WONDER WHEEL réalisé par Woody Allen, disponible en DVD et Blu-ray le 27 juin 2018 chez Ab Vidéo
Acteurs : Justin Timberlake, Juno Temple, Robert C. Kirk, Kate Winslet, Jim Belushi, Jack Gore, Tommy Nohilly, Tony Sirico…
Scénario : Woody Allen
Photographie : Vittorio Storaro
Durée : 1h44
Année de sortie : 2018
LE FILM
Wonder Wheel croise les trajectoires de quatre personnages, dans l’effervescence du parc d’attractions de Coney Island, dans les années 50 : Ginny, ex-actrice lunatique reconvertie serveuse ; Humpty, opérateur de manège marié à Ginny ; Mickey, séduisant maître-nageur aspirant à devenir dramaturge ; et Carolina, fille de Humpty longtemps disparue de la circulation qui se réfugie chez son père pour fuir les gangsters à ses trousses.
47è long métrage ! Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’à 83 ans cette année, Woody Allen n’a rien perdu de son inspiration. Nous ne parlerons pas ici du mouvement #metoo et du scandale sexuel dont le réalisateur est accusé, ce n’est pas du tout le sujet. Après sa carte-postale To Rome With Love (2012), probablement l’un de ses plus mauvais opus, Woody Allen aura enchaîné les réussites. Blue Jasmine (2013) offrait l’Oscar de la meilleure actrice à Cate Blanchett, Magic in the Moonlight (2014) proposait une escapade romantique et ensoleillée dans le Sud de la France, L’Homme irrationnel (2015) permettait la rencontre du cinéaste avec l’un des plus grands acteurs contemporains Joaquin Phoenix et Café Society (2016) émerveillait par sa mise en scène et sa mélancolie. Pour Wonder Wheel, sa cuvée 2017, Woody Allen pose sa caméra à Coney Island et le titre renvoie à la célèbre grande roue du parc, la Deno’s Wonder Wheel Amusement Park, visible depuis l’habitation des protagonistes où le vacarme du tir à la carabine rythme les règlements de comptes.
Le cinéaste américain rend ici un fabuleux hommage à l’oeuvre de Tennessee Williams et plonge ses personnages dans un drame quasi-théâtral, sublimé par la photographie incandescente de Vittorio Storaro (L’Oiseau au plumage de cristal, Little Buddha, Apocalypse Now, Ladyhawke, la femme de la nuit). De plus, Woody Allen sert une fois de plus sur un plateau d’argent l’un de ses plus grands rôles à sa comédienne principale, ici Kate Winslet.
L’histoire se déroule à Coney Island, une station balnéaire située à l’extrême sud de Brooklyn, dans les années 1950. Ginny (Kate Winslet), une ancienne actrice lunatique devenue serveuse, a refait sa vie avec Humpty (James Belushi), veuf, qui exploite un manège. Le couple vit avec Richie, le petit garçon de Ginny, aux fortes tendances pyromanes. La tranquillité de la famille est ébranlée au retour de Carolina (Juno Temple), 25 ans, la fille de Humpty. Ils s’étaient brouillés cinq ans auparavant lorsqu’elle avait épousé un gangster, au désarroi de Humpty. Sans ressources et voulant échapper aux griffes de son mari violent, Carolina se réfugie chez son père, sachant que son mari veut la tuer pour avoir fui et parlé à la police. Si la rancœur des années passées pousse initialement Humpty à rejeter sa fille, au fil des semaines, il adoucit son comportement et cherche désormais à recréer une relation harmonieuse avec elle, entre autres en lui finançant des cours du soir pour qu’elle puisse se relancer dans la vie, au lieu du boulot de serveuse qu’elle exerce temporairement aux côtés de Ginny. Pendant ce temps, Ginny rencontre Mickey (Justin Timberlake), un jeune et séduisant maître-nageur qui rêve de devenir dramaturge. Ils deviennent amants dans la clandestinité et elle fait des projets d’avenir avec lui.
Un Tramway nommé désir parcourt les veines de Wonder Wheel. Valse des sentiments amoureux qui peuvent conduire à la folie et à la trahison, avec des petits clins d’oeil au Petit Fugitif (1953), chef d’oeuvre de Raymond Abrashkin, Ruth Orkin et Morris Engel, Wonder Wheel est comme qui dirait une pièce de théâtre à ciel ouvert. On pourrait regarder pendant des heures la magnifique Juno Temple éclairée dans une lumière de pluie, tandis que Kate Winslet, dans la peau de Ginny, proche de la Blanche DuBois d’Un Tramway nommé désir, foudroie du début à la fin. C’est aussi un immense bonheur de retrouver James Belushi, présent dernièrement dans la troisième saison de la série Twin Peaks.
Non seulement Woody Allen étourdit par la force des sentiments qui anime ses personnages, mais également par la beauté de ses plans. Le cinéaste prouve qu’il en a encore sérieusement sous le capot, mais il se permet également de signer l’une de ses œuvres les plus abouties à ce jour, tant sur le fond que sur la forme. Woody Allen inscrit un nouveau chef d’oeuvre à son palmarès.
LE BLU-RAY
Wonder Wheel est disponible en DVD et Blu-ray chez AB Vidéo. Le visuel de la jaquette, glissée dans un boîtier classique de couleur bleue, reprend celui de l’affiche du film. Le menu principal est animé et musical.
En plus de la bande-annonce (vostf), l’éditeur propose un minuscule module de 3 minutes, qui compile les entretiens de l’équipe sur le tapis rouge lors de la Première du film.
L’Image et le son
AB Vidéo se devait d’offrir un service après-vente remarquable pour la sortie dans les bacs de Wonder Wheel, qui a étonnamment peu rencontré de succès en France. A l’instar de Café Society, le dernier film de Woody Allen a été réalisé en numérique avec la caméra Sony CineAlta. L’éditeur prend soin de Wonder Wheel et livre un master HD irréprochable au transfert immaculé. Respectueuse des volontés artistiques originales concoctées par l’immense directeur de la photographie Vittorio Storaro (1900, Dick Tracy, Le Dernier empereur), la copie de Wonder Wheel se révèle un petit bijou technique avec des teintes scintillantes, chaudes, ambrées et dorées, ou bleues claires quand les sentiments des personnages se perdent, une palette chromatique spécifique, le tout soutenu par un encodage solide. Le piqué, tout comme les contrastes, sont riches et tranchants, les arrière-plans sont détaillés (voir les scènes de plage), le relief omniprésent, la luminosité éloquente et les détails foisonnants. Une édition Blu-ray qui en met plein la vue.
Wonder Wheel n’est pas un film à effets et les mixages français et anglais DTS-HD Master Audio 5.1 ne font pas d’esbroufe inutile. L’essentiel de l’action est canalisé sur les enceintes avant, même si chacune des séquences en extérieur s’accompagne inévitablement d’ambiances naturelles sur les latérales. Les voix demeurent solidement délivrées par la centrale, en français comme an anglais. L’éditeur joint également deux très bonnes pistes Stéréo, ainsi qu’une piste Audiodescription.
Crédits images : © Mars Films / AB Vidéo / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr
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