Test Blu-ray / Chacun sa vie, réalisé par Claude Lelouch

CHACUN SA VIE réalisé par Claude Lelouch, disponible en DVD et Blu-ray le 18 juillet 2017 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Eric Dupond-Moretti, Johnny Hallyday, Nadia Farès, Jean Dujardin, Christophe Lambert, Antoine Duléry, Marianne Denicourt, Rufus, Gérard Darmon, Julie Ferrier, Stéphane De Groodt, Béatrice Dalle, Jean-Marie Bigard…

Scénario : Claude Lelouch, Grégoire Lacroix, Valérie Perrin, Pierre Uytterhoeven

Photographie : Robert Alazraki

Musique : Laurent Couson, Francis Lai, Dimitri Naiditch

Durée : 1h53

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Ils ne se connaissent pas, mais tous ont rendez-vous pour décider du sort d’un de leurs semblables. Avant d’être juges, avocats ou jurés, ils sont d’abord des femmes et des hommes au tournant de leurs existences, avec leurs rêves et leurs secrets, leurs espoirs et leurs limites, tous sous un même soleil, chacun avec sa part d’ombre. Dans une jolie ville de province, le temps d’un festival de jazz, la vie va jongler avec les destins…

C’est souvent dans l’ordre des choses. Après avoir fait un film relativement bon, Claude Lelouch s’évertue toujours à enchaîner avec un nouvel opus en repoussant les limites dans ce qu’il peut faire de pire. Un plus une ayant été une belle réussite, Chacun sa vie est à marquer d’une croix dans la carrière du cinéaste puisque sa comédie de mœurs s’avère complètement ratée, mais pas désagréable dans le sens où le film devient hilarant là où le cinéaste lui-même ne l’avait évidemment pas prévu. Avec près de 60 courts, longs métrages (son 46e ici) et documentaires à son actif en 60 ans de carrière, on pouvait penser que Claude Lelouch prendrait un peu de repos à presque 80 ans. C’était mal le connaître. Le metteur en scène d’Un Homme et une femme, Roman de gare, Tout ça…Pour ça ! aurait pu (dû ?) s’arrêter sur Un plus une, il serait ainsi parti sur une bonne note. Mais non. Une fois de plus il a décidé de reprendre sa caméra à l’épaule pour filmer le destin, des acteurs et des actrices plongés dans le hasard et les coïncidences, dans leurs histoires d’amour, des tranches de vie aussi grasse que des tranches de lard.

Claude Lelouch signe ses Dix Commandements et tel un Cecil B. DeMille parigot s’entoure d’un casting à faire frémir Les Cahiers du cinéma avec par ordre alphabétique : Ramzy Bedia, Samuel Benchetrit, Jean-Marie Bigard, Béatrice Dalle (Swann d’or de la meilleure actrice, si si), Gérard Darmon, Stéphane De Groodt, Vanessa Demouy, Marianne Denicourt, Jean Dujardin, Antoine Duléry, Éric Dupond-Moretti, Nadia Farès, Julie Ferrier, Liane Foly, Déborah François, Kendji Girac, Johnny Hallyday, Francis Huster, Chantal Ladesou, Christophe Lambert, Michel Leeb, Pauline Lefèvre, Philippe Lellouche, William Leymergie, David Marouani (oui de David et Jonathan), Raphaël Mezrahi, Vincent Perez, Rufus, Mathilde Seigner, Zinedine Soualem et Elsa Zylberstein. Ils sont tous là pour ce qu’ils croyaient être le meilleur, mais ce qui s’avère le pire.

Chacun sa vie prend la forme d’un film choral (comme La Belle Histoire ou Les Uns et les Autres), d’un film à sketches qui s’imbriquent continuellement à travers des séquences incroyables car constamment foirées. L’histoire ? Stéphane (De Groodt) veut divorcer de Nadia (Farès), donc ils se mettent à chanter à table comme dans un film de Jacques Demy. Samuel (Benchetrit) cherche à se réconcilier avec Jessica (Déborah François) lassée de son manque de tendresse. Malgré ses 45 ans bien tapés il enfile son jean slim et vient l’embêter à l’hôpital où elle travaille. Une prostituée (Dalle) se confie à son client (Dupond-Moretti), et lui annonce qu’elle souhaite raccrocher. Lui, veut être son dernier client. Un commissaire (Dujardin) reçoit la visite de Johnny Hallyday (Jean-Philippe Smet aka) qui porte plainte contre à un sosie qui lui cause du tort. Ou comment perdre Johnny dans un nouveau film méta. La comtesse (Zylberstein) tombe dans les bras de l’idole des jeunes et déclare aux yeux du monde que toutes les femmes rêvent de coucher avec Johnny, les yeux en pleurs, en hurlant, la morve au nez. François (Michel Leeb, toujours pas remis de son pitch sur l’art de la pizza dans Les Parisiens du même Lelouch) reçoit la visite désagréable de sa contrôleuse fiscale (Ladesou) et tente de l’acheter avec un collier d’une fortune inestimable. Nathalie (Ferrier) et Eugénie (Foly), une chanteuse, veulent se séparer, mais avec le sourire. Bon et n’oublions pas pêle-mêle Jean-Marie Bigard dans un remake de Docteur Patch qui perché sur son hoverboard raconte des histoires de cul bien graveleuses à ses patients car le rire guérit de tout, Christophe Lambert qui lampe du grand cru à plat ventre, Antoine Duléry dans un double rôle donc deux fois plus mauvais, Marianne Denicourt qui a la tête penchée quand elle est triste, Rufus et son béret de chauffeur de taxi, Gérard Darmon à poil full frontal qui frictionne un autre mec sous la douche, Julie Ferrier elle aussi dans un double rôle dont celui d’une cagole, Liane Foly (encore elle) qui chante du Johnny dans une parodie des Blues Brothers, Francis Huster qui parodie Francis Huster au premier degré, Vanessa Demouy qui taille une pipe à son compagnon Philippe Lellouche et à Raphaël Mezrahi (sans avoir de dialogues car on ne peut pas parler la bouche pleine), William Leymergie qui n’a plus de boulot et qui se reconvertit dans le cinéma après plusieurs apparitions chez…Lelouch. Tout ce petit monde va se croiser, dans une sarabande des sentiments. N’en jetez plus, c’est trop de bonheur.

Chacun sa vie est une véritable expérience cinématographique en soi. Il faut tout d’abord se farcir un discours de Dupond-Moretti sur le destin avant d’enchaîner avec le générique de huit minutes, filmé lors d’un concert de Johnny Hallyday. Huit minutes de Toute la musique que j’aime avec le chanteur sur scène donc, mais également un sosie de Johnny (incarné par l’idole des jeunes lui-même), qui entonne les paroles sans les savoir. Et ce n’est que le début, chaque séquence du film, chaque histoire – nous n’avons pas compté, mais il doit y en avoir treize connaissant le cinéaste – instaure un vrai malaise. Malaise devant le jeu souvent éhonté des comédiens, la palme revenant sans conteste à Elsa Zylberstein dans une séquence où son personnage doit témoigner devant la barre pour avoir succombé au charme de Johnny. Malaise aussi devant les dialogues venus d’un autre temps, d’un autre univers peut-être. Un amoncellement de phrases toutes faites, de slogans publicitaires pour la Foir’Fouille ou d’un club de rencontres pour le troisième âge, déclamées avec une fausse spontanéité. Même les jeunes sont montrés comme des vieux cons dans Chacun sa vie.

Malaise encore durant cette séquence où Philippe Lellouche se fait faire une petite gâterie par sa (véritable) compagne Vanessa Demouy, alors qu’il est au volant de sa belle voiture de sport sur une route de campagne. Quand soudain deux motards l’arrêtent, Raphaël Mezrahi et David de David et Jonathan. Afin de ne pas être verbalisé, Lellouche propose aux deux gendarmes de passer un peu de temps avec sa copine. Mezrahi accepte et s’installe au volant, les deux autres s’éloignent. Tandis que Lellouche dit à l’autre gendarme « attendez un peu, ça va être votre tour, vous m’en direz des nouvelles ! » l’autre lui rétorque qu’il préfère en fait les mecs. Regard bas de Lellouche. Ouin ouin ouinouinouin…

Voilà, des scènes comme ça à la Kamoulox il y en a des tas dans Chacun sa vie, filmé comme un spot promo pour Norwich Union sur une musique d’André Rieu ou plutôt de Jean-François Copé au synthétiseur. Mais c’est finalement touchant, car c’est ça la vie pour Lelouch. C’est à la fois profondément naïf et prétentieux, pathétique et attachant, puant et désopilant, il faut le voir pour le croire. Enfin, nous terminerons cette chronique par l’une des blagues raffinées racontées par Jean-Marie Bigard, médecin-chef de service devant un parterre d’internes outrés : « Tu sais pourquoi les hippopotames ils font l’amour dans l’eau ? Bah t’essaieras de faire mouiller une chatte de 200 kilos ! ». Quand on sait que Claude Lelouch a eu l’idée de son film en écoutant une plaidoirie de l’avocat Eric Dupont-Moretti, on n’ose imaginer ce qui lui viendra à l’esprit après avoir mangé un bon cassoulet.

Une des plus grandes comédies (involontaires) de tous les temps, une ode au mauvais goût qui rejoint instantanément le T’aime de Patrick Sébastien. Magistral.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Chacun sa vie, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la musique du film.

Pour celles et ceux qui auraient aimé le film, du moins au même degré que l’auteur de ces mots, il est fortement conseillé de se pencher sur les 75 minutes de suppléments proposés par l’éditeur tant ceux-ci prolongent le délire du film.

C’est le cas pour les scènes coupées (4’30) durant lesquelles Stéphane De Groodt se parle à lui-même façon Gollum/Smeagol, plus d’autres bouts de scène sans intérêt, qui auraient donc pu être gardés au montage final puisque cela n’aurait rien changé.

S’ensuit un long documentaire (22’30) qui commence par un délire (encore un) de Claude Lelouch. On le voit entouré de ses treize étudiants des Ateliers du Cinéma de Beaune, qu’il a lui-même créés. Deux sont habillés en mariés, tandis que les autres les entourent, une caméra à la main. Lelouch leur demande de filmer « l’événement » de leur point de vue, afin de se familiariser avec leur appareil qui capte « l’instant de vie », tout en leur bourrant le crâne sur sa technique. Heureusement, cela ne dure pas la totalité du module, mais six minutes environ, ce qui est déjà pas mal. On retrouve ensuite Lelouch nous parler de ses élèves (qui prennent également la parole) et de leur travail sur Chacun sa vie, à travers quelques images du tournage. Les comédiens interviennent également et évoquent face caméra « l’immense talent », « la virtuosité » et « le génie » de Claude Lelouch. Un documentaire écrit et réalisé par Claude Lelouch. Ou pas.

Le bonus suivant installe une fois de plus le réalisateur dans un fauteuil, cette fois en compagnie d’Éric Dupond-Moretti (9’). Les deux compères reviennent sur leur rencontre, sur leur collaboration et le tournage du film. On tousse quand Claude Lelouch déclare qu’il y a du Lino Ventura chez Dupond-Moretti, on s’étrangle quand le premier récidive en disant qu’il le ferait bien tourner le second dans un prochain film.

En guise de making of, Metropolitan nous confie une petite vidéo de 3’30 constitué de propos de…ah bah de Claude Lelouch tiens, repris d’une interview disponible un peu plus loin dans l’interactivité. Le tout illustré par des images provenant du plateau où tout le monde il est beau et où tout le monde il est gentil. Quand Lelouch déclare qu’il avait de quoi faire au moins treize films avec les histoires présentes dans Chacun sa vie, on rigole. Moins, quand on s’aperçoit qu’il est sérieux.

