Test DVD / Dîner à l’anglaise, réalisé par Matt Winn

DÎNER À L’ANGLAISE (The TroubleWith Jessica) réalisé par Matt Winn, disponible en DVD le 3 décembre 2024 chez Blaq Out.

Acteurs : Shirley Henderson, Rufus Sewell, Olivia Williams, Indira Varma, Alan Tudyk, Harrison Evans, Sylvester Groth, Alice Henley…

Scénario : Matt Winn & James Handel

Photographie : Tristan Oliver

Musique : Matt Winn & Matt Cooper

Durée : 1h26

Année de sortie : 2023

LE FILM

Sarah et son mari architecte Tom ont des gros problèmes d’argent et sont obligés de vendre leur belle maison londonienne. Ils y invitent à dîner pour la dernière fois leur ami avocat Richard et sa femme, vertueuse et féministe, Beth. Une autre « amie », Jessica Devi, sulfureuse auteure à scandale, s’impose comme cinquième convive, et la soirée va prendre un tour des plus inattendus.

Saxophoniste, compositeur, producteur, réalisateur et scénariste, le britannique Matt Winn est aussi multitâche qu’inclassable dans son œuvre. Dîner à l’anglaise The Trouble With Jessica est son troisième long-métrage, après January 2nd (2006) et le thriller-horrifique The Hoarder (2015) et s’avère une comédie blindée d’humour noir, qui rappelle souvent Petits Meurtres entre amis Shallow Grave (1994) de Danny Boyle. Avec son unité de lieu, de temps et d’action, Dîner à l’anglaise fait penser à du théâtre filmé, mais le réalisateur ne se laisse pas enfermer dans ce dispositif, en jouant habilement avec le cadre, le gros plan, le hors-champs. Certes, Dîner à l’anglaise ne révolutionne rien avec cette histoire de cadavre encombrant (on se souvient par exemple du mythique Jo de Jean Girault) qui va faire ressurgir les frustrations et les rancoeurs de celles et ceux qui y sont confrontés, mais les acteurs – anglais – mais pas que – sont formidables, le propos intelligent et l’on passe un très bon moment.

Sarah et Tom sont en proie à de graves difficultés financières : leur seule solution est de vendre leur maison londonienne. Lorsque leurs amis débarquent pour un dernier dîner, Jessica, une vieille amie, s’invite et se joint à eux. Problème, elle aime flirter avec Tom, ce qui agace profondément Sarah. Après une dispute à première vue « sans importance », Jessica se pend dans le jardin. Tom s’apprête à appeler la police lorsque Sarah réalise que si l’acheteur l’apprend, la vente tombera à l’eau, ruinant ainsi leur couple. La seule façon de s’en sortir est de ramener le corps de Jessica dans son propre appartement. Après tout, qu’est-ce qui pourrait mal tourner ?

« Inspiré » par une histoire vraie, deux personnes, dont une amie de Matt Winn, ayant mis à leurs jours en se pendant à l’arbre d’un voisin, Dîner à l’anglaise convoque une poignée de personnagesqui se retrouvent démunis quand l’une des leurs décide de se suicider. Comment les amis de cette personne vont réagir ? Le couple chez qui le drame s’est passé, se retrouvant sur la paille et étant sur le point de vendre leur maison dans une banlieue huppée de Londres pour s’en sortir, décide alors de « calfeutrer » ce cadavre, de peur que leur acheteur prenne peur et refuse finalement d’acheter la baraque. Un règlement de comptes verbal (et donc vachard) démarre. Dîner à l’anglaise est une observation au microscope des classes moyennes du nord de Londres, où les habitants seraient analysés comme des insectes, avec l’oeil d’un entomologiste.

Plongés dans leurs petits soucis du quotidien, pour ne pas dire déconnectés, ces amis vont devoir affronter la réalité, faire le point sur tout, sur leur situation amoureuse, sur leur relation, sur le temps qui a passé aussi. La distribution est évidemment à se damner, en premier lieu le casting féminin composé de la géniale Shirley Henderson (Stan & Ollie, Le Journal de Bridget Jones, Trainspotting), la grande Olivia Williams (The Ghost Writer, Une éducation, Maps to the Stars) et la divine Indira Varma (Ellaria Sand dans la série Game of Thrones). Rufus Sewell (Old, The Father, Vinyan) et l’américain Alan Tudyk (habituellement spécialisé dans le doublage) complètent ce groupe d’amis, qui ne s’attendaient sûrement pas à devoir trimballer le corps de la fameuse Jessica, qui donne son titre au film en version originale.

Comme nous l’indiquions précédemment, Dîner à l’anglaise n’est pas étouffant, impression qui aurait pu se faire ressentir étant donné que les trois-quarts de l’action se déroule uniquement dans la maison de Tom et Sarah, quand bien même la mise en scène manque sans doute d’inventivité. La photographie, signée Tristan Oliver (L’île aux chiens, Fantastic Mr. Fox) est somme toute élégante, le cadre soigné, mais on pourra sans doute reprocher un manque de rythme certain et il faut véritablement attendre que la petite bande décide de se rendre à Londres pour que l’ensemble se relance efficacement jusqu’à la fin.

Dîner à l’anglaise se révèle être une satire sombre et pessimiste des relations, mais où subsiste tout de même un soupçon d’espoir, preuve que tout n’est finalement pas perdu pour la race humaine, pourtant prête à s’entre-dévorer si la situation l’exige.

LE DVD

Le premier film de Matt Winn à être distribué en France (65.000 entrées) bénéficie d’une sortie en DVD chez Blaq Out. Édition dite « technique », étant donné qu’on ne trouve sur ce disque que le long-métrage. Le menu principal est fixe et musical. La jaquette, glissée dans un boîtier Amaray classique et transparent, reprend le visuel français d’exploitation.

Aucun supplément donc.

L’Image et le son

Blaq Out soigne le master SD de Dîner à l’anglaise, qui se révèle quasi-exemplaire. Les contrastes sont d’une densité rarement démentie, à part peut-être durant les séquences tamisées où l’image paraît plus douce et moins affûtée, mais cela demeure franchement anecdotique. Le piqué est affûté, les gros plans détaillés, les contrastes denses et la colorimétrie reste chatoyante, riche et bigarrée.

Le spectateur a le choix entre les pistes Dolby Digital 5.1 et 2.0. Notre préférence va pour la première qui instaure un confort acoustique très plaisant, une spatialisation musicale convaincante et des effets latéraux probants. Les ambiances naturelles sont présentes, la balance frontale est toujours dynamique et équilibrée, et le report des voix solide. La piste stéréo est évidemment plus plate, mais riche et remarquablement équilibrée.

Crédits images : © Blaq Out / Paname Distribution / Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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