Clare retrouve Max son chien mort, dévoré par des rats dans l’espace souterrain de sa maison. Clare se rend compte que la boîte octroie des vœux, mais ne réalise pas encore que ses souhaits ont des conséquences. Elle fait néanmoins un second souhait, celui que Paul, le garçon le plus prisé du lycée tombe « désespérément » amoureux d’elle. Et ainsi de suite, Clare va pouvoir se faire plein de tune, emballer le mec de ses rêves, faire en sorte que son père arrête de faire les poubelles et surtout devenir la fille la plus populaire de son bahut. Bon en contrepartie, son oncle, son chien, sa voisine préférée meurent tous dans des conditions étranges, mais c’est pas grave, Clare peut se payer plein de jupes et du mascara pour souligner son strabisme.

I Wish – Faites un vœu ne fait rien ou pas grand-chose pour donner un peu d’originalité à son histoire qui ne se gêne pas pour piller ses idées sur l’excellente saga Destination Finale ou sur Wishcraft de Richard Wenk (2002). Du coup, les passages à trépas sont attendus en plus d’être vus et revus. On serait méchant, on pourrait dire qu’avec ses acteurs en carton, son scénario en carton et sa mise en scène en carton que I Wish – Faites un vœu est un film Linda de Suza.

Du haut de ses 18 ans, l’actrice principale Joey King compte déjà de nombreuses apparitions au cinéma, principalement dans des productions fantastiques (World Invasion: Battle Los Angeles, The Dark Knight Rises, Le Monde fantastique d’Oz, Independence Day: Resurgence) ou d’horreur (En quarantaine, Conjuring : Les Dossiers Warren). Si son charisme rappelle celui d’une Barbra Streisand juvénile, la jeune comédienne en fait souvent des tonnes avec ses yeux écarquillés, sa moue boudeuse et ses bras qui moulinent quand elle se met à courir. Une tête à claques jamais attachante. Elle n’est guère aidée par ses partenaires, qui se contentent du minimum syndical, en particulier le revenant des années 1990 Ryan Phillippe, cantonné au rôle du père qui ne se rend pas compte dans quelles catastrophes s’est embarquée sa fille. Notons tout de même l’apparition de Sherilyn Fenn, la merveilleuse Audrey de la série Twin Peaks.

Si l’on a déjà vu bien pire, I Wish – Faites un vœu est représentatif du cinéma fantastique d’aujourd’hui, fait à la chaîne pour les adolescents, une malbouffe hollywoodienne réalisée par des types soucieux de faire plaisir à leurs sponsors, de vendre des tonnes de popcorn et des litres de soda à l’entrée du cinéma. Il n’est pas interdit de se faire uniquement plaisir au cinéma, surtout pas, c’est même la base du septième art, c’est juste qu’il y a un minimum syndical à respecter quant à la gueule du produit finit proposé à une jeune audience qui n’est même plus capable de distinguer le bon du mauvais cinéma de genre.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de I Wish – Faites un vœu, disponible chez TF1 Studio, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Minimum syndical pour cette édition HD puisque TF1 Studio ne livre que cinq petites featurettes (11 minutes au total), composées d’interviews de l’équipe (acteurs, réalisateur, producteurs) et d’images de plateau. Promotionnels à fond, ces modules se focalisent notamment sur le tournage de la scène du grenier.

L’Image et le son

I Wish – Faites un voeu est un film sombre et la Haute définition restitue habilement la photo du chef opérateur Michael Galbraith. Les volontés artistiques sont donc respectées mais entraînent quelques pertes occasionnelles du piqué et des détails dans les scènes les moins éclairées. Néanmoins, ce master HD demeure impressionnant de beauté, tant au niveau des détails que du piqué. Le cadre n’est pas avare en détails, les contrastes affichent une densité remarquable (du vrai goudron en ce qui concerne les noirs) et la colorimétrie froide est optimale.

Que votre choix se soit porté sur la version française ou la version originale DTS-HD Master Audio 5.1., le confort acoustique est total et la piste anglaise l’emporte du point de vue homogénéité des voix et des effets annexes. Le pourvoir immersif des deux mixages est fort plaisant. Toutes les enceintes sont intelligemment mises à contribution, les effets sont souvent percutants. La balance frontale et latérale est constante et riche, le caisson de basses souligne efficacement les séquences du film les plus agitées, tandis que les dialogues et commentaires restent fluides et solides. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Broad Green Pictures / Steve Wilkie / Paramount Pictures / TF1 Studio / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Arrow – Saison 5

ARROW– SAISON 5, disponible en DVD et Blu-ray  le 22 novembre 2017 chez Warner Bros.

