Test Blu-ray / Un talent en or massif, réalisé par Tom Gormican

UN TALENT EN OR MASSIF (The Unbearable Weight of Massive Talent) réalisé par Tom Gormican, disponible en DVD et Blu-ray le 11 août 2022 chez Metropolitan Video.

Acteurs : Nicolas Cage, Pedro Pascal, Tiffany Haddish, Sharon Horgan, Paco León, Neil Patrick Harris, Lily Mo Sheen, Alessandra Mastronardi…

Scénario : Tom Gormican & Kevin Ettel

Photographie : Nigel Bluck

Musique : Mark Isham

Durée : 1h47

Année de sortie : 2022

LE FILM

Nicolas Cage est maintenant un acteur endetté qui attend le grand rôle qui relancera sa carrière. Pour rembourser une partie de ses dettes, son agent lui propose de se rendre à l’anniversaire d’un dangereux milliardaire qui se révèle être son plus grand fan. Mais le séjour prend une toute autre tournure, lorsque la CIA le contacte, lui demandant d’enquêter sur les activités criminelles de son hôte. Nicolas Cage va devoir jouer le rôle de sa vie et prouver qu’il est à la hauteur de sa propre légende.

De mémoire de chroniqueur, l’auteur de ces mots n’a jamais autant écrit sur un acteur que sur Nicolas Kim Coppola, alias Nicolas Cage (né en 1964). Sur Homepopcorn (14 titres en six années) et ailleurs (plus d’une dizaine). Un comédien fascinant, un génie, capable de vous faire aimer un navet pour une seule scène où son immense talent foudroie encore systématiquement. Nicolas Cage est un artiste que beaucoup ont aimé voire adoré. Certains lui ont tourné le dos quand celui-ci a commencé à collectionner les DTV, en gros depuis 2014 et après Joe de David Gordon Green. Pour avoir été Smockey, Al Columbato, H.I. McDunnough, Peter Loew, Sailor Ripley, Ben Sanderson, Stanley Goodspeed, Cameron Poe, Castor Troy (et donc Sean Archer), Rick Santoro, Charlie et Donald Kaufman, Benjamin Gates, Yuri Orlov, Terence McDonagh Damon Macready aka Big Daddy, Gary Faulkner, Red Miller, Nathan Gardner et bien d’autres, on le remercie, on s’incline, on se prosterne, on applaudit, et on lui pardonne volontiers ses écarts, même les pires opus de sa longue filmographie (près de 110 rôles à ce jour) comme Effraction de Joel Schumacher, Tokarev Rage de Paco Cabezas, Le Chaos Left Behind de Vic Armstrong…la liste ne saurait être exhaustive, aussi bien pour les bons que pour les mauvais films. Toutefois, même dans ces derniers, il y a un moment à sauver, ces quelques secondes où l’on se dit que seul Nicolas Cage peut faire un truc comme ça. Comme il n’a eu de cesse de le répéter quand la presse lui demandait pourquoi il se perdait dans « ce genre de production », l’acteur répondait s’être toujours bien préparé pour n’importe quel rôle et de ne s’être jamais laissé à la facilité ou à la paresse. On le sait sincère, cinéphile, original (excentrique même), endetté certes, ce qui ne lui a pas laissé d’autre choix que d’enchaîner les tournages, y compris d’objets filmiques hasardeux. Début des années 2020, Nicolas Cage signe une de ses meilleures prestations dans l’étonnant Pig de Michael Sarnoski, salué par la critique. Après ? Qu’est-ce qu’il n’a pas encore interprété ? Lui-même pardi ! C’est là qu’apparaît Un talent en or massif The Unbearable Weight of Massive Talent, dont le sujet – Nicolas Cage incarnant Nicolas Cage à l’écran, dans une version romancée de sa vie – commençait déjà à fuiter pendant l’écriture, des bruits qui allaient arriver aux oreilles de l’acteur, mais dont il se désintéressait alors. Le script parvient tout de même jusqu’à l’intéressé, qui finalement emballé par l’intelligence du réalisateur Tom Gormican et du coscénariste Kevin Etten, accepte de se prêter au jeu, comme John Malkovich l’avait fait chez Spike Jonze dans Dans la peau de John Malkovich Being John Malkovich (1999), écrit par Charlie Kaufman. D’ailleurs, si l’on pense à l’univers de ces deux auteurs, c’est parce qu’Un talent en or massif rappelle un autre long-métrage avec Nicolas Cage, Adaptation (2003), dont le scénario et le genre du film « évoluait » quand Charlie ou Donald Kaufman prenait les choses en main. Il y a évidemment cette notion du double, puisque le monstre de cinéma est cette fois confronté à sa conscience, représentée par la version rajeunie de lui-même (un être narcissique, égoïste, typique de la jeune superstar de cinéma qu’il a été), celle de 1990 quand il apparaissait sur le plateau de Terry Wogan en faisant une pirouette, distribuait des billets de banque et se mettait torse-poil. Vraie-fausse autobiographie, profonde réflexion sur Hollywood et le star-system, réel buddy-movie (son tandem avec Pedro Pascal est sublime), drame indépendant familial qui mute en thriller puis en film d’action, c’est un joyeux bordel totalement assumé, souvent magistral et très drôle, une sucrerie pour tous les aficionados de Nicolas Cage, sans doute le film le plus revigorant de 2022.

