Test DVD / Mise en scène with Arthur Penn (Une conversation), réalisé par Amir Naderi

MISE EN SCÈNE WITH ARTHUR PENN (UNE CONVERSATION) (Mise en scène with Arthur Penn (a conversation)) réalisé par Amir Naderi, disponible en DVD le 1er mars 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Arthur Penn

Photographie : Amir Naderi

Durée : 6h

Date de sortie initiale : 2014

LE FILM

En 2002, le réalisateur iranien Amir Naderi, passionné par le travail d’Arthur Penn, entame avec celui un long entretien, qu’il enregistre chez le cinéaste au fil de multiples rendez-vous. A ce jour, jamais le public n’avait pu voir ces échanges, en dehors d’une version courte projetée il y a quelques années au Festival de Venise.

Jean-Pierre Vasseur, le grand manitou de Rimini Editions, a toujours eu une immense affection pour le cinéma d’Arthur Penn. Après le DVD de Georgia, les Blu-ray de Missouri Breaks et de Miracle en Alabama, sans oublier le combo consacré au merveilleux Alice’s Restaurant, l’éditeur propose cette pièce de résistance, qui trônera fièrement dans votre DVDthèque, Mise en scène with Arthur Penn (une conversation), un document exceptionnel présenté dans sa version intégrale de six heures ! Le dispositif est simple, en 2002, Arthur Penn, à l’aube de ses 80 ans, accepte de s’entretenir avec le réalisateur iranien Amir Naderi (Le Coureur, L’eau, le vent, la poussière), face caméra, seul, chez lui dans son appartement new-yorkais, regardant son interlocuteur droit dans les yeux. Enregistré sur plusieurs jours, parfois éloignés de quelques semaines, cette interview rétrospective aborde des sujets divers et variés, comme l’enfance du cinéaste, qui n’a cessé d’être ballotté entre son père et sa mère divorcés, sur son amour pour les femmes (qu’il mettra en valeur tout au long de son illustre carrière, sur scène comme au cinéma), sa passion pour Howard Hawks, George Stevens, John Ford, William Wyler, Joseph L. Mankiewicz, Orson Welles, Akira Kurosawa, Ingmar Bergman, Elia Kazan, Robert Bresson, Louis Malle, Jean-Luc Godard, François Truffaut, Claude Chabrol (la Nouvelle vague a été déterminante dans son approche du cinéma, notamment en ce qui concerne l’utilisation de la caméra comme moyen de raconter une histoire), Gregg Toland et Ghislain Cloquet (directeurs de la photographie), Federico Fellini, Roberto Rossellini, Martin Ritt, Robert Towne, Horton Foote, Jack Smight, Warren Beatty, Vittorio De Sica, Bernardo Bertolucci, George Sidney, Raoul Walsh Nicholas Ray, Fred Zinnemann, que ça soit pour leur travail et/ou pour leur personne, Arthur Penn ayant pu rencontrer certains de ces grands noms au fil de sa vie.

« J’ai toujours aimé les films d’Arthur Penn. Pour moi, pour ma génération, il a été une des plus fortes influences venant du cinéma américain. » Amir Naredi

On oublie donc facilement et rapidement l’évidente austérité du cadre fixe et de la qualité d’image, car tous les propos tenus ici sont une vraie mine d’or pour les cinéphiles ou aspirants metteurs en scène et scénaristes. Timide et réservé, Arthur Penn se détend à mesure que les minutes passent et devient de plus en plus prolixe sur sa personne et surtout sur son métier, même si Amir Naderi, vraisemblablement impressionné et excité par cette opportunité, en fait parfois trop dans le genre « brossage dans le sens du poil », ne peut s’empêcher de passer du coq à l’âne, en lui laissant parfois à peine le temps de répondre. L’ensemble est véritablement décousu, le montage brut (on ne compte plus les fois où le téléphone sonne, les pauses toilette, les changements de cassettes, les plans où Arthur Penn se mouche, bref des coupes qui auraient pu être effectuées), mais finalement, cette conversation éponyme renvoie à celle que l’on pourrait avoir avec un ou plusieurs cinéphile(s), un débat animé, sans plan de construction, même si Amir Naderi possède quelques notes, puisqu’on entend le bruissement de papiers à plusieurs reprises.

