AMOURS IRLANDAISES (Wild Mountain Thyme) réalisé par John Patrick Shanley, disponible en DVD le 15 avril 2021 chez Metropolitan Films.
Acteurs : Emily Blunt, Jamie Dornan, Jon Hamm, Christopher Walken, Dearbhla Molloy, Danielle Ryan…
Scénario : John Patrick Shanley, d’après sa pièce de théâtre Outside Mulingar
Photographie : Stephen Goldblatt
Musique : Amelia Warner
Durée : 1h38
Date de sortie initiale : 2020
LE FILM
Depuis sa plus tendre enfance, Rosemary est amoureuse en secret de son voisin Anthony, un rêveur timide qui vit avec son excentrique père dans la campagne irlandaise. Malgré toutes les attentions, rien à faire, Anthony reste inconscient des sentiments que lui porte sa belle admiratrice. Mais alors que Rosemary se décide à faire enfin le premier pas, arrive Adam, un riche neveu new-yorkais…
Non, il ne s’agit pas d’une adaptation d’un roman de Marc Lévy, de Danielle Steel ou de Barbara Cartland. Amours irlandaises, ou Wild Mountain Thyme, est issu de l’imagination du dramaturge, scénariste, producteur et réalisateur John Patrick Shanley (né en 1950). De son cerveau fécond, sont nés les scénarios d’Éclair de lune – Moonstruck (1987) de Norman Jewison, qui lui vaudra l’Oscar, ainsi que le très connu Les Survivants – Alive (1993) de Frank Marshall. Alors qu’il n’a jamais cessé ses activités pour le théâtre, John Patrick Shanley est également passé à la mise en scène au cinéma et ce dès 1990 avec Joe contre le volcan – Joe Versus the Volcano (1990), qui réunissait pour la première fois le couple Meg Ryan – Tom Hanks. Il aura fallu attendre dix-huit ans pour qu’il fasse son retour derrière la caméra avec l’impeccable Doute – Doubt, transposition de sa pièce de théâtre Doubt : A Parable, auréolée du Prix Pulitzer, qui valait essentiellement pour l’affrontement entre Meryl Streep, Amy Adams et Philip Seymour Hoffman. Comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, John Patrick Shanley fait son comeback au cinéma avec Amours irlandaises, son troisième long-métrage en trente ans, adapté d’une de ses propres pièces, Outside Mullingar, joué à Broadway en 2014. Cette fois encore, le film – romantique – vaut bien plus pour son casting, Emily Blunt, Jamie Dornan, Jon Hamm et Christopher Walken, que pour son histoire ici quelque peu éculée, qui croule sous les clichés et les bons sentiments à l’eau de rose mal distillée.
Dans la campagne irlandaise, une agricultrice, Rosemary (Emily Blunt), et un fermier, Anthony Reilly (Jamie Dorman), sont voisins depuis leur enfance. Elle a toujours été amoureuse de lui mais ce dernier ne s’en est jamais rendu compte. Ils semblent promis l’un à l’autre depuis longtemps mais quelque chose empêche Anthony, que son propre père Tony (Christopher Walken) dit fou, d’assumer son amour pour Rosemary. De fait, leur idylle paraît impossible car leurs familles se mènent une guerre sans merci concernant un lopin de terre, coincé entre deux portails, qui sépare leurs deux fermes. D’autant plus que le patriarche des Reilly menace son fils, qui passe son temps à chercher la bague de sa mère (qu’il croit avoir perdu) avec un détecteur de métaux, de léguer la leur à son riche cousin américain, Adam (Jon Hamm) qui vit à New York, s’il continue à rejeter la jeune femme, tandis que la mère de Rosemary fait tout son possible pour apaiser la tension et régler le conflit.
Mouarf…c’est pas si terrible, mais c’est un peu pépère-charentaises tout ça. Amours irlandaises c’est avant tout, encore et toujours, le plaisir de revoir la magnifique et pétillante Emily Blunt à l’écran, trois ans après Le Retour de Mary Poppins et en attendant la suite de Sans un bruit, sans cesse repoussée depuis un an, COVID-19 oblige. La comédienne anglaise crève l’écran une fois de plus dans ce petit film. Son charme naturel et son authenticité n’avaient peut-être pas été aussi bien exploités depuis le brillant Ma meilleure amie, sa sœur et moi – Your Sister’s Sister, réalisé il y a dix ans par Lynn Shelton. Face à elle, Jamie – J’ai des goûts très spéciaux – Dornan, délaisse la chambre rouge de Christian Grey pour l’herbe verte irlandaise. S’il a un peu de mal à se rendre crédible dans les bottes en caoutchouc de ce brave Anthony, ses scènes avec Emily Blunt sont les plus réussies du lot, même si John Patrick Shanley ne parvient pas à se débarrasser de son dispositif théâtral original. Les comédiens sont bons, rien à redire là-dessus. A presque 80 ans, Christopher Walken est souvent déchirant dans la peau de ce père de famille en fin de vie, qui souhaiterait que son fils unique reprenne le flambeau et surtout confiance en lui, qu’il avoue enfin ses sentiments à la seule femme qu’il n’a jamais aimée, qu’il soit heureux pour la première fois de sa vie, pour que lui puisse partir en paix. Dans un rôle quelque peu sacrifié, Jon Hamm fait son apparition dans le rôle du bellâtre à qui tout a réussi dans la vie, contrairement à son cousin encroûté au fin de la cambrousse irlandaise, et qui est sur le point de lui prendre le peu qu’il avait ou qui lui revient de droit.
John Patrick Shanley semble s’endormir quelque peu derrière sa caméra. Évidemment, les paysages naturels (même si très limités) sont superbes, la photo de Stephen Goldblatt, éminent chef opérateur de Cotton Club, du Secret de la pyramide, de L’Arme fatale et de La Couleur des sentiments, est agréable pour les mirettes, mais le rythme est peu maîtrisé, les personnages manquent d’empathie, à tel point que l’envie nous prend souvent de vouloir secouer Anthony, la trentaine, mais qui en paraît quinze de plus, et de lui dire de foncer prendre la belle Rosemary dans ses bras.
En fait, Amours irlandaises est un film de vieux où même les protagonistes dans la fleur de l’âge sont représentés comme des septuagénaires et affublés d’un accent improbable. On est loin de l’énergie et du charme de Donne-moi ta main – Leap Year, autre bluette dans « l’Éire » du temps, dans laquelle la belle Amy Adams donnait du fil à retordre à Matthew Goode. En l’état, Amours irlandaises n’a rien de déshonorant, c’est juste que le film est complètement anecdotique, déjà-vu, tourné comme une pub pour le camembert Le Rustique et que les acteurs méritent bien mieux que ça.
LE DVD
Point de sortie dans les salles pour Amours irlandaises, le film de John Patrick Shanley arrive donc dans les bacs et uniquement en DVD en France. Le visuel devrait interpeller les amateurs de films romantiques avec nos deux têtes d’affiche se regardant droit dans les yeux et sous une pluie battante. Le menu principal est animé et musical.
Aucun supplément sur cette édition.
L’Image et le son
Faites confiance à Metropolitan pour assurer le service après-vente, même si pour le coup le film de John Patrick Shanley arrive directement dans les bacs, sans passer par la case cinéma ! Amours irlandaises se trouve choyé par l’éditeur. A défaut d’une édition HD, le master SD tient toutes ses promesses, la colorimétrie est vive et chatoyante, la clarté éblouissante, les contrastes denses, les détails ciselés et le relief omniprésent. Que l’action se déroule en extérieur ou en intérieur, de jour comme de nuit, la définition demeure optimale, le piqué tranchant et la photo du chef opérateur Stephen Goldblatt est admirablement restituée.
Ne vous attendez pas à des ambiances explosives, même si la balance frontale des pistes anglaise et française (vraisemblablement québécoise) encodées en DD 5.1 est bien équilibrée. La spatialisation est essentiellement musicale, les effets latéraux sont rares. Sur les deux versions, les voix prédominent et les basses soulignent efficacement la partition d’Amelia Warner.