UN HÉROS ORDINAIRE (The Public) réalisé par Emilio Estevez, disponible en DVD le 17 février 2022 chez Metropolitan Video.
Acteurs : Alec Baldwin, Emilio Estevez, Jena Malone, Taylor Schilling, Christian Slater, Che Rhymefest Smith, Gabrielle Union, Jacob Vargas, Michael K. Williams, Jeffrey Wright…
Scénario : Emilio Estevez
Photographie : Juan Miguel Azpiroz
Musique : Tyler Bates & Joanne Higginbottom
Durée : 1h55
Année de sortie : 2018
LE FILM
Après l’arrivée soudaine d’une vague de froid, la bibliothèque publique de Cincinnati devient un refuge pour de nombreuses personnes démunies ou sans-abri, menés par un certain Jackson. Cela n’est pas sans poser quelques petits problèmes de cohabitation au sein de l’établissement d’autant plus que les SDF refusent fermement de quitter les lieux. Rapidement, leur sit-in devient un acte de désobéissance qui déclenche l’arrivée de la police antiémeute qui souhaite les expulser de ce centre de loisirs…
Tiens, il était passé où Emilio Estevez ? Si son frangin Charlie Sheen a longtemps fait les choux gras de la presse people tout en trustant la première place des acteurs les mieux payés de la télévision, Emilio n’a guère fait parler de lui depuis quand ? Un quart de siècle peut-être ? Le comédien culte (né en 1962) des années 1980 d’Oustiders de Francis Ford Coppola, de La Mort en prime – Repo Man d’Alex Cox, de The Breakfast Club de John Hughes, d’Étroite surveillance – Stakeout de John Badham, de Young Guns de Christopher Cain (et de sa suite) et même de Maximum Overdrive de Stephen King, commencera à se faire plus rare la décennie suivante. Car à part la trilogie des Petits Champions – The Mighty Ducks et à la rigueur le fendard Alarme fatale – Loaded Weapon 1 de Gene Quintano, il est difficile de se remémorer Emilio Estevez sans sa coupe mulet. C’est en fait derrière la caméra qu’il s’épanouira, aussi bien à la télévision (Le Protecteur – The Guardian, Cold Case : Affaires classées, Les Experts : Manhattan, Numb3rs) qu’au cinéma avec l’intéressant film choral Bobby (2006), ainsi que The Way, la route ensemble (2010), pour lequel il offre à son père Martin Sheen l’un de ses plus beaux rôles, tout en lui donnant la réplique. Huit ans après ce film, Emilio Estevez revient à la mise en scène et s’octroie le premier rôle dans Un héros ordinaire – The Public, où il s’entoure d’un casting soigné, d’Alec Baldwin à Jena Malone, en passant par Christian Slater et Jeffrey Wright, sans oublier l’excellente Taylor Schilling, star de la série Orange Is the New Black. Un héros ordinaire est un film indépendant qui repose essentiellement sur sa distribution impliquée, comprenez par là que chaque acteur a accepté de baisser son cachet habituel pour y apparaître, qui ne laissera évidemment pas beaucoup de souvenirs après coup car noyé dans la masse ou dans le tout-venant. Néanmoins, il se dégage une mélancolie de The Public, durant lequel on s’attache à l’ensemble des personnages et à cette petite histoire porteuse d’un message d’entraide. S’il ne se gravera assurément pas dans les mémoires, Un héros ordinaire contient quelques scènes sympathiques et mérite qu’on y accorde une projection.
Après avoir appris que les abris d’urgence sont à pleine capacité lorsqu’un front froid brutal du Midwest fait son chemin vers Cincinnati, un grand groupe de clients de la bibliothèque sans-abri dirigé par Jackson (Michael Kenneth Williams, le légendaire Omar Little de la série Sur écoute, décédé en 2021) refuse de quitter la bibliothèque publique du centre-ville à l’heure de fermeture. Ce qui commence comme un sit-in non-violent dégénère rapidement en une confrontation avec la police anti-émeute locale, dirigée par un négociateur (Alec Baldwin) et un procureur de district avisé (Christian Slater) avec de nobles ambitions politiques, le tout alors que deux bibliothécaires (Emilio Estevez et Jena Malone) sont pris entre deux feux.
On ne sait pas ce qui a donné envie à Emilio Estevez d’écrire cette histoire, sans doute l’envie de retourner à un récit simple, facile à réaliser, avec une économie de moyens et des décors limités (on est ici en quasi-huis clos), tout le contraire de The Way, la route ensemble, tourné aux quatre coins du monde, en Espagne, en France, au Maroc, aux Etats-Unis…Un héros ordinaire se focalise sur des petites gens, sur Stuart Goodson (Emilio Estevez donc), homme discret, presque effacé, qui avance tête baissée, comme s’il frôlait les murs. Au fur et à mesure, les bribes du passé du bibliothécaire se dévoilent et se dessine alors le portrait d’un type brisé dans le passé, qui comme Samy Naceri a eu le droit à une deuxième chance. A l’écran comme à la réalisation, Emilio Estevez s’en sort très bien et cela fait plaisir de le revoir à l’oeuvre, à l’aube de la soixantaine, même si Un héros ordinaire a été mis en boite il y a déjà quatre ans. Rien à redire concernant le jeu de ses partenaires, Alec Baldwin s’imposant sans mal encore une fois, tandis que Christian Slater revient aux affaires dans le rôle d’un politicien arriviste (pléonasme) qui compte bien profiter de la situation pour se faire mousser.
Un héros ordinaire n’est pas déplaisant. L’ensemble est animé par de beaux et bons sentiments, un spleen qui découle d’idéaux et d’espoirs déçus et un humour pince-sans-rire. C’est à la fois divertissant, joli à regarder, intelligent, propre, même s’il lui manque certainement ce petit truc qui parviendra à l’élever suffisamment pour qu’on en parle un peu après, ainsi qu’un rythme mieux géré, étant donné que le film s’étend sur deux bonnes heures. Bien accueilli par la critique, Un héros ordinaire semble avoir donné un nouveau coup de fouet à Emilio Estevez, qui se prépare à emballer le troisième volet de la franchise Young Guns, Young Guns 3: Alias Billy the Kid.
LE DVD
Sorti en 2018, Un héros ordinaire n’apparaît seulement dans les bacs français qu’en février 2022, chez Metropolitan Vidéo. Une sortie dite technique, uniquement en DVD. Le visuel de la jaquette mise évidemment tout sur le casting du film. Le menu principal est animé et musical.
En ce qui concerne les suppléments, rien ou presque à se mettre sous la dent, juste un lot de bandes-annonces.
L’Image et le son
Comme pour ses sorties traditionnelles, Metropolitan soigne autant le transfert de ce DTV qu’un blockbuster et l’image d’Un héros ordinaire ne déçoit pas. Le piqué est soigné, la clarté de mise, le cadre large offre un lot conséquent de détails et la colorimétrie est habilement restituée. Evidemment, la copie est d’une propreté immaculée, les contrastes sont denses, les intérieurs agréablement feutrés, et malgré un sensible bruit vidéo, les meilleures conditions techniques sont réunies et la définition est exemplaire.
En anglais comme en français, les mixages Dolby Digital 5.1 parviennent à créer une sensible spatialisation, avec une plus grande homogénéité pour la version originale. Certes, la balance frontales-latérales profite surtout à la musique mais quelques ambiances naturelles parviennent à percer sur les séquences en extérieur. Les voix sont claires et distinctes, la spatialisation musicale systématique et le confort acoustique solide.