Test DVD / Une pointe d’amour, réalisé par Maël Piriou

UNE POINTE D’AMOUR réalisé par Maël Piriou, disponible en DVD le 3 septembre 2025 chez Pathé.

Acteurs : Julia Piaton, Grégory Gadebois, Quentin Dolmaire, Florence Viala, Claude Guyonnet, Louis Meignan, Aude Léger, Roc Esquius…

Scénario : Maël Piriou, d’après le scénario du film Hasta la Vista coécrit par Pierre De Clercq & Mariano Vanhoof

Photographie : Guillaume Schiffman

Musique : Pascal Sangla

Durée : 1h20

Date de sortie initiale : 2025

LE FILM

Suite à la découverte d’une maladie incurable, Mélanie, avocate, fait le choix de profiter de la vie. Elle embarque son ami Benjamin dans une odyssée en Espagne, pour explorer enfin leur sensualité dans une maison close. Elle emploie Lucas, fraîchement sorti de taule, comme conducteur. Lucas, avec son van de guingois, fait le voyage un peu forcé. Contrairement à Mélanie, Benjamin ne semble pas pressé d’arriver et fait d’ailleurs tout pour prolonger cet improbable voyage à ses côtés…

Encore un premier long-métrage français qui a débarqué dans les salles. Il s’agit d’Une pointe d’amour de Maël Piriou, ancien journaliste, entré dans le monde du cinéma en concoctant quelques documentaires sur les tournages (Bonne pomme, Demain tout commence), avant de devenir scénariste (l’excellent À trois on y va de Jérôme Bonnell). Pour Une pointe d’amour, il réunit un très beau trio de comédiens, Julia Piaton, Grégory Gadebois et Quentin Dolmaire, qui participent beaucoup à la jolie réussite du film, qui d’ailleurs au passage s’avère – une fois de plus – un remake, non pas d’une œuvre sud-américaine comme c’est souvent le cas dans nos contrées, mais d’un film flamand, Hasta la Vista de Geoffrey Enthoven. Ce dernier avait connu un beau succès en France en 2012 avec plus de 120.000 entrées. Mais Maël Piriou transforme beaucoup de choses, les personnages principaux tout d’abord. Dans le film original, il s’agissait de trois jeunes d’une vingtaine d’années, handicapés (un aveugle, un second confiné sur une chaise roulante, le troisième complètement paralysé), encore vierges, qui sous prétexte d’aller faire la route des vins, prenaient en fait la direction de l’Espagne avec l’espoir d’y vivre leur première expérience sexuelle. Dans Une pointe d’amour, il se focalise sur deux trentenaires, qui envisagent le même projet que dans Hasta la Vista, mais accompagnés cette fois par un type paumé qui sera leur chauffeur. Évidemment, les relations ne sont pas aisées au départ, mais les trois compagnons de route apprendront enfin à lâcher du lest, à se confier, sur leurs désirs, leurs peurs aussi, leurs espoirs. Une pointe d’amour est un bon divertissement, un feel-good movie qui manque sans doute d’audace, mais pas de coeur.

Depuis Les Aristos (2006), où elle était dirigée par sa mère Charlotte de Turckheim, Julia Piaton n’a eu de cesse de s’imposer, surtout depuis dix ans et son explosion dans le rouleau compresseur Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? de Philippe de Chauveron. Mais depuis que les producteurs misent sur elle comme tête d’affiche, cela a un peu plus de mal à prendre. En dehors du beau succès rencontré par Les Petites victoires, avec quasiment un million d’entrées en 2023, dans lequel elle donnait la réplique à feu Michel Blanc, Julia Piaton a enchaîné les revers avec Le Secret de Khéops de Barbara Schulz, Le Mélange des genres de Michel Leclerc, Les Règles de l’art de Dominique Baumard et Une pointe d’amour, quin’ont guère attiré les foules dans les salles. De tous ces films, celui de Maël Piriou mérite le coup d’oeil du spectateur et saura indéniablement trouver un nouveau public.

Sans pathos, le réalisateur livre trois beaux portraits de protagonistes réunis pour un étrange road-trip. Les comédiens ont peu à faire pour rendre Mélanie et Benjamin très attachants. Si Julia Piaton est comme d’habitude impeccable, on est très heureux de revoir le rare et précieux Quentin Dolmaire à l’oeuvre. Révélé en 2015 dans le génial Trois Souvenirs de ma jeunesse d’Arnaud Desplechin, dans lequel il campait Paul Dédalus à l’âge adolescent, rôle qui lui a valu une nomination pour le César du meilleur espoir masculin en 2016, Quentin Dolmaire est cette fois encore remarquable de naturel, d’humour et impressionnant d’hyper-sensibilité.

Le tandem est soutenu par l’ogre Grégory Gadebois, qui ne s’arrête plus, allant tourner jusqu’à six films par an et en ce moment en plein tournage de Jean Valjean d’Éric Besnard, dans lequel il campe le rôle-titre. S’il a parfois tendance à incarner le même personnage, le type ronchon, grognon, qui dissimule un coeur d’or enseveli sous les décombres d’une existence chaotique, on ne peut s’empêcher de le trouver impressionnant de présence, de charisme, de délicatesse. Le trio fonctionne à plein régime dans Une pointe d’amour. On pourra reprocher à l’ensemble un aspect téléfilm et ce malgré la présence du grand Guillaume Schiffman (Le Consentement, Rien à perdre, En attendant Bojangles) à la photographie.

Le tout repose essentiellement sur la véritable alchimie des acteurs, qui se dégage à l’écran et l’illumine tout du long, ainsi que sur des dialogues bien écrits et un rythme maintenu tout du long. Et l’on garde un beau souvenir d’Une pointe d’amour, qui trotte encore dans un coin de la tête quelques jours après. Ce qui prouve que Maël Piriou a tapé dans le mille en ce qui concerne ses personnages. Il a le temps de prouver qu’il peut aussi s’améliorer sur le plan formel. On y croît.

LE DVD

Point d’édition HD pour Une pointe d’amour, qui n’a attiré qu’un peu plus de 120.000 spectateurs à sa sortie fin avril 2025. C’est Pathé qui prend en charge le service après-vente et propose désormais le film de Maël Piriou en DVD. La jaquette reprend le visuel de l’affiche d’exploitation. Le menu principal est animé et musical.

Comme supplément, nous trouvons quelques interviews croisées, avec d’un côté Maël Piriou et Grégory Gadebois, et de l’autre Julia Piaton et Quentin Dolmaire (18’). Le réalisateur revient sur la genèse d’Une pointe d’amour, issu du film flamand Hasta la Vista, qu’il a beaucoup réadapté. Les comédiens s’expriment sur leur préparation physique, qui s’est déroulée avec des ergothérapeutes et des coachs paraplégiques.

L’Image et le son

Point d’édition Blu-ray, mais un beau DVD pour Une pointe d’amour. Le master est soigné avec des contrastes élégants, à part peut-être durant les séquences sombres où l’image paraît plus douce et moins affûtée, mais cela demeure franchement anecdotique. La clarté est frappante, le piqué vif, les gros plans détaillés et la colorimétrie reste chatoyante, riche et bigarrée.

Outre une piste Audiovision et des sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, la version Dolby Digital 5.1 parvient sans mal à instaurer un indéniable confort phonique. Les enceintes sont toutes mises en valeur et spatialisent excellemment les effets naturels, la musique et les ambiances. Une version Stéréo est aussi au programme et saura contenter celles et ceux non équipés sur la scène arrière.

Crédits images : © Pathé Films / Christophe Brachet / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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