Acteurs : Stephen Amell, Katie Cassidy, David Ramsey, Willa Holland, Paul Blackthorne, Emily Bett Rickards, John Barrowman, Colton Haynes, Manu Bennett, Caity Lotz, Susanna Thompson, Echo Kellum…

Musique : Blake Neely

Durée : 23 épisodes de 42 minutes

Date de sortie initiale : 2016-2017

LA SÉRIE

Après la mort de Laurel et le départ de Diggle et Thea de l’équipe, Oliver reste seul pour protéger les rues de Star City. Avec Felicity le guidant depuis le bunker, il est forcé de gérer une ville submergée à la fois de criminels et d’une bande de nouveaux et inexpérimentés justiciers. Mais il doit également concilier son statut de défenseur avec son nouveau poste de maire de la ville. Sa partenaire lui suggère de former une nouvelle équipe malgré son refus. Cependant, quand un nouveau criminel, Tobias Church, fait son apparition dans la métropole, Oliver réalise que Felicity avait raison et que la meilleure solution pour protéger les citoyens serait de créer une nouvelle équipe de super héros. Un peu plus tard vient s’ajouter un autre adversaire, Prometheus, un archer aussi doué qu’Oliver, qui semble le connaître et souhaite le discréditer aux yeux de la ville…

Arrow revient de loin ! Si la série avait su prendre son envol avec trois bonnes saisons, la quatrième avait décontenancé les téléspectateurs et la critique à cause d’une mise en scène affreuse, des histoires jamais intéressantes, l’histoire d’amour Olicity jugée trop niaise et surtout un badguy ridicule qui inspirait plus la pitié que la peur. C’est dire si la chute a été brutale. Voyant que l’audience s’était écroulée, la production et les showrunners ont su prendre en compte tous ces mauvais retours et surtout apprendre de leurs erreurs. Renouvelée pour une cinquième saison, Arrow renaît littéralement pour notre plus grand plaisir. Plus brutale, plus sombre, plus psychologique, cette cinquième saison atomise la précédente, à tel point qu’on en vient même à regretter que la série ne s’arrête finalement pas là, tant la boucle ainsi bouclée aurait été une parfaite conclusion.

Dans cette cinquième saison, les 23 épisodes s’avèrent brillants, passionnants, très bien réalisés, pleins de rebondissements, de combats chorégraphiés, de cascades et d’émotions jusqu’à un final épique où réapparaît Deathstroke. Stephen Amell n’a jamais été aussi bon dans le rôle (et pourtant ce n’était pas gagné), la divine Emily Bett Rickards est toujours géniale, mais c’est surtout le « méchant » interprété par Josh Segarra, qui fait oublier le pathétique et improbable Neal McDonough aka Damien Darhk de la saison 4, qui tire ici son épingle du jeu. Suintant, charismatique, cruel et en même temps finalement empathique, c’est une sacrée révélation. La team Arrow s’est parfaitement renouvelée avec de nouveaux personnages qui s’intègrent bien à l’univers et qui apportent un vrai vent de fraîcheur à l’ensemble.

Aux côtés des stars du show, même si la toujours sexy Willa Holland est le personnage réellement sacrifié de cette saison, d’autant plus qu’elle ne participe plus (ou presque) à l’action, Echo Kellum apporte beaucoup d’humour dans le rôle de l’équivalent de Felicity Smoak au masculin. A la fois nouvelle tête pensante et homme de terrain, Curtis Holt essaye d’aider ses amis en prenant l’identité de Mr Terrific. S’il a encore beaucoup de chemin à faire du point de vue combat, ses inventions technologiques apportent une aide non négligeable à l’équipe dans leur quête pour sauver Star City. Citons également Rick Gonzalez aka Rene Ramirez ou bien encore Wild Dog, Juliana Harkavy, excellente et bad-ass nouvelle Black Canary qui avait déjà peu à faire pour effacer Katie Cassidy – gros point noir de la série, mais qui est quand même présente dans une poignée d’épisodes – de nos mémoires. La nouvelle bande est également constituée du méta-humain Rory Regan/Ragman, interprété par le prometteur Joe Dinicol, ainsi que d’Evelyn Sharp/Artemis, incarnée par la jeune Madison McLaughlin. Moins d’apparitions (et la dernière) de John Barrowman, alias Malcolm Merlyn ou bien encore Ra’s al Ghul, qui intervient seulement dans quatre épisodes. L’association Oliver Queen / John Diggle reprend également du poil de la bête comme dans les deux premières saisons, Paul Blackthorne ou plutôt Quentin Lance, retrouve également un personnage plus consistant en tant qu’adjoint en maire, bref tout est bon dans cette saison.

Entre les soucis à la mairie de la ville, les truands qui ne reculent devant rien et qui débordent d’imagination pour s’emparer de Star City (dont un nouveau justicier violent et aux méthodes radicales qui œuvre sous le nom de Vigilante), plus ce nouvel ennemi impitoyable, Prometheus, qui a décidé de mettre Green Arrow face à son passé d’assassin impitoyable, Oliver Queen a de quoi faire et donc ses nouveaux partenaires ne seront point de trop pour lui donner un coup de pouce. Et pour une fois, les flashbacks omniprésents s’avèrent très intéressants puisqu’ils se focalisent sur les débuts d’Oliver en tant que membre de la Bratva et surtout dans le costume d’Arrow, en Russie, où il affronte un impressionnant mafieux auquel le grand Dolph Lundgren prête ses traits, son mètre 96 et son accent de Rocky IV.

Dernière chose, pour son centième épisode (le huitième dans la saison 5), la production a mis le paquet avec un cross-over très réussi avec les séries Flash, Legends of Tomorrow et Supergirl. Depuis, Arrow semble avoir retrouvé les faveurs des téléspectateurs, même si les audiences de la sixième saison, actuellement en cours de diffusion aux Etats-Unis, ne parviennent pas à retrouver les sommets des trois premières.

