RENDEZ-VOUS AVEC UNE OMBRE (The Midnight Story) réalisé par Joseph Pevney, disponible en DVD le 16 juillet 2019 chez ESC Editions
Acteurs : Tony Curtis, Marisa Pavan, Gilbert Roland, Jay C. Flippen, Argentina Brunetti, Ted de Corsia, Richard Monda, Kathleen Freeman, Herb Vigran, Peggy Maley…
Scénario : Edwin Blum, John Robinson
Photographie : Russell Metty
Musique : Hans J. Salter, Henry Vars
Durée : 1h26
Année de sortie : 1957
LE FILM
Un soir, le Père Tomasino, adoré de ses ouailles, est assassiné à l’arme blanche dans une sombre ruelle de San Francisco. Personne ne comprend qui pouvait lui en vouloir. Joe Platini, jeune policier, est désespéré. Orphelin, il a été recueilli par le prêtre qui lui a permis d’arriver à cette situation. Le jour de l’enterrement, Joe remarque au cimetière un homme qui se lacère la main. Intrigué, il en fait part à ses supérieurs, mais ceux-ci lui rétorquent qu’on ne peut soupçonner quelqu’un sur un simple fait. Il décide alors de démissionner pour mener sa propre enquête. Il réussit à s’introduire dans la famille de cet homme, Sylvio Malatesta, et y est très vite adopté. Face à la gentillesse de tous, il se trouve désarmé et ses soupçons commencent à s’effriter…
En 1957, Tony Curtis est omniprésent et tourne jusqu’à quatre longs métrages par an. Depuis sa révélation dans la formidable comédie de Douglas Sirk No Room for the Groom (1952), le comédien n’aura eu de cesse de grimper les échelons, en passant d’un genre à l’autre, du Houdini le grand magicien (1953) de George Marshall à Ça c’est Paris (1955) de Richard Quine, avec la même décontraction et le même talent. Le superbe Trapèze (1956) de Carol Reed change la donne. Aux côtés de Burt Lancaster et de sa femme Janet Leigh, il devient une véritable star. Les projets ne feront que se multiplier toujours plus. En 1957, il retrouve le réalisateur Joseph Pevney, qui l’avait dirigé cinq ans plus tôt dans Flesh and Fury, puis en 1955 dans La Police était au rendez-vous – Six Bridges to Cross. Rendez-vous avec une ombre – The Midnight Story est un petit film noir en apparence, mais surtout un drame psychologique inattendu, laissant une belle place à l’émotion.
Bernard Schwartz aka Tony Curtis a fait du chemin en très peu de temps puisque ses débuts au cinéma remontent seulement à 1949. Sa belle gueule est vite repérée par Robert Siodmak, qui lui offre le rôle d’un gigolo dans Pour toi j’ai tué – Criss Cross, avant d’apparaître dans deux westerns, chez Anthony Mann dans Winchester ’73 (1950) puis dans Kansas en feu – Kansas Raiders (1950) de Ray Enright, aux côtés d’Audie Murphy. A l’âge de 32 ans, l’acteur alors très convoité porte Rendez-vous avec une ombre sur ses épaules et s’en acquitte admirablement.
Dans le sublime décor des rues de San Francisco, l’une des plus belles villes exploitées dans le film noir, nous suivons l’enquête de ce jeune policier, qui devient rapidement une affaire personnelle. On sent le lourd passé de Joe Martini, abandonné et pour ainsi dire élevé par ce prêtre qui l’a aidé à s’en sortir, mystérieusement assassiné dans une ruelle. Sa mission prend une autre tournure quand il s’attache progressivement à Sylvio Malatesta, l’homme qu’il pense être le meurtrier, ainsi qu’à sa famille d’origine italienne. Il tombe d’ailleurs amoureux d’Anna, la sœur de Sylvio. Pris entre son désir de vengeance et celui d’être accepté par une famille avec peut-être l’espoir d’en fonder une, Joe Martini se retrouve à un carrefour de sa vie.
Si la mise en scène de Joseph Pevney (1911-2008), réalisateur de L’Homme aux mille visages – Man of a Thousand Faces (1957), biopic sur Lon Chaney, est somme toute classique, Rendez-vous avec une ombre déjoue les attentes des spectateurs en le plongeant dans une atmosphère de série noire, mais qui contraste avec le désir d’amour et de protection des protagonistes. Comédien mexicain, Gilbert Roland est parfait dans le rôle de l’italien pur et dur, qui ferait tout pour protéger les siens, ses jeunes frères et sœurs, sa mère et même Joe Martini, qu’il prend sous son aile. La relation trouble qui s’installe entre Joe et Sylvio est au centre du film, bien plus que l’histoire d’amour entre Joe et Anna (l’italienne Marisa Pavan), finalement reléguée au second plan. Notons également la photographie contrastée de l’immense chef opérateur Russell Metty, habituellement associé aux mélodrames de Douglas Sirk, qui joue ici avec l’ombre des allées sinueuses et bas-fonds de San Francisco et qui participe également à la belle réussite du film.
Entre drame social, polar et whodunit, Rendez-vous avec une ombre est un beau et bon divertissement, excellemment interprété par l’un des plus grands comédiens des années 1950-60.
LE DVD
Rendez-vous avec une ombre – The Midnight Story rejoint la collection Hollywood Legends chez ESC Editions / ESC Distribution sous la bannière de Movinside. Jaquette soignée, tout comme le menu principal, animé et musical.
Le journaliste cinéma Alain Charlot revient sur la carrière de Tony Curtis et replace Rendez-vous avec une ombre au sein de sa filmographie (25’). Il cite ainsi quelques-uns des longs métrages qui ont contribué à faire du comédien une des légendes d’Hollywood, avant d’en venir au film qui nous intéresse ici. L’histoire, les personnages, le casting, le réalisateur Joseph Pevney sont également abordés au cours de cette présentation bien menée.
L’Image et le son
La copie est médiocre. Le grain argentique apparaît bien trop lissé à notre goût, le master contient de nombreuses poussières, la profondeur de champ déçoit et de très nombreux plans flous sont constatés. C’est beaucoup mieux sur les gros plans, plus détaillés et précis.
Seule la version originale est disponible avec les sous-titres français non imposés. L’écoute est correcte, sans esbroufe, frontale et claire, en dépit de quelques scènes aux échanges plus sourds.
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