Une grande partie du casting était réunie à Beaune pour l’avant-première de Chacun sa vie le 2 mars 2017 (10’30). La troupe débarque, petit foulard autour du cou, fardée de fond de teint et coiffée par Franck Provost pour présenter le film, avant de participer à une conférence de presse où chacun fait son petit show, tout en caressant l’ami Claude dans le sens du poil en lui disant qu’il est génial. Une conférence de presse écrite par Claude Lelouch. Ou pas encore une fois.

Last but not least, ne manquez pas l’interview de…ah bah de Claude Lelouch une dernière fois, mais on s’y attendait hein. Un peu plus de vingt minutes durant lesquelles le réalisateur se lance dans des délires à la Van Damme période cocaïne. Il a un avis sur tout. Il nous parle de sa vision du cinéma, de ses intentions, de son travail avec les comédiens, de la vie, de la septième saison de Game of Thrones, de l’arrivée de Neymar au PSG, de l’augmentation du Navigo et de tout un tas d’autres choses. Rayez les mentions inutiles. C’est très drôle, jamais informatif, on en redemande surtout quand il lance des phrases du genre « l’échec, c’est le terreau du succès ! ». Ses plantes doivent être très belles alors.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces et des liens internet.

L’Image et le son

Comme d’habitude, l’éditeur soigne son master HD qui se révèle exemplaire. Le label «  Qualité Metropolitan » » est donc encore une fois au rendez-vous pour le Blu-ray de Chacun sa vie. L’image bénéficie d’un codec AVC de haut niveau, des contrastes d’une densité jamais démentie, ainsi que des détails impressionnants aux quatre coins du cadre large. Certains plans étendus sont magnifiques et tirent entièrement parti de cette élévation en Haute définition. Les visages, filmés en gros plans, des comédiens peuvent être analysés sous toutes leurs coutures (nous ne ferons aucune métaphore avec le visage de Johnny non non non), la photo est ambrée et chaude, la clarté demeure frappante, tout comme la profondeur de champ, le piqué est affûté et les partis pris esthétiques merveilleusement restitués. Ce Blu-ray est évidemment une franche réussite technique et offre de fabuleuses conditions pour revoir le film de Claude Lelouch lors d’une soirée nanar.

D’emblée, l’ensemble des enceintes est mis à contribution aux quatre coins cardinaux sur l’unique piste DTS-HD Master Audio 5.1. Les ambiances fusent de tous les côtés dès le logo Metropolitan, puis lors du concert de Johnny qui ouvre le film. L’omniprésente musique du fidèle Francis Lai bénéficie d’un traitement de faveur avec une large ouverture. Les dialogues ne sont jamais pris en défaut et demeurent solidement plantés sur la centrale, avec des effets latéraux constants. L’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Metropolitan FilmExport / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / T2 – Trainspotting, réalisé par Danny Boyle

T2 TRAINSPOTTING réalisé par Danny Boyle, disponible en DVD, Blu-ray et 4K Ultra HD le 12 juillet 2017 chez Sony Pictures

Acteurs : Ewan McGregor, Ewen Bremmer, Jonny Lee Miller, Robert Carlyle, Kelly MacDonald, Anjela Nedyalkova, Irvine Welsh, Shirley Henderson…

Scénario : John Hodge d’après les romans Trainspotting et Porno d’Irvine Welsh

Photographie : Anthony Dod Mantle

Musique : Rick Smith

Durée : 1h57

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

D’abord, une bonne occasion s’est présentée. Puis vint la trahison. Vingt ans après, certaines choses ont changé, d’autres non. Mark Renton revient au seul endroit qu’il ait jamais considéré comme son foyer : Edimbourg. Spud, Sick Boy et Begbie l’attendent. Mais d’autres vieilles connaissances le guettent elles aussi : la tristesse, le deuil, la joie, la vengeance, la haine, l’amitié, le désir, la peur, les regrets, l’héroïne, l’autodestruction, le danger et la mort. La vie ? Toutes sont là pour l’accueillir, prêtes à entrer dans la danse…

Cela faisait plus de vingt ans que certains cinéphiles espéraient et attendaient le retour de Renton, Spud, Sick Boy et Begbie. Longtemps annoncée, puis reportée, enfin concrétisée, la suite de Trainspotting a enfin pu voir le jour. Lancés avec Petits meurtres entre amis, le réalisateur Danny Boyle et le comédien Ewan McGregor ont ensuite explosé dans le monde entier avec Trainspotting, petite production tournée avec 3,5 millions de dollars, qui en avait rapporté 72 millions et attiré plus d’un million de spectateurs en France à sa sortie en juin 1996. Après Une vie moins ordinaire (1997), Ewan McGregor et Danny Boyle ne se sont pas adressé la parole pendant une dizaine d’années, l’acteur n’ayant pas apprécié d’être remplacé par Leonardo DiCaprio dans La Plage en 2000. En raison de ces rapports tendus et de la difficulté à synchroniser leurs emplois du temps respectifs, la suite de Trainspotting a été maintes et maintes fois repoussée. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts et donc T2 Trainspotting, puisque le film est intitulé ainsi, est arrivé sur les écrans en 2017.

Que sont-ils devenus ? Mark Renton semble en avoir fini avec la drogue. Il a un travail sûr à Amsterdam qui lui assure un train de vie confortable. Il revient à Edimbourg, sa ville natale qu’il ne reconnaît plus. Il avait besoin de ce retour aux sources afin de se confronter à ses démons et à ses amis, Sick Boy, Spud et Begbie, qu’il avait trahis lors d’un deal de drogue vingt ans plus tôt en emportant avec lui un butin de 16 000 £. Il retrouve Sick Boy, qui a remplacé l’héroïne par la cocaïne et qui dirige une très lucrative agence d’escort girls, tout en tenant désespérément le pub déserté de sa tante. Spud, lui, a du mal à avoir une vie normale tant il a abusé des drogues et se laisse aller à des pulsions suicidaires. Après vingt ans de prison et voyant toutes ses demandes de liberté conditionnelle rejetées, Begbie parvient à s’évader. Il est bien décidé à se venger et à prendre sa revanche sur Renton. Notre quatuor est donc bel et bien présent, pour notre plus grand plaisir.

Trainspotting est rapidement devenu un film culte et a su traverser les années sans trop de dommages. Danny Boyle a su démontrer son savoir-faire dans des genres différents (28 jours plus tard, Sunshine, 127 heures) jusqu’à la consécration ultime avec Slumdog Millionnaire. Bien que ses films aient été souvent marqués par des budgets modestes, Danny Boyle a toujours su imposer un style visuel reconnaissable et une énergie revigorante. T2 Trainspotting ne déroge pas à la règle et outre la joie non dissimulée de retrouver les personnages, le cinéaste signe également une œuvre mélancolique sur le passage du temps. C’est ainsi que Mark « Rent Boy » Renton parti d’un point A revient finalement au point A, là où tout avait commencé, là où rien n’avait commencé. La fureur de vivre s’est dissoute, sauf en ce qui concerne Francis « Franco » Begbie qui enfermé depuis vingt ans derrière les barreaux n’a eu de cesse de voir son désir de vengeance s’exacerber. La vie n’a pas changé pour lui puisqu’il n’a rien connu d’autre depuis son arrestation. Il reste très violent et inquiétant (si ce n’est plus), même les cheveux blancs et la bedaine. Si le feu s’est consumé, les personnages doivent apprendre à vivre à partir de ce qui reste des cendres de leur jeunesse. Daniel « Spud » Murphy parvient tant bien que mal à survivre, seul dans son appartement miteux. Ses retrouvailles avec Renton vont l’aider à lâcher définitivement l’héroïne. Quant à Simon « Sick Boy » Williamson, il parvient à se faire quelques rentrées d’argent en faisant du chantage auprès de bourgeois, filmés dans quelques positions compromettantes avec la délicieuse Veronika (Anjela Nedyalkova, révélée dans le rôle-titre du film Avé de Konstantin Bojanov), complice de Sick Boy, qui les attirent dans une chambre tamisée où une caméra a été dissimulée.

Si l’on craignait tout d’abord que T2 Trainspotting se contente de nous refaire le même film, le scénario original de James Hodge (complice de Danny Boyle depuis toujours), qui ne s’inspire que très sporadiquement de Porno (2002), la suite du livre écrite par Irvine Welsh, parvient à jouer avec la nostalgie du spectateur, tout en lui offrant quelque chose de frais. Ewan McGregor, Ewen Bremmer, Jonny Lee Miller et Robert Carlyle assurent le show avec classe et leur plaisir à retrouver ces personnages qui ont contribué à lancer leurs carrières respectives est contagieux. Si elle ne fait qu’une brève apparition, Kelly MacDonald est également de la partie, ce qui nous permet de comprendre que Diane est devenue une avocate qui a réussi. Le film est truffé de scènes destinées à devenir cultes (la soirée 1690, la course-poursuite dans le parking), marqué par une b.o explosive (Young Fathers, Wolf Alice, The Rubberbandits, Blondie) et une mise en scène au cordeau avec quelques réminiscences intelligemment amenées.

T2 Trainspotting ne cesse d’étonner par ses partis pris, par son approche des revers de la vie et des espoirs déçus. Bien qu’ils aient passé beaucoup de temps à fuir et à courir, personne, pas même Renton, ne peut finalement retenir et encore moins devancer le temps qui finit par nous rattraper. Finalement, après être finalement revenu au bercail, que faire maintenant ? Pourquoi ne pas écouter un album digne de ce nom ? Alors que Bowie s’en est allé et qu’Iggy Pop résiste encore, autant mettre Lust For Life à fond comme au bon vieux temps et on verra bien ce que nous réservent ces quarante prochaines années.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de T2 Trainspotting repose un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui cartonné. Le visuel de la jaquette reprend l’un des visuels promotionnels avec nos quatre loustics occupant des toilettes. Etat-il nécessaire de la gâcher par les étoiles provenant des critiques françaises dithyrambiques ? Le menu principal est fixe et musical.

Les amateurs de suppléments seront ravis d’apprendre que l’éditeur nous propose ici près de trois heures de bonus !

On commence par le commentaire audio de Danny Boyle et du scénariste John Hodge, disponible en version originale sous-titrée en français. Les deux complices reviennent essentiellement sur le succès et le phénomène du premier film, la longue gestation de T2 Trainspotting et l’évolution des personnages. S’ils se marrent beaucoup pendant l’exercice, les deux intervenants ne livrent pas le commentaire du siècle. Mais comme ils ne s’arrêtent pour ainsi dire jamais de parler, qu’ils passent du coq à l’âne, qu’ils ne manquent pas d’anecdotes sur le tournage et qu’ils sont très sympathiques, il serait dommage de ne pas en profiter. Un commentaire distrayant.

