Test DVD / Et plus si affinités, réalisé par Olivier Ducray & Wilfried Méance

ET PLUS SI AFFINITÉS réalisé par Olivier Ducray & Wilfried Méance, disponible en DVD le 7 août 2024 chez Wild Side Video.

Acteurs : Isabelle Carré, Bernard Campan, Pablo Pauly, Julia Faure…

Scénario : Olivier Ducray, Wilfried Méance & Jean-Paul Bathany, d’après le scénario original de Cesc Gay

Photographie : Stéphan Méance

Musique : Alexis Rault

Durée : 1h13

Date de sortie initiale: 2024

LE FILM

Usé par vingt-cinq ans de vie commune, le couple formé par Xavier et Sophie semble à bout de souffle. Et le moins que l’on puisse dire c’est que l’idée de Sophie d’inviter à dîner leurs voisins, Adèle et Alban, n’enchante pas Xavier. Il reproche à ce couple, visiblement très amoureux, son manque de discrétion, surtout la nuit ! Au contact de ces voisins aux mœurs débridées, Xavier et Sophie vont devoir se confronter à leur réalité, avant d’être poussés dans leur retranchement par une proposition quelque peu… indécente.

Indiquer sur une affiche de cinéma qu’un film a été « le coup de coeur du Festival international du film de comédie de l’Alpe d’Huez » n’est certainement pas vendeur auprès du public. Ainsi, après le four monumental rencontré par 38°5 quai des Orfèvres de Benjamin Lehrer, Et plus si affinités d’Olivier Ducray et Wilfried Meance n’a guère traîné les spectateurs dans les salles à sa sortie et ce malgré le double prix d’interprétation remporté au festival en question, sans oublier le Prix du public et le Prix spécial du jury. Il faut dire que cette comédie, par ailleurs remake de Sentimental, film espagnol réalisé par Cesc Gay, ne fonctionne absolument pas, en raison de personnages détestables, méprisants, sectaires et mesquins, nullement sympathiques et qui apparaissent d’emblée antipathiques. Les acteurs font ce qu’ils peuvent, en premier lieu Isabelle Carré et Bernard Campan, dans leur troisième collaboration après Se souvenir des belles choses de Zabou Breitman et La Dégustation d’Ivan Calbérac (qu’ils avaient aussi joué sur scène), mais rien n’y fait, on se désintéresse quasiment instantanément du sort de Xavier et de Sophie, petits bourgeois enfermés dans leur petite vie et leur 100m² (au bas mot) dans un beau quartier de la capitale. Mais c’était sans compter sur la rencontre avec un couple de voisins chauds comme la b(r)aise, devant lesquels ils vont enfin se rendre à l’évidence, ils s’ennuient à fond, chacun de leur côté et ils ne sont plus que l’ombre de ce qu’ils étaient. Olivier Ducray et Wilfried Méance, en collaboration avec Jean-Paul Bathany présentent un homme et une femme dont l’aigreur a eu raison de leurs rêves, espoirs, fantasmes, qui vivent cloîtrés entre quatre murs, en apnée. Et plus si affinités est un huis clos qui ne laisse justement jamais respirer ses protagonistes et encore moins les spectateurs (un ou deux plans en extérieur, le même d’ailleurs, histoire d’aérer un peu), qui trouvent le temps long malgré la très courte durée du film (73 minutes, générique de fin compris) et qui n’a de cesse de s’enliser au fil d’un récit extrêmement maladroit et surtout mal écrit.

Jumeaux mais pas trop, le premier long-métrage coréalisé par Olivier Ducray et Wilfried Méance n’était déjà franchement pas top et nous en disions qu’il faisait « partie du tout-venant de la comédie française, sitôt vue, sitôt oubliée ». Avec Et plus si affinités, les deux metteurs en scène ne retrouvent même pas ce lien que l’on pouvait créer avec les personnages interprétés par Ahmed Sylla et Bertrand Usclat et aucune réplique ne fait vraiment mouche non plus dans leur second long-métrage. Bernard Campan se démène pour rendre Xavier un tant soit peu intéressant, mais rien n’y fait, ce professeur de musique au conservatoire (municipal), qui enseigne la flûte traversière à des élèves dont il semble se moquer complètement, demeure repoussant dans sa façon de parler et de se comporter avec celle avec laquelle il partage la vie depuis un quart de siècle. De son côté, Sophie, le début de la cinquantaine, fatiguée, exténuée, est peut-être celle dont on se prend le plus d’affection. Sans doute parce qu’Isabelle Carré, sur le fil fragile tendu entre le rire et la tragédie, paraît prête à imploser ou à s’effondrer à n’importe quel moment, en dépit des signaux d’alerte qu’elle émet constamment à Xavier. Mais ce dernier est bien plus préoccupé à sortir le chien, ce qui lui permet de s’évader et donc de ne pas communiquer avec sa femme.

C’est alors qu’entrent en scène Adèle et Alban, leurs voisins partouzards convaincus, invités par Sophie histoire de faire mieux connaissance. Ceux-ci sont interprétés par Pablo Pauly (Chère Léa, Les Invisibles, Patients) et la sublime Julia Faure (Tout de suite maintenant, Le Daim, J’ai deux amours), qui font également leur possible avec les clichés liés à ce genre de protagonistes qui semblent surréalistes et donc difficiles à rendre non seulement crédibles, mais aussi et surtout séduisants. Ce quatuor déambule tant bien que mal dans un décor restreint et étouffant (n’est pas Le Prénom et encore moins Le Dîner de cons qui veut), ainsi que peu reluisant, la réalisation est au point mort, le rythme est inexistant, les scènes s’enchaînent de façon pesante, les dialogues sont pauvres et abondants…

L’ennui s’installe dès le premier quart d’heure, pour ne plus lâcher le spectateur, qui peine à aller au bout de ce marivaudage, qui se permet même un dernier plan optimiste pour le couple, en contradiction totale avec ce qui nous a été martelé pendant 75 minutes auparavant.

LE DVD

À peine 275.000 entrées pour Et plus si affinités…c’est peu…et beaucoup moins que Jumeaux mais pas trop qui avait flirté avec le demi-million. Le deuxième long-métrage d’Olivier Ducray et Wilfried Meance ne bénéficie toujours pas de sortie en HD. C’est Wild Side Vidéo que sort ce film dans les bacs, en édition Standard uniquement. Le menu principal est fixe et musical.

Le premier supplément est un bêtiser (9’), étonnamment divisé en quatorze parties (!), auxquelles ont été attribuées un titre…Certains passages sont amusants, mais l’ensemble étant présenté ainsi, cela finit par fatiguer rapidement…

S’ensuivent trois courts-métrages des réalisateurs, Le Grand moment de solitude (2010), La Tête de l’emploi (2015) et Mon p’tit Bernard (2020). À la tête du casting de chaque film, on trouve l’excellent Philippe du Janerand, tronche incontournable du cinéma français et immense talent que l’on retrouve dans une multitude de courts, moyens et longs-métrages (Nikita, Ridicule, Le Cousin, Taxi, La Chambre des Officiers, Les Choristes, Molière, Maigret…). Ces trois courts sont bien plus convaincants que ce que le tandem a pu faire pour le cinéma et les dialogues sont vachards à souhait, surtout ceux du Grand moment de solitude, durant lequel une famille règle ses comptes pendant un repas d’anniversaire.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Pas de Blu-ray pour ce titre. Néanmoins, l’éditeur soigne le transfert de Et plus si affinités. Soutenu par une solide définition, le master est parfaitement propre. La copie est exemplaire et lumineuse tout du long, les couleurs excellemment gérées, tout comme les contrastes très élégants.

Ne vous attendez pas à un déluge d’effets surround sur l’unique Dolby Digital 5.1 qui se contente seulement de faire entendre quelques rares ambiances naturelles ou tout simplement d’offrir une forte spatialisation de la musique du film. Et plus si affinités ne se prêtant évidemment pas aux exubérances sonores, le principal de l’action se trouve canalisé sur les frontales. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Wild Side Video / Julien Panié / Stéphanie Branchu / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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