Test DVD / Miroirs No. 3, réalisé par Christian Petzold

MIROIRS NO. 3 réalisé par Christian Petzold, disponible en DVD le 2 décembre 2025 chez Blaq Out.

Acteurs : Paula Beer, Barbara Auer, Matthias Brandt, Philip Froissant, Enno Trebs, Victoire Laly, Christian Koerner, Marcel Heuperman…

Scénario : Christian Petzold

Photographie : Hans Fromm

Durée : 1h23

Année de sortie : 2025

LE FILM

Lors d’un week-end à la campagne, Laura, étudiante à Berlin, survit miraculeusement à un accident de voiture. Physiquement épargnée mais profondément secouée, elle est recueillie chez Betty, qui a été témoin de l’accident et s’occupe d’elle avec affection. Peu à peu, le mari et le fils de Betty surmontent leur réticence, et une quiétude quasi familiale s’installe. Mais bientôt, ils ne peuvent plus ignorer leur passé, et Laura doit affronter sa propre vie.

Et de quatre ! Le réalisateur Christian Petzold et la comédienne Paula Beer s’associent pour la quatrième fois après Transit (2018), Ondine Undine (2020), Ours d’argent de la meilleure actrice à la Berlinale, Le Ciel rouge Roter Himmel (2023) et Miroirs n°3 (2025). Petit à petit, le cinéaste a quelque peu délaissé sa première muse Nina Hoss, pour un temps sûrement (on l’espère), après six œuvres en commun tournées sur près de quinze ans, pour collaborer avec sa deuxième égérie née en 1995. Il en résulte une trilogie fondée sur les mythes dont Miroirs No. 3 serait le dernier volet. Rétrospectivement, ce dix-neuvième opus est comme qui dirait un film-somme du chef de file de la « nouvelle nouvelle-vague allemande ». On y retrouve ainsi des éléments de Yella, de Jerichow, de Barbara et bien d’autres (le deuil, une relation sur le déclin, l’espoir d’une nouvelle vie, les échos du passé, un drame teinté de fantastique, des personnages solitaires, taciturnes et méfiants, les sentiments qui s’expriment essentiellement qu’à travers le regard, les intentions, les non-dits) et évidemment un nouveau portrait de femme, ici un double portrait. Avec Miroirs No. 3, drame intimiste, Christian Petzold retrouve l’univers dépouillé, clinique et fantomatique de ses premiers films, et offre une fois de plus un rôle hyper-sensible à Paula Beer, qu’on ne quitte jamais, dont le regard hypnotique foudroie du début à la fin et transporte le spectateur. Cependant, ce dernier un tant soit peu habitué à l’univers du metteur en scène, devinera bien à l’avance où celui-ci désire l’emmener et, une fois n’est pas coutume, il n’est pas rare de trouver le temps long, pour ne pas dire de s’ennuyer quelque peu…

Laura, jeune pianiste ambitieuse, étudie à l’Université des arts de Berlin. Elle a l’impression que la musique et sa vie lui échappent. Alors que la jeune femme fait une excursion dans la campagne environnante avec son compagnon, celui-ci perd le contrôle de sa voiture. Alors que Laura sort indemne de ce grave accident, son petit ami perd la vie. La famille d’une femme qui a assisté à la scène accueille Laura chez elle. Dans leur maison en bordure d’un hameau, elle trouve refuge, réconfort et soutien. Tant Laura que la famille, à première vue malheureuse, commencent à s’épanouir et une cohabitation s’installe. Mais Laura découvre bientôt de sombres secrets et doit se rendre à l’évidence : quelque chose ne va pas dans la famille. Les raisons qui les poussent à s’occuper d’elle ne sont pas aussi honorables qu’il n’y paraît.

L’étrange titre du film fait référence au morceau Une barque sur l’océan du cycle pour piano Miroirs de Maurice Ravel. Cette fois encore, Christian Petzold plonge le public dans une histoire faite de dissimulations et de secrets, où les protagonistes paraissent réinventer leur vie et de sauver ce qui peut l’être encore en chacun d’eux. Malheureusement, le rythme s’essouffle rapidement et l’intérêt s’émousse en raison de répétitions et d’une intrigue trop linéaire. Les comédiens, parfaits, portent le film et insufflent à leurs personnages suffisamment d’ambiguïté, surtout quand on pense à la scène d’exposition, qui emmène Miroirs No. 3 vers un surnaturel qui n’est pas sans rappeler VertigoSueurs froides d’Alfred Hitchcock. Mais le fait d’anticiper l’aboutissement de toute cette histoire fait retomber la tension et le mystère.

Le romanesque s’épuise, l’épure est de trop cette fois et malgré tout le talent de la distribution (Paula Beer donc, mais aussi Barbara Auer, Matthias Brandt, Enno Trebs, tous ayant déjà joué chez Christian Petzold), les personnages manquent de chair. Les scènes de repas s’enchaînent, la caméra se contente du strict minimum, le montage de Bettina Böhler (elle aussi fidèle au cinéaste) ne peut que se contenter d’aligner les scènes sans véritable entrain, mais la photographie de Hans Fromm (Le Ciel rouge, Ondine, Transit) apporte tout de même une vraie chaleur au cadre et à la nature très présente encore.

Présenté à la Quinzaine des Cinéastes au Festival de Cannes 2025, Miroirs No. 3 est devenu en France le plus grand succès des quatre longs-métrages de Christian Petzold tournés avec Paula Beer, quand bien même le résultat au box-office reste loin de Phoenix (170.000 entrées) et surtout de Barbara, qui avait réuni pas loin de 300.000 spectateurs en 2012. Mais on est en droit de lui préférer Transit et surtout le magnifique Ondine.

LE DVD

C’est la troisième fois qu’un long-métrage de Christian Petzold bénéficie d’une sortie en DVD chez Blaq Out. Ainsi, après Ondine et Le Ciel rouge, Miroirs No. 3 débarque chez l’éditeur, uniquement en édition Standard. La jaquette reprend le visuel de l’affiche originale d’exploitation. Le menu principal est fixe et musical.

Le seul supplément de cette édition est une masterclass de Christian Petzold, enregistrée à la Cinémathèque Française durant l’été 2025, à l’occasion d’une rétrospective qui lui était consacrée (1h10). Après la projection de Barbara, le réalisateur revient essentiellement sur ce film, son plus grand succès à ce jour, mais parvient à être plus général en analysant notamment son processus créatif propre à toutes ses œuvres. Ainsi, le cinéaste relie ses thèmes récurrents de film en film, raconte sa rencontre avec la sensationnelle Nina Hoss et évoque l’Allemagne avant la réunification, avant de répondre à quelques questions des spectateurs présents.

L’Image et le son

Point de sortie en Haute Définition pour Miroirs No. 3 ! Il faudra donc se contenter de cette édition standard, mais heureusement la qualité est là. Les couleurs alternent à la fois le chaud et le froid, le piqué est suffisamment affûté, la clarté de mise et les contrastes élégants. Les détails sont impressionnants et la définition demeure pointue, y compris sur les séquences nocturnes ou se déroulant en intérieur.

Le confort acoustique est également assuré grâce à un mixage Dolby Digital 5.1 qui exploite intelligemment les enceintes dans leurs moindres recoins. La balance frontale est saisissante, les effets nets et précis, les dialogues savamment délivrés sur le point central et les ambiances latérales participent souvent à l’immersion du spectateur. La piste Stéréo est également très dynamique.

Crédits images : © Blaq Out / Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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