Comme il l’indique dans le supplément précédent, Danny Boyle a beaucoup coupé au montage, surtout dans la première partie qui se penchait plus longuement sur chacun des personnages. Afin de les réunir le plus vite possible à l’écran, ces séquences n’ont donc pas été montées et se trouvent essentiellement réunies dans la section des scènes coupées (30’). Il y a donc plus de scènes en prison avec Begbie (et une où il se réveille pendant son opération), de Sick Boy dans son pub avec Veronika, de réunions d’entraide avec Spud, mais aussi des petits plans coupés ici et là pour accélérer le rythme. Une intrigue secondaire concernant Begbie et ses problèmes sexuels, ainsi que Begbie qui séquestre son avocat chez lui ont également été écarté du montage final. Ceux qui auraient été déçus de voir la participation de la belle Kelly McDonald réduite à une simple apparition seront heureux de la voir dans deux ou trois séquences où Diane héberge Renton chez elle après que ce dernier se soit fait agresser par Begbie dans le parking. On le voit allongé dans le canapé, se relever en pleine nuit avec l’envie d’aller rejoindre Diane dans sa chambre, avant d’y renoncer. Le lendemain, Renton lui demande si elle a déjà pensé à ce qu’aurait pu être leur vie s’ils avaient vécu ensemble. Une autre séquence très amusante montre Spud voler un iPad malgré la réticence de Renton. S’ensuit une course-poursuite dans la rue qui n’est évidemment pas sans rappeler la séquence d’ouverture du premier Trainspotting. Un vrai plaisir.

Après ces séquences, nous passons à une discussion sous forme de table ronde entre Danny Boyle et trois de ses comédiens principaux (25’), Ewan McGregor, Robert Carlyle et Jonny Lee Miller. Si Ewen Bremner n’est pas présent pour cause de tournage (Wonder Woman de Patty Jenkins), il introduit néanmoins ce supplément et apparaît parmi ses camarades sous forme de silhouette en carton. Le réalisateur et Ewan McGregor monopolisent la parole, avant d’être rapidement rejoint par Robert Carlyle. Seul Jonny Lee Miller semble trouver le temps long et n’ouvre la bouche qu’au bout d’un quart d’heure et encore de façon très sporadique. Les souvenirs des autres affluent (surtout sur le phénomène du premier film), chacun évoque son propre personnage ainsi que son évolution d’un film à l’autre, l’alchimie est toujours aussi évidente et cette réunion entre potes s’avère un très bon moment.

L’interactivité se clôt sur un spot promotionnel – intitulé « documentaire athlétique de Calton »pour une association sportive destinée à aider d’anciens junkies et alcooliques durant leur cure de désintoxication. Constitué de témoignages et de gros plans sur quelques rescapés, ce clip ne laisse évidemment pas indifférent (4’).

L’Image et le son

Sony Pictures prend soin de T2 Trainspotting et livre un master HD au format 1080p, irréprochable et au transfert immaculé. Respectueux des volontés artistiques du chef opérateur Anthony Dod Mantle (Trance, Dredd, Antichrist), la copie se révèle un petit bijou technique alliant des teintes multicolores et saturées (vert, rouge, rose, bleu, tout y passe), à la fois chaudes et froides (avec un usage de filtres à l’étalonnage), le tout soutenu par un encodage AVC de haute volée. Le piqué est tranchant, les arrière-plans sont magnifiquement détaillés, le relief omniprésent et les détails foisonnants sur le cadre 1.85. Les partis pris esthétiques sont donc respectés avec un léger grain cinéma conservé qui confère à l’image une agréable texture, une fabuleuse gestion des contrastes et des séquences sombres aussi soignées. Un service après-vente remarquable.

Voici le genre de mixage qui ne fait pas dans la demi-mesure ! Les pistes anglaise et française DTS-HD Master Audio 5.1 se révèlent fracassantes et redoutablement immersives. La bande-originale très « gros son » met à mal le caisson de basses à plusieurs reprises. Nous vous conseillons d’ailleurs de visionner T2 Trainspotting au moment où vos voisins seront absents. Les dialogues sont ardents sur la centrale, tandis que les frontales et les latérales n’ont de cesse de s’affronter lors des séquences plus agitées. Le doublage français est correct et reprend les mêmes comédiens que pour le premier film, mais le mixage peine parfois à mettre les dialogues en avant. Montez le volume, car c’est du très grand spectacle ! L’éditeur joint également une piste française Audiodescription.

Crédits images : © Sony Pictures / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / L’Embarras du choix, réalisé par Eric Lavaine

L’EMBARRAS DU CHOIX réalisé par Eric Lavaine, disponible en DVD et Blu-ray le 19 juillet 2017 chez Pathé

Acteurs : Alexandra Lamy, Arnaud Ducret, Jamie Bamber, Anne Marivin, Sabrina Ouazani, Jérôme Commandeur, Xavier Dumont…

Scénario : Laurent Turner, Laure Hennequart, Eric Lavaine

Photographie : François Hernandez

Musique : Fabien Cahen

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Frites ou salade ? Amis ou amants ? Gauche ou droite ? La vie est jalonnée de petites et de grandes décisions à prendre. Le problème de Juliette, c’est qu’elle est totalement incapable de se décider sur quoi que ce soit. Alors, même à 40 ans, elle demande encore à son père et à ses deux meilleures amies de tout choisir pour elle. Lorsque sa vie amoureuse croise la route de Paul, puis d’Etienne, aussi charmants et différents l’un que l’autre, forcément, le cœur de Juliette balance. Pour la première fois, personne ne pourra décider à sa place.

Mine de rien, le réalisateur Eric Lavaine a déjà attiré près de 7,5 millions de spectateurs en six longs métrages, dont près de 2,2 millions rien que pour Retour chez ma mère en 2016 ! Le metteur en scène – ou responsable c’est selon – de Poltergay, Incognito (de loin son meilleur film), Protéger et servir (son plus gros flop, malgré un score pas si déshonorant) et Barbecue remet le couvert un an après son plus grand succès avec L’Embarras du choix. Pour cette nouvelle comédie, il embarque à nouveau Alexandra Lamy et Jérôme Commandeur dans l’aventure, tout en leur joignant Arnaud Ducret, Jamie Bamber, Anne Marivin, Sabrina Ouazani et Lionnel Astier comme camarades de jeu. Habitué au succès dans les salles, Eric Lavaine a cependant connu un sacré revers avec seulement 440.000 entrées au compteur. Pourtant, L’Embarras du choix vaut bien mieux que Retour chez ma mère (difficile de faire pire c’est vrai), même si le scénario ne peut s’empêcher de tomber dans le nawak à mi-parcours, après une première partie pourtant encourageante.

Juliette, 40 ans, vient d’être quittée par Cédric, son fiancé, las de son indécision constante. Car faire un choix est au-dessus des forces de Juliette. Ses amies lui conseillent de se remettre en selle très vite. Juliette rencontre alors Etienne, un cuisinier talentueux, célibataire et charmant. Mais entretemps, elle a aussi croisé la route du beau Paul, un Ecossais. Juliette ne parvient pas à se décider entre ces deux hommes avec lesquels elle file le parfait amour. Les choses se compliquent quand chacun la demande en mariage. Juliette, incapable de trancher, s’enferme dans son mensonge. Voilà donc le pitch de L’Embarras du choix, qui part sur un postulat amusant et qui suffit parfois à emballer la majeure partie des productions du même acabit. Alexandra Lamy n’est pas une débutante et son jeu s’est affiné avec les années. Habituée des rom-com à la française (Au suivant !, On va s’aimer, Modern Love, Jamais le premier soir), la comédienne s’avère ici très pétillante et fait preuve d’une sobriété qui fait plaisir, elle qui est habituée à en faire un peu trop dans la comédie et qui a pourtant prouvé qu’elle pouvait être très bien quand elle est dirigée solidement dans le registre dramatique, à l’instar de ses prestations dans Ricky de François Ozon, Possessions d’Éric Guirado et J’enrage de son absence de Sandrine Bonnaire. Elle campe un ici un personnage atta-chiant dont le souci « hénaurme », pour ne pas dire le handicap, est de ne pas pouvoir faire de choix. A tel point que lorsque deux hommes lui déclarent leur amour et souhaite l’épouser, elle ne peut refuser les deux propositions.

Comme d’habitude, L’Embarras du choix se résume à deux ou trois lignes et repose uniquement sur un casting populaire et une écriture classique. Toutefois, même s’il manque sérieusement de rigueur et cumule les blagues faciles, L’Embarras du choix n’est justement pas si embarrassant que Retour chez ma mère dont l’auteur de ces mots ne s’est toujours pas remis de la scène du repas picard. Il n’y a aucune surprise ici, mais les acteurs font le job, en dépit de dialogues très pauvres. Comme souvent, Sabrina Ouazani emporte tous les suffrages dans le rôle de Sonia, dont le mode de vie est « d’essayer » tous les mecs qui se trouvent à sa portée, « un ouvrier », « un mec qui s’appelle Gilles », histoire de toucher à tout. Certes, ce n’est pas fin (euphémisme), mais ça fait sourire. Tout cela part bien et en mode automatique, mais c’était sans compter la mécanique qui commence à grincer sérieusement quand Juliette se retrouve entre ses deux mecs. A ce moment-là, les passages obligés s’accumulent en lorgnant sur Bridget Jones, certains personnages sont sacrifiés (Jérôme Commandeur passe le film à apprendre à son chat à taper dans la main, Arnaud Ducret devient subitement un gros beauf), la bande originale qui compile Keren Ann, REM, Coldplay et The Do s’emballe, l’émotion en préfabriqué reste coincé dans la gorge, tandis que le tournage se délocalise en Ecosse puisque le film précédent a permis de bénéficier d’un budget plus conséquent.

Au final, L’Embarras du choix est ce genre de film qui se laisse suivre sans prise de tête pendant qu’on établit son planning pour les vacances ou qu’on réalise sa liste de courses, puis qui s’oublie immédiatement comme après une rencontre avec les Men in Black.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de L’Embarras du choix, disponible chez Pathé, repose dans un boîtier classique de couleur bleue. La jaquette reprend le même visuel coloré que l’affiche du film. Le menu principal est dynamique et lumineux, animé et musical.

Contrairement à l’édition HD de Retour chez ma mère qui ne comprenait aucun supplément, Pathé ne vient pas les mains vides ici et fournit quelques bonus promotionnels. C’est le cas des interviews réalisées pour la sortie du film au cinéma : Alexandra Lamy et Eric Lavaine (7’), Sabrina Ouazani et Anne Marivin (6’), Arnaud Ducret (4’) et Jamie Bamber (5’). Les questions apparaissent sous la forme de cartons et s’avèrent les mêmes pour chaque intervenant, à savoir quel est le pitch du film, comment était l’ambiance sur le plateau, quel est votre personnage, etc. C’est basique, c’est efficace, c’est bourratif.

Un petit module de deux minutes compile quelques images glanées ici et là sur le tournage.

L’Image et le son

Si le rendu n’est pas optimal en raison d’une définition moins ciselée sur les scènes en intérieur, le master HD au format 1080p de L’Embarras du choix ne manque pas d’attraits… La clarté est de tous les instants, la colorimétrie chatoyante et estivale, et le piqué affûté sur toutes les séquences en extérieur. Le chef opérateur François Hernandez voit ses partis pris esthétiques savamment respectés via un Blu-ray qui frôle la perfection. Le cadre large fourmille de détails, les contrastes riches et léchés affichent une constante solidité et l’encodage AVC emballe l’ensemble avec brio.

L’Embarras du choix repose essentiellement sur les dialogues. La piste DTS-HD Master Audio 5.1 distille les voix des comédiens avec un beau ramdam, tandis que les latérales ont fort à faire avec la bande-originale juke-box pop. Une spatialisation suffisamment immersive avec un caisson de basses qui délivre ses effets avec efficacité et des ambiances solides sur les frontales. La piste Stéréo est tout aussi pointilleuse en ce qui concerne la restitution des dialogues mais nous y perdons du point de vue spatialisation musicale. Une version Audiovision ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles.

