Test DVD / Une vie, réalisé par James Hawes

UNE VIE (One Life) par James Hawes, disponible en DVD & Blu-ray le 26 juin 2024 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Anthony Hopkins, Lena Olin, Johnny Flynn, Helena Bonham Carter, Tim Steed, Matilda Thorpe, Daniel Brown, Alex Sharp, Jirí Simek, Romola Garai…

Scénario : Lucinda Coxon & Nick Drake, d’après le livre de Barbara Winton, If It’s Not Impossible…: The Life of Sir Nicholas Winton

Photographie : Zac Nicholson

Musique : Volker Bertelmann

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Prague, 1938. Alors que la ville est sur le point de tomber aux mains des nazis, un banquier londonien va tout mettre en œuvre pour sauver des centaines d’enfants promis à une mort certaine dans les camps de concentration. Au péril de sa vie, Nicholas Winton va organiser des convois vers l’Angleterre, où six cent soixante-neuf enfants juifs trouveront refuge.

Grand succès de 2024 en France avec plus d’1,5 million d’entrées, ce qui le place pour l’instant dans le top 10 de l’année, entre Bob Marley:One Love et Maison de retraite 2, Une vie One Life est le premier long-métrage de James Hawes, réalisateur ayant fait ses classes à la télévision depuis plus de trente ans. Remarqué et parfois même récompensé pour son travail sur les séries Doctor Who, Slow Horses, Snowpiercer, Penny Dreadful, Mad Dogs et Black Mirror (les épisodes Hated in the Nation de la saison 3 et Smithereens de la saison 5), ou pour son téléfilm Enid (2009) avec Helena Bonham Carter, le metteur en scène adapte le livre If It’s Not Impossible…The Life of Sir Nicholas Winton de Barbara Winton, qui narrait sur la vie de son père Nicholas Winton (1909-2015), surnommé le « Schindler britannique ». Cette histoire vraie, restée méconnue pendant des décennies, est dévoilée au monde entier lorsqu’en 1988, une émission britannique, That’s Life !, invite Nicholas à témoigner. Celui-ci ne se doute pas que dans le public se trouvent les enfants – désormais adultes – qui ont survécu grâce à lui dans les années 1930. Certes, ce récit est incroyable, mais le film pâtit d’un académisme ronflant et bien pépère. Nous sommes ici en plein biopic réalisé en mode automatique, sans relief, sans imagination. Une mise en images fonctionnelle où rien ne dépasse, où les plans s’enchaînent comme un vulgaire téléfilm. Sir Anthony Hopkins, 86 ans au moment du tournage, n’a pas grand-chose à faire durant les trois-quarts du long-métrage, dans lequel il n’apparaît qu’en pointillés, se contentant la plupart du temps de se faire un thé, de nager, de regarder par la fenêtre. En revanche, il laisse la place à Johnny Flynn, qui incarne Nicholas Winton jeune. Essentiellement connu pour sa carrière musicale, il est également apparu au cinéma, comme à deux reprises chez Olivier Assayas (Sils Maria, Après mai). Le biopic est un genre qu’il connaît pour avoir incarné David Bowie dans Stardust (2020) de Gabriel Range et Ian Fleming dans La Ruse Operation Mincemeat (2021) de John Madden. Rebelote pour l’acteur né en 1983, qui se taille la part du lion dans Une vie et qui a plus de choses à défendre que son aîné dans le même rôle, mais à un demi-siècle de séparation. En l’état, One Life se laisse regarder et le propos interpelle forcément, mais l’ensemble ne laisse au final pas grand-souvenir, à part le moment déjà connu (celui de l’émission), dont la reconstitution apparaît quelque peu factice, comme par ailleurs le reste du film.

En 1938, Nicholas Winton, agent de change londonien âgé de 29 ans, visite la Tchécoslovaquie quelques semaines seulement après les accords de Munich, qui scellaient l’annexion par le Reich des régions du pays peuplées majoritairement d’Allemands. Il fait alors la rencontre de familles qui ont fui la montée du nazisme en Allemagne et en Autriche. Le Britannique croise par ailleurs la route de sa compatriote Doreen Warriner, cheffe du Comité britannique pour les réfugiés de Tchécoslovaquie à Prague (BCRC pour British Committee for Refugees from Czechoslovakia). Horrifié par les conditions de vie dans les camps de réfugiés, Nicholas décide de participer au sauvetage d’enfants (juifs très majoritairement) s’y trouvant. Activement soutenu par sa mère Babette, elle-même immigrée juive allemande convertie depuis à l’Église d’Angleterre, il va cependant devoir faire face aux obstacles bureaucratiques. Winton organise malgré tout des collectes de dons et recherche des familles anglaises pour accueillir les enfants. Le temps presse car personne ne sait jusque quand les frontières resteront ouvertes, la guerre menaçant d’éclater du jour au lendemain. Cinq décennies plus tard, à la demande de sa femme Grete, Nicholas met de l’ordre dans son bureau. Il retrouve alors d’anciens documents où était consigné tout son travail pour le BCRC, avec des photos et listes des enfants qu’ils voulaient mettre en sécurité – ce qui n’a pas été possible pour certains d’entre eux, à son grand désespoir. Lors d’un repas avec son vieil ami Martin Blake, Nicholas réfléchit au sort de ces archives et à ce que sont devenus les 669 enfants sauvés. Il envisage d’offrir les documents à un musée de l’Holocauste puis se rétracte, souhaitant attirer l’attention sur le sort actuel des réfugiés.

