Test Blu-ray / Phantasm III : Le Seigneur de la Mort, réalisé par Don Coscarelli

PHANTASM III : LE SEIGNEUR DE LA MORT (Phantasm III: Lord of the Dead) réalisé par Don Coscarelli, disponible en DVD et Blu-ray en coffret Intégrale Collector le 31 octobre 2017 chez ESC Editions et Sidonis Calysta

Acteurs :  Reggie Bannister, A. Michael Baldwin, Angus Scrimm, Bill Thornbury, Gloria Lynne Henry, Kevin Connors, Cindy Ambuehl…

ScénarioDon Coscarelli

Photographie : Chris Chomyn

Musique : Fred Myrow, Christopher L. Stone

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 1994

LE FILM

Après quatorze ans de lutte sans merci, Mike est de nouveau confronté au terrible croque-mort de Morningside, qui dirige une troupe de zombies, des nains composés de cadavres ressuscités, et à une armée de sphères meurtrières.

Six ans séparent Phantasm III : Le Seigneur de la Mort de Phantasm II. Réalisée en 1994 et directement sortie en VHS (énorme succès dans les bacs), cette deuxième séquelle au premier Phantasm (1979) fait oublier la déception du précédent volet. Don Coscarelli est de retour au scénario et à la mise en scène, mais ce troisième opus marque également celui d’A. Michael Baldwin dans le rôle de Mike, qui avait été provisoirement tenu par James LeGros dans Phantasm II. Quinze ans plus tard, le comédien retrouve donc son personnage créé dans le film original, ce qui apporte déjà une plus-value non négligeable. Phantasm III : Le Seigneur de la Mort s’apparente souvent à un remake des deux premiers, mais en constitue également (et heureusement) un prolongement fort sympathique, d’autant plus, et ce sera le cas pour chaque film de la saga, que l’histoire reprend là où celle du précédent s’était arrêtée.

Revenu de l’au-delà, le Tall Man kidnappe Mike dont il voudrait faire son successeur au terme d’une opération particulièrement douloureuse. C’est sans compter sur la détermination de Reggie d’arracher son ami à son emprise. Il est donc de retour (encore une fois) le célèbre Tall Man et il n’a jamais été aussi déterminé. Pour preuve, l’acteur Angus Scrimm, 68 ans au compteur, n’a jamais eu autant de dialogues que dans Phantasm III : Le Seigneur de la Mort et son célèbre « Booooooooy ! » fonctionne encore parfaitement. Durant le prologue, Don Coscarelli résume intelligemment les deux premiers volets, à travers la voix de Mike. Bien que son corps ait fondu à la fin deuxième film, le Tall Man traverse les dimensions pour se débarrasser de son propre cadavre et reprendre ainsi les affaires en cours. Le point central de ce troisième film est la mutation de Mike, désirée par le Tall Man, qui voit en lui celui qui le remplacera. Alors qu’il prend la fuite, son pote Reggie (Reggie Bannister), armé de son fusil de chasse à quatre canons, tente de le retrouver et traverse des villes désolées sur son chemin, laissées à l’abandon pour le plus grand plaisir des pilleurs.

Fans de westerns, Don Coscarelli pose les bases qui feront la belle réussite du quatrième Phantasm en 1998. Reggie rencontre un petit garçon, fils d’un shérif assassiné, qui a repris la pétoire de son paternel et qui s’en sert avec efficacité contre les zombies qui rôdent dans les parages. Plus tard, leur association sera renforcée par l’arrivée de Rocky, une militaire black spécialisée dans le maniement du nunchaku, très efficace contre les vigiles argentées du boogeyman. C’est alors que ressurgit Jody, le frère de Mick. Phantasm III : Le Seigneur de la Mort reprend donc ce qui a fait le succès des précédents volets, les nains monstrueux au service du Tall Man, le sang jaune et bien entendu les mythiques sphères métalliques perceuses de crânes (d’ailleurs le film s’ouvre sur le reflet du Tall Man dans une de ses créations), ici multipliées par cent. Les effets visuels sont plus modernes et donc plus réussis, le rythme plus maîtrisé, les scènes d’action bien emballées avec toujours ce côté foutraque et système D qui fait le charme de la franchise. L’humour noir crée un décalage bienvenu (l’oeil qui sort de la sphère, un frisbee muni de lames de rasoir, une sphère attrapée au vol avec un débouche chiotte), montrant que tout ceci n’est pas sérieux, tandis que le réalisateur s’amuse (et nous aussi) avec les effets gore (une gorge tranchée, un crâne traversé par une sphère) et l’obsession pour le sexe du personnage de Reggie.

Si le cinéaste répond à quelques questions posées par Phantasm et Phantasm II, cela ne fait qu’en engendrer de nouvelles qui relancent alors la saga. Ce que confirmera Phantasm IV : Aux sources de la Terreur, véritable western métaphysique.

LE BLU-RAY

Phantasm III : Le Seigneur de la Mort est donc disponible en Blu-ray, mais pour l’instant uniquement en coffret intégrale (5 films) édité par ESC Editions. Aujourd’hui, nous ne sommes pas en mesure de dire si ce titre sera édité à l’unité, mais puisque les deux premiers le sont déjà, il n’y a pas de raison d’en douter. Le menu principal est animé sur le célèbre thème du film.

En plus de réunir les cinq films de la saga, ce coffret collector intégrale propose également un DVD Bonus, contenant un documentaire rétrospectif de la franchise « Phantasmagoria » (97’), Phantasmagorical Mystery Tour (14′), des scènes coupées de Phantasm (3′), sans oublier un livre inédit de 152 pages par Marc Toullec sur la genèse et la réalisation de la saga. Ces suppléments seront chroniqués ultérieurement.

Le Blu-ray de Phantasm III : Le Seigneur de la Mort contient également quelques bonus.

On passera sur l’unique scène coupée (12 secondes !) sans intérêt (les personnages principaux sont poursuivis – au ralenti – par le Tall Man), pour se consacrer au petit module de 18 minutes consacré au tournage du film…ainsi que celui de Phantasm IV : Aux sources de la terreur ! Evitez donc de visionner ce documentaire si vous ne connaissez pas encore le quatrième épisode puisque certaines séquences sont révélées ! Quelques propos de Don Coscarelli, Reggie Bannister et A. Michael Baldwin ponctuent les images de tournage, surtout celles nécessitant des effets spéciaux ou bien encore les cascades.

L’interactivité se clôt sur une galerie de photos.

L’Image et le son

Voilà une très belle édition HD au format 1080p (AVC) ! Phantasm III : Le Seigneur de la Mort profite de cette élévation et offre aux fans de la franchise un superbe master qui participe à la redécouverte de cet opus souvent considéré comme étant le plus faible de la saga. Le grain original est respecté et excellemment géré, le piqué est pointu, la propreté indéniable, la stabilité de mise et les couleurs fraîches et saturées. L’image est tellement belle qu’on peut même apercevoir l’équipe de tournage dans le reflet des sphères ! Les contrastes sont à l’avenant, les séquences diurnes sont lumineuses, les détails riches, bref, en dehors d’un sensible fléchissement de la définition sur les scènes en intérieur, c’est vraiment très beau ! Aux oubliettes le DVD TF1 Vidéo sorti en 2000 !

La version originale bénéficie d’un remixage DTS-HD Master Audio 5.1. Au premier abord on pouvait craindre le pire. Il n’en est rien, bien au contraire. Cette option acoustique séduisante permet à la composition enivrante de Fred Myrow d’environner le spectateur pour mieux le plonger dans l’atmosphère du film. Les effets latéraux ajoutés ne tombent jamais dans la gratuité ni dans l’artificialité. De plus, les dialogues ne sont jamais noyés et demeurent solides, la balance frontale assurant de son côté le spectacle acoustique, riche et dynamique, surtout lors du passage des sphères. Les fans de la version française devront se contenter d’une piste mono DTS-HD Master Audio 2.0. Cette version se révèle assez percutante et propre, mais certains dialogues s’avèrent sensiblement grinçants. Les sous-titres ne sont pas imposés sur la version originale. Aucun souffle constaté.

Crédits images : © ESC Editions / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Problemos, réalisé par Eric Judor

PROBLEMOS réalisé par Eric Judor, disponible en DVD le 19 septembre 2017 chez Studiocanal

Acteurs :  Eric Judor, Blanche Gardin, Youssef Hajdi, Célia Rosich, Marie Helmer, Michel Nabokov, Dorothée Pousséo, Claire Chust…

ScénarioNoé Debré, Blanche Gardin

Photographie : Vincent Muller

Musique : Ludovic Bource

Durée : 1h22

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Les vacances terminées, Victor et sa petite amie Jeanne rentrent à Paris. Sur le chemin, ils s’arrêtent pour rendre visite à leur ami Jean-Paul, qui habite dans une communauté de babos dans une prairie et qui proteste contre la construction d’un parc aquatique. Séduits par leur façon de vivre, de résister contre la technologie et la société moderne, ils décident de rester quelques jours avec eux. Un matin, ils découvrent que les CRS, qui encadraient la communauté, ont disparu comme la population extérieure, décimée par une pandémie, faisant d’eux les derniers survivants sur Terre.

Après le douloureux et injuste échec commercial de La Tour 2 contrôle infernale (358.000 entrées), Eric Judor revient déjà devant et derrière la caméra pour notre plus grand plaisir avec Problemos. Burlesque, nonsensique, décalée, cartoonesque, absurde, politiquement incorrecte, cette comédie délirante est aussi et surtout excellemment mise en scène et rythmée. Evidemment, le film sera loin, très loin de faire l’unanimité. Certains gags «  mous  » sont complètement assumés, mais beaucoup y verront des ratés. Toujours est-il que Problemos est très généreux et offre aux spectateurs un moment de détente ultra-décomplexée, doublé d’un beau moment de cinéma. Les répliques ne cessent de rebondir d’un mur à l’autre comme une partie de ping-pong verbal. C’est drôle, c’est même hilarant, élégant et beau à regarder, les seconds rôles sont immenses. Mais au fait, ça parle de quoi Problemos ?