Crédits images : © Jean-Claude Lother Pathé Distribution/ Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Les Russes ne boiront pas de Coca Cola !, réalisé par Luigi Comencini

LES RUSSES NE BOIRONT PAS DE COCA COLA ! (Italian Secret Service) réalisé par Luigi Comencini, disponible en DVD le 27 juin 2017 chez ESC Editions

Acteurs : Nino Manfredi, Françoise Prévost, Clive Revill, Jean Sobieski, Giampiero Albertini, Alvaro Piccardi, Enzo Andronico, Giorgia Moll…

Scénario : Leonardo Benvenuti, Luigi Comencini, Piero De Bernardi, Massimo Patrizi

Photographie : Armando Nannuzzi

Musique : Fiorenzo Carpi

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 1968

LE FILM

Grâce à sa réputation très usurpée d’ex-héros de la résistance antinazie se voit offrir 100 000 dollars pour éliminer Edward Stevens, un espion néo-nazi sur le point de dévoiler la formule du Coca-Cola aux Russes. Mais il est rapidement doublé par d’autres mercenaires cherchant à obtenir la prime.

L’immense Luigi Comencini (1916-2007) fait partie des maestri du cinéma italien. Comme la plupart de ses confrères ès comédies – mais pas seulement – le réalisateur aura alterné films personnels et œuvres de commande avec la même verve et la même inspiration. Le metteur en scène du Commissaire (1962) et de La Ragazza (1963), signe après l’un de ses chefs d’oeuvres L’Incompris (1967) drame intense bouleversant et avant son formidable Casanova, un adolescent à Venise (1969), une comédie loufoque, décalée et méconnue, Les Russes ne boiront pas de Coca Cola !, Italian Secret Service en version originale. Surfant sur le succès de la saga James Bond créée six ans auparavant, ce film mêle à la fois l’espionnage avec l’humour burlesque qui n’est pas sans rappeler Le Pigeon (1958) de Mario Monicelli avec son équipe de bras cassés plongés malgré-eux dans une histoire extraordinaire.

Natalino est à la recherche d’un travail quand l’ex-capitaine Harrison, qu’il avait sauvé du peloton d’exécution pendant la guerre, lui propose, contre une importante somme d’argent, d’éliminer un jeune et dangereux néo-nazi, Edward Stevens. Natalino accepte «le contrat», fermement décidé par ailleurs à faire exécuter la besogne par un autre. Il cède le travail à un certain Othon lequel sous-traite l’affaire à un avocat un peu louche. Ce dernier en fait autant avec le frère d’un de ses clients. Le scénario de Luigi Comencini coécrit avec ses comparses Leonardo Benvenuti (Mes chers amis, La Fille à la valise), Piero de Bernardi (Il était une fois en Amérique) et Massimo Patrizi (La Traite des blanches) démarre comme un vrai film de guerre et d’espionnage, avant d’enchaîner les quiproquos et rebondissements en tous genres.

Le grand Nino Manfredi (1921-2004) retrouve Luigi Comencini après le succulent A cheval sur le tigre (1961) et signe une formidable prestation entre flegme britannique, slapstick américain et farce italienne. Le comédien est entouré d’une sacrée bande d’acteurs, Giampiero Albertini, Alvaro Piccardi, Enzo Andronico, Loris Bazzocchi et Gastone Moschin, un festival de tronches et de talent, sans oublier le charme de Françoise Prévost. Tout ce beau monde y va à fond dans le seul but de divertir les spectateurs. Cinquante ans après, Les Russes ne boiront pas de Coca Cola ! s’avère toujours aussi mordant et drôle, ironique et déphasé. Le film se tient grâce à la rigueur de Luigi Comencini, cinéaste moraliste, qui même dans ses oeuvres mineures et malgré quelques concessions au cinéma commercial, a toujours tenu à dépeindre des univers réalistes et à inscrire ses histoires dans un contexte socio-politique sérieux, tout en dirigeant ses acteurs d’une main de maître et en soignant la forme.

Nino Manfredi trône sur cette bande de joyeux drilles et s’acquitte avec virtuosité des multiples facettes que lui offre le rôle de Natale Tartufato aka Capellone, italien faible, trouillard, en un mot un type banal. Les oubliés du boom économique tentent de profiter comme ils le peuvent du système, quitte à user de méthodes peu scrupuleuses. Le scénario des Russes ne boiront pas de Coca Cola ! prend ainsi la forme de poupées gigognes, ou un événement entraîne un autre qui lui-même entraîne une nouvelle situation, etc. C’est là tout le génie de Luigi Comencini et de ses scénaristes, ainsi que de ses comédiens dont le jeu branché sur cent mille volts du début à la fin (hilarante) agit comme une véritable bouffée d’air frais et fait toujours le même bonheur des spectateurs aujourd’hui.

LE DVD

Le DVD des Russes ne boiront pas de Coca Cola ! est disponible chez ESC Editions, dans la collection intitulée Edizione Maestro, consacrée aux grands maîtres du cinéma italien, dont certains films inédits sont même proposés en Haute-Définition ! La jaquette se focalise uniquement sur Nino Manfredi. Le verso montre tous les titres déjà ou bientôt disponibles dans cette superbe collection ! Le menu principal est fixe et muet. Aucun chapitrage. L’éditeur indique que le film est inédit en France, ce qui est faux, puisque Les Russes ne boiront pas de Coca Cola ! est sorti dix ans après dans nos salles, le 19 novembre 1978 !

Cette collection sortira dans les bacs en trois vagues. La première, celle déjà chroniquée dans nos colonnes, est sortie le 28 mars 2017 : Le Prophète de Dino Risi (Blu-ray et DVD), Brancaleone s’en va-t-aux Croisades de Mario Monicelli (Blu-ray et DVD), Moi, moi, moi… et les autres d’Alessandro Blasetti (DVD) et Bluff – Histoire d’escroqueries et d’impostures de Sergio Corbucci (DVD). La seconde vague, celle que nous explorons ici, est sortie au mois de juin et nous trouvons les titres suivants : Les nuits facétieuses d’Armando Crispino et Luciano Lucignani (Blu-ray et DVD), Le Canard à l’orange de Luciano Salce (Blu-ray et DVD), Les russes ne boiront pas de Coca Cola de Luigi Comencini (DVD) et Histoire d’aimer de Marcello Fondato (DVD). Il faudra attendre le mois de septembre pour compléter sa collection avec Il Gaucho de Dino Risi (Blu-ray et DVD), Belfagor le magnifique d’Ettore Scola (DVD), Sais-tu ce que Staline faisait aux femmes ? de Maurizio Liverani (DVD) et Tant qu’il y a de la guerre, il y a de l’espoir d’Alberto Sordi (DVD).

L’intervention de Stéphane Roux sur ce titre demeure complètement anecdotique (6’30). L’historien du cinéma se contente principalement de parler de la carrière Luigi Comencini, de manière brève, alors qu’il y aurait tant à dire. Stéphane Roux indique que Les Russes ne boiront pas de Coca Cola ! n’est pas un très grand film, bien qu’agréable à suivre et qu’un film moyen de Luigi Comencini reste toujours bien au-dessus des autres productions de l’époque. Il en vient ensuite au casting en évoquant le jeu de Nino Manfredi et sa partenaire Françoise Prévost.

L’interactivité se clôt sur une succession de bandes-annonces des douze films que comptera la collection Edizione Maestro.

L’Image et le son

Si la copie s’avère propre et plutôt stable, ce master s’avère complètement usé du point de vue des contrastes et des couleurs. La copie demeure terne du début à la fin, la définition ne trouve jamais d’équilibre, les flous ne sont pas rares, la gestion du grain est aléatoire et le piqué est sans cesse émoussé. Le master semble avoir été dégoté dans un tréfonds de catalogue. Seules les poussières ont été éradiquées et rien ne nous permet d’apprécier les partis pris du grand chef opérateur Armando Nannuzzi, illustre directeur de la photographie à qui l’on doit les images inoubliables des Damnés, Mon nom est Personne et Le Bel Antonio. Quant au reste, le cinéphile devra faire preuve de beaucoup d’indulgence.

En italien comme en français, les pistes mono 2.0 s’avèrent plutôt bien nettoyées et offrent des conditions acoustiques suffisantes. Notons l’absence de souffle intempestif, mais la musique apparaît vacillante, les voix demeurent un peu sourdes et les saturations inévitables sur les dialogues plus poussés. Signalons également un problème récurrent chez l’éditeur concernant les sous-titres. Tous les mots comprenant les lettres « œ » ne semblent pas être pris en compte. Ainsi « soeur » apparaît « sur », « coeur » devient « cur », etc…Enfin, la traduction laisse à désirer puisque les sous-titres suivent la version française, qui prend souvent de grandes libertés avec le récit, et non pas les dialogues originaux !

Crédits images : © R.T.I. S.P.A. / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / De plus belle, réalisé par Anne-Gaëlle Daval

DE PLUS BELLE réalisé par Anne-Gaëlle Daval, disponible en DVD le 18 juillet 2017 chez Studiocanal

Acteurs : Florence Foresti, Mathieu Kassovitz, Nicole Garcia, Jonathan Cohen, Olivia Bonamy, Josée Drevon

Scénario : Anne-Gaëlle Daval

Photographie : Philippe Guilbert

Musique : Alexis Rault

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Lucie est guérie, sa maladie est presque un lointain souvenir. Sa famille la pousse à aller de l’avant, vivre, voir du monde…
C’est ainsi qu’elle fait la connaissance de Clovis, charmant… charmeur… et terriblement arrogant. Intrigué par sa franchise et sa répartie, Clovis va tout faire pour séduire Lucie, qui n’a pourtant aucune envie de se laisser faire.
Au contact de Dalila, prof de danse haute en couleur, Lucie va réapprendre à aimer, à s’aimer, pour devenir enfin la femme qu’elle n’a jamais su être. Pour sa mère, pour sa fille, pour Clovis…

Combien de fois a-t-on pu lire dans la presse que tel acteur ou telle actrice faisait son « Tchao Pantin » ? Cela a encore été le cas pour Florence Foresti avec De plus belle, premier long métrage d’Anne-Gaëlle Daval, costumière sur la série Kaamelott d’Alexandre Astier (son compagnon), qui offre à la comédienne un contre-emploi plutôt inattendu. Depuis son premier film, l’excellent Dikkenek (2006) dans lequel elle interprétait le commissaire Laurence, Florence Foresti a ensuite enchaîné les apparitions au cinéma (Détompez-vous, Si c’était lui…, Mes amis, mes amours) avant de tenir le haut de l’affiche en 2009 avec King Guillaume de Pierre-François Martin-Laval, échec au box-office, puis Hollywoo, qu’elle coécrit et où elle donne la réplique à Jamel Debbouze, gros succès de l’année 2011 avec près de 2,5 millions de spectateurs. Depuis, malgré son triomphe sur scène qui ne s’est jamais démenti, l’humoriste préférée des français n’a fait qu’apparaître de manière sporadique dans d’autres comédies comme Paris à tout prix, Barbecue, A fond et La Folle histoire de Max et Léon. Avec De plus belle, non seulement Florence Foresti tient le rôle principal (écrit spécialement pour elle), mais surtout, elle interprète pour la première fois un personnage dramatique.

Guérie d’un cancer du sein, Lucie réapprend à vivre. Le coeur n’y est pas vraiment même si son frère Frédéric et sa sœur Manon l’encouragent à reprendre sa vie en main et ce malgré le caractère difficile de leur mère. Dans une discothèque, elle rencontre Clovis, séduisant et séducteur. Il aime l’esprit caustique de la jeune femme. Lucie, qui a une piètre opinion de son physique, se dérobe. Elle tente de s’évader via la danse. Dalila, sa professeure qui n’a pas froid aux yeux et croque la vie à pleines dents, devient son premier soutien. Elle fait des efforts, pour sa mère, sa fille et Clovis, se fait belle et commence à voir le bout du tunnel. Si ce premier long métrage n’est évidemment pas parfait, Anne-Gaëlle Daval évite tout pathos lié à la maladie et insuffle beaucoup d’humour à son récit. On pouvait craindre que la tornade Foresti emporte tout sur son passage et en fasse trop dans ce nouveau registre, mais même si l’on sent parfois sa véritable nature prête à reprendre le dessus, la réalisatrice parvient à bien canaliser son jeu et obtenir une très bonne performance de la part de son actrice. Cette dernière est par ailleurs très bien entourée, entre l’excellent Jonathan Cohen, la trop rare et lumineuse Olivia Bonamy, l’impériale Nicole Garcia, sans oublier la classe et le naturel d’un Mathieu Kassovitz qui a l’air de prendre beaucoup de plaisir à composer un couple insolite avec sa partenaire.

Certes, Anne-Gaëlle Daval reprend le personnage créé sur scène par Florence Foresti, finalement guère éloigné de l’humoriste elle-même, mais elle réussit à jouer avec l’aspect clown triste qui sommeille en chaque comédien. Sans en faire trop, à part peut-être dans le maquillage qui prononce les cernes et qui reflète le chemin de croix par lequel est passée Lucie, la cinéaste rend son personnage immédiatement attachant, sans en faire trop, avec une indéniable délicatesse. S’il pèche par son aspect comédie-romantique qui importe finalement moins que la redécouverte du corps de Lucie (par l’intermédiaire d’un striptease dans un numéro de cabaret burlesque !), de sa féminité et de sa prise de conscience d’avoir une seconde chance, De plus belle demeure un joli film, très sensible, touchant et chaleureux, bien écrit et mis en scène, qui rend un bel hommage à la gent féminine, à leur courage, à leur beauté et à leur talent.

LE DVD

En raison de son échec dans les salles avec seulement 100.000 entrées au compteur, De plus belle est uniquement disponible en DVD. Le test a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal, qui reprend le visuel de l’affiche (rose) est fixe et muet.

Peu de bonus à se mettre sous la dent avec d’un côté, un petit module centré sur les comédiens (5’) et de l’autre centré sur la réalisatrice. Images de tournage, propos de l’équipe, présentation des personnages, c’est peu et c’est bien dommage.

L’Image et le son

Après son passage éclair dans les salles, il semble que Studiocanal n’ait pas jugé bon de sortir De plus belle en Blu-ray. Il faudra donc se contenter de cette édition standard, mais heureusement la qualité est là. Les couleurs sont bien loties, très chaudes, ambrées et estivales, le piqué suffisamment affûté, la clarté de mise et les contrastes élégants. Les détails ne manquent pas sur le cadre, les noirs sont denses. Que demander de plus ?

Le mixage Dolby Digital 5.1 instaure un bon confort acoustique en mettant la musique en avant, tout en délivrant les dialogues avec ardeur, sans jamais oublier les effets et ambiances annexes. Quelques basses soulignent également quelques séquences à l’instar de la soirée en discothèque. La piste Stéréo s’en donne également à coeur joie, se révèle dynamique et même percutante dans son genre. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles.

Crédits images : © StudioCanal / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Les Nuits facétieuses, réalisé par Armando Crispino et Luciano Lucignani

LES NUITS FACÉTIEUSES (Le Piacevoli notti) réalisé par Armando Crispino et Luciano Lucignani, disponible en DVD et Blu-ray le 27 juin 2017 chez ESC Editions

Acteurs : Vittorio Gassman, Gina Lollobrigida, Ugo Tognazzi, Adolfo Celi, Maria Grazia Buccella, Eros Pagni, Gigi Proietti, Carmen Scarpitta, Hélène Chanel, Luigi Vannucchi, Omero Antonutti, Paolo Bonacelli

Scénario : Sandro Continenza, Steno

Photographie : Leonida Barboni, Erico Menczer, Gábor Pogány

Musique : Gino Marinuzzi Jr.

Durée : 1h52

Date de sortie initiale : 1966

LE FILM

Trois épisodes érotiques inspirés des « Nouvelles des Nuits facétieuses » écrites par Giovanni Francesco Straparola au cours des années 1550. Dans le premier épisode un noble devient l’amant d’une femme emprisonnée ; dans le second, un faux pape encourage les rêves érotiques d’une jeune fille et dans le dernier, lors d’une blague entre amis, une fausse Lucrèce Borgia est découverte dans une position amoureuse ambiguë avec un peintre au service d’un faux duc d’Este.

Dans les années 1960, l’époque du Moyen Âge a souvent inspiré la comédie italienne. En 1966 et 1970, Mario Monicelli signe L’Armée Brancaleone et sa suite Brancaleone s’en va-t-aux croisades, Ettore Scola de son côté met en scène Belfagor le Magnifique en 1966. Le film qui nous intéresse, Les Nuits facétieusesLe Piacevoli notti a lui aussi été réalisé en 1966. Le point commun de tous ces longs métrages est d’avoir l’immense Vittorio Gassman pour tête d’affiche. Trois de ces titres sont donc sortis la même année avec la star italienne qui surfait alors sur le même registre en attirant des millions de spectateurs dans les salles.

Les Nuits facétieuses ressemble à un film à sketches, même s’il s’agit plutôt d’un passage de relais entre les comédiens d’une partie à l’autre. La première se focalise sur Ugo Tognazzi, la seconde sur Vittorio Gassman qui sert d’introduction au segment centré sur Gina Lollobrigida, avant de revenir à Vittorio Gassman à nouveau. Oeuvre inégale, Les Nuits facétieuses vaut comme bien souvent pour le jeu survolté et inspiré de ces trois monstres, même si la partie avec la voluptueuse Gina demeure la plus faible du lot. Le point de départ est pourtant très drôle : Domicilla est une jeune femme délaissée toutes les nuits par son mari scientifique qui préfère observer les étoiles plutôt que les formes de sa douce moitié. Alors qu’il rejoint le bercail au petit matin, le mari (Adolfo Celi) observe sa compagne plongée dans quelques rêves érotiques. Jusqu’au jour où ses songes semblent devenir réels. En fait, quelques soldats d’une garnison voisine profitent de l’absence de l’époux pour s’infiltrer dans la chambre de Domicilla, tout en lui faisant croire qu’il s’agit d’un rêve. Ainsi elle n’a pas à se soucier de son infidélité. Le problème avec ce genre de segments est souvent leur durée. Les deux réalisateurs, Armando Crispino et Luciano Lucignani auraient gagné à l’écourter afin d’obtenir quelques effets plus directs et percutants. Cette partie s’éternise quelque peu, créant un ventre mou entre les deux autres, par ailleurs excellentes.

On rit, on jubile de voir Ugo Tognazzi convoiter une jeune femme mariée à un vieil homme jaloux qui la séquestre, ou bien encore Vittorio Gassman en roi de la blague, qui à la suite d’un pari avec ses amis – il ne doit pas tomber dans un de leurs canulars – commence à se méfier de tout et de tout le monde. Si le film demeure on ne peut plus classique dans sa mise en scène, il serait injuste de bouder son plaisir.

Ugo Tognazzi et Vittorio Gassman sont en pleine Commedia dell’arte et se livrent à de nombreuses pitreries dont ils avaient le secret. Souvent sur le fil entre le grotesque et le pathétique, ils interprètent des personnages hors norme et toujours attachants car avant tout humains, fourbes, obsédés sexuels et bons vivants. Tourné dans les magnifiques paysages naturels de la Toscane, Les Nuits facétieuses, farce médiévale inédite en France, divertit avec son ton gentiment grivois, jamais vulgaire, mais avec un soupçon d’érotisme combiné avec des plaisanteries bon enfant et une reconstitution soignée. Cela pourrait être anecdotique, mais le fait est que Les Nuits facétieuses est porté par des acteurs de génie qui étaient capables d’élever même le film le plus anodin.

LE DVD

Le DVD des Les Nuits facétieuses est disponible chez ESC Editions, dans la collection intitulée Edizione Maestro, consacrée aux grands maîtres du cinéma italien, dont certains films inédits sont même proposés en Haute-Définition ! La jaquette montre très légèrement Vittorio Gassman et joue étrangement sur la sensualité de la méconnue Maria Grazia Buccella. Le verso montre tous les titres déjà ou bientôt disponibles dans cette superbe collection ! Le menu principal est fixe et muet. Aucun chapitrage.

Nous rappelons que cette collection sortira dans les bacs en trois vagues. La première, celle déjà chroniquée dans nos colonnes, est sortie le 28 mars 2017 : Le Prophète de Dino Risi (Blu-ray et DVD), Brancaleone s’en va-t-aux Croisades de Mario Monicelli (Blu-ray et DVD), Moi, moi, moi… et les autres d’Alessandro Blasetti (DVD) et Bluff – Histoire d’escroqueries et d’impostures de Sergio Corbucci (DVD). La seconde vague, celle que nous explorons ici, est sortie au mois de juin et nous trouvons les titres suivants : Les nuits facétieuses d’Armando Crispino et Luciano Lucignani (Blu-ray et DVD), Le Canard à l’orange de Luciano Salce (Blu-ray et DVD), Les russes ne boiront pas de Coca Cola de Luigi Comencini (DVD) et Histoire d’aimer de Marcello Fondato (DVD). Il faudra attendre le mois de septembre pour compléter sa collection avec Il Gaucho de Dino Risi (Blu-ray et DVD), Belfagor le magnifique d’Ettore Scola (DVD), Sais-tu ce que Staline faisait aux femmes ? de Maurizio Liverani (DVD) et Tant qu’il y a de la guerre, il y a de l’espoir d’Alberto Sordi (DVD).

Durant son excellente intervention, l’historien du cinéma Stéphane Roux (14’30) replace Les Nuits facétieuses dans le contexte du cinéma italien, en indiquant que le film a souffert à sa sortie de la comparaison avec L’Armée Brancaleone, malgré un beau succès dans les salles. Stéphane Roux est aussi critique avec le film, qu’il considère sans surprise et en indiquant également que les histoires manquent d’originalité. Enfin, l’historien passe en revue le casting et se penche sur la carrière des scénaristes et des réalisateurs.

L’interactivité se clôt sur une succession de bandes-annonces des douze films que comptera la collection Edizione Maestro.

L’Image et le son

Jusqu’alors inédit en DVD et remasterisé, Les Nuits facétieuses de Mario Monicelli bénéficie d’un beau transfert avec un grain naturel très bien géré, y compris sur les séquences sombres, même si les noirs paraissent bouchés. La définition est équilibrée malgré un générique marqué par quelques fourmillements et des couleurs fanées. Le master trouve un équilibre fort convenable tout de suite après. Les beaux partis pris esthétiques sont savamment pris en charge et restitués. Les contrastes sont plutôt bien appuyés, la copie affiche une propreté ainsi qu’une stabilité rarement prises en défaut et les séquences diurnes sont lumineuses à souhait.

Le film est proposé en langue italienne uniquement. La piste Dolby Digital 2.0 également restaurée offre un parfait rendu des dialogues, très dynamiques, et de la musique. Aucun souffle constaté. Le niveau de détails est évident et les sons annexes sont extrêmement limpides. Notons également les problèmes au niveau des retranscriptions des « oe » (« coeur » apparaît « ceur »). les sous-titres français sont imposés sur un lecteur de salon.

