Test DVD / La Petite vadrouille, réalisé par Bruno Podalydès

LA PETITE VADROUILLE réalisé par Bruno Podalydès, disponible en DVD le 16 octobre 2024 chez UGC.

Acteurs : Sandrine Kiberlain, Daniel Auteuil, Denis Podalydès, Bruno Podalydès, Florence Muller, Isabelle Candelier, Jean-Noël Brouté, Dimitri Doré…

Scénario : Bruno Podalydès

Photographie : Patrick Blossier

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Justine, son mari et toute leur bande d’amis trouvent une solution pour résoudre leurs problèmes d’argent : organiser une fausse croisière romantique pour Franck, un gros investisseur, qui cherche à séduire une femme.

Revoilà Bruno Podalydès et sa bande réunie quasiment au complet, même s’il manque surtout le grand Michel Vuillermoz. Onzième long-métrage de son auteur, La Petite vadrouille a débarqué un an après Wahou !, qui avait autant déçu la critique que les spectateurs (avec 240.000 entrées seulement) et a redonné du peps au réalisateur en franchissant la barre des 420.000 entrées. Pourtant, que le temps semble loin où Bruno Podalydès pouvait réunir un large public, à l’instar du Mystère de la chambre jaune, son plus grand hit au box-office (plus d’un million d’entrées en 2003), événement qu’il n’a jamais pu/su réitérer, y compris avec la suite des aventures de Rouletabille (Le Parfum de la dame en noir), échec commercial assez conséquent. Néanmoins, cela n’a jamais empêché d’accrocher à ses comédies bourrées de poésie, de mélancolie et de fantaisie, à l’instar de Comme un avion (2015) et Adieu Berthe (2012). Dans La Petite vadrouille, on retrouve instantanément la griffe du metteur en scène et scénariste de Dieu seul me voit (Versailles-Chantiers), auréolé en 1999 du César de la meilleure première œuvre, et de Liberté-Oléron. Les comédiens sont tous sensationnels, le récit est léger comme une bulle de savon, les couleurs pétillantes, les dialogues hilarants…pour résumer, il s’agit d’un coup de coeur.

Justine reçoit de son patron Franck Pauilhac la demande de lui organiser un petit séjour original et discret afin de séduire une femme sur laquelle il a jeté son dévolu. Budget : 14 000 euros, en espèces. Ça tombe bien car le mari de Justine, Albin, et sa bande d’amis fantasques, sont plutôt à court d’argent. Pourquoi ne pas organiser une croisière romantique, simple, haut-de-gamme, sur une pénichette pour cet amoureux d’un week-end qui ne regarde pas à la dépense ?

Cela fait plaisir de revoir Daniel Auteuil dans la comédie. Si l’acteur n’a pas été gâté en la matière depuis dix ou quinze ans (qui se souvient d’Entre amis d’Olivier Baroux ou de Nos femmes de Richard Berry ?), il est tout à son affaire ici et se fond parfaitement dans l’univers de Bruno Podalydès, qu’on imagine très fier de pouvoir intégrer ce Stradivarius à son orchestre habituel. Sandrine Kiberlain s’associe pour la troisième fois avec le cinéaste, après Comme un avion et Les 2 Alfred. Virtuose, lumineuse, lunaire, elle est une fois de plus exceptionnelle et prouve que le registre comique lui sied à ravir. Aucun comédien ne tire la couverture et chacun joue sa partition de façon magistrale, pour au final livrer une symphonie, décalée, burlesque, représentative de l’univers singulier d’un réalisateur, qui s’est naturellement octroyé ici le rôle du « capitaine » de la Pénichette sur laquelle déambulent tous les protagonistes.

Valse des sentiments, La Petite vadrouille est une succession de portraits dressés de petites gens (rien de péjoratif) qui rappellent les Pieds Nickelés et qui vont tout faire pour gagner (illégalement) un peu d’argent, grâce au système D, leur complicité et avant tout leur amitié indéfectible. Comme dans un décor de roman de Simenon, on se laisse volontiers porter sur cette multitude de canaux et de ces écluses qui stoppent non seulement le cours de l’eau, mais aussi celui du temps et La Petite vadrouille rappelle alors les comédiens d’antan. Il se dégage un parfum rétro que l’on respire à pleins poumons, qui revigore, donne le sourire du début à la fin, qui repose aussi également. Le rythme peut sembler lent, mais il est en fait pleinement maîtrisé, en adéquation avec les personnages, qui jouent à ce qu’ils ne sont pas pour arnaquer celui qu’ils ont embarqué et pour lui soutirer un maximum d’argent. Bruno Podalydès mène sa troupe orchestre (dans lequel on retrouve évidemment Denis Podalydès, l’immense Isabelle Dandelier, Jean-Noël Brouté, Florence Muller) dans des décors aux teintes estivales que l’on croirait échappés d’une bande dessinée, photographiés par l’excellent chef opérateur Patrick Blossier (K.O. de Fabrice Gobert, Fred de Pierre Jolivet, Mad City de Costa-Gavras).

Bourrée d’inventions, de quiproquos, de mots d’auteur, de trouvailles visuelles, La Petite vadrouille (qui rappelle souvent Le Petit Baigneur de Robert Dhéry et l’univers de Jacques Tati, ce qui n’est pas rien) est un festival pour les zygomatiques, qui avaient bien besoin d’être mis à contribution. Et oui, la glaviole fait bien sûr partie de la distribution.

LE DVD

À quelques exceptions près, la majeure partie des films réalisés par Bruno Podalydès sont sortis en DVD chez UGC. La Petite vadrouille ne dérogera pas à la règle. La jaquette, qui reprend le visuel de l’affiche d’exploitation, est glissée dans un boîtier Amaray classique transparent. Le menu principal est animé et musical.

En ce qui concerne les suppléments, nous ne trouvons malheureusement que la bande-annonce de La Petite vadrouille.

L’Image et le son

Point d’édition Blu-ray, mais un beau DVD pour La Petite vadrouille. UGC soigne le master avec des contrastes élégants, à part peut-être durant les séquences sombres où l’image paraît plus douce et moins affûtée, mais cela demeure franchement anecdotique. La clarté demeure frappante, le piqué est vif, les gros plans détaillés et la colorimétrie reste chatoyante, riche et bigarrée.

Le Mixage Dolby Digital 5.1 délivre de rares ambiances naturelles et l’action demeure essentiellement frontale. Les dialogues sont saisissants sur l’enceinte centrale et la balance gauche-droite dynamique, mais les latérales exsudent avec trop de parcimonie les quelques effets attendus. Seule la musique offre un semblant de spatialisation. La piste Stéréo est de fort bon acabit et s’avère bien suffisante. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © UGC / afbrillot / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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