LES FEMMES DE JESSE JAMES (Jesse James’ Women) réalisé par Donald Barry, disponible en DVD le 3 décembre 2019 chez Artus Films
Acteurs : Don « Red » Barry, Peggie Castle, Jack Buetel, Lita Baron, Joyce Barrett, Sam Keller, Betty Brueck, James Clayton…
Scénario : D.D. Beauchamp, William R. Cox, Don « Red » Barry, T.V. Garraway, Lloyd Royal
Photographie : Kenneth Peach
Musique : Walter Greene
Durée : 1h21
Date de sortie initiale : 1954
LE FILM
Jesse James a fui le Missouri pour trouver refuge dans une petite ville du Mississippi. Pendant la messe dominicale et avec la complicité de la fille d’un banquier qui a subtilisé la clé du coffre-fort, Jesse et sa bande dévalisent sans risque la banque locale. Jesse se lie avec la patronne du saloon local et l’aide à se débarrasser d’un partenaire encombrant, joueur de poker professionnel qui entendait prendre la fuite avec un joli magot. Jesse porte ensuite secours à une chanteuse de cabaret enlevée par l’un de ses complices. Véritable Don Juan de l’Ouest, le brigand bien aimé va devoir désormais compter avec ses trois redoutables amoureuses…
On n’est jamais mieux servi que par soi-même ! C’est un peu le cas avec Les Femmes de Jesse James – Jesse James’ Women, écrit, produit, réalisé et interprété par Donald Michael Barry DeAcosta aka Don Barry, ou Donald Barry, ou bien encore Don « Red » Barry (1912-1980). Comédien prolifique qui aura tourné plus de 250 films, téléfilms et séries télévisées en presque 50 ans de carrière, Don Barry fait partie de cette catégorie d’acteurs que les cinéphiles ont forcément croisé dans un western, genre qui l’aura rendu célèbre un temps. Habitué des seconds voire des troisièmes rôles, il décide en 1954 de reprendre le rôle de Jesse James, qu’il avait interprété quinze ans auparavant dans A la poursuite de Jesse James (1939) de Joseph Kane, avec Roy Rogers. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Don Barry a décidé de se faire plaisir en emballant toutes les nanas de cette histoire légère. Si l’on se demande constamment ce que la gent féminine peut bien lui trouver, même une gamine de 14 ans n’arrête pas de lui dire qu’elle a hâte de grandir pour partir avec lui (gloups), elles tombent toutes sous son charme et finissent constamment dans ses bras. Sinon, Les Femmes de Jesse James est un western de série B, à la limite du nanar parfois peut-être, qui ne brille certainement pas par son esthétisme, mais qui passe le temps, sans se forcer.
Don Barry, c’est une trogne un peu à la James Cagney et Ernest Borgnine, le charisme en moins c’est vrai, une silhouette dans un coin, un homme de main, rarement un personnage important, qui a pourtant fait le tour des studios et qui est apparu devant les caméras de Cecil B. DeMille, William Wyler, Richard Thorpe, James Whale, Howard Hawks, George Sherman, Frank Borzage, Edward Dmytryk, Sam Peckinpah, Ted Post et Robert Aldrich. Un C.V. qui a de quoi faire pâlir d’envie n’importe quel comédien à Hollywood. Désireux de passer au premier plan après une multitude d’apparitions derrière la vedette principale, Don Barry s’octroie donc le rôle principal de son premier et unique long métrage en tant que réalisateur. S’il n’est pas le meilleur comédien de tous les temps, il n’est pas non plus le plus mauvais, et il s’en sort bien ici, en dépit de son personnage souvent agaçant et peu crédible. Son incarnation de Jesse James porté sur le sexe faible laisse parfois à désirer, mais l’acteur s’en sort malgré tout, notamment grâce aux belles comédiennes sexy qui l’entourent et qui lui volent d’ailleurs la vedette. Peggie Castle (J’aurai ta peau de Jerry Essex, Le Voleur de Tanger de Rudolph maté) sort du lot dans le rôle de Waco. Avec ses partenaires Betty Brueck dans le rôle de Cattle Kate et Lita Baron qui apporte la touche exotique en poussant la chansonnette dans le saloon, elles assurent ici et étonnamment les rôles forts. Les trois femmes principales du récit sont à la fois déterminées, sûres d’elles et n’ont rien à envier aux hommes qui les entourent et qui roulent des mécaniques. Même si encore une fois, toutes vont forcément finir dans les bras de Jesse James, qui les embrasse tour à tour sur un fondu enchaîné. Une redondance qui finit par plomber un scénario sommaire et quelque peu nawak, surtout dans le dernier acte où Jesse James est défié sur un ring improvisé par un boxeur itinérant. Une séquence qui tombe comme un cheveu sur la soupe, amusante certes, mais qui n’apporte rien à l’histoire.
D’ailleurs en parlant d’histoire, il n’y a pas non plus grand-chose à sauver, puisque l’ensemble prend la forme de séquences juxtaposées, sans véritable lien. Les décors et les costumes sont assez moches et criards. Pourtant, il y a quelque chose de sympathique dans ces Femmes de Jesse James, un petit western fauché qui roule des mécaniques, qui semble s’en rendre compte à mi-parcours et qui prend finalement le virage de la comédie de western. Totalement anecdotique, mais pas une perte de temps pour autant.
LE DVD
Troisième titre de la dernière vague éditée par Artus Films et premier des deux westerns que nous passerons au crible ici, Les Femmes de Jesse James est présenté ici dans la collection Les Classiques, dans une édition minimaliste. Une jaquette sobre et élégante, est glissée dans un boîtier Amaray. Le menu principal est fixe et musical.
Aucun supplément sur cette édition.
L’Image et le son
Format non respecté qui passe du 1.75 original au 1.33 4/3. Bon…cela est d’autant plus visible sur certains pan and scan effectués sur quelques séquences où plusieurs personnages discutent en même temps. Difficile de cacher cette supercherie. Les Femmes de Jesse James est un film tombé dans le domaine public, inédit en DVD en France jusqu’à maintenant. La copie présentée contient son lot de poussières, de rayures verticales, de raccords de montage, de tâches, de points. Bref, l’épiderme de ce master aurait bien eu besoin de Biactol ou d’Eau précieuse. Anyway, les couleurs sont somme toute convenables, même si souvent délavées, avec même des sautes chromatiques au cours d’une même séquence. La définition, le piqué et les contrastes sont ici complètement aléatoires.
La piste Dolby Digital 2.0 fait ce qu’elle peut pour dynamiser un peu l’ensemble, sans vraiment y parvenir. C’est plutôt propre, mais il ne faut pas en attendre trop. Un mixage pépère quoi, avec quelques craquements (d’articulation) et des dialogues sourds. Les sous-titres français ne sont pas imposés.