Crédits images : © R.T.I. S.P.A. / ESC Editions / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Histoire d’aimer, réalisé par Marcello Fondato

HISTOIRE D’AIMER (A mezzanotte va la ronda del piacere) réalisé par Marcello Fondato, disponible en DVD le 27 juin 2017 chez ESC Editions

Acteurs : Claudia Cardinale, Vittorio Gassman, Monica Vitti, Giancarlo Giannini, Antonella Dogan, Renato Pozzetto, Giovanna Gentile, Paola Maiolini

Scénario : Marcello Fondato, Francesco Scardamaglia

Photographie : Pasqualino De Santis

Musique : Guido De Angelis, Maurizio De Angelis

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Gabriella Sansoni est une femme au caractère effacé, menant une vie monotone. Son mari, Andrea, ne lui prête aucune attention, totalement accaparé par son travail. Ce rythme est rompu par la convocation de Gabriella comme jurée. Elle doit siéger au procès d’une jeune femme, Tina, accusée d’avoir tué son mari, Gino. L’accusée est en prison depuis trois ans…

Dans les années 1970, une dizaine de grands noms font les beaux jours du cinéma italien avec les comédies de Dino Risi, Luigi Comencini, Ettore Scola, Mario Monicelli et consorts. Souvent, il n’est pas rare de retrouver le même acteur ou la même actrice à l’affiche de plusieurs films la même année. Mais l’une des spécialités italiennes était également d’associer plusieurs comédiens afin de mieux attirer l’audience dans les salles. C’est le cas d’Histoire d’aimer, titre français d’A mezzanotte va la ronda del piacere, réalisé par Marcello Fondato (1924-2008) en 1975, qui réunit à l’écran Monica Vitti, Claudia Cardinale, Giancarlo Giannini et Vittorio Gassman ! Une sacrée belle affiche pour un film somme toute banal et qui ne vaut vraiment que pour ses acteurs.

Pour Andrea (Vittorio Gassman), brillant ingénieur, le couple parfait est un homme qui décide et une femme qui exécute docilement. Mais bientôt sa femme Gabriella (Claudia Cardinale) est requise comme jurée au procès d’une jeune femme, Tina (Monica Vitti), accusée du meurtre de son mari Gino (Giancarlo Giannini) après qu’une de leurs disputes quotidiennes ait cette fois mal tourné. Il faut dire que Gino, quasi-clochard et obsédé sexuel, saute sur tout ce qui bouge et n’hésite pas à mettre quelques claques à Tina si celle-ci fait part de son mécontentement. Même s’ils ont de drôles de manières de se le dire, Tina et Gino s’aiment. Seule femme dans le jury, Gabriella croit en l’innocence de Tina. Parallèlement, elle prend conscience de sa position au sein de son propre couple, ce qui éveille en elle le désir de s’émanciper et de tenir tête à Andrea, qui se sert d’elle pour de basses besognes, comme répondeur téléphonique afin de filtrer les appels d’organismes à qui il doit beaucoup d’argent.

En plein âge d’or, le cinéma italien enchaîne les tournages. Soyons honnêtes, le film ne bénéficierait pas d’un tel casting, Histoire d’aimer serait probablement tombé dans le tout-venant avec son intrigue qui fait du sur-place, ainsi que son manque de rythme et de surprises qui a souvent raison de notre patience. L’exceptionnel quatuor de stars assure évidemment le spectacle, notamment Monica Vitti, qui présente sa défense du début à la fin et dont le témoignage s’imbrique à travers quelques flashbacks. Ainsi, plongé dans son passé, le personnage s’adresse parfois directement à la caméra comme si Tina regardait le juge au moment où elle relate ces faits. Le gros problème d’Histoire d’aimer est surtout sa mise en scène très paresseuse. On ne peut pas dire que Marcello Fondato ait vraiment marqué le cinéma italien, même s’il avait démarré sa carrière aux côtés de Luigi Comencini et de Mario Bava et si ses films avaient un grand succès à l’instar de Nini Tirebouchon avec Monica Vitti (dont les caprices n’ont eu de cesse de pousser à bout le cinéaste au fil de leurs tournages successifs) ou Attention, on va s’fâcher ! avec le duo mythique Terence Hill et Bud Spencer. Marcello Fondato passera le reste de sa carrière à écrire quelques Bud Spencer movies aux titres amusants, Mon nom est Bulldozer, Le Shérif et les Extra-Terrestres, Faut pas pousser, Capitaine Malabar dit La Bombe.

Même si Histoire d’aimer se penche parfois sur les violences conjugales (Monica Vitti se prend des dizaines de baffes, mais c’est supposé faire rire), le ton est trop léger et le récit répétitif. Cette comédie vaut donc pour le cabotinage de Vittorio Gassman et de Giancarlo Giannini, la beauté et la sensibilité de Monica Vitti et de Claudia Cardinale, ainsi que pour le génie de ces quatre monstres du cinéma.

LE DVD

Le DVD d’Histoire d’aimer est disponible chez ESC Editions, dans la collection intitulée Edizione Maestro, consacrée aux grands maîtres du cinéma italien, dont certains films inédits sont même proposés en Haute-Définition ! La jaquette centrée sur Giancarlo Giannini et Monica Vitti est très attractive et le verso montre tous les titres déjà ou bientôt disponibles dans cette superbe collection ! Le menu principal est fixe et muet. Aucun chapitrage. La jaquette indique que le film n’est jamais sorti en France, ce qui est faux. Histoire d’aimer a bien été exploité dans les salles hexagonales et sorti le 6 avril 1977.

Nous rappelons que cette collection sortira dans les bacs en trois vagues. La première, celle déjà chroniquée dans nos colonnes, est sortie le 28 mars 2017 : Le Prophète de Dino Risi (Blu-ray et DVD), Brancaleone s’en va-t-aux Croisades de Mario Monicelli (Blu-ray et DVD), Moi, moi, moi… et les autres d’Alessandro Blasetti (DVD) et Bluff – Histoire d’escroqueries et d’impostures de Sergio Corbucci (DVD). La seconde vague, celle que nous explorons ici, est sortie au mois de juin et nous trouvons les titres suivants : Les nuits facétieuses d’Armando Crispino et Luciano Lucignani (Blu-ray et DVD), Le Canard à l’orange de Luciano Salce (Blu-ray et DVD), Les russes ne boiront pas de Coca Cola de Luigi Comencini (DVD) et Histoire d’aimer de Marcello Fondato (DVD). Il faudra attendre le mois de septembre pour compléter sa collection avec Il Gaucho de Dino Risi (Blu-ray et DVD), Belfagor le magnifique d’Ettore Scola (DVD), Sais-tu ce que Staline faisait aux femmes ? de Maurizio Liverani (DVD) et Tant qu’il y a de la guerre, il y a de l’espoir d’Alberto Sordi (DVD).

Le fidèle Stéphane Roux présente une fois de plus le film qui nous intéresse (9’). Grand spécialiste du cinéma italien, l’historien ne manque pas d’informations concernant la production d’Histoire d’aimer et raconte entre autres le calvaire enduré par le réalisateur Marcello Fondato en raison des caprices de Monica Vitti. Si cette dernière était très amie avec Claudia Cardinale, cela n’empêchait visiblement pas la comédienne de vouloir tirer la couverture, se renseignant par exemple sur le costume de sa partenaire, afin de mieux choisir le sien pour attirer les regards. Stéphane Roux évoque quelques situations houleuses, notamment Vittorio Gassman, pour qui le rôle de Gino avait été écrit, qui a tout simplement refusé de donner la réplique à Monica Vitti suite à un précédent tournage qui s’était avéré désastreux. Les rôles ont donc été inversés avec son partenaire Giancarlo Giannini.

L’interactivité se clôt sur une succession de bandes-annonces des douze films que comptera la collection Edizione Maestro.

L’Image et le son

Aïe, aïe, aïe…Alors…si la copie s’avère propre et stable, ce master s’avère complètement usé du point de vue des contrastes et des couleurs. La copie demeure terne du début à la fin, l’image est bien trop sombre, la définition ne trouve jamais d’équilibre, les flous ne sont pas rares, la gestion du grain est aléatoire et le piqué est sans cesse émoussé. En 2005, Histoire d’aimer avait été édité en DVD chez Seven7 Editions, mais ne proposait le film qu’en version française. Si nous pouvons enfin bénéficier de la piste italienne, force est de constater que le master semble avoir été dégoté dans un tréfonds de catalogue. Seules les poussières ont été éradiquées et rien ne nous permet d’apprécier les partis pris du grand chef opérateur Pasqualino De Santis, illustre directeur de la photographie à qui l’on doit les images inoubliables de Mort à Venise, Les Damnés, Une journée particulière ou bien encore L’Innocent. Quant au reste, le cinéphile devra faire preuve de beaucoup d’indulgence.

En italien comme en français, les pistes mono 2.0 s’avèrent plutôt bien nettoyées et offrent des conditions acoustiques suffisantes. Notons l’absence de souffle intempestif, mais la musique apparaît vacillante, les voix demeurent un peu sourdes et les saturations inévitables sur les dialogues plus poussés. Bien que le doublage soit assez réussi (Dominique Paturel prête sa voix à Vittorio Gassman), rien ne remplace le timbre original et si particulier de Monica Vitti. Signalons également un problème récurrent chez l’éditeur concernant les sous-titres. Tous les mots comprenant les lettres « œ » ne semblent pas être pris en compte. Ainsi « soeur » apparaît « sur », « coeur » devient « cur », etc…Enfin, la traduction laisse à désirer puisque les sous-titres suivent la version française, qui prend souvent de grandes libertés avec le récit, et non pas les dialogues originaux !

Crédits images : © R.T.I. S.P.A. / ESC Editions / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Le Canard à l’orange, réalisé par Luciano Salce

LE CANARD À L’ORANGE (L’anatra all’arancia) réalisé par Luciano Salce, disponible en Blu-ray et DVD le 27 juin 2017 chez ESC Editions

Acteurs : Ugo Tognazzi, Monica Vitti, Barbara Bouchet, John Richardson, Sabina De Guida, Antonio Allocca

Scénario : Marc-Gilbert Sauvajon, Bernardino Zapponi d’après la pièce de William-Douglas Home

Photographie : Franco Di Giacomo

Musique : Armando Trovajoli

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Mariés depuis 10 ans, Lisa et Livio, riches et célèbres, s’aiment et habitent une belle villa au bord de la mer. Au cours d’une conversation, Livio apprend par hasard que Lisa l’aurait trompé avec un playboy milliardaire et cette nouvelle le frappe de plein fouet. Livio désire cependant passer pour un mari moderne et libéré et invite son rival à passer un week-end chez eux. Pour susciter la jalousie de Lisa, il propose à sa jolie secrétaire de se joindre à eux…

L’immense Monica Vitti a eu une autre carrière à côté des films, pour ne pas dire chefs d’oeuvres de Michelangelo Antonioni, L’Avventura (1960), La Nuit (1961), L’Eclipse (1962) et Le Désert rouge (1964). Si elle demeure très célèbre auprès des cinéphiles pour cette association, la comédienne a également fait les beaux jours de la comédie en Italie dès la fin des années 1960. Citons pêle-mêle La Femme écarlate de Jean Valère, Drame de la jalousie d’Ettore Scola, Super témoin de Franco Giraldi, ou bien encore Moi, la femme de Dino Risi dans lequel elle interprète une douzaine de personnages différents dans autant de sketches. Le Canard à l’orangeL’Anatra all’arancia, pour lequel l’actrice a reçu le David di Donatello de la meilleure actrice ainsi que le Ruban d’argent, est réalisé en 1975 par Luciano Salce (1922-1989). Cinéaste aujourd’hui oublié par la critique et les spectateurs, ses comédies ont pourtant attiré un large public pendant près de 35 ans. Luciano Salce a surtout oeuvré avec son grand ami Ugo Tognazzi pour Mission ultra-secrète, Elle est terrible et Les Heures de l’amour, pour ne citer que trois de leurs collaborations, bien que ces films n’aient guère laissé de souvenirs. En revanche, Le Canard à l’orange reste un film culte.

