SCARY STORIES (Scary Stories to Tell in the Dark) réalisé par André Øvredal, disponible en DVD et Blu-ray le 4 janvier 2020 chez Metropolitan Vidéo
Acteurs : Zoe Margaret Colletti, Michael Garza, Gabriel Rush, Austin Abrams, Dean Norris, Gil Bellows, Austin Zajur, Natalie Ganzhorn, Lorraine Toussaint, Kathleen Pollard
Scénario : Dan Hageman, Kevin Hageman, Guillermo del Toro d’après le roman d’Alvin Schwartz
Photographie : Roman Osin
Musique : Marco Beltrami, Anna Drubich
Durée : 1h48
Date de sortie initiale : 2019
LE FILM
Dans un manoir abandonné, un groupe de jeunes trouve un livre qui raconte des histoires terrifiantes. Mais cette trouvaille n’est pas sans conséquence : la lecture du livre permet à ses effroyables créatures de prendre vie… La petite ville va alors faire face à une vague de morts particulièrement atroces, et chacun devra affronter ses pires peurs pour sauver les habitants et arrêter ce carnage.
« Du producteur visionnaire Guillermo del Toro » scandait l’affiche. C’est vrai que l’on préfère le Guillermo del Toro producteur plutôt que le réalisateur de ces dix dernières années, car on ne peut pas dire que Pacific Rim (2013), Crimson Peak (2015) et La Forme de l’eau (2017) aient été de franches réussites. En revanche, Mama (2013) d’Andres Muschietti et La Légende de Manolo (2014) de Jorge R. Gutierrez ont été de très belles surprises. Même chose pour Scary Stories, dont le titre original Scary Stories to Tell in the Dark renvoie à la série de livres pour enfants d’Alvin Schwartz, qui porte la griffe du cinéaste mexicain, mais dans le bon sens du terme. Guillermo del Toro a misé sur le réalisateur norvégien André Øvredal, très remarqué en 2016 avec le formidable The Jane Doe Identity – The Autopsy of Jane Doe. S’il s’inspire de romans pour jeune public (qui en ont effrayé plus d’un), Scary Stories s’avère un divertissement pour les parents et leurs ados, qui contient son lot d’émotions fortes avec notamment quelques créatures fantastiques qui foutent bien les jetons. Non seulement ça, les personnages, l’ambiance, les rebondissements, la direction artistique et la mort qui rôde autour des personnages font penser à un mélange de Ça de Stephen King (et donc ses deux adaptations à l’écran) et de Destination Finale. C’est du tout bon, cela fait son effet et on en redemande.
Stella, Tommy et Auggie forment un trio de copains de lycée dans une petite ville américaine. Le soir d’Halloween, accompagnés de Ramon, un jeune d’origine mexicaine qu’ils viennent de rencontrer, ils partent explorer une vieille maison abandonnée, sur laquelle courent de nombreuses légendes horribles. Pour leur malheur, l’une d’entre elles est vraie, et le quatuor se retrouve bientôt à lutter contre une malédiction qui décime ses proches…
Découvert en 2010 avec son second long métrage Troll Hunter, André Øvredal avait signé un véritable coup de maître avec The Jane Doe Identity. Son travail avait visiblement tapé dans l’oeil de Guillermo del Toro et il confirme tout le bien que l’on pensait de lui avec Scary Stories. Sa mise en scène élégante, souvent virtuose, couplée à une photographie stylisée et parfaitement rétro – le film se déroule à la fin des années 1960 – signée Roman Osin, déjà à l’oeuvre sur The Jane Doe Identity, extirpent facilement Scary Stories du tout venant, qui encombre généralement les salles de cinéma au sol recouvert de pop-corn et parasitées par les rires gras de quelques ados qui ne regardent même pas le film.
Loin d’une imitation sans intérêt du style Amblin d’un J.J. Abrams pour son Super 8, mais en surfant sur le succès des histoires d’épouvante qui adoptent le point de vue des enfants comme Ça et bien sûr la série Strangers Things, Scary Stories impose la sensibilité et le talent de André Øvredal, croisés avec l’imaginaire visuel inévitable de Guillermo del Toro, également co-scénariste. Si quelques histoires, des sketches pourrait-on dire, ont été condensées dans un souci dramatique, l’ensemble propose un généreux bestiaire avec un épouvantail prénommé Harold, The Big Toe (attention au pouce du zombie dans le ragoût), la femme au visage livide (qui veut juste un gros câlin), le Jangly Man (qui se démembre et se reconstitue à volonté), ou bien encore quelques araignées qui vous poussent sous la peau comme des comédons. Vous avez l’embarras du choix dans Scary Stories !
Le tout est excellemment tricoté et relié par un fil rouge tendu du début à la fin. Comme dans Destination Finale, les protagonistes, tous excellents (surtout Zoe Margaret Colletti, vue dans le très conseillé Skin de Guy Nattiv), essayent de déjouer la mort qui a déjà décidé de leur sort, et qui l’écrit d’ailleurs noir sur blanc, en fait rouge sur papier moisi puisqu’un fantôme utilise du sang pour faire prendre vie à ses histoires, « effrayantes à raconter dans le noir » comme l’indique le titre québécois.
On suit donc ces aventures surnaturelles, qui ont connu un fort beau succès dans les salles en rapportant près de cent millions de dollars de recette, pour une mise de départ de 25 millions. La fin ouverte annonce clairement une suite. Nous serons volontiers au rendez-vous.
LE BLU-RAY
Le visuel du Blu-ray de Scary Stories, disponible chez Metropolitan, reprend celui de l’affiche du film. Le menu principal est animé et musical.
Près d’une heure de supplément au programme, dont un module caché de près de 25 minutes. On commence d’ailleurs par celui-ci. Placez votre curseur sur « Le soir d’Halloween », puis appuyez sur la flèche de gauche de votre télécommande. La tête de l’épouvantail Harold apparaît. Validez. Vous découvrirez un montage réalisé par André Øvredal, qui chaque fin de semaine compilait les images qui avaient été filmées, pour conserver l’esprit du tournage. Certaines de ces images n’ont pas été incluses dans le montage final. Ce bonus n’est pas sous-titré.
On passe ensuite à un making of morcelé en quatre modules, qui se focalise sur le décor du manoir des Bellows (3’35), les créatures du film (11’35), l’adaptation des romans d’Alvin Schwartz (5’) et le travail du réalisateur (5’). Les responsables techniques (décorateurs, créateurs des effets spéciaux et des maquillages), les comédiens, les producteurs, interviennent à tour de rôle pour parler des conditions de tournage, des propos illustrés par de très nombreuses images provenant du plateau. Guillermo del Toro est d’ailleurs très présent et supervise les séquences où apparaissent les créatures.
L’interactivité se clôt sur deux courts segments consacrés aux prises de vue des séquences du soir d’Halloween (2’20) et de l’hôpital (2’25).
L’Image et le son
Sublime. Metropolitan soigne son master HD qui se révèle exemplaire. Les contrastes sont d’une densité rarement démentie, y compris sur les très nombreuses séquences sombres, avec une image sans cesse affûtée. La clarté demeure frappante, le piqué est acéré, les gros plans riches, les contrastes denses et la colorimétrie automnale reste chatoyante. Les détails sont légion aux quatre coins du cadre large et la copie restitue les volontés artistiques du chef opérateur Roman Osin (Neds, Trahisons). Ce Blu-ray offre de fabuleuses conditions pour revoir le film d’André Øvredal et profiter de la superbe photographie. L’apport HD sur ce titre est évidemment indispensable.
Dès la première séquence, les enceintes sont mises à contribution aux quatre coins cardinaux, sur les pistes anglaise et française DTS-HD Master Audio 5.1 . Les ambiances fusent de tous les côtés, la musique de Marco Beltrami et Anna Drubich bénéficie d’un traitement de faveur avec une large ouverture, plongeant instantanément le spectateur dans l’ambiance. Les dialogues ne sont jamais pris en défaut et demeurent solidement plantés sur la centrale tandis que les effets ne cessent d’être balancés de gauche à droite, et des enceintes avant vers les arrières. N’oublions pas le caisson de basses, qui se mêle ardemment à ce spectacle acoustique aux effets fracassants. L’éditeur joint également une piste française Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.