LE BLU-RAY

La cinquième saison d’Arrow en Blu-ray, disponible chez Warner Bros., se compose de quatre disques placés dans un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui cartonné. La liste des épisodes apparaît au verso, tout comme celle des suppléments. Le menu principal est identique sur les quatre Blu-ray, fixe et musical, qui reprend le visuel de la jaquette.

L’interactivité est dispersée sur les quatre disques.

Blu-ray 1 : La Nouvelle équipe Arrow (10’) : Les créateurs et producteurs de la série font le point sur les grands changements de cette cinquième saison et plus particulièrement sur les nouveaux justiciers qui combattent aux côtés d’Oliver.

Une scène coupée de l’épisode 3 (1’) est également disponible.

Blu-ray 2 : Alliés : l’Invasion (13’) : Les mêmes protagonistes que dans le module précédent sont de retour pour évoquer cette fois le centième épisode de la série, également l’épisode central d’un cross-over avec les autres shows DC. Quelques spoilers dévoilent l’intrigue de ce huitième épisode.

Deux scènes coupées issues des épisodes 9 (1’) et 11 (30 secondes) sont aussi présentes sur ce disque.

Blu-ray 3 : Deux scènes coupées des épisodes 16 (1’10) et 17 (4’) sont proposées ici.

Blu-ray 4 : Débat du Comic-Con (27’) : C’est devenu le rendez-vous incontournable des éditions DVD-Blu-ray d’Arrow. L’éditeur joint la présentation de la nouvelle saison par toute l’équipe de la série, au Comic-Con de San Diego. L’occasion d’allécher les fans toujours présents et prêts à poser toutes leurs questions aux comédiens, tous très souriants et proches des spectateurs.

Retour aux racines de Arrow : Prometheus (15’) : Les comédiens et les créateurs de la série se penchent sur l’une des grandes réussites de la cinquième saison, l’adversaire d’Oliver Queen interprété par l’excellent Josh Segarra. Attention aux nombreux spoilers si vous n’avez pas encore vu cette saison !

L’interactivité se clôt sur un bêtisier amusant et sur deux scènes coupées (4’ au total) des épisodes 19 et 22.

L’Image et le son

Les épisodes sont proposés au format HD (1080p, AVC). Les couleurs sont froides, toujours marquées par quelques touches vertes, caractéristiques du personnage principal. Le piqué est acéré, les contrastes au top et la profondeur de champ très appréciable. Les séquences diurnes sont éclatantes et les scènes de nuit sont aussi bien définies. Warner Bros. met la barre haute et prend soin de l’arrivée de Arrow dans les salons avec même un léger et élégant grain typique du tournage avec la caméra Arri Alexa. Le résultat est superbe et la promotion HD indispensable.

Sans surprise, seule la version originale est livrée au format DTS-HD Master Audio 5.1. Privilégiez évidemment cette option qui instaure un confort acoustique digne des plus grands blockbusters avec une spatialisation tonitruante, des effets latéraux à foison, une percutante délivrance des dialogues et une balance frontale explosive. Mention également au caisson de basses très souvent sollicité dans les scènes d’action. Les réfractaires à la V.O. devront se contenter d’une toute petite VF Dolby Digital 2.0 Stéréo au doublage nian-nian souvent indigne de la série. Etrangement, les allemands disposent d’un mixage Dolby Digital 5.1.

Crédits images : © Warner Bros. / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test DVD / Le Carnaval des âmes, réalisé par Herk Harvey

LE CARNAVAL DES ÂMES (Carnival of Souls) réalisé par Herk Harvey, disponible en DVD chez Artus Films le 5 décembre 2017

Acteurs :  Candace Hilligoss, Frances Feist, Sidney Berger, Art Ellison, Stan Levit, Tom McGinnis, Forbes Caldwell…

Scénario : Herk Harvey, John Clifford

Photographie : Maurice Prather

Musique : Gene Moore

Durée : 1h14

Date de sortie initiale : 1962

LE FILM

Alors que des jeunes gens jouent à faire la course en voiture, l’auto des filles tombe dans une rivière et les passagères se noient. Seule Mary en réchappe, profondément choquée. Comme elle se rend dans l’Utah pour jouer de l’orgue dans une petite église, elle aperçoit un fantôme au visage cadavérique. Bientôt, elle le voit partout et sent son esprit vaciller. De plus, elle est irrésistiblement attirée par un parc d’attractions désaffecté…

Etrange destin pour un petit film – qui ne l’est pas moins – que celui du Carnaval des âmesCarnival of Souls, réalisé en deux semaines avec une poignée de dollars (30.000 exactement) par Herk Harvey (1924-1996), venu des spots institutionnels et publicitaires, sur un scénario de John Clifford. Aujourd’hui considéré comme une véritable référence du genre fantastique, ce film culte, seul long métrage de fiction du metteur en scène qui ne comptera à son actif que des courts-métrages et des documentaires, a tout d’abord connu un bide retentissant dans les salles – dans les drive-in plutôt – à sa sortie en 1962, avant que certains critiques et professionnels du cinéma ne le citent ouvertement, en particulier dans les années 1980 où il est redécouvert.

Arrêtés à un feu rouge, deux jeunes hommes défient trois jeunes femmes de faire une course improvisée. Les voitures s’élancent mais en passant en trombe sur un vieux pont, la conductrice perd le contrôle du véhicule. Mary est la seule jeune femme sur les trois passagères à s’en sortir miraculeusement. Traumatisée, elle quitte la ville pour rejoindre une église où elle a trouvé du travail en tant qu’organiste mais, sur la route, elle aperçoit un fantôme au visage cadavérique, interprété par Herk Harvey lui-même. Par ailleurs, elle ressent une attirance irrésistible pour un gigantesque parc d’attractions abandonné, qui exerce sur elle un pouvoir qu’elle ne comprend pas. Les apparitions surnaturelles se multiplient, Mary, qui semble être la seule à voir ces êtres étranges, se sent de plus en suivie, voire encerclée.

Film rapide, 74 minutes montre en main, Le Carnaval des âmes peut laisser perplexe tant on a l’impression qu’il ne s’y passe pas grand-chose. Certes, quelques scènes s’étirent trop en longueur, à l’instar des séquences où un type pas fin drague ouvertement Mary et qui se désespère de voir ses avances rejetées, mais on comprend pourquoi le film de Herk Harvey a su inspirer moult films de genre. Tout d’abord par son traitement brut, qui découle du manque de moyens mis à la disposition du réalisateur. Au-delà du N&B basique et pourtant très beau, la caméra portée insuffle un malaise crescendo, comme si une présence se manifestait constamment auprès de Mary. Harvey distille les apparitions de ses spectres tout au long du film, en surprenant constamment le personnage principal en même temps que les spectateurs. Les décors, en particulier celui du parc d’attractions délabré instaurent un vrai climat angoissant, tandis que Mary erre sans savoir pourquoi elle se sent littéralement appelée par cet endroit insolite.

Ce n’est pas spoiler de dire que la scène finale du bal des fantômes a inspiré le cinéma fantastique et continue de le faire. Et que dire de cet épilogue, avant-gardiste, qui a dû laisser de nombreux spectateurs perplexes et déroutés quand la dépanneuse parvient enfin à sonder le fond boueux de la rivière et à remonter la voiture des jeunes femmes décédées ! Le Carnaval des âmes vaut également pour la présence de la belle Candace Hilligos, dans sa première et par ailleurs rare apparition au cinéma. Attachante, troublante, la comédienne porte cette histoire oppressante sur ses épaules.

Sans effets ostentatoires, ni sang, ni effets chocs, mais usant habilement du langage cinématographique, aussi bien visuel que sonore lorsque Mary n’entend plus rien et ne parvient plus à se faire voir, pour créer un flottement éthéré (renforcé par l’envoûtante partition à l’orgue de Gene Moore) et une ambiance unique, Herk Harvey ne pensait sans doute pas que Le Carnaval des âmes bénéficierait aujourd’hui d’un tel culte. Des cinéastes tels que M. Night Shyamalan, George A. Romero, Stanley Kubrick, Tim Burton, John Carpenter, Christian Petzold et David Lynch n’ont eu de cesse de louer sa poésie macabre et ses mérites, au point de l’avoir cité au moins une fois dans l’un de leurs films. C’est dire son importance.

LE DVD

Après avoir été disponible chez Le Chat qui fume et Wild Side, Le Carnaval des âmes débarque une fois de plus dans les bacs, cette fois sous la houlette d’Artus Films, dans la collection Classiques. Le menu principal est fixe et musical.

La bande-annonce et un aperçu des autres titres disponibles chez Artus Films sont proposés comme suppléments.

L’Image et le son

Le master restauré tient toutes ses promesses et offre aux spectateurs de très belles conditions pour découvrir ce bijou. En dehors de quelques très légers défauts de pellicule qui ont échappé aux outils numériques, la copie est vraiment très propre. Exit les rayures, les tâches, les poussières et autres points noirs et blancs. On pourra sans doute déplorer la quasi-absence du grain original, mais la beauté du N&B subjugue, les contrastes sont équilibrés, la luminosité est admirable, les noirs denses et le rendu des visages est soutenu par un piqué acéré. Même les fondus enchaînés n’entraînent pas de décrochages ! Présenté dans son format 1.37 (16/9 compatible 4/3), Le Carnaval des âmes bénéficie d’une copie très soignée.

Le confort acoustique est largement assuré par la piste mono d’origine. Seule la version anglaise est disponible et il semble peu probable qu’un doublage français existe. Ce mixage affiche une ardeur et une propreté remarquables, créant un spectre phonique suffisant. Les effets et les ambiances sont nets, la musique mise en valeur, sans saturation. L’ensemble demeure homogène, sans souffle et les dialogues solides.

Crédits images : © Artus Films /  Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Le Retour des morts-vivants, réalisé par Dan O’Bannon

LE RETOUR DES MORTS-VIVANTS (The Return of the Living Dead ) réalisé par Dan O’Bannon, disponible en combo Blu-ray/DVD chez Le Chat qui fume le 20 novembre 2017

Acteurs :  Clu Gulager, James Karen, Don Calfa, Thom Mathews, Beverly Randolph, John Philbin, Jewel Shepard, Miguel A. Núñez Jr., Brian Peck, Linnea Quigley, Mark Venturini, Jonathan Terry…

Scénario : Dan O’Bannon, d’après une histoire de Rudy Ricci, John A. Russo et Russell Streiner

Photographie : Jules Brenner

Musique : Matt Clifford

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 1985

LE FILM

Le jour de son embauche dans un entrepôt médical, le jeune Freddy et son oncle, découvrent de vieux containers abandonnés par l’armée. En s’en approchant d’un peu trop près, les deux compères libèrent par erreur un gaz toxique ayant la particularité de ramener les morts à la vie. Rapidement le gaz se propage vers un cimetière voisin…

Les évènements décrits dans ce film ont eu lieu. Les noms sont ceux de personnes et d’entreprises réelles.

En 1985, Le Retour des morts-vivantsThe Return of the Living Dead sort quelques semaines avant Le Jour des morts-vivantsDay of the Dead de George A. Romero. Réalisé par Dan O’Bannon, scénariste de Dark Star de John Carpenter (1974), d’Alien, le huitième passager de Ridley Scott (1979), de Tonnerre de feu de John Badham (1983) et plus tard de Lifeforce (1985) et de L’Invasion vient de Mars (1986) de Tobe Hooper, sans oublier Total Recall de Paul Verhoeven (1990) et Planète hurlante de Christian Duguay (1995), ce « Retour » mise avant tout sur l’humour, mais n’oublie pas d’effrayer (gentiment) les spectateurs qui sont venus avant tout pour se distraire, avoir peur et s’amuser. Mission accomplie puisque non seulement Le Retour des morts-vivants sera un bien plus grand succès que Le Jour des morts-vivants en rapportant le double de dollars au box-office, mais il est aussi devenu instantanément culte.

Un vendredi soir, Frank et son neveu Freddy qui démarre dans l’entreprise UNEEDA, société de fournitures médicales, font l’inventaire de l’entrepôt. Accidentellement, ils libèrent un gaz toxique d’un conteneur militaire stocké dans la cave de l’entreprise depuis la fin des années soixante. Ce baril provient d’une livraison mal expédiée de l’armée et contient un zombie endormi, à l’origine du film La Nuit des morts-vivants. Pendant ce temps, Tina, la petite amie de Freddy, décide de l’attendre dans un cimetière voisin avec ses amis punks. Malheureusement pour eux, la maladresse de Frank et Freddy va déclencher une invasion de morts-vivants et transformer cette nuit en cauchemar.

En 1968, La Nuit des morts-vivants, coécrit par George A. Romero et John A. Russo, sort sur les écrans. Tourné avec un petit budget, c’est un immense succès, au point que le film demeure aujourd’hui l’une des productions indépendantes les plus rentables de l’histoire du cinéma. Les deux scénaristes se brouillent. En 1978, George A. Romero écrit seul et met en scène Zombie, également un très grand succès. De son côté, John A. Russo compte également revenir aux morts-vivants et écrit The Return of the Living dead. Revendu à un producteur indépendant, le scénario envisagé comme une suite logique à La Nuit des morts-vivants est proposé à Tobe Hooper et même John A. Russo pense le mettre en scène. C’est finalement le scénariste Dan O’Bannon, qui remanie le script et qui éloigne l’histoire originale jugée trop proche de l’univers de George A. Romero dont Le Jour des morts-vivants est annoncé en concurrence directe avec le leur. Dan O’Bannon est finalement choisi pour réaliser Le Retour des morts-vivants.

Si l’histoire contient quelques références à La Nuit des morts-vivants de Romero, le film de Dan O’Bannon privilégie l’humour, à la limite de la parodie, bien que le matériel de base soit respecté, tout en apportant quelques éléments inédits à l’instar des zombies qui parlent, courent et dont le cerveau détruit ne parvient pas à les exterminer. C’est ce qui fait la grande réussite du Retour des morts-vivants puisqu’il s’agit d’un véritable film de genre et de zombies, même si bourré de second degré. Dan O’Bannon n’a pas la prétention de dissimuler le côté série B d’épouvante et fantastique de son film. Sa mise en scène n’en est pas moins soignée, élégante, soutenue par un montage alerte, des effets spéciaux et maquillages réussis (mention spéciale à l’homme-goudron et à la femme-tronc), une bande originale explosive (The Cramps, 45 Grave, T.S.O.L., The Flesh Eaters, Roky Erickson, The Damned, SSQ…) et surtout un casting au diapason où tous les comédiens (Clu Gulager, Don Calfa, James Karen, Thom Matthews, Beverly Randolph, Jewel Shepard, Brian Peck…) prennent visiblement beaucoup de plaisir à se donner la tordante réplique.

Résultat, toute cette énergie est furieusement contagieuse, on rit énormément, les scènes d’action sont rudement menées, les scènes anthologiques s’enchaînent comme des perles sur un collier. N’oublions pas la touche sexy apportée par la participation de la scream queen Linnea Quigley (Trash), dont le striptease sur la pierre tombale a marqué les spectateurs, au point de devenir l’élément central de l’affiche du film dans certains pays, y compris dans nos contrées.

