Test DVD / Le Deuxième acte, réalisé par Quentin Dupieux

LE DEUXIEME ACTE réalisé par Quentin Dupieux, disponible en DVD et Blu-ray le 1er octobre 2024 chez Diaphana.

Acteurs : Léa Seydoux, Louis Garrel, Vincent Lindon, Raphaël Quenard, Manuel Guillot, Françoise Gazio, Valérie Vogt, Thémis Terrier-Thiebaux…

Scénario : Quentin Dupieux

Photographie : Quentin Dupieux

Durée : 1h17

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Florence veut présenter David, l’homme dont elle est follement amoureuse, à son père Guillaume. Mais David n’est pas attiré par Florence et souhaite s’en débarrasser en la jetant dans les bras de son ami Willy. Les quatre personnages se retrouvent dans un restaurant au milieu de nulle part.

Résumer un film de Quentin Dupieux est relativement impossible, ou tout du moins inutile tant les quelques lignes qui pourraient donner des explications sur le pourquoi du comment d’un de ses opus ne donneraient qu’une vague idée de ce qui se déroule (ou pas d’ailleurs) à l’écran. Tournant sur un rythme effréné, le réalisateur livre son troisième long-métrage en moins d’un an (et déjà son treizième depuis Steak en 2007). Après Yannick et Daaaaaalí !, voilà que débarque Le Deuxième acte, qui accuse une petite baisse de régime et s’avère moins emballant que les deux précédents de leur auteur. Si la désormais mécanique attendue de Dupieux est cette fois encore au rendez-vous, on reste quelque peu sur notre faim et ce en raison d’une première partie, marquée par deux plans-séquences interminables (deux comédiens parlent entre eux sur une route de campagne, avant de laisser la place à deux autres acteurs), qui bouffent déjà presque la moitié du film, d’une durée de 73 minutes (sans le générique de fin). L’ensemble repose sur un formidable quatuor composé de Vincent Lindon, Léa Seydoux, Raphaël Quenard et Louis Garrel, auxquels se joignent divers interprètes satellites et électrons représentatifs de la galaxie Dupieux, le tout saupoudré de bonnes répliques souvent vachardes sur le monde du cinéma. Mais il n’est pas interdit de trouver le temps long, l’ennui – quel dommage – s’installe à plusieurs reprises et s’ennuyer devant un film de QD (cela est déjà arrivé par le passé, comme devant Wrong) est aussi frustrant qu’interminable justement. Le Deuxième acte ne laissera pas un grand souvenir, mais prouve à nouveau la capacité du cinéaste à se renouveler, à offrir au public une expérience à part entière, à prendre ou à laisser, avant de passer à la suivante. C’est pour cela qu’effectuer la critique d’une œuvre de Quentin Dupieux demeure fondamentalement subjective et personnelle. En l’état, Le Deuxième acte contient de bons moments, mais reste complètement anecdotique.

David et Willy, deux amis, marchent sur une route de campagne. David, habitué aux conquêtes féminines, voudrait que Willy séduise Florence, une jeune femme qui le harcèle. Lorsque Willy, dans le cours de la conversation, tient des propos contestables sur les homosexuels, David lui rappelle qu’ils sont filmés. Il reçoit alors un appel de Florence. Florence se trouve dans une voiture avec son père, Guillaume. Elle obtient de David qu’il accepte de rencontrer celui-ci. Dès qu’elle a raccroché, Guillaume déclare qu’il abandonne et sort de la voiture. Ils marchent le long d’une route de campagne et Guillaume explique qu’il ne peut plus jouer la comédie alors que le monde va mal. Florence, elle, croit toujours à son travail d’actrice. Soudain Guillaume reçoit un appel l’informant qu’il est retenu pour le prochain film du grand réalisateur américain Paul Thomas Anderson. Il retrouve alors la foi en son métier et accepte de poursuivre la scène dans laquelle il accepte de rencontrer l’homme dont sa fille est amoureuse. Tous quatre se retrouvent dans un café-restaurant dénommé Le Deuxième Acte. Tantôt ils jouent la scène où Florence présente son père à David et Willy, tantôt ils cessent de jouer et parlent de leur métier. Guillaume s’emporte contre Willy qui s’est moqué de lui et lui frappe la tête contre la table. Florence amène Willy aux toilettes pour éponger son sang ; il tente de l’embrasser mais celle-ci le repousse. Un serveur vient les servir, mais figurant extrêmement stressé nommé Stéphane, il ne parvient pas à verser du vin sans trembler.

On se donne beaucoup de mal, pour vous donner un peu de magie !

Voilà voilà voilà. Que pouvons-nous ajouter ? Une fois de plus, Quentin Dupieux nous sert un concept, comme s’il changeait le met principal de son repas, mais en le servant à ses convives accompagné de la même sauce. Le goût prend plus ou moins si le nappage sied mieux au poulet ou au poisson, mais l’arrière-goût reste le même selon le condiment. Dans Le Deuxième acte, pas ou peu de surprises, le casting est impeccable, impliqué, chacun jouant sa partition et s’adonnant volontiers à l’autodérision (on y parle des tics de Vincent Lindon), les seconds couteaux ne sont pas en reste (mention spéciale à Manuel Guillot, aka Stéphane, le serveur stressé à la limite de la crise d’épilepsie) et de bonnes idées sont parsemées ici et là. Mais l’ensemble manque cruellement de rythme et ce en dépit de la courte durée du film.

Reste Quentin Dupieux, sûrement heureux, pour ne pas dire épanoui comme jamais de se retrouver à faire jouer sa musique singulière à des pointures et Stradivarius du métier, ce qui était sans doute encore impensable il y a quelques années. Maître à bord de son cinéma, de son cinéma, de sa galaxie, Quentin Dupieux s’interroge sur l’un de ses arts, sur le rapport des acteurs avec les spectateurs, sur l’avenir du septième art (l’intelligence artificielle tient une place importante dans Le Deuxième acte), la Cancel Culture, les salles désertées depuis l’épidémie de 2020, #MeToo. Cependant, tout y est bien trop bavard, certaines réparties font mouche, mais il faut s’accrocher et si le « petit » monde du cinéma ne vous intéresse pas, vous risquez de passer à côté.

LE DVD

Après Yannick et Daaaaaalí !, rebelote pour Le Deuxième acte, désormais disponible en DVD et Blu-ray chez Diaphana. Le visuel du DVD reprend celui de l’affiche d’exploitation, celui du Blu-ray étant coloré en rouge. Le menu principal est animé et musical.

Aux côtés de la bande annonce, nous trouvons un minuscule making of de 5 minutes, tourné par « Coco », qui va à la rencontre de Vincent Lindon (en off) et Raphaël Quenard (qui apparaît à l’écran). Les deux acteurs reviennent sur leur vocation (ou non pour Vincent Lindon) de leur métier et sur ce qu’ils préfèrent dans leur profession. Quelques images dévoilent les conditions de tournage.

L’Image et le son

Nous n’avons pas pu avoir l’édition HD entre les mains, mais le DVD du Deuxième acte s’en sort avec tous les honneurs. Diaphana soigne le master avec des contrastes élégants, avec une image affûtée, un piqué tranché, une clarté frappante, des gros plans détaillés et une colorimétrie qui reste riche.

Le Mixage Dolby Digital 5.1 délivre de rares ambiances naturelles et l’action demeure essentiellement frontale. Les dialogues sont saisissants sur l’enceinte centrale et la balance gauche-droite dynamique, mais les latérales exsudent avec trop de parcimonie les quelques effets attendus. Seule la musique offre un semblant de spatialisation. La piste Stéréo est de fort bon acabit et s’avère bien suffisante. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Diaphana / Chi-Fou-Mi Productions – Arte France Cinéma / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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