On comprend mieux pourquoi Nicholas Winton, courtier de profession, était donc appelé le Schindler britannique. Une vie rend hommage à ce héros que beaucoup connaissent – sans forcément mettre un nom sur cet individu – pour avoir découvert sur internet ou à la télévision les images d’une émission de la BBC, où les rescapés se sont tous levés autour de celui qui les avait sauvés un demi-siècle auparavant. Mais était-ce pour autant nécessaire d’en faire un film ? Quand on voit le caractère redondant de l’intrigue on se dit que non. Comme si James Hawes et ses scénaristes Lucinda Coxon (Petits meurtres à l’anglaise, Danish Girl) et Nick Drake avaient suivi scrupuleusement la fiche Wikipédia de l’intéressé, en faisant uniquement confiance au caractère dramatique de l’histoire. Le cahier des charges est rempli, proprement, trop sans doute.

On s’ennuie donc pas mal comme il n’y a aucune surprise, comme la fin se sait évidemment à l’avance, que le tout manque de « rebondissements » et que rien ne paraît difficile en fait dans l’entreprise menée par Winton et ses complices. James Hawes est là pour faire pleurer dans les chaumières, abuse des plans sur les enfants au regard triste, la photo de Zac Nicholson (Le Cercle littéraire de Guernesey, La Mort de Staline) est impersonnelle et sans aspérité, la musique de Volker Bertelmann (À la dérive, Lion, un habitué dans le genre) en rajoute sans cesse dans le pathos, les décors et les costumes sonnent faux…Les acteurs font ce qu’ils peuvent avec le peu qu’on leur a confié et on est heureux de revoir la géniale Lena Olin (La Neuvième porte, Romeo is Bleeding, L’Insoutenable légèreté de l’être), ainsi que Romola Garai, révélée en 2007 par François Ozon dans Angel, aperçue chez Woody Allen dans Scoop et qui s’est depuis égarée à la télévision.

Devoir de mémoire certes, mais Une vie n’est assurément pas un bon film de cinéma. Son sujet très fort ne laisse pas de marbre, à moins d’être un monstre, mais cela n’excuse en rien la paresse – sur tous les plans – de cette énième hagiographie.

LE DVD

Après son énorme succès dans les salles françaises, Une vie arrive chez M6 Vidéo en DVD et Blu-ray. Le visuel reprend celui de l’affiche d’exploitation hexagonale. Le menu principal est fixe et musical.

Au rayon des suppléments, pas grand-chose à se mettre sous la dent. Les interviews successives d’Anthony Hopkins et Helena Bonham Carter (17’) n’ont guère d’intérêt puisque les deux comédiens racontent en fait l’histoire du film, longuement, parlent des conditions de tournage et du travail avec le réalisateur James Hawes, des décors, des costumes…des entretiens en mode promotionnel, où Anthony Hopkins ne manque pas de superlatifs pour qualifier le metteur en scène, tandis qu’Helena Bonham Carter ne sait plus trop comment éviter de se répéter durant dix bonnes minutes.

Le deuxième bonus donne la parole aux rescapés de cet événement, invités à la première d’Une vie (11’). Ceux-ci interviennent face caméra pour partager leurs souvenirs, pour évoquer Nicholas Winton, pour raconter ce qu’ils ont traversé, tout en expliquant l’importance de ce film qui en apprend beaucoup sur la vie de celui et de ses complices qui les ont sauvés. Le fils de Nicholas Winton est également présent à leurs côtés.

L’Image et le son

Faites confiance à M6 Vidéo pour assurer le service après-vente ! Le film de James Hawes se trouve choyé par l’éditeur. Le master tient toutes ses promesses, la colorimétrie est superbe, les contrastes denses, les détails ciselés et le relief étonnant. Si la définition n’est pas optimale – certaines séquences en intérieur sont plus douces – le piqué est fort acceptable et la photo admirablement restituée.

Comme pour l’image, l’éditeur a soigné le confort acoustique et livre deux mixages anglais et français, Dolby Digital 5.1, probants l’un et l’autre. Certaines séquences peuvent compter sur une balance assez percutante des frontales comme des latérales. Les effets annexes sont palpables et souvent dynamiques, les voix solidement exsudées par la centrale, tandis que le caisson de basses souligne efficacement chacune des scènes au moment opportun. La spatialisation musicale est omniprésente. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © M6 Vidéo / SND / SquareOne Entertainment / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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