THE REQUIN réalisé par Le-Van Kiet, disponible en DVD et Blu-ray le 25 mai 2022 chez AB Vidéo.
Acteurs : Alicia Silverstone, James Tupper, Deirdre O’Connell, Danny Chung, Jennifer Mudge, Kha Mai…
Scénario : Le-Van Kiet
Photographie : Matt S. Bell
Musique : Jean-Paul Wall
Durée : 1h29
Date de sortie initiale : 2022
LE FILM
Un couple en escapade romantique au Vietnam se retrouve bloqué en mer après qu’une énorme tempête tropicale ait balayé leur villa en bord de mer. Le mari étant mutilé et mourant, la femme doit lutter seule contre les éléments, tandis que de grands requins blancs leur tournent autour…
Oh Alicia Silverstone ! Ben oui quoi, qu’est-ce qu’elle était devenue depuis Batman & Robin de Joel Schumacher ? C’est que ce magnifique nanar souffle cette année ses 25 bougies déjà et que nous n’avions pour ainsi dire plus entendu parler de celle qui avait osé enfiler le costume de Batgirl. La critique s’était d’ailleurs bien acharnée sur la comédienne, la traitant de petite boulotte porcine. C’était la bonne époque pour elle, puisqu’elle venait d’enchaîner Le Nouveau Monde d’Alain Corneau, véritable trésor caché de la filmographie du cinéaste français, Clueless d’Amy Heckerling et Excess Baggage de Marco Brambilla. Très en vue à Hollywood, Alicia Silverstone est naturellement appelée pour le blockbuster fluo de feu l’ami Joel, qui bien qu’anéanti par la presse du monde entier, parviendra tout de même à rentabiliser confortablement son budget. Mais après ? On peut noter un amusant Première sortie – Blast from the Past de Hugh Wilson avec Brendan Fraser, lui aussi au top de sa carrière…et c’est là que ça devient obscur. En fouinant, on se rend compte que l’actrice a tourné pour Kenneth Branagh (Peines d’amour perdues – Love’s Labour’s Lost), campé la méchante dans Scooby-Doo 2 de Raja Gosnell, fait un caméo dans Tonnerre sous les tropiques – Tropic Thunder de Ben Stiller, qu’elle est apparue dans le très remarqué Mise à mort du cerf sacré – The Killing of a Sacred Deer de Yórgos Lánthimos, ainsi que dans Book Club de Bill Holderman, où elle joue la fille de Diane Keaton…en dehors de cela, rien de vraiment enthousiasmant…et ce n’est pas The Requin, titre angl…euh frança…non plus, ah bah oui il s’agit bien du titre original (!) – même si le film aurait été rebaptisé From Below au Royaume-Uni – qui va la remettre sur le devant de la scène. Car The Requin (ou Le Shark si vous préférez) est une série Z, une belle, une grosse, un énorme nanar qui compile les morceaux de bravoure et repousse les limites de la connerie en totale décontraction. On était pourtant prêt à laisser une chance à Alicia Silverstone, mais sa « prestation » se résume essentiellement à un hallucinant concours de grimaces. C’est donc sacrément jubilatoire et conseillé aux amateurs de mauvais films sympathiques. Le label Saban Films.
Jaelyn et son mari Kyle passent des vacances dans une station balnéaire au Vietnam, dans un bungalow sur pilotis. Jaelyn est encore traumatisée depuis qu’elle a subi une fausse couche lors d’un accouchement à domicile, gardant le contact avec sa famille et ses amis principalement via les réseaux sociaux; le voyage est destiné à lui redonner le moral. Cependant, lors de leur deuxième nuit, une violente tempête tropicale frappe la station. Le bungalow est inondé et arraché de ses amarres, s’éloignant du continent, et la jambe de Kyle est gravement blessée. Au fil des jours, Jaelyn et Kyle tentent de faire le point sur leur situation et attendent les secours. Lorsqu’un navire passe, ils essaient de créer un signal de fumée, mais le feu détruit leur abri, les obligeant à l’abandonner et à grimper sur un plancher flottant en bois. Peu de temps après, un requin attaque leur radeau et mord la jambe blessée de Kyle, le laissant saigner à mort. Cette nuit-là, le radeau touche enfin une plage ; Jaelyn traîne le corps de Kyle sur le sable puis s’effondre d’épuisement. Alors qu’elle se réveille le lendemain matin, la marée est montée, laissant Kyle flotter dans l’eau.
C’est bête, car ça démarre « à peu près » bien. Mais on tique déjà devant quelques incrustations laides, où les deux acteurs principaux prennent la pose, de nuit (américaine), vraisemblablement placés face à un fond vert sur lequel a été posé un décor marin. On comprend que Jaelyn a récemment vécu un drame, la perte de son bébé, et que son époux Kyle (James Tupper, très aware, James Tupperware, oui bon… vu dans la série Big Little Lies) essaye de lui faire oublier ce trauma en l’emmenant au Vietnam, en louant une chambre de rêve, sur les eaux turquoise. Mais bon, quand on la poisse, on l’a jusqu’au bout…Alicia Silverstone est sobre dans les premières minutes, même si l’actrice a pris de la bouteille, semble bien plus âgée que son âge (elle est née en 1976) et que ce qu’elle avait en charisme s’est effrité. Puis, vient la scène où Jaelyn, en voyant le sang s’écouler d’une plaie (son crétin de mari s’est planté le pied sur un corail), panique et revient sur ce qui lui ronge la tête. Le festival de grimaces d’Alicia Silverstone (dont vous pourrez retrouver divers photogrammes à travers la chronique) commence et ne s’arrêtera plus jusqu’à la dernière minute.
Nous passerons donc rapidement sur ce qui amène le couple au beau milieu des eaux – illustré en l’occurrence par des effets très spéciaux et hideux, auxquels s’ajoutent des stock-shots qui se voient comme le nez au milieu de la figure – sur ce qui reste de leur chambre flottante. La survie s’organise tant bien que mal et ces deux couillons en viennent même à foutre le feu à leur fragile embarcation, dans l’espoir d’attirer un bateau passant à proximité. La réaction et les agissements des personnages deviennent de plus en plus incompréhensibles…pour ne pas dire débiles. Tandis qu’Alicia Silverstone tente de bouger indépendamment chaque muscle de son visage pour exprimer l’effroi, son partenaire commence à disparaître petit à petit, tout d’abord en étant inconscient (pratique quand le scénariste ne sait plus quoi lui donner à faire), puis en étant croqué par morceaux par quelques requins abominables, probablement réalisés à partir d’un Amstrad 6128+.
Le réalisateur et scénariste vietnamien Le-Van Kiet, qui a depuis dirigé Joey King et Dominic Cooper dans The Princess pour la plateforme Hulu et dont le sympathique (paraît-il) Furie est disponible sur Netflix, ne fait rien, absolument rien pour soigner ne serait-ce qu’un seul plan. Le niveau de la mise en scène, aux pâquerettes donc, n’est évidemment jamais relevé par un montage indigent, une photographie à la ramasse (c’est vraiment très moche), mais on rit de bon coeur devant les requins encore plus vilains (à l’image) que dans Sharknado. A ce titre, l’affrontement final sortira le spectateur de sa torpeur avec d’un côté un requin balafré (attention aux éclaboussures de sang en « CGI ») et une Alicia Silverstone, aux traits figés d’avoir trop hurlé – a) devant les rushes ? b) à cause de la température de l’eau ? c) en se rappelant le jeu de Chris O’Donnell ? d) Obi-Wan Kenobi ? – qui trouvera le moyen (forcément hilarant) pour se débarrasser de son ennemi…
Vous l’aurez compris, ce nanar aquatique – qui a quand même coûté pas loin de 10 millions de dollars ! – vaut son pesant et comblera les attentes des fans du « genre », qui devront toutefois s’armer de patience puisque les requins ne font leur apparition qu’au bout d’une heure. Mais ce qui précède est aussi et heureusement rigolo et on ne s’ennuie pas une seconde à se moquer gentiment de cette entreprise laborieuse…Rendez-nous Blake Lively et son Instinct de survie !
LE BLU-RAY
The Requin (décidément, on ne s’y fera jamais…) est proposé en DVD et Blu-ray chez AB Vidéo. Le visuel de la jaquette, glissée dans un boîtier classique de couleur bleue, attirera évidemment les amateurs de grosses bestioles aux dents longues et acérées, sans savoir ce qui les attend. Le menu principal est animé et musical.
La bande-annonce est le seul bonus disponible sur cette galette, alors que l’édition américaine Lionsgate comprenait aussi le commentaire audio du réalisateur (on aurait bien aimé entendre ce que le bougre avait à dire sur son film), ainsi qu’un making of, sûrement composé de beaucoup de fonds verts…
L’Image et le son
Que c’est moche tout ça…ce n’est pas la faute d’AB Vidéo hein, c’est juste que le truc filmé par Le-Van Kiet n’est pas reluisant (euphémisme) à la base et que la promotion HD a tendance à appuyer encore plus les défauts des effets spéciaux, des mauvaises incrustations, la différence entre les images du film et celles provenant de stock-shots animaliers. Le Blu-ray (au format 1080p) et master français (les credits sont dans la langue de Molière), apporte une clarté supplémentaire par rapport à l’édition Standard, mais l’ensemble demeure lisse, sans aucune aspérité, artificiel. La pauvre Alicia Silverstone n’est déjà pas aidée par la mise en scène, mais ses gros plans très détaillés donnera l’occasion à certains d’y aller de leurs commentaires du style « oh dis-donc, elle a pris un sacré coup de vieux » ou « la nature s’est acharnée sur elle et elle n’a que 45 ans cette année ! ». Toujours est-il que The Requin ne brille pas plus en Haute-Définition, bien au contraire puisque sa pauvreté technique s’en trouve décuplée.
En anglais comme en français, les pistes DTS-HD Master Audio 5.1 assurent le spectacle acoustique avec un fracas assez jouissif. Au jeu des différences, la langue de Molière n’est pas aussi dynamique que la version originale, mais n’en demeure pas moins immersive et le doublage est très drôle. Dans les deux cas, la balance frontale en met plein les oreilles lors des séquences de tempête. Quelques scènes sortent du lot avec un usage probant des ambiances latérales et du caisson de basses. La musique profite également d’une belle délivrance, mettant toutes les enceintes à contribution. Deux pistes Stéréo sont également proposées.
Crédits images : © AB Vidéo / Shark Bite Productions / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr