ANDY réalisé par Julien Weill, disponible en DVD le 4 janvier 2020 chez Metropolitan Vidéo
Acteurs : Vincent Elbaz, Alice Taglioni, Jacques Weber, Philippe Cura, Brigitte Roüan, Yannick Samot, Nicolas Wanczycki, Alysson Paradis, Anne Caillon, Manöelle Gaillard…
Scénario : Grégory Boutboul, Vincent Elbaz, Julien Weill, Bernard Jeanjean
Photographie : Rémy Chevrin
Musique : Marco Beltrami, Anna Drubich
Durée : 1h28
Date de sortie initiale : 2019
LE FILM
Thomas, un doux oisif, a toujours réussi à mener sa vie sans faire le moindre effort ; jusqu’au jour où il se retrouve à la rue contraint de vivre dans un foyer. C’est là qu’il rencontre Margaux, qui y travaille mais surtout s’y réfugie après une histoire d’amour douloureuse. Obligé de travailler, Thomas pense avoir trouvé le job idéal : escort boy. Or, même ça il ne peut le faire comme tout le monde. Il va alors entraîner Margaux dans un partenariat aux rebondissements aussi drôles qu’inattendus.
Il y a plus de dix ans, le cinéma français, ou plutôt la comédie française se focalisait sur les personnages de jeunes trentenaires immatures, qui peinaient à entrer dans l’âge adulte. Les films se bousculaient alors dans les salles avec des titres aussi évocateurs que L’Âge d’homme, maintenant ou jamais, Tel père, telle fille, Notre univers impitoyable, Ma vie en l’air, Dépression et des potes, Situation amoureuse : C’est compliqué, La Stratégie de la poussette, J’me sens pas belle, sans compter les films avec Alexandra Lamy, Clovis Cornillac, Julien Boisselier et bien d’autres. Parmi ces films se trouvent un élément récurrent, le comédien Vincent Elbaz. Révélé en 1994 par Cédric Klapisch dans Le Péril jeune, l’acteur a alors 26 ans quand il enchaîne deux hits en 1997, Les Randonneurs de Philippe Harrel et La Vérité si je mens ! de Thomas Gilou. Depuis, Vincent Elbaz a très peu côtoyé les sommets du box-office, mais n’a jamais chômé, apparaissant dans des œuvres variées chez Michel Spinoza, Gabriel Aghion, Michel Deville, Patrice Leconte, Michel Blanc, Rémi Bezançon, Bruno Podalydès, Ariel Zeitoun, Eric Toledano et Olivier Nakache. S’il a évidemment pris de la bouteille comme tout le monde, l’acteur aujourd’hui âgé de 48 ans parvient à conserver cette énergie juvénile qui le caractérise. Contrairement à son rôle dans l’excellent Ma vie en l’air de Rémi Bezançon, mais comme dernièrement dans Daddy Cool de Maxime Govare, Vincent Elbaz devient dans Andy celui qui squatte l’appartement, le type qui n’a pas vu passer les années et qui se retrouve à l’âge de 45 ans confronté à la dure réalité de la vie.
Vincent Elbaz a peu à faire pour rendre attachant et touchant son personnage de loser et éternel adolescent irresponsable à la dégaine dégingandée et aux yeux de cocker triste. Face à lui, Alice Taglioni compose également un personnage touchant, hypersensible et qui porte le poids d’un passé violent. L’actrice qui illuminait le cinéma français dans les années 2000, dans Mensonges et trahisons et plus si affinités… de Laurent Tirard, La Doublure de Francis Veber et Les Chevaliers du ciel de Gérard Pirès, s’est ensuite faite plus rare. Nous ne reviendrons pas sur le drame qui a touché sa vie en 2009, mais son jeu s’est depuis teinté d’une indéniable gravité. C’était déjà le cas dans le sublime Réparer les vivants de Katell Quillévéré, dans lequel elle était bouleversante, et cette fois encore dans Andy. Si Alice Taglioni n’a pour ainsi dire pas bougé en quinze ans, son regard s’est assombri. La comédienne est formidable dans Andy et forme avec Vincent Elbaz un duo charmant et séduisant d’individus cassés, usés, qui vont tenter de revenir à la surface.
Pour son premier long métrage, Julien Weill, qui avait participé à l’écriture des Gazelles (2014) de Mona Achache avec Camille Chamoux, évite tout pathos, insuffle ce qu’il faut d’humour, de tendresse et d’émotions, avec une petite touche de romance et de critique sociale, pour faire passer un postulat de départ quelque peu improbable. Mais ça fonctionne bien. Le scénario, coécrit entre autres par le réalisateur et Vincent Elbaz, est suffisamment malin pour nous embarquer jusqu’à la fin, très réussie d’ailleurs et qui témoigne d’une vraie sensibilité.
LE DVD
Edition minimaliste pour Andy, disponible uniquement en DVD chez Metropolitan. Le visuel reprend celui de l’affiche du film, tout comme le menu principal, fixe et musical.
Nous n’avons que des bandes-annonces en guise de bonus sur cette édition.
L’Image et le son
Les contrastes sont riches, la luminosité est omniprésente, les scènes nocturnes sont logées à la même enseigne et le relief est probant. Les visages sont détaillés à souhait, tout comme les décors, la colorimétrie est froide et hivernale, le piqué joliment aiguisé (surtout sur les scènes en extérieur), le relief est indéniable et la photo élégante du chef opérateur Rémy Chevrin (Ma femme est une actrice, Nos jours heureux, La Délicatesse) est solidement restituée.
La piste Dolby Digital 5.1 offre une belle spatialisation ponctuelle de l’excellente bande-son. Outre la spatialisation musicale, certaines ambiances naturelles parviennent à percer sur les quelques séquences en extérieur mais finalement, l’ensemble demeure axé sur les frontales, dynamiques et fluides, tandis que la centrale exsude les dialogues avec efficacité. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.