Le long métrage de Luciano Salce est l’adaptation de la pièce de théâtre originale de William Douglas Home, The Secretary Bird, créée en 1967 et très vite transposée dans le monde entier, y compris en France où elle fut jouée par Jean Poiret à la fin des années 1970, sous la direction de Pierre Mondy. Véritable vaudeville, Le Canard à l’orange est du pain béni pour les deux monstres du cinéma transalpin, Monica Vitti et Ugo Tognazzi. Vraisemblablement en parfaite osmose, le couple se renvoie la balle avec virtuosité pendant 1h45, ne laissant pas un moment au spectateur pour souffler. Par ailleurs, s’il n’a jamais brillé pour son sens de la mise en scène, Luciano Salce est bien obligé de suivre le rythme infernal des réparties lancées par son duo vedette, véritables typhons humains, qui non seulement amusent les spectateurs du début à la fin, mais prennent également un évident et contagieux plaisir à jouer cette partition.

Livio Stefani, riche publiciste d’une quarantaine d’années, vit depuis dix ans un bonheur parfait avec sa femme Lisa, même si cela ne l’empêche pas d’avoir quelques aventures à droite à gauche. Cependant, quand il apprend que Lisa en fait de même de son côté et se serait même entiché d’un français plein aux as, Livio voit rouge, mais tente de se contenir. Alors que Lisa annonce partir en weekend avec « Jean-Claude », Livio réplique en disant qu’il vit la même chose avec sa secrétaire Lisa, qui ne brille guère par son intelligence, mais qui a « les plus belles fesses qu’il a pu voir dans sa vie ». C’est alors que Livio propose à Lisa d’inviter leurs amants respectifs afin de passer un bon week-end. Ceux-ci ne tardent pas à arriver.

Evidemment, Le Canard à l’orange est un vrai marivaudage, fait de portes qu’on ouvre et que l’on ferme, de répliques vachardes aux sous-entendus grivois. Le film montre un couple qui s’aime et qui continue de s’aimer, mais qui a peut-être oublié la façon de se le dire ou de le faire comprendre. Ils se prêtent alors à un jeu qui peut paraître dangereux, mais on comprend très vite que la flamme est bel et bien encore présente et que tout est fait pour rendre l’autre jaloux. La maîtresse, Patty, est interprétée par la sculpturale Barbara Bouchet, une fois de plus peu avare de ses charmes qu’elle expose à de nombreuses reprises. La séquence de la piqûre d’abeille est l’une des plus drôles du film et on ne se lasse pas de regarder Monica Vitti passer de la crème hydratante sur les fesses de l’actrice, après que cette dernière se soit fait martyriser avec une pince à épiler. Le playboy français est quant à lui incarné par John Richardson, vu dans Le masque du démon de Mario Bava et Torso de Sergio Martino.

Ce quatuor s’en donne à coeur joie. Le Canard à l’orange est une grande comédie, simple, mais redoutablement efficace, que l’on regarde autant pour passer un très bon moment et que pour admirer le talent de ses comédiens.

LE DVD

Le DVD du Canard à l’orange est disponible chez ESC Editions, dans la collection intitulée Edizione Maestro, consacrée aux grands maîtres du cinéma italien, dont certains films inédits sont même proposés en Haute-Définition ! La jaquette centrée sur la divine Monica Vitti est très attractive et le verso montre tous les titres déjà ou bientôt disponibles dans cette superbe collection ! Le menu principal est fixe et muet.

Pour information, cette collection sortira dans les bacs en trois vagues. La première, celle déjà chroniquée dans nos colonnes, est sortie le 28 mars 2017 : Le Prophète de Dino Risi (Blu-ray et DVD), Brancaleone s’en va-t-aux Croisades de Mario Monicelli (Blu-ray et DVD), Moi, moi, moi… et les autres d’Alessandro Blasetti (DVD) et Bluff – Histoire d’escroqueries et d’impostures de Sergio Corbucci (DVD). La seconde vague, celle que nous explorons ici, est sortie au mois de juin et nous trouvons les titres suivants : Les nuits facétieuses d’Armando Crispino et Luciano Lucignani (Blu-ray et DVD), Le Canard à l’orange de Luciano Salce (Blu-ray et DVD), Les russes ne boiront pas de Coca Cola de Luigi Comencini (DVD) et Histoire d’aimer de Marcello Fondato (DVD). Il faudra attendre le mois de septembre pour compléter sa collection avec Il Gaucho de Dino Risi (Blu-ray et DVD), Belfagor le magnifique d’Ettore Scola (DVD), Sais-tu ce que Staline faisait aux femmes ? de Maurizio Liverani (DVD) et Tant qu’il y a de la guerre, il y a de l’espoir d’Alberto Sordi (DVD).

A l’instar des autres titres de la collection, ESC Editions propose une présentation du Canard à l’orange par Stéphane Roux, historien du cinéma (10’). Notre interlocuteur s’intéresse surtout à la pièce de théâtre à l’origine du film, mais aussi et surtout au réalisateur et à ses comédiens. On y apprend entre autres que Dino Risi a longtemps été attaché au projet avec les comédiens George Segal et Monica Vitti dans les rôles principaux, avant que le cinéaste abandonne finalement le projet. Seule la comédienne est restée à bord. Stéphane Roux défend également Luciano Salce, metteur en scène méconnu, touche à tout, qui a rencontré de grands succès dans le registre de la comédie populaire. Plus amusant, l’historien du cinéma ne peut cacher son admiration pour la sublime Barbara Bouchet et prend son temps d’évoquer sa carrière.

L’interactivité se clôt sur une succession de bandes-annonces des douze films que comptera la collection Edizione Maestro.

L’Image et le son

Jusqu’alors inédit en DVD, Le Canard à l’orange bénéficie d’une image médiocre, comme si le master avait été sauvé à temps. Ce sont surtout les premières séquences qui font peur avec un générique marqué par des griffures, des couleurs ternes, des tâches et points. Heureusement, la plupart de ces défauts tendent à se faire plus discrets, à moins que nos yeux s’y habituent, mais l’image demeure tout de même aléatoire. La clarté est évidente, mais les visages tirent parfois sur le rose-orangé. Quelques moirages s’invitent à la partie, un bruit vidéo reste présent et la définition peine à trouver un équilibre. Le grain original est présent, mais les contrastes manquent de densité. Il faut donc faire preuve de beaucoup d’indulgence, car ESC Editions a sûrement fait son possible pour nous proposer cette comédie aussi rare que très réussie, afin de satisfaire au mieux les cinéphiles.

La bande-son et les dialogues du Canard à l’orange, proposés en Dolby Digital 2.0, manquent parfois de naturel. Les effets sonores sont discrets et l’ensemble de ce mixage repose avant toute chose sur les très nombreux dialogues du film. Une petite résonance se fait entendre tout comme de légères saturations. En revanche, ce mixage ne manque pas d’ardeur et les quelques accrocs constatés ont tendance à s’amenuiser au fil du film. Les voix y sont beaucoup plus posées et claires, tandis que la musique (qui connaît quelques fluctuations) est bien mise en valeur par de belles envolées. Notons que les sous-titres s’avèrent verrouillés sur un lecteur de salon, mais pas sur un PC. Signalons également que ces sous-titres sont placés trop hauts et que la police épaisse gâche souvent le visionnage.

Crédits images : © R.T.I. S.P.A. / ESC Editions / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Alibi.com, réalisé par Philippe Lacheau

ALIBI.COM réalisé par Philippe Lacheau, disponible en DVD, Blu-ray et 4K Ultra HD le 20 juin 2017 chez TF1 Vidéo

Acteurs : Philippe Lacheau, Élodie Fontan, Julien Arruti, Tarek Boudali, Nathalie Baye, Didier Bourdon, Nawell Madani, Medi Sadoun, Vincent Desagnat, JoeyStarr…

Scénario : Julien Arruti, Pierre Dudan, Philippe Lacheau

Photographie : Dominique Colin

Musique : Maxime Desprez, Michaël Tordjman

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Greg a fondé une entreprise nommée Alibi.com qui crée tout type d’alibi. Avec Augustin son associé, et Medhi son nouvel employé, il élabore des stratagèmes et mises en scène imparables pour couvrir leurs clients. Mais la rencontre de Flo, une jolie blonde qui déteste les hommes qui mentent, va compliquer la vie de Greg, qui commence par lui cacher la vraie nature de son activité. Lors de la présentation aux parents, Greg comprend que Gérard, le père de Flo, est aussi un de leurs clients…

Mine de rien, l’ancienne Bande à Fifi du Grand Journal sur Canal+ a su s’imposer au cinéma en une poignée de films. Succès surprise de 2014, Babysitting avait attiré 2,4 millions de spectateurs et 3,2 millions pour sa suite sortie en décembre 2015 ! Alors qu’il avait partagé la casquette de réalisateur avec Nicolas Benamou, Philippe Lacheau, également vedette de ses films, signe seul Alibi.com, son comparse étant parti mettre en scène A fond avec José Garcia et André Dussollier. Pour sa troisième comédie, Philippe Lacheau s’octroie une fois de plus le premier rôle et s’entoure de ses potes, Tarek Boudali et Julien Arruti (également coscénariste), de la belle Elodie Fontan (Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ?, Babysitting 2), mais aussi de vieux briscards comme Nathalie Baye et Didier Bourdon. Philippe Lacheau a également réservé quelques caméos pour Vincent Desagnat, Kad Merad, Michèle Laroque, JoeyStarr, La Fouine, Chantal Ladesou, le YouTubeur Norman. Bref, le comédien qui s’est improvisé metteur en scène a le vent en poupe.

Dans Alibi.com, il interprète Greg, la trentaine, qui s’est associé avec son ami Augustin afin de créer une entreprise un peu particulière. Envie de cacher la vérité à son ou sa conjoint(e) pour avoir du temps libre ou couvrir une infidélité ? C’est possible grâce à leur société Alibi.com qui propose les meilleures excuses et stratagèmes possibles. Les affaires marchent très bien. Un client demande aux deux hommes et à leur employé Medhi de trouver une parade alors qu’il doit passer le week-end avec sa nouvelle conquête. Or, Greg découvre qu’il s’agit de Gérard, le père de sa fiancée Flo à qui il n’a rien dit sur son activité et qui ne supporte pas le mensonge. Alibi.com a été un immense succès au cinéma avec 3,6 millions d’entrées. Il n’y a aucune explication pour ce phénomène, d’autant plus que Philippe Lacheau n’est jamais crédible, que son jeu d’acteur laisse franchement à désirer, tout autant que son charisme lisse. Pas une seule de ses répliques ne tombe juste. C’est aussi le cas pour ses deux complices, Tarek Boudali et Julien Arruti, qui ont toujours l’air de se demander ce qu’ils font là, ou plutôt comment ils ont pu être catapultés en haut du box-office. Heureusement que Nathalie Baye et Didier Bourdon sont présents. Non seulement les deux vétérans ont l’air de s’amuser comme des gamins, mais en plus leur jeu et leur talent renvoient leurs jeunes partenaires dans les cordes. Seul le naturel de la pétillante Elodie Fontan parvient réellement à surnager parmi la troupe, tout comme les participations des excellents Medi Sadoun et Philippe Duquesne, sans oublier Nawell Madani en cagole. A côté de ça, Alibi.com n’est ni plus ni moins qu’un mauvais vaudeville aux gags éculés avec portes qui claquent, adultères, mensonges, quiproquos pouët-pouët, vannes rouillées et blagues molles qui se terminent presque par un ouin-ouin-ouin ouin ouin… Une succession de sketchs improbables, jamais inspirés, usés jusqu’à la moelle, saupoudré de références geeks (Retour vers le futur, Fast & Furious, Assassin’s Creed, Star Wars, Marvel, JCVD) tout juste sympathiques.