Référence du film de genre mêlant humour et gore, qui n’aura de cesse d’inspirer moult cinéastes (Edgar Wright pour Shaun of the Dead, Bienvenue à Zombieland de Ruben Fleischer), graphique, cartoonesque et au final aussi expédié que pessimiste, Le Retour des morts-vivants a donc tout à fait sa place aux côtés des opus mythiques du genre.

LE BLU-RAY

Le nouveau bébé du Chat qui fume est arrivé dans les bacs ! Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’éditeur continue sur sa lancée. Le Retour des morts-vivants débarque chez nous grâce au Chat noir de Stéphane Bouyer, dans une superbe édition combo Blu-ray/Double DVD, qui prend la forme d’un sublime Digipack à trois volets. La sérigraphie des disques est attrayante (surtout celle du DVD Bonus avec Linnea Quigley topless), tandis que le verso reprend les visuels américain, français (censuré) et italien. Le Digipack est glissé dans un surétui cartonné au visuel français cette fois non censuré. ÉDITION LIMITÉE A 2000 EXEMPLAIRES NUMÉROTÉS. Les menus principaux sont animés sur la formidable partition de Matt Clifford.

Et c’est parti pour 3h30 de suppléments !

Le premier module est un documentaire rétrospectif réalisé en 2011 par Bill Philputt, d’une durée de 2 heures et intitulé More brains ! A return to the living dead ! Essentiellement constitué d’interventions souvent drôles et enjouées du scénariste John A. Russo, du décorateur William Stout, du maquilleur Tony Gardner, du chef opérateur Jules Brenner, des comédiens Brian Peck, Linnea Quigley, Jewel Shepard, Allan Trautman, Don Calfa, Clu Gulager, Miguel A. Núñez Jr. et bien d’autres invités, ce module revient sur tous les aspects de la production du Retour des morts-vivants.

Sans langue de bois, les protagonistes abordent les conditions d’un tournage difficile (« une zone de combat » disent certains) avec un réalisateur parfois autoritaire qui pouvait malmener ses comédiens. Les soucis juridiques avec le projet concurrent de George A. Romero, le casting, les effets visuels, les maquillages, la bande originale, les scènes anthologiques, sans oublier la sortie, le très grand succès et le culte du film sont longuement évoqués à travers ce documentaire qui ravira les fans de base et les plus curieux des cinéphiles. Tout ce lot d’anecdotes se clôt sur l’apparition du cinéaste Dan O’Bannon (1946-2009), dans une interview visiblement réalisée peu de temps avant sa mort.

On passe ensuite à un entretien (2016-15’) avec le scénariste John A. Russo, qui avait coécrit La Nuit des morts-vivants avec George A. Romero en 1968, et qui est ici à l’origine du Retour des morts-vivants de Dan O’Bannon. Certes, la plupart des arguments avancés ont déjà entendu lors du documentaire rétrospectif, mais les propos de John A. Russo sont ici plus étayés, notamment en ce qui concerne son travail et sa relation avec Romero. S’il déclare ne s’être jamais disputé avec son ancien associé, le scénariste n’est pas peu fier d’avoir pris l’ascendant lors de la sortie quasi-simultanée de leurs films en 1985.

Après le scénariste, place aux responsables des effets spéciaux (2016-33’). William Stout (décorateur), le superviseur des effets visuels Gene Warren Jr., le comédien Brian Peck et les maquilleurs, avec d’un côté Bill Munns, de l’autre Kenny Myers et Craig Caton, abordent leur collaboration avec le réalisateur Dan O’Bannon, qui désirait s’éloigner du style de George A. Romero, avec des zombies rapides. Des photos de production, des storyboards et des dessins préparatoires illustrent des propos toujours francs, notamment lorsque Bill Munns explique que le metteur en scène l’a renvoyé à la moitié du tournage pour son travail jugé insuffisant et médiocre. Bill Munns s’explique en disant que le manque de temps et surtout d’argent ne lui permettait pas de réaliser son travail comme il le souhaitait, à l’instar du zombie jaune à la tête coupée. La production l’a ensuite remplacé par ses deux collègues également présents dans ce segment. Vous saurez tout sur la création de l’homme-goudron, le squelette qui sort de terre, la prothèse sexuelle de Linnea Quigley, la femme-tronc et les autres zombies.

Le Retour des morts-vivants fait la part belle à une bande-son punk-rock, alors peu en vogue dans le cinéma de genre à l’époque et qui aujourd’hui participe également à la réussite du film. Le bonus Party Times (2016-30’) convoque certains chanteurs et musiciens (Dinah Cancer, Greg Hetson…) dont les morceaux sont utilisés dans le film de Dan O’Bannon. The Cramps, 45 Grave, T.S.O.L., The Flesh Eaters, Roky Erickson, The Damned, SSQ, tous ces noms vont raviver beaucoup de souvenirs à certains fans, tandis que les consultants en musique Budd Carr et Steve Pross racontent comment tous ces groupes ont été rassemblés pour composer la B.O.

Les scènes inédites (12’) sont plus anecdotiques, puisque comme l’indique un carton en introduction, les séquences proviennet d’une version workprint, un premier montage qui servait de référence. Lors du montage final, Dan O’Bannon a préféré couper des débuts et des fins de scènes, afin de rendre son film plus dynamique. Certains dialogues ont également été coupés. A travers un montage réalisé à cette occasion, ces « morceaux » ont été replacés là où ils apparaissaient à l’origine.

On termine sur un document rare de cinq minutes, compilant des images de tournage (mises en musique) tournées en 8mm !

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce, le teaser (« Ils reviennent…et ils ne sont pas végétariens ! »), le film (VF, 1h27) en mode open matte (1.33 plein cadre, format dans lequel Dan O’Bannon a tourné Le Retour des morts-vivants), les bandes-annonces d’Opera, Sanctuaire et Lord of Illusions.

L’Image et le son

Le Retour des morts-vivants arrive dans les bacs français dans une superbe édition HD (1080p) entièrement restaurée. Le travail est impressionnant et l’image est très propre, débarrassée de toutes scories, poussières, griffures et autres résidus imaginables. Un soin particulier a été apporté afin que la texture originale du film, les détails, la structure du grain ne soient pas affectés par le traitement numérique. Ce nouveau transfert Haute Définition permet de redécouvrir le film de Dan O’Bannon sous toutes ses coutures avec une magnifique patine argentique. Cette élévation HD offre à la colorimétrie un nouveau lifting, qui retrouve un nouvel éclat. La gestion des contrastes demeure solide, y compris sur les très nombreuses scènes sombres. Pas de réduction de bruit à l’horizon et le piqué est très élégant. N’oublions pas la stabilité de la copie soutenue par un codec AVC exigeant.

En anglais comme en français, les deux mixages DTS-HD Master Audio 2.0 contenteront les puristes. Ces deux options acoustiques s’avèrent dynamiques et limpides, avec une belle restitution des dialogues et de la tonitruante musique du film. Les effets sont solides et le confort assuré. Pas de souffle constaté. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue verrouillé à la volée.

Crédits images : © Elephant Films / Metro-Goldwyn-Meyer Studios Inc/ All Rights Reserved / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Le Baiser du vampire, réalisé par Don Sharp

LE BAISER DU VAMPIRE (The Kiss of the Vampire) réalisé par Don Sharp, disponible en DVD et combo Blu-ray+DVD le 9 novembre 2017 chez Elephant Films

Acteurs :  Janette Scott, Oliver Reed, Sheila Burrell, Maurice Denham, Alexander Davion, Liliane Brousse…

Scénario :  Anthony Hinds

Photographie : Alan Hume

Musique : James Bernard

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1963

LE FILM

Lors de leur voyage de noces, un jeune couple perdu dans un petit village d’Europe centrale accepte l’invitation du mystérieux docteur Ravna dans son château. Ils vont découvrir, lors d’un mémorable bal masqué, que la lugubre demeure abrite une secte vampirique.

La Hammer a toujours eu de la suite dans les idées, surtout après des triomphes comme ceux du Cauchemar de Dracula (1958) et Les Maîtresses de Dracula (1960) réalisés par Terence Fisher. Seulement voilà, Christopher Lee refuse de rempiler, il avait d’ailleurs déjà décliné le deuxième volet et même Peter Cushing décide d’aller voir ailleurs. Ne voulant pas laisser mourir sa franchise consacrée aux vampires, la Hammer doit changer son fusil d’épaule. Pas de Dracula ici encore une fois, point de Docteur Van Helsing non plus, le scénariste John Elder (La Nuit du Loup-Garou, Le Fascinant Capitaine Clegg, Le Fantôme de l’opéra), pseudo d’Anthony Hinds, fils de William Hinds, le fondateur de la Hammer films, revoit sa copie et emmène le spectateur à la rencontre de nouveaux personnages. Ce troisième épisode, c’est Le Baiser du vampire, The Kiss of the Vampire, mis en scène non pas par Terence Fisher, qui n’a pas voulu revenir lui non plus, mais par le méconnu Don Sharp (1921-2011), cinéaste australien qui réalisera plus tard Les Pirates du diable (1964), La Malédiction de la mouche (1965), Le Masque de Fu-Manchu (1965) et Les Treize Fiancées de Fu Manchu (1966).

En voyage de noces en Europe centrale, un couple de jeunes mariés, Gerald (Edward de Souza) et Marianne Harcourt (Jennifer Daniel), tombent en panne de voiture. Ils vont trouver refuge à l’hôtel le plus proche, où ils s’aperçoivent qu’ils en sont les seuls clients. Le soir, venu, ils reçoivent une invitation à dîner du docteur Ravna (Noel Willman), qui habite le château voisin. L’hôtelier (Peter Madden) leur conseille d’accepter et ils s’y rendent donc. Ravna leur présente son fils Carl (Barry Warren) et sa fille Sabena (Jacquie Wallis) mais ne leur parle pas d’une jeune fille en robe rouge, Tania (Isobel Black), qui sort peu après du château et se rend au cimetière où elle incite une fille vampire à sortir de son cercueil. Celle-ci était la fille du professeur Zimmer (Clifford Evans), qui l’a mise hors d’état de nuire en lui plantant un pieu dans le cœur lors de l’enterrement.

