Test DVD / Un homme en fuite, réalisé par Baptiste Debraux

UN HOMME EN FUITE réalisé par Baptiste Debraux, disponible en DVD depuis le 17 septembre 2024 chez Blaq Out.

Acteurs : Bastien Bouillon, Léa Drucker, Pierre Lottin, Marion Barbeau, Wim Willaert, Théo Navarro-Mussy, Anne Consigny, Eric Godon…

Scénario : Baptiste Debraux & Armel Gourvennec

Photographie : Fabien Benzaquen

Musique : Feu ! Chatterton

Durée : 1h42

Année de sortie : 2024

LE FILM

Rochebrune est au bord du chaos. Johnny, leader du mouvement de protestation de la ville, a disparu après avoir braqué un fourgon. Lorsque Paul Ligre apprend la nouvelle, il revient dans la ville qui l’a vu grandir pour retrouver son ami d’enfance avant la police. Seulement, l’enquête d’Anna Werner la mène inéluctablement vers le secret qui unit Paul et Johnny…

Un homme en fuite est le premier long-métrage de Baptiste Devraux, jusqu’à présent scénariste et réalisateur d’une poignée de courts-métrages et d’un clip musical pour Ibrahim Maalouf. Co-écrit avec Armel Gourvennec, Un homme en fuite impose immédiatement un auteur, un brillant technicien et un solide directeur d’acteurs. Si la forme l’emporte finalement plus que le fond (somme toute classique), il serait dommage de passer à côté de cette histoire souvent prenante et surtout brillamment interprétée par un casting de haut vol, sur lequel trône une fois de plus la formidable Léa Drucker, décidément en odeur de sainteté. Drame psychologique et polar immersif, Un homme en fuite rappelle le génial Rouge de Farid Bentoumi, avec sa description d’une petite ville ouvrière des Ardennes, dont la jeune population a pris la fuite et où les anciens regardent les jours passer sans plus rien attendre de l’existence. S’il inscrit son récit dans un réalisme social, basé sur une longue documentation concernant l’évolution démographique de la Vallée de la Meuse (dont il est originaire), où les petites bourgades ont perdu pas moins de la moitié de leurs habitants en à peine un quart de siècle, Baptiste Devraux ne délaisse pas pour autant le romanesque, qui sait rester crédible. Assurément un metteur en scène à suivre.

Dans les Ardennes, la fermeture prochaine de la principale usine de Rochebrune crée des tensions sociales. Les ouvriers sont soutenus dans leur grève par un marginal, Johnny Laforge, récemment sorti de sept années de prison pour avoir tiré sur son ancien patron. Pour les aider financièrement Johnny décide de braquer un fourgon bancaire. L’attaque à main armée se solde par la mort d’un des deux convoyeurs. Johnny et l’argent ont disparu. Ce fait divers médiatisé provoque le retour sur place de Paul Ligre, son ami d’enfance, devenu écrivain, qu’il n’a plus vu depuis quinze ans. Entre lui et Anna Werner, la gendarme de la section de recherche chargée de l’enquête, également originaire de Rochebrune, une course pour mettre la main sur Johnny s’engage.

Le contexte dans lequel se déroule Un homme en fuite n’est guère réjouissant avec ses usines qui ferment, les médecins obligés de se rendre dans les coins les plus reculés et désertés, les services publics rendant l’âme…Le cinéaste ancre ses personnages du cru dans ce quotidien morose, y compris la Gendarme en Unité de Recherches venue de Reims, Anna, qui a grandi à Rochebrune (ville fictive) où s’est déroulé le braquage d’un fourgon blindé qui s’est mal passé. Comme si l’on ne pouvait jamais échapper à son passé, plusieurs personnages se rendent à nouveau dans les Ardennes. C’est le cas aussi de Paul, qui n’avait pas remis les pieds à Rochebrune depuis une quinzaine d’années et qui n’avait pas revu ses parents non plus. Alors que les ouvriers sont sur le point d’exploser, puisqu’ils n’ont plus rien à perdre, Anna doit enquêter sur la disparition de celui qui aurait commis cette attaque à main armée, Johnny, que tout le monde connaît et semble vouloir protéger.

Baptiste Debraux fait preuve d’ambition et réunit une distribution parfaite. Léa Drucker donc (qui depuis Jusqu’à la garde de Xavier Legrand n’en finit plus de subjuguer), mais aussi l’excellent Bastien Bouillon (une grande année pour lui avec Le Comte de Monte-Cristo et Monsieur Aznavour), l’impressionnant Pierre Lottin (Wilfried des Tuche, Grâce à Dieu de François Ozon, La Nuit du 12 de Dominik Moll et qui triomphe actuellement dans En fanfare d’Emmanuel Courcol), la précieuse Anne Consigny et Marion Barbeau, révélée dans En corps de Cédric Klapisch sont tous formidables dans Un homme en fuite. Avec son ciel lourd couleur mercure, ses décors figés dans un passé indéterminé et ses protagonistes qui s’effacent comme des fantômes, l’intrigue policière s’avère anxiogène à souhait, tout comme la partition entêtante de Feu ! Chatterton, quand bien même tous les flashbacks, qui renvoient quinze ans dans le passé, ne fonctionnent pas tous, surtout quand Johnny et Paul sont rajeunis.

Un homme en fuite rappelle aussi Connemara et Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu dans sa peinture dressée d’une génération, même s’il lui manque une émotion souvent diluée dans la froideur générale. Mais Baptiste Debraux a encore le temps pour rectifier le tir sur ces quelques bémols, qui cependant n’entament en rien la réussite de son premier long-métrage.

LE DVD

Un peu plus de 20.000 spectateurs ont fait le déplacement dans les salles pour venir découvrir le premier long-métrage de Baptiste Debraux. C’est peu…beaucoup trop peu…Néanmoins, cela ne nous empêche pas de découvrir le film en DVD chez Blaq out. La jaquette, glissée dans un boîtier Amaray classique, reprend le visuel de l’affiche d’exploitation. L’ensemble repose dans un sur-étui cartonné. Le menu principal est fixe et musical.

Nous trouvons un entretien dense et passionnant du réalisateur Baptiste Devraux (22’). Réalisée à l’occasion de la sortie du film dans les salles, cette interview permet d’en savoir plus sur le décor dans lequel se déroule l’action principale d’Un homme en fuite, région que connaît bien le metteur en scène pour y avoir passé la première partie de sa vie. Le contexte social, l’évolution démographique des petites villes dans les Ardennes, la psychologie des personnages, les conditions de tournage, les partis-pris, le casting, la musique et les intentions sont analysés point par point.

L’Image et le son

Blaq Out livre un joli master d’Un homme en fuite, restituant habilement la photographie du film signée Fabien Benzaquen. Le chef opérateur privilégie les teintes froides, la clarté reste de mise, le relief est agréable et les détails précis. Les contrastes sont riches, les séquences sombres sont aussi fluides et définies que les scènes diurnes, le piqué est suffisamment vif, les noirs denses et l’encodage demeure solide jusqu’à la fin.

La piste DD 5.1 offre un large confort suffisant pour un film de cet acabit. La spatialisation musicale est très convaincante et la délivrance des dialogues dynamique. Les ambiances naturelles ne sont pas oubliées tout comme le beau soutien des basses qui interviennent aux moments opportuns. Présence également d’une version Stéréo, d’une autre en Audiodescription, ainsi qu’une piste de sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Blaq Out / Tandem Films / Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.