Arthur Penn revient volontiers sur sa « vie plutôt ordinaire », son enfance durant la Grande Dépression, partagée entre un père horloger et une mère femme de ménage, qui deviendra infirmière en travaillant dur pour cela. Pêle-mêle, le réalisateur parle de son frère Irving Penn (très grand photographe de mode, de beauté, et également célèbre pour ses portraits et ses natures mortes), sur ses sentiments face à la violence (thématique récurrente de son œuvre), sur son travail pour la télévision (où il a fait ses classes), sur ce que son passage dans l’armée lui a inculqué, sur l’importance et la science du montage d’un film, sur quelques projets avortés (un film sur la mutinerie de la prison d’Attica, un autre sur la sexualité de deux très jeunes personnes), sur son renvoi du tournage du Train par Burt Lancaster (« qui n’était pas une bonne personne ») et son remplacement par John Frankenheimer, bien entendu sur ses films (Miracle en Alabama, Le Gaucher, Missouri Breaks, Mickey One, Bonnie and Clyde, La Poursuite impitoyable, Georgia, Alice’s Restaurant, Little Big Man), sur ses activités au théâtre, sur son travail avec les acteurs (parfois plus spécifiquement avec les comédiennes). Amir Naderi insiste souvent (Arthur Penn avait décidément de la patience et une élégance rare) pour savoir, pour déchiffrer, pour creuser ce qui a pu inspirer et nourrir l’imaginaire du cinéaste, en étant un peu bourrin par moments (quand il souhaite en savoir plus sur l’éveil à la sexualité d’Arthur Penn, en appuyant sur la sensualité qui peut se dégager de ses films), mais heureusement les réponses du metteur en scène, même si parfois écourtées (ou quand ce n’est pas Amir Naderi qui les fait lui-même…), sont toujours passionnantes.

C’est donc un trésor que l’on déguste du début à la fin et qui fera le bonheur des cinéphiles qui vouent un culte à Arthur Penn et à ses films que l’on aura de cesse de voir et de revoir durant notre vie vouée au septième art.

LE DVD

Rimini Editions livre un double DVD de Mise en scène with Arthur Penn (une conversation), où les deux disques sont placés dans un boîtier Amaray classique transparent. Le visuel de la jaquette est très efficace, proposant un portrait du cinéaste, le titre mettant bien en évidence le nom de celui-ci. Le boîtier est glissé dans un surétui cartonné. Le menu principal, fixe et muet, est identique sur les deux galettes. A noter que le verso de la jaquette indique l’intitulé des 37 chapitres, ce qui permettra ainsi à chaque spectateur d’accéder plus facilement aux thématiques qui l’intéresse.

Avant de lancer Mise en scène with Arthur Penn (une conversation), n’hésitez pas à visionner l’introduction au film par Amir Naderi (13’). Le réalisateur se filme lui-même, remet l’entretien avec Arthur Penn dans son contexte, explique comment le tournage s’est déroulé et surtout que près de trois heures du film avaient été perdues, avant d’être heureusement retrouvées et présentées ici, par ailleurs pour la première fois en DVD grâce à Rimini Editions.

L’Image et le son

Mise en scène with Arthur Penn (une conversation) a été tourné au moyen d’un Caméscope Sony DSR-PD150 analogique à cassettes. N’attendez donc pas un piqué acéré, des contrastes soignés ou autres. Il s’agit d’un plan fixe, à part quand Amir Naderi prépare son cadre et règle son zoom, change de cassette, un signal lumineux semblant indiquer à Arthur Penn quand la bande arrive à la fin. C’est propre, stable, suffisamment clair, largement suffisant. Image 1.33, 4/3.

Le son est aléatoire. Les propos y sont tantôt clairs, tantôt couverts, mais toujours distincts. Mono Dolby Audio. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Alphaville Films NYC / Rimini Editions / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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