Test Blu-ray / Epouse-moi mon pote, réalisé par Tarek Boudali

ÉPOUSE-MOI MON POTE réalisé par Tarek Boudali, disponible en DVD et Blu-ray le 6 mars 2018 chez Studiocanal

Acteurs :  Tarek Boudali, Philippe Lacheau, Charlotte Gabris, Andy Rowski, David Marsais, Julien Arruti, Baya Belal, Philippe Duquesne…

ScénarioKhaled Amara, Tarek Boudali, Pierre Dudan, Nadia Lakhdar

Photographie : Antoine Marteau

Musique : Maxime Desprez, Michaël Tordjman

Durée : 1h32

Année de sortie : 2017

LE FILM

Yassine, jeune étudiant marocain vient à Paris faire ses études d’architecture avec un visa étudiant. Suite à un événement malencontreux, il rate son examen, perd son visa et se retrouve en France en situation irrégulière. Pour y remédier, il se marie avec son meilleur ami. Alors qu’il pense que tout est réglé, un inspecteur tenace se met sur leur dos pour vérifier qu’il ne s’agit pas d’un mariage blanc…

Non mais là, stop ! S’il vous plaît, arrêtez tout ! Les deux trublions de l’’ancienne Bande à Fifi du Grand Journal sur Canal+ sont de retour, pour le pire…et pour le pire. Succès surprise de 2014, Babysitting avait attiré 2,4 millions de spectateurs et 3,2 millions pour sa suite sortie en décembre 2015 ! Puis, Alibi.com avait confirmé l’aura de la troupe auprès du jeune public en attirant plus de 3,5 millions de spectateurs ! Pour Epouse-moi mon pote, Philippe Lacheau a laissé sa place derrière la caméra (rires) à son partenaire et ami Tarek Boudali. Ecrite et réalisée (encore des rires) par ce dernier, cette comédie est encore plus irresponsable et ratée que les opus précédents de la bande. Misogyne, homophobe, tout y est puant, has-been, laid et immature. Tout ça au service du rire. Vive la France !

Evidemment, Philippe Lacheau est quand même de la partie pour « jouer » dans le film de Tarek Boudali. S’il n’a pas eu le même succès que les deux derniers opus de la bande, Epouse-moi mon pote a quand même totalisé près de 2,5 millions d’entrées. Impressionnant. Il n’y a aucune explication pour ce phénomène, d’autant plus que les comédiens, en particulier Philippe Lacheau, ne sont jamais crédibles, que leur jeu d’acteur laisse franchement à désirer (on se croirait dans Oui-Oui), tout autant que leur charisme lisse. Pas une seule de leurs répliques ne tombe juste. L’exploit d’Epouse-moi mon pote est d’être encore plus exécrable qu’Alibi.com avec des seconds rôles qui ont constamment l’air de se demander ce qu’ils font là. Tarek Boudali et Philippe Lacheau s’en moquent bien, ça marche, ça cartonne et le box-office s’enflamme. Si Nathalie Baye et Didier Bourdon parvenaient à sauver quelques scènes dans Alibi.com, rien ne permet à Epouse-moi mon pote de sortir de la mélasse et de la crasse, à part peut-être l’apparition du génial David Marsais, membre du Palmashow, qui montre que l’on peut faire rire tout en restant sobre.

C’est bien simple, nous n’avions pas vu une telle accumulation de clichés sur la communauté gay depuis, bah en fait jamais et voir un tel ramassis de gags éculés, vieux-jeu, vulgaires en 2017 est en soi un exploit à part entière. Il faut voir comment les deux têtes d’affiche, dans le but de faire rire, essayent de s’intégrer dans la « faune » du quartier du Marais, terme utilisé car la scène s’apparente à un safari, en tortillant du croupion et en s’habillant de façon identique (avec une marinière et un jean troué donc), en tenant un petit chien dans les bras et en mangeant des pâtisseries en forme de phallus. Quelques éléments comiques renvoient à ceux chers à Franck Gastambide, mais contrairement à ce dernier, il n’y a aucune affection pour les vieux, les gros, les gays, les femmes chez Boudali/Lacheau. Tout est gênant là-dedans.

A l’instar d’Alibi.com, Epouse-moi mon pote n’est ni plus ni moins qu’un très mauvais vaudeville aux blagues grasses basées sur des mensonges, des quiproquos pouët-pouët, des vannes rouillées et blagues molles qui se terminent presque par un « Ba Dum Tss! ». Une succession de sketchs improbables, jamais inspirés, usés jusqu’à la moelle, comme un remake du formidable Green Card de Peter Weir sur fond de mariage pour tous. Les comédies de Tarek Boudali/Philippe Lacheau sont du même acabit que celles d’un Fabien Onteniente (People à côté c’est du Billy Wilder) ou de Philippe de Chauveron puisque Epouse-moi mon pote n’a rien à envier à l’exécrable et nauséabond A bras ouverts. Poussif, fatigant, sans rythme, sans aucun effort de mise en scène.

Le mystère reste donc entier quant au triomphe de ce genre de comédies ringardes dans les salles. D’accord, on peut rire de tout, encore faut-il que ça ne soit pas dégradant et condescendant. De l’humour Cyril Hanouna quoi. En attendant l’adaptation live de…Nicky Larson écrit, réalisé et interprété par Philippe Lacheau, qui sortira en 2019. Que Dieu ait pitié de nous.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Epouse-moi mon pote, disponible chez Studiocanal, repose dans un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui cartonné qui reprend le visuel de l’affiche originale. Le menu principal est animé et musical.

En plus de la bande-annonce, l’éditeur joint un making of classique (20’), qui donne la parole à l’ensemble de l’équipe et propose des images de tournage, ainsi que de prises ratées assez drôles, contrairement au film. L’essentiel de ce documentaire est aussi focalisé sur les blagues lourdingues de Philippe Lacheau sur le plateau. Et mention spéciale à Tarek Boudali qui clôt ce making of en déclarant « On m’a demandé si j’avais kiffé de réaliser. Et en fait si tu veux j’étais tellement dans le coup, dans l’taf, que tu te rends pas compte en fait que t’es réalisateur. T’as pas l’temps de te dire putain t’es réalisateur. En fait c’est vraiment à la fin du tournage, j’me suis dit putain j’ai fait mon premier film. Une fois qu’tu finis, tu t’dis putain j’ai envie d’y r’tourner », alors que le module montre un « superviseur de la mise en scène », David Diane, derrière son combo qui s’occupe de tout et qui n’est pas mentionné en tant que réalisateur à part entière.

L’Image et le son

Le chef opérateur Antoine Marteau (Les Kaïra, Bienvenue au Gondwana) ne s’encombre pas de partis pris esthétiques extraordinaires et livre une photo passe-partout, dont le transfert HD renforce les contrastes et la luminosité des séquences en extérieur, dès le générique d’ouverture. La colorimétrie est riche et chatoyante, le piqué probant. Seules certaines séquences en intérieur ne sont pas autant définies, sans pour autant que les détails s’en trouvent amoindris aux quatre coins du cadre large. Studiocanal prend autant soin de l’apport HD pour ses comédies que pour un blockbuster, ce qui n’est pas le cas chez les autres éditeurs.

Epouse-moi mon pote n’est pas un film à effets mais la piste française DTS-HD Master Audio 5.1 parvient à distiller ici et là quelques ambiances latérales plaisantes, comme les séquences de fiesta ou celle de la danse finale. Certes, la plupart des scènes se déroulent en intérieur et les mixages se concentrent sur les enceintes avant, mais dès que la caméra met le nez dehors, quelques atmosphères parviennent sans mal à environner le spectateur. Les dialogues sont excellemment délivrés par la centrale, la balance frontale est savamment dosée et la spatialisation musicale est systématique. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles, ainsi qu’une piste française Audiodescription.

Crédits images : © Axel Films Production / Hassen Brahiti / Studiocanal / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Jalouse, réalisé par David et Stéphane Foenkinos

JALOUSE réalisé par David et Stéphane Foenkinos, disponible en DVD et Blu-ray le 16 mars 2018 chezStudiocanal

Acteurs :  Karin Viard, Dara Tombroff, Anne Dorval, Thibault de Montalembert, Bruno Todeschini, Marie-Julie Baup, Corentin Fila, Anaïs Demoustier…

ScénarioDavid Foenkinos, Stéphane Foenkinos

Photographie : Guillaume Deffontaines

Musique : Paul-Marie Barbier, Julien Grunberg

Durée : 1h49

Année de sortie : 2017

LE FILM

Nathalie Pêcheux, professeure de lettres divorcée, passe quasiment du jour au lendemain de mère attentionnée à jalouse maladive. Si sa première cible est sa ravissante fille de 18 ans, Mathilde, danseuse classique, son champ d’action s’étend bientôt à ses amis, ses collègues, voire son voisinage…

Lauréat de dix prix littéraires et vendu à plus de 800.000 exemplaires depuis sa publication, La Délicatesse de David Foenkinos a très vite été envisagé au cinéma. Avec l’aide de son frère Stéphane, l’écrivain en avait profité pour passer derrière la caméra, afin d’adapter lui-même son best-seller. Coup d’essai et petit coup de maître, La Délicatesse était un vrai moment de poésie, d’humour, de tendresse burlesque, magnifiquement interprété par Audrey Tautou et François Damiens. Six ans plus tard, les deux frères se retrouvent pour leur second long métrage en commun, Jalouse, dans lequel on retrouve volontiers leur ironie, à travers le portrait d’une femme aux portes de la cinquantaine. Et qui mieux que Karin Viard, pour qui le rôle a été écrit, pouvait à la fois se permettre d’être parfois odieuse et cynique, tout en restant « attachiante » et charismatique ?

Le Karin Viard Movie est presque devenu un genre à part entière, un Cinematic Universe. Après presque trente ans de carrière, deux César (Haut les coeurs ! et Les Randonneurs) pour neuf nominations et plus de soixante films à son actif, la comédienne dispose aujourd’hui d’une place très enviée au sein du cinéma français. Alternant les films d’auteur (Sólveig Anspach, les frères Larrieu, Anne Villacèque) et le cinéma populaire (Dany Boon, Eric Lartigau, Jean-Marie Poiré), Karin Viard peut choisir aujourd’hui les rôles qu’elle souhaite, en étant sûre d’attirer quasi-systématiquement les spectateurs dans les salles. Loin de se reposer sur ses lauriers, elle trouve dans Jalouse l’occasion d’aborder un personnage en apparence moins accessible, une mère de famille divorcée, qui commence à voir apparaître certains signes de la ménopause, qui devient petit à petit aigrie avec sa fille de 17 ans, dont elle envie la jeunesse, le bonheur, la réussite et la vie amoureuse. Même chose envers une nouvelle et rayonnante collègue de travail (Anaïs Demoustier) et son entourage. Sa jalousie empiète également sur la vie de son ex-mari (Thibault de Montalembert) désormais en couple avec Isabelle (la lumineuse Marie-Julie Baup), une femme pétillante et plus jeune.

Comme dans la comédie italienne, ce portrait de « monstre » permet aux frères Foenkinos et donc à Karin Viard, de mettre en relief les contradictions et l’ambiguïté de l’âme humaine, ainsi que les doutes d’un personnage de tous les jours, mi-ange mi-démon, que l’on ne peut s’empêcher d’aimer en dépit de ses nombreux défauts. En incarnant cette femme au bord de la crise de nerfs, la comédienne se délecte de ses répliques vachardes et savoureuses, capable de dire à sa meilleure amie Sophie (la superbe actrice canadienne Anne Dorval) qu’elle ne doit pas avoir de soucis à se faire avec sa fille « moche », ou bien d’envoyer balader son prétendant (Bruno Todeschini, élégant et sensible) sous prétexte qu’il aurait regardé sa fille Mathilde (Dara Tombroff, jolie révélation) avec l’oeil d’un prédateur.

Récit initiatique, Jalouse possède ce charme qui nous avait tant séduits dans La Délicatesse, mais se révèle plus réaliste, moins conte de fée, donc plus terrien, grinçant, grave et plus rustre, en laissant également une belle part à l’émotion. Le film des frères Foenkinos s’élève bien au-dessus du cinéma français, grâce à un œil aiguisé et une étude psychologique complexe aussi intelligente qu’aboutie.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Jalouse, disponible chez Studiocanal, repose dans un boîtier classique de couleur bleue. La jaquette reprend le visuel de l’affiche du film. Le menu principal est fixe et musical.

Le making of (35’) compile quelques instantanés de tournage, des repérages des décors principaux, jusqu’au clap final. Divers propos des comédiens et des réalisateurs sont illustrés par des images tirées des répétitions et des prises de vue. L’ambiance a l’air détendue, chaleureuse et les comédiens prennent visiblement beaucoup de plaisir sur le plateau, surtout en voyant les frères Foenkinos devenir spectateurs de leur propre film.

L’interactivité se clôt sur le clip Jealous (3’).

L’Image et le son

Le Blu-ray est au format 1080p-AVC. Studiocanal soigne le master HD de Jalouse, qui se révèle exemplaire. Les contrastes sont d’une densité rarement démentie, à part peut-être durant les séquences tamisées où l’image paraît plus douce et moins affûtée, mais cela demeure franchement anecdotique. La clarté demeure frappante, le piqué est affûté, les gros plans détaillés, les contrastes denses et la colorimétrie reste chatoyante, riche et bigarrée.

Le spectateur a le choix entre les pistes DTS-HD Master Audio 5.1 et 2.0. Notre préférence va pour la première qui instaure un confort acoustique très plaisant, une spatialisation musicale convaincante et des effets latéraux probants. Les ambiances naturelles sont présentes, la balance frontale est toujours dynamique et équilibrée, et le report des voix solide. La piste stéréo est évidemment plus plate, mais riche et remarquablement équilibrée. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Mandarin production / Studio Canal / France 2 Cinéma / Séverine Brigeot / Studiocanal / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test DVD / Le Franc-tireur, réalisé par Maurice Failevic

LE FRANC-TIREUR réalisé par Maurice Failevic, disponible en DVD le 5 décembre 2017 chez Inser & Cut/L’Oeil du témoin

Acteurs :  Bernard Le Coq, Jenny Arasse, René Camoin, Richard Caron, Gabriel Cattand, Jacques Chevalier…

ScénarioMaurice Failevic, Jean-Claude Carrière

Photographie : Serge Palatsi

Musique : Even de Tissot

Durée : 1h15

Date de diffusion initiale : 1978

LE FILM

Jacques Maréchal a décidé de se faire licencier de son entreprise pour changer de vie. Il se met donc à critiquer la gestion de sa société, mais cela ne se passe pas forcément comme il le voudrait. D’ailleurs, au lieu de se faire licencier, il obtient une promotion. Il va falloir changer de tactique pour arriver à ses fins …

C’est l’histoire non pas d’un homme qui ne veut plus travailler, mais plutôt celle d’un homme qui ne veut plus aller au travail.

Quelle découverte ! Le Franc-tireur est un téléfilm réalisé par Maurice Failevic (1933-2016), diffusé sur TF1 en janvier 1978 à une heure de grande écoute, accompagné d’un grand succès public et critique. Diplômé de l’IDHEC en 1957, scénariste, militant communiste, Maurice Failevic intègre la RTF en 1962 et se voit très vite confier la réalisation de documentaires, souvent récompensés, puis de fictions pour la télévision et pour le cinéma. Il se constitue une équipe de techniciens à laquelle il restera toujours fidèle. Réalisé en 1977, Le Franc-tireur est un joyau de la télévision française et un des sommets de la carrière de Maurice Failevic. Co-écrit avec l’immense Jean-Claude Carrière, qui signait alors son premier travail pour le petit écran, ce téléfilm n’a vieilli que dans ses décors et sa mode vestimentaire, évidemment emblématiques des années 1970, et reste toujours d’actualité quarante ans après.

Dès la première séquence, le réalisateur installe son décor. Une réunion de travail laisse Jacques (Bernard Le Coq) maussade. Pour se changer les idées, il téléphone à Daniel (Yves Pignot), un cousin de sa femme Nicole (Jenny Arasse) et l’invite à dîner le soir même. Au cours du repas, Jacques expose son projet: ouvrir un centre de loisirs au bord de la mer. Pour ce faire, il n’entrevoit qu’une solution: se faire renvoyer et toucher de fortes indemnités. Malgré ses efforts pour déclarer haut et fort ce qui ne va pas dans sa société, en espérant faire réagir ses supérieurs et se faire congédier, ses propos sont entendus et pris en compte par le grand directeur qui le convoque dans son bureau. Jacques est alors stupéfait d’apprendre qu’il est considéré comme le meilleur élément de son entreprise, tandis que ses collègues lui font part de leur admiration. Jacques se demande dans quoi il s’est embarqué.

Certes, on se demande comment de tels papiers peints et objets de décorations ont pu voir le jour. Mais si l’on fait fi de cette esthétique, même si cela apporte un cachet désuet non dénué de charme, alors Le Franc-tireur pourrait très bien se dérouler de nos jours. Pourtant, à l’époque, peu de films ou téléfilms prenaient comme sujet principal la condition des cadres moyens dans leur environnement professionnel. La mise en scène de Maurice Failevic privilégie de doux travellings, une caméra qui semble glisser et l’usage de zooms afin de plonger les (télé)spectateurs dans une société où l’on s’exprime grâce à des acronymes, des circulaires, des chiffres, un peu à la manière de la Maison qui rend fou dans Les 12 travaux d’Astérix. Des partis pris hérités du travail dans le documentaire de Maurice Failevic.

Le personnage de Jacques Maréchal, interprété par le génial Bernard Le Coq alors âgé de 27 ans, travaille depuis six ans pour cette entreprise et s’ennuie. Donc, quand un ami lui offre l’opportunité de changer de vie, Jacques essaye de mettre au point un stratagème pour se faire renvoyer, sans commettre de faute professionnelle, pour ainsi jouir d’une indemnité conséquente et proportionnelle à ses années de bons et loyaux services. Seulement voilà, en exprimant tout haut ce que la plupart pensent tout bas, tout va ne faire que renforcer sa position au sein de sa société plantée dans une tour du 13ème arrondissement de Paris.

Comme Maurice Failevic le revendiquait lui-même, Le Franc-tireur est une fable, et celle qui nous est contée ici semble aussi universelle qu’intemporelle. Les répliques concoctées avec l’aide de Jean-Claude Carrière sont fabuleuses, rappelant parfois la grande époque de Francis Veber, le rythme est soutenu, le casting composé de trognes récurrentes du cinéma français est formidable. Si Maurice Failevic et Jean-Claude Carrière avaient senti venir le malaise des cadres à la fin des années 1970, Le Franc-tireur, comédie ironique, subversive et sociale, teintée de drame donc et toujours élégante, doit être absolument redécouvert en 2018.

LE DVD

Bienvenue à Inser & Cut/L’Oeil du témoin dans le monde de l’édition DVD ! Pour son premier titre, Roland-Jean Charna, rédacteur en chef du site internet L’Oeil du témoin, consacré à l’actualité du cinéma français des années 1970-80, a choisi cette perle rare qu’est Le Franc-tireur, de Maurice Failevic. Le Slim-Digipack est très attractif avec son visuel coloré, estampillé « Ciné-Club TV N°1 ». Un soin tout particulier a été apporté à la sérigraphie du disque, tout comme à l’ensemble de ce très bel objet. Nous avons hâte de découvrir les prochains titres de l’éditeur. Le menu principal est fixe, avec quelques dialogues du téléfilm en fond sonore.

En guise de présentation, Roland-Jean Charna lui-même propose un retour éclairé et passionnant sur Le Franc-tireur (21’). Le rédacteur en chef de L’Oeil du témoin se souvient déjà de sa découverte du film de Maurice Failevic en 1978. Puis, Le Franc-tireur est brillamment analysé sur le fond comme sur la forme, replacé dans son contexte. La carrière du cinéaste et celle de Jean-Claude Carrière sont également abordées. Quelques coupures de presse de l’époque viennent illustrer ces propos.

Le module suivant, sobrement intitulé Maurice Failevic, le franc-tireur (58), croise les propos du scénariste Jean-Claude Carrière, du journaliste et documentariste Marcel Trillat et du comédien Bernard Le Coq. Ces trois intervenants s’expriment évidemment sur le film qui nous intéresse, mais dressent également le très beau portrait de l’homme et du cinéaste Maurice Failevic. La genèse du Franc-tireur, l’écriture du scénario, la collaboration Failevic-Carrière, la liberté d’expression de l’époque, les thèmes du film, tout est posément abordé pendant près d’une heure. Jean-Claude Carrière se dit beaucoup touché quand on lui reparle du Franc-tireur, pour la simple et bonne raison qu’il considère Maurice Failevac comme l’un des trois plus grands réalisateurs avec lesquels il a travaillé au cours de son impressionnante carrière.

L’Image et le son

Le Franc-tireur est un téléfilm, qui était jusqu’alors inédit en DVD. Le master plein cadre 1.33 (4/3 compatible 16/9) d’origine proposé par l’éditeur s’avère fort honorable, très bien restauré, avec des couleurs qui retrouvent un certain éclat. Le grain est heureusement préservé et très bien géré, la copie est belle et stable.

Le mixage Stéréo Dolby Digital 2.0 instaure un remarquable confort acoustique. Propre, dynamique, cette piste met bien avant les excellents dialogues du film. En revanche, il aurait été souhaitable de proposer les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © INA 1978 / Inser & Cut/ L’Oeil du témoin / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test DVD / Daddy Cool, réalisé par Maxime Govare

DADDY COOL réalisé par Maxime Govare, disponible en DVD chez Universal Pictures France le 6 mars 2018

Avec :  Vincent Elbaz, Laurence Arné, Grégory Fitoussi, Jean-François Cayrey, Bernard Le Coq, Juliette Pivolot, Abel Mansouri Asselain, Maxence Chanfong‐Dubois, Sarah Le Huu Nho, Albert Bordes‐Guet, Bartholomé Bordes-Guet, Andy Rowski, Vanessa Demouy, Axelle Laffont, Michel Leeb…

Scénario : Maxime Govare, Noémie Saglio

Photographie : Gilles Henry

Musique : Mathieu Lamboley

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Adrien, 40 ans et totalement immature, se fait larguer par Maude, 35 ans, désireuse d’enfin fonder une famille. Pour tenter de reconquérir l’amour de sa vie, Adrien décide de monter dans le futur ex-appartement conjugal : une crèche à domicile… Le début, d’une improbable expérience éducative…

Il y a dix ans, le cinéma français, ou plutôt la comédie française se focalisait sur les personnages de jeunes trentenaires immatures, qui peinaient à entrer dans l’âge adulte. Les films se bousculaient alors dans les salles avec des titres aussi évocateurs que L’Âge d’homme, maintenant ou jamais, Tel père, telle fille, Notre univers impitoyable, Ma vie en l’air, Dépression et des potes, Situation amoureuse : C’est compliqué, La Stratégie de la poussette, J’me sens pas belle, sans compter les films avec Alexandra Lamy, Clovis Cornillac, Julien Boisselier et bien d’autres. Parmi ces films se trouvent un élément récurrent, le comédien Vincent Elbaz. Révélé en 1994 par Cédric Klapisch dans Le Péril jeune, l’acteur a alors 26 ans quand il enchaîne deux hits en 1997, Les Randonneurs de Philippe Harrel et La Vérité si je mens ! de Thomas Gilou. Depuis, Vincent Elbaz a très peu côtoyé les sommets du box-office, mais n’a jamais chômé, apparaissant dans des œuvres variées chez Michel Spinoza, Gabriel Aghion, Michel Deville, Michel Blanc, Rémi Bezançon, Ariel Zeitoun. S’il a évidemment pris de la bouteille comme tout le monde, l’acteur âgé de 47 ans parvient à conserver cette énergie juvénile qui le caractérise. Il était donc le choix idéal pour interpréter le rôle principal de Daddy Cool, nouvelle comédie de Maxime Govare après le remarqué Toute première fois, Grand Prix du Festival international du film de comédie de l’Alpe d’Huez, qu’il avait cosigné et coréalisé avec Noémie Saglio en 2015.

Pour Daddy Cool, les deux signent une fois de plus le scénario, mais Maxime Govare est cette fois seul derrière la caméra. Petite réussite très sympathique, Daddy Cool peut compter sur une écriture soignée, des répliques qui fusent et qui font mouche, des situations amusantes bien exploitées et de formidables acteurs branchés sur cent mille volts.

Contrairement à son rôle dans l’excellent Ma vie en l’air de Rémi Bezançon, Vincent Elbaz devient ici celui qui squatte l’appartement, le type qui n’a pas vu passer les années et qui se retrouve à l’âge de 40 ans confronté à sa femme, Maude, qui demande le divorce. Ensemble depuis dix ans, la jeune femme de 35 ans, dessinatrice à succès, arrive à un carrefour de sa vie et pense fonder une famille. Mais comme elle le dit, « on ne fait pas un enfant avec un enfant ». Alors que la passion s’émousse, Adrien rentre une nuit bien éméché. Il réveille Maude à 4h du matin dans une situation embarrassante. C’est la goutte d’eau (ou d’autre chose plutôt) qui fait déborder le vase et Maude décide de quitter Adrien. Seulement voilà, ce dernier perd son magasin de disques qui périclitait et se retrouve sans argent. Les mois passent. Alors que Maude refait sa vie avec Renaud (Grégory Fitoussi, très bien), Adrien vit toujours sous son toit en dormant sur le canapé. Sur le point d’être viré, il parvient à trouver la solution pour rester chez son ex-compagne et dans l’espoir de la reconquérir, en ressortant du placard un diplôme de puériculture qui date d’avant leur rencontre. Il lui annonce alors qu’il ouvre une crèche à domicile. Mais Adrien ne connaît rien aux enfants et pour ainsi dire ne connaît rien à la vie. Il n’est jamais trop tard.

Vincent Elbaz a peu à faire pour rendre attachant et touchant son personnage de loser et éternel adolescent irresponsable à la dégaine dégingandée et aux yeux de cocker triste. Face à lui, la géniale Laurence Arné (L’amour c’est mieux à deux, Radin !) lui tient la dragée haute et démontre une fois de plus à quel point la comédie lui sied à ravir, sans jamais perdre son sex-appeal même en jurant comme un charretier. Daddy Cool est un divertissement très plaisant, drôle, au rythme soutenu, à la bande-son pêchue, qui se permet d’avoir recours à des gags gentiment trash et qui se clôt pourtant sur un plan-séquence très élégant.

LE DVD

Le test du DVD de Daddy Cool, disponible chez Universal Pictures France, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur l’entêtant Big Brown Eyes de Benny Sings.

L’interactivité se compose tout d’abord d’un bêtisier amusant de 13 minutes, dans lequel quelques fous rires se révèlent particulièrement contagieux.

S’ensuivent 13 minutes de scènes coupées et une fin alternative. Nous retiendrons notamment la séquence où Adrien essaye de dissuader un couple de jeunes femmes d’acheter l’appartement, après une visite organisée par Maude. Mention spéciale à la scène où Adrien donne des surnoms aux enfants dont il a la garde, Marine (« parce-qu’elle n’aime pas son père ») et Justin Bieber (« parce-qu’il fait que de la mer** »).

Cette section se clôt sur une galerie de dessins réalisés par l’illustratrice Audrey Bussi, dont on peut apprécier le travail tout le long du film, et sur un module durant lequel le réalisateur prépare son plan-séquence final (2’).

L’Image et le son

Pas de Blu-ray pour Daddy Cool. Cette édition SD ne manque pas d’éclat avec une définition plus que convenable mais nous attendions une colorimétrie et des contrastes plus affirmés. Les quelques séquences en extérieur sont les mieux loties avec un relief indéniable et une luminosité pimpante. Si ce transfert est parfois un peu trop doux et sobre, les noirs sont solides et les détails délicats.

