SIGNAL, UNE AVENTURE DANS L’ESPACE (Signale – Ein Weltraumabenteuer) réalisé par Gottfried Kolditz, disponible en DVD le 2 juin 2020 chez Artus Films.
Acteurs : Piotr Pawlowski, Evgeniy Zharikov, Gojko Mitic, Alfred Müller, Helmut Schreiber, Irena Karel, Soheir El-Morshidy, Karin Ugowski…
Scénario : C.U. Wiesner d’après le roman de Carlos Rasch
Photographie : Otto Hanisch
Musique : Karl-Ernst Sasse
Durée : 1h27
Date de sortie initiale : 1970
LE FILM
Au XXIème siècle, l’équipage d’un vaisseau spatial en mission ne donne plus aucun signe de vie à sa base terrienne. Cette coupure fait suite à une pluie d’astéroïdes qui l’a potentiellement réduit à néant. Une sonde est envoyée afin de le retrouver. De mystérieux signaux sont ainsi captés : l’équipage serait-il toujours vivant? Ou bien s’agirait-il d’un message extraterrestre ?
Il y a beaucoup moins de choses à dire sur Signal, une aventure dans l’espace – Signale – Ein Weltraumabenteuer que sur L’Etoile du silence – Der schweigende Stern (1960) de Kurt Maetzig. Réalisé par un certain Gottfried Kolditz (1922-1982), ce film de science-fiction allemand est produit par le même studio, la DEFA, studio d’État de la République démocratique allemande, en partenariat avec la Pologne. Dix ans se sont écoulés depuis ce grand succès, mais étrangement, aucun autre film du genre n‘avait suivi. Après L‘Etoile du silence, le tristement célèbre « mur de protection antifasciste » a été érigé à Berlin. Forcément, la propagande s‘est renforcée, ainsi que la censure, le contrôle sur la vie culturelle, la vie. Si Signal, une aventure dans l’espace reprend pour ainsi dire les mêmes composantes que L‘Etoile du silence, le film de Gottfried Kolditz ne réserve plus aucune surprise et ne propose rien de bien enthousiasmant. De plus, le rythme est lent, les acteurs rivalisent de non-charisme et il ne se passe absolument rien durant les longues 90 minutes. Demeurent les effets spéciaux, très beaux, évidemment largement inspirés par ceux de 2001, l’Odyssée de l’espace – 2001: A Space Odyssey, sorti deux ans auparavant, dont le ton, les intentions et les partis pris sont instantanément devenus des modèles à suivre. Pour résumer, Signal, une aventure dans l’espace, adapté du roman Asteroidenjaeger (littéralement “Chasseurs d‘astéroïdes“) de Carlos Rasch (1961), est LA réponse germano-polonaise au chef d‘oeuvre de Stanley Kubrick, toutes proportions gardées, bien entendu.
Le vaisseau spatial Ikarios mesure le vide intergalactique aux limites du système solaire. Mais une pluie d’astéroïdes s’abat sur le vaisseau, le privant de toute communication avec la Terre. Au sol, les scientifiques s’inquiètent de leur silence quand leurs ordinateurs interceptent un étrange signal. Provient-il du vaisseau ou bien est-il d’origine extraterrestre ? Ils envoient alors une sonde pour tenter de retrouver l’équipage.
Les valeurs communistes sont présentes avec cet équipage cosmopolite et multiculturel. Mais au-delà de ça, Signal, une aventure dans l’espace ne sait pas trop quoi faire de ses personnages vêtus de leurs combinaisons-pyjamas. Ou plutôt si. En fait, le film regorge de séquences où les protagonistes font face à la gravité et s‘amusent comme des petits fous quand ils sont en apensanteur. Ce qui nous vaut de très nombreux déplacements gratuits des comédiens suspendus à des câbles, bien dissimulés ceci-dit, mais se mouvant trop maladroitement pour convaincre réellement. C‘est le cas d‘une longue scène où plusieurs personnages se croisent ainsi, comme dans un ballet mal chorégraphié, avec en fond une musique que l‘on croirait tirée d‘une publicité pour la nouvelle machine à laver Bosch. Néanmoins, saluons le travail des responsables des effets visuels et des modèles réduits, car Signal, une aventure dans l’espace est ponctué ici et là de plans très soignés avec cette station orbitale et les divers véhicules spatiaux qui s‘y arriment.
Malheureusement, cela ne sauve pas le film de l‘ennui. L‘histoire est somme toute classique et l‘on suit avec difficulté cet équipage, peu attachant, parti à la recherche d‘homologues disparus sans laisser de trace dans l‘immensité galactique, sur “10 puissance 15 kilomètres carrés“ plus précisément comme nous le dit un des personnages. Les rebondissements sont non seulement rares, mais surtout redondants, avec l‘impression de voir et revoir les mêmes plans utilisés. Le dénouement est aussi attendu, rigolo quand les comédiens simulent le vaisseau en mauvaise posture, comprenez donc en prenant un air paniqué, en moulinant les bras, tout en passant d‘un côté à l‘autre du décor. Quand tout est calme, l‘équipage se contente de taper sur les multiples diodes colorées. Ah oui, n‘oublions pas la séquence d‘animation WTF qui arrive comme ça, sans crier gare, pour faire office de remplissage.
Mais on ne leur en veut pas aux allemands, car on sent qu‘ils ont fait le maximum pour emballer au mieux ce film de science-fiction qui n‘est assurément pas le meilleur du genre, mais qui n‘est pas non plus le pire loin de là. Qui vient de parler de Fortress 2 : Réincarcération (2000) de Geoff Murphy ???
LE DVD
A l’instar de L‘Etoile du silence, Signal, une aventure dans l’espace intègre naturellement la collection SF Vintage d‘Artus Films. Le DVD est présenté dans un format Slim Digipack d‘une folle élégance et au visuel très attractif. Le menu principal est fixe et musical.
Même chose, Artus Films a demandé à Christian Lucas (12‘), de la chaîne YouTube Ciné Forever Vidéo, de présenter le film qui nous intéresse aujourd’hui. Cette fois encore, en à peine un quart d‘heure, l‘invité d‘Artus Films livre une brillante présentation de Signal, une aventure dans l’espace, sa genèse, en passant par le contexte historique de la production (les américains avaient cette fois pris le dessus dans la conquête spatiale, l’érection du mur de Berlin), l‘adaptation du livre de Carlos Rasch, ses thèmes (ou comment les valeurs communistes imprègnent le film) et partis pris. Christian Lucas donne aussi diverses indications sur le casting, le regain de popularité pour les films produits par la DEFA depuis les années 1990, les références à 2001, l’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick, la réussite des effets spéciaux et la sortie du film.
L‘interactivité se clôt sur un large Diaporama, ainsi que les bandes-annonces de quelques titres Artus Films.
L’Image et le son
L’éditeur nous gratifie d’un master 2K restauré de haut niveau. Si la palette chromatique n’est pas homogène sur certaines séquences, l’ensemble demeure équilibré, propre, sans véritables poussières, si ce n’est un fil en bord de cadre ici et là, ou bien une rayure verticale lors d’un flashback (30’30). La plupart du temps, le piqué est agréable, les contrastes à l’avenant, les détails appréciables.
Les versions allemande et française délivrent les dialogues, les effets annexes, la musique et même les quelques plages silencieuses avec une grande réussite. Les sous-titres français ne sont pas imposés sur la version originale.