L’acteur hollywoodien Nicolas Cage est aux prises avec sa carrière après avoir été ignoré pour plusieurs rôles majeurs au cinéma et est constamment harcelé par « Nicky », qui lui apparaît comme son moi plus jeune. Sa relation avec son ex-femme Olivia et sa fille Addy est également entachée par des années de négligence. Suite à un événement embarrassant et humiliant lors de la fête d’anniversaire d’Addy et à la perte d’un rôle clé dans un film, Cage envisage de se retirer du cinéma. Il décide d’accepter une vague offre d’un million de dollars de son agent Richard Fink qui consiste à se rendre à Majorque pour rencontrer le playboy milliardaire Javi Gutierrez et être l’invité d’honneur de son anniversaire. En rencontrant Javi, Cage est d’abord ennuyé par son besoin et son insistance pour qu’ils créent un film d’improvisation basé sur un scénario qu’il a écrit, mais les deux se lient rapidement d’amitié grâce à leur amour en commun pour des films tels que Le Cabinet du Dr Caligari. Peu de temps après, Cage est confronté aux agents de la CIA, Vivian et Martin. Ils soupçonnent que Javi a fait fortune grâce au trafic d’armes et a commandité l’enlèvement de Maria, la fille d’un politicien catalan, qui a décidé d’éliminer la criminalité, afin qu’il se retire des prochaines élections. Cage insiste sur le fait que son instinct d’acteur aurait détecté si Javi était un criminel, mais il décide finalement d’aider la CIA dans la mission. Mais la vie n’est pas du cinéma. Ou presque.

Il y a bien sûr les clins d’oeil popularisés par internet, à l’instar des mauvaises représentations en cire du comédien, les oreillers magiques à son effigie, les deux Springfield Armory plaqué or M1911-A1 de Castor Troy (qui auront leur importance dans l’histoire) et bien d’autres éléments qui font partie de la légende. Mais Un talent en or massif est avant tout une vraie proposition de cinéma, ambitieuse, maline, qui parvient à aller bien plus loin que son postulat de départ, un divertissement forcément complice avec le spectateur conquis du début à la fin (encore plus si celui-ci est amateur du bonhomme), à mi-chemin entre Dans la peau de John Malkovich et JCVD de Mabrouk El Mechri, ou quand en se penchant sur le mythe, Tom Gormican et Kevin Etten apportent finalement une pièce qui deviendra matricielle à l’édifice. Nicolas Cage crève l’écran, s’amuse chaque seconde, aussi bien dans sa version rajeunie complètement frappadingue, imbue d’elle-même (quand Nick – ou Nicky – Cage roule un patin à Nicolas Cage) que dans celle de son double fictif avec lequel il partage son incroyable énergie contagieuse, qui doit concilier ce qui lui reste de vie de famille et les multiples tournages de films dont l’intérêt, tant commercial qu’artistique, s’est bien émoussé avec les années. Ses partenaires resplendissent tout autant, notamment Pedro Pascal, qui a décidément le vent en poupe, à la télévision surtout (Game of Thrones, Narcos, The Mandalorian) et que l’on aimerait voir plus sur le grand écran. L’alchimie réelle entre les deux têtes d’affiche participe à la réussite d’Un talent en or massif, tout comme celle avec l’excellente Sharon Horgan et la jeune Lily Mo Sheen (fille de Kate Beckinsale et Michael Sheen), respectivement dans le rôle de l’ex-épouse et la fille de Nicolas Cage.

Remarqué avec son premier long-métrage Célibataires… ou presqueThat Awkward Moment sorti huit années auparavant et interprété par un formidable quintette d’acteurs (Zac Efron, Miles Teller, Michael B. Jordan, Imogen Poots et Mackenzie Davis), Tom Gormican et son coauteur Kevin Etten (Desperate Housewives) écrivent une véritable déclaration d’amour à Nicolas Cage, sans savoir si celui-ci accepterait de s’autoparodier et de se plonger dans leur délire. On connaît la suite, Nicolas Cage participant même à la production (via sa société Saturn Films), soutenant le film lors de rencontres organisées dans des salles de cinéma blindées, la critique étant d’ailleurs très positive. Le comédien n’avait pas été à pareille fête depuis dix ans (son dernier succès commercial étant Ghost Rider 2 : L’Esprit de vengeance) avec plus de 20 millions de dollars sur le sol américain. « Un grand retour, même s’il n’était pas parti » comme il est dit dans Un talent en or massif. Dieu est partout, comme Nicolas Cage. Donc Nicolas Cage est Dieu.

LE BLU-RAY

Un talent en or massif rejoint le catalogue Metropolitan, déjà bien chargé en Cageries puisqu’il contient Pig, Le Casse, Dog Eat Dog, La Sentinelle, 12 heures, Le Dernier des Templiers, Effraction, Hell Driver, Kick-Ass, Bad Lieutenant – Escale à la Nouvelle-Orléans, Family Man. La jaquette, glissée dans un boîtier classique de couleur bleue, reprend le visuel de l’affiche du film. Le menu principal est lumineux, musical et animé.

Une très belle interactivité. Tout d’abord, ne manquez surtout pas les scènes coupées (5’), avec en option le commentaire audio (sous-titré français) de Tom Gormican et Kevin Etten. Si la première est plus anecdotique (on apprend que le code WIFI de Javi est N.A.T.I.O.N.A.L.T.R.E.A.S.U.R.E.2), la seconde est époustouflante. Dans celle-ci, Nicolas Cage affronte Nicky Cage dans les décors de ses plus grands succès (Volte/Face, 60 secondes chrono, Leaving Las Vegas), mais passés à la sauce Dr Caligari (le film préféré de l’acteur), autrement dit à l’expressionnisme allemand et en N&B ! Et c’est magnifique. Dommage que le commentaire audio sur l’intégralité du film, aussi présent, n’ait pas été sous-titré…

Diverses featurettes (Le Cerveau, Aperçus d’un Cage révolu, On a tous besoin d’un Javi, Nick, Nicky et Sergio, Acte 2 : Action), pour une durée totale de 27 minutes, donnent la parole à l’équipe du film (réalisateur, scénariste, comédiens) et dévoilent l’envers du décor d’Un talent en or massif, ainsi que les séquences finalement coupées au montage (certaines non dévoilées dans les suppléments). Chacun s’exprime sur la genèse, l’écriture du scénario (qui a duré un an), les conditions de tournage, l’investissement des acteurs. Tout le monde (y compris l’intéressé) parle évidemment de la « légende », des partis-pris et des intentions, des références à la carrière, ainsi qu’à la vie personnelle de Nicolas Cage…

S’ensuit un petit module amusant où des enfants refont certaines scènes emblématiques de la carrière de Nicolas Cage, en étant déguisé à cette occasion (2’).

Outre un lot conséquent de bandes-annonces des films de Nicolas Cage édités par Metropolitan Video, nous trouvons aussi une rencontre avec l’équipe du film au festival SXSW, lors de l’avant-première mondiale du film au Paramount Theatre le 12 mars 2022 (16’). Un triomphe pour Nicolas Cage et ses partenaires, durant lequel le public est invité à leur poser des questions.

L’Image et le son

Si l’on excepte deux ou trois plans plus doux, la copie HD d’Un talent en or massif se révèle irréprochable. Que l’histoire se déroule dans les décors urbains de la première partie, ou bien aux Baléares (le film a été tourné à Dubrovnik, mais chut !), ce Blu-ray restitue brillamment les partis pris esthétiques de la très belle photographie contrastée du chef opérateur Nigel Bluck (Son of a Gun, Le Cri du faucon). Le relief est omniprésent, le piqué aiguisé comme une lame de rasoir, la clarté de mise. Le cadre large est magnifiquement exploité, les détails sont légion, un léger grain cinéma est palpable et la profondeur de champ impressionnante. Le nec plus ultra de la Haute définition, c’est superbe.

Les mixages anglais et français DTS-HD Master Audio 5.1 se révèlent particulièrement sobres mais instaurent un confort acoustique suffisant. Dans les deux cas, la spatialisation musicale demeure évidente, les latérales soutiennent l’ensemble comme il se doit, les ambiances naturelles ne manquent pas tandis que le caisson de basses intervient à bon escient.

Crédits images : © Metropolitan FilmExport / Lions Gate / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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