Tout ça pour finir sur une morale à deux balles et bien-pensante, politiquement correcte, contrairement aux deux comédies, très réussies, de Franck Gastambide, Les Kaïra et Pattaya. Les comédies de Philippe Lacheau sont du même acabit que celles d’un Fabien Onteniente ou de Philippe de Chauveron. Poussif, fatiguant, sans rythme, sans aucun effort de mise en scène (mais sans le found-footage hideux des deux Babysitting) et au montage bâclé (plus de trente minutes ont été coupées et ça se ressent), Alibi.com ne peut compter que sur ses seconds rôles pour faire sourire. Il serait temps que Philippe Lacheau pense à laisser le premier rôle à un comédien plus chevronné et surtout plus compétent, ce qui pourrait peut-être lui assurer un succès encore plus grand. Et qu’il engage un vrai scénariste aussi par la même occasion, car à force de proposer tout et n’importe quoi dans le même film, on ne retient finalement que ce qui est indigeste.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray d’Alibi.com, disponible chez TF1 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Suite au grand succès du film dans les salles, on pouvait s’attendre à beaucoup plus de suppléments. En effet, l’éditeur ne fournit qu’un making of de 23 minutes divisé en plusieurs chapitres. Foncièrement sympathique, composé de nombreuses images de tournage et du plateau, ce documentaire montre une équipe très complice et toujours en train de se marrer. Quelques propos des comédiens, des scénaristes et du réalisateur sont également disponibles, tout comme des scènes ratées en raison de fous-rires. On y apprend également que Philippe Lacheau était accompagné à la mise en scène par David Diane, qui supervisait l’ensemble. Les cascades automobiles étaient réglées quant à elles par David Julienne, petit-fils de Rémy Julienne.

L’Image et le son

Les contrastes sont riches, la luminosité est omniprésente, les scènes sombres sont logées à la même enseigne et le relief est probant. Les visages sont détaillés à souhait, tout comme les décors, la colorimétrie est vive et chatoyante, ambrée, le piqué joliment aiguisé (surtout sur les scènes en extérieur), ça foisonne aux quatre coins du cadre, le relief est indéniable et la photo estivale du chef opérateur Dominique Colin (Gardiens de l’ordre, Les Poupées russes, Le Convoyeur) trouve en Blu-ray (au format 1080p) un bel écrin. Signalons qu’Alibi.com est également le premier film français à bénéficier d’une édition en 4K Ultra HD.

Alibi.com repose essentiellement sur les dialogues. La piste DTS-HD Master Audio 5.1 distille les voix des comédiens avec un beau ramdam, tandis que les latérales s’occupent de la musique du film. Une spatialisation concrète, dynamique, immersive et efficace, surtout lors des séquences agitées à l’instar de la poursuite finale à la Fast & Furious. Une version Audiodescription ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également au programme.

Crédits images : © Studiocanal / Paul Tomazini – Fechner Films / TF1 Vidéo / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / La Belle Ensorceleuse, réalisé par René Clair

LA BELLE ENSORCELEUSE (The Flame of New Orleans) réalisé par René Clair, disponible en DVD et combo Blu-ray/DVD le 7 février 2017 chez Elephant Films

Acteurs : Marlene Dietrich, Bruce Cabot, Roland Young, Mischa Auer, Andy Devine, Neville Cooper, Eddie Quillan, Laura Hope Crews, Frank Jenks

Scénario : Norman Crasna

Photographie : Rudolph Maté

Musique : Frank Skinner

Durée : 1h19

Date de sortie initiale : 1941

LE FILM

Une belle aventurière du siècle dernier fraîchement débarquée à la Nouvelle-Orléans part à la recherche d’hommes beaux et riches. Elle trouve son bonheur en la personne d’un banquier avec lequel elle décide de convoler en justes noces. Oui mais voilà, elle est loin d’être insensible au charme d’un beau marin, capitaine d’un vieux rafiot.

Suite à l’échec de l’ambitieux et décrié Le Dernier Milliardaire en 1934, le cinéaste français René Clair (1898-1981) répond positivement à une offre du producteur-réalisateur Alexander Korda : se rendre à Londres pour réaliser Fantôme à vendre, The Ghost Goes West en version originale. Cette comédie-fantastique aux effets spéciaux désuets mais furieusement poétiques, plus gros succès britannique de l’année 1935, lui permet d’enchaîner avec Fausses nouvelles avec Maurice Chevalier, succès beaucoup plus relatif, avant de se voir proposer un projet américain et non des moindres, diriger la star Marlene Dietrich ! En 1941, René Clair se retrouve donc aux commandes de La Belle EnsorceleuseThe Flame of New Orleans pour le compte des studios Universal, une comédie dans laquelle la comédienne s’amuse à jouer une escroc.

En 1840, deux pêcheurs retirent des eaux boueuses du Mississippi une robe de mariée à la dérive. La légende de la comtesse Claire Ledoux (Marlene Dietrich), noyée le jour de ses noces, prend son essor. Mais est-ce bien ce qui s’est passé ? D’autant plus que le corps n’a pas été retrouvé. Retour en arrière donc, pour éclairer ce mystère… Lorsqu’elle débarque sur les quais turbulents de La Nouvelle-Orléans, Claire Ledoux, qui n’a de comtesse que la prétention, jette son dévolu sur un banquier riche et bête, Charles Giraud (Roland Young), qu’elle s’arrange pour séduire dans les couloirs de l’opéra. Une ultime manigance doit lui assurer les faveurs du banquier mais l’intervention d’un marin, beau et pauvre, Robert Latour (Bruce Cabot, excellent et bondissant), fait échouer la manoeuvre. Claire commence par en être fâchée.

C’est une récréation pour Marlene Dietrich. René Clair apporte son sens de la mise en scène et du montage pour livrer un vrai vaudeville en costumes, qui ne laisse pas un moment de répit à ses personnages, ainsi qu’aux spectateurs. Mais ce rythme endiablé – le film dure 79 minutes – ne parvient parfois pas à masquer un scénario trop léger. Ce qui importe ici c’est d’admirer la comédienne, véritable aventurière, dans des robes sublimes, feignant de s’évanouir afin d’attirer sa prochaine cible – l’homme le plus riche de la ville si possible – à dépouiller. Il faut voir avec quelle jubilation Marlene Dietrich accentue son oeil de biche derrière son éventail (excellente ouverture à l’opéra) ou à changer de costume, d’attitude et de maquillage pour tromper son monde, en se faisant passer pour une autre, après qu’une de ses anciennes victimes l’ait reconnu. Elle est également excellemment entourée par toute une troupe de comédiens qui lui renvoient la balle avec brio, René Clair prenant soin du moindre second rôle, en particulier de la servante Clementine (Theresa Harris), complice de tous les coups de notre chère Comtesse.

La Belle ensorceleuse est une œuvre somme toute anecdotique, pour laquelle le metteur en scène met sa maestria habituelle au service d’un récit léger et souvent truculent. Avec des dialogues très drôles, des situations cocasses, une interprétation inspirée et la sublime photographie de Rudolph Maté (La Passion de Jeanne d’Arc de Carl Theodor Dreyer, Liliom de Fritz Lang), cette histoire pleine de fantaisie et de charme, portée par la composition enjouée de Frank Skiner, est à redécouvrir, surtout pour se rendre compte à quel point Marlene Dietrich était tout aussi convaincante dans le registre de la comédie, tout en conservant son image de femme fatale.

LE BLU-RAY

Disponible en DVD chez Universal depuis 2005, La Belle Ensorceleuse atterrit dans l’escarcelle d’Elephant Films, en combo Blu-ray-DVD qui plus est ! Le titre intègre l’impressionnante et sublime collection Cinéma MasterClass de l’éditeur. Le test de l’édition HD a été réalisé sur un check-disc. Le menu principal est fixe et musical.

Dans un premier temps, le journaliste et critique de cinéma Xavier Leherpeur propose un portrait de Marlene Dietrich (12’30). Visiblement fasciné par la comédienne – qui ne le serait pas – l’intéressé évoque les grandes étapes de sa carrière avec ce qu’il faut de propos dithyrambiques. Certes, Xavier Leherpeur est passionné par son sujet, mais il se contente essentiellement de dresser une liste de ses films les plus célèbres, ceux tournés avec Josef von Sternberg (L’Ange bleu en Allemagne, les autres aux Etats-Unis) et les artistes qui se sont inspirés du mythe Dietrich (Lauren Bacall, Rita Hayworth…Madonna), tout en évoquant brièvement le caractère farouche, indépendant et sexuel de la comédienne qui en a fait l’un des premiers modèles du mouvement féministe. Un portrait simple, pour ne pas dire simpliste, anecdotique, même si sympathique.

La présentation du film par le même Xavier Leherpeur (12’) s’avère une fois de plus décevante. Alors certes le journaliste et critique de cinéma a du bagou, mais ses propos n’ont aucun intérêt puisqu’il se contente de paraphraser les scènes clés du film. Le reste du temps, Xavier Leherpeur cite quelques films de la carrière de René Clair et aligne les superlatifs et les phrases toutes faites, sans jamais se pencher sur le fond. Passez votre chemin, surtout qu’il ne reste plus grand-chose sur les 12 minutes du supplément une fois que vous avez retiré les extraits – beaucoup trop longs – du film. Espérons que l’éditeur revienne très vite vers Jean-Pierre Dionnet.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces et une galerie de photos.

L’Image et le son

La Belle Ensorceleuse est disponible en Haute-Définition, dans un Blu-ray au format 1080p et dans son format respecté 1.33. La copie proposée par Elephant Films est une version restaurée. Sans être exceptionnelle, l’image se révèle correcte, même si quelques scories demeurent, ainsi que diverses tâches et griffures. La compression demeure solide, la luminosité fait plaisir, certaines séquences parviennent à sortir du lot grâce à un relief certain, tandis que les contrastes sont plutôt bien assurés. Le grain cinéma est évidemment conservé et équilibré. Peu importent les défauts constatés, les décrochages sur les fondus enchaînés et le piqué émoussé, revoir une oeuvre de René Clair est toujours un plaisir. Notons également que cette édition HD est une première mondiale.

Comme pour l’image, le son alterne le bon et le médiocre. La version anglaise DTS HD Master Audio 2.0 l’emporte haut la main sur la piste française, beaucoup plus confidentielle et qui se concentre uniquement sur le report des voix, au détriment des effets annexes et de la musique. En anglais, les dialogues sont plus dynamiques et naturels et l’écoute reste plus ou moins homogène. Si les grésillements et les saturations ne sont pas rares, au moins les partis pris originaux sont respectés. La version française propose le doublage d’époque.

Crédits images : © Elephant Films / Universal / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr