ÉTAT D’URGENCE (The Peacekeeper) réalisé par Frédéric Forestier, disponible en DVD et Blu-ray le 12 septembre 2017 chez Metropolitan Vidéo
Acteurs : Dolph Lundgren, Montel Williams, Roy Scheider, Michael Sarrazin, Christopher Heyerdahl, Monika Schnarre,Tim Post…
Scénario : Stewart Harding, Robert Geoffrion
Photographie : John Berrie
Musique : François Forestier
Durée : 1h36
Date de sortie initiale : 1997
LE FILM
Un groupe de terroristes prend d’assaut une base militaire américaine qui abrite des missiles nucléaires et menace le Pentagone. C’était sans compter sur Major Frank Cross, l’élite de l’armée US.
État d’urgence – The Peacekeeper marque l’entrée de l’action-man Dolph Lundgren dans le Direct-to-Video. Pourtant, les succès s’étaient enchaînés pour l’acteur suédois depuis sa révélation dans Rocky IV en 1985, du Scorpion rouge de Joseph Zito (1988) à Universal Soldier de Roland Emmerich (1992). Après The Shooter de Ted Kotcheff (1995) et Tireur en péril de Russell Mulcahy (1996, directement sorti en VHS), Dolph Lundgren décide de mettre une parenthèse à sa carrière afin de se consacrer à sa famille. Il retrouve les chemins des studios un an après pour État d’urgence, réalisé par un jeune metteur en scène français de 26 ans, Frédéric Forestier. Porté par le triomphe dans les festivals internationaux de son court-métrage Paranoïa (1993) avec Jean Reno et Michèle Laroque, Frédéric Forestier se retrouve à la barre d’une belle production américaine de huit millions de dollars, un film d’action qui va lui permettre de faire ses preuves derrière la caméra. Entre Piège de cristal de John McTiernan et L’Ultimatum des trois mercenaires de Robert Aldrich, État d’urgence se voit aujourd’hui comme un chant du cygne du divertissement d’action né dans les années 1980.
Depuis que le Président des États-Unis lui a confié la responsabilité de l’arsenal nucléaire américain, le commandant Frank Cross est devenu un des membres les plus importants de l’armée et la cible d’une redoutable organisation terroriste. Celle-ci est parvenue à lui dérober la mallette contenant les codes secrets et menace Washington de destruction nucléaire si ses exigences ne sont pas respectées… A commencer par le suicide télévisé du Président. Cross a peu de temps pour agir et aucun droit à l’erreur. Quelques années avant de se voir confier des budgets colossaux du cinéma français (Le Boulet, Astérix aux Jeux Olympiques, Stars 80), Frédéric Forestier a donc eu cette rare opportunité de signer un premier long métrage aux Etats-Unis, porté par une star de la castagne et même celle des Dents de la mer, le grand Roy Sheider, qui interprète rien de moins que le Président des États-Unis. Alors que le film devait raconter une prise d’otages dans l’avion présidentiel Air Force One, le projet est remis en question puis remodelé après l’annonce du film Air Force One de Wolfgang Petersen, avec Harrison Ford en tête d’affiche. Finalement, le scénario de Stewart Harding et Robert Geoffrion (L’Arme secrète avec Chuck Norris) redevient « basique », mais comme le film avait déjà été vendu, les arguments mercenaires – terroristes-élément perturbateur (ou une mouche dans le lait, un petit rouage qui grippe, un emmerdeur)-Président des Etats-Unis demeurent dans une trame complètement différente, mais étonnamment proche de Rock de Michael Bay, sorti l’année précédente.
État d’urgence reste un très bon cru de l’ami Dolph. La réalisation de Frédéric Forestier ne manque ni de charme, ni de morceaux de bravoure à l’instar de cette poursuite en voiture sur les toits de Chicago ou de la désintégration du Mont Rushmore, ni d’humour avec quelques punchlines bien senties et le rythme est plutôt bien soutenu. Même si la première partie emballe plus avec le personnage de Dolph Lundgren qui n’avait rien demandé à personne et qui va prendre la pétoire pour éliminer les sbires qui menacent de rayer l’état de Washington de la carte, le film remplit largement son cahier des charges. Le comédien semble prendre beaucoup de plaisir dans ce rôle de commandant qui pour avoir fait trop de zèle (il a livré seul des sacs de riz à la population Kurde, sans en avoir reçu l’autorisation), se retrouve à jouer le chien-chien du Président afin d’éviter la cour martiale. Si Dolph Lundgren n’est pas Arnold Schwarzenegger ou Sylvester Stallone, il a souvent su démontrer ses capacités physiques, mais aussi d’interprétation, du moins si ses rôles le lui permettaient, et il s’en tire à merveille dans État d’urgence où il a quand même sacrément la classe en uniforme.
Entre gunfights et poursuites, menaces nucléaires et retournements de situation, le suspense est maintenu, on ne s’ennuie pas et The Peacekeeper demeure un digne représentant de ce qui faisait dans le genre dans les années 1990. Même si le film est sorti au cinéma dans quelques pays (Italie, Corée du Sud, Portugal, Japon), la carrière d’État d’urgence se fera essentiellement en VHS et une diffusion sur HBO aux Etats-Unis en décembre 1997.
LE BLU-RAY
Après une édition en DVD en avril 2000 chez Seven7 Editions, État d’urgence renaît de ses cendres en Haute-Définition. Metropolitan Vidéo reprend logiquement le flambeau et n’a pas fait les choses à moitié pour les amateurs de Dolph Lundgren puisque État d’urgence est accompagné de L’Homme de guerre pour une séance double-programme ! A la manière de ses récentes sorties consacrées à Jean-Claude Van Damme et Albert Pyun, deux films avec Dolph Lundgren se trouvent donc réunis sur la même galette. Le test de L’Homme de guerre est déjà disponible dans nos colonnes. Une fois le disque inséré, un menu fixe et muet nous propose de sélectionner directement le film, la langue et le supplément désiré.
A l’instar de L’Homme de guerre, l’éditeur propose une brève, mais excellente présentation du film par Jérémie Damoiseau (3’). Ce spécialiste de Dolph Lundgren et auteur du livre Punisher : l’histoire secrète (Broché), replace le film dans la carrière du comédien, tout en expliquant les mutations des films d’action au milieu des années 1990.
Excellente initiative de la part de Metropolitan d’avoir été à la rencontre du réalisateur Frédéric Forestier à l’occasion de la sortie de son premier long métrage en Haute-Définition (30’). Spontané et vraiment sympathique, le cinéaste révèle comment il s’est retrouvé aux commandes d’État d’urgence, une production de près de 10 millions de dollars avec Dolph Lundgren en tête d’affiche, alors qu’il n’avait réalisé qu’un seul court-métrage ! Les anecdotes de tournage s’enchaînent sans aucun temps mort (sa rencontre et le travail avec Dolph Lundgren, les réécritures du scénario, le tournage à Montréal, sa préparation minutieuse à partir de storyboards, le casting, les effets spéciaux), avec même quelques photos et des images d’un making of d’époque qui montrent Frédéric Forestier et Dolph Lundgren sur le plateau entre deux prises. Ne manquez pas le moment où le réalisateur explique une scène ambitieuse qu’il rêvait de tourner, à partir d’un missile lancé dans les rues de Washington (voir les dessins conceptuels) et télécommandé par le personnage de Dolph Lundgren à partir d’un joystick, mais qui est restée au stade du fantasme faute de moyens.
L’Image et le son
État d’urgence arrive en Blu-ray ! Vous vous rendez compte ! Dans un nouveau master Haute Définition qui plus est ! Et la copie est pas mal du tout en plus. Cette galette bleue au format 1080p, présente le film de Frédéric Forestier avec encore quelques défauts, points blancs, pertes de la définition sur les scènes sombres, petites tâches, mais franchement, nous n’avions peut-être jamais vu État d’urgence dans de pareilles conditions. L’image est stable tout du long, les scènes diurnes lumineuses, le piqué agréable et les couleurs retrouvent une nouvelle fraîcheur. Le grain est respecté, même si la gestion est plus instable sur les séquences nocturnes, mais rien de vraiment gênant. Le lifting respecte l’oeuvre originale. Bref, c’est du tout bon et on en redemande !
En ce qui concerne le son, nous avons évidemment le choix entre la version originale et la version française en DTS-HD Master Audio 2.0 ! Le doublage français original avec le grand Daniel Beretta prête son timbre grave à Dolph Lundgren est évidemment respecté et cette piste s’avère aussi claire et dynamique que la version originale. Les ambiances, la musique, les déflagrations et les dialogues sont aussi riches, même si la piste anglaise l’emporte probablement au niveau des effets. Les sous-titres ne sont pas imposés sur cette piste et le changement de langue n’est pas verrouillé.
Crédits images : © Metropolitan Video / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr