LE TUEUR DE L’AUTOROUTE (Bumperkleef) réalisé par Lodewijk Crijns, disponible en DVD le 10 août 2020 chez Rimini Editions.
Acteurs : Jeroen Spitzenberger, Anniek Pheifer, Roosmarijn van der Hoek, Liz Vergeer, Willem de Wolf, Truus te Selle, Hubert Fermin, Tim Linde…
Scénario : Lodewijk Crijns
Photographie : Bert Pot
Musique : Steve Willaert
Durée : 1h22
Date de sortie initiale : 2019
LE FILM
Hans part avec sa famille rendre visite à ses parents. Arrogant, sur les nerfs, Hans ne se maîtrise plus et conduit trop vite, agacé par ceux qui respectent les limitations de vitesse. La situation dégénère lorsqu’un mystérieux conducteur le prend en chasse. Désormais, Hans et sa famille ne sont plus en sécurité nulle part.
Citez-moi dix réalisateurs néerlandais ! Pas facile hein ? Dick Maas (L’Ascenseur, Amsterdamned) bien sûr, Martin Koolhoven (Brismtone) oui bonne pioche, George Sluizer (L’Homme qui voulait savoir) oui encore mieux, le regretté Theo van Gogh (Interview) aussi, le talentueux Anton Corbijn (Control, The American), le maître Paul Verhoeven…bon on vous avoue que c’est assez difficile d’en énumérer une bonne dizaine, mais le fait est que le cinéma hollandais regorge de génies de la caméra ou tout du moins de talents qu’il faudrait sans doute un jour connaître. C’est le cas du dénommé Lodewijk Crijns, dont le prénom et le nom sont aussi difficiles à écrire qu’à prononcer, né en 1970, scénariste et metteur en scène d’une bonne quinzaine de courts et longs-métrages, ainsi que de téléfilms. Grâce au marché de la vidéo et plus particulièrement aux bons soins de Rimini Editions, voilà que débarque en France le dernier film de Lodewijk Crijns, Le Tueur de l’autoroute – Bumperkleef. Le titre original de ce thriller signifie « talonnage », en référence à l’énigmatique chauffeur d’une camionnette blanche, qui a décidé de suivre la voiture d’une famille, jusqu’à jouer avec les nerfs du père et mari, déjà à fleur de peau au volant. Le Tueur de l’autoroute est comme qui dirait un one shot, autrement dit un film qui se regarde du début à la fin avec une tension continue, devant lequel on ne peut détacher les yeux durant 1h20. S’il y a quelques éléments qui peuvent paraître énormes ou complètement improbables, ceux-ci apparaissent après la projection quand on se repense à quelques séquences. L’ensemble est si tendu et porté par un amour du cinéma de genre que l’on fait fi de ces faiblesses et du manque de budget apparent. Le Tueur de l’autoroute est un rollercoaster modeste, corsé d’émotions fortes qui vaut absolument le coup d’oeil.
