L’ARNAQUEUSE (Perfect Friday) réalisé par Peter Hall, disponible en DVD et Blu-ray le 21 juillet 2022 chez LCJ Editions & Productions.
Acteurs : Ursula Andress, Stanley Baker, David Warner, Patience Collier, T.P. McKenna, David Waller, Joan Benham, Julian Orchard…
Scénario : Anthony Greville-Bell & Scott Forbes
Photographie : Alan Hume
Musique : John Dankworth
Durée : 1h31
Date de sortie initiale : 1970
LE FILM
En voyant un beau jour arriver dans son établissement la ravissante Lady Dorset, Mr. Graham, le sous-directeur d’une banque de Londres, a soudain une idée. Avec l’aide de la jolie jeune femme, il compte bien réussir à dévaliser sa propre banque. Mais Lady Dorset a ses propres motivations, et possède bien des atouts cachés.
Finalement, à part James Bond 007 contre Dr No de Terence Young, Les Tribulations d’un Chinois en Chine de Philippe de Broca et peut-être La Dixième Victime – La Decima vittima d’Elio Petri, on connaît mal la carrière cinématographique d’Ursula Andress…Si la comédienne suisse est passée à la postérité pour avoir incarné la première James Bond Girl officielle en 1962, on se souvient évidemment tous de sa sortie des flots turquoise en bikini, on aurait quelques difficultés à avancer encore certains autres titres célèbres. Pourtant, celle-ci aura aussi tourné avec Robert Aldrich (Quatre du Texas – 4 for Texas), Clive Donner (Quoi de neuf, Pussycat ? – What’s New Pussycat), John Guillermin (Le Crépuscule des aigles – The Blue Max), ainsi qu’avec toute une ribambelle de cinéastes italiens, de Steno (Un Américain à Rome – Un americano a Roma) à Luigi Zampa (Pas folles, les mignonnes – Le Dolci signore), en passant par Maurizio Lucidi (La Dernière Chance – L’Ultima chance), Duccio Tessari (Les Sorciers de l’île aux singes – Safari Express), Sergio Martino (La Montagne du dieu cannibale – La Montagna del dio cannibale), Fernando Di Leo (Ursula l’anti-gang – Colpo in canna), Enzo G. Castellari (La Grande Débandade – Le Avventure e gli amori di Scaramouche) et Luigi Zampa (Les Monstresses – Letti selvaggi). En 1970, juste avant de rejoindre Alain Delon, Charles Bronson et Toshirô Mifune à Almería pour tourner Soleil rouge de Terence Young, Ursula Andress naviguait sur la Tamise avec Stanley Baker et David Warner, pour une comédie de braquage intitulée L’Arnaqueuse – Perfect Friday, réalisée par Peter Hall. S’il ne révolutionnera aucun des deux genres auxquels il est rattaché, ce divertissement ne manque pas de charme, surtout cette chère Ursula, très en forme(s) et généreuse avec les spectateurs, qui n’hésite pas à se dévêtir à la moindre occasion.
Un employé de banque de haut niveau, Mr Graham, envisage d’escroquer d’une jolie somme son propre établissement pour refaire sa vie au soleil. Son plan, soigneusement élaboré, implique l’aide de Lord Dorset, un noble désargenté et de Britt, sa ravissante épouse suisse. Le trio trouve un accord et met au point chaque détail de la délicate opération. Mais chacun ne songe qu’à truander les deux autres en particulier Britt qui pour mettre toutes les chances de son côté n’hésite pas à séduire l’honorable Graham.
Ce qui fait le sel de L’Arnaqueuse, c’est la partie de ping-pong verbal entre les trois têtes d’affiche. Ursula Andress donc, belle à se damner, très à l’aise dans les scènes de comédie et toujours élégante. La sensualité dévastatrice de Britt va perturber le flegme de deux hommes. Le premier, Lord Dorset est son époux, merveilleusement incarné par le regretté David Warner, ici entre Un nommé Cable Hogue – The Ballad of Cable Hogue de Sam Peckinpah et Les Chiens de paille – Straw Dogs de Sam Peckinpah, droit comme un i et épais comme un phasme dans son costume en tweed de lord décadent qui ne veut rien foutre de ses dix doigts. Ce dernier avait d’ailleurs déjà collaboré à plusieurs reprises avec Peter Hall à la télévision et pour le grand écran. Le second, Mr. Graham est interprété par Stanley Baker, disparu prématurément en 1976 à l’âge de 48 ans, dont le visage aura marqué les cinéphiles dans Le Venin de la peur – Una lucertola con la pelle di donna de Lucio Fulci, Accident, L’Enquête de l’inspecteur Morgan, Les Criminels et Eva de Joseph Losey, Hélène de Troie – Helen of Troy de Robert Wise, Les Canons de Navarone – The Guns of Navarone de J. Lee Thompson !. Les acteurs sont en parfaite osmose dans L’Arnaqueuse, où chacun joue au chat et à la souris.
La mise en scène de Peter Hall (1930-2017), venu du théâtre, directeur de l’Arts Theatre de Londres (et plus tard du National Theatre), n’est pas vraiment palpitante, même si le montage demeure particulièrement original et intéressant, insufflant suffisamment de rythme durant 90 minutes. Avant L’Arnaqueuse, Peter Hall aura signé une adaptation de William Shakespeare, Le Songe d’une nuit d’été, mais curieusement son œuvre la plus célèbre au cinéma restera son dernier long-métrage, Excès de confiance – Never Talk to Strangers, thriller érotique avec Rebecca De Mornay et Antonio Banderas, loin de ses premières sensibilités dirons-nous.
Dans L’Arnaqueuse, les faux-semblants, les rebondissements, les jeux de séduction, les répliques vachardes et cyniques s’enchaînent durant une heure, tandis que le dernier acte est plus centré sur l’exécution du casse tant attendu, bien millimétré (belle écriture de Scott Forbes et Anthony Greville-Bell), précédemment expliqué et décomposé dans la première partie. Le final est quelque peu attendu, mais cela n’empêche pas de prendre beaucoup de plaisir au visionnage de ce Perfect Friday.
LE DVD
Disponible en DVD et en Blu-ray depuis juillet 2022 chez LCJ Editions & Productions, L’Arnaqueuse, jusqu’ici inédit dans les bacs, est arrivé à la rédaction en édition Standard. Celle-ci se présente sous la forme d’un boîtier Amaray classique de couleur noire, la jaquette mettant doublement en valeur Ursula Andress. Le menu principal est animé et musical.
Aucun supplément.
L’Image et le son
Le générique est marqué par un grain très imposant et le reste du film restera du même acabit avec un piqué parfois émoussé et un manque de définition récurrent. La gestion des contrastes est correcte, la copie affiche une solide stabilité et la propreté de la copie est indéniable, même si la restauration semble datée. Quelques plans sombres et flous sont vraisemblablement inhérents aux conditions de tournage, tandis que les partis pris esthétiques du grand chef opérateur Alan Hume (Le Continent oublié, Le Baiser du vampire, Rien que pour vos yeux, Runaway Train) sont ici respectés dans la mesure du possible.
L’Arnaqueuse est disponible en version originale et française. La première instaure un confort acoustique plaisant avec une délivrance suffisante des dialogues, des effets annexes convaincants et surtout une belle restitution de la musique de John Dankworth (The Servant, L’Étrangleur de Rillington Place). La piste française se focalise souvent sur les voix, au détriment des ambiances environnantes. Les deux options acoustiques sont propres, mais manquent finalement d’ardeur. Les sous-titres français ne sont pas imposés.