Test DVD / La Prisonnière de Bordeaux, réalisé par Patricia Mazuy

LA PRISONNIÈRE DE BORDEAUX réalisé par Patricia Mazuy, disponible en DVD le 21 janvier 2025 chez Blaq Out.

Acteurs : Isabelle Huppert, Hafsia Herzi, Noor Elasri, Jean Guerre Souye, William Edimo, Magne-Håvard Brekke, Lionel Dray, Jana Bittnerová…

Scénario : François Bégaudeau, Pierre Courrège, Patricia Mazuy & Emilie Deleuze

Photographie : Simon Beaufils

Musique : Amine Bouhafa

Durée : 1h43

Année de sortie : 2024

LE FILM

Alma, seule dans sa grande maison en ville, et Mina, jeune mère dans une lointaine banlieue, ont organisé leur vie autour de l’absence de leurs deux maris détenus au même endroit. À l’occasion d’un parloir, les deux femmes se rencontrent et s’engagent dans une amitié aussi improbable que tumultueuse.

En 2024, le cinéma français a été marqué par deux longs-métrages interprétés par les deux mêmes têtes d’affiche, Isabelle Huppert et Hafsia Herzi, Les Gens d’à côté d’André Téchiné, sorti au mois de juillet, et La Prisonnière de Bordeaux de Patricia Mazuy (née en 1960) qui débarquait dans les salles un mois plus tard. Depuis 1989, la cinéaste promène sa singularité dans le cinéma hexagonal, qu’elle a su imposer dès son premier long-métrage, Peaux de vaches. Le succès, le seul et unique de la réalisatrice d’ailleurs, viendra dès son second film, Saint-Cyr, Prix Jean Vigo, interprété par Isabelle Huppert, qui attire près d’un demi-million de spectateurs en 1999. Il aura donc fallu attendre un quart de siècle pour que la comédienne et Patricia Mazuy collaborent à nouveau. Voici La Prisonnière de Bordeaux, drame somme toute classique, qui étonne par son manque d’imagination, comme si son auteure avait mis de l’eau de son vin en espérant séduire les foules et renouer avec l’engouement du public qui lui échappent depuis 25 ans. Peu de choses demeurent marquantes et ce n’est pas la mise en scène, paresseuse, pour ne pas dire digne d’un téléfilm France Télévisions, qui aide à insuffler un intérêt à cette histoire banale, si ce n’est d’admirer le charisme, le talent et la personnalité de deux actrices qui méritent assurément mieux.

Deux femmes se croisent au parloir d’une prison où elles viennent visiter « leur homme ». L’une est une bourgeoise argentée, l’autre doit trimer pour nourrir ses deux enfants. La première propose à la seconde de loger dans sa grande maison, plus proche de la prison. Est-ce une amitié, un amour, un pacte ?

C’est donc un gros « moui » que l’on ressent après La Prisonnière de Bordeaux. Ce qu’il y a sans doute de plus surprenant, c’est ce côté inoxydable d’Isabelle Huppert, qui à 70 ans passés a su conserver une fraîcheur rare, aussi bien dans son jeu que physiquement. Ce feu qui anime la comédienne se voit à chaque instant et se retrouver face à Hafsia Herzi, l’une des meilleures actrices de sa génération était ce qui pouvait lui arriver de mieux, une évidence, comme un passage de flambeau inévitable. Mais honnêtement, à part cette partie de ping-pong verbal, on peine à aller au bout de cette chronique sociale qui compile les clichés sur la situation des femmes qui se retrouvent seules à gérer leur existence, alors que leurs compagnons respectifs sont incarcérés dans la même maison d’arrêt. Le parloir les réunit dans un premier temps, puis la plus âgée (et évidemment plus friquée), dont le sourire figé dissimule une terrible solitude, va prendre la seconde sous son aile, Mina, mère de deux gamins en bas âge, qui survit grâce à un boulot dans un pressing. Les contraires s’attirent, mais entre les deux, une étrange relation va se nouer. Mais c’était sans compter le background du fiancé de Mina, tombé pour braquage, qui va refaire surface et s’immiscer dans cette amitié naissante. Le gros problème du film provient du fait que, en dépit de ce qu’on tente de nous faire croire ou des signes qu’on nous envoie, on ne ressent pas de réel attachement entre Alma et Mina, ou si tel est le cas, celui-ci est assurément plus tangible de la première pour la seconde.

Tout est bien trop attendu dans La Prisonnière de Bordeaux. L’absence de rythme est constant, la photographie de Simon Beaufils (chef opérateur d’Anatomie d’une chute, Robuste, Antoinette dans les Cévennes) est pour une fois peu inspirée et seule la musique d’Amin Bouhafa (Timbuktu, Gagarine, Le Temps d’aimer) possède une ampleur, un lyrisme, une âme qui manquent cruellement au reste. Ce merveilleux tandem méritait largement mieux que cette radiographie devenue banale sur l’émancipation féminine et les rapports de classe, qui pâtit en outre de dialogues peu recherchés.

Vraiment dommage que ce film le plus accessible de Patricia Mazuy soit au final le plus décevant de sa carrière (le dernier acte à la sauce polar est même complètement improbable), surtout après le magnifique et précédent Bowling Saturne, qui pour le coup gagne absolument à être découvert.

LE DVD

La Prisonnière de Bordeaux n’a pas connu le même succès que Les Gens d’à côté d’André Téchiné, porté par le même duo d’actrices, avec seulement 125.000 entrées. C’est peu. Blaq Out se charge de la sortie du film de Patricia Mazuy en DVD. La galette repose dans un boîtier Amaray classique transparent, où trône la jaquette, qui reprend le visuel de l’affiche d’exploitation. Le tout est surmonté d’un sur-étui cartonné. Le menu principal est fixe et musical.

Le seul supplément de cette édition Standard est une rencontre animée par Stéphane Lerouge (spécialiste de la musique pour l’image), avec Amine Bouhafa (compositeur pour La Prisonnière de Bordeaux) et la réalisatrice Patricia Mazuy (34’). Cette « leçon de musique » comme l’indique le titre de cette intervention, revient sur la collaboration entre le musicien et la cinéaste. Un module forcément passionnant, qui évoque le processus créatif, l’élaboration du thème principal, celle de la chanson entendue dès la première scène, avec en sus une démonstration faite au piano par Amine Bouhafa.

L’Image et le son

Malgré son passage éclair dans les salles, Blaq Out prend soin de La Prisonnière de Bordeaux et livre un service après-vente tout ce qu’il y a de plus solide. Les volontés artistiques sont respectées et la colorimétrie habilement restituée. La clarté est de mise, tout comme la fermeté des contrastes, un joli piqué et des détails sont appréciables sur l’ensemble des séquences en extérieur, y compris sur les gros plans des comédiens. Notons de sensibles pertes de la définition, qui n’altèrent cependant en rien le visionnage. Un master SD élégant.

Immersion totale pour cette piste Dolby Digital 5.1 qui offre un confort sonore dynamique et un bel écrin acoustique. Les dialogues sont exsudés avec force par la centrale, la balance frontale est ardente et les ambiances en extérieur ne sont jamais oubliées. La piste stéréo est également impressionnante et propose un confort suffisant pour qui n’est pas équipé en 5.1. L’éditeur joint les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Blaq Out / Les Films du Losange / Rectangle Productions Piceyes / Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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