En route pour rendre visite à ses parents avec sa famille, Hans a du mal à se maîtriser au volant. Sûr de lui et agressif, il ne respecte pas les limitations de vitesse. Une mystérieuse camionnette, dont le conducteur a été quelque peu provoqué par Hans car il ne roulait pas assez vite à son goût, commence à le poursuivre. La situation dégénère et Hans et sa famille, terrorisés, craignent pour leur vie…
« Le temps des excuses est derrière nous… »
Et vous qu’auriez-vous fait dans pareille situation ? Sûrement pas la même chose que Hans lors de la séquence où celui-ci affronte pour la première fois l’immense conducteur, tel David contre Goliath, dans une station d’autoroute, après que ce dernier ait emmerdé moult voitures en roulant à deux à l’heure sur la voie de gauche. Déjà bien stressé avant de prendre le volant, Hans n’est pas dans un bon jour et s’en prend même à sa femme et à ses deux filles en leur parlant sèchement, tout en enfonçant la pédale d’accélérateur. Il était loin de se douter de ce qui allait lui arriver à lui et à sa famille…D’emblée, le réalisateur Lodewijk Crijns (non, mon chat n’a pas marché sur le clavier je vous assure) présente le serial killer (Willem de Wolf, une vraie gueule) de son film à travers une exposition brutale et violente. La camionnette blanche est banale, mais sa cargaison est atypique. En effet, l’attirail de notre psychopathe fait penser à celui d’Anton Chigurh, le mythique tueur à gages cinglé et sadique de No Country for Old Men (2007) des frères Coen incarné par Javier Bardem. Ici, pas de pistolet d’abattage associé à une bouteille d’air comprimé, juste un pulvérisateur à pression que notre personnage prend soin de charger calmement, lentement, tandis que sa future victime, la plupart du temps ralentie par une blessure ou la panique, tente de prendre la poudre d’escampette. Notre tueur masqué la rattrape malgré tout et lui place l’embout de son appareil dans la bouche, avant d’appuyer sur la gâchette (« ça va gicler chérie… ») pour lui remplir les poumons d’un acide non-identifié, qui attaque sérieusement l’épiderme.
Le Tueur de l’autoroute a été élu meilleur film de l’année 2019 aux Pays-Bas. Si les critiques françaises n’ont pas été tendres, ce thriller est pourtant mené à un train d’enfer avec une efficacité de tous les instants, même s’il faut bien admettre que le personnage du père, explosif Jeroen Spitzenberger, est complètement irresponsable et peu empathique. Le spectateur prend place à bord du véhicule poursuivi par le taré dans sa camionnette blanche, (après le film, vous en verrez partout) sans un moment de répit. Dommage toutefois que l’acte final ne soit pas aussi tendu que le reste et qu’une scène, quand le père commence à délirer, fasse décrocher quelque peu, car l’épilogue est quand même très chouette. D’ailleurs, on ne peut s’empêcher de penser à celui du chef d’oeuvre de Roman Polanski, The Ghost Writer (2010). Au final, Bumperkleef est un ride tout ce qu’il y a de plus sympathique, bourré de second degré et de références, ce qui devrait plaire aux amateurs.
LE DVD
Presque deux ans après la sortie de Prédateur – Prooi de Dick Maas en DVD et en Blu-ray, Rimini Editions revient au cinéma de genre néerlandais en proposant Le Tueur de l’autoroute de Lodewijk Crijns, mais uniquement en édition Standard. Le disque repose dans un boîtier Amaray classique de couleur noire, glissé dans un surétui cartonné. Le menu principal est légèrement animé et musical.
Seule la bande-annonce du film en version française est disponible en supplément.
L’Image et le son
Pas de Blu-ray pour Le Tueur de l’autoroute en France, mais une édition Standard de belle qualité. C’est tout d’abord la luminosité d’ensemble, en particulier l’éclat des couleurs qui frappe dès la première scène et ce jusqu’à la fin du film. Les contrastes sont soignés, la propreté évidemment de mise, la définition souvent exemplaire avec un piqué affûté. La dernière partie se déroulant dans la maison des parents de Hans est plus feutrée, mais les détails n’en sont pas moins amoindris.
L’une des principales critiques des spectateurs français ayant vu le film provient de la qualité déplorable du doublage hexagonal. Alors oui, évitez si vous le pouvez de visionner Le Tueur de l’autoroute dans la langue de Molière, surtout que vous y perdrez en plus le côté « exotique » de la version originale. Cela étant, la piste Dolby Digital 5.1 et la Stéréo françaises font le boulot avec ce qu’il faut d’ambiances latérales aux moments opportuns. La version néerlandaise, présentée dans les mêmes options acoustiques, est forcément la plus naturelle du lot. La spatialisation est aussi plus concrète avec une restitution plus enveloppante de la musique et des effets. Les sous-titres français ne sont pas imposés.