Ce n’est pas que Le Baiser du vampire soit une déception, car le film demeure divertissant encore aujourd’hui, c’est juste qu’il n’apporte pas grand-chose au mythe du vampire et qu’il demeure anecdotique. Certes, passer après l’immense travail de Terence Fisher n’était pas chose aisée, mais Don Sharp s’acquitte honorablement de sa tâche derrière la caméra. Le point faible du film reste son casting, peu charismatique, en dehors de la belle Isobel Black que l’on laisserait volontiers mordre tout ce qu’elle désire, ainsi que Clifford Evans (vu dans La Nuit du Loup-Garou) qui campe le professeur Zimmer, ersatz de Van Helsing. Si Le Baiser du vampire a su traverser les décennies, c’est aussi en raison de sa séquence de bal masqué qui inspirera à Roman Polanski son cultissime Bal des vampires en 1967, tout comme Le Cauchemar de Dracula et Les Maîtresses de Dracula l’influenceront également.

La photo d’Alan Hume (Un poisson nommé Wanda, Runaway Train, Dangereusement vôtre) est plutôt quelconque, loin d’égaler le travail d’Arthur Grant et surtout de Jack Asher, qui participaient à la réussite des films sur lesquels ils officiaient. Néanmoins, le soin apporté aux décors et aux costumes est indéniable, tandis que certaines scènes ont su marquer les esprits à l’instar de l’attaque des chauves-souris dans un final pensé à l’origine pour Les Maîtresses de Dracula. Dommage que l’atmosphère ne prenne pas vraiment, la faute à une mise en scène certes efficace, mais finalement conventionnelle.

LE BLU-RAY

Le Baiser du vampire est disponible en DVD et combo Blu-ray/DVD chez Elephant Films. Cette édition contient également un livret collector de 20 pages, ainsi qu’une jaquette réversible avec choix entre facings « moderne » ou « vintage ». Le boîtier Blu-ray est glissé dans un fourreau. Le menu principal est animé et musical.

Bravo à Elephant Films qui nous livre ici l’une de ses meilleures présentations. On doit cette grande réussite à Nicolas Stanzick, auteur du livre Dans les griffes de la Hammer : la France livrée au cinéma d’épouvante. Dans un premier module de 10 minutes, ce dernier nous raconte l’histoire du mythique studio Hammer Film Productions. Comment le studio a-t-il fait sa place dans l’Histoire du cinéma, comment le studio a-t-il réussi l’exploit de susciter un véritable culte sur son seul nom et surtout en produisant de vrais auteurs ? Comment les créateurs du studio ont-ils pu ranimer l’intérêt des spectateurs pour des mythes alors tombés en désuétude ou parfois même devenus objets de comédies ? Nicolas Stanzick, érudit, passionnant, passe en revue les grands noms (Terence Fisher bien évidemment, Christopher Lee, Peter Cushing) qui ont fait le triomphe de la Hammer dans le monde entier, mais aussi les grandes étapes qui ont conduit le studio vers les films d’épouvante qui ont fait sa renommée. Voilà une formidable introduction !

Retrouvons ensuite Nicolas Stanzick pour la présentation du Baiser du vampire (21’). Evidemment, ce module est à visionner après avoir vu ou revu le film puisque les scènes clés sont abordées. Comme lors de sa présentation de la Hammer, Nicolas Stanzick, toujours débordant d’énergie et à la passion contagieuse, indique tout ce que le cinéphile souhaiterait savoir sur la production du Baiser du vampire. Le journaliste replace donc ce film dans l’histoire de la Hammer Films, au moment où le studio souhaitait lancer un troisième volet de la saga Dracula, même si Les Maîtresses de Dracula avait trompé les spectateurs puisque le Comte n’y figurait pas. Après le refus de Christopher Lee, Peter Cushing et même d’Oliver Reed d’apparaître dans un nouveau volet de Dracula, Nicolas Stanzick explique comment la Hammer a finalement renoncé à un Dracula 3, pour se diriger vers une histoire de vampire originale. Le choix du réalisateur Don Sharp, le casting, les effets visuels, la scène finale qui rappelle Les Oiseaux d’Alfred Hitchcock (même si le film de Don sharp a été tourné avant) sont abordés avec intelligence et spontanéité, tandis que Nicolas Stanzick défend Le Baiser du vampire en indiquant comment le film préfigure ce que le genre allait devenir. Il clôt cet entretien en parlant de l’influence que Le Baiser du vampire aura sur Roman Polanski pour son Bal des vampires.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces et une galerie de photos.

L’Image et le son

La qualité de ce master Haute-Définition n’égale pas celle des précédents titres de la Hammer testés par nos soins. Quelques effets de pompages se font ressentir, les fonds enchaînés entraînent divers décrochages, des fourmillements sont parfois visibles, certains plans s’avèrent moins nets ou plus abîmés (les plans sur le château). Néanmoins, la copie est très propre, les couleurs automnales sont flatteuses, le grain original est respecté et bien géré, le relief de certains détails est appréciable à l’instar des costumes et des décors.

Le film est disponible en version originale ainsi qu’en version française DTS HD Master Audio mono d’origine. Sans surprise, la piste anglaise l’emporte haut la main sur son homologue, surtout du point de vue homogénéité entre les voix des comédiens, la musique et les effets sonores. La piste française est tantôt sourde, tantôt criarde, au détriment des ambiances annexes. Dans les deux cas, point de souffle à déplorer, ni aucun craquement. Le changement de langue est possible à la volée et les sous-titres français non imposés.

Crédits images : © Elephant Films / Universal Pictures / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr