Test Blu-ray / Ténor, réalisé par Claude Zidi Jr.

TÉNOR réalisé par Claude Zidi Jr., disponible en DVD et Blu-ray le 7 septembre 2022 chez Studiocanal.

Acteurs : Michèle Laroque, Mohammed Belkhir, Guillaume Duhesme, Maëva El Aroussi, Samir Decazza, Marie Oppert, Louis de Lavignère, Stéphane Debac, Roberto Alagna…

Scénario : Cyrille Droux, Raphaël Benoliel, Claude Zidi Jr. & Héctor Cabello Reyes

Photographie : Laurent Dailland

Musique : Laurent Perez Del Mar

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Antoine, jeune banlieusard parisien, suit des études de comptabilité sans grande conviction, partageant son temps entre les battles de rap qu’il pratique avec talent et son job de livreur de sushis. Lors d’une course à l’Opéra Garnier, sa route croise celle de Mme Loyseau, professeur de chant dans la vénérable institution, qui détecte chez Antoine un talent brut à faire éclore. Malgré son absence de culture lyrique, Antoine est fasciné par cette forme d’expression et se laisse convaincre de suivre l’enseignement de Mme Loyseau. Antoine n’a d’autre choix que de mentir à sa famille, ses amis et toute la cité pour qui l’opéra est un truc de bourgeois, loin de leur monde.

Claude Zidi est un mythe, une légende de la comédie hexagonale dont les films auront attiré plus de 80 millions de spectateurs dans les salles (rien qu’en France), un nombre qui laisse évidemment rêveur les réalisateurs d’aujourd’hui. Nous avions entendu parler de son fils Claude, Claude Zidi Jr. donc, lors de la sortie de son premier long-métrage – co-réalisé avec Cyrille Droux – Les Deguns, adaptation pour le grand écran de la websérie du même nom, devenu rapidement l’un des films les plus traînés dans la boue de 2018. Bien que conspué par la critique, près de 500.000 curieux avaient fait le déplacement au cinéma pour se faire leur propre opinion. Depuis, Claude Zidi Jr. aura participé au scénario et aux dialogues du survolté Divorce Club de Michaël Youn. 2022, il met seul en scène Ténor, qu’il coécrit avec Héctor Cabello Reyes (7 jours pas plus, Retour chez ma mère, Barbecue), Raphaël Benoliel (producteur d’Emily in Paris, Stillwater, Minuit à Paris) et Cyrille Droux (complice de Claude Zidi Jr.), une excellente surprise et ce pour plusieurs raisons. D’une part pour son casting et la présence en haut de l’affiche de MB14, nom de scène de Mohamed Belkhir, auteur-compositeur-interprète, rappeur (depuis l’âge de 12 ans), beatboxeur (champion de France de human beatbox par équipe en 2016 et champion du Monde en 2018), chanteur découvert dans la cinquième saison de The Voice, qu’il termine deuxième. Charismatique, il révèle un vrai talent et un tempérament de comédien, une vraie révélation que l’on devrait retrouver aux César l’année prochaine pour la compression du Meilleur Espoir. D’autre part, cela fait plaisir de voir une comédie-dramatique bien filmée, la mise en scène étant élégante, inspirée et jamais statique, soignée et soutenue par une photographie du même acabit signée Laurent Dailland (Aline, Astérix & Obélix: Mission Cléopâtre, Le Concert). Un petit coup de coeur inattendu, dans lequel Michèle Laroque trouve incontestablement l’un de ses plus beaux rôles.

Ok, certains diront qu’on déjà vu ça, le rapport entre le maître et l’élève, le passage de flambeau. Mais honnêtement, on ne pensait pas être ainsi cueilli. Il y a un véritable fossé entre Les Deguns et Ténor, les deux films n’étant d’ailleurs pas comparables. Si des journaleux mal intentionnés n’ont eu de cesse de cracher que le réalisateur n’arriverait de toute façon jamais à la cheville de son père, ce qui est absurde (pour ne pas dire complètement con), on retrouve chez Claude Zidi Jr. ce même attachement au divertissement populaire, pour le spectacle destiné à plaire au plus grand nombre. Dans Ténor, il tisse un lien entre le rap et l’opéra, deux univers bien distincts, en se focalisant sur le personnage d’Antoine, formidablement incarné par Mohamed Belkhir, dont le magnétisme, l’aisance au micro et devant la caméra rappellent forcément ceux d’Eminem dans 8 Mile de Curtis Hanson (2002). Outre ce très beau portrait d’un jeune artiste, le réalisateur dresse aussi celui d’une femme arrivée au dernier carrefour de sa vie, qui va prendre Antoine sous son aile, malgré les premières réticences de ce dernier, peu habitué à être encouragé ou à recevoir des marques d’affection. Au-delà de son énergie dans la comédie, on se souvient de ses rôles électriques dans La Crise de Coline Serreau, Pédale douce de Gabriel Aghion, Serial Lover (chef d’oeuvre à réhabiliter de toute urgence) de James Huth et Comme t’y es belle ! de Lisa Azuelos, Michèle Laroque avait déjà prouvé à plusieurs reprises que le drame lui allait fort bien dans Nelly et Monsieur Arnaud de Claude Sautet et Ma vie en rose d’Alain Berliner, genre auquel on ne la rattache pas automatiquement. Dans Ténor, on ne l’avait jamais vu aussi classe, sobre, et ses scènes avec son jeune partenaire sont sans doute les plus belles du film.

L’autre point fort demeure le soin apporté aux seconds rôles, en particulier Guillaume Duhesme, aperçu précédemment dans Le Chant du Loup d’Antonin Baudry, autre révélation de Ténor, qui campe Didier, le frangin d’Antoine, qui lui sert de pilier et de modèle, qui lui finance aussi ses études de commerce (en remportant des combats clandestins), sans savoir que son petit frère délaisse en fait les bancs de l’université pour se rendre à L’Opéra Garnier. Sur place, il y prend des cours de chants lyriques et y croise même Roberto Alagna, qui comme lui (et c’est véridique) est né dans le 93, plus précisément à Clichy-sous-Bois.

On pense au Grand bain, aux Choristes, à Billy Elliot, à La Famille Bélier, ou au récent Au bout des doigts de Ludovic Bernard, ce qu’on appelle aujourd’hui un feel-good movie, où l’on rit volontiers, l’humour n’étant d’ailleurs jamais vulgaire ou poussif, mais fin et pertinent, où l’on est ému aussi, à l’instar de la dernière séquence qui donne de beaux frissons, tandis que résonnent encore longtemps en tête les airs de Puccini, Verdi, Bizet et Mozart qui ponctuent ce très beau long-métrage. Un « opérap » sans mièvrerie, mais avec une immense sensibilité qui réchauffe le coeur.

LE BLU-RAY

Avec près de 350.000 entrées dans les salles, Ténor bénéficie d’une édition DVD, mais aussi d’un Blu-ray, désormais disponibles dans les bacs chez Studiocanal. La jaquette, glissée dans un boîtier de couleur bleue, reprend le visuel de l’affiche d’exploitation. Le menu principal est fixe et muet.

Comme supplément, l’éditeur fournit un montage d’instantanés de tournage (18’). Nous aurions préféré quelques interviews du réalisateur et des comédiens, même si nous ne ferons pas la fine bouche. On peut y voir Claude Zidi Jr. à l’oeuvre avec ses acteurs et son équipe technique, la préparation des prises de vue et les répétitions de certaines séquences.

L’Image et le Son

Les contrastes sont riches, la luminosité est omniprésente, les scènes sombres sont logées à la même enseigne et le relief est probant. Les visages sont détaillés à souhait, tout comme les décors, la colorimétrie est vive et chatoyante, ambrée, le piqué joliment aiguisé (surtout sur les scènes en extérieur), ça foisonne aux quatre coins du cadre large, le relief est indéniable. La photo du chef opérateur Laurent Dailland trouve en Blu-ray (au format 1080p) un bel écrin.

Ténor repose essentiellement sur les dialogues. La piste DTS-HD Master Audio 5.1 distille les voix des comédiens avec une dynamique jamais démentie, tandis que les latérales s’occupent de la musique du film. Une spatialisation concrète, dynamique, immersive et efficace, surtout lors des séquences de chant. Une version Audiodescription ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également au programme.

Crédits images : © Studiocanal / David Koskas / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.