La piste Dolby Digital 5.1 offre une belle spatialisation ponctuelle de l’excellente bande-son (caisson de basses compris), notamment les tubes Daddy Cool de Boney M., Big Brown Eyes de Benny Sings et le Are You Gonna Be My Girl de Jet qui restent en tête bien après la projection. Outre la spatialisation musicale, certaines ambiances naturelles parviennent à percer sur les quelques séquences en extérieur mais finalement, l’ensemble demeure axé sur les frontales, dynamiques et fluides, tandis que la centrale exsude les dialogues avec efficacité. Egalement disponible, la Stéréo se montre très dynamique et, s’agissant d’une comédie, largement suffisante et claire. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Jean Claude Lother – Universal Pictures International France / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test DVD / Another Wolfcop, réalisé par Lowell Dean

ANOTHER WOLFCOP réalisé par Lowell Dean, disponible en DVD chez Factoris Films le 6 mars 2018

Avec :  Leo Fafard, Yannick Bisson, Amy Matysio, Jonathan Cherry, Serena Miller, Devery Jacobs…

Scénario : Lowell Dean

Durée : 1h15

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Quelques mois ont passé depuis que l’éclipse noire a transformé notre valeureux policier en WolfCop.
Et bien que les mécréants qui contrôlaient la ville aient été éliminés, Woodhaven est loin d’être revenue à la normale. De plus, ses transformations les soirs de pleine lune ont gravement mis à l’épreuve sa relation avec l’officier Tina Walsh, devenue chef de la police. C’est alors qu’un nouvel assassin émerge de l’ombre, cherchant à terminer ce qu’avaient commencé ses prédécesseurs.
Et pour vaincre cet adversaire, il faudra plus qu’un loup solitaire armé d’un pistolet…

On nous avait prévenus, Lou Garou, le flic borné, paresseux, alcoolique et lycanthrope, qui fait profiter de ses talents à la petite ville de Woodhaven est de retour. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le réalisateur et scénariste canadien Lowell Dean a poussé les curseurs à fond pour ce second volet qui joue ou plutôt surjoue la surenchère jusqu’à l’outrance, à tel point que même notre flic loup-garou combattant le crime paraît lui-même dépassé par l’entreprise.

Cette fois, il doit affronter un homme d’affaires excentrique aux intentions maléfiques, qui a décidé de s’emparer de la petite ville tranquille de Woodhaven. On se demande bien pourquoi, mais c’est ainsi. Nous retrouvons donc Lou Garou, toujours aussi porté sur la bibine. Alors qu’il avait pris l’habitude de se réveiller dans les endroits les plus improbables avec une sérieuse gueule de bois, Lou doit maintenant se cacher dans quelques hangars miteux au moment de sa mutation. Il doit encore user de sa vue, de son ouïe et de son flair, ou plus exactement son odorat décuplé, pour défendre sa ville et aider ses amis. Another Wolfcop peine à retrouver la fraîcheur du premier épisode. Pour cette raison, Lowell Dean et sa clique y vont à fond dans les effets sanglants et les scènes nawak, à l’instar d’une séquence où notre héros (non transformé) s’accouple avec une She-Wolf (avec queue et fourrure), dans toutes les positions possibles et imaginables, avec moult détails graveleux en sus. Le règlement de comptes sur la patinoire vaut également son pesant.

Sur un montage alerte, le récit court et ramassé sur 1h15 tient à peu près la route. L’histoire est évidemment un prétexte pour retrouver notre héros atteint de lycanthropie galopante, qui tente de devenir un homme meilleur le jour alors qu’il est un animal la nuit. Le premier Wolfcop avait profité d’un buzz monumental créé avant même le tournage du film. Ce second opus est un délire complètement assumé, une comédie d’horreur frappadingue, mais dans le bon sens du terme, autrement dit une frénésie cinématographique contagieuse, respectueuse du genre et ne croulant pas sous les références lourdingues. Ici le ton comique et ironique est bienvenu, les séquences crades font leur effet, tout comme les maquillages qui s’avèrent amusants, les acteurs y vont à fond, en particulier Leo Fafard, qui s’éclate dans l’attachant rôle-titre. Un certain Kevin Smith vient faire également une apparition.

Bien rythmé, bien allumé, bien tout court, Another WolfCop est une attraction généreuse et potache pour les fanas du cinéma déviant et on lui pardonne volontiers ses quelques écarts scénaristiques. Le résultat est là, c’est délicieusement vintage, bourré d’imagination malgré un évident manque de moyens. Que les fans soient rassurés, un troisième tour de piste est d’ores et déjà annoncé dans l’épilogue. Répondrez-vous présents aux prochaines aventures de Lou Garou, le film alcoolique qui se transforme en lycanthrope et qui utilise cette malédiction pour faire régner la justice dans sa petite bourgade pleine de péquenauds ?

LE DVD

En juin 2015, le premier Wolfcop avait bénéficié d’une édition Blu-ray chez Factoris Films. Trois ans plus tard, le même éditeur accueille tout naturellement Another Wolfcop dans sa musette, mais point de galette bleue pour ce second opus ! Le menu principal – qui parodie celui de l’affiche de Cobra avec Sylvester Stallone – et musical accueille le spectateur. Signalons que les deux films sont également disponibles sur un disque dans une autre édition, mais uniquement en DVD.

Seule la bande-annonce en version française est proposée comme suppléments, là où le premier disposait de bonus plus conséquents.

L’Image et le son

Ce master au format respecté 1.78 (16/9) de Antoher WolfCop présente une propreté irréprochable. Néanmoins, les partis pris donnent parfois du fil à retordre et l’image de ce DVD qui demeure parfois perfectible. La copie est certes immaculée, mais les couleurs restent un peu trop ternes à notre goût et manquent de peps. L’excentricité des maquillages et des effets spéciaux aurait pu être encore plus mise en valeur, les contrastes manquent de temps en temps de fermeté et quelques légers flous sporadiques sont à déplorer. Les personnages se détachent sans mal devant des fonds unis, entre chaud et froid, les gros plans sont bien restitués avec un lot de détails parfois confondant, à l’instar de la fourrure de Lou Garou. Les noirs paraissent tantôt concis tantôt sensiblement poreux en tirant sur le vert et dénaturent quelque peu le piqué. Mais cela reste anecdotique. Le codec fait alors ce qu’il peut pour consolider le tout et évite les fourmillements intempestifs.

La piste anglaise est la seule à bénéficier d’une DTS 5.1 qui instaure une spatialisation musicale souvent saisissante et distille de belles ambiances naturelles. Les dialogues sont solidement délivrés par la centrale et au jeu des comparaisons, cette option acoustique écrase la version française Dolby Digital 5.1 au doublage rigolo. La DTS 5.1 anglaise est évidemment plus ample, plus homogène et frappante dans les scènes d’action, et les transformations du personnage. L’ensemble des enceintes est mis à contribution, le caisson de basses a souvent l’occasion de participer à la mise en valeur de la musique. La version originale bénéficie également d’une piste Dolby Digital 5.1 également percutante.

Crédits images : © Factoris Films / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / La Garçonnière, réalisé par Billy Wilder

LA GARÇONNIÈRE (The Apartment) réalisé par Billy Wilder, disponible en DVD et Blu-ray chez Rimini Editions le 27 février 2018

Avec :  Jack Lemmon, Shirley MacLaine, Fred MacMurray, Ray Walston, Jack Kruschen, David Lewis, Hope Holiday, Joan Shawlee, Naomi Stevens…

Scénario : Billy Wilder, I.A.L. Diamond

Photographie : Joseph LaShelle

Musique : Adolph Deutsch

Durée : 2h05

Date de sortie initiale : 1960

LE FILM

C.C. Baxter est employé à la Sauvegarde, grande compagnie d’assurance. Dans l’espoir d’un avancement il prête souvent son appartement à ses supérieurs qui y emmènent leurs petites amies. Un jour le chef du personnel le convoque et lui apprend qu’il sait tout et lui demande aussi sa clé. Baxter est enfin promu. Mais ce qu’il ignorait c’est que le chef du personnel emmenait dans son appartement la femme dont il était amoureux.

Avant de s’exiler à Hollywood suite à l’arrivée d’Adolf Hitler au pouvoir, Samuel Wilder dit Billy Wilder (1906-2002), scénariste austro-hongrois débarque à Paris où il tourne son premier long métrage en 1934, Mauvaise graine, avec Danielle Darrieux. Arrivé sur la terre de l’Oncle Sam et ne parlant quasiment pas anglais, il parvient tout de même à se faire engager à la Paramount Pictures comme scénariste et script-doctor. Il est très vite remarqué par Ernst Lubitsch, pour lequel Billy Wilder écrit La Huitième femme de Barbe-Bleue et Ninotchka. En 1942, il passe derrière la caméra pour Uniformes et jupons courtsThe Major and the Minor, comédie sur fond de guerre qu’il écrit avec son complice Charles Brackett. C’est un succès et la carrière de réalisateur de Billy Wilder est lancée. S’ensuivent Les Cinq secrets du désert (1943), le film noir Assurance sur la mortDouble Indemnity (1944), le documentaire Death Mills (1945), sur la découverte des camps de concentration nazis par les Alliés, le drame Le Poison (1945), récompensé par la Palme d’or au festival de Cannes, mais aussi par quatre Oscars, ceux du meilleur film, du meilleur réalisateur, du meilleur acteur pour Ray Milland et du meilleur scénario adapté. Billy Wilder s’octroie ensuite une récréation avec la comédie musicale La Valse de l’empereur avec Bing Crosby et Joan Fontaine, avant de se consacrer à La Scandaleuse de Berlin avec Marlene Dietrich. Le succès international est au rendez-vous. La décennie suivante, Billy Wilder accélère la cadence et enchaîne entre autres Boulevard du crépuscule (1950), Stalag 17 (1953), Sabrina (1954), Sept ans de réflexion (1955), Ariane (1957). Puis, Billy Wilder fait une rencontre déterminante, celle avec le comédien Jack Lemmon, qu’il engage pour donner la réplique à Marilyn Monroe et Tony Curtis dans l’extraordinaire Certains l’aiment chaud (1959). A partir de ce triomphe mondial, le cinéaste entame alors les années 1960 et une nouvelle étape de sa carrière en signant La GarçonnièreThe Apartment, critique acerbe et féroce du monde du travail et sur les pauvres conditions des petits employés. Et c’est un nouveau chef d’oeuvre dans l’une des plus remarquables filmographies de toute l’histoire du cinéma.

C. C. Baxter (Jack Lemmon), dit « Buddy », employé d’une importante compagnie d’assurances new-yorkaise, met son appartement à disposition de ses supérieurs comme garçonnière par complaisance et servilité; il obtient alors des avantages professionnels…et il faut bien payer le loyer. La gestion des quatre « co-locataires » est un casse-tête, son appartement de célibataire est laissé sens dessus-dessous, ses voisins et sa logeuse sont indignés de ce défilé de jolies filles. Son DRH Jeff D. Sheldrake (Fred MacMurray), apprenant cela, lui demande également de lui prêter l’appartement et lui octroie une promotion en échange. Mais C. C. ignore que Sheldrake souhaite utiliser cette garçonnière pour y retrouver Fran (Shirley MacLaine), une liftière de la compagnie, dont Baxter est vainement épris.

La Garçonnière, c’est comme qui dirait la perfection du 7e art. Cinq Oscars, dont celui du meilleur Film sont venus couronnés le 17e film de Billy Wilder. Le réalisateur mêle la comédie au drame avec une virtuosité de chaque instant. Si l’on rit très souvent, le fond de La Garçonnière est triste, voire tragique puisque le héros, magistralement incarné par un immense Jack Lemmon, renonce à sa vie intime, au point de ne plus pouvoir dormir chez lui dans son propre lit, pour espérer en retour un poste bien placé dans sa société. Dans La Garçonnière, les personnages sont animés par la course à la réussite, au point de s’oublier eux-mêmes. A la fois comédie romantique et drame social, The Apartment possède une tonalité sombre et mélancolique qui a toujours effleuré dans le cinéma de Billy Wilder, et pas seulement dans ses œuvres les plus dramatiques.

Billy Wilder raconte comment deux êtres solitaires, au bord de la dépression, se rencontrent, pour finalement retrouver l’espoir, l’entraide, et bien sûr l’amour. Perdus dans les incroyables décors d’Alexandre Trauner, magnifiquement photographiés par Joseph LaShelle, avec une utilisation du CinemaScope qui appuie la profondeur de champ et donc la perte de l’individu, les protagonistes se confrontent, se rentrent dedans, s’observent, s’apprivoisent, puis prennent finalement le temps de se connaître. Deux électrons libres agités autour de l’atome-entreprise, qui décident de stopper leur course effrénée pour faire le point sur eux-mêmes. Alors que les spectateurs n’attendent qu’une chose, que Jack Lemmon et la merveilleuse Shirley MacLaine – récompensée par la Coupe Volpi de la meilleure interprétation féminine à la Mostra de Venise en 1960 – s’embrassent à l’écran, Billy Wilder décide de préserver cette intimité. Il termine son film sur une déclaration d’amour qui n’a pas de réponse directe, du moins pas avant le THE END sur lequel nous quittons Fran et CC.

Dialogues cocasses et tordants, comédie tendre et cynique sur l’amour, critique du puritanisme hypocrite, le mensonge, les faux-semblants, la mécanique Wilder fonctionne à plein régime. La Garçonnière est un film immense.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de La Garçonnière, disponible chez Rimini Editions, repose dans un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui très élégant. Le menu principal est animé sur la scène d’ouverture du film en version française. N’oublions pas le livret de 32 pages concocté par Marc Toullec, qui résume tous les arguments avancés au fil des nombreux suppléments.

Saluons l’éditeur qui nous permet non seulement de bénéficier du chef d’oeuvre de Billy Wilder dans une magnifique copie, mais également de prolonger ce plaisir avec près de 2h30 de suppléments.

On commence par une passionnante conversation (46’) sur La Garçonnière, entre Mathieu Macheret (Le Monde) et Frédéric Mercier (Transfuge). Face à face, les deux journalistes-critiques cinéma croisent le fond et la forme du film de Billy Wilder, en le replaçant tout d’abord dans la carrière du maître. Puis, les interventions des deux confrères se complètent parfaitement, l’un et l’autre rebondissant sur les arguments avancés, sans aucun temps mort. La genèse du film, l’écriture du scénario, les thèmes explorés, les partis pris, les intentions, le casting, la collaboration Billy Wilder-Jack Lemmon, la psychologie des personnages principaux, les décors d’Alexandre Trauner, le rejet des conventions et bien d’autres sujets sont abordés avec une passion contagieuse !

Le second bonus donne la parole à Didier Naert, peintre et architecte, qui revient sur sa rencontre, sa collaboration (en 1975 sur L’Homme qui voulut être roi de John Huston) et sur le travail du chef-décorateur Alexandre Trauner sur La Garçonnière (24’). Didier Naert évoque les débuts de Trauner dans le monde du cinéma, ses rencontres déterminantes (Marcel Carné), ses œuvres les plus célèbres. Puis, les associations de Trauner (alors directeur artistique et décorateur) avec Billy Wilder sur La Garçonnière et Irma la douce sont abordées.

Place à la comédienne Hope Holiday (13’), qui interprète Margie Mac Dougall (la femme du bar) dans La Garçonnière, qui intervient ici pour partager ses souvenirs liés au tournage du film de Billy Wilder. Egalement présente au générique d’Irma la Douce, l’actrice née en 1933 se remémore son casting pour obtenir un rôle dans La Garçonnière, puis raconte quelques anecdotes liées au tournage et sur sa collaboration avec Jack Lemmon. Très émue, la gorge serrée, Hope Holiday se met à pleurer en se remémorant tant de bons moments.

Vous pouvez enchaîner avec un essai vidéo centré sur la collaboration Billy Wilder / Jack Lemmon, réalisé par le critique David Cairns (20’). Cette analyse constituée d’extraits et de photographies n’évoque pas seulement La Garçonnière, mais également toutes les autres associations du tandem.

Le module suivant est consacré au comédien Jack Lemmon (1925-2001). Constitué de photos, d’extraits de films et d’interventions du biographe Joe Baltake, de l’historien du cinéma Robert Osborne, des actrices Shirley MacLaine et Hope Holiday, sans oublier le fils de Jack Lemmon, ce petit documentaire de 13 minutes et réalisé en 2007, rend un formidable hommage à l’un des comédiens les plus attachants de l’histoire du cinéma.

En plus de la bande-annonce originale (qui démarre par la dernière séquence du film!), cette section se clôt sur un segment rétrospectif réalisé en 2007 avec les mêmes protagonistes que dans les modules précédents, auxquels s’ajoutent Kevin Lally (auteur d’un livre sur Billy Wilder), Molly Haskell (critique de cinéma), Walter Mirisch (producteur de La Garçonnière), Drew Casper (professeur à l’école de cinéma et de télévision à l’Université de la Californie du Sud). Chacun revient sur la genèse, l’écriture, la mise en scène et tout ce qui concerne La Garçonnière de Billy Wilder.

L’Image et le son

La restauration numérique de La Garçonnière est très impressionnante. Le nouveau master HD (codec AVC, 1080p) au format respecté se révèle extrêmement pointilleux en terme de piqué, de gestion de contrastes (noirs denses, blancs lumineux), de détails ciselés, de clarté et de relief. La propreté de la copie est souvent sidérante, la nouvelle profondeur de champ permet d’apprécier la composition des plans de Billy Wilder et les décors d’Alexandre Trauner. La photo signée Joseph LaShelle (Laura, Hangover Square, Irma la Douce) retrouve une nouvelle jeunesse doublée d’un superbe écrin, et le grain d’origine a heureusement été conservé. Seul petit bémol, l’ouverture constituée de stock-shots reste marquée par des griffures et des points, mais cela reste vraiment anecdotique, car ce Blu-ray est vraiment superbe.

Le remixage de la version originale en DTS-HD Master Audio 5.1 ne profite surtout qu’à la musique du film. Et encore, l’écoute reste essentiellement frontale. N’hésitez pas à sélectionner la piste anglaise DTS-HD Master Audio 2.0 qui contente non seulement les puristes, mais qui se révèle également soignée, fluide et largement suffisante pour créer un grand confort acoustique. La version française DTS-HD Master Audio 2.0 est évidemment anecdotique, même si l’immense Roger Carel prête sa voix extraordinaire à Jack Lemmon, comme cela avait été déjà le cas pour Certains l’aiment chaud et plus tard pour Irma la Douce. Cette piste est plus feutrée, accompagnée d’un léger souffle et de scories.

Crédits images : © Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. All Rights Reserved / Rimini Editions / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Un beau soleil intérieur, réalisé par Claire Denis

UN BEAU SOLEIL INTÉRIEUR réalisé par Claire Denis, disponible en DVD chez Ad Vitam le 6 février 2018

Avec :  Juliette Binoche, Xavier Beauvois, Philippe Katerine, Josiane Balasko, Sandrine Dumas, Nicolas Duvauchelle…

Scénario : Christine Angot, Claire Denis

Photographie : Agnès Godard

Musique : Stuart A. Staples

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Le résumé d’Un beau soleil intérieur est simple, direct. Présenté en Ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs en 2017, le douzième long métrage de Claire Denis, le treizième si l’on tient compte du téléfilm US Go Home (1994), est sans aucun doute le film le plus attachant et le plus chaleureux de la réalisatrice. Après Les Salauds, une œuvre particulièrement éprouvante et sombre, Claire Denis collabore avec la romancière Christine Angot et s’inspirent de Fragments d’un discours amoureux de Roland Barthes pour dresser le portrait d’une femme de 50 ans, séparée et mère d’une petite fille, qui recherche désespérément l’amour. Parisienne belle et sexy, artiste-peintre, Isabelle (Juliette Binoche) entretient une relation avec Vincent (Xavier Beauvois), un banquier marié, mais leur liaison demeure essentiellement physique. Isabelle peut compter sur la franchise de son amie Maxime (Josiane Balasko), écoute la philosophie quotidienne de Mathieu (Philippe Katerine) devant la poissonnerie, une connaissance de son quartier. Certains prétendants gravitent autour d’elle, notamment un jeune comédien (Nicolas Duvauchelle), qui a l’air encore plus paumé qu’elle.

Dans Un beau soleil intérieur, alors que les non-dits et les silences remplissent souvent l’espace chez Claire Denis, les mots sont au contraire très abondants. Cependant, les échanges entre les personnages reflètent leur propre enfermement, comme si les hommes et femmes étaient plongés dans leur propre monde, en désirant pourtant la même chose, aimer et être en retour. S’ils essayent de communiquer, le dialogue peine à s’instaurer. Alors que les protagonistes expriment leurs propres maux, ils ne se rendent pas compte que la personne en face ressent la même chose. Claire Denis évoque ainsi la solitude dans les grandes villes (comme dans Vendredi soir), non pas la peur de l’autre, mais celle d’être déçu et d’aller droit dans le mur. Ou comment penser à la déception avant même de vivre ce qu’il y a à vivre.

Le titre provient de la scène finale, quand Isabelle décide d’aller consulter un voyant, incarné par le monstre Gérard Depardieu. De sa voix sublime, tout en délicatesse, ce radiesthésiste tente de rassurer Isabelle en lui indiquant de vivre à fond ce qui s’offre à elle, sans penser au lendemain, afin de trouver une paix intérieure. Cette longue scène d’un quart d’heure est un cadeau supplémentaire, la cerise sur le gâteau, d’autant plus que le générique défile en même temps et se clôt à la dernière réplique, au dernier regard. Un beau soleil intérieur est un film extrêmement généreux, sensible, mais également une ode à sa comédienne principale. De tous les plans, de toutes les scènes, Juliette Binoche resplendit et enflamme l’écran. Sa peau diaphane, ses yeux caressés de pattes d’oie, ses courbes voluptueuses et sexy, Claire Denis la filme sous tous les angles, subjuguée comme nous pouvons l’être à chaque instant. Certes, si elle est excellemment épaulée par ses camarades, dont le complice Alex Descas, Bruno Podalydès et une apparition de Valeria Bruni-Tedeschi, nous n’avons d’yeux que pour Juliette Binoche, que la caméra caresse, frôle, comme si elle voulait rassurer son personnage capable de passer du rire aux larmes en un claquement de doigts.

Un beau soleil intérieur est une comédie mélancolique (superbes dialogues), un portrait de femme d’aujourd’hui, fragile comme du cristal, mais lumineuse et forte, qui n’a pas perdu l’espoir et l’envie de rêver malgré l’adversité et ses déboires amoureux successifs. La grande Juliette Binoche donne tout à Isabelle, son immense sensibilité, son rire, sa nature, son âge et ses tripes. Nommée aux César de la meilleure actrice en 2018, elle peut largement prétendre à la compression.

LE DVD

Le DVD d’Un beau soleil intérieur, disponible chez Ad Vitam, est logé dans un boîtier classique de couleur blanche, glissé dans un surétui cartonné. Le menu principal est élégant, animé et musical.

En plus de la bande-annonce, un seul supplément est disponible sur cette édition. Mais alors quel plaisir de découvrir l’intégralité de la masterclass de Claire Denis (1h16), enregistrée à la Cinémathèque française le 27 septembre 2017, jour de la sortie d’Un beau soleil intérieur et qui marquait aussi le premier jour des prises de vue de High Life, film de science-fiction avec Robert Pattinson et Juliette Binoche. Alors qu’une rétrospective de ses films était présentée, la réalisatrice répond aux questions de Frédéric Bonnaud et revient sur ses premiers souvenirs de cinéma, son amour pour le septième art, ses premiers chocs sur le grand écran (Soudain l’été dernier), ses années comme assistante auprès de Wim Wenders et Jim Jarmusch. De nombreux souvenirs s’enchaînent, souvent liés aux acteurs et aux conditions de tournage. Un beau voyage cinématographique en compagnie de l’une de nos cinéastes les plus passionnantes.

L’Image et le son

La belle photographie de la grande Agnès Godard qui allie à la fois les couleurs chatoyantes capturées et les gammes froides aurait mérité un bien meilleur traitement. En effet, les détails manquent à l’appel, certes la clarté est de mise mais le piqué manque de mordant, les scènes sombres sont les plus mal loties et certains visages demeurent blafards. Les plans très rapprochés ne sont pas aussi bien définis que nous l’espérions et les noirs manquent parfois de concision. Ajoutez à cela quelques légers artefacts de la compression et des baisses de la définition, ainsi qu’une gestion parfois aléatoire des contrastes. Dommage de ne pas disposer d’édition HD.

C’est un peu mieux, même si le mixage Dolby Digital 5.1 parvient tout juste à créer une immersion acoustique probante. Les ambiances naturelles viennent souvent à manquer sur les séquences en extérieur et l’ensemble se révèle souvent timide. Le report des voix est solide, la balance frontale fait gentiment son boulot, mais beaucoup de scènes reposent essentiellement sur les enceintes avant. A titre de comparaison, la version Stéréo finit par l’emporter sur la 5.1 du point de vue fluidité et homogénéité des voix avec les effets et la musique. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription pour aveugles et malvoyants.

Crédits images : © Ad Vitam / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / The Square, réalisé par Ruben Östlund

THE SQUARE réalisé par Ruben Östlund, disponible en DVD et Blu-ray chez M6 Vidéo le 28 février 2018

Avec :  Claes Bang, Elisabeth Moss, Dominic West, Terry Notary, Christopher Laessø, Marina Schiptjenko, Daniel Hallberg, Sofie Hamilton…

Scénario : Ruben Östlund

Photographie : Fredrik Wenzel

Durée : 2h31

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Christian est un père divorcé qui aime consacrer du temps à ses deux enfants. Conservateur apprécié d’un musée d’art contemporain, il fait aussi partie de ces gens qui roulent en voiture électrique et soutiennent les grandes causes humanitaires. Il prépare sa prochaine exposition, intitulée « The Square », autour d’une installation incitant les visiteurs à l’altruisme et leur rappelant leur devoir à l’égard de leurs prochains. Mais il est parfois difficile de vivre en accord avec ses valeurs : quand Christian se fait voler son téléphone portable, sa réaction ne l’honore guère… Au même moment, l’agence de communication du musée lance une campagne surprenante pour The Square : l’accueil est totalement inattendu et plonge Christian dans une crise existentielle.

Alors c’est ça la Palme d’or 2017 ? Eeeeh ben…Si le but était de récompenser l’un des films les plus mauvais, pédants, interminables et mégalos du Festival de Cannes, alors oui le cinquième long métrage du réalisateur, scénariste, monteur, producteur et directeur de la photographie Ruben Östlund (né en 1974) méritait sa suprême récompense. Révélé en 2014 par Snow Therapy (prix du Jury Un Certain Regard), le cinéaste a carrément pété un câble et signe un film uniquement destiné à flatter ses pairs dans le but de se faire caresser dans le sens du poil. Froid, on pourrait même dire frigorifique, jamais intéressant, interminable, hermétique, The Square est symbolique de ce qu’est devenu le plus célèbre Festival de Cannes, plaire avant tout à l’élite et rejeter le divertissement populaire.

Christian, père divorcé, est le conservateur d’un musée d’art contemporain installé dans le palais royal de Stockholm. Il prépare une exposition intitulée « The Square », simple carré à l’intérieur duquel les spectateurs seront appelés à être altruistes et à mieux prendre en compte les besoins des autres : « Le Carré est un sanctuaire de confiance et de bienveillance. En son sein, nous avons tous les mêmes droits et les mêmes devoirs ». Or, après avoir aidé lui-même dans la rue une femme qui prétendait être attaquée, il constate qu’il s’agissait d’un piège : son téléphone, son portefeuille et ses boutons de manchette en or ont disparu. Bien que Christian soit un homme qui fasse l’aumône aux mendiants d’Europe centrale, il est pris d’une forme de vengeance jubilatoire à leurs égards. En parallèle le vernissage approche : Anne, une journaliste américaine, l’interviewe sur les finalités et les devoirs affichés d’un musée d’art contemporain. Elle se rapproche de lui au cours de la soirée inaugurale de l’exposition. Ils finissent par coucher ensemble, mais Christian se sent déstabilisé par le comportement libre et féministe de la jeune femme. Par ailleurs, un homme atteint du syndrome de Tourette trouble le bon déroulement de la conférence inaugurale de l’artiste invité et célébré. De plus, la soirée de gala organisée par Christian pour récolter des fonds tourne mal : l’artiste Oleg censé imiter un gorille dans le cadre d’une performance artistique va trop loin et fait peur aux convives. Pendant ce temps, une agence de marketing a préparé la campagne de promotion de l’exposition « The Square ». Christian, trop préoccupé par son ressentiment et ses affaires personnelles, laisse publier sur YouTube une vidéo de promotion qu’il n’a même pas regardée au préalable. Or cette vidéo, qui cherche par tous les moyens à créer le « buzz », choque le pays entier par sa violence : on y voit une petite fille blonde sans domicile fixe qui explose dans le carré en un terrible attentat.

Ruben Östlund explique ses intentions : « Tout comme Snow Therapy, The Square est un film dramatique et satirique. Je voulais faire un film élégant en me servant de dispositifs visuels et rhétoriques pour bousculer le spectateur et le divertir. Sur le plan thématique, le film aborde plusieurs sujets, comme la responsabilité et la confiance, la richesse et la pauvreté, le pouvoir et l’impuissance, l’importance croissante que l’on accorde à l’individu par opposition à la désaffection vis-à-vis de la communauté et la méfiance à l’égard de l’État en matière de création artistique et de médias ». Le problème avec The Square, c’est que le réalisateur se tire lui-même une balle dans le pied. En voulant critiquer le monde de l’art contemporain, Ruben Östlund signe un objet destiné uniquement à une certaine élite qui se pâmera devant des images lisses dignes d’une expo vidéo. En fait, en voulant parler de beaucoup de choses, comme l’isolement et le repli sur elles-mêmes des classes privilégiées, Östlund finit par ne parler de rien.

Les images s’enchaînent sans rythme, l’ennui s’installe dès le premier quart d’heure alors que le film dure 2h30 ! Autant dire que le calvaire est infernal et que rien, à part l’apparition de la géniale Elisabeth Moss et le jeu investi de Claes Bang, ne relève l’intérêt de la « chose ». Ce n’est pas non plus la fameuse séquence de l’homme-singe qui réveillera les spectateurs déjà endormis depuis belle lurette. En l’écoutant, Ruben Östlund indique vouloir parler de l’individualisme grandissant dans les sociétés contemporaines, du fossé toujours plus profond entre les classes sociales. Des sujets pas inintéressants certes, d’autant plus quand la Suède est encore considérée – à tort – comme l’un des pays les plus égalitaires au monde, mais pourquoi ces partis pris ? Pourquoi avoir recours à de tels procédés qui excluent forcément les spectateurs qui n’ont pas accès à une certaine forme de culture ? Pourquoi jouer au plus intelligent et de ce fait rejeter la possibilité d’un dialogue ?

Ruben Östlund – qui s’inspire d’ailleurs d’un véritable projet artistique comme celui montré dans le film, exposé dans le sud de la Suède – se contredit quand il explique vouloir divertir son audience. The Square se veut satirique et ironique, il n’est juste qu’ennui et nombriliste. Seule une certaine « presse spécialisée », qui ne s’est d’ailleurs pas gênée pour se rouler dedans en poussant des cris de joie a porté The Square jusqu’au Graal ultime. Ou quand la Palme de l’intelligentsia – qu’on imagine aisément se diriger vers le buffet garni en sortant de la salle en oubliant rapidement que le réalisateur avait voulu au départ se foutre de leurs tronches – l’emporte sur la Palme du coeur, des sentiments et de l’âme comme 120 battements par minute. C’est à n’y plus rien comprendre, mais cela fait très longtemps que le Festival de Cannes est devenu une caricature de ce qu’il était (rendez-nous La Grande bouffe !) et qu’il n’a plus aucun intérêt. Cela passerait si le réalisateur avait à coeur de cracher dans la soupe, mais il semble atteint du même narcissisme exacerbé que son confrère scandinave Nicolas Winding Refn, ce qui fausse d’emblée le propos et surtout la sincérité de The Square.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de The Square, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

En ce qui concerne les suppléments, passons rapidement sur les trois galeries déroulantes (photos de tournage, rétrospective des critiques positives et les ébauches d’affiches internationales) qui font office de remplissage, pour évoquer tout d’abord le making of de la scène centrale du film, par ailleurs reprise pour l’affiche. Intitulé de manière prétentieuse « Making of d’une scène d’anthologie », ce documentaire de douze minutes donne un aperçu de la journée de répétition et des trois jours de tournage qui ont été nécessaires au réalisateur Ruben Östlund et à son équipe pour mettre en boite cette séquence déconcertante où la performance d’un homme-singe tourne mal au cours d’un dîner mondain. Le metteur en scène s’entretient avec ses comédiens et indique qu’il ne s’est jamais autant amusé sur un plateau.

S’ensuit une compilation des essais et scènes de casting de certains comédiens (5’), ainsi que divers entretiens (9′) de Ruben Östlund, Elisabeth Moss et Claes Bang réalisés lors de la présentation de The Square au Festival de Cannes. La genèse du film, les conditions de tournage, le casting, le travail avec le réalisateur sont passés en revue.

L’Image et le son

Tourné avec la caméra Arri Alexa XT, The Square débarque donc en Blu-ray. Les partis pris sont à l’image du film, froids, glacials, sans aucune aspérité. A côté de ça, la clarté est de mise, le piqué quasi-chirurgical, les contrastes denses et le relief omniprésent.

Les mixages anglais/suédois et français DTS-HD Master Audio 5.1 se révèlent particulièrement riches et instaurent un large confort acoustique. Dans les deux cas, la spatialisation musicale demeure évidente, les latérales soutiennent l’ensemble comme il se doit, les ambiances naturelles ne manquent pas tandis que le caisson de basses intervient à bon escient. Deux DTS-HD Master Audio 2.0, forcément moins enveloppantes, sont également disponibles. Les sous-titres français sont imposés.

Crédits images : © SND M6 Vidéo / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Les Nouvelles Aventures de Cendrillon, réalisé par Lionel Steketee

LES NOUVELLES AVENTURES DE CENDRILLON réalisé par Lionel Steketee, disponible en DVD et Blu-ray chez Pathé le 21 février 2018

Avec :  Marilou Berry, Arnaud Ducret, Josiane Balasko, Didier Bourdon, Vincent Desagnat, Jérôme Commandeur, Joséphine Draï, Camille Verschuere…

Scénario : Daive Cohen

Photographie : Stéphane Le Parc

Musique : Maxime DesprezMichaël Tordjman

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

C’est l’anniversaire de Julie mais elle semble être la seule à s’en souvenir… Jusqu’à ce que Marco, l’homme qu’elle aime secrètement, l’appelle et lui annonce qu’il va passer chez elle pour lui déposer son fils car la baby-sitter a eu un contretemps. Julie est effondrée, tout le monde la considère comme une boniche. Seule avec ce petit garçon, particulièrement odieux, Julie décide de lui raconter l’histoire de Cendrillon… enfin presque.

Il fallait s’y attendre. Ou pas. Le triomphe des Nouvelles Aventures d’Aladin (4,5 millions d’entrées) a donné quelques idées aux producteurs, dont celle d’étendre cet « univers » à l’instar du Marvel Cinematic Universe aux Etats-Unis ! Ouais, bon, on ne sait pas si le concept ira bien loin, toujours est-il que Les Nouvelles Aventures de Cendrillon ont donc vu le jour immédiatement après. S’il n’a pas connu le même destin dans les salles avec un peu plus de 800.000 entrées, cette nouvelle relecture du conte de Charles Perrault est contre toute attente plus amusant que le truc doré avec Kev Adams.

Tout d’abord, la mise en scène de Lionel Steketee, ancien premier assistant sur de grosses productions comme Le Pacte des loups, Hôtel Rwanda, Perdus dans l’espace, Lucky Luke et Fatal, puis coréalisateur à succès de Case départ et Le Crocodile du Botswanga est bien plus agitée et efficace que celle d’Arthur Benzaquen pour Les Nouvelles Aventures d’Aladin. Le cinéaste fait fi d’un budget somme toute plus modeste, mais parvient à insuffler un rythme à sa comédie du début à la fin. Pas étonnant que la production l’ait rappelé pour cette fois mettre en scène la suite des aventures d’Aladin, intitulée Alad’2.

Autre point positif de cette mouture, les seconds rôles. Si Marilou Berry est la tête d’affiche du film, son jeu hystérique, son non-jeu diront certains avec raison, a de quoi taper sur les nerfs. Non, l’actrice n’a pas plus d’humour aujourd’hui que quand elle était en surpoids. Un régime draconien n’a jamais apporté du talent en retour. Ok pour la partie Cendrillon en souillon mais alors non en Cendrillon princesse. Heureusement, elle est très bien épaulée par sa mère, Josiane Balasko, géniale marâtre qui s’en donne à coeur joie dans la méchanceté et l’hypocrisie (et qui fait un petit clin d’oeil à la troupe du Splendid), Arnaud Ducret joue un prince Marco foncièrement abruti et porté sur les grosses poitrines, Didier Bourdon excelle dans le rôle du roi libidineux, toujours prêt à raconter ses anciennes prouesses sexuelles à son fils. Egalement au générique, Vincent Desagnant est le prince Gilbert, frère aîné du prince Marco, qui rêve de devenir bouffon et de ce fait enchaîne les vannes pourries avec innocence et décontraction. Ajoutez au générique un Jérôme Commandeur qui semble être le seul à avoir la tête sur les épaules et qui en tant que duc, tente de maintenir l’équilibre fragile du royaume. Une comédie chorale qui ne repose pas uniquement sur son personnage principal. C’est déjà ça de pris.

En revanche, gros point négatif pour sa représentation de la bonne fée représentée par un personnage gay (Andy Cocq, toujours dans le même rôle) qui vit dans le Marais, comprenez donc le marais comme Shrek, dont l’humour particulièrement douteux laisse à désirer.

Dire que l’histoire de Cendrillon est dépoussiérée est un euphémisme. Les grandes lignes sont toutefois respectées, les décors (dont le magnifique château de Pierrefonds) et les costumes plutôt soignés et le scénariste Daive Cohen, également l’auteur des Nouvelles Aventures d’Aladin (un clin d’oeil est d’ailleurs fait au film), paraît plus libre de faire des blagues – disons le mot – de cul avec un côté plus décalé qui fait parfois mouche. Certes, Les Nouvelles Aventures de Cendrillon ne renouvelle rien, il n’en a pas la prétention, mais l’humour y est bon enfant, tout comme les anachronismes et les comédiens ont l’air de s’amuser. Si le score du film au box-office n’a pas été si déshonorant, on ne sait pas si cet « univers étendu » passera un nouveau conte à la moulinette. Tout dépendra de l’accueil d’Alad’2.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray des Nouvelles Aventures de Cendrillon, disponible chez Pathé, repose dans un boîtier classique de couleur bleue. La jaquette reprend le même visuel coloré que l’affiche du film. Le menu principal est dynamique et lumineux, animé et musical.

En ce qui concerne les suppléments, l’éditeur propose tout d’abord un minuscule bêtisier d’une minute. Certaines mauvaises langues diront qu’on y rit plus que sur le film en entier.

Une featurette d’une minute compile les propos du réalisateur Lionel Steketee, des comédiens Marilou Berry, Josiane Balasko et Arnaud Ducret sur les personnages.

Le making of de 19 minutes remplit son contrat, à savoir dévoiler l’envers du décor avec des images de tournage, des répétitions et des interviews de l’équipe.

L’Image et le son

Ce transfert HD (1080p, AVC) est superbe. L’univers coloré est bien retranscrit avec une prédominance de couleurs chaudes, vives et pétillantes, les contrastes sont au beau fixe, la profondeur de champ abyssale et le piqué agréable. Ce master s’avère un bel objet, le relief est omniprésent, les détails foisonnants, les séquences en extérieur sont magnifiques et étincelantes.

La piste DTS-HD Master Audio 5.1 distille les voix des comédiens avec un beau ramdam, tandis que les latérales ont fort à faire avec la bande-originale. Une spatialisation suffisamment immersive avec un caisson de basses qui délivre ses effets avec efficacité et des ambiances solides sur les frontales. La piste Stéréo est tout aussi pointilleuse en ce qui concerne la restitution des dialogues. Une version Audiovision ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles.

Crédits images : © 2017 74 FILMS – PATHE FILMS – TF1 FILMS PRODUCTION / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Liaisons à New York, réalisé par Marc Webb

LIAISONS À NEW YORK (The Only Living Boy in New York) réalisé par Marc Webb, disponible en DVD chez Metropolitan Vidéo le 21 février 2018

Avec :  Callum Turner, Kate Beckinsale, Jeff Bridges, Pierce Brosnan, Cynthia Nixon, Kiersey Clemons, Debi Mazar, Tate Donovan, Wallace Shawn…

Scénario : Allan Loeb

Photographie : Stuart Dryburgh

Musique : Rob Simonsen

Durée : 1h25

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Thomas Webb, vient de décrocher son diplôme universitaire et tente désormais de trouver sa place dans le monde. Le jeune homme se lie d’amitié avec son voisin, un écrivain excentrique, qui devient pour lui une sorte de mentor. Thomas fait un jour la connaissance de la maîtresse de son père, très vite une relation charnelle s’installe entre eux, bouleversant sa vie et ses convictions.

Révélé en 2009 par le désormais culte (500) jours ensemble, avec Joseph Gordon-Levitt et Zooey Deschanel, le réalisateur Marc Webb, venu du clip-vidéo, a immédiatement été convoité par les studios hollywoodiens. Pour son second long métrage, il fait son entrée par la très grande porte en se voyant confier un budget de 230 millions de dollars pour rebooter la franchise Spider-Man. The Amazing Spider-Man sort sur les écrans en 2012 et engrange plus de 750 millions de dollars de recette. La suite est évidemment lancée, mais le résultat sera beaucoup plus mitigé artistiquement parlant. Si le tiroir-caisse est rempli une fois de plus, le succès est moindre, la critique désastreuse et le bouche-à-oreille très négatif. Osons le dire, The Amazing Spider-Man 2 est l’un des pires films de super-héros et s’apparente le plus souvent à jeu vidéo destiné aux enfants et aux adolescents. Bye bye Marc Webb qui finalement ne pourra pas réaliser de trilogie consacrée à l’Homme-Araignée, d’autant plus que les pourparlers étaient déjà en cours entre Sony et Marvel pour rapatrier le héros à la maison mère. Après un détour par la série télévisée (Limitless, Crazy Ex-Girlfriend), Marc Webb signe son retour au cinéma avec deux très beaux films à petit budget, deux réussites. Le premier, Mary (Gifted), bénéficie d’une sortie dans les salles françaises et offre à Chris Evans l’occasion de montrer qu’il n’est pas que Captain America. Mais celui qui nous intéresse ici est plus confidentiel et débarque directement dans les bacs en France. Il s’agit de Liaisons à New YorkThe Only Living Boy in New York.

Thomas Webb, un étudiant fraichement diplômé issu d’une riche famille d’éditeurs New Yorkais, rêve en secret de devenir écrivain. Velléitaires et souvent maladroit avec les filles, c’est encore un adolescent dans sa tête… jusqu’au jour où il surprend son père en plein rendez-vous romantique avec une très belle femme. Voulant protéger sa mère de nature fragile, il décide de ne rien lui dire. Obsédée par cette vision, il décide de découvrir l’identité de cette liaison extra-conjugale et parvient très vite à faire la connaissance de Johanna. Contre toute attente, elle décide de faire de Thomas son autre amant. Tiraillé entre morale et passion, Thomas va vivre de façon tumultueuse son entrée dans l’âge adulte.

Le titre renvoie à la chanson éponyme des mythiques Simon & Garfunkel. Rien d’étonnant puisque le scénariste éclectique Allan Loeb (Las Vegas 21, Wall Street: l’argent ne dort jamais, Beauté cachée) n’a jamais caché son admiration pour le cinéma de Mike Nichols, en particulier pour Le Lauréat, dont Liaisons à New York est comme qui dirait une relecture. Le spectre du Graduate plane donc sur ce récit initiatique où l’on suit le parcours de Thomas Webb, interprété par le sympathique Callum Turner (Assassin’s Creed), qui rappelle furieusement Richard Gere dans ses jeunes années. Partagé entre son amour pour la jeune et jolie Mimi (Kiersey Clemons) et sa découverte de la sexualité avec la maîtresse de son père, incarnée par la divine Kate Beckinsale, Thomas se retrouve au premier carrefour de sa vie puisqu’il doit également choisir sa profession. Rêvant de devenir écrivain, mais refroidi par les propos de son père éditeur (Pierce Brosnan), Thomas ne peut même pas compter sur sa mère (Cynthia Nixon), femme dépressive. Alors quand Thomas surprend son paternel avec une autre femme, ses piliers déjà fragiles s’écroulent véritablement. Le seul soutien qu’il trouve est en la personne de son nouveau voisin (Jeff Bridges), qui va très vite devenir son confident et tenter de lui montrer qu’il peut et doit être le seul à décider de sa propre vie. Pour cela, il doit tout d’abord apprendre, comprendre et savoir ce qu’il souhaite réellement faire de sa propre existence, plutôt que de se préoccuper de celles et de ceux qui l’entourent.

Comme pour (500) jours ensemble et Mary, Liaisons à New York témoigne de l’immense sensibilité de Marc Webb, qui livre une comédie dramatique finement écrite, intimiste, délicate, très bien réalisée et interprétée. Malgré un twist qui arrive un peu comme un cheveu sur la soupe, il serait dommage de passer à côté de cette histoire très attachante.

LE DVD

Le test du DVD de Liaisons à New -York, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est fixe et musical. Jaquette élégante.

Peu de choses à se mettre sous la dent dans la section des bonus. Trois featurettes promotionnelles (11’ au total), donnent brièvement la parole au scénariste, au réalisateur, au chef-opérateur, aux producteurs et aux comédiens. Chacun revient sur le dilemme des personnages et le tournage à New York. On apprend que le scénario avait été écrit en 2004, que Le Lauréat est évidemment une source d’inspiration pour Allan Loeb et que la production a imposé un tournage écolo-responsable.

L’Image et le son

Pas d’édition HD pour Liaisons à New York. Ce master offre des conditions de visionnage banales et sans esbroufe. La colorimétrie est plutôt bien agencée, mais la définition demeure passable, même sur les quelques plans rapprochés. La clarté est de mise, les contrastes corrects, cependant le piqué manque de précision et certaines séquences apparaissent plus ternes que d’autres. Néanmoins, ce DTV chez un autre éditeur n’aurait pas connu le même traitement technique ou même une sortie dans les bacs.

Liaisons à New York n’est pas à proprement parler d’un film à effets, mais les pistes anglaise et française Dolby Digital 5.1 parviennent à distiller ici et là quelques ambiances. La plupart des séquences reposent sur les dialogues et les mixages se concentrent souvent sur les enceintes avant. Il ne faut pas vous attendre à des effets explosifs, la spatialisation est essentiellement musicale, les effets latéraux sont rares (à part la cacophonie new-yorkaise) et le caisson de basses reste au point mort. Les voix des comédiens sont ardentes en version originale, tout comme en français, même si cette piste les met un peu trop à l’avant. Le confort acoustique est assuré tout du long.

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