Alors que leurs vacances viennent de se terminer, Jeanne, Victor et leur petite fille retournent à Paris. En chemin, le couple fait une halte pour saluer Jean-Paul, l’ancien prof de yoga de Jeanne, qui vit dans une communauté d’altermondialistes. Depuis longtemps, Jean-Paul et ses amis font tout pour empêcher la construction d’un parc aquatique. Séduits par une communauté qui prône le « vivre autrement », où l’individualisme, la technologie et les distinctions de genre sont abolis, Jeanne et Victor acceptent l’invitation qui leur est faite de rester quelques jours. Lorsqu’un beau matin la barrière de CRS qui leur fait face a disparu, la Communauté pense l’avoir emporté sur le monde moderne. Mais le plaisir est de courte durée : à l’exception de leur campement, la population terrestre a été décimée par une terrible pandémie. Ce qui fait du groupe les derniers survivants du monde. Va t-il falloir se trouver de nouveaux ennemis pour survivre ?

Depuis sa participation aux comédies expérimentales de l’excellent Quentin Dupieux (Steak, Wrong, Wrong Cops), Eric Judor a suivi ce genre quasi-inclassable en créant notamment la série Platane. La Tour 2 contrôle infernale découlait de cette approche humoristique ambitieuse. Sur un scénario coécrit par l’humoriste Blanche Gardin et Noé Debré (Dheepan, La Crème de la crème), Problemos s’inscrit dans la lignée des précédentes comédies d’Eric Judor en situant son récit dans une ZAD, autrement dit une Zone à défendre, librement inspirée du mouvement militant « Nuit debout » qui se tenait Place de la République à Paris. Film survolté qui a des choses à dire et qui les dit sans prendre la tête aux spectateurs, mais en le faisant rire du début à la fin rien qu’avec un type qui porte des chaussettes avec des sandales, Problemos peut se voir comme une vraie relecture de La Ferme des animaux de George Orwell, traitée sous forme de fantaisie.

Les communautés, féministes, hippies écolos, vegans, en prennent pour leur grade puisque Judor montre une société qui se réorganise sur des principes égalitaires, mais dont le naturel revient très vite au galop (ça râle de tous les côtés, l’intérêt personnel passe au premier plan), où les avis et intérêts divergent, où les castes sont vite rétablies, jusqu’au chaos. En raison de l’échec de La Tour 2 contrôle infernale, Eric Judor n’a pu bénéficier d’un budget mirobolant et a même eu beaucoup de mal à financer son film. Pourtant, Problemos bénéficie d’un casting génial et déjanté (Marc Fraize, Bun Hay Mean, Youssef Hadji, Michel Nabokov, Arnaud Henriet, Dorothée Pousséo, Blanche Gardin, Claire Chust, Célia Rosich), les situations sont cocasses et jamais méchantes, sans oublier des dialogues prêts à entrer dans le langage courant de celles et ceux qui sauront accorder 1h20 de leur temps à l’une des comédies de 2017 ! Ni plus ni moins.

LE DVD

En raison de son échec dans les salles, Problemos ne bénéficie pas de sortie en Blu-ray. Une honte. Le test du DVD, disponible chez Studiocanal, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Sortie technique, l’éditeur ne propose aucun supplément, même pas la bande-annonce. Zéro pointé pour Studiocanal qui commence à se désintéresser du support…

L’Image et le son

Point d’édition Blu-ray, mais un beau DVD pour Problemos. Le master est soigné avec des contrastes élégants, à part peut-être durant les séquences sombres où l’image paraît plus douce et moins affûtée, mais cela demeure franchement anecdotique. La clarté demeure frappante, le piqué est vif, les gros plans détaillés et la colorimétrie reste chatoyante, riche et bigarrée.

Outre une piste Audiodescription et des sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, la version Dolby Digital 5.1 parvient sans mal à instaurer un indéniable confort phonique. Les enceintes sont toutes mises en valeur et spatialisent excellemment les effets naturels, la musique et les ambiances, avec même un accompagnement des basses. La piste Stéréo assure également de son côté avec des frontales particulièrement riches.

Crédits images : © Serge Blondeau / Séverine Brigeot / Studiocanal / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / La Sarabande des pantins, réalisé par Jean Negulesco, Henry Hathaway, Howard Hawks, Henry King, Henry Koster

LA SARABANDE DES PANTINS (O. Henry’s Full House) réalisé par Jean Negulesco, Henry Hathaway, Howard Hawks, Henry King, Henry Koster, disponible en DVD et Blu-ray le 26 septembre 2017 chez ESC Editions

Acteurs :  Fred Allen, Anne Baxter, Jeanne Crain, Farley Granger, Charles Laughton, Oscar Levant, Marilyn Monroe, Jean Peters, Gregory Ratoff, Dale Robertson…

ScénarioLamar Trotti, Richard L. Breen, Ivan Goff, Ben Roberts, Walter Bullock

Photographie : Lloyd Ahern Sr., Lucien Ballard, Milton R. Krasner, Joseph MacDonald

Musique : Alfred Newman

Durée : 1h57

Date de sortie initiale : 1952

LE FILM

Film à sketchs inspiré de cinq nouvelles de l’auteur O.Henry, allant du polar au drame.

Imaginez un peu cette affiche ! Fred Allen, Anne Baxter, Jeanne Crain, Farley Granger, Charles Laughton, Oscar Levant, Marilyn Monroe, Jean Peters, Gregory Ratoff, Dale Robertson, David Wayne, Richard Widmark, Richard Garrick, Kathleen Freeman, Philip Tonge, réunis devant les caméras de cinq illustres cinéastes hollywoodiens, Jean Negulesco, Henry Hathaway, Howard Hawks, Henry King et Henry Koster ! Tout ce beau monde réuni par la 20th Century Fox avait répondu présent pour rendre hommage à l’écrivain américain O. Henry (1862-1910), de son vrai nom William Sidney Porter.

Journaliste et auteur d’une multitude de nouvelles humoristiques et dramatiques, O. Henry avait fait sa spécialité de raconter des histoires avec pour personnages principaux des gens de tous les jours, de condition modeste et les laissés-pour-compte. Ayant lui-même bourlingué dans les années 1880, tour à tour employé de banque, pharmacien et petite reporter, O. Henry commence sa carrière de journaliste et chroniqueur pour le Houston Post. Mais avant cela, il est accusé de fraudes par la banque pour laquelle il travaille et écope d’une peine de prison de trois ans. Cette expérience le marquera à vie et l’inspirera pour quelques-unes de ses nouvelles. Libéré en 1901, sa carrière d’écrivain démarre enfin et O. Henry (surnom qu’il reçoit en prison) s’installe à New York avec son épouse. Plus de 400 nouvelles plus tard, la plupart se déroulant dans les quartiers pauvres de la Grosse Pomme, O. Henry devient un auteur populaire et incontournable aux Etats-Unis. Alors qu’il aurait fêté ses 90 ans, le monde du cinéma décide de réunir une pléiade de stars et cinq grands réalisateurs pour un film à sketches très réussi, O. Henry’s Full House, sorti en France sous le titre La Sarabande des pantins.

Chaque partie du film est présentée par l’illustre John Steinbeck en personne, qui à l’instar de Walt Disney qui proposait son émission assis dans son bureau, se place devant sa bibliothèque et sort le volume correspondant à l’histoire qui va nous être racontée. La Sarabande des pantins s’avère très réussi du début à la fin et même si certaines parties peuvent paraître moins inspirées que d’autres, il n’en demeure pas moins que ces cinq courts-métrages reliés par le fil rouge Steinbeck sont de très bonne qualité et merveilleusement interprétés.

Le premier segment réalisé par Henry Koster (Harvey, M. Hobbs prend des vacances, La Tunique), Le Policier et le MotetThe Cop and the Anthem, est porté par l’immense Charles Laughton. Il incarne ici Soapy, un clochard de New York qui va tout entreprendre pour se faire emprisonner afin de se mettre à l’abri d’un froid hiver, mais aussi du vent et des coups de matraque, le tout aux frais de la princesse. Il accoste ainsi une femme dans la rue en espérant qu’elle appellera la police mais il s’agit d’une prostituée. Cette dernière est interprétée par Marilyn Monroe en personne, qui fait une savoureuse apparition de deux minutes. Soapy ne se laisse pas abattre et s’avère prêt à tout pour se faire emprisonner. Le ton est évidemment comique et Charles Laughton livre une grande et hilarante prestation.

Le second sketch, L’Appel du claironThe Clarion Call, est mis en scène par l’immense Henry Hathaway (Niagara, Le Plus grand cirque du monde) et le ton est ici dramatique et tire sur le polar. Le policier Barney (Dale Robertson) doit de l’argent à un mauvais garçon, Johnny (Richard Widmark), qui avait épongé une de ses dettes au poker, et se trouve plus qu’embarrassé pour dénoncer un crime commis par celui-ci puisqu’il s’agit d’un ami d’enfance. Ce récit vaut essentiellement pour la performance de Richard Widmark, exceptionnel dans la peau d’une petite frappe au rire sardonique. Monstre de charisme, galurin sur la tête et capable de fusiller son adversaire d’un simple regard, le comédien est une fois de plus fascinant.

On passe ensuite au segment mélodramatique du film avec La Dernière FeuilleThe Last Leaf, réalisé par Jean Negulesco (Comment épouser un millionnaire, Papa longues jambes). Toujours à New York, Greenwich Village, Joanna (Anne Baxter) tombe malade en raison du froid et sa sœur Susan (Jean Peters) prend soin d’elle. Le voisin et peintre Behrman (Gregory Ratoff) vient apporter son aide en vendant une de ses toiles. La chute ou non de la dernière feuille d’un arbre que Joanna aperçoit de sa fenêtre sera un présage pour sa guérison. Si cette partie est sans doute la plus classique sur la forme et le final largement prévisible, les beaux sentiments qui animent ce court métrage, ainsi que la beauté de la photo, des décors et le jeu très émouvant des comédiens emportent facilement l’adhésion.

Après les larmes, voici la partie la plus burlesque de La Sarabande des pantins avec La Rançon du chef rougeRandsom of Red Chief, réalisé par l’immense Howard Hawks ! Direction l’Alabama ! Sam (Fred Allen) et Bill (Oscar Levant), deux escrocs recherchés pour détournement de fonds, enlèvent un petit garçon pour demander une rançon à ses parents. Mais celui-ci se révèle être bien plus malin qu’eux et les deux compères se retrouvent pris à leur propre piège. Avec sa mise en scène dynamique, ses gags visuels et verbaux, son rythme trépident et son petit garnement qui n’est pas sans rappeler Denis la Malice, Howard Hawks signe un vrai bijou, réalisé entre Chérie, je me sens rajeunir et Les Hommes préfèrent les blondes. En 1959, Henri Verneuil adaptera à son tour la même nouvelle d’O. Henry pour Le Grand chef, avec Fernandel.

La Sarabande des pantins se clôt sur un superbe segment, Le Cadeau des rois magesThe Gift of the Magi, réalisé cette fois par Henry King (Le Cygne noir, La Cible humaine). Retour dans un quartier modeste de New York. Della (Jeanne Crain) et Jim (Farley Granger) sont très amoureux l’un de l’autre et n’ont pas sou qui vaille. Néanmoins, pour prouver son inconditionnel amour, chacun est prêt à tous les sacrifices. Porté par le talent, la beauté et la sensualité de Jeanne Crain, Le Cadeau des rois mages est un conte typique de Noël, très efficace et surtout très émouvant.

Toutes ces histoires élégantes et très plaisantes ont bien vieilli et le charme opère toujours autant. La Sarabande des pantins est le film parfait pour les soirées d’hiver qui approchent à grands pas.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de La Sarabande des pantins, disponible chez ESC Editions, a été réalisé à partir d’un check-disc. L’éditeur a misé sur un visuel uniquement centré sur Marilyn Monroe alors qu’elle n’apparaît que deux minutes sur un film de près de deux heures…Le menu principal est animé et musical.

Cela devient récurrent chez l’éditeur, mais c’est un rendez-vous que l’on apprécie. ESC Editions joint une présentation et une analyse du film qui nous intéresse par Mathieu Macheret, critique cinéma pour Le Monde (17’). Très inspiré, ce dernier détaille chaque partie du film à sketches, présente à la fois les réalisateurs et les comédiens, les thèmes explorés, tout en donnant quelques indications sur la carrière et les écrits de O. Henry.

L’interactivité se clôt sur une vidéo comparative avant/après la restauration (4’).

L’Image et le son

Une question : où est passé le grain original, visible dans le second supplément ? Cette belle patine argentique a subi un sacré lissage pour l’arrivée de La Sarabande des pantins dans les bacs. Les puristes risquent de faire la grimace avec raison. Bon, sinon la copie présentée vaut quand même le déplacement et l’apport HD est omniprésent. Disponible pour la première fois en France, en DVD et en Blu-ray, ce film à sketches dispose d’un master solidement restauré, présenté au format respecté 1.37 et on ne peut plus flatteur pour les mirettes. Tout d’abord, le travail des quatre chefs opérateurs (Joseph MacDonald ayant opéré sur deux segments) s’accorde parfaitement dans un superbe N&B qui trouve une densité inespérée dès l’ouverture. La restauration est indéniable, aucune poussière ou scorie n’a survécu au scalpel numérique, l’image est d’une stabilité à toutes épreuves. Les contrastes sont fabuleux et le piqué n’a jamais été aussi tranchant. Le cadre fourmille de détails, les fondus enchaînés n’entraînent pas de décrochages et ce master participe à la redécouverte de ce film collectif.

L’éditeur nous propose uniquement la version originale (aux sous-titres français non imposés) de La Sarabande des pantins, disponible en DTS HD Master Audio 2.0. Dynamique, clair, homogène et naturel, très propre et sans souffle, ce mixage installe un confort acoustique très plaisant.

Crédits images : © Fox / ESC Editions / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Podium, réalisé par Yann Moix

PODIUM réalisé par Yann Moix, disponible en Blu-ray le 5 septembre 2017 chez Studiocanal

Acteurs :  Benoît Poelvoorde, Jean-Paul Rouve, Julie Depardieu, Marie Guillard, Anne Marivin, Odile Vuillemin, Mia Frye…

ScénarioYann Moix, Olivier Dazat, Arthur-Emmanuel Pierre d’après le roman Podium de Yann Moix

Photographie : Benoît Delhomme

Musique : Jean-Claude Petit

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 2004

LE FILM

Nom : Bernard Frédéric. Profession : Claude François, chanteur à succès des années 70. Oui son métier, c’est d’être Claude François à la place de lui ; le meilleur de sa génération ; Il est son sosie chantant et dansant avec quatre choristes.
Son ambition, au grand dam de sa femme Véro, est de gagner le concours de la Nuit des sosies, diffusée en prime time sur une grande chaîne. Pris entre son désir de gloire et l’amour réel pour sa femme, tenaillé entre son chanteur idole et Véro, il lui faudra choisir.

Film événement avec près de 3,6 millions d’entrées en 2004 et troisième plus grand succès hexagonal cette année-là derrière Les Choristes et Un long dimanche de fiançailles, Podium est rapidement devenu un film culte. Révélé en 1992 dans C’est arrivé près de chez vous de Rémy Belvaux et André Bonzel, Benoît Poelvoorde passe ensuite par la télévision pour les deux shows Jamais, au grand jamais et Les Carnets de Monsieur Manatane, avant de retourner au cinéma. Après le succès des Randonneurs de Philippe Harel en 1997, il devient très vite convoité par les réalisateurs. Le comédien enchaîne alors Les Convoyeurs attendent de Benoît Mariage, Les Portes de la gloire de Christian Merret-Palmair, Le Vélo de Ghislain Lambert – à nouveau – de Philippe Harel. La donne change avec Le Boulet d’Alain Berberian, blockbuster à la française qui attire plus de 3 millions de spectateurs. Arrive enfin Podium, qui consacre définitivement Benoît Poelvoorde avec sa première nomination pour le César du meilleur acteur et l’obtention du Prix Jean Gabin en 2005.

En misant sur Benoît Poelvoorde pour interpréter le rôle principal de son premier long métrage en tant que réalisateur, Yann Moix, qui adapte ici son roman éponyme (2002, Editions Grasset) sélectionné pour le prix Goncourt, ne s’est pas trompé. D’ailleurs, le roman et le scénario ont été écrits spécialement pour lui. Benoît Poelvoorde est Bernard Frédéric et a pour métier Claude François… et accessoirement, banquier. Devenir le sosie de Claude François est son rêve. Après avoir raccroché pendant plusieurs années, fondé une famille et trouvé un emploi stable, il est contacté par Couscous, alias Michel PolnarG, l’étonnant sosie de Michel Polnareff afin de gagner le concours de la « Nuit des sosies » présentée par Évelyne Thomas au grand dam de sa femme Véro. Pour ce faire, il engage quatre Bernadettes, comme Claude François avait ses Claudettes.

Même si le ton a été quelque peu adouci par rapport au roman, Yann Moix a réussi à préserver l’ironie et le mordant de son livre pour sa transposition à l’écran. Alors que la téléréalité avec sa course à la célébrité battait son plein depuis l’émergence de Loft Story en France, Podium se penche sur les artistes locaux qui tentent d’exister en calquant leur existence sur celle de leurs idoles. Pour Bernard Frédéric, Claude François est bien plus qu’un modèle, c’est un mode de vie à part entière. Il respire, il vit et même il est Claude François. Déjà très investi, Benoît Poelvoorde crève l’écran dans la peau du pourtant enfoiré Bernard Frédéric, au point de chanter lui-même tous les tubes entendus dans le film. En plus de ses références avouées (Claude Zidi, Max Pecas, Bertrand Blier, François Truffaut, les films avec Louis de Funès), Yann Moix joue avec l’esthétique bariolée des années 1970 (y compris dans les décors et les costumes très réussis), s’en amuse plus qu’il s’en moque, à travers un personnage qui trouve finalement refuge dans le corps et la personnalité d’un autre. Odieux, vulgaire, égocentrique, tyrannique, misogyne, Bernard Frédéric a tout pour être repoussant, pourtant Benoît Poelvoorde en fait un monstre avant tout humain, mal dans sa peau et qui dissimule ses failles, ses fêlures et son mal-être. Jusqu’à la séquence finale où le comédien donne des frissons en interprétant Ma préférence de Julien Clerc face caméra dans l’espoir de reconquérir sa femme.

Podium est également un véritable hommage à Claude François. On peut d’ailleurs le préférer au biopic Cloclo de Florent Emilio-Siri qui montrait également un artiste colérique et perfectionniste, mais dont la mise en scène pesante et prétentieuse pouvait facilement ennuyer. Véritable comédie populaire, Podium enchaîne les scènes et les répliques cultes (« Toi, là-bas avec le calamar sur la tête… ») comme des perles sur un collier avec des comédiens déchaînés (Jean-Paul Rouve en sosie de Polnareff, Julie Depardieu pétillante) et un rythme enlevé qui reste toujours aussi efficace. Yann Moix reviendra derrière la caméra pour Cinéman, immense nanar absolu, mais c’est une autre histoire.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Podium, disponible chez Studiocanal, a été réalisé à partir d’un check-disc. Sortie technique, le menu principal de cette édition HD est fixe et muet.

Nous nous trouvons en présence de l’arnaque de l’année. Non pas que le master Haute-Définition soit infect, c’est même tout le contraire, mais tout simplement parce que l’éditeur a purement et simplement viré TOUS les suppléments que l’on trouvait sur les différentes éditions DVD du film !

Exit le très beau menu animé et musical, le chapitrage, la version longue (+ 26 minutes), le très bon commentaire audio de Yann Moix présent sur les deux montages, le pré-film annonce, la bande-annonce, le bêtisier, la galerie d’affiches et de photos, le making of de 70 minutes, le duo original Claude François/Petula Clark, bref tout a ici disparu. Zéro pointé !

Heureusement, Studiocanal se rattrape avec ce superbe master HD (1080p) qui restitue habilement les volontés artistiques du chef opérateur Benoît Delhomme (Des hommes sans loi, Mortel transfert). La patine argentique est élégante, les couleurs chaudes et clinquantes, les contrastes léchés et le relief constamment palpable. Ces partis pris esthétiques bigarrés sont savamment pris en charge par une compression sans failles, la définition demeure exemplaire sur tous les plans et tout du long, sur les scènes sombres comme sur les lumineuses séquences diurnes. Les détails sont légion sur le cadre large, le piqué aiguisé et la copie éclatante.

Podium vous donne l’occasion de transformer votre installation sonore en véritable jukebox-Claude François grâce à un mixage DTS-HD Master Audio 5.1 explosif. La balance frontale est riche et exemplaire, les dialogues solidement plantés sur la centrale et les latérales ne cessent d’exsuder leurs effets et ambiances dévastateurs, notamment sur toutes les séquences de représentations. Point de DTS-HD Master Audio 2.0, ni même de piste Audiodescription et encore moins de sous-titres destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Mars Distribution / Studiocanal / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / On s’est fait doubler !, réalisé par Nicolas Ramade

ON S’EST FAIT DOUBLER ! réalisé par Nicolas Ramade

Acteurs :  Sylvain Urban, Laure Maloisel, Aude Lanciaux, Jean-David Stepler, Xavier Ameller, Frédéric Zolfanelli, Marcus, Jean-Michel Fouque, Aurore Sellier, Jules Dousset, Otis Ngoi, Emmanuel Bonami, Jean-Gilles Barbier et les voix de Maik Darah, Patrick Poivey, Richard Darbois, Jean-Pierre Moulin, Brigitte Lecordier, Pierre Hatet, Virginie Ledieu, Thieryr Desroses, Odile Schmitt, Bernard Tiphaine, Daniel Beretta, Céline Montsarrat, Patrick Béthune, Christophe Lemoine, Benoît Allemane, Georges Caudron

Scénario :  Nicolas Ramade

Photographie : Sophie Ardisson

Musique : Julien Pichard

Durée : 0h24

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Un jour, Marc et Léa, deux amis, se mettent à parler avec des voix très différentes. Marc se retrouve avec la voix de Bruce Willis, Léa avec celle de Whoopi Goldberg. Convaincus de ne pas être les seules personnes touchées par ce phénomène, ils décident de partir à la recherche de leurs semblables. Cette enquête les amènera à rencontrer les gens les plus étranges qu’ils aient jamais vus !

« Tiens, mais je la connais cette voix-là ! », « Ah t’as reconnu c’est la voix de… », « J’adore cette voix ! », « Bah zut alors, c’est pas sa voix habituelle ! », « J’ai été bercé avec cette voix toute mon enfance ! », « Je ne pourrais jamais regarder ce film autrement qu’en version française ». Qui n’a jamais prononcé ces mots ? On a tous en chacun de nous un programme télévisé, un film, une série qui nous accompagne depuis toujours et plus particulièrement une voix française, à moins d’être bilingue ou d’avoir été forcé de visionner un film en version originale ! On s’est fait doubler !, écrit et réalisé par Nicolas Ramade est un essai doublé d’un hommage à celles et ceux qui ont contribué à nous forger notre imaginaire, les comédiens spécialisés dans le doublage.

En 24 minutes et en partant d’un postulat simple, mais malin, Nicolas Ramade convoque seize de nos plus grands comédiens dont les voix font partie de notre culture cinématographique. Des timbres reconnaissables entre mille qui nous ont fait rire, peur, pleurer, qui ont contribué à nous faire aimer le cinéma. Avec le concours d’acteurs présents à l’image, Sylvain Urban, Laure Maloisel, Aude Lanciaux, Jean-David Stepler, Xavier Ameller, Frédéric Zolfanelli, Marcus, Jean-Michel Fouque, Aurore Sellier, Jules Dousset, Otis Ngoi, Emmanuel Bonami et Jean-Gilles Barbier, les voix mythiques s’invitent et s’incrustent, s’échappent et s’affolent dans une fantaisie où les références TV et ciné s’enchaînent. Parallèlement, un jeu s’instaure avec les spectateurs qui s’amusent à celui qui reconnaîtra la voix en premier. C’est une citation, une reconstitution ou tout simplement une intonation qui renvoie systématiquement et presque inconsciemment à la culture populaire et qui fait battre le coeur en même temps qu’elle renvoie à un souvenir personnel.

Nicolas Ramade a pu bénéficier du soutien et de la participation des grands noms qui ont fait l’âge d’or du doublage dans les années 1980-1990 :

Patrick Poivey : voix de Bruce Willis, Tom Cruise, Don Johnson, Mickey Rourke, Jeff Daniels…


Maik Darah : voix de Whoopi Goldberg Courteney Cox (dans Friends), Queen Latifah, Angela Bassett, Madonna, Pam Grier…


Richard Darbois : voix d’Harrison Ford, du génie dans Aladdin et de Buzz l’Eclair dans Toy Story, Danny Glover, Richard Gere, Dan Aykroyd, Jeff Goldblum, William Hurt, Patrick Swayze, Sylvester Stallone, Liam Neeson, Arnold Schwarzenegger, Bill Murray…

Bernard Tiphaine : voix de Christopher Walken, Chuck Norris, Donald Sutherland, James Caan, Jeremy Irons, Warren Beatty, Harvey Keitel…

Brigitte Lecordier : voix de San Goku enfant dans Dragon Ball

Patrick Bethune : voix de Russell Crowe, Brendan Gleeson, Kiefer Sutherland…

Virginie Ledieu : voix de Meg Ryan et la princesse Saori dans Les Chevaliers du Zodiaque

Daniel Beretta : voix d’Arnold Schwarzenegger

Christophe Lemoine : voix de Jack Black, Cartman dans South Park et de Sean Astin dans la trilogie Le Seigneur des Anneaux

Céline Monsarrat : voix de Julia Roberts, Courteney Cox (tétralogie Scream) et de Bulma dans Dragon Ball

Jean-Pierre Moulin : Voix de Jack Nicholson et d’Anthony Hopkins…

Thierry Desroses : voix de Samuel L. Jackson, Wesley Snipes, Cuba Gooding Jr…

Benoît Allemane : voix de Morgan Freeman…

Pierre Hatet : voix de Christopher Lloyd…

George Caudron : voix de David Duchovny, John Hannah…

Odile Schmitt : voix d’Eva Longoria et de Tao dans Les Mystérieuses Cités d’Or

Tous ces immenses comédiens ont donc répondu présents et de façon bénévole pour le film de Nicolas Ramade, qui a également profité du soutien d’une campagne de crowdfunding. On s’est fait doubler ! certes, mais aucunement blouser par ce court-métrage qui propose une formidable récréation en compagnie de comédiens déjantés et déchaînés à l’écran, ainsi que des voix légendaires qui font partie de notre quotidien.

LE DVD

Le DVD d’On s’est fait doubler ! repose dans un boîtier Slim au visuel soigné et attractif, qui met en avant à la fois le casting vocal et les noms des deux interprètes principaux. Le menu principal est fixe et muet.

Le film s’accompagne de quelques suppléments à ne pas manquer.

On commence par l’interview du casting vocal (24’). A tour de rôle, les comédiens reviennent sur leurs débuts dans le doublage, comme Richard Darbois à 11 ans pour La Mélodie du bonheur, Virginie Ledieu pour le personnage de Falbala sur Astérix et la Surprise de César, Jean-Pierre Moulin pour Jack Nicholson sur Vol au-dessus d’un nid de coucou. Certains indiquent quel film ou quel acteur ils ont préféré doubler (ou qu’ils auraient aimé doubler) et se souviennent avec émotion de leur rencontre avec celle ou celui qu’ils « accompagnent » de film en film.

Le making of du doublage (9’) permet de plus apprécier le travail de ces monstres à la barre, durant leur représentation.

Un petit module de 5’30 présente également l’envers du décor avec quelques répétitions des acteurs avec le réalisateur Nicolas Ramade. Nous trouvons également quelques images de tournage et des scènes ratées comme un petit bêtisier.

L’Image et le son

Voilà un beau petit master aux couleurs lumineuses, au piqué incisif et aux contrastes soignés. La copie est évidemment très propre, le cadre soigné et cette copie nous permet même d’apprécier la photo riche et élégante de Sophie Ardisson.

Même chose avec le mixage Dolby Digital 5.1 qui installe une vraie petite spatialisation avec des effets naturels sur les latérales (dans le café, dans les bureaux), des voix solidement plantées sur la centrale (ou sur les arrières avec les voix de Benoît Allemane et Pierre Hatet) et des ambiances annexes sur les frontales. Même le caisson de basses fait parler de lui à quelques reprises, tandis que la musique originale de Julien Pichard est systématiquement délivrée par l’ensemble des enceintes.

Et pour celles et ceux qui souhaiteraient découvrir On s’est fait doubler !, le court-métrage de Nicolas Ramade est disponible sur Youtube https://www.youtube.com/watch?v=cYeVRbX2hhM&feature=youtu.be

Crédits images : © TRANSKOM 2017/ Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / L’Arme fatale – Saison 1

L’ARME FATALE (Lethal Weapon) – Saison 1, disponible en DVD et Blu-ray le 27 septembre 2017 chez Warner Bros.

Acteurs :  Damon Wayans, Clayne Crawford, Keesha Sharp, Kevin Rahm, Michelle Mitchenor, Johnathan Fernandez, Jordana Brewster…

Histoire originale :  Matthew Miller, créateur de la série d’après le scénario de Shane Black pour le film L’Arme fatale (1987)

Durée : 18 épisodes de 42 minutes

Date de sortie initiale : 2016

LA SÉRIE

Veuf depuis la mort tragique de son épouse enceinte, Martin Riggs, flic texan et ancien de la Marine, prend un nouveau départ à Los Angeles. Il devient le co-équipier du détective Roger Murtaugh, lequel a récemment subi une crise cardiaque « bénigne » et doit à tout prix éviter les situations de stress. Un duo de choc qui risque de faire des étincelles. Entre l’un prudent et l’autre trop imprévisible, l’association provoque quelques étincelles…

Franchement, on ne misait pas un kopeck sur cette série qui se permettait de se servir allègrement dans le patrimoine cinématographique, autrement dit de reprendre le titre, le postulat de départ et bien sûr les personnages cultes – créés par Shane Black – de la tétralogie L’Arme fatale de Richard Donner. Quatre buddy-movies sortis en 1987, 1989, 1992 et 1998, qui ont rapporté au total près d’un milliard de dollars dans le monde et attiré 11,5 millions de spectateurs dans les salles françaises. Pari risqué pour le producteur et créateur Matt Miller, showrunner de la série Chuck, mais pari finalement remporté haut la main puisque cette première saison de L’Arme fatale s’avère un divertissement très enthousiasmant, un cocktail explosif d’action dramatique pimenté d’humour et mené à cent à l’heure, qui revisite la mythique saga cinématographique, tout en la respectant et en lui rendant hommage.

Affecté par une perte tragique, l’ex-Navy Seal Martin Riggs déménage en Californie pour tout recommencer à zéro. Il est associé à Roger Murtaugh, agent du LAPD de retour à son poste après une crise cardiaque qui a failli lui coûter la vie. L’addiction à l’adrénaline de Riggs clashe immédiatement avec l’approche pondérée de Murtaugh, mais dès les premières courses-poursuites, déflagrations, explosions et fusillades invraisemblables mais jubilatoires qui s’enchaînent sans temps mort, chacun des coéquipiers apprend à considérer l’autre à sa juste mesure et surtout, à identifier les valeurs qu’ils partagent. Si seulement Riggs n’était pas aussi tête brûlée ! Le pilote (ainsi que le second épisode) réalisé par le très efficace McG (également producteur exécutif) donne le ton. Les personnages que l’on connaît sont là, certes interprétés par de nouvelles têtes, mais le plaisir d’entendre les noms de Roger Murtaugh et Martin Riggs est indéniable. Riggs et Murtaugh se rencontrent, s’apprivoisent, se cherchent, puis se découvrent enfin. Leur amitié naîtra au fil des épisodes. Tandis que Murtaugh retrouve son boulot après un triple pontage réalisé après un infarctus survenu à l’âge de 50 ans (alors que sa femme venait de mettre au monde leur troisième enfant), Riggs, texan devenu dépressif, alcoolique et suicidaire après la mort de sa femme qui allait accoucher, débarque à Los Angeles suite à une mutation. Il vit dans une caravane installée au bord du Pacifique, mais passe son temps à fixer son flingue. Sa rencontre avec Murtaugh et la famille de ce dernier, l’aidera progressivement à se sortir la tête de l’eau, même si les conditions de la disparition de son épouse demeurent étranges. Il se pourrait bien qu’elle ait été en fait assassiné.

La série L’Arme fatale repose non seulement sur de très bons scénarios qui montrent Los Angeles sous certains angles originaux, mais aussi et surtout sur un excellent casting. C’est surtout le comédien Clayne Crawford, vu dans les séries Jericho, 24 heures chrono et Rectify qui se taille la part du lion en reprenant le rôle de Mel Gibson. Si cela n’était pas une mince affaire et qu’il s’exposait à d’inévitables comparaisons, Clayne Crawford crève littéralement l’écran dans la peau de Martin Riggs. Véritable révélation, capable de faire passer le spectateur du rire aux larmes en un instant, il est assurément LA raison d’être de la série L’Arme fatale et créé son propre personnage, sans jamais chercher à singer son prédécesseur. A ses côtés, Damon Wayans (Ma famille d’abord) s’acquitte également très bien de son rôle, même s’il s’éloigne plus du personnage créé par Danny Glover que son partenaire. L’alchimie est évidente dès le départ, la complicité est de mise comme pour leurs illustres aînés.

Ils sont également bien entourés par Kevin Rahm (Desperate Housewives, Mad Men), Jordana Brewster (la franchise Fast & Furious) dans le rôle de la psy chargée d’évaluer Riggs au fil des épisodes, Keesha Sharp (Girlfriends), Hilarie Burton (Les Frères Scott) et bien d’autres acteurs tout aussi bons qui gravitent autour du noyau central formé par Wayans/Crawford. Au milieu de ces arrestations musclées, de ces trafics de drogue, de prostitution, d’argent, l’émotion n’est pas oubliée et le fil conducteur de ces épisodes bien filmés et à la photo séduisante, le deuil impossible de Riggs pour celle qu’il aimait, ne laisse pas indifférent.

C’est là toute la réussite de cette première saison attachante de L’Arme fatale, qui parvient non seulement à se démarquer du modèle original, mais aussi à proposer une continuité qui s’impose dès l’épisode pilote, adoubé par Shane Black qui a également participé au scénario. Après de très hautes audiences aux Etats-Unis avec entre 6 et 7 millions de téléspectateurs par épisode, la série a été reconduite pour une seconde saison qui a débuté fin septembre 2017.

L’EDITION DVD

La première saison de L’Arme fatale en DVD, disponible chez Warner Bros., se compose de 18 épisodes répartis sur quatre disques placés dans un boîtier classique, glissé dans un surétui cartonné. La liste des épisodes apparaît au verso, tout comme celle des suppléments. Le menu principal est identique sur les quatre DVD, fixe et musical, qui reprend le visuel de la jaquette.

L’épisode pilote est présenté en version longue non censurée. Accrochez-vous bien, ce montage dure exactement 55 secondes de plus par rapport à la version diffusée à la télévision (également disponible sur ce DVD). Les coupes interviennent uniquement au niveau du langage « fleuri » des personnages.

Même chose en ce qui concerne les scènes coupées (26’) dispersées sur les quatre disques, pour les épisodes 1,3,5,8,10,11,15,16,17,18. Hormis une séquence où Riggs regarde son révolver avec envie dans l’épisode pilote et quelques intrigues très secondaires (le capitaine qui souhaite adopter un enfant avec son compagnon) ou quelques flashbacks (Riggs qui demande la main de sa fille à son capitaine), l’ensemble s’avère bien trop anecdotique et reflète simplement les coupes effectuées au montage pour accélérer le rythme.

Le dernier DVD propose un petit module sympathique de 15 minutes, durant lequel le comédien Jonathan Fernandez, qui interprète Scorsese, le médecin légiste dans la série, s’entretient avec les deux producteurs exécutifs Jennifer Gwartz et Matt Miller. Après le succès de la première saison à travers le monde, les deux showrunners visiblement satisfaits du résultat, reviennent sur la genèse du projet et le challenge de s’approprier le mythe de ces quatre films adorés par tous les spectateurs. Comment respecter l’esprit des films originaux ? Comment s’est déroulé le casting ? Comment trouver le binôme et parier sur l’alchimie des deux comédiens principaux ? Les deux producteurs répondent à ces questions, parfois illustrées par des images de tournage, tout en dévoilant quelques références à la saga de Richard Donner, qui auraient pu échapper aux téléspectateurs, comme l’apparition de la maison originale des Murtaugh.

L’interactivité se clôt sur un bêtisier.

L’Image et le son

Voilà un bon service après-vente proposé par Warner. L’éditeur prend soin de la première saison de L’Arme fatale en livrant des épisodes au transfert solide. Les volontés artistiques originales sont respectées, les teintes sont chaudes, ambrées et parfois dorées, le tout soutenu par un encodage de haute volée. Le piqué, tout comme les contrastes, sont tranchants, les arrière-plans sont bien détaillés (et le sont sûrement encore plus en Haute-Définition), le relief est souvent présent et les détails foisonnent. Hormis quelques légers fléchissements sur les scènes sombres, cette édition DVD en met souvent plein la vue.

Bon…les réfractaires à la version originale devront se contenter d’une simple piste française Dolby Digital 2.0 Stéréo. Dynamique et claire, au doublage soigné, il ne faut pas en demander plus. Privilégiez évidemment la version anglaise Dolby Digital 5.1 à la spatialisation confortable et vive, avec des dialogues saisissants sur la centrale, des effets percutants sur les latérales et des frontales en pleine forme. Le caisson de basses se fait plaisir lors des scènes d’action, de poursuites et de gunfights. Ce n’est certes pas de la HD, mais c’est déjà ça de pris.

Crédits images : © Warner Bros. Entertainment Inc. / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Sais-tu ce que Staline faisait aux femmes ?, réalisé par Maurizio Liverani

SAIS-TU CE QUE STALINE FAISAIT AUX FEMMES ? (Sai cosa faceva Stalin alle donne ?) réalisé par Maurizio Liverani, disponible en DVD le 12 septembre 2017 chez ESC Editions

Acteurs :  Helmut Berger, Margaret Lee, Silvia Monti, Benedetto Benedetti, Solveyg D’Assunta, Piero Vida…

Scénario :  Maurizio Liverani, Benedetto Benedetti

Photographie : Marcello Gatti

Musique : Roberto Perpignani

Durée : 1h25

Date de sortie initiale : 1969

LE FILM

A la fin de la dernière guerre, deux jeunes intellectuels communistes partisans, Aldo et Benedetto, arrivent à Rome où ils vont vivre sous la protection d’un important homme politique de gauche. Benedetto, contrairement à Aldo qui s’est engagé politiquement avec sagacité, a choisi le communisme uniquement pour des raisons externes et par snobisme. Persuadé de ressembler à Staline et fasciné par la personnalité du dictateur, Benedetto pousse son admiration jusqu’à en imiter le comportement, les gestes et l’habillement. Lorsque le mythe de Staline s’effondre, Benedetto se trouvera dans une situation de conflit intérieur.

Etrange film que ce Sais-tu ce que Staline faisait aux femmes ?Sai cosa faceva Stalin alle donne ? (1969), premier des deux seuls longs-métrages réalisés par Maurizio Liverani. Totalement inclassable, nawak, fourre-tout, prétentieux et attachant, inracontable, long, bavard, épuisant, une chose est certaine, c’est que cette comédie qui n’en est pas une, mais qui est considérée ainsi, ne laisse pas indifférent. Né en 1928, Maurizio Liverani est journaliste, réalisateur et écrivain, neveu d’Augusto Liverani, ministre des communications de la République de Salò, autrement dit la République sociale italienne dirigée par Benito Mussolini. A l’âge de 16 ans, Maurizio Liverani adhère au Parti Communiste Italien et s’engage dans la Résistance aux côtés du Corpo volontari della libertà durant la Seconde Guerre mondiale. En 1952, il devient journaliste au Paese Sera et se voit confier la page des spectacles, puis des événements culturels. Cela le mène à la critique de cinéma, puis Maurizio Liverani décide d’écrire et de réaliser son premier film, Sais-tu ce que Staline faisait aux femmes ?, inspiré de ses propres souvenirs.

Comme des réminiscences, le récit semble fractionné et les séquences montées sans souci dramaturgique, tandis que certaines images d’archives s’incrustent pour situer le récit dans le temps. Satire sur le conformisme des intellectuels communistes romains, le film vaut essentiellement aujourd’hui pour son aspect expérimental (La Chinoise de Jean-Luc Godard a visiblement inspiré le réalisateur), son portrait de jeunes idéalistes fous ou hédonistes, ainsi que son casting hétéroclite. Ce quasi-opéra comique contre le communisme, animé par une indiscutable mais aussi harassante énergie, qui veut surtout ridiculiser le dogmatisme des militants, est « interprété » par Helmut Berger, au tout début de sa carrière et juste avant d’être dirigé par Luchino Visconti dans Les Damnés, ainsi que par les bombes Margaret Lee (Casanova ’70, Le Tigre se parfume à la dynamite, Les Insatisfaites poupées érotiques du docteur Hitchcock) et Silvia Monti (la Sofia qui prenait une douche sensuelle dans Le Cerveau de Gérard Oury).

Etrange également de retrouver le maestro Ennio Morricone dans ce joyeux bordel sans queue ni tête. Son excellente partition dirigée par Bruno Nicolai apporte un plus non négligeable à cette mixture confuse. Le film n’est pas le succès espéré à sa sortie, le public étant quelque peu décontenancé par l’aspect puzzle-foutraque qu’on lui propose. Maurizio Liverani ne reviendra derrière la caméra qu’en 1975 pour Il Solco di pesca, comédie coquine sans prétention. Depuis, sa carrière se résume à ses activités de journaliste et de réalisateur de documentaires. Pas certain que Sais-tu ce que Staline faisait aux femmes ? attirera les cinéphiles contemporains, en dehors des plus déviants et des plus curieux qui tomberaient dessus par hasard, même si ces derniers risquent de perdre patience rapidement devant cet objet filmique incompréhensible.

LE DVD

Le DVD de Sais-tu ce que Staline faisait aux femmes ? est disponible chez ESC Editions, dans la collection intitulée Edizione Maestro, consacrée aux grands maîtres du cinéma italien, dont certains films inédits sont même proposés en Haute-Définition ! Le visuel de la jaquette fait penser à un film de la Nazisploitation, ce qui n’est évidemment pas le cas. Le verso montre tous les titres déjà disponibles dans cette superbe collection ! Le menu principal est fixe et muet. Aucun chapitrage. Le boîtier est glissé dans un surétui cartonné.

Cette collection, désormais entièrement chroniquée dans nos colonnes, a été éditée dans les bacs en trois vagues. La première en mars 2017 avec Le Prophète de Dino Risi (Blu-ray et DVD), Brancaleone s’en va-t-aux Croisades de Mario Monicelli (Blu-ray et DVD), Moi, moi, moi… et les autres d’Alessandro Blasetti (DVD) et Bluff – Histoire d’escroqueries et d’impostures de Sergio Corbucci (DVD). La seconde vague au mois de juin avec Les nuits facétieuses d’Armando Crispino et Luciano Lucignani (Blu-ray et DVD), Le Canard à l’orange de Luciano Salce (Blu-ray et DVD), Les russes ne boiront pas de Coca Cola de Luigi Comencini (DVD) et Histoire d’aimer de Marcello Fondato (DVD). La dernière en septembre avec Il Gaucho de Dino Risi (Blu-ray et DVD), Belfagor le magnifique d’Ettore Scola (DVD), Sais-tu ce que Staline faisait aux femmes ? de Maurizio Liverani (DVD) et Tant qu’il y a de la guerre, il y a de l’espoir d’Alberto Sordi (DVD).

Pour ce dernier tour de piste, du moins en ce qui concerne cette collection, Stéphane Roux rame quelque peu pour présenter Sais-tu ce que Staline faisait aux femmes ? (9’). L’historien indique rapidement qui est le réalisateur Maurizio Liverani en mentionnant son parcours, et se focalise après sur le casting, en particulier Helmut Berger, ainsi que sur la musique d’Ennio Morricone. Cette introduction est souvent entrecoupée d’extraits du film et nous n’en tirons finalement pas grand-chose.

L’interactivité se clôt sur une succession de bandes-annonces des douze films que comptera la collection Edizione Maestro.

L’Image et le son

Nous ne dirons pas que l’éditeur clôt cette collection en beauté, puisque le master proposé de Sais-tu ce que Staline faisait aux femmes ? est probablement le pire de tous. Usée jusqu’à la moelle, sale, constellée de points et de tâches, de rayures verticales, de griffures, de plans flous, de scories diverses et variées, cette copie fait mal aux yeux du début à la fin avec également un gros grain grumeleux et des couleurs fanées. Néanmoins, l’ensemble du film n’est pas pire que le générique en ouverture, presque illisible.

Même chose en ce qui concerne l’acoustique. La piste unique italienne demeure parasitée par un bruit de fond constant et des voix pincées, avec des dialogues tantôt sourds tantôt aigus, ainsi que de nombreuses saturations. N’ayez pas peur des craquements et des grésillements, car ils ne sont pas rares. Les sous-titres français sont imposés sur un lecteur de salon.

Crédits images : © R.T.I. S.P.A. / ESC Conseils/ Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Boule & Bill 2, réalisé par Pascal Bourdiaux

BOULE & BILL 2 réalisé par Pascal Bourdiaux, disponible en DVD et Blu-ray le 30 août 2017 chez Pathé

Acteurs :  Charlie Langendries, Franck Dubosc, Mathilde Seigner, Jean-François Cayrey, Nora Hamzawi, Isabelle Candelier, Manu Payet…

Scénario :  Benjamin Guedj d’après la bande dessinée de Roba

Photographie : Stéphane Le Parc

Musique : Mathieu Lamboley

Durée : 1h25

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

La famille de Boule mène une existence aussi heureuse que paisible. Bill est parfaitement intégré dans cette petite famille, Boule travaille bien à l’école, sa maman donne des cours de piano à domicile tandis que son père est un dessinateur reconnu.
Tout bascule lorsque l’éditrice de ses bandes dessinées, bourrue et acariâtre, rejette le travail du père de Boule. Elle y voit une grosse panne d’inspiration due au fait que sa famille vit dans un bonheur très négatif sur sa créativité. Le père de Boule revient à la maison avec la ferme intention de réveiller sa famille de ce bonheur en générant un grand nombre de « bêtises ».
Boule et Bill mais aussi la maman vont également se mettre à faire dérailler ce « bonheur » familial jusqu’à l’explosion.

L’année 2017 n’a pas été simple pour le réalisateur Pascal Bourdiaux ! Deux échecs commerciaux et critiques très importants avec Mes trésors en janvier et Boule & Bill 2 en avril ! Avant de mettre en scène son premier long métrage en 2010, Le Mac, 1,5 millions d’entrées, Pascal Bourdiaux a d’abord fait ses classes sur la shortcom Un gars, une fille en réalisant près de 500 épisodes ! Il était aussi l’un des premiers à offrir à Kev Adams la tête d’affiche d’un film avec Fiston, dans lequel le jeune comédien donnait la réplique à Franck Dubosc. Porté par une critique positive et un bon bouche à oreille, près de deux millions de spectateurs avaient accueilli favorablement cette très bonne comédie. Pour Mes trésors et Boule & Bill 2 c’est une autre affaire.

Nous ne reviendrons pas sur Mes trésors, mais Boule & Bill 2 souffre des mêmes maux. Les scènes s’enchaînent à la va-comme-je-te-pousse, en cumulant les gags mous et les dialogues au rabais, sans oublier l’action de pacotille et une mise en scène fonctionnelle. Cette suite du film d’Alexandre Charlot et Franck Magnier (scénaristes d’Astérix aux Jeux Olympiques, Bienvenue chez les Ch’tis, Lucky Luke, R.T.T. et Imogène McCathery), qui ne s’imposait pas, mais alors pas du tout, s’offre le luxe d’être encore pire que le premier opus. En voyant ce nouveau volet, adaptation de la bande dessinée Boule & Bill, on se demande ce qui a pu se passer dans la tête de certains producteurs, sans doute trop confiants de penser que les 2 millions de spectateurs qui s’étaient déplacés dans les salles en 2013 pour la première « transposition » reviendraient. Mais c’était sans compter les mauvaises critiques et les avis négatifs. Une fois de plus, cette seconde adaptation live de l’oeuvre de Jean Roba ne retranscrit en rien la bande dessinée créée en 1959, à part peut-être la célèbre salopette bleue de Boule, et se trouve surtout dépourvue d’humour.

Franck Dubosc qui parvenait à s’en sortir dans le premier fait ici pitié. Ceci est d’autant plus regrettable qu’il peut parfois être très bon (Fiston, Les Seigneurs, Incognito), mais ce n’est pas en enchaînant les bouses-navets-nanars (Pension complète, Les Visiteurs : La Révolution, Camping 3, Les Têtes de l’emploi) qu’il parviendra à le prouver une fois de plus. Marina Foïs a eu du flair, puisqu’elle a gentiment refusé de reprendre son rôle de la maman de Boule. Elle laisse sa place à l’inénarrable Mathilde Seigner. Avec son jeu aussi léger qu’un 38 tonnes, l’actrice agace d’emblée par ses tics et ses répliques qui ne tombent jamais juste. Cela ne dure que 80 minutes montre en main et cela en paraît le double. C’est inter-minable, laid, niais. Du point de vue technique, la photo est orange, les décors aussi, les accessoires également, comme les cheveux de Boule et le teint de Mathilde Seigner.

Pourtant, la première séquence annonce d’emblée ce que sera le film à travers la réplique (sans trucage) « C’est de la merde. C’est à chier. C’est de la crotte, c’est du caca, c’est de la bouse, c’est du fumier, c’est de la pétoule de lapin, c’est de la fiente ». Bravo pour un film qui cible avant tout les très jeunes spectateurs ! Avec à peine 500.000 entrées pour un budget de près de 16 millions d’euros, Boule & Bill 2 rejoint le club des catastrophes industrielles aux côtés de Benoît Brisefer : les Taxis Rouges. La « franchise » est bel et bien enterrée. Tant mieux.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Boule & Bill 2, disponible chez Pathé, repose dans un boîtier classique de couleur bleue. La jaquette reprend le visuel de l’affiche du film. Le menu principal est animé et musical.

Seul un bêtisier (8’) est proposé comme supplément. Sans doute pour faire ce que le film ne parvient jamais, faire sourire.

L’Image et le son

Ce transfert HD s’avère soigné, l’univers de la BD est bien retranscrit avec une prédominance de couleurs vives et pétillantes (les teintes orangées surtout), les contrastes sont au beau fixe et le piqué agréable. La définition est au top et ce master demeure un bel objet avec un relief omniprésent et des séquences diurnes aussi magnifiques qu’étincelantes.

Boule & Bill 2 n’est pas à proprement parler d’un film à effets et le mixage DTS-HD Master Audio 5.1 ne fait pas d’esbroufe inutile. Seule la musique de Mathieu Lamboley est impeccablement spatialisée. Les effets latéraux et autres ambiances ont bien du mal à percer sur la scène arrière et pour cause puisque le film se déroule étrangement et très souvent dans l’appartement ou dans la maison. Quelques petites basses soulignent bien une ou deux scènes, mais demeurent le plus souvent en mode veille. La voix de Bill – Manu Payet se démarque sur la centrale avec un cran au-dessus de celles des autres comédiens. L’éditeur joint également une piste Stéréo, des sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiovision.

Crédits images : © Nicolas Schul / Pathé Distribution / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Tant qu’il y a de la guerre, il y a de l’espoir, réalisé par Alberto Sordi

TANT QU’IL Y A DE LA GUERRE, IL Y A DE L’ESPOIR (Finché c’è guerra c’è speranza) réalisé par Alberto Sordi, disponible en DVD le 12 septembre 2017 chez ESC Editions

Acteurs :  Alberto Sordi, Silvia Monti, Alessandro Cutolo, Matilde Costa Giuffrida, Marcello Di Falco, Mauro Firmani, Eliana De Santis, Fernando Daviddi, Edoardo Faieta…

Scénario :  Alberto Sordi, Leonardo Benvenuti, Piero De Bernardi d’après une histoire originale d’Alberto Sordi

Photographie : Sergio D’Offizi

Musique : Piero Piccioni

Durée : 1h58

Date de sortie initiale : 1974

LE FILM

Un homme d’affaires essuie le mépris de sa femme et de ses enfants lorsque ceux-ci découvrent qu’il est marchand d’armes.

Immense star en Italie, peut-être la plus grande de toute l’histoire du cinéma transalpin, adulé par les spectateurs, encore plus que les autres piliers Marcello Mastroianni, Vittorio Gassman, Nino Manfredi, Ugo Tognazzi et autres monstres, Alberto Sordi (1920-2003) a non seulement fait les grandes heures de la comédie italienne, mais il a également été metteur en scène d’une quinzaine de longs métrages et deux segments de films à sketches. De Fumo di Londra (1966) à Incontri Proibiti (1998), Alberto Sordi est passé durant plus de trente ans derrière la caméra pour s’investir plus personnellement dans certaines œuvres qui lui tenaient plus à coeur. C’est le cas du méconnu et pourtant irrésistible Tant qu’il y a de la guerre, il y a de l’espoirFinché c’è guerra c’è speranza.

Dans cette sixième réalisation, Alberto Sordi interprète Pietro Chiocca, ancien commerçant milanais de pompes hydrauliques, reconverti dans un commerce plus lucratif, celui des armes à feu. Il parcourt les pays du Tiers Monde, déchirés par les guerres civiles. Grâce à ses affaires, sa famille, déjà aisée et habitant en centre-ville, peut enfin s’installer dans une luxueuse villa avec jardin, comblant ainsi sa femme à laquelle il ne refuse rien. Tout semble aller pour le mieux jusqu’à ce qu’un journaliste qui lui avait procuré le contact pour la vente d’armes à un mouvement de libération national dans l’état africain de la Guinée-Bissau, ne dénonce les agissements de Chiocca. Loin de se reposer sur ses lauriers, Alberto Sordi n’aura de cesse de se renouveler de film en film, à l’instar du sensationnel Détenu en attente de jugement de Nanni Loy (1971). Quarante ans avant Lord of War d’Andrew Niccol, même si dans un autre registre, Alberto Sordi s’attaquait donc aux profiteurs de guerre.

Essentiellement tourné au Sénégal avec quelques séquences en français dans le texte, Finché c’è guerra c’è speranza est un vrai bijou de la comédie italienne, centrée sur un individu sans aucune morale ni aucun scrupule, qui exploite les tensions et les conflits en Afrique afin d’y vendre toutes les armes possibles et imaginables. Alberto Sordi apporte son empathie habituelle à ce personnage ignoble, espérant qu’une guerre soit votée au détriment du financement de l’agriculture, pour ensuite proposer quelques échantillons (grenades, balles explosives) bien rangés dans sa valise. Et quand un concurrent marche sur ses plates-bandes, Chiocca ne recule devant rien pour épater les leaders prêts à lui acheter tout son arsenal, surtout qu’il a une famille à nourrir et que sa femme et ses enfants sont les premiers à dépenser l’argent dont ils ne se préoccupent pas de la provenance.

Charge féroce et impitoyable où tout le monde en prend pour son grade, où les institutions et les gouvernements de chaque pays s’avèrent autant corrompues qu’hypocrites, Tant qu’il y a de la guerre, il y a de l’espoir démontre comme son titre l’indique qu’il y aura toujours des individus qui s’en mettront plein les poches, tant qu’il y aura des états à renverser et des guerres de religion.

LE DVD

Le DVD de Tant qu’il y a de la guerre, il y a de l’espoir est disponible chez ESC Editions, dans la collection intitulée Edizione Maestro, consacrée aux grands maîtres du cinéma italien, dont certains films inédits sont même proposés en Haute-Définition ! La jaquette se focalise uniquement sur Alberto Sordi. Le verso montre tous les titres déjà disponibles dans cette superbe collection ! Le menu principal est fixe et muet. Aucun chapitrage. Le boîtier est glissé dans un surétui cartonné.

Cette collection, bientôt entièrement chroniquée dans nos colonnes, a été éditée dans les bacs en trois vagues. La première en mars 2017 avec Le Prophète de Dino Risi (Blu-ray et DVD), Brancaleone s’en va-t-aux Croisades de Mario Monicelli (Blu-ray et DVD), Moi, moi, moi… et les autres d’Alessandro Blasetti (DVD) et Bluff – Histoire d’escroqueries et d’impostures de Sergio Corbucci (DVD). La seconde vague au mois de juin avec Les nuits facétieuses d’Armando Crispino et Luciano Lucignani (Blu-ray et DVD), Le Canard à l’orange de Luciano Salce (Blu-ray et DVD), Les russes ne boiront pas de Coca Cola de Luigi Comencini (DVD) et Histoire d’aimer de Marcello Fondato (DVD). La dernière en septembre avec Il Gaucho de Dino Risi (Blu-ray et DVD), Belfagor le magnifique d’Ettore Scola (DVD), Sais-tu ce que Staline faisait aux femmes ? de Maurizio Liverani (DVD) et Tant qu’il y a de la guerre, il y a de l’espoir d’Alberto Sordi (DVD).

Nous retrouvons un Stéphane Roux très inspiré pour la présentation de Tant qu’il y a de la guerre, il y a de l’espoir (14’). Après une belle introduction d’Alberto Sordi comédien (peut-être le plus populaire de tous les temps en Italie), l’historien du cinéma se penche sur la carrière méconnue d’Alberto Sordi réalisateur, en indiquant quelques-unes de ses mises en scène et pourquoi l’acteur avait décidé de passer également derrière la caméra. Stéphane Roux en vient au film qui nous intéresse en mentionnant les difficultés du tournage au Sénégal, le travail des scénaristes et le très grand succès dans les salles italiennes.

L’interactivité se clôt sur une succession de bandes-annonces des douze films que comptera la collection Edizione Maestro.

L’Image et le son

C’est là que le bât blesse comme pour Belfagor le magnifique et Sais-tu ce que Staline faisait aux femmes ?. On ne peut pas vraiment parler de définition ici puisque le master est constellé de scories, de points, de tâches et semble parasité par un voile grumeleux du début à la fin. La gestion des contrastes est totalement absente, les couleurs sont délavées, l’image tremble. Cette copie semble provenir d’un autre temps et aucun effort de restauration n’a semble-t-il été réalisé. C’est ici un dilemme pour les cinéphiles puisqu’il s’agit de la seule opportunité de découvrir Tant qu’il y a de la guerre, il y a de l’espoir.

Point de restauration pour les deux pistes proposées. La version française est étonnamment la plus dynamique ne serait-ce qu’au niveau de la délivrance des dialogues, plus clairs et moins étouffés qu’en français, malgré un bruit de fond chronique. Les ambiances sont soigneusement restituées sur les deux pistes. L’incontournable musique de Piero Piccioni est quant à elle parfaitement restituée. Dans les deux cas, n’hésitez pas à monter le volume, même si un souffle persiste, afin de bénéficier au mieux des échanges entre les personnages. Les sous-titres français – qui se contentent de retranscrire les dialogues français et non de traduire les véritables dialogues – sont imposés sur la version originale. Notons également que l’éditeur n’a toujours pas réglé les problèmes au niveau des retranscriptions des « oe » (« cur » à la place de « coeur », « ufs » à la place de « oeufs ») !

Crédits images : © R.T.I. S.P.A. / ESC Conseils / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Il Gaucho, réalisé par Dino Risi

IL GAUCHO réalisé par Dino Risi, disponible en DVD et Blu-ray le 12 septembre 2017 chez ESC Editions

Acteurs :  Vittorio Gassman, Amedeo Nazzari, Silvana Pampanini, Nino Manfredi, Maria Grazia Buccella, Annie Gorassini, Nando Angelini…

Scénario :  Dino Risi, Ruggero Maccari, Tullio Pinelli, Ettore Scola

Photographie : Alfio Contini

Musique : Armando Trovajoli

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1964

LE FILM

Marco Ravicchio, un attaché de presse financier « légèrement » à court d’argent, accompagne une compagnie de production italienne pour un voyage d’affaires en Argentine, afin de présenter un film lors d’un festival. Quand ce n’est pas avec les femmes, il passe le plus clair de son temps, à essayer de gagner un maximum d’argent, soit aux paris, soit en soutirant de l’argent auprès d’un italien expatrié, devenu un riche et prospère industriel…

La carrière du maître Dino Risi a été tellement grandiose, que l’on a de cesse de découvrir des pépites oubliées. C’est le cas avec Il Gaucho, réalisé en 1964, sixième collaboration entre le cinéaste et le comédien Vittorio Gassman, sur les 16 films qu’ils tourneront ensemble, de L’homme aux cent visages (Il mattatore) en 1959 à Valse d’amour en 1990. A peine sortis du chef d’oeuvre Le Fanfaron (1962) et des mythiques Monstres (1963), grisés par le succès et animés par la même énergie, les deux hommes remettent immédiatement le couvert avec Il Gaucho et partent tourner en Argentine. Méconnu, dissimulé derrière des œuvres devenues très populaires, Il Gaucho est pourtant l’une des plus grandes réussites de Dino Risi.

Vittorio Gassman est Marco Ravicchio. Marié et père de famille, il conduit une misérable délégation de cinéastes italiens à un festival à Buenos Aires, ainsi que quelques starlettes. Un italien expatrié, qui a fait sa fortune en Argentine, organise une réception somptueuse pour impressionner cette troupe. Entre mesquinerie et provincialisme, les Italiens découvrent en Argentine un monde qu’ils ne connaissent pas. Comme il se trouve à des milliers de kilomètres de chez lui, Marco décide de prendre du bon temps et espère retrouver un de ses anciens amis, parti faire fortune à Buenos Aires. Sous ses airs clinquants et déambulant dans au milieu des vedettes de cinéma, Marco s’est en réalité endetté et se voit vite rattrapé par sa situation.

On l’a souvent répété, mais Vittorio Gassman est une fois de plus immense dans Il Gaucho où il campe un personnage lâche, prétentieux, cupide, cruel, en un mot humain. Véritable typhon, le comédien virevolte constamment, nous gratifie de son immense sourire et emporte les spectateurs dans ses délires. De là à penser que son jeu inspirera le Belmondo des années 1970 il n’y a qu’un pas. Cependant, et c’est là tout le génie de Dino Risi et de ses coscénaristes, dont l’imminent Ettore Scola, l’énergie et la bonne humeur quotidienne du personnage, dissimulent en réalité la peur de se retrouver démuni ou tout du moins d’avoir des difficultés à joindre les deux bouts. Alors que le film est mené à cent à l’heure, Dino Risi effectue un virage inattendu en plein milieu de son récit, pour se concentrer sur les retrouvailles de Marco avec un ami d’enfance, Stefano, interprété par un autre monstre de la comédie italienne, Nino Manfredi, sublime et poignant, récompensé par le Grolla d’Oro du meilleur acteur en 1965.

Pensant que Stefano a réussi dans les affaires en Argentine, conformément à ses rêves, Marco tombe des nues quand il découvre son ami marié à une femme ingrate et vivant dans un appartement fort modeste, rongé par l’humidité. Stefano, vêtu d’un costume, probablement le seul qu’il possède, froissé et trop grand pour lui, a du mal à jouer bonne figure devant son ami, tandis que Marco, le visage affaissé et le regard triste, ne peut jouer son numéro habituel devant Stefano avec qui il a toujours été honnête. Dino Risi s’interroge alors sur le temps qui passe, sur les désillusions, sur les occasions manquées, sur le sort réservé à ceux qui n’ont pas eu la chance de réussir dans la vie. Une grande mélancolie s’installe durant cette incroyable séquence, la plus belle du film, tandis que Marco montre enfin son véritable visage, loin des paillettes et des mirages du monde du cinéma.

Le film reprend alors sur un ton doux-amer et même si l’humour est toujours aussi présent (un homme qui pourrait bien être Hitler est devenu jardinier, les bimbos qui ne comprennent rien à ce qui se dit ou qui croient voir la ligne de l’Equateur par le hublot), la vraie vie s’est immiscée un temps et tout ce qui est désormais montré dans le monde professionnel de Marco, fait de strass, de champagne, d’hôtels de luxe et de paillettes, est encore plus superficiel qu’au début. Il Gaucho est un film à redécouvrir et à réhabiliter d’urgence.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray d’Il Gaucho est disponible chez ESC Editions, dans la collection intitulée Edizione Maestro, consacrée aux grands maîtres du cinéma italien, dont certains films inédits sont même proposés en Haute-Définition ! La jaquette, glissée dans un boîtier classique de couleur noire (contrairement au visuel), lui-même glissé dans un surétui cartonné, se focalise uniquement sur Vittorio Gassman. Le verso montre tous les titres déjà disponibles dans cette superbe collection ! Le menu principal est animé et musical. Aucun chapitrage.

Cette collection, bientôt entièrement chroniquée dans nos colonnes, a été éditée dans les bacs en trois vagues. La première en mars 2017 avec Le Prophète de Dino Risi (Blu-ray et DVD), Brancaleone s’en va-t-aux Croisades de Mario Monicelli (Blu-ray et DVD), Moi, moi, moi… et les autres d’Alessandro Blasetti (DVD) et Bluff – Histoire d’escroqueries et d’impostures de Sergio Corbucci (DVD). La seconde vague au mois de juin avec Les nuits facétieuses d’Armando Crispino et Luciano Lucignani (Blu-ray et DVD), Le Canard à l’orange de Luciano Salce (Blu-ray et DVD), Les russes ne boiront pas de Coca Cola de Luigi Comencini (DVD) et Histoire d’aimer de Marcello Fondato (DVD). La dernière en septembre avec Il Gaucho de Dino Risi (Blu-ray et DVD), Belfagor le magnifique d’Ettore Scola (DVD), Sais-tu ce que Staline faisait aux femmes ? de Maurizio Liverani (DVD) et Tant qu’il y a de la guerre, il y a de l’espoir d’Alberto Sordi (DVD).

Une fois de plus, nous retrouvons l’historien du cinéma Stéphane Roux pour une présentation d’Il Gaucho (13’). Visiblement très inspiré par ce chef d’oeuvre, notre interlocuteur s’attarde avec une passion contagieuse sur la collaboration du tandem Vittorio Gassman/Dino Risi, sur les personnages du film et explique en le citant qu’Il Gaucho était l’un des meilleurs souvenirs de cinéma du comédien. Stéphane Roux évoque également le succès critique et public du film, les thèmes, la méthode de travail de Dino Risi et d’Ettore Scola, le tout avec quelques anecdotes de tournage intéressantes.

L’interactivité se clôt sur une succession de bandes-annonces des douze films que comptera la collection Edizione Maestro.

L’Image et le son

Mauvais point, le Blu-ray proposé est au format 1080i et ne respecte pas la vitesse de défilement originale de la pellicule, ici plus rapide. Malgré tout, le master HD d’Il Gaucho proposé ici est de fort bonne facture avec notamment une superbe restauration, des contrastes denses, une luminosité plaisante et un grain respecté. Hormis divers décrochages sur les fondus enchaînés, des fourmillements à la 72e minute (la séquence dans l’appartement de Stefano) et des petites déchirures ici et là, le Blu-ray d’Il Gaucho installe un confort de visionnage évident et cette copie qui ne manque pas d’éclat participe à la (re)découverte de ce bijou oublié de Dino Risi.

Comme pour l’image, le son a également un dépoussiérage de premier ordre. Résultat : aucun souci acoustique constaté sur ce mixage italien Stéréo 2.0 aux sous-titres français imposés, pas même un souffle parasite. Le confort phonique de cette piste unique est total, les dialogues sont clairs et nets, même si les voix des comédiens, enregistrées en postsynchronisation, peuvent parfois saturer ou apparaître en léger décalage avec le mouvement des lèvres.

Crédits images : © R.T.I. S.P.A. / ESC Conseils/ Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr