Test DVD / Le Prophète, réalisé par Dino Risi

LE PROPHÈTE (Il Profeta) réalisé par Dino Risi, disponible en DVD et Blu-ray le 28 mars 2017 chez ESC Editions

Acteurs : Vittorio Gassman, Ann-Margret, Liana Orfei, Enzo Robutti, Dino Curcio, Oreste Lionello

Scénario : Ruggero Maccari, Dino Risi, Ettore Scola

Photographie : Alessandro D’Eva

Musique : Armando Trovajoli

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1968

LE FILM

Pietro Breccia est un homme qui a décidé depuis longtemps d’abandonner la civilisation en devenant ermite en laissant derrière lui l’usure de la vie moderne, le consumérisme immodéré et toutes les futilités de la civilisation de consommation elle-même. Depuis des années, il vit dans la solitude sur le mont Soratte, à 40 km au nord de Rome. Un jour, il est débusqué par une équipe de télévision qui, flairant le scoop, décide de faire un documentaire sur le curieux ermitage de cet homme. À partir de ce moment, Breccia en a fini avec sa tranquillité. Malgré lui, il se retrouve étouffé par la société en raison de sa notoriété soudaine et du fait qu’il a dévoilé son identité passée…

C’est un des films les plus méconnus de l’immense et prolifique réalisateur Dino Risi (1916-2008), le maître incontesté de la comédie italienne. Tour à tour médecin, psychiatre, journaliste, puis devenu metteur en scène presque par hasard, le mythique cinéaste du Fanfaron, Parfum de femme et Il Vedovo signe avec Le ProphèteIl Profeta (1968) sa neuvième collaboration (sur dix-sept) avec son acteur fétiche Vittorio Gassman. Après L’Homme à la Ferrari (1967), une comédie à la mécanique aussi bien huilée que la voiture du titre, les producteurs souhaitent réunir le même couple star, Vittorio Gassman et Ann-Margret (actrice, danseuse et chanteuse suédoise), dans une nouvelle comédie pour surfer sur le précédent succès. Le trio remet donc le couvert un an après. Le Prophète n’est pas la suite de L’Homme à la Ferrari, bien que divers éléments rappellent ce dernier, notamment le personnage interprété par la star italienne qui tombe évidemment sous le charme d’une femme plus jeune que lui, tandis que Dino Risi évoque entre autres la libération des mœurs de la communauté hippie.

Sur un scénario coécrit avec Ruggero Maccari et Ettore Scola et avec son sens unique et acéré de la satire, le cinéaste, qui habituellement s’amuse à égratigner ses concitoyens, l’homme lâche, corrompu, menteur, égoïste, malhonnête, cruel, abominable, l’être humain dans toute sa splendeur, pauvre et riche, avec un humour noir, dresse un constat amer et un portrait au vitriol de la société de consommation. La fable est souvent grinçante, relevée, percutante, chacun en prend pour son grade, y compris Pietro, le personnage principal qui va très vite se voir rattraper par ce qu’il croyait avoir définitivement oublié après avoir abandonné sa femme, son emploi, sa voiture, la ville. Mais le destin mettra une jeune hippie (divine et sexy Ann-Margret) sur son chemin. Abstinent depuis cinq ans, notre prophète que tout le monde s’arrache depuis la diffusion d’un reportage à la télévision, va avoir du mal à résister aux mini-jupes affriolantes de la demoiselle libre et exubérante. Arrive alors un individu louche et sans scrupules qui cherche à exploiter l’étrange histoire de cet homme pour en tirer profit.

Si elle n’est pas aussi célèbre que les autres comédies du tandem Risi-Gassman, Le Prophète est une comédie dynamique, qui va à cent à l’heure, formidablement interprétée par un Gassman toujours au top de sa forme, même si le comédien reniera le film en déclarant qu’il s’agit probablement de son pire long métrage tourné avec le réalisateur. Se défendant de faire du cinéma militant, le réalisateur transalpin n’épargne personne. Cinéaste humaniste mais profondément ironique, considéré comme le plus pessimiste des réalisateurs italiens – « tout est grave mais rien n’est sérieux » disait-ilet qui se sert de la puissance du cinéma populaire pour lancer des débats après la projection, Dino Risi, doctorant en psychologie psychologique donne à réfléchir sur les relations humaines, la place de l’homme dans la société contemporaine, moderne, après le boom économique.

Tout le monde souhaite posséder la plus grosse voiture, ou du moins celle dont le moteur fait le plus de bruit afin d’être remarqué, pour aller se reposer sur une plage bondée, avant de rentrer et de se retrouver coincé dans un embouteillage monstre en respirant le bon air pollué qui plane sur Rome, avant de manger devant la télé. Ces sujets n’ont jamais été autant d’actualité. Même si elle a connu un immense succès en Italie à sa sortie, Le Prophète reste une comédie mineure de Dino Risi, ce qui ne l’empêche pas d’être un grand moment de cinéma porté par un acteur exceptionnel.

LE DVD

Le DVD du Prophète est disponible chez ESC Editions, dans une nouvelle collection intitulée Edizione Maestro, consacrée aux grands maîtres du cinéma italien, dont certains films inédits seront même proposés en Haute-Définition ! Une grande initiative que nous accueillons à bras ouverts ! La jaquette est très attractive et le verso montre tous les titres bientôt disponibles dans cette superbe collection ! Le menu principal est fixe et muet et le boîtier glisser dans un surétui cartonné.

Pour information, cette collection sortira dans les bacs en trois vagues. La première, celle que nous commençons à chroniquer, est sortie le 28 mars 2017 : Le Prophète de Dino Risi (Blu-ray et DVD), Brancaleone s’en va-t-aux Croisades de Mario Monicelli (Blu-ray et DVD), Moi, moi, moi… et les autres d’Alessandro Blasetti (DVD) et Bluff – Histoire d’escroqueries et d’impostures de Sergio Corbucci (DVD). Au mois de juin, l’éditeur prévoit : Les nuits facétieuses d’Armando Crispino et Luciano Lucignani (Blu-ray et DVD), Canard à l’orange de Luciano Salce (Blu-ray et DVD), Les russes ne boiront pas de Coca Cola de Luigi Comencini (DVD) et Histoire d’aimer de Marcello Fondato (DVD). Il faudra attendre le mois de septembre pour compléter sa collection avec Il Gaucho de Dino Risi (Blu-ray et DVD), Belfagor le magnifique d’Ettore Scola (DVD), Sais-tu ce que Staline faisait aux femmes ? de Maurizio Liverani (DVD) et Tant qu’il y a de la guerre, il y a de l’espoir d’Alberto Sordi (DVD). Vous avez l’eau à la bouche ? Nous aussi !

En plus d’une succession de bandes-annonces des douze films que comptera la collection Edizione Maestro, ESC Editions propose une présentation du Prophète par Stéphane Roux, historien du cinéma (9’). Notre interlocuteur replace le film qui nous intéresse dans l’immense carrière de Dino Risi. Stéphane Roux indique que ce film de commande a quasiment été renié par Dino Risi, Vittorio Gassman et par Ettore Scola, qui trouvaient que le film avait été écrit et réalisé à la va-vite afin de surfer sur le triomphe de L’Homme à la Ferrari. Les conditions de production, les thèmes, le casting, l’accueil partagé de la critique, l’énorme succès dans les salles en Italie, encore plus que Les Monstres et autant que Le Fanfaron, tout est abordé avec une passion contagieuse.

L’Image et le son

Egalement disponible en Blu-ray, Le Prophète nous est arrivé dans son édition DVD. Découvrir Le Prophète était inespéré. Le film de Dino Risi renaît donc de ses cendres chez ESC Editions dans une copie – présentée dans son format respecté – d’une propreté souvent hallucinante. Point d’artefacts de la compression à signaler, aucun fourmillement, les couleurs se tiennent, sont ravivées, le master est propre, immaculé, stable, les noirs concis et les contrastes homogènes. Le cadre fourmille souvent de détails, le piqué est joliment acéré, le relief et la profondeur de champ flattent les rétines, les partis pris du célèbre directeur de la photographie Alessandro D’Eva sont divinement bien restitués. Certains plans rapprochés tirent agréablement leur épingle du jeu avec une qualité technique quasi-irréprochable. Une véritable redécouverte, merci ESC Editions !

Comme pour l’image, le son a également un dépoussiérage de premier ordre. Résultat : aucun souci acoustique constaté sur ce mixage italien Stéréo 2.0 aux sous-titres français imposés, pas même un souffle parasite. Le confort phonique de cette piste unique est total, les dialogues sont clairs et nets, même si les voix des comédiens, enregistrées en postsynchronisation, peuvent parfois saturer ou apparaître en léger décalage avec le mouvement des lèvres.

Crédits images : © RTI S.P.A. / ESC Conseils / Captures du DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / L’Histoire de l’amour, réalisé par Radu Mihaileanu

L’HISTOIRE DE L’AMOUR (The History of Love) réalisé par Radu Mihaileanu, disponible en DVD et Blu-ray le 29 mars 2017 chez Wild Side Video

Acteurs : Gemma Arterton, Derek Jacobi, Sophie Nélisse, Elliott Gould, Torri Higginson, Alex Ozerov

Scénario : Radu Mihaileanu, Marcia Romano, d’après le livre de Nicole Krauss, « L’histoire de l’amour » (The History of Love) »

Photographie : Laurent Dailland

Musique : Armand Amar

Durée : 2h09

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Il était une fois un garçon, Léo, qui aimait une fille, Alma. Il lui a promis de la faire rire toute sa vie. La Guerre les a séparés – Alma a fui à New York – mais Léo a survécu à tout pour la retrouver et tenir sa promesse. De nos jours, à Brooklyn, vit une adolescente pleine de passion, d’imagination et de fougue, elle s’appelle aussi Alma. De l’autre côté du pont, à Chinatown, Léo, devenu un vieux monsieur espiègle et drôle, vit avec le souvenir de « la femme la plus aimée au monde », le grand amour de sa vie. Rien ne semble lier Léo à la jeune Alma. Et pourtant… De la Pologne des années 30 à Central Park aujourd’hui, un voyage à travers le temps et les continents unira leur destin.

Le cinéaste Radu Mihaileanu a toujours eu le goût du romanesque. Train de vie (1998), Va, vis et deviens (2005), Le Concert (2009) et La Source des femmes (2011) apparaissent comme des films-fleuves, denses, portés par des personnages exaltés et passionnés. L’Histoire de l’amour ne déroge pas à la règle.

Radu Mihaileanu adapte le roman The History of Love écrit en 2005 par Nicole Krauss. Dense et épique, L’Histoire de l’amour se concentre sur une poignée de personnages que le destin va entrecroiser au fil des époques, de la Pologne aux Etats-Unis en passant par le Chili, des années 1940 à 2006. On pense au cinéma de Claude Lelouch, le bon, pas celui qui se contente de réunir plusieurs dizaines d’acteurs français de renom pour livrer au final une pub pour les conventions obsèques. Radu Mihaileanu s’entoure d’un casting formidable. Si le film a été vendu sur Gemma Arterton, la divine comédienne apparaît finalement peu à l’écran, mais marque l’histoire de sa très belle présence et on comprend pourquoi elle devient la fameuse « femme la plus aimée du monde ». L’Histoire de l’amour se focalise surtout sur Leo âgé, interprété par Derek Jacobi, acteur shakespearien, vu au cinéma dans Gladiator et Le Discours d’un roi, mais aussi sur la jeune actrice prometteuse Sophie Nélisse, révélation de La Voleuse de livres de Brian Percival en 2013, qui incarne Alma, quinze ans, qui commence à être chamboulée par ses sentiments.

Choc des générations, mais l’amour demeure central et vital pour ces êtres réunis autour d’un livre mystérieux. Radu Mihaileanu parvient à conduire trois récits en parallèle, même si on pourra déplorer un certain manque de rythme. Toutefois, L’Histoire de l’amour reste très plaisant, chaleureux, animé par de beaux sentiments universels et joliment photographié par Laurent Dailland. Les personnages sont attachants malgré leurs contradictions et le film évite toute mièvrerie avec un humour bien dosé.

L’Histoire de l’amour est un film ample, lumineux, utopiste et romantique, qui fait du bien à l’âme, qui ne laissera peut-être pas un grand souvenir, mais qui n’en demeure pas moins recommandé pour passer un beau et bon moment de cinéma. D’accord, les violons, les cuivres et la clarinette d’Armand Amar en font parfois un peu trop, mais on ne va pas rechigner, car cette fresque émouvante, drôle et romantique est imprégnée chaque seconde de la sincérité et de la générosité de son metteur en scène.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de L’Histoire de l’amour, disponible chez Wild Side Video, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

L’éditeur joint une dizaine de featurettes promotionnelles, d’une durée totale de 28 minutes. Vous n’apprendrez pas grand-chose ici, mais ces petits modules n’en demeurent pas moins sympathiques puisqu’ils donnent la parole à toute l’équipe et dévoilent l’envers du décor. On apprend ainsi que le tournage s’est déroulé à Montréal et non pas à New York, sauf pour les scènes dont les prises de vues ont été réalisées dans le quartier de Chinatown. Les acteurs et le réalisateur s’expriment sur les thèmes du film et sur les personnages, Radu Mihaileanu revient sur l’adaptation du roman de Nicole Krauss et présente les décors, tandis que nous assistons au maquillage que Gemma Arterton a dû subir pour la vieillir à l’écran, 5h30 filmées en timelapse.

Wild Side Video livre également 12 minutes de scènes coupées. Six séquences réussies mais qui n’apportent rien de plus et qui se focalisent essentiellement sur Alma incarnée par Sophie Nélisse.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Quelques petites pertes de la définition et un piqué manquant parfois de mordant sur les séquences sombres sont à déplorer. Néanmoins, ce master demeure fort plaisant et n’a de cesse de flatter les yeux avec une superbe restitution de la colorimétrie. Les contrastes sont denses, la gestion solide et les partis-pris esthétiques raffinés du talentueux et éclectique chef opérateur Laurent Dailland (La Cité de la peur, Place Vendôme, Welcome) trouvent en Blu-ray un magnifique écrin. Très beau cadre large.

Les mixages anglais et français DTS-HD Master Audio 5.1 se révèlent particulièrement sobres, mais instaurent un confort acoustique suffisant. En version originale, si les dialogues s’avèrent plus discrets, la centrale parvient à leur donner un relief en adéquation avec les sentiments des personnages. Evitez le doublage français. Dans les deux cas, la spatialisation musicale demeure évidente, les latérales soutiennent l’ensemble comme il se doit, les ambiances naturelles ne manquent pas, surtout en ce qui concerne la cacophonie new-yorkaise. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont disponibles, ainsi qu’une piste Audiodescription pour aveugles et malvoyants. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale.

Crédits images : © Wild Bunch Distribution / Laurent Guérin / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Cigarettes et chocolat chaud, réalisé par Sophie Reine

CIGARETTES ET CHOCOLAT CHAUD réalisé par Sophie Reine, disponible en DVD et Blu-ray le 18 avril 2017 chez Diaphana

Acteurs : Gustave Kervern, Camille Cottin, Héloïse Dugas, Fanie Zanini, Thomas Guy, Franck Gastambide

Scénario : Sophie Reine, Gladys Marciano

Photographie : Renaud Chassaing

Musique : Sébastien Souchois

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Denis Patar est un père aimant mais débordé qui se débat seul avec l’éducation de ses filles, Janine, 13 ans et Mercredi, 9 ans, deux boulots et une bonne dose de système D. Un soir, Denis oublie, une fois de trop, Mercredi à la sortie de l’école. Une enquêtrice sociale passe alors le quotidien de la famille Patar à la loupe et oblige Denis à « un stage de parentalité ». Désormais, les Patar vont devoir rentrer dans le rang…

On dirait que le Festival de Sundance fait des émules dans nos contrées ! Cigarettes et chocolat chaud est le premier long métrage de Sophie Reine, monteuse de profession, ayant oeuvré sur les très réussis Ma vie en l’air, Le Temps des porte-plumes, J’ai toujours rêvé d’être un gangster, Foxfire, confessions d’un gang de filles, My Sweet Pepper Land et récompensée par un César pour Le Premier jour du reste de ta vie. Une carrière riche et éclectique qui l’a conduite vers la mise en scène. Son premier court-métrage Jeanine ou mes parents n’ont rien d’exceptionnel (2010) démontre déjà un univers constitué de collages, d’animations, de couleurs sur fond de crise familiale. Sophie Reine attendra six années avant de passer au long-métrage avec Cigarettes et chocolat chaud, prolongement et approfondissement de son précédent travail cinématographique.

Extrêmement foutraque, mais très attentionné, Denis Patar est un paternel épatant, mais débordé qui se débat pour élever et éduquer ses deux fillettes Mercredi et Janine, depuis la mort de son épouse. Compressé par plusieurs boulots alimentaires, ce veuf rate, une fois de trop, la sortie d’école de sa fille Mercredi (c’est son prénom) de 9 ans, interprétée par la jeune Fanie Zanini, confondante de naturel, qui se retrouve au commissariat. Cette garde d’enfant à vue va entraîner l’entrée en scène d’une enquêtrice sociale. S’il veut conserver la garde de ses enfants, Denis va devoir suivre un stage de responsabilisation parentale. Comme très souvent pour une première oeuvre, Cigarettes et chocolat chaud foisonne d’idées – certaines inspirées par la propre enfance de la réalisatrice, passée dans un appartement parisien où le bordel était roi – et Sophie Reine s’avère très généreuse envers les spectateurs, quitte à créer un trop-plein.

La photo éclatante et colorée du chef opérateur Renaud Chassaing, les costumes et les décors plongent l’audience dans un monde singulier, celui de la famille Patar, qui a su rester optimiste et liée malgré le drame qui l’a touchée. Ce film très attachant part un peu dans tous les sens, mais cela traduit en même temps la façon de vivre des Patar. A mi-chemin, l’histoire se focalise sur la fille aînée atteinte du Syndrome Gilles de la Tourette, qui arrive un peu comme un cheveu sur la soupe. Mais cette fois encore, cela reflète le fait que le père (génial Gustave Kervern) est tellement désorganisé dans sa façon de vivre et de s’occuper de ses deux enfants, qu’il ne s’est même pas rendu compte des nombreux tics qui agitent sa fille Janine (Héloïse Dugas, jolie révélation). Il faudra un électrochoc, l’arrivée d’une enquêtrice (l’excellente Camille Cottin), pour que Denis fasse le tri dans sa vie, parvienne à faire son deuil, pour mieux s’occuper de ses enfants et penser à lui.

Cigarettes et chocolat chaud s’inscrit dans ce genre de comédies américaines et anglaises du style Little Miss Sunshine et Captain Fantastic, une sensibilité Sundance comme nous le disions en début de critique, un film qui fait du bien, qui fait chaud au coeur, avec des personnages bourrés de charme menés par un Gustave Kervern nounours en diable. A la fin, il n’est pas interdit de fredonner Cigarettes and chocolate milk de Rufus Wainwright, chanson qui a inspiré le titre du film (et qui le clôt), qui devient comme qui dirait l’hymne entêtant et caractéristique de la famille Patar et de cette chronique irrésistible, fantaisiste, tendre et poétique.

LE DVD

Le DVD de Cigarettes et chocolat chaud, disponible chez Diaphana, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la musique du film et la jaquette reprend le visuel de l’affiche du film.

Malgré le petit score du film dans les salles, Diaphana prend soin du service après-vente de Cigarettes et chocolat chaud, en livrant tout d’abord un making of (31’) très sympathique, composé de nombreuses images de tournage et de propos de l’équipe. On y voit Sophie Reine à l’oeuvre avec ses comédiens, tandis que ces derniers reviennent sur l’histoire et les personnages. Quelques images montrent les bouts d’essai des acteurs, ainsi que la préparation des décors et des costumes.

S’ensuit la court-métrage Jeanine ou mes parents n’ont rien d’exceptionnel, réalisé par Sophie Reine en 2010, avec Denis Ménochet et Léa Drucker. Jeanine, 10 ans, n’en peut plus de ses parents, anciens hippies, qui ne pensent qu’à s’amuser. Afin d’accéder à la vie « carrée et organisée » à laquelle elle rêve elle s’inscrit en cachette à un concours de gymnastique. Comme nous l’indiquons dans notre critique de Cigarettes et chocolat chaud, les thèmes et les bases formelles du long métrage de Sophie Reine sont déjà posés dans cet excellent Jeanine ou mes parents n’ont rien d’exceptionnel.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce du film, une autre alternative, ainsi qu’un petit questionnaire auquel se sont pliés les quatre comédiens principaux.

L’Image et le son

Seule l’édition DVD a pu être testée. Evidemment, le piqué n’est pas aussi pointu qu’en Blu-ray et la colorimétrie peut avoir tendance à baver quelque peu, mais cette édition SD s’en tire avec les honneurs. Les contrastes sont corrects, les détails plaisants et l’encodage suffisamment solide pour pouvoir faire profiter de la photographie de Renaud Chassaing (Pattaya, Présumé coupable). La clarté est appréciable, les teintes chaleureuses et solaires. Notons toutefois quelques baisses de la définition.

Outre une piste Audiodescription et des sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant, la version Dolby Digital 5.1 parvient sans mal à instaurer un indéniable confort phonique. Les enceintes sont toutes mises en valeur et spatialisent excellemment les effets, la musique et les ambiances. Quelques séquences auraient peut-être mérité d’être un peu plus dynamiques ou les dialogues parfois quelque peu relevés quand la partition s’envole. Le caisson de basses s’invite également à la partie, notamment lors de la fête finale. La piste Stéréo est de fort bon acabit et contentera largement ceux qui ne seraient pas équipés sur la scène arrière.

Crédits images : © Mandarin Cinema / Alexis COTTIN / Diaphana / Captures du DVD :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Maman a tort, réalisé par Marc Fitoussi

MAMAN A TORT réalisé par Marc Fitoussi, disponible en DVD le 5 avril 2017 chez M6 Vidéo

Acteurs : Jeanne Jestin, Emilie Dequenne, Camille Chamoux, Sabrina Ouazani, Nelly Antignac, Annie Grégorio, Grégoire Ludig, Jean-François Cayrey

Scénario : Marc Fitoussi

Photographie : Laurent Brunet

Musique : Pascal Mayer

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Anouk, 14 ans, a hâte d’effectuer son stage d’observation de troisième dans la compagnie d’assurances où travaille sa mère Cyrielle. Mais dès le premier jour, l’adolescente se voit confier le rangement d’un placard rempli de dossiers. Une tâche qu’elle trouve ingrate et sans aucun intérêt. Pire, au fil de cette semaine d’immersion, Anouk découvre brutalement un autre visage de sa mère, celle d’une femme froide et insensible à la détresse d’une jeune mère de famille endettée qui risque d’être expulsée du jour au lendemain. La jeune fille est alors confrontée au monde adulte de l’entreprise, avec ses petits arrangements et ses grandes lâchetés.

Maman a tort est déjà le cinquième long métrage de Marc Fitoussi après La Vie d’artiste, Copacabana, Pauline détective et La Ritournelle. Depuis dix ans, le réalisateur a su prouver la singularité et la sensibilité de son univers, en jouant souvent avec certains codes, à l’instar de Pauline détective qui mélangeait habilement la comédie policière avec des références au cinéma hollywoodien (Charade notamment), mais aussi les romans de la Bibliothèque rose ou verte à l’instar de Fantômette et du Club des cinq, et même les oeuvres d’Agatha Christie. Depuis La Vie d’artiste, Marc Fitoussi a toujours marqué ses films, pourtant souvent ancrés dans une réalité sociale, d’une douce folie. Ses œuvres possèdent également un décalage qui fait l’âme de son cinéma, toujours marquées par des dialogues subtils et d’une remarquable intelligence. Le dernier-né de Marc Fitoussi, Maman a tort, ne déroge pas à la règle et apparaît même comme un film-somme.

En haut de l’affiche la toujours parfaite et lumineuse Emilie Dequenne donne la réplique à la révélation du film, la jeune comédienne Jeanne Jestin, vue dans Le Passé d’Asghar Farhadi et La Vie domestique d’Isabelle Czajka. Cette dernière, à la fois solaire et grave, magnétique et promise à une belle carrière, porte littéralement le film sur ses épaules puisque le réalisateur adopte le point de vue de son personnage. Jeanne Jestin interprète Anouk. Ses parents sont divorcés. Elle voit son père de temps en temps (l’excellent Grégoire Ludig, très touchant). Alors qu’elle devait passer son stage de troisième dans la petite entreprise d’un ami de son père, le plan tombe à l’eau au dernier moment. Du coup, Anouk n’a d’autre recours que de réaliser cette semaine de stage dans la société d’assurance de sa mère Cyrielle Lequellec (Emilie Dequenne, dix ans après La Vie d’artiste). Remisée à des tâches subalternes par des employées indélicates et hypocrites (Nelly Antignac et Camille Chamoux, qui font penser aux terribles sœurs de Cendrillon) ou trop légères (Annie Grégorio, toujours géniale), elle ne tarde pas à s’ennuyer. Un jour, elle assiste à une plainte d’une assurée, Nadia Choukri (sublime Sabrina Ouazani), qui ne comprend pas pourquoi elle ne reçoit pas l’assurance-vie de son mari après son décès. Anouk constate que sa mère Cyrielle étudie le dossier de Nadia avec peu d’attention et de complaisance. Choquée par l’injustice faite à cette femme, elle va mener sa petite enquête pour essayer de lui venir en aide, car elle la sent menacée de se retrouver SDF avec ses deux enfants. Elle accède subrepticement au dossier et fait des découvertes sur les pratiques de la société d’assurance et de sa mère.

Récit initiatique, adieu à l’enfance et perte de l’innocence, Maman a tort montre la première plongée d’une adolescente dans le monde terrible et très violent des adultes et celui du travail avec ses règles établies. Malgré ses bureaux colorés et chaleureux (Marc Fitoussi a toujours apporté une grande importance aux couleurs), l’entreprise pourtant nommée Serenita est montrée comme un univers impitoyable, où ceux qui détiennent même une petite autorité n’hésitent pas à s’en prendre aux subalternes, puisque ceux-ci n’oseront pas répliquer. Anouk constate que même sa mère est victime de ce rapport de forces. Mais il n’y a pas que ça, puisqu’elle se rend compte également que sa mère n’est pas innocente et qu’elle est obligée de prendre des décisions importantes, même si cela doit détruire une ou plusieurs familles, pour pouvoir conserver son poste bien placé. Une situation inespérée pour Cyrielle, devenue cadre sans détenir de diplômes. Sans transition, Anouk se perd du jour au lendemain dans ces couloirs où les petites mesquineries sont quotidiennes, où les secrétaires se permettent de l’accuser d’avoir volé les chocolats du calendrier de l’Avent, sans avoir de preuves. Un « vol inqualifiable » puisque cela chamboule les quelques rituels qui « animent » la vie de bureau. Anouk observe (et quel regard ! ) et écoute. Son stage de troisième devient donc celui de la vie.

Marc Fitoussi filme l’entreprise et ses employés, comme des rats lâchés dans un labyrinthe étriqué, impression renforcée par l’usage du cadre 1.55 dans lequel les personnages semblent enfermés. Le personnage d’Emilie Dequenne est complexe, à la fois empathique mais aussi impitoyable et pathétique, la comédienne s’en acquittant encore une fois parfaitement. L’alchimie avec Jeanne Jestin est évidente et participe – entre autres – à la très grande réussite de Maman a tort, comédie-dramatique sociale élégante, bourrée de charme et très attachante, maline et dont le désenchantement progressif du personnage d’Anouk prend aux tripes jusqu’au générique de fin. On le savait déjà, probablement depuis son premier film, Marc Fitoussi est devenu l’un de nos plus précieux cinéastes.

LE DVD

Le test du DVD de Maman a tort, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la jolie musique du film. Le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche du film.

En 2005, Marc Fitoussi réalise L’Education anglaise, un documentaire de 52 minutes, présent sur le DVD, sur le séjour linguistique à Bristol de jeunes Français. « Un tournage que j’avais adoré et au cours duquel j’avais eu la chance de capter des choses qu’il me semblait difficile de restituer sous forme de fiction. » indique le cinéaste. Pour parfaire leur anglais, les adolescents âgés de 13 à 16 ans sont envoyés en Angleterre par leurs parents. Le programme concocté par l’organisme a été conçu selon une stratégie pédagogique imparable : logement en famille d’accueil, cours intensifs d’anglais, activités sportives et culturelles. Pourtant, les adolescents se révèlent assez peu sensibles à l’efficacité linguistique du séjour. Enfin affranchis de la tutelle parentale, ils se soucient surtout de nouer de nouvelles amitiés et de vivre pleinement une liberté tant désirée. Un film durant lequel Marc Fitoussi parvient à s’immiscer dans le quotidien de ces jeunes, venus des quatre coins de l’Europe, « obligés » de cohabiter durant un été, pour se perfectionner dans la langue de Shakespeare, mais pas seulement. Entre les discussions laborieuses avec les familles d’accueil et les cours obligatoires, les jeunes se rencontrent et se confrontent, s’attirent, flirtent pour certains. Les amours passagères, les amitiés qui dureront, ou inversement, sont capturées par la délicate caméra de Marc Fitoussi. Le documentaire se clôt sur la dernière fête organisée, le soir avant que les jeunes soient séparés.

La section des suppléments propose également 14 minutes de scènes coupées au montage, dont une fin alternative. Si rien n’est dit sur l’éviction de ces séquences, probablement pour une question de rythme, il serait dommage de passer à côté puisqu’elles s’avèrent très réussies.

L’Image et le son

Dommage de ne pas bénéficier de ce titre en Blu-ray. Néanmoins, l’éditeur soigne le transfert du film de Marc Fitoussi. Soutenu par une solide définition, le master est parfaitement propre. La copie est exemplaire et lumineuse tout du long, les couleurs excellemment gérées, avec une prédominance de teintes bleues, tout comme les contrastes très élégants.

Ne vous attendez pas à un déluge d’effets surround si votre choix s’est portée sur la Dolby Digital 5.1 qui se contente seulement de faire entendre de légères ambiances naturelles ou tout simplement d’offrir une spatialisation épisodique de la musique du film. Maman a tort ne se prêtant évidemment pas aux exubérances sonores, le principal de l’action se trouve canalisé sur les frontales où les dialogues ne manquent pas d’intelligibilité. N’hésitez pas à sélectionner la stéréo, ardente et dynamique, amplement suffisante avec un parfait confort acoustique. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © SND/ Captures du DVD :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Le Petit locataire, réalisé par Nadège Loiseau

LE PETIT LOCATAIRE réalisé par Nadège Loiseau, disponible en DVD et Blu-ray le 21 mars 2017 chez Diaphana

Acteurs : Karin Viard, Philippe Rebbot, Hélène Vincent, Manon Kneusé, Antoine Bertrand, Stella Fenouillet

Scénario : Nadège Loiseau, Fanny Burdino, Mazarine Pingeot, Julien Guetta

Photographie : Julien Roux

Musique : Guillaume Loiseau

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Le test de grossesse est formel : Nicole, 49 ans, est enceinte. Sa fille, qui a eu un enfant jeune, n’en revient pas. Sa mère, bien que charmante, n’est pas forcément d’un très grand soutien. Dépitée, Nicole finit par accepter la situation. Sauf qu’elle n’est pas vraiment aidée par Jean-Pierre, son mari qui cherche mollement du travail depuis deux ans. Il faut que cela change pour que le nouveau-né soit accueilli dans de bonnes conditions. Nicole voit l’arrivée du bébé comme un signe, celui d’un nouveau départ pour toute la famille…

Voilà un premier long métrage très prometteur ! En 2013, la réalisatrice Nadège Loiseau met en scène Le Locataire, court-métrage avec Fabienne Babe et Alice David, qui raconte l’histoire d’une femme, mariée et mère de famille, qui tombe enceinte à l’âge de 54 ans. Le Petit locataire est l’adaptation en « grand format » de ce court-métrage. Ce projet s’inspire de la propre grossesse de Nadège Loiseau, qui explique « J’avais du mal à concevoir mon état de femme enceinte. J’ai établi le contact avec mon bébé en l’appelant mon locataire parce que je sentais bien, passé les premiers mois, qu’il y avait une vie déjà très autonome à l’intérieur de moi, qui ne respectait pas mes horaires, qui gigotait n’importe quand, qui essayait de pousser les murs… Bref, je me suis sentie habitée dans le sens premier du terme. Et je me suis dit que je n’étais forcément pas la seule à avoir ressenti ça ». Au-delà du thème de la maternité, Nadège Loiseau signe surtout un portrait de famille formidablement interprété.

Karin Viard est parfaite dans le rôle de Nicole, mariée depuis toujours à Jean-Pierre (le toujours génial Philippe Rebbot), mère de Vincent (Raphaël Ferret), cuistot engagé dans la marine et d’Arielle, incarnée par Manon Kneusé, grande révélation du film et qu’on a hâte de revoir sur le grand écran. Nicole travaille dans un péage d’autoroute, tandis que Jean-Pierre, ancien espoir gymnaste, est au chômage depuis deux ans et passe son temps à entraîner la jeune équipe sportive de sa ville. Alors que Vincent travaille dans un sous-marin, Arielle, 27 ans et éternelle adolescente vit encore chez ses parents et survit financièrement grâce à un petit boulot dans une usine. Tout irait (presque) pour le mieux, si ce n’est qu’Arielle est aussi mère d’une petite fille de six ans, Zoé (Stella Fenouillet), dont Jean-Pierre et Nicole doivent toujours s’occuper quand Arielle sort avec ses copines. Ajoutez à cela la présence de la mère de Nicole, Maimillette (formidable Hélène Vincent, vieillie pour le film), dont les absences s’accentuent, mais qui refait surface de temps en temps avec des propos bien sentis sur chacun et la situation dans laquelle ils se trouvent. La grossesse inattendue de Nicole, pilier de cette famille, va être l’occasion pour chacun de faire le point sur sa propre vie alors que ces quatre générations semblent être sur le point d’imploser.

Le Petit locataire est un premier long métrage généreux, drôle, dynamique, qui se penche avec délicatesse et une vraie sensibilité sur les thèmes de la transmission et de la maternité. Comment l’individu peut-il s’imposer dans un groupe et plus particulièrement dans une famille ? Qu’est-ce que devenir parent ? Nadège Loiseau réussit son pari de faire réfléchir tout en livrant une comédie sociale très divertissante, bien réalisée, chaleureuse, parfois émouvante et toujours pleine de charme avec des couleurs acidulées et une musique électro également très réussie composée par Guillaume Loiseau qui reste longtemps en tête. Pour son scénario, la réalisatrice a fait appel à Fanny Burdino et Mazarine Pingeot, qui avaient également signé celui de l’excellent dernier film de Joachim Lafosse, L’Economie du couple, dont nous retrouvons ici la qualité d’écriture. Ajoutez à cela le soutien de personnages secondaires bien campés par le québécois Antoine Bertrand (vu dans Starbuck) et Côme Levin (Radiostars, Patients), des répliques bien senties et sans aucune méchanceté, un petit clin d’oeil à la recette du Cake d’amour de Peau d’âne et un univers qui fait parfois penser à La Smala, classique de Jean-Loup Hubert et vous obtenez une très agréable surprise qui méritait bien plus que ses 193.000 entrées au cinéma. La famille Payan mérite largement de trouver son public grâce aux prochaines diffusions du film à la télévision et à sa sortie dans les bacs.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray du Petit locataire, disponible chez Diaphana, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur l’excellente composition de Guillaume Loiseau.

L’entretien avec la charmante réalisatrice Nadège Loiseau (14), a été réalisé à Paris en janvier 2017. Cette interview permet d’en savoir un peu plus sur la genèse du Petit locataire, les éléments personnels qui ont nourri le scénario, les thèmes abordés, le casting, le choix des couleurs et les petites références à Jacques Demy.

Ne manquez pas le petit quart d’heure de scènes coupées au montage, qui s’avèrent très réussies et qui permettent entre autres d’en savoir un peu plus sur le personnage de Vincent (Raphaël Ferret).

Nous en parlons dans la critique du film, Le Petit locataire est en réalité la version étendue du court-métrage du Locataire, court-métrage réalisé par Nadège Loiseau en 2013, avec Fabienne Babe, Alice David et Stéphan Wojtowicz. La plupart des scènes de ce film très réussi et excellemment interprété, ont été entièrement reproduites pour le long-métrage.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et les credits.

L’Image et le son

Ce transfert HD (1080p, AVC) s’avère soigné. Les partis pris de la photo signée Julien Roux (Tristesse club, Five) sont très bien retranscrits avec une prédominance de couleurs vives et pétillantes (les teintes bleue, jaune, rose foisonnent), les contrastes sont au beau fixe et le piqué agréable. Ce master s’avère un bel objet, le relief est omniprésent, les détails omniprésents sur le cadre large, les séquences en extérieur sont magnifiques et étincelantes.

La musique est admirablement délivrée et spatialisée par le mixage DTS-HD Master Audio 5.1. Les dialogues s’imposent sans mal sur la centrale, toujours clairs et distincts. Quelques ambiances naturelles parviennent à percer sur les latérales, la balance gauche-droite est dynamique, avec parfois un petit soutien du caisson de basses. La version Stéréo est également à l’avenant avec une minutieuse homogénéité des voix, de la composition et des bruitages annexes. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Les films du Worso / SRAB Films/ Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / La Folle Histoire de Max et Léon, réalisé par Jonathan Barré

LA FOLLE HISTOIRE DE MAX ET LEON réalisé par Jonathan Barré, disponible en DVD et Blu-ray le 7 mars 2017 chez Studiocanal

Acteurs : David Marsais, Grégoire Ludig, Alice Vial, Saskia de Melo Dillais, Dominique Pinon, Bernard Farcy, Kyan Khojandi

Scénario : David Marsais, Grégoire Ludig, Jonathan Barré

Photographie : Sascha Wernik

Musique : Charles Ludig

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Septembre 1939, la guerre vient d’être déclarée. Max et Léon, deux amis inséparables qui ne font pas grand-chose de leur vie à part la fête, veulent à tout prix fuir le conflit. Malgré leurs efforts, ils ne parviennent pas à se faire réformer. Ils sont incorporés dans l’armée de terre dont ils essaient de s’échapper à maintes reprises. Mais ils échouent à chaque fois à cause de leur maladresse. Ils sont envoyés en Syrie pour une mission. Contre toute attente, ils la mènent à bien. Ils reviennent en France où ils sont chargés de mener des opérations d’espionnage et de passer les lignes allemandes…

Ils n’ont cessé de gravir les échelons ! Connus sous le nom du Palmashow, le duo d’humoristes composé de Grégoire Ludig et de David Marsais ont vu leurs fans se multiplier depuis leurs débuts fin 2010 sur Direct 8 dans La Folle Histoire du Palmashow, puis grâce à l’émission Very Bad Blagues, suivie du programme intitulé Palmashow l’émission (sur la chaîne devenue D8), avant de se voir confier leur premier prime en 2014 avec La Folle Soirée du Palmashow, qui sera renouvelée les deux années suivantes. Nouveaux maîtres de l’humour et de la parodie, leurs vidéos comptant des millions de vues sur YouTube et Dailymotion, Grégoire Ludig et David Marsais sont devenus les dignes successeurs des Inconnus et des Nuls et écrasent la concurrence avec leurs sketchs dévastateurs et leur sens de la caricature. Ce succès jamais démenti depuis leurs débuts devait les conduire tout naturellement au cinéma.

Après des apparitions dans Les Gazelles de Mona Achache, Les Francis de Fabrice Begotti et Babysitting de Philippe Lacheau, le Palmashow s’est donc lancé dans leur propre film, avec la collaboration de Jonathan Barré, l’homme de l’ombre, complice de tous leurs sketchs et troisième membre du Palmashow. La Folle histoire de Max et Léon est une synthèse de ce qui a fait leur renommée, mais aussi un véritable hommage à leurs sources d’inspiration et ce qui leur a donné envie de faire ce métier. Il n’est donc pas étonnant de trouver des références aux films de Claude Zidi, Gérard Oury, Robert Lamoureux, Jean Girault, Pierre Richard, Francis Veber, Jean-Marie Poiré, sans oublier les ZAZ mais aussi La Cité de la peur, Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre, Les Trois frères, Dumb & Dumber, Indiana Jones et la Dernière Croisade, tout ce qui a pu bercer l’enfance de gamins nés dans les années 1980, qui a forgé leur humour, grâce aux multiples rediffusions à la télévision de La 7ème compagnie, Papy fait de la Résistance, Les Bidasses s’en vont en guerre. La Folle histoire de Max et Léon est drôle, souvent même, mais le film est également très bien mis en scène, le rythme soutenu, la photo soignée et les seconds rôles ne sont pas uniquement là pour mettre en valeur le duo vedette. Aux côtés de Grégoire Ludig et de David Marsais, Bernard Farcy, Dominique Pinon, la délicieuse Alice Vial, Julien Pestel, Nicolas Marié, Nicolas Maury, sans compter les caméos de Christophe Lambert (également producteur exécutif), Bruno Wolkowitch, Kyan Khojandi, Jonathan Cohen, Kad Merad, Florence Foresti, Baptiste Lecaplain, Philippe Duquesne, Simon Astier, Alban Lenoir et bien d’autres encore composent cette Grande Vadrouille version 2016.

Les humoristes n’ont pas peur de la blague molle puisqu’un gag percutant suivra très vite derrière. Généreux, débordant d’idées, trop diront certains, le film enchaîne les blagues, les calembours, les parodies avec une envie de faire plaisir aux spectateurs, sans jamais tomber dans la facilité. A ce titre, la reconstitution fait son petit effet avec des décors et des costumes très réussis, un montage fluide, un cadre large léché, ce qui permet de mieux s’attacher et de suivre le parcours de ces deux troufions qui vont tout faire pour éviter d’être enrôlés lorsque la guerre est déclarée. S’ensuit un festival de déguisements, de poursuites, de répliques ciselées et potaches, un numéro de comédie-musicale, d’explosions et de fusillades. Ou l’importance de rire de tout, surtout que le film se permet d’être encore plus drôle à mesure que l’histoire avance tout en égratignant ce qui fait de nous des « français ».

Le Palmashow assume donc totalement leur culte aux comédies « franchouillardes », ils ont bien raison et on les félicite pour cela, d’autant plus que La Folle histoire de Max et Léon est une belle réussite, qui ravira leurs fans mais pas que, et on espère qu’ils ne s’arrêteront pas en si bon chemin. Vu le succès du film au cinéma, qui a attiré plus de 1,2 million de spectateurs, le contraire serait étonnant.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de La Folle histoire de Max et Léon repose dans un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui cartonné. La jaquette reprend le superbe visuel de l’affiche du film. Même chose pour la sérigraphie du disque. Petit cadeau glissé dans le boîtier, une carte-postale vintage. Le menu principal est animé et musical.

On ouvre les hostilités avec un commentaire audio très sympa et délirant de David Marsais et Grégoire Ludig, accompagnés du réalisateur Jonathan Barré. Sans aucun temps mort, passant du coq à l’âne pour notre plus grand plaisir, les trois compères donnent suffisamment d’informations sur le film et son tournage, ainsi que leurs impressions sur leur premier film. Ils révèlent également les apparitions de membres de leurs familles ou de leurs potes, tout en parlant des films qui les ont inspirés.

En plus d’un bêtisier contagieux (5’) et d’un petit module avant/après l’ajout des effets numériques (2’), le making of (35’) s’avère très complet. Les interviews de l’équipe sont croisées avec des images volées sur le plateau, on y voit le duo vedette découvrir la magie du cinéma comme des gamins, visiblement très heureux de voir un rêve se concrétiser. Les décors (on y aperçoit un avis de recherche de Gaspard et Balthazar placardé sur un mur, clin d’oeil aux fans), les costumes, la musique, la photo, les conditions de tournage, les maquillages, le dressage d’une mouette, tout est abordé à travers des instantanés capturés sur le moment. C’est efficace et ça remplit aisément son contrat.

L’Image et le son

Les contrastes sont riches, la luminosité est omniprésente, les scènes sombres sont logées à la même enseigne et le relief est probant. Les visages sont détaillés à souhait, tout comme les décors, la colorimétrie est vive et chatoyante, ambrée, le piqué joliment aiguisé (surtout sur les scènes en extérieur), les détails foisonnent aux quatre coins du cadre, le relief est indéniable et la photo élégante du chef opérateur Sascha Wernik (Je vais bien, ne t’en fais pas) trouve en Blu-ray un écrin idéal pour revoir l’une des meilleures comédies de 2016.

La Folle histoire de Max et Léon ne repose pas seulement sur les dialogues et à ce titre, la piste DTS-HD Master Audio 5.1 distille les voix des comédiens avec un beau ramdam, tandis que les latérales ont fort à faire avec la musique très présente et fracassante de Charles Ludig. Une spatialisation superbe et immersive avec un caisson de basses qui distille ses effets avec une belle efficacité et des ambiances solides sur les frontales, à l’instar de la séquence finale dans la Kommandantur. Une version Audiodescription ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles.

Crédits images : © Studiocanal/ Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test Blu-ray / Sing Street, réalisé par John Carney

SING STREET réalisé par John Carney, disponible en DVD et Blu-ray le 28 février 2017 chez TF1 Vidéo

Acteurs : Ferdia Walsh-Peelo, Lucy Boynton, Jack Reynor, Maria Doyle Kennedy, Aidan Gillen, Kelly Thornton

Scénario : John Carney

Photographie : Yaron Orbach

Musique : John Carney, Gary Clark

Durée : 1h46

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

A Dublin, dans les années 1980. A court d’argent, les parents de Conor décident de l’envoyer dans une école publique. Sur place, il doit supporter la discipline de fer d’un prêtre retors et subit les brimades d’une petite brute. Il rencontre Raphina, une jeune fille sans famille qui veut revenir à Londres. Immédiatement amoureux, il lui demande de participer au clip de son groupe, groupe qui n’existe pas encore ! Aidé par son frère Brendan, grand amateur de musique, il décide de se lancer avec des camarades du lycée. Ils cherchent leur style et finissent par écrire quelques chansons. Pendant ce temps, Raphina n’a pas abandonné ses rêves…

Le réalisateur-scénariste (et bassiste) irlandais John Carney a fait ses classes dans le clip vidéo. Il met en scène deux courts-métrages avant de signer son premier long en 1996 avec November Afternoon, coréalisé avec Tom Hall, élu Meilleur film irlandais par le Irish Times. En 2001, il crée la série télévisée irlandaise Bachelors Walk, énorme succès de la télévision irlandaise RTÉ.

Il faudra attendre 2007 pour que John Carney soit enfin reconnu dans le monde entier grâce à son film Once, une comédie musicale savoureusement spleen, interprétée par Glen Hansard, leader des Frames, et Markéta Irglova, une musicienne tchèque. Ce petit bijou d’émotions à la BO subjuguante (Oscar de la meilleure chanson pour Falling Slowly en 2008 !) s’est vu couronner par un succès international mérité et porté par une critique élogieuse. En 2014, il revient avec New York Melody, une nouvelle comédie musicale délicate, génialement campée par Keira Knightley – que nous n’avions pas connu aussi attachante et naturelle – et Mark Ruffalo dans les rôles principaux, soutenus par la prometteuse Hailee Steinfeld (True Grit), Adam Levine (le chanteur à la voix de canard du groupe Maroon 5) et la grande Catherine Keener.

Après s’être intéressé à un couple de musiciens, John Carney propose un petit voyage dans le temps avec Sing Street puisque l’action de son nouveau film musical se déroule dans les années 1980 à Dublin. La pop, le rock, le métal, la new wave passent en boucle sur les lecteurs K7, vibrent dans les écouteurs des walkmans et le rendez-vous hebdomadaire devant «Top of the Pops» est incontournable. Conor, un lycéen dont les parents sont au bord du divorce, est obligé à contrecoeur de rejoindre les bancs de l’école publique dont les règles d’éducation diffèrent de celles de l’école privée qu’il avait l’habitude de fréquenter. Il se retrouve au milieu d’élèves qui le malmènent et de professeurs exigeants qui lui font rapidement comprendre qu’en tant que petit nouveau, il va devoir filer doux. Afin de s’échapper de cet univers violent, il n’ a qu’un objectif : impressionner la plus jolie fille du quartier, la mystérieuse Raphina. Il décide alors de monter un groupe et de se lancer dans la musique, univers où il ne connaît rien, ni personne, à part les vinyles de sa chambre d’adolescent. Afin de la conquérir, il lui propose de jouer dans son futur clip.

Sing Street est ce qu’on appelle désormais un feel-good movie qui joue sur la nostalgie des spectateurs tout en le caressant dans le sens du poil. Inoffensif et très attachant, Sing Street repose sur l’énergie des comédiens, sur l’atmosphère d’une époque spécifique bien retranscrite avec les costumes, les décors et bien évidemment la musique qui tient une fois de plus une place prépondérante dans l’histoire en se focalisant cette fois sur un groupe d’adolescents paumés.

Si John Carney reprend quelques motifs de ses précédents films, à l’instar des morceaux joués dans la rue, ses personnages sont ici plus jeunes, plus innocents, qui rêvent de partir de Dublin, touché par une grave récession économique, pour aller tenter leur chance à Londres. Encore faut-il avoir un projet et surtout avoir le courage de traverser ce bras de mer qui les sépare du Pays de Galles ! Le réalisateur dirige sa troupe, excellente, avec tendresse et une énergie contagieuse. Les jeunes comédiens sont excellents et très spontanés. Ferdia Walsh-Peelo, vu dans la série Vikings et Lucy Boynton, prochainement dans la version du Crime de l’Orient-Express de Kenneth Branagh sont très prometteurs, tout comme leurs partenaires qui composent le groupe Sing Street, sans oublier le génial personnage de Brendan, le grand frère de Conor, incarné par Jack Reynor.

La BO est une fois de plus très soignée (on y entend Duran Duran, The Cure, A-ha), les chansons (essentiellement écrites par John Carney et Gary Clark) entraînantes et entêtantes, la mise en scène demeure élégante et les dialogues très bien écrits. C’est très sympa, follement attachant et léger comme une bulle de savon, avec ce qu’il faut d’émotion pour emporter totalement l’adhésion. Récompensé par le Hitchcock d’or et prix du scénario au Festival du film britannique de Dinard en 2016, Sing Street est un récit initiatique que l’on voit et qui restera probablement dans un coin de la tête. Une nouvelle réussite à inscrire au palmarès de John Carney !

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Sing Street, disponible chez TF1 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Les suppléments déçoivent à plus d’un titre puisque nous ne trouvons que trois minuscules featurettes (10 minutes au total) et deux clips vidéo !

Les trois petits modules reviennent rapidement sur le casting du film, la création des chansons et de la musique de Sing Street et sur le tournage proprement dit. Quelques propos du réalisateur John Carney, du chanteur et compositeur Adam Levine, leader du groupe Maroon 5 (vu dans le précédent film du metteur en scène) et des comédiens illustrent des images tirées du plateau.

L’éditeur joint donc également le clip de Go now (4’) et celui de Drive It Like You Stole It (4’).

L’Image et le son

Après un passage plutôt discret dans les salles françaises, Sing Street est pris en main par TF1 vidéo pour sa sortie dans les bacs. Nous sommes devant un très beau master HD. La définition est optimale, la luminosité affirmée, ainsi que le relief, la gestion des contrastes et le piqué sans cesse affûté. L’apport HD est constant et renforce la colorimétrie pétillante, l’encodage AVC consolide l’ensemble avec brio, les détails fourmillent sur le cadre, et toutes les séquences de jour tournées en extérieur sont magnifiques de précision.

Comme pour l’image, l’apport HD pour Sing Street permet de profiter à fond de la bande originale. En version originale, comme en français, les deux pistes DTS-HD Master Audio 5.1 s’en donnent à coeur joie en ce qui concerne la spatialisation de la musique. Chaque enceinte est remarquablement mise à contribution, précise dans les effets, avec une impressionnante balance frontales-latérales et une fluidité jamais démentie. Le caisson de basses participe évidemment à ces numéros, nous donnant d’ailleurs le rythme pour taper du pied en cadence.

Maintenant, au jeu des comparaisons, la piste française s’avère un cran en dessous la version originale du point de vue de la délivrance des dialogues. Dans les deux cas, les ambiances naturelles ne manquent pas, les effets sont concrets et immersifs. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés aux spectateurs sourds et malentendants. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue à la volée est verrouillé.

Crédits images : © Mars Films / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test DVD / Captain Fantastic, réalisé par Matt Ross

CAPTAIN FANTASTIC réalisé par Matt Ross, disponible en DVD et Blu-ray le 14 février 2017 chez TF1 Vidéo

Acteurs : Viggo Mortensen, Frank Langella, George Mackay, Samantha Isler, Annalise Basso, Nicholas Hamilton, Shree Crooks, Charlie Shotwell, Ann Dowd, Erin Moriarty, Missi Pyle

Scénario : Matt Ross

Photographie : Stéphane Fontaine

Musique : Alex Somers

Durée : 1h58

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Dans les forêts reculées du nord-ouest des Etats-Unis, vivant isolé de la société, un père dévoué a consacré sa vie toute entière à faire de ses six jeunes enfants d’extraordinaires adultes.
Mais quand le destin frappe sa famille, ils doivent abandonner ce paradis qu’il avait créé pour eux. La découverte du monde extérieur va l’obliger à questionner ses méthodes d’éducation et remettre en cause tout ce qu’il leur a appris.

C’est l’un des succès surprises de l’année 2016. Captain Fantastic, réalisé par Matt Ross, aura attiré près de 600.000 spectateurs français dans les salles à sa sortie. Ben et sa femme détestaient la société consumériste et ont donc tout quitté pour aller vivre dans les bois. Alors que son épouse est à l’hôpital, Ben continue à enseigner à ses six enfants comment vivre en communion avec la nature et les forme aux techniques de survie. Ils les entraînent à chasser, à pratiquer l’escalade, les arts martiaux, les langues étrangères, le tir à l’arc, les poussent à dépasser leurs limites physiques et leur fait l’école, tout en célébrant chaque année l’anniversaire du linguiste et philosophe Noam Chomsky. Leur monde s’écroule quand leur mère, bipolaire, se suicide. Ben découvre le testament de son épouse. Il est bien décidé à ce que ses dernières volontés soient respectées. Le père de la défunte, qui menace de faire arrêter Ben s’il se rend à la cérémonie, compte bien enterrer sa fille alors que la jeune femme voulait être incinérée.

Acteur vu dans la série Silicon Valley, mais aussi au cinéma dans L’Armée des douze singes, Volte/Face, Les Derniers jours du Disco et même dans Les Visiteurs en Amérique, Matt Ross signe son premier long métrage en 2012, 28 Hotel Rooms, inédit dans nos contrées. Son deuxième film en tant que réalisateur, Captain Fantastic, récompensé par le Prix de la mise en scène dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes, sans oublier le Prix du jury et celui du public au Festival du cinéma américain de Deauville, est un petit bijou indépendant. Inspiré par la propre enfance du metteur en scène passée dans quelques communautés de Californie du Nord et de l’Oregon, éloigné de toute technologie, du confort moderne et de la télévision, Captain Fantastic se penche sur les modes de vie et l’éducation alternatifs au XXIe siècle, avec notamment les choix qu’imposent les parents à leurs enfants, dans un environnement éloigné de la société de consommation.

Dans Captain Fantastic, le père de famille est sublimement incarné par Viggo Mortensen, dans un rôle taillé sur mesure, qui a pris en charge l’éducation de ses six enfants. Bo (excellent George MacKay), le fils aîné, maoïste, commence à ressentir un manque social et à s’intéresser aux filles de son âge, d’autant plus qu’il est accepté à Harvard et Yale, sans que son père le sache. Dans un contexte difficile – leur mère vient de décéder – Bo se rebiffe quelque peu et pour la première fois Ben (Mortensen) voit ses idéaux remis en question. On pense souvent au désormais classique Little Miss Sunshine de Jonathan Dayton et Valerie Faris, avec quelques motifs semblables, la famille réunie dans un véhicule lancé sur les routes américaines, un décès, quelques enfants rebelles. Viggo Mortensen, radieux, est formidablement entouré par un jeune casting très impliqué, mention spéciale aux plus jeunes, d’un naturel confondant.

Doux-amer, pudique et à la fois frontal, joliment mis en scène et photographié par le chef opérateur français Stéphane Fontaine (De battre mon coeur s’est arrêté, De rouille et d’os, Elle), Captain Fantastic émeut, fait rire et réfléchir, interroge sur notre propre rapport à la société et ravit les sens. Le message passe, sans jamais tomber dans la démonstration gratuite et laisse le spectateur se faire sa propre opinion sur ce choix de vie en usant habilement de la fable et de la poésie.

LE DVD

Le test du DVD de Captain Fantastic, disponible chez TF1 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical. Le visuel reprend celui de l’affiche d’exploitation française.

Un tout petit making de 4 minutes, montre rapidement les comédiens sur le tournage, le tout ponctué par les propos du réalisateur Matt Ross et des acteurs Viggo Mortensen et Frank Langella. Les personnages sont abordés, tout comme l’histoire et les thèmes. Viggo Mortensen évoque rapidement sa préparation dans le nord de l’Idaho, où il a passé son enfance, dans un lieu proche de celui où habite la famille Cash dans le film.

A travers une interview réalisée – le 7 décembre, jour de l’anniversaire de Noam Chomsky ! – par Didier Allouch, le réalisateur Matt Ross revient sur tous les aspects de Captain Fantastic, à l’occasion de la sortie de son film en France (25’). La genèse, les thèmes, ses intentions, les personnages, le casting, le travail avec les enfants et le chef opérateur Stéphane Fontaine, les partis pris, la préparation de Viggo Mortensen, le montage (il existe une version de 3h30 !), sont analysés point par point, le tout illustré par quelques extraits tirés du film en version française et d’images de tournage.

Nous retrouvons le même Didier Allouch, mais cette fois à l’occasion de la présentation de Captain Fantastic au Festival de Sundance (7’). Les comédiens, dont Viggo Mortensen (en français dans le texte), répondent aux questions du journaliste sur le tapis rouge.

L’Image et le son

Seule l’édition DVD a pu être testée. Evidemment, le piqué n’est pas aussi pointu qu’en Blu-ray et la colorimétrie peut avoir tendance à baver quelque peu, mais cette édition SD s’en tire avec les honneurs. Les contrastes sont corrects, les détails plaisants et l’encodage suffisamment solide pour pouvoir faire profiter de la beauté des paysages naturels dans la première partie. La clarté est appréciable, les teintes chaleureuses et solaires. Notons toutefois quelques baisses de la définition sur les plans plus agités filmés en caméra portée.

Les versions anglaise et française bénéficient de mixages Dolby Digital 5.1. Afin de se plonger véritablement dans l’ambiance du film, nous vous conseillons d’oublier immédiatement le doublage français, totalement inapproprié, même si les effets latéraux sont aussi dynamiques qu’en version originale. La piste anglaise est plus homogène et l’exploitation des enceintes arrière judicieuse sur les séquences en extérieur. Le confort acoustique et musical y est cependant plus délicat et posé, tout à fait dans le ton du film. L’éditeur joint également deux pistes Stéréo de fort bon acabit, ainsi qu’une piste Audiodescription et les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Mars Films / Captures du DVD :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Radin !, réalisé par Fred Cavayé

RADIN ! réalisé par Fred Cavayé, disponible en DVD et Blu-ray le 31 janvier 2017 chez TF1 Vidéo

Acteurs : Dany Boon, Laurence Arné, Noémie Schmidt, Patrick Ridremont, Christophe Favre, Karina Marimon

Scénario : Fred Cavayé, Laurent Turner, Nicolas Cuche

Photographie : Laurent Dailland

Musique : Klaus Badelt

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

François Gautier est radin ! Economiser le met en joie, payer lui provoque des suées. Sa vie est réglée dans l’unique but de ne jamais rien dépenser. Une vie qui va basculer en une seule journée : il tombe amoureux et découvre qu’il a une fille dont il ignorait l’existence. Obligé de mentir afin de cacher son terrible défaut, ce sera pour François le début des problèmes. Car mentir peut parfois coûter cher. Très cher…

Pour elle (2008) et A bout portant (2010) s’imposent parmi les plus grandes réussites du polar populaire français de ces dix dernières années. Le réalisateur Fred Cavayé a su d’emblée imposer une marque de fabrique, proposer aux spectateurs un thriller allant à fond la caisse pendant 1h30, sans lui laisser de temps mort du début à la fin, comme une véritable course contre-la-montre, en prenant modèle sur les films de genre américains. Son troisième long métrage Mea Culpa, qui réunissait les têtes d’affiches de ses précédents films, Vincent Lindon et Gilles Lellouche, a été une immense déception, tant critique que commerciale et s’est soldée par un échec retentissant. Fred Cavayé avait donc besoin de se refaire et a donc accepté Radin !, une œuvre de commande.

Engager Fred Cavayé pour une comédie, sa première en l’occurrence, est peut-être étonnant mais sûrement pas une mauvaise idée car le cinéaste y démontre une nouvelle fois son savoir-faire technique, notamment un sens du rythme servi par un excellent montage. Cavayé s’en sort donc beaucoup mieux, sans aucune commune mesure d’ailleurs, que ses confrères estampillés « réalisateurs de thrillers » comme Florent Siri avec son pathétique Pension complète et Jean-François Richet avec Un moment d’égarement. Radin ! s’avère une comédie inspirée par le genre transalpin des années 1950-60, dans laquelle le rôle principal aurait pu être interprété par Alberto Sordi ou Vittorio Gassman. Nous ne faisons pas là une comparaison entre Dany Boon, roi du box-office dans nos contrées et ses confrères italiens, mais le personnage « hénaurme » qu’il interprète lorgne sur le côté satirique qu’affectionnait tout particulièrement la comédie italienne.

Ceci dit, Dany Boon ne démérite pas dans Radin !. Il signe par ailleurs une de ses meilleures compositions, un hargneux pète-sec qui dissimule en fait un mal-être et une douloureuse solitude. Le comédien s’en donne à coeur joie et parvient même à émouvoir en laissant petit à petit transparaître la sensibilité, la tendresse et même la gravité de son personnage au premier abord antipathique. Si l’intrigue autour de la fille, interprétée par Noémie Schmidt, révélée dans L’Étudiante et Monsieur Henri d’Ivan Calbérac, manque d’intérêt et s’avère trop appuyée, les dialogues sont amusants, les quiproquos s’enchaînent sans aucun temps mort et Dany Boon ne tire jamais la couverture à ses partenaires, notamment à l’excellente Laurence Arné, que l’on a toujours plaisir à retrouver. Elle est ici très délicate et touchante dans le rôle de Valérie, violoncelliste hyper sensible, peu adaptée au monde moderne, qui tombe amoureuse de François. Le duo fonctionne très bien à l’écran et certaines séquences comme celle du restaurant de fruits de mer ou du concert accéléré où François interprète l’intégralité des Quatre Saisons en dix minutes sont vraiment tordantes.

Il en est de même pour le quotidien dépeint du personnage de François, de son enfance à la quarantaine, qui renvoie parfois au monde de la bande dessinée, effet accentué par la mise en scène dynamique de Fred Cavayé. Si l’histoire part un peu dans tous les sens et malgré une fin quelque peu décevante car mélo et trop attendue, Radin ! s’avère une des meilleures comédies avec Dany Boon, décidément toujours meilleur dans un film qu’il ne dirige pas. Radin ! est un très bon divertissement, qui a attiré 3 millions de spectateurs au cinéma en 2016.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Radin !, disponible chez TF1 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical. La jaquette reprend le visuel de l’affiche du film.

Le making of (18’) joint à cette édition est classique, mais remplit parfaitement son contrat à travers des propos précis du réalisateur Fred Cavayé et de ses comédiens, le tout illustré par de nombreuses images du plateau. On y découvre la préparation des acteurs, notamment celle de Dany Boon, coaché au violon par Sarah Nemtanu, premier violon de l’Orchestre National de France. Les répétitions et les scènes ratées sont également de la partie.

Trois petites séquences coupées (6’) sont ensuite proposées. Très réussies on y voit entre autres François (Dany Boon) donner quelques conseils avisés à une vieille dame faisant ses courses, pour mieux choisir son paquet de biscottes.

L’Image et le son

Les contrastes sont riches, la luminosité est omniprésente, les scènes nocturnes sont logées à la même enseigne et le relief est probant. Les visages sont détaillés à souhait, tout comme les décors, la colorimétrie est vive et chatoyante, ambrée, le piqué joliment aiguisé (surtout sur les scènes en extérieur), le relief est indéniable et la photo élégante du chef opérateur Laurent Dailland (L’hermine, Le Concert, Welcome) trouve en Blu-ray un écrin idéal.

Outre une piste Audiodescription et des sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, la version DTS-HD Master Audio 5.1 parvient sans mal à instaurer un indéniable confort phonique. Les enceintes sont toutes mises en valeur et spatialisent excellemment les effets, la musique de Klaus Badelt et les ambiances. Quelques séquences auraient peut-être mérité d’être un peu plus dynamiques ou les dialogues parfois quelque peu relevés quand la partition s’envole.

Crédits images : © Mars Films / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

 

Test Blu-ray / Brice 3, réalisé par James Huth

BRICE 3 réalisé par James Huth, disponible en DVD et Blu-ray le 21 février 2017 chez TF1 Vidéo

Acteurs : Jean Dujardin, Clovis Cornillac, Bruno Salomone, Alban Lenoir, Noëlle Perna, Louis-Do de Lencquesaing

Scénario : Jean Dujardin, James Huth, Christophe Duthuron, Laurent Baffie

Photographie : Stéphane Le Parc

Musique : Bruno Coulais

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Brice est de retour. Le monde a changé, mais pas lui. Quand son meilleur ami, Marius, l’appelle à l’aide, il part dans une grande aventure à l’autre bout du monde… Les voyages forment la « jaunesse » mais restera-t-il le roi de la casse ?

Après 4,5 millions de spectateurs et plus de onze ans après la sortie du premier volet, Brice (de Nice) est de retour. A l’exception des Petits mouchoirs, film choral, Brice de Nice demeure à ce jour le plus grand succès de Jean Dujardin au cinéma en France. Depuis, la carrière du comédien s’est envolée: Prix d’interprétation masculine à Cannes en 2011 et l’Oscar du meilleur acteur pour The Artist en 2012. Lui qui a toujours déclaré n’avoir jamais eu de plan de carrière, s’est retrouvé là où il n’aurait même pas pu l’imaginer. Cumulant près de 50 millions d’entrées en une trentaine de films, Jean Dujardin, un peu dépassé par les événements (euphémisme), a souhaité revenir à son personnage fétiche pour lâcher du lest. Ce qui donne Brice 3 avec son sous-titre « Parce-que le 2 je l’ai cassé ! ». James Huth est de retour derrière la caméra, ainsi que Clovis Cornillac dans le rôle de Marius de Fréjus, Bruno Salomone dans celui d’Igor d’Hossegor, ici supplanté par un nouveau venu, Gregor d’Hossegor, interprété par Alban Lenoir. Le budget a été multiplié par trois et le tournage s’est installé en Thaïlande pour les scènes supposées se dérouler à Hawaï.

Brice, le surfeur niçois excellant dans l’art de brocarder les autres, vit désormais seul dans une paillote sur la plage. Si le monde n’est assurément plus le même, lui n’a pas changé et semble se satisfaire de son quotidien routinier dans l’attente d’une immense vague pour surfer. Un jour, il découvre une bouteille à la mer avec un message de Marius. Son ami lui demande de prendre le premier avion pour lui venir en aide. Chassé de sa cabane par les autorités locales, Brice se hâte de partir à l’autre bout du monde à la recherche de son meilleur copain. Mais lors de leurs retrouvailles, le surfeur apprend qu’il est lui aussi en danger. Soyons honnêtes, tout est ici prétexte à un déferlement de blagues décérébrées, potaches et assumées, volontairement loufoque et bas de plafond, qui feraient un malheur dans les bacs à sable, mais tout est mené avec un tel entrain, une telle énergie et l’envie de foutre le bordel que cela devient très vite contagieux. Seulement voilà, il y a deux films dans Brice 3.

La première partie, celle où l’on retrouve le personnage, son quotidien et le début de son voyage est vraiment drôle, réussie, jubilatoire et le plaisir de suivre Brice à nouveau dans ses aventures n’est franchement pas déplaisant. Seulement voilà, pile-poil à la moitié du film, tout part en sucette dès que le surfeur arrive sur l’île où il retrouve son pote Marius, mais aussi un usurpateur. Ce double maléfique, également interprété par Jean Dujardin, s’est non seulement approprié son identité, mais règne également sur ses sujets dans un environnement forcément « yellow » placé sous le signe de la fête à la David Guetta et des battle de casses. Brice 3 devient alors exténuant. L’hystérie cartoonesque échappe alors au réalisateur et à son interprète principal et devient une arme de destruction neurologique qui fait pleurer des larmes de sang. Alors que quelques apartés montrent un Brice âgé de 115 ans (maquillage bluffant de Dujardin) qui raconte – à sa sauce – l’histoire à des enfants peu dupes de ses mensonges, on comprend ce qui a poussé Jean Dujardin à retrouver son alter ego qu’il interprétait déjà dans les cabarets. L’acteur a voulu profiter de ce film pour s’auto-psychanalyser en se retrouvant face à une version de lui-même qui aurait pété un câble. Histoire de remettre les pieds sur terre avec beaucoup d’autodérision, Jean Dujardin s’est donc tourné à nouveau vers ce personnage avec lequel tout a commencé, histoire de pouvoir déconner à fond.

Brice n’a donc pas changé et s’avère même plus touchant que dans le premier volet puisque l’enfant demeure dans le corps d’un homme âgé maintenant de plus de 40 ans. Les dialogues vachards et la connerie innocente de Brice fonctionnent à plein régime, du moins dans la première partie. Si Jean Dujardin avait envie d’incarner un Brice âgé de 50 ans, espérons qu’il ait appris de ces maladresses et de ce trop-plein exténuant (Brice se transforme même en personnage de manga à la Dragon Ball Z !) qui ont rebuté une bonne partie des spectateurs, puisque Brice 3 n’a même pas fait la moitié des entrées du premier opus.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Brice 3, disponible chez TF1 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Cette édition comprend également le DVD de Brice 2, dont nous vous parlons plus bas. Le menu principal, animé et musical, est forcément dans le ton du personnage de Brice, comme si le surfeur niçois l’avait customisé à sa sauce.

Brice apparaît dès les bandes-annonces en avant-programme. Entre deux trailers, Brice s’adresse au spectateur « Pourquoi tu passes pas l’annonce ? Ah tu préfères me regarder moi ! Moi aussi j’aime bien m’regarder ! »…Même chose pour le panneau d’avertissement détourné par Brice.

Puis vous arrivez enfin au menu principal « Brisland » où toutes les options sont dissimulées sous divers noms :

« Montage du film sur moi » : Démarre le film

« Gage Stripteasage – mets-toi tout nu pour voir le film » : Nous trouvons sous cet onglet un premier module intitulé « Avant que le film sur moi il sorte » (2’), qui compile des images de l’avant-première de Brice 3 au Grand Rex pour une projo des deux films en présence de toute l’équipe. L’occasion pour Jean Dujardin et James Huth de « casser » Brice 2 une bonne fois pour toutes devant des centaines de spectateurs gonflés à bloc.

Dans la même section les « scènes Kassées » (7’) s’avèrent évidemment les séquences coupées. On y voit Brice faire sa lessive le soir dans la mer où il lave ses t-shirts jaunes roulés en boule, puis Brice commenter une personne en train de recycler ses bouteilles en verre (cassées, pas cassées…). Une autre montre Brice raconter une histoire à toute une horde de jeunes femmes suspendues à ses lèvres, tandis que la dernière scène propose une version longue de l’arrivée du faux Brice sur son éléphant et de la fiesta qui s’ensuit.

Enfin, nous trouvons également le making of (36’). Intéressant, bien réalisé, dynamique, ce documentaire donne la parole à toute l’équipe où chacun revient essentiellement sur les raisons de cette suite tardive, les conditions de tournage (le décor qui s’est écroulé en Thaïlande en raison des fortes intempéries), sans oublier les très nombreuses images de plateau (délirantes), les nouveaux personnages, le maquillage pour transformer Jean Dujardin en Brice de 115 ans. Un excellent supplément.

Le reste sur ce disque n’est que du remplissage :

« Jouage » : un extrait du film

« Kassage de film » : Chapitrage du film, présenté dans une version « cassée », en d’autres termes, désordonnée.

« Bronzage » : Réplique du film

« Nightclubbage » : accès aux pistes sonores du film

« Humiliage » : scène du filmo

Ne soyez pas étonnés de trouver une galette Brice 2. En octobre 2016, soit quelques jours avant la sortie nationale du film, une vidéo présentée comme étant « Brice 3, le film complet » apparaît sur You Tube. Il s’agit en réalité d’un canular de l’équipe du film qui présente Brice 3 comme s’il s’agissait d’une version piratée. Au bout de trois minutes, la vidéo est parasitée par Jean Dujardin alias Brice lui-même, qui se moque du spectateur en lui disant « Oh non ! T’as cru que t’allais voir tout le film ! ». Mais la vidéo présente en réalité un plan fixe chez Brice, durant laquelle, soit pendant 1h20, on voit le surfeur regarder la télévision, dormir, faire une « slow casse » (qui dure à peu près 20 minutes), se moquer de James Huth installé sur un sofa, casser les bibelots, passer le balai. Pour remercier le spectateur de « rester », Brice offre quelques images tirées « de son film sur lui » et clôt cette vidéo tout naturellement par le véritable générique de fin du long-métrage. Cette vidéo approche aujourd’hui les 5,5 millions de vues. On ne saurait mieux faire en matière de promotion !

L’Image et le son

Ce transfert HD (1080p, AVC) est superbe. L’univers cartoon de James Huth est bien retranscrit avec une prédominance de couleurs chaudes, vives et pétillantes (les teintes bleue et jaune foisonnent), les contrastes sont au beau fixe, la profondeur de champ abyssale et le piqué agréable. Ce master s’avère un bel objet, le relief est omniprésent, les détails foisonnants, les séquences de plage sont magnifiques et étincelantes.

Dès la première séquence, la piste DTS-HD Master Audio 5.1 sollicite l’ensemble des enceintes et offre une spatialisation constante et soignée. Ce mixage fait la part belle à la musique, (trop) présente pendant tout le film, soulignant presque systématiquement chaque gag ou chaque haussement de sourcil destiné à faire rire. Comme pour le premier film, les cris se détachent sans mal sur la centrale, le caisson de basses délivre quelques effets frappants (la fiesta sur l’île, la descente à ski, le rêve sur l’aile de l’avion) tandis que les ambiances naturelles demeurent constantes. Un spectacle acoustique souvent étourdissant. L’éditeur joint également les sous-titres destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste en Audiodescription.

Crédits images : © Christine Tamalet / 2016 Mandarin Production – JD Prod / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr