TA GUEULE, JE T’AIME ! réalisé par Serge Korber, disponible en DVD depuis le 15 juillet 2016 chez LCJ Editions
Acteurs : Brigitte Lahaie, Henri Czarniak, Michèle Perello, Anne Libert, Pierre Danny, Jean-Loup Philippe, Anne Libert, France Lomay…
Scénario : Christian Watton
Photographie : Gérard Loubeau
Musique : Roger Candy
Durée : 1h16
Date de sortie initiale : 1980
LE FILM
À la suite d’un accident lors d’une promenade en voiture, Fanny et Marco se retrouvent dans la luxueuse maison de campagne d’Henry, le garagiste qui les a secourus mais qui est aussi un ancien copain de régiment de Marco. Tous les habitants de la maison, de la femme d’Henry au livreur de yaourt, en passant par le curé, sont obsédés par le sexe et chacun s’en donne à cœur joie.
Serge Korber (né en 1936), c’est avant tout le réalisateur du merveilleux Un idiot à Paris (1967), adapté du roman éponyme de René Fallet et sans doute le plus beau rôle de Jean Lefebvre au cinéma. Il y a aussi les deux collaborations avec Louis de Funès, L’Homme orchestre (1970) et Sur un arbre perché (1971), deux des pires films de Fufu. A la même période, Serge Korber met en scène quelques films pornographiques sous le pseudo de John Thomas, dans lesquels il fera tourner son acteur fétiche, Richard Darbois, devenu l’immense comédien de doublage que l’on connaît depuis plus de quarante ans. S’enchaîneront des œuvres aux titres fleuris tels que Hard Love (1975), A bout de sexe (1975), Dans la chaleur de Julie (1975), L’Essayeuse (1976), L’Odyssée de l’extase (1977) et Pornotissimo (1977). Pour Ta gueule, je t’aime !, John Thomas redevient Serge Korber, même s’il s’agit d’une comédie polissonne dans laquelle jouent les divines Cathy Stewart (Les Gourmandes de sexe, Bouches expertes), Brigitte Lahaie (la même année que Pénétrations méditerranéennes et Six Suédoises à la pompe), Michèle Perello (Prenez la queue comme tout le monde, Les Deux gouines), Anne Libert (Les Expériences érotiques de Frankenstein, Les Confidences érotiques d’un lit trop accueillant) et France Lomay (Vicieuses pour hommes seuls, Je suis une petite cochonne). Un beau programme en perspective ! Sauf que Ta gueule, je t’aime ! est en fait une comédie de boulevard avec quelques touches coquines qui ne vole pas bien haut. Enormément de longueurs, de lourdeurs et surtout un manque d’intérêt plombent constamment le film de Serge Korber. Demeure surtout Brigitte Lahaie, dont les costumes n’ont visiblement pas coûté bien cher, puisqu’en dehors d’une scène de repas la comédienne apparaît dans le plus simple appareil à chaque apparition, arborant seulement une paire de chaussures à talons hauts. C’est déjà ça de pris.
Mais au fait, ça raconte quoi Ta gueule, je t’aime ! ? Pour épater Fanny (Anne Libert), une actrice de film érotique, Marco (Pierre Danny) l’emmène en balade dans son nouveau bolide. Sur le trajet, c’est l’accident. Mais comme le hasard fait bien les choses, le garagiste qui vole à leur secours n’est autre qu’Henry (Henri Czarniak, une des grandes gueules du cinéma français des années 1970), un ancien copain de régiment de Marco. Henry invite le couple à passer quelques jours dans sa luxueuse maison de campagne. Il y a là Simone (Michèle Perello), l’épouse délaissée, Sylvie (Cathy Stewart), 16 ans, la fille inconsolable depuis la mort du chanteur à succès Monty Constrictor, Ingrid (Brigitte Lahaie) une Suédoise vêtue uniquement d’une paire de chaussures à talons, Pip (Jean-Loup Philippe) un livreur de yaourt lunaire, Herminia (France Lomay), une bonne espagnole nymphomane et un jeune curé voyeur (Jean-Paul Regat) qui est le frère de Simone. Ce petit monde s’emmêle et s’entremêle. Pip réussit à faire sortir Sylvie de son chagrin puisqu’elle tombe amoureuse de lui. Henry, qui était homosexuel, découvre l’amour hétéro avec la Suédoise qui était pourtant lesbienne. Et Simone se prépare à profiter d’un bus entier de célibataires tombé en panne.
Bref, c’est un peu la famille tuyau de poêle ! C’est surtout le gros bordel, aussi bien à l’écran que du point de vue technique. Serge Korber s’emmêle dans tous ses personnages et ne sait pas quoi leur donner à faire. Tout cela sent bon l’amateurisme et surtout l’improvisation de bas étage. Heureusement, quelques belles scènes dénudées nous sortent un peu de l’engourdissement et de la léthargie. Sinon, Ta gueule, je t’aime ! est rigolo, complètement désuet, éculé, cinglé et même hystérique parfois, mais ça passe. A condition de ne pas en attendre trop et surtout de savoir ce qu’on s’apprête à regarder.
LE DVD
Ta gueule, je t’aime ! est disponible en DVD chez LCJ Editions depuis juillet 2016. Une édition simple, au visuel forcément attractif avec la sublime Brigitte Lahaie mise en avant. Le menu principal est fixe et musical.
Aucun supplément sur cette édition.
L’Image et le son
En dehors d’un plan très rosé (à 8’30), ce master est plutôt joli, stable, clair et surtout étonnamment propre. Cela nous renvoie à la belle époque des films érotiques diffusés sur M6 le dimanche en troisième partie de soirée. Tu te rappelles, après Sexy Zap ! Mais si enfin, quand tu avais secrètement préparé une cassette de 240 minutes pour pouvoir enregistrer ton programme favori de la semaine, pour pouvoir ensuite le visionner tranquillement chez toi le mercredi après-midi quand tu revenais du collège et qu’il n’y avait personne pour t’embêter à la maison et…bref, tout cela pour dire que la copie du film de Serge Korber est belle quoi !
Pas de sous-titres français destinés au public sourd et malentendant. En même temps, c’est parfois tellement le bordel dans cette baraque qu’il serait impossible de traduire ce qui se dit. La musique est bien lotie, mais les dialogues laissent de temps en temps à désirer et semblent lointains.