TERROR ON THE PRAIRIE réalisé par Michael Polish, disponible en Blu-ray et DVD le 17 novembre 2022 chez Rimini Editions.
Acteurs : Gina Carano, Nick Searcy, Donald Cerrone, Tyler Fischer, Gabriel-Kane Day Lewis, Matthias Hues, Heath Freeman, Rhys Becker…
Scénario : Josiah Nelson
Photographie : Steeven Petitteville
Musique : Dalal Bruchmann & Maesa Pullman
Durée : 1h47
Date de sortie initiale : 2022
LE FILM
Hiver 1875. Hattie McAllister vit avec son mari Jeb et leurs enfants dans une ferme isolée du Montana. Alors que Jeb est absent pour quelques jours, Hattie va affronter une impitoyable bande de hors-la-loi.
Le western ne donne plus beaucoup signe de vie au cinéma, mais quand il le fait, le genre aura livré ces dernières années quelques pépites à l’instar de Dans le silence de l’Ouest – The Keeping Room de Daniel Barber, Never Grow Old d’Ivan Kavanagh, Bone Tomahawk de S. Craig Zahler, The Salvation de Kristian Levring, Shérif Jackson de Logan Miller, Blackthorn de Mateo Gil, Hostiles de Scott Cooper, Brimstone de Martin Koolhoven et d’autres que nous oublions sûrement. Il faudra désormais ajouter à la liste Terror on the Prairie, réalisé par l’américain Michael Polish, remarqué dès son premier long-métrage en 1999, Les Frères Falls, dont il tenait l’affiche avec son frère Mark, puis encensé par la critique pour Northfolk (2003). Après avoir fait tourner son ex-épouse Kate Bosworth à plusieurs reprises (Big Sur, Illusions, 90 minutes au paradis, Force of Nature), le réalisateur s’empare d’un scénario écrit par un certain Josiah Nelson et signe un beau tour de force, remarquablement mis en scène et sublimement photographié par le français Steeven Petitteville, tourné dans les magnifiques paysages du Montana. Huis clos à ciel ouvert, Terror on the Prairie retient l’attention durant près de deux heures et maintient une tension qui prend souvent aux tripes dès sa spectaculaire séquence d’introduction. De plus, l’ancienne combattante MMA Gina Carano (la série The Mandalorian), aussi productrice, trouve incontestablement son meilleur rôle au cinéma à ce jour. Belle et grande découverte donc.
Hattie et Jeb McAllister sont établis avec leurs deux jeunes enfants dans une maison de fortune sur une terre isolée de l’arrière-pays, en pleine nature. Hattie peine à s’acclimater à cet environnement difficile. Un jour où son mari est absent, elle est visitée par un groupe de cowboys vengeurs. La mère de famille décide de prendre les armes pour défendre sa ferme et les siens.
Hormis quelques petites longueurs qui se font ressentir, Terror on the Prairie est un western sec et très brutal, marqué par des éclats de violence, le tout baignant dans un suspense psychologique bien dosé. Mais la force du film s’avère la présence et l’interprétation de Gina Carano, qui nous avait bien emballés il y a une dizaine d’années dans Piégée – Haywire de Steven Soderbergh, vue après dans le sixième opus de la saga Fast & Furious, dans le sympathique Out of Control – In the Blood de John Stockwell, sans oublier le premier Deadpool. Nous ne reviendrons pas sur la polémique qui a engendré son renvoi de The Mandalorian…toujours est-il que Gina Carano, la silhouette très épaissie, a pris de la bouteille. Adieu son charisme qui rappelait une Sandra Bullock sous stéroïdes et sa démarche qui oscillait entre le bulldozer et un Terminator, la comédienne est ici plus épanouie, plus empathique, la voix est mieux posée et le registre dramatique lui sied étonnamment bien. Elle porte sur ses épaules le récit et demeure le point d’ancrage pour le spectateur, même si ses partenaires n’ont rien à lui envier. C’est le cas du flippant Nick Searcy (La Forme de l’eau, la série Justified, Seul au monde), abominable en leader fanatique religieux et animé par la haine, belle présence également de Donald « Cowboy » Cerrone, qui incarne ici l’époux de Hattie, ainsi que celle de Gabriel-Kane Day Lewis, fils d’Isabelle Adjani et de Daniel Day Lewis, qui n’a pas à rougir de ses premiers pas à l’écran.
Avec une économie de moyens, Michael Polish captive en se focalisant sur cette famille de pionniers qui se bat contre une bande de hors-la-loi, qui les terrorise dans leur ferme nouvellement construite dans les plaines du Montana. Si le propos n’est pas nouveau, la forme accroche d’emblée, la splendeur du décor naturel contrastant avec l’horreur d’un scalp froidement exécuté. Ce qui met tout de suite dans l’ambiance, le cri de la victime résonnant alors dans la plaine, ainsi que dans la tête du spectateur. Puis, le cinéaste plante une atmosphère, le froid glacial, l’odeur du bois humide, le bruit d’une bûche qui se fend dans l’âtre, un bébé qui réclame la première tétée. Des partis pris quasi-hypnotiques.
La caméra capture le quotidien de cette famille, celui d’un couple et leurs deux enfants, qui va être bouleversée par l’arrivée de quatre cowboys crasseux et qui n’ont pas l’air d’avoir inventé la machine à cintrer les bananes, qui collectionnent des cuirs chevelus arrachés et fièrement accrochés à leur selle. Très vite, chacun va prendre la pétoire comme il se doit pour jouer au chat et à la souris. Mais pourquoi ces quatre bandits semblent-ils en vouloir spécifiquement aux McAllister ? Le scénario distille ses effets et révélations au compte-gouttes, en relançant intelligemment l’action, tout en développant les personnages sur un rythme soutenu, aussi bien ceux qui tiennent le fusil que ceux qui se trouvent dans la ligne de mire.
Il y a fort à parier Terror on the Prairie saura plaire aux aficionados d’un genre qui n’est sûrement pas mort. Un western on ne peut plus séduisant.
LE BLU-RAY
Merci encore une fois à Rimini Editions d’avoir pu mettre la main sur un petit bijou oublié des salles ! Terror on the Prairie arrive directement dans les bacs, en DVD et en Blu-ray. L’édition HD est présentée sous la forme d’un boîtier classique de couleur bleue. Bon point pour le visuel de la jaquette, très efficace. Le menu principal est animé sur une séquence du film en VF.
La bande-annonce est le seul bonus proposé sur cette galette.
L’Image et le son
Entièrement tourné avec la caméra numérique Arri Alexa, Terror on the Prairie passe le cap de la HD sans aucune difficultés, avec un piqué chirurgical. Format respecté 2.39, Blu-ray au format 1080p (AVC). Le boulot du directeur de la photographie Steeven Petitteville est élégamment restitué ici. Les séquences sombres du film sont très bien rendues, stylisées et raffinées, de jour (le chef opérateur fait la part belle aux éclairages naturels) comme de nuit (noirs denses), l’ensemble trouvant en HD un écrin indispensable pour apprécier toute la richesse formelle du film. Les détails sont légion et les gros plans d’une étonnante précision. C’est superbe.
L’immersion est en adéquation avec le ton du film, en anglais surtout, qui bénéficie d’une piste DTS-HD Master Audio 5.1, contrairement à la VF qui doit se contenter d’une Stéréo. Même si les ambiances latérales s’avèrent discrètes, elles participent quand même à l’environnement inquiétant et trouble de Terror on the Prairie. L’ensemble est fluide et naturel, l’ouverture frontale souvent saisissante. Sans surprise, la version originale l’emporte évidemment sur son homologue du pont de vue homogénéité. Évoquons brièvement la Stéréo française, vive et riche, qui satisfera amplement ceux qui ne seraient pas équipés sur la scène arrière.