Test Blu-ray / Un escargot dans la tête, réalisé par Jean-Étienne Siry

UN ESCARGOT DANS LA TÊTE réalisé par Jean-Étienne Siry, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Florence Giorgetti, Renaud Verley, Jeanne Allard, Jean-Claude Bouillon, Marcel Gassouk, Charles Dubois, Hélène Hily, Rose Thiéry…

Scénario : Jean-Étienne Siry

Photographie : François About

Musique : Didier Vasseur

Durée : 1h16

Date de sortie initiale : 1980

LE FILM

Hélène Gallois traverse une période de dépression à la suite de son divorce. Lors de son séjour dans une clinique spécialisée, elle fait la connaissance d’Édouard Fournier, artiste peintre en proie à l’alcoolisme. Une amitié naît entre eux et ils décident de séjourner dans une ferme appartenant à Édouard. Cependant, l’ambiance oppressante du lieu ravive leurs traumatismes passés, les confrontant à leurs propres démons intérieurs.

« Entre le rêve et la réalité, il existe une frontière que personne ne devrait jamais franchir… ». Ainsi débute Un escargot dans la tête, dernier long-métrage et par ailleurs ultime film de Jean-Étienne Siry (1940-2019). Ce dernier est surtout connu pour son premier court, le légendaire Poing de force (1976), œuvre sur le sadomasochisme, provenant en réalité du banc de montage de Mâles Hard Corps, que le réalisateur avait signé la même année avec Norbert Terry. Si son nom ne vous dit rien, il en est tout autre pour son travail. Car si vous n’avez pas encore vu Poing de force, vous connaissez les affiches de cinéma dont il est le créateur : Les Tontons flingueurs, Les Monstres, La Tulipe Noire, Le Corniaud, Quoi de neuf, Pussycat ?, Bunny Lake a disparu, Les Centurions, La Carapate…tous ces visuels entrés dans la conscience des spectateurs et cinéphiles sont l’oeuvre de Jean-Étienne Siry. Ce dernier passe une dernière fois derrière la caméra pour Un escargot dans la tête, titre ô combien giallesque, qui n’est autre qu’un remarquable drame psychologique sur le thème de la dépression et celui du trauma. Cet Objet Filmique Non-Identifié sorti en 1980, repose sur l’intense interprétation d’une comédienne aujourd’hui complètement oubliée, Florence Giorgetti (1943-2019), qui passait sa vie professionnelle sur les planches (pendant près d’un demi-siècle), à la télévision et bien sûr au cinéma (Massacre pour une orgie, La Grande Bouffe), tout en prêtant parfois sa voix singulière à Vanessa Redgrave, Anne Bancroft, Susan Sarandon…Dans Un escargot dans la tête, elle incarne magistralement Hélène, internée après avoir mélangé alcool et barbituriques, suite à un divorce malheureux. Dans l’établissement psychiatrique, elle fait la connaissance d’un jeune homme, qui lui aussi a de nombreuses plaies à panser…La suite ? Il vous faudra la découvrir sans trop divulguer ce qui se déroule, tant Jean-Étienne Siry ne cesse d’emmener les spectateurs là où ils s’y attendent le moins. Avec cette ressortie inattendue en 2025 et en Haute-Définition chez Le Chat qui fume, Un escargot dans la tête est non seulement une des expériences les plus originales que vous verrez cette année, mais aussi une véritable expérience de cinéma, dont l’audace manque cruellement au septième art hexagonal contemporain.

A la suite d’une dépression due à un divorce récent, Hélène Gallois, écrivain renommé, rencontre Edouard Fournier dans le cadre d’une clinique spécialisée où elle est en traitement. C’est un artiste-peintre qui, responsable d’un accident d’automobile ayant coûté la vie à sa femme et à son fils, a sombré dans l’alcoolisme. Une sorte d’amitié complice se noue entre eux qui évolue très vite vers une complicité sexuelle. Ainsi réconfortés, Hélène envisage d’écrire un nouveau roman et Edouard pense avoir retrouvé son inspiration. Tous deux décident de partir quelques jours dans une ferme que le jeune homme possède non loin de Paris. Mais la maison est peu accueillante. A cela s’ajoute la présence de Madame Sevetier qui, manifestement, veut demeurer la maîtresse des lieux. Au terme d’un repas où la gouvernante leur a servi des escargots – le plat favori d’Edouard -, les jeunes gens passent une nuit peuplée de gastéropodes vivants. Quand Hélène apprend le suicide de son ancien mari, elle quitte Edouard. Le peintre, désespéré, s’enferme alors chez lui, boit de nouveau et se met à collectionner des escargots jusqu’à sombrer dans un délire qui frôle la folie.

On ne sait si Jean-Étienne Siry a eu une quelconque mauvaise expérience, connu un trauma lui-même ou côtoyé quelqu’un qui aurait sombré dans la dépression pour parler aussi bien de cet état d’âme, d’esprit, qui peut s’emparer d’un être, au point de lui rendre l’existence difficile à surmonter. Si le jeu Renaud Verley (Les Chemins de Katmandou, Les Damnés, Une robe noire pour un tueur) peut parfois sembler excessif, celui de Florence Giorgetti foudroie et sa façon de passer de l’ombre à la lumière, et inversement, rend compte de la psyché perturbée de cette artiste, qui s’était perdue dans une relation, désormais terminée.

Si Hélène et même Edouard ont quitté l’hôpital psychiatrique, le retour à la « réalité » n’est pas chose aisée et le désespoir peut réapparaître. La relation qui s’installe entre les deux peut tout d’abord faire penser qu’ils vont s’entraider à remonter la pente, mais dès que l’un commence à glisser à nouveau, l’autre peut aussi être entraîné dans sa chute, pour enfin et définitivement se complaire dans le malheur.

Un escargot dans la tête est un appel au secours, celui d’êtres tourmentés, brisés par la vie, qui ne pourront sans doute jamais se remettre de ce qu’ils ont traversé. De ce fait, comment faire la distinction entre ce qui est vrai et ce que leur cerveau leur fait croire ? Jean-Étienne Siry compose de fabuleux cadres et bénéficie du travail du chef opérateur François About (qui a souvent collaboré avec Michel Lemoine), assisté de Thierry Arbogast (qui oeuvrait alors essentiellement dans le cinéma porno), pour représenter le monde tel que les deux protagonistes le voient maintenant, comme si ce qui les entoure était devenu vaporeux, parasité par la chimie de leurs médicaments.

Vous l’aurez compris, Un escargot dans la tête est un sacré coup d’essai, qui ne sera jamais transformé puisque Jean-Étienne Siry ne reviendra pas aux commandes d’un long-métrage, mais qui demeure une sacrée proposition de cinéma de genre qui en avait sacrément sous le capot.

LE BLU-RAY

Un escargot dans la tête fait son apparition dans les bacs chez Le Chat qui fume. Une très belle jaquette (glissée dans un boîtier Scanavo) qui reflète à la fois le trauma central de l’histoire, mais aussi la psyché fracturée des deux personnages principaux. Menu principal animé et musical.

Aucun supplément.

L’Image et le son

Restauration 4K spécialement réalisée par Le Chat qui fume, à partir des négatifs d’origine, qui ressuscite le film de Jean-Étienne Siry. Si diverses griffures sont passées à travers les mailles du filet, le master HD présenté tient toutes ses promesses et permet de (re)découvrir totalement Un escargot dans la tête. Les contrastes sont denses, la texture argentique préservée, bien gérée, équilibrée, la carnation naturelle, le piqué aléatoire, mais étonnant à de nombreuses reprises, la copie stable et la clarté de mise sur les scènes diurnes en extérieur. Quelques petites baisses de la définition, mais rien d’important.

Le mixage DTS-HD Master Audio Mono 2.0 instaure un confort acoustique probant et suffisamment solide. Un escargot dans la tête a vraisemblablement été tourné en son direct et certains échanges peuvent paraître plus sourds que d’autres, mais rien de rédhibitoire. La propreté est de mise et les silences sont denses. En revanche, pas de sous-titres français pour le public sourd et malentendant.

Crédits images : © Le Chat qui fume / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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